L`église catholique en 2024. Scénario d`avenir pour l`Eglise en

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L`église catholique en 2024. Scénario d`avenir pour l`Eglise en
L'église catholique en 2024. Scénario d'avenir pour
l'Eglise en France. ENTRETIEN. Amaury Dewavrin,
économe du diocèse de Lyon, membre du conseil de
surveillance du groupe Bayard : « Nous devrons faire
des choix »
Selon Amaury Dewavrin, économe du diocèse de Lyon, deux questions se posent à tous les diocèses pour l'avenir : comment
conquérir des donateurs plus jeunes ? Et comment s'organiser pour avoir moins de besoins financiers ?
Dans dix ans, qui seront les donateurs de l'Église ?
Amaury Dewavrin: Difficile à dire! En gros, on observe que les diocèses urbains ont du mal à maintenir leur réseau de
donateurs et que les diocèses ruraux le voient s'effriter. Certes, l'Église catholique a profité de l'augmentation de
l'espérance de vie – dix ans en quarante années – d'une génération qui lui était proche. Mais cette dernière va
s'amenuiser entre 2020 et 2035. La question financière qui se pose aujourd'hui à tous les diocèses est donc double:
comment conquérir des donateurs plus jeunesou développer d'autres ressources? Comment s'organiser pour diminuer
nos charges?
Comment répondez-vous à la première ?
A. D.: À Lyon, nous travaillons avec la pastorale des jeunes pour intégrer deux périodes annuelles de communication
concernant le denier de l'Église afin d'expliquer aux 18-35 ans que l'Église de demain aura besoin de leur soutien. Pour la
tranche des 30-50 ans, une enquête est en cours, menée par la Conférence des évêques de France (CEF), pour analyser
et améliorer nos stratégies de communication. Quant aux 60-80 ans, ils sont très présents dans nos fichiers… et nous
téléphonons ce mois-ci à 10 000 d'entre eux pour leur suggérer de passer au prélèvement automatique. Depuis quelques
années, la plupart des diocèses de France vont ainsi à la « pêche » aux nouveaux donateurs. D'ailleurs, la principale
menace n'est pas tant dans la raréfaction des donateurs que dans la réglementation fiscale.
C'est-à-dire ?
A. D.: Actuellement le taux de réduction fiscale (66 %) est assez favorable aux dons mais rien ne dit que ce taux se
maintiendra. De même, la collecte que l'Église fait sur l'impôt sur la fortune (ISF), et qui marche plutôt bien, ne pourra
sans doute pas durer si la France allège un jour cette contribution.
Et comment répondez-vous à la question de la diminution des charges ?
A. D.: Par des actions de rationalisation. Le diocèse de Lyon, qui gère 1300 biens immobiliers, dont 600 églises (500
municipales), va devoir faire des choix pour organiser des pôles paroissiaux, moins nombreux, plus puissants. Ceci
suppose de réfléchir, avec les communes concernées, au devenir des églises communales peu ou pas utilisées, et de
veiller à accompagner – et non à subir – les divers projets sociaux, pédagogiques, culturels ou autres qui ne devraient pas
manquer pour ces églises. Ceci supposera aussi d'aménager de nouveaux bâtiments fonctionnels et conviviaux, car,
paradoxalement, nos vieilles églises manquent souvent de vastes salles accueillantes et chaleureuses.
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Les diocèses auront-ils les moyens d'augmenter le nombre de leurs laïcs salariés ?
A. D.: Non, s'ils veulent contenir leurs dépenses. Ainsi, à Lyon, nous salarions actuellement 166 laïcs et nous veillons à
faire diminuer ce chiffre de 2-3 par an, à l'occasion de départs en retraite ou volontaires. Pour autant, de plus en plus de
postes de curie paroissiale et diocésaine sont confiés à des laïcs, en appui aux prêtres.
LESEGRETAIN Claire
http://www.la-croix.com/Archives/2014-06-07/L-eglise-catholique-en-2024.-Scenario-d-avenir-pour-l-Eglise-en-France.-ENTRETIEN.-Amaury-Dewavrin-econome-du-diocese-de-Lyonmembre-du-conseil-de-surveillance-du-groupe-Bayard-Nous-devrons-faire-des-choix-2014-06-07-1161812
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