Power Up - Cyberlearn
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Page 3 (1,1) Synthèse 13/02/99 16:20 MANAGERIS MAN_66.xp Power Up David L. Bradford et Allan R. Cohen Ouvrage sélectionné par Henri-Claude de Bettignies, Professeur à l’INSEAD et à l’Université de Stanford I D É E S C L É S B eaucoup de dirigeants sont déçus du fonctionnement de leur équipe de Direction. Pourquoi chacun ne se préoccupe-t-il avant tout que de son propre domaine de responsabilité? Pourquoi trop de décisions importantes sont-elles prises dans les coulisses, sans opportunité de vrai débat? 7 Les équipes dirigeantes fonctionnent selon les principes du leadership héroïque. Page 4, [a] Dans la plupart des équipes dirigeantes, seul le leader est responsable des résultats d'ensemble, à l'exemple des "héros" traditionnels. Ses subordonnés, même s'ils participent occasionnellement aux décisions, ne sont responsables que de leurs domaines respectifs. 7 Le leadership héroïque est contre-productif. Page 4, [b] En effet, il alimente un cercle vicieux selon lequel le leader n'a pas d'autre choix que l'interventionnisme pour assurer la coordination, face à des subordonnés qui se sentent d'autant plus déresponsabilisés sur les problématiques d'ensemble de l'entreprise. Le leadership partagé 7 Les équipes dirigeantes doivent évoluer vers un véritable leadership partagé. Dans ce nouveau mode de fonctionnement, l'équipe dirigeante dans sa totalité assume la coresponsabilité des résultats d'ensemble. Cela repose sur 3 piliers : - l'établissement d'un sens de responsabilité partagée; - une vision commune des objectifs et de la direction à suivre; - une forte influence mutuelle entre les membres de l'équipe. Page 5, [c] Page 6, [d] Page 7, [e] Page 8, [f] David L. Bradford enseigne à Stanford. Allan R. Cohen enseigne à Babson College. Éditions Wiley, 1998, 364 pages. MANAGERIS N° 66-1 3 MAN_66.xp 13/02/99 16:20 Page 4 (1,1) S Y N T H È S E D E 1. Les limites du leadership héroïque 7 Le leadership héroïque Le leader est trop souvent le seul à assumer la responsabilité des résultats d'ensemble. [a] Le fonctionnement de nos organisations est encore aujourd'hui très marqué parce que l'on peut qualifier de "leadership héroïque". Selon ce modèle, le leader est l'unique responsable des performances de son unité. Tel un héros traditionnel, il est censé posséder une expérience, une expertise et une compréhension de la situation, supérieures à quiconque dans son département. C'est à lui seul qu'incombe la charge de définir les choix stratégiques et de prendre les décisions difficiles. Ses subordonnés, même s'ils participent occasionnellement aux décisions, ne sont responsables que de leurs domaines respectifs. Certes, depuis plusieurs années, de nombreux dirigeants ont appris les vertus d'une approche plus participative : ils évitent de se comporter comme des tyrans; ils ont recours de préférence au dialogue plutôt qu'à des ordres brutaux; ils cherchent à impliquer leurs subordonnés dans la résolution de problèmes et la prise de décision. Malgré ces ajustements, les principes fondamentaux du "leadership héroïque" restent prévalents. De simples citations, qui paraîtront familières, illustrent cette situation : - "En tant que leader, je dois veiller à assigner clairement les rôles et responsabilités de chacun. Je peux alors superviser l'ensemble et m'assurer que tout est correctement coordonné." - "Mon job de leader est de prendre les décisions difficiles - c'est pour ça que je suis payé." - "C'est le patron qui prend les grandes décisions. Comme il est intelligent, il nous écoute attentivement avant de décider. Mais 4 MANAGERIS N° 66-1 L’ O U V R A G E nous savons bien qu'in fine c'est lui qui est aux commandes." Ainsi, quel que soit le degré de "participation" au sein de l'équipe de direction, le leader est souvent considéré comme le seul légitime à se préoccuper des résultats d'ensemble. 7 Un fonctionnement inefficace Laisser la coordination à la seule charge du leader est nuisible à la performance. [b] Cette répartition des rôles entre leader et subordonnés, qui peut paraître efficace, s'avère en réalité contre-productive. Elle crée en effet une situation dans laquelle chaque subordonné ne se préoccupe que son domaine propre, et abandonne au leader le soin de veiller aux performances d'ensemble. Ce mode de relation constitue un frein majeur à la performance. À deux titres : • Les capacités de résolution de problèmes de l'équipe sont sous-exploitées. Se sentant seul responsable, le leader pilote à sa façon la diffusion d'information : il informe ou consulte qui lui semble approprié, dévoile uniquement les données qu'il lui semble utile de partager. Les réunions de direction ne sont alors qu'une chambre d'enregistrement, sans opportunité de véritables débats. Ou pire : elles sont une mascarade dans laquelle chacun fait semblant de contribuer, mais sait bien que les décisions sont déjà prises. Les informations ou les idées détenues par le reste de l'équipe sont ainsi ignorées. • L'esprit d'initiative est inhibé. Ce mode de fonctionnement conduit à un excès de contrôle et d'intervention de la part de leader. En effet, du fait de la répartition des responsabilités, les subordonnés se montrent souvent plus motivés par les intérêts de leur département que ceux de l'entreprise. Constatant cet état de fait, le leader se sent obligé d'intervenir pour veiller à la bonne coordination des actions de chacun. En retour, cet interventionnisme conduit de nombreux subordonnés à se sentir déresponsabilisés : ceux-ci réagissent alors soit sous forme de résistance passive, soit en acceptant trop rapidement les points de vue du leader. Le leadership héroïque conduit ainsi à faire reposer tous les problèmes de coordination sur les épaules du seul leader. Et cela dans un contexte qui favorise les conflits entre subordonnés, chacun étant focalisé sur son domaine propre. 7 Un cercle vicieux Les défauts du système sont souvent attribués aux individus. Si le leadership héroïque comporte autant d'inconvénients, pourquoi est-il aussi prévalent? Cela est-il dû à l'aveuglement des dirigeants, qui reproduisent inconsciemment un mode de fonctionnement hérité du passé? Il existe en réalité une raison plus profonde : le mode de relation entre le leader héroïque et ses subordonnés constitue un système stable, dont il est très difficile de sortir (figure A). En effet, se sentant responsable des performances d'ensemble, le leader se comporte comme le décideur ultime sur tous les problèmes importants. Cela dé-responsabilise les subordonnés, qui se concentrent alors sur leur domaine. Ce faisant, ils coopèrent mal avec leurs collègues et se défaussent sur le leader de tout problème qui dépasse leur périmètre. Constatant cette attitude, le leader se conforte dans sa conviction que ses subordonnés ne savent pas voir audelà des intérêts de leur département. Il renforce alors son attitude de contrôle et d'interventionnisme, induisant une passivité accrue chez ses subordonnés. Ce système est d'autant plus stable qu'il est rarement identifié. En effet, chacun a le sentiment que l'insatisfaction qu'il ressent est de la faute des autres : Power Up MAN_66.xp 13/02/99 16:20 Page 5 (1,1) - Les subordonnés pensent que les problèmes sont dus au leader. Les comportements qui lui sont dictés par la situation sont mis sur le compte de sa personnalité : il est considéré comme manipulateur, fermé à toute influence, enclin à prendre des décisions arbitraires et à intervenir indûment dans le travail des autres. - De façon symétrique, le leader attribue son insatisfaction à des défauts d'attitude de ses subordonnés : il leur reproche leur tendance à entrer en rivalité avec leurs collègues, à refuser de partager l'information, à éviter les sujets conflictuels et à refuser des sacrifices qui seraient bénéfiques pour l'ensemble de l'organisation. Ainsi, le système lui-même est rarement remis en cause, la source des difficultés étant attribuée aux défauts des autres. 7 Le leadership "posthéroïque" Il faut confier à l'équipe la coresponsabilité des résultats d'ensemble. [c] Il existe une alternative au leadership héroïque. Son principe tient en peu de mots : confier la responsabilité des performances globales de l'entreprise à l'ensemble de l'équipe de direction. Ce même principe peut être appliqué à tout niveau de l'organisation : division ou département. Cette nouvelle forme de leadership, "post-héroïque", constitue une rupture forte par rapport aux pratiques courantes. En effet, elle implique que chaque membre de l'équipe se comporte comme coresponsable des résultats d'ensemble. Avec des implications profondes : - les décisions clés sont prises par l'ensemble de l'équipe; - chaque membre a pour responsabilité de soulever tout problème identifié, y compris en dehors de son domaine; - chaque membre est légitime à évaluer et remettre en cause les actions ou performances de ses collègues et du leader. Power Up Figure A : Le cercle vicieux du leadership héroïque. Le leader assure la responsabilité d’ensemble Les subordonnés • ne se préoccupent que de leur domaine • cherchent avant tout à se protéger • blâment leurs pairs • délèguent vers le haut Le leader : • incite l'équipe à entériner ses décisions • limite les débats aux questions de moindre importance • consulte ses subordonnés mais décide en dernier ressort Les subordonnés assurent la responsabilité sur leur domaine propre Dans ce nouveau mode de fonctionnement, la passivité n'est plus acceptable : plus personne n'a le droit de dire "c'est la responsabilité du leader, pas la mienne". Chacun a pour devoir d'identifier les problèmes et les opportunités, dans quelque domaine que ce soit. Et de mettre les autres devant leurs responsabilités, qu'il s'agisse de leurs pairs ou du leader. Certes, cette forme de leadership partagé n'est pas une solution universelle. Elle n'est justifiée que dans la mesure où les décisions collectives sont potentiellement supérieures à celles prises individuellement par le leader. C'est le cas lorsque les besoins de coordination sont élevés, les évolutions rapides, et certaines expertises possédées par les membres font défaut au leader. Il faut aussi que le groupe de dirigeants partage les mêmes objectifs que le leader, et puisse acquérir des compétences de fonctionnement en équipe. La figure B récapitule les conditions nécessaires. Dans la pratique, ces conditions sont vérifiées par la grande majorité des groupes de dirigeants d'entreprises Figure B : Quand adopter le leadership post-héroïque ? Le leadership partagé est plus efficace que le traditionnel "leadership héroïque", sous réserve que les conditions suivantes soient réunies : • • La situation se prête à un leadership collectif : - les besoins de coordination sont élevés ; - l'environnement évolue rapidement ; - les membres de l'équipe possèdent des expertises non maîtrisées par le leader ; - les objectifs des membres de l'équipe sont compatibles avec ceux du leader. L'équipe peut assumer un leadership collectif : - les responsables concernés ont les compétences pour adopter une perspective d'ensemble des enjeux ; - ils sont prêts à accepter la responsabilité d'ensemble ; - ils sont prêts à assumer des conflits productifs ; - ils sont capables de travailler en équipe. Si les doutes portent sur quelques membres de l'équipe, le leader doit envisager de s'en séparer avant de s'engager dans le leadership partagé. MANAGERIS N° 66-1 5 MAN_66.xp 13/02/99 16:20 Page 6 (1,1) ou de responsables d'unités. Nous allons maintenant voir comment ceux-ci peuvent évoluer vers un leadership partagé. 2. Les 3 piliers du leadership posthéroïque Le leadership "post-héroïque", repose sur 3 piliers (figure C) : - l'établissement d'un sens de responsabilité partagée; - une vision commune des objectifs et de la direction à suivre; - une forte influence mutuelle entre les membres de l'équipe. À première vue, ces 3 piliers peuvent paraître banals : la plupart des équipes de direction ont en effet tendance à rechercher cet idéal. Mais nous allons voir que c'est dans leur aboutissement complet qu'ils prennent toute leur valeur. 7 Une responsabilité partagée Établir la responsabilité partagée nécessite de confier la résolution des problèmes clés à l'équipe. [d] Dans la plupart des entreprises ou unités, il existe un groupe dénommé "équipe" qui se réunit régulièrement avec le leader. Mais : - Les membres considèrent-ils qu'il s'agit de leur équipe, ou de celle du leader? - Les débats sont-ils ouverts et passionnés? - Sont-ils fondés sur des divergences légitimes plutôt que des rivalités de chapelles? - Des décisions importantes sontelles prises par consensus? - Chacun contribue-t-il pleinement? - Chacun se sent-il la légitimité de remettre en cause les collègues qui ne respectent pas leurs engagements de performance, ou ne jouent pas dans l'intérêt de l'équipe? Lorsqu'une véritable responsabilité partagée existe, la réponse à ces questions est clairement positive. Or, l'observation montre que c'est rarement le cas. Comment donc établir cette responsabilité partagée? Quatre points sont essentiels : • Clarifier les rôles. Avant tout, le leader doit préciser les nouvelles règles du jeu. Il doit exposer clairement dans quelle mesure il souhaite faire évoluer son comportement. Et préciser qu'il attend que chacun prenne part activement aux décisions et se préoccupe des résultats d'ensemble. • Confier les vrais problèmes à l'équipe. Le leader doit ensuite traduire sa déclaration d'intention dans les faits, en confiant à l'équipe la résolution de problèmes clés. Figure C : Les trois piliers du leadership post-héroïque Le leader doit assumer 6 LEADERSHIP HÉROÏQUE LEADERSHIP POST-HÉROÏQUE la responsabilité d'ensemble un sentiment de responsabilité partagée la direction du groupe une vision tangible une influence sur chaque membre du groupe une influence mutuelle entre ses membres MANAGERIS N° 66-1 L'ensemble de l'équipe doit créer En effet, trop souvent, l'ordre du jour des réunions de direction n'a rien à voir avec les véritables enjeux de l'entreprise. Ceux-ci portent sur des choix de produits, d'alliances, de présence géographique, etc. Tandis que les ordres du jour sont généralement constitués du reporting des résultats de chaque département, d'ajustements des budgets et de divers choix d'ordre tactique. Les enjeux clés sont alors traités en dehors des réunions, à la discrétion du leader. L'action la plus importante pour responsabiliser l'équipe est ainsi de rompre avec ces pratiques et de lui confier les vrais problèmes. • Résoudre des problèmes clés par consensus. Il ne suffit pas de confier les problèmes importants à l'équipe : il faut aussi que ceux-ci puissent être traités par consensus. C'est alors que les véritables difficultés, et les véritables opportunités de progrès, commencent. En effet, toutes les décisions doivent-elles prises par consensus? Et dans quelle mesure le leader doit-il accepter une décision proposée par le reste de l'équipe, mais qu'il juge erronée? Sur ces deux points, la réponse est claire : - D'une part, il ne s'agit aucunement de prendre toutes les décisions par consensus. La figure D recense les conditions dans lesquelles différents modes de décision sont les plus appropriés. - D'autre part, il n'est pas question que le leader doive entériner des décisions dont il est convaincu qu'elles sont erronées. Par contre, en cas de désaccord avec l'équipe sur un sujet important, le leader doit soigneusement considérer la situation avant d'intervenir. La figure E présente une liste de questions qui aident à décider dans quelle mesure imposer son point de vue, et dans quel sens faire évoluer l'équipe pour améliorer la situation. • Savoir s'imposer sans casser la dynamique. Lorsque le leader décide de faire prévaloir son point de vue, il court le risque de détruire la dynamique de responsabilisation. Pour éviter cela, 3 possibilités s'offrent à lui, selon la situation : Power Up MAN_66.xp 13/02/99 16:20 Page 7 (1,1) - - - Une première éventualité est que certaines conditions indispensables au leadership post-héroïque soient absentes. Par exemple, il se peut que l'équipe n'ait pas une vision commune des objectifs de l'entreprise. Autant que possible, il faut alors s'efforcer de repousser la prise de décision jusqu'à l'établissement d'une vision commune. Il se peut aussi que le leader attribue la mauvaise décision à un problème d'attitude de la part de certains. Il faut alors saisir l'occasion pour traiter le problème. Par exemple, s'il perçoit une attitude d'autoprotection de la part de membres de l'équipe, il peut provoque un débat sur son ressenti, afin de faire évoluer les comportements. Enfin, une troisième option est de présenter chacune de ses objections. Et de demander à l'équipe de proposer des solutions concrètes aux différents problèmes identifiés. Cette approche a le mérite de laisser le problème dans les mains de l'équipe, plutôt que le faire trancher par le seul leader. Elle conduit souvent à des solutions créatives, plus performantes que l'alternative spontanément imaginée par le leader. La figure F propose un exercice à conduire en équipe, aidant à arrêter une position commune sur les modes de prise de décision appropriés selon la situation. Un tel exercice contribue à concilier un sentiment de responsabilité partagée avec le recours occasionnel à des décisions non consensuelles. 7 Une vision commune Des objectifs et une ligne directrice communs sont indispensables au leadership partagé. [e] Le concept de "vision" a été tellement galvaudé qu'il a souvent tendance à faire sourire ou à agacer. Trop de managers ont en effet perdu leur temps en séminaires consacrés à formuler une vision, dont la seule traducPower Up Figure D : Adopter le bon mode de décision On distingue 4 modes de décision, plus ou moins appropriés en fonction des circonstances : • Le leader peut décider de façon autonome : - s'il possède l'expertise suffisante ; - s'il se fonde sur des informations qui doivent rester confidentielles ; - en cas d'urgence ; - si sa conviction est faite ; - si le problème est simple et la solution évidente. • Le leader peut déléguer la décision : - s'il existe un expert clairement identifié ; - si le problème est d'une importance modérée ; - si cela constitue une opportunité de développement pour l'intéressé ; - si le leader et l'équipe sont prêts à accepter ce que sera la solution. • Le leader peut décider après consultation sélective : - si le problème concerne plus particulièrement certains membres de l'équipe ; - si le problème est relativement important ; - s'il faut avant tout éviter de faire une grosse erreur ; - si l'équipe fonctionne mal. • La décision peut être confiée à l'ensemble de l'équipe : - si le problème est important et complexe ; - s'il n'y a pas d'expert clairement identifié, que l'expertise est partagée par l'ensemble de l'équipe ; - si l'équipe dispose des informations nécessaires ; - si l'on vise une solution parfaite ; - si les membres de l'équipe sont prêts à adopter une vision d'ensemble. tion concrète a été des slogans répétés jusqu'à la nausée! Ici encore, tout tient à la mise en pratique. Il existe peut-être déjà une vision pour votre entreprise ou votre unité. Mais : - Sa signification est-elle claire et la même pour tous? - Est-elle régulièrement utilisée comme critère de décision? - Prévaut-elle sur les objectifs particuliers de chacun? Ce n'est que dans ces conditions que l'on peut véritablement parler d'une "vision partagée". La vision est indispensable au leadership post-héroïque. En effet, établir une responsabilité partagée n'a de sens que si l'équipe poursuit des objectifs communs. À défaut, le leader ne peut pas se permettre de lui confier les décisions critiques : celles-ci risquent d'être prises sur des bases incohérentes avec les axes stratégiques retenus. Pour assurer cette cohérence, 3 points sont essentiels : • Formuler une vision tangible. L'objectif d'une vision est d'indiquer de façon claire et mobilisatrice la raison d'être et les ambitions de l'entreprise. Elle doit indiquer la direction à suivre, sans pour autant se limiter à un aboutissement précis, qui laisserait l'entreprise sans vision une fois qu'il serait atteint. Elle doit combiner deux éléments : - une indication du type d'offre, de marché ou de technologie, que l'entreprise décide de maîtriser mieux que ses concurrents; - les valeurs selon lesquelles l'organisation décide de fonctionner. • Impliquer l'équipe dans la formulation de la vision. La vision n'aura de valeur que si elle est pleinement comprise et acceptée par toute l'équipe. La figure G (voir encart) donne plusieurs conseils pour mener ce travail à bien. MANAGERIS N° 66-1 7 MAN_66.xp 13/02/99 16:20 Page 8 (1,1) Figure E : Quand s'opposer à une décision de l'équipe Avant d'imposer sa propre solution contre celle proposée par l'équipe, le leader peut se poser les questions suivantes. Cela l'aidera à apprécier la pertinence et le contenu de son intervention : • • • • • Ai-je plus d'information ou d'expertise que le reste de l'équipe? L'équipe accorde-t-elle une attention excessive à des données abstraites, contraires à mon intuition? L'équipe partage-t-elle la vision? Les membres savent-ils travailler efficacement en équipe? Les membres se fondent-ils sur des hypothèses erronées ou périmées? • Traduire la vision dans la réalité quotidienne. Pour qu'elle joue son rôle de pouvoir fédérateur, la vision doit être ancrée dans les pratiques quotidiennes de l'entreprise. Cela repose sur les éléments suivants : - - - 8 Se référer explicitement à la vision comme critère de décision. Toute décision importante doit être examinée sous l'angle de sa cohérence avec la vision. Qu'il s'agisse de décider d'un investissement, de recruter un candidat, de développer un nouveau produit, etc. Ainsi, il n'est pas rare chez Levi Strauss de voir des projets remis en cause parce qu'ils "ne correspondent pas à nos aspirations". Marquer symboliquement son attachement à la vision. Cela peut être illustré par l'opération réalisée par Frank Stanton, à la tête du réseau de communication d'AT&T, pour faire passer auprès de son équipe l'importance du service aux clients. Lors d'un séminaire de direction, il leur a annoncé : "Chacun d'entre vous va réceptionner 2 appels entrant au service après-vente, avec pour simple mission de résoudre le problème du client en moins de 24 heures, sans jouer de votre statut dans l'entreprise". Le lendemain, le bilan était clair : chaque dirigeant, devant l'échec de ses efforts, avait pris conscience de la nécessité de faire évoluer les méthodes de travail! Être attentif à la portée symbolique de ses actes. Par exemple, le dirigeant de la compagnie d'assurance Fireman's Fund a un jour pris un hélicoptère MANAGERIS N° 66-1 pour se rendre à un tournoi de golf, juste après un séminaire au cours duquel il avait exhorté ses cadres à réduire les coûts! Le choix de ce mode de transport était sans doute très rationnel, mais il est apparu comme un symbole d'insincérité de la Direction. 7 Une forte influence mutuelle Les membres de l'équipe doivent apprendre à s'influencer mutuellement, à gérer des conflits constructifs. [f] Quel est le degré d'influence mutuelle entre les membres de votre équipe de direction? Il est vraisemblable que le leader influence les autres, mais : - Lorsqu'un membre de l'équipe se range aux vues du leader, est-ce parce qu'il est convaincu, plutôt que par déférence ou soumission? - Les membres de l'équipe osent-ils contredire le leader, en particulier sur des sujets sensibles? - Chaque membre se sent-il responsable d'influencer ses collègues pour soutenir leur performance? Dans la plupart des entreprises, la réponse à ces questions est négative. Or, l'influence mutuelle est indispensable au leadership partagé. Sans elle, les débats conduisent à des affrontements stériles, finalement tranchés par le leader, ou à des faux consensus. Dans les deux cas, on détruit rapidement tout sentiment de responsabilité partagée. La figure H (voir encart) recense les avantages de l'influence mutuelle. La première condition d'une véritable influence mutuelle est la volonté du leader. Mais chaque membre a aussi son rôle à jouer dans cet objectif. Nous allons voir comment. • Le leader doit expliciter sa volonté d'être influencé. Le premier obstacle à l'influence mutuelle est l'attitude ambivalente du leader comme de chacun des membres. Le leader craint en effet souvent de perdre le contrôle de son équipe, de voir ses décisions systématiquement remises en cause, ou de subir des débats interminables. Quant aux autres membres, ils craignent les conséquences sur leur carrière d'affrontements avec leur chef. C'est pourquoi il est indispensable que le leader exprime clairement ses attentes dans ce domaine. Pour cela, il doit veiller à éviter les messages à double sens, reflétant maladroitement son ambivalence. À l'exemple de Samuel Goldwyn, qui aurait dit : "Je veux que vous me disiez la vérité, même si cela doit vous coûter votre job!". Même exprimée de façon moins caricaturale ("Je vous fais confiance pour ne pas freiner la prise des décisions importantes"), cette ambivalence serait immédiatement perçue, bloquant toute évolution de comportement. La figure I (voir encart) recense un ensemble d'actions qui peuvent aider le leader à communiquer sa volonté sincère. • Le leader doit démontrer sa volonté d'être influencé. Il doit en particulier veiller aux points suivants : - encourager les subordonnés qui expriment un point de vue différent du sien, en leur donnant toutes les chances d'être écoutés; - se montrer reconnaissant à l'égard de ceux qui osent présenter sans détour une mauvaise nouvelle; - savoir surmonter sa fierté personnelle et reconnaître qu'il a été influencé, en en accordant ouvertement le crédit à l'équipe. • Les autres membres de l'équipe doivent remettre en cause leurs réticences. Bien souvent, les craintes qu'ont les subordonnés de contredire le leader sont infondées : la plupart des dirigeants apprécient les subordonnés avec Power Up MAN_66.xp 13/02/99 16:20 Page 9 (1,1) qui ils peuvent débattre constructivement. Par excès de prudence, beaucoup de subordonnés s'enferment maladroitement dans une relation de soumission au leader. Ils veillent en effet à n'exprimer leurs désaccords qu'à mots couverts. Par exemple, "En avez-vous parlé à Georges?" au lieu de "Vous faites erreur en n'impliquant pas Georges : il va saboter vos efforts". Ces messages codés ne sont pas toujours compris par le leader, qui est alors conduit à les ignorer. Constatant que le leader ne tient pas compte de ses messages, le subordonné se renforce faussement dans son impression que son chef ne veut pas être influencé. C'est pourquoi les membres de l'équipe doivent se méfier de leurs a priori sur le leader : ils doivent avoir le courage de les tester, en se risquant à des discussions ouvertes. Pour y parvenir aux mieux, deux conseils leur seront utiles : - Souligner que le désaccord porte sur les moyens, pas sur les objectifs. L'accueil fait à une objection dépend fortement de la façon de la présenter. Souvent, le leader est attaché aux objectifs poursuivis, mais moins aux moyens pour y arriver. L'échange sera généralement plus constructif si on présente l'objection comme un moyen plus efficace pour atteindre l'objectif. Dans ces conditions, il est souvent possible d'aller jusqu'à dis- cuter du comportement du leader. Par exemple : "Il me semble que votre objectif est de recueillir toutes les données pour prendre la meilleure décision. Mais votre façon de réagir aux mauvaises nouvelles m'incite plutôt à les dissimuler". - - Les conflits sur les moyens. Dans ce cas, le désaccord porte sur le choix des actions à engager, sans remettre en cause les individus. Ce type de conflit est très productif : il contribue à prendre en compte l'ensemble des données et à examiner le problème sous de multiples angles. Pour conduire la transition vers le leadership partagé, le leader doit ainsi inciter chacun à exprimer clairement ses positions. Il doit veiller à mettre en évidence les désaccords dissimulés par crainte du conflit. Lorsqu'il était à la tête de General Motors, Alfred Sloan refusait d'entériner les projets complexes qui faisaient trop facilement l'unanimité : "Si personne ne voit la moindre objection à ce projet, je demande que l'on repousse la décision au mois prochain, afin que nous ayons le temps d'y réfléchir une seconde fois". La figure J (voir encart) indique des pistes pour favoriser et gérer de tels conflits. - Les conflits sur les rôles. Cette deuxième nature de conflit porte sur la façon dont les autres accomplissent leur travail : "tu n'as pas respecté pas tes engagements", ou "ton attention excessive aux détails me rend fou". Ce type de conflit est indispensable au succès du leadership partagé. D'une part, les défaillances individuelles doivent pouvoir être débattues et traitées, si l'on veut pouvoir maintenir une véritable responsabilité partagée. D'autre part, c'est le meilleur moyen de trouver des terrains d'entente entre différents styles de travail. - Les attaques personnelles. Dans ce troisième cas de figure, le conflit porte sur la personnalité de l'autre : "tu es menteur, égoïste et avide de pouvoir". De tels conflits sont destructeurs : ils sont inadmissibles et ne doivent pas être tolérés. Toute la difficulté consiste ainsi à savoir gérer des conflits sur les moyens ou les rôles sans qu'ils dégénèrent en attaques personnelles. La figure K (voir encart) donne des conseils pour y parvenir. ■ Chercher à obtenir le soutien de vos collègues, et à offrir le vôtre. La voix d'un individu isolé est rarement entendue. A contrario, il suffit souvent du soutien d'un autre pour faire boule de neige. Sachez tirer parti de ce phénomène pour accroître la richesse et la qualité des débats au sein de l'équipe. • Provoquer des conflits constructifs. Le plus grand défi pour évoluer vers le leadership partagé est d'apprendre à provoquer et gérer des conflits constructifs. En effet, dès lors que la responsabilité est partagée entre plusieurs individus, les conflits sont nécessaires : les différents points de vue doivent pouvoir être confrontés et débattus. Or, la plupart des équipes manquent de compétences dans ce domaine. Quand un conflit éclate, il dégénère souvent en affrontement interpersonnel. Ainsi, les individus ont tendance à éviter les conflits, par crainte de mettre en danger leurs relations. Pour bien gérer les conflits, il faut distinguer 3 cas de figure : Figure F : Clarifier les règles de mode de décision L'exercice suivant vous aidera à établir un sens de responsabilité partagée, sans dériver pour autant vers une exigence systématique de consensus : 1. Discuter avec l'équipe des 4 modes de décision (figure D). 2. Demander à chacun, pour la prochaine réunion, de dresser une liste de 7 à 10 décisions récentes ou à venir, et d'indiquer selon quel mode chacune devrait être prise. 3. À la prochaine réunion, inscrire dans 4 colonnes les choix faits par chacun pour les diverses décisions recensées. 4. Conduire un débat pour bâtir un point de vue partagé sur les règles d'adoption de tel ou tel mode de décision. Le mérite d'un tel exercice est multiple : - il permet de fixer des règles comprises par tous ; - il permet de clarifier que la responsabilité partagée n'implique pas de tout décider par consensus ; - il constitue une occasion pour l'équipe de fonctionner dans un mode de leadership partagé. Power Up MANAGERIS N° 66-1 9 MAN_66.xp 13/02/99 16:20 Page 10 (1,1) C O M M E N TA I R E C R I T I Q U E D E L’ O U V R A G E Par Henri-Claude de Bettignies Professeur à l’INSEAD et à l’Université de Stanford BIBLIOGRAPHIE : • THE LEADERSHIP TRIAD, Dale E. Zand, éd. Oxford University Press, 1997. (Manageris n° 57) • TEAMS AT THE TOP, Jon R. Katzenbach, éd. Harvard Business School Press, 1998. (Manageris n° 62) • LEADERSHIP WITHOUT EASY ANSWERS, Ronald A. Heifetz, éd. Harvard University Press, 1994. (Manageris n° 30) Publication mensuelle composée de deux synthèses, éditée par MANAGERIS, SARL au capital de 50 000 F, RCS B 388 524 290 135, rue du Mont-Cenis • 75018 Paris Tél. : (33) 01 42 57 70 67 Fax : (33) 01 42 57 70 38 Directeur de la publication : Etienne Baërd. Relations avec les abonnés : Sabine de Virieu Copyright 1998. Commission paritaire : 74245 ISSN : 1243-3462 Prix de l’abonnement (22 synthèses) : France : 3 981,90 F TTC; dont TVA : 2,10 %. Belgique : 19 117 FB Suisse : 852 FS Prix de la synthèse : - tarif abonné : 193,99 FTTC - tarif non abonné : 387,98 FTTC Prix du numéro mensuel : - tarif abonné : 387,98 FTTC - tarif non abonné : 775,96 FTTC Tarifs groupés : nous consulter Les synthèses Manageris sont des œuvres originales destinées à vous informer. Il ne s'agit ni de citations, ni d'extraits, ni de simples condensés de texte. Le "commentaire critique de l'ouvrage" porte précisément sur l'ouvrage luimême, et non sur la synthèse élaborée par Manageris. Certains des aspects évoqués dans le commentaire peuvent ainsi ne pas être présents dans la synthèse, par un choix délibéré de la rédaction. 10 MANAGERIS N° 66-1 A près une relative éclipse au cours des années quatrevingt, le leadership est revenu à la mode ! Aujourd’hui, la littérature sur ce sujet est florissante, les programmes qui visent à développer les talents de leader se multiplient, tandis que les consultants et les gourous en la matière sont dans les années de vaches grasses. Pourquoi, aujourd’hui, le leadership et sa riche littérature redeviennent-ils à la mode ? Certains attribuent cette vogue au fait que dans un monde en changement rapide, turbulent et très incertain, le leader est un réducteur d’incertitude, dont notre société et nos organisations ont grand besoin. T outefois, et c’est un des mérites du travail de David Bradford et Allan Cohen, le leadership a plusieurs visages, dont certains ont pris de l’âge. C’est ce caractère vétuste du “leadership héroïque”, sa dimension aujourd’hui non contingente, qu’ils dénoncent. Voici en effet un livre intéressant à plus d’un titre : il va au-delà d’une critique de modèles devenus obsolètes, il en explique le pourquoi, et surtout il propose une alternative qui repose sur un partage de la responsabilité, sur la clarté des rôles, sur une vision commune des objectifs et du chemin à suivre, et sur l’interdépendance mutuelle au sein des équipes. Cette autre définition du leadership, au-delà du “leadership héroïque”, est illustrée par de nombreux exemples qui permettent de bien comprendre le pourquoi de sa fonctionnalité. L e auteurs ne se contentent pas de démonter les mécanismes du “leadership partagé”, mais ils suggèrent aussi le chemin qui intègre efficacement la vision et le leadership. À une époque où le débat sur la pertinence de la “vision” dans l’entreprise va bon train, il est utile de trouver une réflexion pratique sur le rôle de cette vision, souvent souhaitée et crainte à la fois. V oilà un livre qui va au-delà de son titre. Il s’adresse en fait à tous ceux qui veulent réfléchir sur le changement et la transformation des organisations - sujet qui préoccupe tant les dirigeants - et cherche à intégrer les concepts dominants dans la pensée managériale de notre époque. Concret, intégrateur, voilà un ouvrage qui pose aussi quelques bonnes questions qui aideront les managers à réfléchir sur les challenges que leur pose le changement dans les organisations qu’ils animent. Ils termineront l’ouvrage avec quelques idées qui peuvent soulever des montagnes. ■ Power Up MAN_66.xp 13/02/99 16:21 Page 21 (1,1) Figure G : Formuler une vision partagée Les conseils qui suivent vous aideront à formuler une vision partagée par l'ensemble de l'équipe : - Impliquez l'ensemble de l'équipe : ce sont les meilleurs experts pour identifier ce qu'ils trouveront motivant! Conduisez les réflexions dans un cadre inhabituel, propice à la réflexion. Commencez par recenser ce qui constitue les avantages distinctifs de l'entreprise sur son marché, en vous appuyant à la fois sur des données factuelles et subjectives. Complétez cette réflexion par la mise en commun des défis que chacun aspire à relever. Évitez de couper court trop rapidement aux débats : les discussions sont très précieuses pour établir une compréhension partagée, au-delà des mots. Figure H : Les avantages d'une influence mutuelle Parvenir à une véritable influence mutuelle entre les membres de l'équipe procure d'importants avantages : - Une communication plus ouverte, plus honnête. De meilleures décisions. Un plus grand engagement personnel de chacun. Une possibilité accrue pour le leader d'exprimer clairement ses points de vue, sans crainte d'influencer trop rapidement ses subordonnés à s'y conformer. Figure I : Communiquer sa sincérité ACTIONS POSSIBLES EXEMPLES Demandez aux membres de l'équipe de vous contredire lorsqu'ils pensent que vous vous trompez, ignorez des données importantes, ou minimisez des conséquences importantes. “Il n'est pas possible de tout savoir. J'ai absolument besoin que vous m'aidiez à percevoir quand je me trompe.” Clarifiez les messages ambigüs. “Quand je suis en désaccord avec vous, n'abandonnez pas tout de suite. Rassemblez des données complémentaires et développez vos arguments. Je vous autorise à me présenter jusqu'à 4 fois de suite le même projet.” Invitez les membres à confronter vos opinions. “Vous avez entendu mon point de vue. Dites-moi quels points vous paraissent discutables.” Soyez attentifs aux signes nonverbaux. “Vous avez l'air hésitant. Quelque chose vous gêne-t-il ?” Encouragez les autres à s'inflencer mutuellement. “Ce qu'a exposé votre collègue vous convient-il ? Exprimez-vous si ce n'est pas le cas.” Power Up MANAGERIS N° 66-1 A MAN_66.xp 13/02/99 16:21 Page 22 (1,1) Figure J : Favoriser les conflits constructifs • Plusieurs moyens peuvent aider à provoquer des débats constructifs : - Dressez la liste des points positifs et négatifs d'une solution envisagée. Cela incite à faire le tour du problème. - Désignez à tour de rôle un "avocat du diable", qui doit s'efforcer de trouver les failles des décisions proposées. - Soyez attentif aux signes de désaccord non verbaux, et invitez les personnes concernées à s'exprimer. - Soutenez les opinions minoritaires. • Pour éviter que les débats ne dégénèrent en attaques personnelles, l'équipe doit veiller aux points suivants: - étayer les affirmations par des faits, des données ; - enrichir les débats en considérant de multiples alternatives ; - valider l'accord général sur les objectifs poursuivis ; - faire appel à l'humour pour apaiser les tensions ; - éviter que le leader ou quelque autre membre ne dominent les discussions ; - rechercher le consensus, mais accepter que le leader tranche pour débloquer la situation. Figure K : Gérer les conflits interpersonnels Les conflits interpersonnels sont indispensables, pour résoudre les problèmes de défaillance individuelle ou trouver des terrains d'entente entre styles antagonistes. Mais il faut savoir les gérer pour éviter qu'ils ne dégénèrent en attaques personnelles. Pour cela, les conseils suivants peuvent être utiles : • S'en tenir au comportement observé. Il faut veiller à rester factuel, en ne remettant en cause que des comportements observés, et jamais les intentions supposées de ces comportements. En effet, on court fortement le risque de se tromper, et de blesser l'autre inutilement. • Se focaliser sur le comportement souhaité. La meilleure façon de parvenir à une solution est d'explorer le problème sous l'angle de nouveaux comportements à adopter : "Jean, sous quelle forme Paul devrait-il s'efforcer d'exprimer ses ressentis pour que tu ne sentes pas agressé ?". • Éviter de laisser dormir les problèmes. Les conflits inattendus, surgissant dans le feu de l'action, sont plus difficiles à maîtriser. Il est donc utile de provoquer occasionnellement des débats permettant à chacun d'exprimer ses ressentis dans un contexte calme. On peut par exemple s'appuyer sur des outils de mesure des styles de leadership, et débattre des résultats. B MANAGERIS N° 66-1 Power Up