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S É R I E D E R E C H E R C H E S D U D R R AT H E N M AT I È R E D E S A N T É C E L L U L A I R E Substances nutritives thérapeutiques dans le traitement du cancer Compte-rendu et perspectives scientifiques A. Niedzwiecki et M. Rath (rédacteurs) S. Netke, V. Ivanov, M.W. Roomi y T. Kalinovsky (Collaborateurs) D R R AT H E D U C AT I O N S E R V I C E S Dr. Rath Health Education Services B.V. B.P. 656, 64 00 AR Heerlen, Pays-Bas Tel.: +31 (0) 457 - 111 222 Fax: +31 (0) 457 - 111 229 [email protected] www.rath-eduserv.com © 2006 Dr. Rath Health Education Services B.V. Le présent ouvrage, ainsi que toutes les parties qui le composent, sont protégés par les droits d'auteur. La reproduction de cette brochure à des fins privées est autorisée. Toute autre reproduction, en particulier traductions, copies sur microfilms, ainsi que le stockage et le traitement sur des systèmes informatiques requièrent l’autorisation de l’éditeur. Imprimé sur papier recyclé à 100 %. SÉRIE DE RECHERCHES DU DR RATH EN MATIÈRE DE SANTÉ CELLULAIRE Substances nutritives thérapeutiques dans le traitement du cancer : Compte-rendu et perspectives scientifiques TABLE DES MATIÈRES Introduction .........................................................................................8 Les objectifs physiologiques d’une thérapie efficace du cancer ........9 Substances nutritives individuelles dans la thérapie du cancer........10 1. Vitamine C ................................................................................10 1a. Eventuels mécanismes anticancéreux de la Vitamine C ....13 1b. Inquiétudes spécifiques au sujet de l'effet de la vitamine C sur le cancer .....................................................15 1c. Innocuité de la prise de fortes doses de vitamine C ..........16 2. Composants du thé vert (EGCG) et extrait de thé vert (GTE) ......................................................18 3. N-acétylcystéine.........................................................................21 4. Sélénium ....................................................................................22 5. Arginine......................................................................................23 Combinaison de substances nutritives dans le traitement du cancer...24 1. Fondement scientifique de la méthode originale de la synergie des substances nutritives dans la thérapie du cancer ...................24 2. Synergie des substances nutritives: Vitamine C, lysine, proline, EGCG,arginine, N-acétylcystéine, sélénium, cuivre et manganèse ..28 3. Autres combinaisons de substances nutritives ..........................35 Les substances nutritives en tant que traitement complémentaire des thérapies conventionnelles du cancer........................................36 1. Substances nutritives essentielles utilisées avec des agents chimiothérapeutiques ou avec la radiothérapie .....................36 - Cisplatine avec du sélénium et de la vitamine C....................36 - Cisplatine avec de la vitamine C et de la vitamine E ............37 - Cisplatine, tamoxifène et dacarbazine avec de la vitamine C et de la vitamine E, du bêta-carotène et de l'acide rétinoïque.....................................................................37 - Radiothérapie avec de la vitamine A et du bêta-carotène.....38 Doxorubicine et vitamine E.....................................................38 Doxorubicine et N-acétylcystéine ...........................................38 Cyclophosphamide, méthotrexate et 5-fluorouracil avec de la vitamine C ..............................................................38 - Sulindac et extrait de thé vert ................................................38 2. Combinaison d'antioxydants multiples avec la chimiothérapie ..39 3. Motifs des divergences au sujet de l'obtention d'effets thérapeutiques positifs grâce à une combinaison d'antioxydants, associée aux traitements traditionnels ............42 4. Combinaisons de hautes doses d'antioxydants recommandées par différents groupes de chercheurs à utiliser conjointement avec une thérapie traditionnelle du cancer ................................43 Inquiétudes le plus souvent émises par les oncologues au sujet de l'utilisation d'antioxydants dans la thérapie du cancer...46 1. Incertitude relative aux effets à long terme d'une combinaison de produits chimiothérapeutiques avec des antioxydants .......46 2. Antioxydants et risque de cancer..............................................47 3. Interférence des antioxydants avec la chimiothérapie et la radiothérapie (aspects mécaniques) .................................50 4. Aspects liés à l'usage de fortes doses d'antioxydants ............53 Conclusions .......................................................................................57 Bibliographie .....................................................................................59 A propos du Dr Matthias Rath et de sa mission .............................71 Les effets cliniques des substances nutritives cellulaires sur le cancer : Un compte-rendu scientifique 7 Introduction Même si les thérapies conventionnelles sont très utilisées, le taux de mortalité due au cancer n'a pas diminué au cours des dernières décennies ; au contraire, il ne fait qu'augmenter (Jemal, et al., 2002; Howe, et al., 2001). Les traitements conventionnels consistent en règle générale dans l'utilisation de la chirurgie associée à des agents chimiothérapeutiques et des séances de rayons. Apparemment, ces méthodes conventionnelles n'ont pas permis de maîtriser le cancer de manière satisfaisante. De plus, on les associe souvent aux effets secondaires très toxiques, à la résistance des cellules cancéreuses aux médicaments et à la génotoxicité à l'origine de nouveaux cancers. Cette situation exige que soient révisées les méthodes actuelles et que soient développées de nouvelles stratégies de traitement du cancer, afin d'en augmenter l'efficacité, tout en réduisant la toxicité des médicaments et de la radiothérapie, et en développant de nouvelles thérapies. A cet égard, l'usage de micronutriments à doses thérapeutiques en tant que thérapie curative complémentaire ou alternative pour traiter le cancer offre des résultats prometteurs. En fait, environ 80% des patients chez qui on a diagnostiqué un cancer cherchent des méthodes alternatives à base d'antioxydants et autres substances nutritives. Cependant, certains représentants de la médecine traditionnelle ont attaqué les compléments vitaminés et autres nutriments essentiels en mettant en avant leur éventuelle nocivité. Ces attaques injustifiées font l'objet de publications alors qu'il existe des preuves scientifiques démontrant que l'utilisation de ces compléments a des effets positifs sur la santé de patients atteints d'un cancer. Dans sa recherche de solutions efficaces contre le cancer, le Dr Rath et al. (1992) apporte une nouvelle perspective dans l'utilisation thérapeutique des nutriments essentiels, tels que la vitamine C et la lysine, pour lutter contre le développement du cancer et la formation de métastases. Des recherches dans ce sens effectuées à l'Institut de Recherche de Médecine Cellulaire du Dr Rath, sous la direction du Dr Aleksandra Niedzwiecki, ont permis de développer une approche naturelle basée sur la synergie des substances nutritives et particulièrement efficace pour lutter contre le cancer. 8 Dans ce document, nous faisons la synthèse des études dont nous disposons et qui démontrent que la synergie des nutriments est la manière la plus efficace dont on dispose actuellement pour lutter contre les processus cruciaux du cancer, dont font partie les métastases, l'angiogenèse, la prolifération des cellules et l'apoptose. Nous faisons également le point sur l'information clinique dont on dispose au sujet de l'utilisation de substances nutritives essentielles dans la thérapie du cancer, et nous présentons une perspective encourageante pour l'application de la synergie des nutriments en médecine clinique. Les objectifs physiologiques d’une thérapie efficace du cancer Une thérapie efficace contre le cancer doit atteindre un ou plusieurs des objectifs qui sont décrits ci-après (schéma 1) : A. Prévention de la formation de métastases (invasion des tissus) B. Prévention de la reproduction des cellules cancéreuses C. Prévention de l'angiogenèse (formation de nouveaux vaisseaux sanguins) dans les tumeurs D. Stimulation de l'apoptose (mort programmée des cellules) des cellules cancéreuses et destruction de celles-ci. Du point de vue de la survie d'un patient atteint d'un cancer, il est crucial de stopper la formation de métastases. Ce processus, ainsi que de nombreux autres aspects de la néoplasie, est étroitement lié à la relation entre les cellules cancéreuses et la matrice extracellulaire (ECM). Il existe plusieurs nutriments qui ont surtout des effets sur les propriétés de cette matrice; c'est le cas de la vitamine C et des acides aminés lysine et proline, qui ont un rôle prépondérant. Il existe de nombreuses études dans ce domaine qui démontrent clairement qu'il existe d'autres nutriments pouvant également modifier ou régulariser les différentes phases du développement du cancer et de la prolifération des cellules cancéreuses. Par conséquent, nous avons évalué d'un œil critique les publications concernant l'efficacité de différents nutriments 9 importants en vue d'atteindre, dans le cadre d'une thérapie efficace contre le cancer, un ou plusieurs des objectifs mentionnés plus haut. Viabilité des cellules OBJECTIFS THÉRAPEUTIQUES : Réplication cellulaire Angiogenèse (développement de nouveaux vaisseaux sanguins) Métastases Prévention de la croissance tumorale RÉSULTATS ATTENDUS : Induction de l'apoptose (mort des cellules) Encapsulement de la tumeur (contenir les métastases) Inhibition de l'angiogenèse Schéma 1 Substances nutritives individuelles dans la thérapie du cancer 1. Vitamine C C'est sur la vitamine C (ascorbate) que l'on a effectué le plus grand nombre de recherches et c'est également le nutriment le plus utilisé pour traiter le cancer. Depuis le jour où Cameron a déclaré que la vitamine C avait des effets bénéfiques sur les patients atteints d’un cancer (Cameron et Campbell, 1974), plusieurs études ont été publiées concernant le potentiel thérapeutique de ce nutriment (Meadows, et al., 1991 ; Tsao, 1991 ; Liu et al., 2000 ; Alcain et al., 1994). 10 En 1978, Cameron et Pauling ont présenté les résultats d'une étude clinique réalisée en Écosse au cours de laquelle 100 patients en phase terminale d'un cancer avaient pris 10g supplémentaire d'ascorbate de sodium. Ensuite, ils ont comparé le temps de survie de ces patients à celui d un groupe témoin composé de 1.000 patients qui n'avaient pas pris d'ascorbate. Les résultats ont démontré que les patients qui avaient pris de l'ascorbate de sodium avaient augmenté leur pronostic de survie de 321 jours par rapport au groupe témoin. Vingt-deux patients sur 100 ayant pris l'ascorbate de sodium ont vécu un peu plus d'un an (22%) par rapport à 4 patients seulement sur 1000 (0,4%) pour le groupe témoin. Cette étude, basée sur les archives d'un centre pour cancéreux, était rétrospective et non pas prospective. De ce fait, elle a fait l'objet de critiques sous prétexte qu'elle n'était pas impartiale en ce qui concerne la sélection des patients (Moertel, et al.,1985). Moertel et son équipe ont fait des études prospectives en double aveugle en administrant 10g de vitamine C à des patients qui n'avaient pas encore subi de chimiothérapie. Tous les patients sélectionnés se trouvaient dans une phase avancée d'un cancer du gros intestin et ne pouvaient, par ailleurs, pas être soumis à d'autres traitements; cependant, cette étude n'a pas pu montrer les avantages de ce traitement. Cameron et Campbell (1991) ont eux aussi réalisé des études prospectives sur des patients atteints d'un cancer. Lors d'une étude, les patients appartenent au groupe traité avec de la vitamine C ont pris 10 g d'ascorbate de sodium par jour. La plupart des patients de ce groupe ont reçu cette dose par voie intraveineuse pendant les 10 premiers jours. Le temps de survie de la moitié des patients du groupe traité avec la vitamine C était de 343 jours. En ce qui concerne le groupe témoin, le temps moyen de survie était de 180 jours. Les chercheurs ont déclaré que ces résultats prouvaient que les patients, ayant pris des compléments en vitamine C, vivaient plus longtemps que ceux qui n'en avaient pas reçu. Ils ont également établi une corrélation positive entre les taux de vitamine C dans le plasma des patients et leur durée de survie. La relation inverse entre les taux de vitamine C dans le plasma et la mortalité liée au cancer a également été confirmée plus tard par Khaw et 11 al. (2001). Même si ces résultats étaient encourageants, ils n étaient pas assez convaincants pour être acceptés par la médecine clinique conventionnelle. Les résultats divergents des différentes études réalisées sont étonnants. Nous allons faire le point sur certaines études in vitro pour nous aider à interpréter ces différences. Dans une étude in vitro, la vitamine C a été ajoutée aux cellules cancéreuses cultivées en laboratoire. La croissance cellulaire est mesurée par le comptage du nombre de cellules cancéreuses à des périodes d'incubation déterminées à l'avance. Le taux de vitamine C permettant de freiner efficacement la prolifération des cellules cancéreuses varie, selon plusieurs études, varient entre 400 µM et 1 mM (Leung, et al., 1993; Riordan, et al.,1995; Koh, et al.,1998 ; Netke, et al., 2003; Harakeh, et al., 2004). Peut-on obtenir de tels taux de vitamine C dans le corps humain ? La concentration de vitamine C dans le sang dépend de son taux d'absorption dans le tractus digestif et de son taux d'élimination par les reins. Quand on administrait par voie orale une dose de 1.000 mg d'acide ascorbique par jour, le niveau stable d'acide ascorbique dans le plasma était de 80 µM (Levine, et al., 1996). Au cours de ces études, on a également observé que, en augmentant, par exemple, la dose à 2.500 mg par jour, le taux d'acide ascorbique dans le plasma pouvaient atteindre un écart de 100 µM. On a donc vu que l'administration d'ascorbate par voie orale permettait difficilement d'obtenir d'assez grandes quantités d'acide ascorbique dans le sang pour permettre d'inhiber la prolifération des cellules. Il faut donc déterminer s'il est possible d'atteindre des taux suffisants d'acide ascorbique dans le plasma par voie intraveineuse sans provoquer d'effets néfastes pour les patients. Dans les études menées par Riordan, et al. (1995), l'acide ascorbique a été administré aux patients par voie intraveineuse. Les patients ont tout d'abord été soumis à un examen pour éviter les éventuels effets indésirables de l'acide ascorbique administré à petites doses par voie intraveineuse. Ensuite, on leur a administré 115 g d'acide ascorbique dilué dans un litre de lactate 12 Ringer pendant huit heures. Durant 13 semaines, tous les patients ont reçu 39 perfusions. Entre chaque perfusion, ils ont pris de l'acide ascorbique par voie orale en fonction de la tolérance de leurs intestins (environ 10 g par jour). Au cours de ces études, on a pu obtenir des taux d'environ 10 mM (180 mg/dl) d'acide ascorbique dans le plasma et la maladie n'a pas progressé tant que les patients continuaient à prendre de la vitamine C. De telles concentrations élevées d'acide ascorbique sont encore comprises dans les intervalles physiologiquement reconnus, étant donné qu'il a été signalé que, suite à l’administration par voie orale de différents compléments, sa concentration intracellulaire d'acide ascorbique dans les lymphocytes, étaient approximativement de 4 mM (Levine, et al., 2001) et que, dans les lymphocytes activés, les taux d'acide ascorbique pouvaient atteindre 10 mM (Victor, et al., 2001). Il est donc clair que des taux élevés de vitamine C dans le plasma sont nécessaires pour obtenir des résultats positifs chez des patients atteints d’un cancer et ces taux peuvent être atteints en administrant la vitamine C par voie intraveineuse. Dans les études de Moertel, et al (1985), la vitamine C était administrée par voie orale, et non pas par voie intraveineuse, comme cela a été fait au cours des études menées par Cameron et Campbell (1995). Le mode d'administration de la vitamine C pourrait expliquer les différences qui apparaissent dans les résultats des études. L'administration parentérale de l'acide ascorbique est acceptée peu à peu par la communauté médicale traditionnelle. Drisko, et al. (2003), du Service d'Oncologie Gynécologique de l'Université de Kansas Medical Center (États Unis), ont administré, deux fois par semaine et par voie parentérale, des doses de 60 g d'ascorbate, à deux patientes atteintes d'un cancer des ovaires, en plus des hautes doses d'antioxydants pris par voie orale. Ce traitement a obtenu des résultats satisfaisants et les patientes avaient une rémission de plus de trois ans au moment où a été publié le rapport. Une fois de plus, les résultats de ces études n’étaient pas suffisamment convaincants pour que la médecine traditionnelle accepte la valeur thérapeutique de la vitamine C chez des patients atteints d’un cancer. 13 1a. Eventuels mécanismes anticancéreux de la vitamine C Le fait que la vitamine C fonctionne comme un agent anticancérigène grâce à son activité antioxydante, à savoir qu'elle étouffe les espèces radicalaires de l'oxygène (ROS), a été en général reconnu. Maintenant on sait que la vitamine C exerce ses effets de plusieurs manières. Les études réalisées par Maramag, et al. (1997) avec des cellules cancéreuses de la prostate indiquent que la vitamine C inhibe la division et la croissance des cellules en produisant du péroxyde d'hydrogène. Les capteurs d'oxygène singlet, tels que l'azoture de sodium et l'hydroquinone, et les capteurs de radical hydroxyle, tels que le d-mannitol et le dl-alpha-tocophérol, n'ont pas neutralisé les effets de l'acide ascorbique sur l'incorporation de la thymidine, ce qui laisse supposer que les changements induits par la vitamine C n'étaient pas liés aux ROS. Les études ultra-structurelles et celles réalisées sur la surface des cellules d'un cancer spino-cellulaire et d'un épithélioma épidermique basocellulaire induits par 3-méthylcholanthrène ont révélé que l'acide ascorbique modifiait considérablement la différenciation et la croissance cellulaire. De multiples effets tels que la cytolyse, le fractionnement de la membrane cellulaire, des modifications mitochondriales, des réductions nucléaires et nucléolaires et l'augmentation de la formation d'un phagolysosome ont été observés sur les cellules cancéreuses après l'administration de la vitamine C (Lupulescu, 1992). Il a été démontré que la vitamine C module positivement l'expression de plusieurs gènes, tels que le fra-1 glutathion-S-transférase pi (GSTpi) et le Mut-L-homologue 1 (MLH-1) dans les cellules du corps humain. Il a été démontré quel MLH-1, ainsi que son objectif inférieur p73 peuvent être modulés positivement par cette vitamine. L'augmentation du nombre de récepteurs des deux ARN messagers correspondants a été observée seulement deux heures après l'exposition à l'ascorbate et a continué à augmenter pendant les 16 heures du traitement. La modulation de l'expression des gènes MLH-1 et p73 a amélioré la susceptibilité cellulaire à l'apoptose déclenchée par la cisplatine, agent nuisible pour l'ADN, ainsi 14 que le p73. Cette activité était indépendante du p53 (Catani, et al., 2002). Les études réalisées en collaboration avec le Dr Harakeh et autres (Harakeh, et al., en cours) indiquent que la vitamine C peut avoir des effets apoptotiques sur différentes lignées cellulaires de leucémie, parmi lesquelles les cellules de leucémie infectées par HTLV-1, et ce, en augmentant l'expression des gènes p21, Bax et p53 pro-apoptotiques et en diminuant l'expression de la protéine Bcl-2a. La vitamine C joue un rôle crucial dans la production de collagène et la structure de ses fibres et elle définit en grande partie la composition de la matrice extracellulaire. En conclusion, la vitamine C peut renforcer la matrice extracellulaire et créer un effet d'encapsulement qui peut gêner la progression des cellules cancéreuses (Rath et Pauling, 1992; Roomi, et al., 2003). 1b. Inquiétudes spécifiques au sujet de l'effet de la vitamine C sur le cancer - La vitamine C agit comme un pro-oxydant dans certaines circonstances Suite à différentes études in vitro, il a été dit que l'interaction entre la vitamine C et les ions métalliques libres catalytiquement actifs pourrait contribuer au dommage oxydatif en produisant des radicaux hydroxyles et alkyles. Cela signifie essentiellement que l'acide ascorbique peut agir comme pro-oxydant et non comme antioxydant dans le corps. Carr et Frei (1999) ont revu différentes études recherchant sur les effets de la vitamine C incubée en présence et en absence d'ions métalliques sur les dommages oxydatifs produits sur l'ADN, les lipides et les protéines. Ces études ont fourni des preuves irréfutables que la vitamine C apporte, chez les animaux et chez les hommes, une protection antioxydante aux lipides dans les liquides biologiques avec ou sans apport de fer. Bien qu'il existe peu de données concernant l'oxydation des protéines chez les être humains et bien qu'elles soient peu probantes, les données dont on dispose concernant les animaux confirment invaria- 15 blement le rôle antioxydant de la vitamine C. Ce passage en revue, qui porte sur plusieurs études pertinentes, ne confirme pas le fait que la vitamine C agit comme un pro-oxydant dans le corps. - La vitamine C et la production de génotoxines La crainte que des doses élevées de vitamine C puissent provoquer la production de génotoxines s'est propagée. Cette inquiétude a pour origine les études de Lee, et al. (2001). Ces chercheurs ont affirmé que la prise de 200 mg de vitamine C par jour provoquait la décomposition des hydropéroxydes lipidiques en génotoxines endogènes. Ces conclusions sont basées sur des études in vitro au cours desquelles des taux très élevés d'hydropéroxydes lipidiques ont été utilisés (400 micromoles/litre). De tels taux ne sont pas pertinents d'un point de vue physiologique ; ceux présents dans le sang sont nettement inférieurs et varient seulement entre 10 et 500 nmoles/litre. Même la probabilité d'obtenir de tels taux in vivo est faible, étant donné que la consommation élevée de vitamine C augmente le glutathion dans les lymphocytes humains, ce qui inhibe la péroxydation lipidique (Lenton, et al., 2003). Levine, et al. (2001) ont également affirmé qu'une plus grande quantité de vitamine C ne produisait pas une augmentation des taux des péroxydes lipidiques. - La vitamine C et les effets mutagènes Podmore, et al. (1998) ont affirmé que la prise de 500 mg/par jour de vitamine C dans l'alimentation pouvait avoir des effets pro-oxydants et mutagènes chez les être humains, dans le cadre de l'augmentation du nombre de bases modifiées de l'ADN dans les lymphocytes, et en particulier le 8-oxoadenine. Ces études indiquaient en même temps que les concentrations de 8-oxoguanine avaient diminué considérablement. La 8-oxoguanine est une lésion mutagène importante de l'ADN. Toute diminution dans la concentration de 8-oxoguanine indique que la vitamine C peut protéger l'ADN des altérations mutagènes. Les découvertes faites au cours de l'étude menée par le groupe de Podmore doivent être considérées avec certaines réserves, car la méthode d'estimation des composés oxo utilisée n'était pas fiable. On 16 sait de plus que ces composés peuvent se former pendant le traitement des échantillons. 1c. Innocuité de la prise de fortes doses de vitamine C - Formation de calculs rénaux Il y a des craintes quant à la possibilité que la vitamine C consommée à haute dose puisse provoquer la formation de calculs rénaux d'oxalate de calcium. Goodwin et Tangum (1998) ont fait une étude approfondie des publications médicales concernant ce sujet et n'ont pas trouvé d'articles fiables qui confortent cette crainte. Au contraire, il y avait trois études de cas qui n'ont pas pu démontrer qu'il existe une corrélation manifeste entre la prise d'ascorbate et la formation et l'excrétion de calculs. (Cowley, et al., 1987; Power, et al., 1984; Felstrom, et al., 1989). L'association évidente entre la vitamine C et les calculs rénaux, signalés par certains ouvriers, peut être expliquée par le fait que d'anciens tests sur des oxalates urinaires ont permis la transformation de l'acide ascorbique présent dans les urines en oxalates pendant le stockage et le traitement des échantillons. Wandzilak, et al. (1994) a signalé que la vitamine C ajoutée à l'urine devenait de l'acide oxalique et que l'augmentation de la quantité d'oxalates dans l'urine des volontaires ayant pris des doses élevées de vitamine C (jusqu'à 10 g) pourrait avoir comme explication la quantité de vitamine C excrétée dans l'urine et convertie en oxalates. Au cours d'une étude de suivi réalisée à grande échelle sur 45.000 hommes (Harvard Prospective Health Professional Follow-Up), il a été démontré que le risque d’avoir des calculs rénaux était inférieur dans les groupes qui prenaient le plus de vitamine C (> 1500 mg/jour) que dans ceux qui en prenaient le moins (Curhan, et al., 1996). 17 Après avoir revu différentes études, Gerster (1997) en est arrivé à la conclusion que le fait de prendre de fortes doses de vitamine C n'augmentait pas le risque d'avoir des calculs rénaux d'oxalate de calcium. Ces découvertes ont été confirmées par les études de groupe réalisées sur environ 85500 personnes (Curhan, et al., 1999). - Effets indésirables Certains rapports sur les éventuels effets toxiques de la vitamine C ont été publiés, mais les analyses critiques de ces documents n'ont pas pu les justifier (Diplock, 1995; Bendich, 1992). Il est important de mentionner ici que l'administration quotidienne, par voie intraveineuse sur huit heures et 39 fois en 13 semaines, de 115 g d'ascorbate ne produit pas d'effets indésirables chez les patients atteints d'un cancer (Riordan, et al., 1995). Dans d'autres études cliniques, on a utilisé de hautes doses de vitamine C, seule ou en combinaison avec d'autres antioxydants, sans que les patients ne souffrent d'effets indésirables (Moertel, et al., 1985; Cameron et Campbell, 1991; Lockwood, et al., 1994; Walker, et al., 2002; Drisko, et al., 2003). Certaines personnes peuvent avoir des problèmes intestinaux si elles prennent des doses élevées de vitamine C. La prise de vitamine C doit donc être progressive et on devrait seulement adapter la quantité à absorber en fonction de la tolérance intestinale. 2. Composants du thé vert (EGCG) et extrait de thé vert (GTE) Au cours des dernières années, plusieurs études ont démontré que l'extrait de thé vert possède un potentiel considérable pour traiter le cancer (Hare, 2001). Les constituants actifs du thé vert sont l'épicatéchine, l'épigallocatéchine, le gallate d'épicatéchine et le gallate d'épigallocatéchine. Sur les quatre constituants, c'est le gallate d'épigallocatéchine (EGCG) qui est le plus puissant. Il existe des rapports qui suggèrent l'activité synergique de ces catéchines quand l'extrait de thé vert est utilisé en tant que tel. 18 - Gallate d'épigallocatéchine (EGCG) Il a été démontré que l'EGCG est un agent prometteur pour contrôler l'angiogenèse, les métastases et autres aspects du cancer (Hare, 2001). La formation de nouveaux vaisseaux sanguins (angiogenèse) est cruciale pour qu'un cancer puisse se développer et pour que les métastases puissent se propager ; les facteurs qui interviennent dans ce processus sont complexes. Les plus importants sont la sécrétion du facteur de croissance de l'endothélium vasculaire (VEGF) qui stimule la prolifération des cellules endothéliales vasculaires et la synthèse des activateurs des métalloprotéases matricielles (MMP) qui entraînent la digestion de la matrice extracellulaire et la migration des cellules endothéliales formant des structures tubulaires (nouveaux vaisseaux sanguins). L'activité importante des MMP facilite également la prolifération des cellules cancéreuses et l'invasion des tissus. Dans des études réalisées in vitro, l'EGCG, principal constituant de l'extrait de thé vert, a inhibé l'augmentation de l'expression du VEGF et l'activité promotionnelle provoquée par le manque de sérum des cellules cancéreuses du colon humain HT29 (Jung, et al., 2001). La diminution de l'expression du VEGF réduirait donc l'angiogenèse. Dans d'autres études, on a observé que l'EGCG a inhibé la formation de nouveaux vaisseaux par les cellules endothéliales de la veine ombilicale chez l'homme (HUVEC) (Singh, et al., 2002). La formation de nouveaux vaisseaux par ces cellules représente le processus d'angiogenèse dans un modèle de laboratoire. L'EGCG a également inhibé l'activité des gélatinases - métalloprotéases matricielles 2 et 9 (MPP-2, MMP-9) dans le cancer et l'angiogenèse. De la même façon, l'EGCG, utilisé dans des concentrations équivalentes à celles obtenues dans le plasma de personnes qui boivent du thé vert de façon modérée, ont permis de réduire de 50% l'invasion de la matrice d une membrane basale reconstituée par les cellules cancéreuses. Les taux de concentration d'EGCG actif qui limitaient la prolifération et provoquaient l'apoptose des cellules transformées étaient 100 fois moins élevés que ceux constatés pour les cellules normales (Garbisa, et al., 2001). 19 L'EGCG a également réduit la migration de l'HUVEC au travers de la membrane Matrigel. On a découvert que cela était dû à la modulation de l'activité des MMP par l'EGCG. On a observé que ce dernier interfère avec l'activité de MMP-2 à plusieurs niveaux. Premièrement, il réduit la sécrétion de Pro-MMP-2 (une forme inactive de MMP-2). Cette dernière passe d'une forme pro-enzymatique à une forme active par l'intermédiaire d'une autre enzyme transmembrane, la MT1-MMP-2 (Singh, et al., 2002). L'EGCG réduit considérablement la quantité de MT1-MMP-2 présents, en agissant sur les taux d'expression des protéines et des gènes (Annabi, et al, 2002). Nos études ont démontré que si l'on administrait de l'EGCG dans des proportions non toxiques aux cellules de leucémie (Jurkat et C91Cl) et aux cellules de leucémie infectées par HTLV-1 (HUT102 et CEM), celuici inhibait la prolifération cellulaire et provoquait l'apoptose de la cellule, ce qui a été confirmé par la cytométrie de flux, Western Blot, et par d'autres essais (Harakeh, et al., a, b). - Extrait de thé vert (GTE) Au cours de plusieurs études, Sartippour, et al. (2001) ont démontré que l'extrait de thé vert (GTE) et ses composants catéchines étaient efficaces pour inhiber le cancer du sein et la prolifération des cellules endothéliales lors de la mise en culture de celles-ci. On a également découvert que le GTE stoppait la croissance cellulaire et provoquait l'apoptose des cellules cancéreuses de la prostate humaine DU145 (Chung, et al., 2001). Les catéchines du GTE ont montré leur capacité à inhiber la croissance des cellules cancéreuses du colon humain HCT116 (Uesato, et al., 2001), ainsi que l'activité des MMP et l'activation de pro-MMP (Demeule, et al., 2000). L'inhibition des MMP agit défavorablement sur l'invasion de la MEC par les cellules cancéreuses et affecte, ainsi, la formation de métastases. Plusieurs études indépendantes ont montré au cours de nombreuses expérimentations réalisées sur des animaux que la consommation de 20 thé vert réduit le développement du cancer. Lors d'une étude (Jung, et al., 2001), on a injecté des cellules HT29 par voie sous-cutanée à des souris nues athymiques. Le traitement consistait ensuite à injecter 1,5 mg par jour d'EGCG aux animaux par voie intrapéritonéale. Le traitement effectué avec l'EGCG a, par rapport au groupe de contrôle, réduit la prolifération des cellules tumorales de 27%, inhibé la croissance de la tumeur de 58%, diminiué la densité des microvaisseaux de 30%, pratiquement doublé l'apoptose des cellules tumorales et triplé l'apoptose des cellules endothéliales. Chez les souris, le GTE a réduit la taille de la xénogreffe et a diminué la densité des vaisseaux sanguins de la tumeur (Sartippour, et al., 2001). L'EGCG inhibe également le processus d'angiogenèse. Il existe donc des preuves très solides qui démontrent que le GTE augmente l'apoptose, inhibe la prolifération des cellules cancéreuses, réduit l'invasion des tissus par les cellules cancéreuses et inhibe l'angiogenèse. 3. N-acétylcystéine La N-acétylcystéine (NAC) est un dérivé de l'acide aminé L-cystéine. Elle fournit la cystéine biodisponible nécessaire au réapprovisionnement du glutathion (GSH), un tripeptide (gamma-y-glutamyl-cystéineglycine) qui joue plusieurs rôles physiologiques, dont la régulation de transduction de signal (Schreck, 1991), la défense intracellulaire contre le stress oxydatif (Meister, 1994) et d'autres fonctions importantes dans le processus néoplasique. Les cellules cancéreuses du colon manifestent une expression accrue du récepteur du facteur de croissance similaire à l'insuline (IGF-IR). Ce facteur, activé par ligand, inhibe l'apoptose. Il a été démontré que la NAC réduit l'expression de l IGF-IR en cas de HT29, de SW480, ainsi que dans les lignées cellulaires de l'adénocarcinome du colon LoVo. Signalée au travers de l IGF-IR, elle sert d'intermédiaire dans la progression des cycles cellulaires de la phase G1 à la phase S. Tout type d'interférence avec ce signal entraînerait une réduction de la multiplication des cellules cancéreuses. Avec un taux de 40 µM dans les études de cultures cellulaires, la NAC a réduit la prolifération des cellules can- 21 céreuses du colon de 20% dans le groupe de contrôle. On a découvert que cela était dû à l'effet de la NAC par la réduction de l'expression des taux d'IGF-R sur la surface cellulaire des cellules cancéreuses (Kelly, et al., 2002). Au cours d'une étude sur les cellules cancéreuses humaines de la vessie T24, la NAC a réduit la production de MMP-9 et a également occasionné l'inhibition de leur activité (Kawakami, et al., 2001). La NAC est connue pour inhiber complètement l'activité gélatinolytique, les métalloprotéases et les activités chimiotactiques et invasives des cellules tumorales (Morini, et al., 1999). D'autres études ont démontré que la NAC peut réduire le potentiel invasif et métastatique des cellules du mélanome, et inhiber l'invasion des tissus par des cellules endothéliales (Tosetti, et al., 2002) et par des cellules de fibrosarcome (Yoon, et al., 2001). De même, la NAC a fortement inhibé la néovascularisation des éponges de Matrigel en réponse aux cellules du sarcome de Kaposi (Cai, et al., 1999). La NAC a donné des résultats prometteurs sur des souris nues athymiques porteuses de xénogreffes MDA-MB-435 et ayant reçu un traitement journalier avec de la NAC synthétique pendant huit jours. Le traitement effectué a provoqué l'apoptose des cellules endothéliales et la réduction de la densité microvasculaire (Agarwal, et al., 2004). Au cours d'expérimentations de carcinogenèse faites sur des animaux, la NAC utilisée sur des tumeurs préétablies a provoqué une nette inhibition de la croissance de ces dernières, entraînant une régression dans 50% des cas (Albini, et al., 2001). La NAC a empêché in vivo la carcinogenèse chez les souris nues auxquelles on avait injecté des cellules malignes de mélanome murin. Elle a également permis de réduire le nombre de métastases du poumon (Morini, et al., 1999). Les preuves fournies par les expériences effectuées et citées auparavant indiquent que la NAC peut être utile pour réduire la prolifération des cellules cancéreuses et l'invasion de la matrice extracellulaire (métastases), ainsi que pour déclencher l'apoptose et réduire l'angiogenèse. 22 4. Sélénium Le sélénium est un oligo-élément qui n'est pas en lui-même un antioxydant, mais qui s'intègre, à l'intérieur des cellules, aux sélénoprotéines et certaines d'entre elles ont des fonctions antioxydantes (par exemple, le glutathion peroxydase). De plus, le sélénium peut déclencher directement l'apoptose des cellules tumorales et inhiber la prolifération des cellules cancéreuses dans les tissus. L'utilisation de sélénium pour inhiber l'invasion de la membrane basale (Matrigel) par les cellules de fibrosarcome humain HT1080 a empêché l'adhésion des cellules à la matrice de collagène. Cette adhésion à la MEC est une condition préalable pour le processus de migration. Le sélénium a également réduit la production de MMP-2 et de MMP-9, secrétées par les cellules de fibrosarcome (Yoon, et al., 2001). Il est possible que l'inhibition de l'invasion au travers de la membrane de Matrigel soit due à ces deux facteurs : la non-adhésion des cellules à la matrice cellulaire et la réduction de la production de MMP. Le sélénium a affecté l'activité des MMP-9 et a réduit la migration des cellules endothéliales au travers de la matrice extracellulaire (Tosetti, et al. 2002; Morini, et al., 1999). Il a également diminué l'expression de MMP-2 dans les cellules endothéliales de la veine ombilicale humaine, ainsi que la sécrétion de VEGF dans la prostate humaine (DU145) et les lignées cellulaires du cancer du sein (MCF-7 et MDA-MB 468), ce qui constitue des étapes cruciales pour réduire l'angiogenèse. Il faut également signaler que le sélénium a réduit l'expression de l'activateur plasmatique qu'est l'enzyme urokinase (Yoon, et al., 2001). Cet activateur se manifeste par une concentration très élevée dans de nombreuses cellules cancéreuses et joue un rôle important dans la conversion d'enzymes Pro-MMP inactives en enzymes MMP actives. La nonconversion de Pro-MMP en MMP aurait des conséquences défavorables sur le processus d'invasion des tissus et, par conséquent, sur la prolifération locale et la formation de métastases. 23 Le métabolite de sélénium (selenodiglutathion) provoque l'induction du ligand Fas. La fixation du ligand au récepteur provoque l'activation sélective de la voie du Fas dans les carcinomes. L'activation de la voie pourrait être directement responsable de la destruction des cellules cancéreuses par apoptose, ou bien de leur conversion en un objectif facile pour les attaques des réponses immunologiques (Fleming, et al., 2001). Les études démontrent clairement que le sélénium possède la capacité de prévenir l'invasion de la MEC (métastases) par les cellules cancéreuses et qu'il a une incidence sur les processus d'angiogenèse et d'apoptose. 5. Arginine L'arginine est conditionnellement un acide aminé essentiel. Il est probable qu'il soit présent en quantités insuffisantes dans des conditions de stress, blessures ou maladie. Étant donné que l'arginine est un précurseur de l'oxyde nitrique (NO), un manque d'arginine peut limiter la production de cet oxyde (Cooke, et al., 1997). Il a été démontré que le NO agit principalement comme un inducteur d'apoptose dans les cellules du cancer du sein. Les agents apoptotiques, tels que les esters de phorbol, le facteur alpha de nécrose des tumeurs et les hormones peptidiques, ont augmenté la production du NO dans les cellules cancéreuses du sein. La production de NO était directement en corrélation avec le degré d'apoptose de ces cellules (Simeone, et al., 2002). Le rôle joué par le NO dans l'apoptose des cellules cancéreuses a été à nouveau confirmé dans les xénogreffes de cellules cancéreuses du cou et de la tête réalisées sur des souris nues (Kawakami, et al., 2004). Nos études in vitro effectuées avec des cellules de mélanome A2058 ont démontré que l'arginine peut agir de manière synergique avec la lysine pour réduire l'invasion de la Matrigel (Netke, et al., 2003). 24 Combinaison de substances nutritives dans le traitement du cancer 1. Fondement scientifique de la méthode originale de la synergie des substances nutritives dans la thérapie du cancer Au cours des dernières décennies, de nombreuses méthodes pour contrôler le cancer à l'aide de micronutriments ont été présentées. Cependant, elles n'ont permis aucune avancée efficace dans ce domaine, car la compréhension et le choix des objectifs thérapeutiques des nutriments individuels ayant fait l'objet de recherches étaient incomplets. La publication du Dr Rath et al. (1992) a contribué à faire un grand pas dans cette direction, étant donné que pour la première fois l'attention a cessé de se fixer sur l'origine des cancers pris individuellement et sur l'application de nutriments employés séparément. La nouvelle méthode présentée dans cette publication se concentrait sur le mécanisme pathologique commun à tous les cancers, c'est à dire, sur la destruction de la matrice extracellulaire comme condition préalable au développement du cancer et à la formation de métastases et sur l inhibition de ces dernières par des moyens naturels. La MEC joue un rôle très important dans le corps humain en tant que facteur de stabilité et en tant que centre de communication de différents facteurs de croissance, des cytokines et de transduction de signaux intercellulaires. Si la MEC est défectueuse, cela peut entraîner plusieurs maladies chroniques, telles que l'arthrite, l'athérosclérose et le cancer, entre autres. Les cellules cancéreuses doivent traverser la MEC pour se propager localement (augmentation de la taille de la tumeur) et s'infiltrer dans d'autres parties du corps (métastases). La formation de métastases implique que les cellules cancéreuses adhèrent à la MEC et qu'elles sécrètent des enzymes appelées métalloprotéases matricielles (MMP), qui dissolvent la MEC et permettent aux cellules malignes de migrer au travers de la matrice. Ces cellules traversent les parois des vaisseaux sanguins et se propagent vers d'autres parties du corps. Parmi les constituants de la MEC, on trouve des fibres de collagène, des fibres d'élastine, plusieurs glycoprotéines, des protéoglycanes et d'autres composants. 25 Le collagène est la principale barrière de la membrane basale et de la MEC. Les fibres de collagène sont des chaînes hélicoïdales triples d'acides aminés solidement unies entre elles. Cette solidité est possible grâce à la formation de liens d'hydrogène entre les différentes chaînes de fibrilles de collagène et grâce à l'hydroxylation des molécules de proline et de lysine dans les chaînes de ce dernier. Tandis que les acides aminés tels que la proline et la lysine sont nécessaires pour former les chaînes de collagène, l'acide ascorbique est essentiel pour la réaction de l'hydroxylation. Par conséquent, il s'avère nécessaire de compléter le régime alimentaire par des quantités adéquates de proline, de lysine et d'acide ascorbique pour former une matrice extracellulaire saine et solide. La nouvelle méthode de contrôle du cancer par la synergie des nutriments présentée par le Dr. Rath et al. (1992) peut être résumée de la manière suivante : 1. Toutes les cellules cancéreuses utilisent le même mécanisme pathologique pour se propager : la production/activation des enzymes protéolytiques qui digèrent la matrice extracellulaire. Cependant, le mécanisme le plus utilisé est l'activation du plasminogène due à la sécrétion de sons activateur qui, suite à la transformation maligne des cellules, peut augmenter de 10 à 100 fois. A son tour, la plasmine active déclenche l'activation des métalloprotéases (MMP), des collagénases et d'autres enzymes protéolytiques, ce qui conduit à la dégradation des membranes basales et de la matrice extracellulaire. L'agressivité et la malignité d'un cancer sont déterminées par le taux de dégradation de la matrice, déclenchée par les cellules cancéreuses. 2. Grâce à sa faculté d'inhiber l'activation de la plasmine, un acide aminé naturel tel que la lysine, ainsi que ses analogues synthétiques, sont capables d'atténuer ou de bloquer la dégradation du tissu et, par conséquent, de freiner le développement des métastases. En fait, la lysine peut inhiber la plupart des MMP, puisqu'elle interfère avec l'activateur plasminogène des tissus et, par conséquent, dans 26 la conversion du plasminogène en plasmine, enzyme essentielle dans la cascade d'activation des MMP. Grâce à ce mécanisme, la lysine peut aider à réduire la rupture des fibres de collagène dans la MEC, dans les membranes basales et sur les parois des vaisseaux sanguins, et réduire ainsi la capacité métastatique des cellules cancéreuses (Rath et al., 1992; Sun, et al., 2002). 3. La synergie thérapeutique de la lysine associée à la vitamine C est particulièrement efficace ; tandis que la lysine peut inhiber la dégradation de la MEC, la vitamine C, combinée avec d'autres micronutriments, augmente la stabilité du tissu conjonctif en optimisant la production de collagène et celle d'autres composants de la matrice. En administrant de la lysine avec de la vitamine C, les principaux objectifs thérapeutiques recherchés sont l'encapsulement de la tumeur et la prévention des métastases. Dans le cadre de ces découvertes, le Dr Rath et al. a suggéré qu il serait possible de contrôler tous les types de cancer grâce à des doses optimales (c'est-à-dire thérapeutiques) de certains nutriments essentiels. Cette conclusion de grande portée est confirmée par des découvertes cliniques fondées. Une faible concentration d'acide ascorbique dans le plasma est une caractéristique typique des patients atteints d un cancer (Anthony, et al., 1982; Nunez, et al., 1995; Kurbacher, et al., 1996; Gackowski, et al., 2002). Cela peut-être dû à une faible absorption d'acide ascorbique dans les aliments, occasionnée par l'inanition observée chez les patients atteints d un cancer, aussi bien que par l'augmentation des besoins en acide ascorbique causée par la rupture excessive de la MEC. La lysine est un acide aminé essentiel, étant donné que le corps ne peut pas la synthétiser. La diminution de l alimentation chez les patients atteints d’un cancer, et tout particulièrement chez ceux qui ont un régime alimentaire faible en protéines, provoquera sûrement une carence en lysine. 27 La proline se synthétise normalement dans le corps, mais le tissu tumoral a une faible teneur en hydroxyproline (Chubinskaia, et al., 1989). La quantité d'hydroxyproline excrétée dans l'urine des patients atteints d’un cancer est également supérieure à celles des personnes saines ou à celle des patients qui ne sont pas atteints d un cancer (Okazaki et al., 1992). Ces observations laissent entendre qu'il y a augmentation de la rupture de la matrice extracellulaire dans les tissus cancéreux. Il est très probable que le corps ne puisse pas synthétiser suffisamment de proline pour répondre à cette demande supplémentaire, ce qui conduit à une carence conditionnée et, par la suite, à la réduction de la formation de fibres de collagène. Ces carences provoquent la formation d'une MEC peu solide, ce qui facilite la rupture de sa structure par les cellules cancéreuses. Une absorption adéquate de ces nutriments par les patients atteints d'un cancer devrait donc avoir des résultats positifs dans la prévention des métastases. Au cours de nos études sur l'invasion de la membrane Matrigel par les cellules cancéreuses, nous avons observé que, en ajoutant de la lysine, de la proline et de l'acide ascorbique à une culture de cellules réalisée dans les mêmes proportions de concentration que celles présentes dans le sang de personnes en bonne santé, on pouvait inhiber la migration des cellules cancéreuses à travers la membrane Matrigel respectivement de 50%, 10% et 30% dans les cas de cellules cancéreuses du sein (MDA-MB-231), de celles d'un mélanome (A2058) et de celles d'un cancer du colon (HCT116), (Netke, et al., 2003). 2. Synergie des substances nutritives : Vitamine C, lysine, proline, EGCG, arginine, N-acétylcystéine, sélénium, cuivre et manganèse Les études réalisées par l'Institut de Recherche en Médecine Cellulaire du Dr Rath en Californie ont démontré que les nutriments peuvent travailler en synergie avec l'EGCG (Netke, et al., 2003). Nous avons découvert que, en combinant l'acide ascorbique, la lysine et la proline avec l'EGCG, la capacité de ce dernier à freiner l'invasion des tissus a augmenté avec seulement 20 µg/ml par rapport à celle obtenue, lorsqu'il est utilisé seul avec 28 50 µg/ml. Après avoir fait le point sur la documentation dont on a fait le compte-rendu ci-dessus, on observe qu'il existe d'autres nutriments qui ont une action anticancéreuse. Cependant, cette éventuelle relation de synergie entre différents nutriments n'a pas été étudiée. Suite aux preuves disponibles dans la documentation mentionnée et suite à nos recherches, nous conjecturons que la combinaison d'acide ascorbique, de lysine, de proline, d'extrait de thé vert, d'arginine, de N-acétylcystéine, de sélénium, de cuivre et de manganèse devrait fonctionner de manière synergique. On a appelé cette combinaison particulière NS (Tableau 1). Tableau 1. Taux de concentration des différents composants de la NS utilisés pour 1.000 µg/ml Composants de la NS Taux de concentration de nutriments dans une solution de 1.000 µg/ml Ascorbate 900 µM Lysine 1.100 µM Proline 1.100 µM Arginine 500 µM N-acétylcystéine 250 µM EGCG 150 µM Sélénium 85 µM Cuivre 7 µM Manganèse 4 µM L'hypothèse a été vérifiée au cours de mises en culture de tissus et d'études effectuées en laboratoire sur des animaux. Avec seulement 10 µg/ml de cette combinaison de nutriments (NS) on a pu diminuer l'invasion de la membrane Matrigel par les cellules de mélanome A2058 et les cellules cancéreuses du sein MDA -MB-231, respectivement de 20% et 53%. Lorsqu'il est utilisé seul, 20 µg/ml d'EGCG diminue de 70% le nombre de cellules MDA-MB-231 qui migrent à travers la membrane Matrigel (Netke, et al., 2003), alors qu'on parvient à diminuer de 53% le nombre de celles qui migrent avec seulement 0,8 µg/ml d'EGCG dans la NS 29 (Roomi, et al., 2003). En rajoutant donc des nutriments tels que la N-acétylcystéine, l'arginine, le sélénium, le manganèse et le cuivre à de l'acide ascorbique, de la proline, de la lysine et de l'extrait de thé vert, nous pourrions obtenir une diminution de l'invasion cellulaire avec une concentration d'EGCG beaucoup moins élevée que si on l'utilise seul. On a découvert que la NS est efficace contre plusieurs types de cellules cancéreuses, parmi lesquelles les tumeurs solides et les cellules impliquées dans la leucémie et ATL dérivée du virus HTLV-1 (Roomi, et al., 2004 a, b, c, d, e, f, g et Harakeh, et al., 2004 a, b). Nous avons également fait des recherches concernant les conditions requises à la NS pour parvenir à une inhibition complète (100%) de l'invasion de la membrane Matrigel par différentes lignées cellulaires. On a remarqué que les cellules réagissaient de manière différente à la NS (Tableau 2). 4A - Contrôle 4B - NS 10 µg/ml 4D - NS 200 µg/ml 4E - NS 1.000 µg/ml 4C - NS 100 µg/ml Tableau 2: La synergie des nutriments (NS) a inhibé à 100% l'invasion de la membrane Matrigel par les cellules du fibrosarcome humain HT1080 avec une concentration de 1.000 µg/ml. 30 120 L‘invasion des cellules est stoppée % d’ inhibition 100 80 60 40 20 0 Contrôle NS 10 g NS 100 g NS 200 g NS 1000 g Traitement Tableau 2. Origine de la cellule cancéreuse Quantité de NS pour inhiber à 100% l invasion de la MEC Sein (MDA-MB-231) Sein (MCF-7 + Estradiol) Ostéosarcome (MNNG/U2OS) Cancer du col de l utérus (CCL2) Carcinome pulmonaire (A-548) Pancréas (MIA PACA-2) Prostate (LNCaP) Testicules (NT2/DT) Colon (HCT116) Cancer de vessie (T-24) Cancer du col de l utérus (DoTc2451) Fibrosarcome (HT1080) Cancer des ovaires (SKOV-3) Prostate (PC-3) Carcinome rénal (786-0) Carcinome synovial 100 µg/ml 100 µg/ml 100 µg/ml 500 µg/ml 500 µg/ml 500 µg/ml 500 µg/ml 500 µg/ml 500 µg/ml 1.000 µg/ml 1.000 µg/ml 1.000 µg/ml 1.000 µg/ml 1.000 µg/ml 1.000 µg/ml 1.000 µg/ml 31 Cette inhibition des propriétés invasives des cellules cancéreuses était accompagnée de l'inhibition de l'activité des MMP-9 et des MMP-2 (enzymes qui contribuent à la prolifération du cancer et à la formation de métastases) (Tableau 3). MMP-9 MMP-2 Marqueurs Contrôle NS 10 µg/ml NS 50 µg/ml NS 100 NS 500 NS 1.000 µg/ml µg/ml µg/ml Tableau 3: Les cellules de fibrosarcome humain HT1080 ont démontré que l'expression des MMP-2 est plus importante que celle des MMP-9 et le mélange de nutriments (NS) les a inhibées toutes les deux en administrant une dose dépendante avec une inhibition quasi totale des MMP-9 avec 100 µg/ml et une inhibition quasi-totale des MMP-2 avec 1.000 µg/ml. De plus, la NS réduisait efficacement la sécrétion du facteur de croissance de l'endothélium vasculaire (VEGF), que ce soit dans les cellules qui se trouvent sous contrôle ou dans les cellules stimulées par PMA, telles que l'ostéosarcome U20S (diminution respective de 70% et de 100%), le fibrosarcome et d’autres types de cellules cancéreuses. Ce facteur participe à la promotion de la formation de nouveaux vaisseaux sanguins (angiogénèse) dans les tumeurs. Le potentiel antiangiogénique de la NS a également été démontré après avoir réduit la sécrétion d'angiopoetine de 93%. De plus, la NS a réduit la migration des cellules endothéliales de 62% (tableau 4) ; cette dernière constitue une étape cruciale dans la formation de nouveaux vaisseaux sanguins. Les effets antiangiogéniques de la NS ont été confirmés par des tests in vivo, tels que celui fait avec l'embryon de poulet, où la NS a réduit le nombre moyen de ramifications des vaisseaux sanguins de 22 à 10 (Roomi, et al., 2004). 32 Vaisseaux sanguins Vaisseaux sanguins Groupe de contrôle (grossissement 200x) Groupe de contrôle (grossissement 400x) Groupe avec compléments synergétiques de NS (0,5%) (grossissement 200x) Groupe avec compléments synergétiques de NS (0,5%) (grossissement 400x) Tableau 4: La synergie des nutriments inhibe la formation de nouveaux vaisseaux sanguins dans les tumeurs d'ostéosarcome U20S induites chez des souris. La NS a, en fonction de la concentration administrée, diminué la prolifération de plusieurs types de cellules cancéreuses, tels que celles des cancers du sang (leucémies) et celles des cancers hormono-dépendants , tels les cancers du sein et de la prostate. L'effet pro-apoptotique de la NS dans les cellules cancéreuses était indiqué par l'augmentation de l'expression de protéine p53, p21 et Bax, la diminution de Bcl-2a, ainsi que par l'arrêt du cycle cellulaire mesuré par la cytométrie de flux cellulaire, l'augmentation de l'expression de TGF-bêta et la diminution de l'expression de cytokine TGF-alfa (Harakeh, et al., 2004). Les études de xénogreffes réalisées sur des souris nues recevant une alimentation normale et une alimentation enrichie avec 0,5% de NS, ont montré une diminution de la croissance des tumeurs après quatre semaines de régime alimentaire enrichi par rapport au groupe de contrôle : diminution de 27% dans le cas d'un cancer du sein (MDA-MB-231), de 53% dans celui de la prostate (PC-3), de 63% dans celui du colon (HCT116), de 53% dans celui de l ostéosarcome (MNNG), de 25% dans celui du neuroblas- 33 Contrôle - - - 2 1.8 1.6 1.4 1.2 1 0.8 0.6 0.4 0.2 0 - Poids de la tumeur en grammes tome, de 50% dans celui du fibrosarcome (HT1080) (voir tableau 5) et de 57% dans celui du mélanome (A2058). L'histologie des tumeurs a révélé que, avec les compléments de NS, on obtenait une diminution de l'index mitotique (Ki67), une diminution de l'imprégnation de VEGF et de MMP-9 (facteurs importants pour la formation de métastases et l'angiogenèse) et des changements dans la fibronectine (Roomi, et al., 2004) (Tableau 6). NS 0.5% Traitement Tableau 5: Xénogreffes de fibrosarcome humain HT1080 sur des souris mâles nues. Les souris qui ont reçu le complément de NS (0,5%) ont développé beaucoup moins de tumeurs (59% en moins, p=0,0001) et moins de tumeurs vasculaires que les souris du groupe de contrôle. VEGF - Contrôle VEGF - NS 0,5% MMP-9 - Contrôle MMP-9 - NS 0,5% Tableau 6: Immuno-histochimie de xénogreffes de fibrosarcome humain HT1080 sur des souris nues mâles. Le tissu tumoral du groupe de contrôle a montré une plus grande imprégnation de VEGF et de MMP-9 que celui du groupe ayant reçu le complément. Plus l'imprégnation est importante, plus les taux de sécrétion sont élevés. 34 La NS a également fait diminuer, de manière efficace, le développement des tumeurs induites chimiquement (N-méthyl-nitrosourée) sur des souris femelles. Après deux semaines d'exposition au N-méthyl-nitrosourée, les animaux ont été divisés en deux groupes : le premier a reçu une alimentation normale et l'autre une alimentation normale enrichie avec 0,5% de NS. Quatre semaines plus tard, des tumeurs s étaient développées chez 90% des animaux du groupe de contrôle, tandis que 50% de ceux du groupe qui avaient reçu le complément, n'en avaient développé aucune (Tableau 7). De plus, le poids total des tumeurs dans le groupe ayant pris le supplément a diminué de 78%, la masse tumorale résiduelle a diminué de 60,5% et il y avait seulement six tumeurs de grande taille par rapport aux 19 comptabilisées chez les animaux du groupe de contrôle (Roomi, et al., 2004). Contrôle Avec nutriments Présence de tumeurs 90% 50% Tumeurs de grande taille 50% 10% Tableau 7: Les nutriments cellulaires peuvent réduire la taille des cancers du sein induits par des toxines. Il existe plusieurs études in vitro et in vivo qui confirment clairement le potentiel thérapeutique important de la NS grâce à ses effets positifs sur les multiples processus biochimiques qui participent à la formation de métastases, à l'angiogenèse, à l'apoptose et à l'inflammation. Le bilan précédent montre également que ce potentiel peut être appliqué à une grande variété de cancers. 35 3. Autres combinaisons de substances nutritives La combinaison d'acide ascorbique et de sélénite de sodium a provoqué la redifférenciation des cellules cancéreuses gastriques et a inhibé la croissance cellulaire en améliorant les activités des enzymes anti-oxydantes et en provoquant la formation de H202 (Zheng, et al., 2002). Au cours de travaux sur des mises en culture de cellules, on a découvert que les doses de 50 µg/ml de vitamine C, 10 µg/ml de caroténoïdes de peuplier, 10 µg de succinate d'alpha-tocophérol et 7,5 µg/ml d'acide rétinoïque, administrées individuellement, n'avaient aucun effet sur la croissance des cellules de mélanome. Par contre, la combinaison des quatre a réduit le nombre de cellules de 56%. Lorsque l'on augmentait le taux d'acide ascorbique jusqu'à 100 µg/ml, le nombre de cellules se réduisait encore de 13% (Prasad, et al., 1994). Les substances nutritives en tant que traitement complémentaire des thérapies conventionnelles du cancer 1. Substances nutritives essentielles utilisées avec des agents chimiothérapeutiques ou avec la radiothérapie Il existe assez de preuves expérimentales qui prouvent que la combinaison d'une thérapie à base de substances nutritives et d'un traitement traditionnel peut avoir une action synergique. Elle peut également protéger les patients contre les effets nocifs de la chimiothérapie. - Cisplatine avec du sélénium et de la vitamine C La génotoxicité des médicaments contre le cancer est un des effets secondaires les plus importants, du fait de la possibilité de provoquer de nouvelles tumeurs malignes. La cisplatine (platine cis-dichlorodiamine) est un médicament puissant très utilisé dans le traitement contre le cancer. Cependant, il a de très graves effets secondaires. La néphrotoxicité et la génotoxicité en sont les plus importants, (Ferguson et Pearson, 1996). 36 Récemment, on a combiné la cisplatine avec le sélénium, étant donné que l'on a découvert que ce nutriment a des effets protecteurs contre la néphrotoxicité. Cependant, on a observé que cette combinaison continue d'endommager l'ADN (Blasiak, et al., 1999). D'autre part, on a remarqué que la vitamine C, avec des concentrations de seulement 10 µM et 50 µM (tout à fait possible dans le plasma humain), réduit les dommages que produit la combinaison de cisplatine-sélénium dans l'ADN (Blasiak et Kowalik, 2001). Les compléments de sélénium peuvent également prévenir l'éventualité d'une résistance à la cisplatine dans le cas de cancer des ovaires (Caffrey et Frenkel, 2000). - Cisplatine avec de la vitamine C et de la vitamine E Au cours d'études réalisées sur des souris transgéniques atteintes de cancer du poumon, l'administration de hautes doses d'acide ascorbique et de vitamine E, combinée avec de la cisplatine, ont provoqué une baisse considérable de la croissance du cancer et de la charge métastatique. La cisplatine, combinée avec de hautes doses d'huile de soja et de vitamine E (40 mg/kg), n'a pas montré de valeur thérapeutique significative (Yam, et al., 2001). - Cisplatine, tamoxifène et dacarbazine combinés à de la vitamine C et de la vitamine E, du bêta-carotène et de l'acide rétinoïque Dans des études de cultures avec des cellules de mélanome (Prasad, et al., 1994), on a observé que l'usage de cisplatine (1µg/ml) a inhibé la multiplication cellulaire de 33% environ. Quand la cisplatine était combinée à un mélange d'antioxydants, l'inhibition a atteint 62%. On a observé la même tendance quand le mélange d'antioxydants était utilisé avec du tamoxifène (19% par rapport à 70%) et avec de la dacarbazine (29% par rapport à 62%). Le mélange d'antioxydants qui a été testé contenait de la vitamine C (50 µg/ml), du succinate d'alpha-tocophérol (10 µg/ml), du bêta-carotène (10 µg/ml) et du 13-cis-acide rétinoïque (7,5 µg/ml). 37 - Radiothérapie avec de la vitamine A et du bêta-carotène Seifter, et al. (1984) ont étudié, sur 24 souris ayant subi une greffe d'adénocarcinome, les effets de la radiothérapie seule ou associée à de la vitamine A et du bêtacarotène. Lorsque l'on faisait uniquement de la radiothérapie, aucune souris ne vivait plus d'un an. On obtenait le même résultat si on donnait les quantités indiquées de vitamine A et de bêtacarotène séparément. Cependant, en combinant la radiothérapie avec de la vitamine A ou du bêta-carotène, le taux de survie augmente et, dans les deux cas de figure, 22 souris sur 24 passent ce cap. Blumenthal, et al. (2000) a observé la diminution de la toxicité du tissu induit chez des souris nues par radio immunothérapie avec les antioxydants (vitamines A, C et E). - Doxorubicine et vitamine E L'utilisation séparée de doxorubicine (0,1 µg/ml) et de vitamine E sous forme de succinate d'alpha-tocophérol (10 µg/ml) n'avait pas d'effet sur la multiplication des cellules Hela. Cependant, quand on associe ces deux agents, on inhibe la multiplication cellulaire de 80% (Prasad, 2003). - Doxorubicine et N-acétylcystéine Quand on administre de la N-acétylcystéine avec de la doxorubicine, on réduit, de manière synergique, les métastas pulmonaires chez les souries nues (Morini, et al., 1999). - Cyclosphamide, méthotrexate et 5-fluororacil avec de la vitamineC L'administration combinée de cyclophosphamide, de méthotrexate et de 5-fluororacil (CMF) est généralement utilisée dans le traitement du cancer du sein. Cependant, ce traitement induit des anomalies au niveau des lipides. L'administration d'acide ascorbique (200 mg/kg bw) avec des cyclophosphamides (10 mg/kg bw), du méthotrexate (1 mg/kg bw), et du 5-fluororacil (10 mg/kg bw) à des rats porteurs de fibrosarcome a réduit les taux de cholestérol total, de triglycérides, des lipoprotéines à très faible densité et celui du cholestérol lié à ces dernières (Murlikrishnan, et al., 2001). 38 - Sulindac et extrait de thé vert L'utilisation d'extrait de thé vert avec du Sulindac chez des souris ayant des néoplasies intestinales multiples a réduit de 44,3% le nombre de tumeurs intestinales et de 49% les résultats obtenus en utilisant séparément l'extrait de thé vert et le Sulindac (Suganama, et al., 2001). Ces résultats démontrent clairement que la combinaison d'un ou de plusieurs nutriments, associée à une thérapie traditionnelle, peut aider à améliorer le traitement du cancer et protéger les cellules et les organes sains. 2. Combinaison d'antioxydants multiples avec la chimiothérapie Les effets des vitamines et des nutriments associés à la radiothérapie ou à la chimiothérapie n'ont pas été évalués en profondeur et de manière systématique sur des humains, faute principalement de moyens financiers suffisants pour effectuer ce type d essais. Cependant, les études dont on dispose révèlent les avantages de cette méthode pour traiter le cancer. Les essais réalisés sur des patients atteints d'un cancer des poumons à petites cellules et à cellules de taille normale, en cours de traitement avec des antioxydants multiples et de la chimiothérapie et/ou de la radiothérapie, ont montré que l'on obtenait une nette augmentation de la durée moyenne de survie et une meilleure tolérance au traitement (Jaakkola, et al., 1992; Prasad, et al., 2001). Quelques exemples de protocoles nutritionnels utilisés en association avec les thérapies traditionnelles contre le cancer sont décrits brièvement ci-dessous : Bêta-carotène, 10.000-20.000 UI; Alpha-tocophérol, 300-800 UI; Acide ascorbique, 2.000-4.000 mg; sélénium, 865 ug; multivitamines et acides gras parallèlement à la thérapie traditionnelle Jaakkola, et al. (1992) ont utilisé cette combinaison parallèlement à la thérapie traditionnelle chez des patients atteints d'un cancer des poumons à petites cellules. Vingt patients participaient à l'étude et la durée moyenne de survie pour tout le groupe a été de 505 jours. Quatorze patients ont survécu plus de 12 mois et six patients plus de 24 mois, dont 39 un plus de cinq ans. A la fin de l'étude, huit patients étaient encore en vie et avaient une durée moyenne de survie de 32 mois. Ils ont également remarqué que les patients qui prenaient des compléments supportaient mieux la chimiothérapie et la radiothérapie. Les patients qui ont vécu plus longtemps avaint commencé à prendre des compléments plus tôt, c'est-à-dire à un stade moins avancé de la maladie. Le traitement a, en comparaison aux données historiques, prolongé la vie des patients. Vitamine A, 40.000 UI; vitamine B6, 100 mg; vitamine C, 2.000 mg; vitamine E, 400 UI; zinc, 90 mg Au cours d'une étude réalisée sur 65 patients atteints d'un cancer de la vessie (Lamm, 1994), les effets de plusieurs vitamines, utilisées selon les recommandations de l'AJR (Apport Journalier Recommandé) ont été comparés à ceux obtenus avec des doses plus importantes de différentes vitamines prises en combinaison avec les nutriments utilisés aux taux de l'AJR. La composition de ces doses plus importantes de compléments est indiquée ci-dessus. Après 10 mois de traitement, on a constaté la récidive globale de la tumeur chez 24 patients sur 30 (80%) dans le groupe des AJR et chez 14 patients sur 35 (40%) dans le groupe ayant pris des doses plus importantes. La probabilité de récidive tumorale sur cinq ans était de 91% dans le groupe des AJR et de 41% dans le groupe ayant pris des doses plus importantes de substances nutritives (p=0,0014, Mantel-Cox). Vitamine C, 2.850 mg + vitamine E, 2.500 UI + bêta-carotène, 32,5 UI + sélénium, 387 µg + d autres nutriments avec la thérapie traditionnelle Lockwood, et al. (1994) ont utilisé la combinaison décrite ci-dessus, avec en plus des vitamines secondaires, des minéraux, des acides gras essentiels (1,2 gm d'acide gamma-linolénique et 3,5 gm d'acides gras n-3) et du coenzyme Q10 (90 mg/d), pour traiter 32 patientes atteintes d'un cancer du sein. Ce traitement, désigné sous le nom de protocole d'ANICA (Adjuvant Nutritional Intervention in Cancer), a été fait parallèlement à un traitement thérapeutique chirurgical du cancer du sein. 40 Aucune patiente n'est décédée (on pensait qu'il y en aurait quatre); aucune d'entre elles n a développé le moindre signe de formation de métastases dans d'autres parties du corps; leur qualité de vie s'est améliorée (pas de perte de poids, l'utilisation d'analgésiques s'est vu réduite); on a également noté, chez six patientes, des signes apparents de rémission partielle. Mélange de minéraux et d'antioxydants (vitamine C, 6.100 mg; alpha-tocophérol, 1.050 mg; bêta-carotène, 60 mg; sélénium, 900 µg) avec un traitement chimiothérapeutique traditionnel Lors d'études randomisées, Pathak, et al. (2002) ont utilisé, comme traitement complémentaire de la chimiothérapie, un mélange de doses importantes d'antioxydants multiples (voir ci-dessus) avec du sulfate de cuivre (6 mg), du sulfate de manganèse (9 mg) et du sulfate de zinc (45 mg). 29 patients ont subi seulement un traitement de chimiothérapie et 22 patients ont suivi un traitement de chimiothérapie avec des antioxydants. Les résultats de l'étude figurent dans le tableau nº3. On peut observer que le fait d'ajouter des antioxydants à la chimiothérapie a amélioré les données de tous les paramètres contrôlés chez ces patients. Tableau 3. Résultats préliminaires d'une étude clinique randomisée au cours de laquelle on a utilisé, en complément d'un traitement chimiothérapeutique, d'importantes doses d'antioxydants multiples (Pathak, et al., 2002) Traitement et réponse des tumeurs Chimiothérapie chimiothérapie + (29 patients) antioxydants (22 patients) Nombre de patients qui terminent six cycles 11 16 Réponse complète 0 1 Réponse partielle 9 16 Progression de la maladie 15 8 Durée de vie supérieur à un an 7 14 41 Vitamine C, sous forme d'ascorbate de calcium (8 g), vitamine E, sous forme de succinate d'alpha-tocophérol (800 UI), bêta-carotène naturel (60 mg) avec radiothérapie Une étude randomisée (Phase I/II) a été réalisée récemment aux ÉtatsUnis sur des patientes atteintes d’un cancer du sein à des stades 0-III qui suivaient un traitement de radiothérapie. Il leur a été administré le mélange décrit ci-dessus en deux doses (Walker, et al., 2002). Au cours de ces études, 25 patientes ont été traitées seulement avec de la radiothérapie, tandis que 22 patientes avaient un traitement radiothérapeutique et prenaient des compléments vitaminés. Pendant la période de suivi de 22 mois, au cours de laquelle aucun complément n'a été administré, deux patientes faisant partie du groupe traité uniquement par radiothérapie ont développé de nouveaux cancers. En revanche, aucune des 22 patientes du groupe de thérapie combinée n'en a développé. Il existe donc des preuves suffisantes qui démontrent que les antioxydants utilisés parallèlement au traitement traditionnel sont bénéfiques pour les malades. 3. Motifs des divergences au sujet de l'obtention d'effets thérapeutiques positifs grâce à une combinaison d'antioxydants, associée aux traitements traditionnels Dans ce contexte, la révision effectuée par Ladas, et al. (2004) est souvent citée. Les chercheurs ont passé en revue 31 études d'observation et 21 études d'intervention effectuées sur des patients atteints de cancer et publiées dans des revues anglaises. Les plans d'étude de ces travaux étaient différents selon l'étude réalisée : temps d'observation/intervention, protocole d'intervention, malignité, posologie anticancéreuse et doses d'antioxydants utilisées. Les chercheurs sont arrivés à la conclusion que ces « irrégularités empêchaient de tirer une conclusion définitive concernant l'effet de la chimiothérapie sur celui des antioxydants chez les patients ». 42 Malgré les preuves expérimentales et cliniques qui ont été citées ici, la communauté médicale s'est faite à l'idée que l'administration de doses élevées d'antioxydants n'aidait pas les patients atteints de cancer et son utilisation n'est donc pas recommandée. Face à une telle division d'opinions, Prasad, et al. (2001) ont analysé minutieusement plusieurs études importantes qui auraient pu les amener à une attitude négative. Ils sont arrivés à la conclusion que l'origine de cette réaction négative pourrait être liée aux facteurs suivants : A. Les effets obtenus par un apport à petites doses de la plupart des vitamines et des micronutriments ont été extrapolés pour projeter ceux obtenus avec des quantités plus importantes B. Les résultats obtenus avec un seul antioxydant ont été considérés comme identiques à ceux obtenus avec le même antioxydant utilisé comme composante d'une combinaison avec plusieurs autres. C. Les effets des antioxydants que l'on peut obtenir sur les cellules cancéreuses avaient été projetés à partir de ceux obtenus sur des cellules normales. D. On ne faisait pas la différence entre les effets obtenus suite à un traitement vitaminique de longue durée et ceux obtenus suite à un traitement de courte durée. D'après les informations à notre disposition, il semble bien que l'administration à hautes doses d'une combinaison d'antioxydants est bénéfique pour les patients. 4. Combinaisons de hautes doses d'antioxydants recommandées par différents groupes de chercheurs à utiliser conjointement avec une thérapie traditionnelle du cancer Lors d'un colloque de praticiens, d'épidémiologistes, de nutritionnistes et autres scientifiques, tenu au Bristol Cancer Help Center, une déclaration commune a été formulée portant sur les directives nutri- 43 tionnelles pour les patients atteints d'un cancer (Goodman, Howard et Barker, 1994). Tout en recommandant une combinaison de nutriments, ils ont affirmé clairement qu'il n'y avait aucune raison de cesser la prescription de vitamine C pendant la radiothérapie et la chimiothérapie. Ils ont également conseillé de prescrire des compléments nutritionnels aux patients se trouvant soit dans une phase active de traitement contre le cancer, soit dans une phase de maintien (Tableau 4). Tableau 4. Doses quotidiennes de compléments recommandées pour les patients atteints d’un cancer (Goodman, Howard y Barker, 1994) Nutriments Cancer actif Dose de maintien Vitamine A 10.000 UI 7.500 UI Bêta-carotène 25.000 UI 10.000 UI Complexe de vitamine B 50 mg 50 mg Vitamine C 6-10 g 1-3 g Vitamine E 200-400 UI 100 UI Zinc (élémentaire) 15-25 mg 15 mg Sélénium 200 mcg 100 mcg Chrome GTF 100 mcg 50 mcg Magnésium 100-200 mg 100-200 mg Un groupe de chercheurs de la Faculté de Médecine de l'Université de Colorado et du Service de Pathologie de l'Université de Californie à San Francisco a réexaminé les preuves expérimentales disponibles concernant l'utilisation des antioxydants dans le traitement des patients atteints d’un cancer (Prasad, et al., 2001). Suite à la révision et aux études qu'ils avaient menées, Prasad (2003) a préconisé l'administration d'un mélange d'antioxydants aux patients atteints d'un cancer (Tableau 5). 44 Tableau 5. Mélange d'antioxydants recommandés par Prasad (2003) Nutriments Protocole de traitement actif Protocole de maintien Mélange de nutriments* Mélange de nutriments* Vitamine C 8g 4g Vitamine E 800 UI 400 UI Bêta-carotène naturel 60 mg 30 mg *Le mélange de nutriments contient de multiples micronutriments, dont les vitamines A, C et E, ainsi que du bêta-carotène naturel, des vitamines D et B, et des minéraux adéquats. La nouvelle méthode de synergie des nutriments pour vaincre le cancer, développée par le Dr Rath et son groupe de recherche, ne se limite pas aux antioxydants, mais cherche également à tirer profit de l'effet synergique de différents nutriments ayant déjà prouvé leur efficacité lorsqu'ils sont utilisés seuls au cours de différents traitements du cancer. Les avantages de ces combinaisons de nutriments (tableau 6) ont été prouvés par les travaux faits dans leur propre laboratoire et confirmés par les nombreux témoignages de patients. Etant donné que les mécanismes d'action de cette synergie des nutriments ont été reconnus au niveau cellulaire, cette nouvelle méthode thérapeutique a été appelée « Médecine Cellulaire ». Les formules de la Médecine Cellulaire qui figurent dans le Tableau 6 peuvent être appliquées dans le traitement contre le cancer. Elles doivent être utilisées avec une combinaison de multi vitamines de base, de minéraux et de nutriments essentiels, en quantité suffisante pour corriger les carences en nutriments et les déséquilibres du métabolisme provoqués par un état pathologique. 45 Tableau 6. Nutriments de la Médecine Cellulaire dans le traitement contre du cancer (Rath et ses collaborateurs) Nutriments Correction métabolique du cancer (faibles doses) Intervention métabolique du cancer (dosage élevé) Vitamine C 350 - 700 mg 5 > 10 g Lysine 500 - 1.000 mg 2.000 - 5.000 mg Proline 375 - 750 mg 1.500 - 4.000 mg Arginine 250 - 500 mg 1.000 - 2.000 mg N-acétylcystéine 100 - 200 mg 400 - 1.000 mg Extrait de thé vert 500 - 1.000 mg 2.000 - 4.000 mg Sélénium 15 - 30 mcg 60 -120 mcg Cuivre 1 - 2 mg 4 mg Manganèse 0,5 - 1 mg 2 - 4 mg Inquiétudes le plus souvent émises par les oncologues au sujet de l'utilisation d'antioxydants dans la thérapie du cancer Certains oncologues sont inquiets quant à l'usage des antioxydants dans le traitement du cancer. Leurs principales inquiétudes ont pour origine certains rapports selon lesquels les antioxydants auraient des conséquences négatives sur l'évolution et le traitement du cancer. Une lecture attentive de ces rapports a été faite afin d obtenir une perspective réaliste du rôle des antioxydants en tant que traitement complémentaire de la thérapie traditionnelle, ou bien comme thérapie alternative. Certaines de ces inquiétudes sont abordées ci-après. 46 1. Incertitude relative aux effets à long terme d une combinaison de produits chimiothérapeutiques avec des antioxydants Dans une publication de la Northwest Natural Health Specialty Care Clinic de Seattle, Washington (USA), il a été déclaré qu'il n'existait pas d'études de référence démontrant les effets à long terme de la combinaison de produits chimiothérapeutiques et d'antioxydants administrés par voie orale chez les être humains (Labriola et Livingston, 1999). Il est tout à fait déconcertant de constater que ces chercheurs n'ont pas tenu compte des rapports de Jaakkola, et al. (1992) de Lockwood, et al. (1994) et de Lamm, et al. (1994). Dans toutes ces études, les patients ont connu des améliorations grâce aux antioxydants. Certains articles publiés depuis lors (Prasad, et al., 1999; Pathak, et al., 2002; Walker, et al., 2002; Prasad, 2003) indiquent que le fait d'administrer une combinaison d'antioxydants conjointement à la thérapie traditionnelle est favorable à l'amélioration de l'état de santé des patients atteints d’un cancer. Une récente analyse de plusieurs études cliniques, réalisées par le Dr Kelly et ses collaborateurs dans le Service d'Oncologie Pédiatrique de l'Université de Columbia aux USA (Ladas, et al., 2004) avec des patients atteints d'un cancer, a fourni des renseignements concernant différents compléments utilisés dans les traitements contre le cancer. Les auteurs ont analysé 52 études, dont le plan était différent, temps d'observation/intervention, protocole d'intervention, malignité et posologie anticancéreuse. Cette analyse a porté sur 31 études « cliniques» au cours desquels des antioxydants avaient été administrés parallèlement à la thérapie conventionnelle. Trois études seulement ont utilisé une combinaison de fortes doses d'antioxydants (Jaakkola, et al., 1992; Lockwood, et al., 1994; Lamm, et al., 1994). Dans ces trois études, les antioxydants se sont avérés bénéfiques pour les patients. La documentation existante fournit suffisamment de preuves permettant d affirmer de manière convaincante que les patients atteints d’un cancer peuvent tirer profit d'une combinaison de divers antioxydants pris à fortes doses et parallèlement à la thérapie traditionnelle. Il semble qu'il n'y ait aucun doute possible concernant les effets positifs des antioxydants. 47 2. Antioxydants et risque de cancer La conviction que les antioxydants peuvent favoriser le développement d'un cancer a été apportée grâce à deux études réalisées sur des êtres humains. Au cours de l'une d'entre elles, les chercheurs ont utilisé 25 ou 30 mg de bêta-carotène avec 25.000 unités de vitamine A dans un groupe et un placebo dans le groupe témoin. Un des critères d admission pour faire partie des ces études était que les personnes devaient déjà avoir été exposées au risque de développer un cancer des poumons du fait de leur tabagisme ou de leur exposition à la poussière d'amiante. Ces études ont duré environ deux ans. A la fin de l'étude, le nombre de p ersonnes ayant développé un cancer des poumons était de 5,92 dans le groupe qui recevait le traitement et de 4,62 dans le groupe témoin. Les chercheurs sont arrivés à la conclusion que « la combinaison de bêta-carotène et de vitamine A avait eu un effet négatif sur l'incidence du cancer des poumons et sur le risque de décès que représente celui-ci » (Omenn, et al., 1996). Les chercheurs ont également déclaré dans cet article : « Nous n'avons pu trouver aucun fondement qui soutienne l'hypothèse selon laquelle les personnes ayant des concentrations sériques maximales de bêtacarotène avaient plus de risque de développer un cancer des poumons ». Les auteurs ont également déclaré « qu il n est pas exclu que le taux de mortalité, plus important dans le groupe ayant reçu le traitement actif, ait été nul ou statistiquement insignifiant, si on était allé au bout de la période d'intervention prévue et si on avait fait un suivi sur plusieurs années ». Plusieurs points ont attiré notre attention : Les découvertes se rapportent à l'usage de la vitamine A et d'un bêta-carotène synthétique et, par conséquent, ne peuvent pas être étendues à tous les antioxydants. Toutes les personnes participant à l'étude avaient déjà été exposées au risque de développer un cancer des poumons, car il s'agissait de fumeurs ou parce qu'elles avaient inhalé de la pous48 sière d'amiante. Par conséquent, les résultats ne peuvent être logiquement qu'appliqués aux fumeurs et aux personnes qui ont été exposées à l'amiante. Il est encore plus important de signaler qu'il ne peut pas y avoir de lien entre l'incidence sur le cancer et les taux sériques de bêta-carotène. Les auteurs affirment clairement que la différence entre le groupe ayant reçu le traitement et le groupe témoin aurait pu disparaître si la période d'essai était allée à son terme et si un suivi avait été réalisé sur plusieurs années. Lors d'une étude semblable (Albanese, et al., 1995), un groupe de fumeurs a pris du bêta-carotène (25 mg) et de l'alpha-tocophérol (50 mg) dans un plan factoriel 2x2. Au cours de cette étude on a constaté que le risque d être victime d un cancer, et notamment d un cancer des poumons, de la prostate et de l'estomac était plus grand chez les personnes qui n'avaient pris que du bêta-carotène. Celles qui n'avaient pris que de l'alpha-tocophérol étaient moins exposées à un cancer de la prostate et à un cancer colorectal; Par contre, le taux d'incidence du cancer de l'estomac était plus important chez ceux qui n'avaient pas pris d'alpha-tocophérol. Les personnes qui avaient les taux sériques les plus élevés de bêta-carotène et d'alpha-tocophérol grâce à leur alimentation, étaient moins concernées par le cancer des poumons. Il est important de signaler que le taux d'alpha-tocophérol utilisé au cours de ces études était très bas. Il est intéressant de savoir que les personnes ayant des taux sériques de bêta-carotène et d'alpha-tocophérol élevés avaient moins de risque d'être atteintes d'un cancer des poumons. Comme pour l'étude précédente, toutes les personnes qui participaient à cette étude fumaient. Une fois de plus, de faibles doses de vitamines ont été utilisées ; cependant, il y avait une relation inverse entre les taux sériques de bêta-carotène et de vitamine E et l'évolution du cancer des poumons. D'autres études ont été réalisées avec des fumeurs et des non fumeurs. 49 La relation entre l'apport de vitamines C, E et A dans l'alimentation et le cancer des poumons a été examinée par la First National Health and Nutrition Examination Survey Epidemiologic Follow-up Study sur 3.698 hommes et 6.100 femmes, âgés de 25 à 74 ans. La période moyenne de suivi était de 19 ans. Dans le cas de la vitamine A consommée sous forme de fruits et de légumes (caroténoïdes) par les fumeurs, le risque relatif de cancer des poumons pour le quartile maximal, comparé à celui du quartile le plus bas, était de 0,49. L'évolution était liée à l'intensité avec laquelle ces personnes fumaient. Pour ceux qui se trouvaient dans le tertile le plus bas en terme d'années de tabagisme, le risque relatif était de 0,33. Cette étude, d'une durée de 19 ans et à la différence de celles publiées par Omenn, et al. (1996), a indiqué que le carotène permettait de faire de la prévention contre le cancer des poumons chez les fumeurs. L'éventuelle relation entre la prise de bêta-carotène et l'incidence de néoplasmes malins a fait l'objet d'une recherche dans le Physician's Health Study (Hennekens, et al., 1996). Des fumeurs et des non fumeurs ont participé à cette étude (50% de non fumeurs, 39% d'anciens fumeurs et 11% de fumeurs); environ 22.000 volontaires ont été répartis en deux groupes, un groupe traité avec du bêta-carotène et un groupe témoin. Les volontaires faisant partie du premier groupe ont pris une dose de 50 mg de bêta-carotène tous les deux jours pendant 12 ans. Il n'y avait aucune différence significative dans l'évolution du cancer des poumons entre le groupe traité avec du bêta-carotène et le groupe témoin. L'effet du bêta-carotène sur le cancer des poumons n'a pas pu être confirmé au cours d'une étude à laquelle participaient deux grands groupes consitutés de 46.924 hommes et de 77.283 femmes ; cette étude s'est poursuivie sur une période de 10 ans pour les hommes et de 12 ans pour les femmes (Michaud, et al., 2000). L'objectif de cette étude était d'examiner la relation existante entre le risque de cancer des poumons et la prise d'alpha-carotène, de bêta-carotène, de lutéine, de lycophène et de bêta-cryptoxanthine. L'analyse commune des données a indiqué que la prise d'alpha-tocophérol et de lycophène 50 diminuait considérablement le risque de développer un cancer des poumons. L'association de bêta-carotène, de lutéine et de bêta-cryptoxanthine n'était pas significative. Les preuves expérimentales dont on dispose ne confirment pas l'existence d'une relation de cause à effet entre le bêta-carotène, la vitamine A et une plus grande fréquence du cancer. 3. Interférence des antioxydants avec la chimiothérapie et la radiothérapie (aspects mécaniques) Beaucoup de médicaments anti-néoplasiques exercent une action toxique sur les cellules cancéreuses en produisant des espèces radicalaires dérivées de l'oxygène (ROS). On a donc craint que si les antioxydants réprimaient les ROS, ils affecteraient l'activité des médicaments qui détruisent les cellules cancéreuses du fait de leur production de ROS. Les antioxydants répriment effectivement les ROS, mais cela constitue seulement l'une de leurs activités, tout comme nous l'avons expliqué auparavant. De plus, cette crainte ne semble pas être justifiée , comme l'indiquent différentes publications (Seifter, et al., 1984; Lockwood, et al., 1994; Ferguson et Pearson, 1996; Blasiak et Kowalik, 2001; Murlikrishnan, et al., 2001; Yam, et al., 2001; Pathak, et al., 2002; Walker, et al., 2002), qui montrent que la vitamine C et d'autres antioxydants aident réellement à détruire les cellules cancéreuses quand ils sont utilisés parallèlement à une thérapie traditionnelle du cancer. Cette thérapie cause des dommages aux cellules en provoquant l'apoptose sans l'aide des ROS (Schmitt and Lowe, 1999). Au cours d'une étude réalisée sur des animaux, on a administré, par voie intrapéritonéale, de la vitamine C et de la vitamine K3 à des souris porteuses d'une tumeur ascitique du foie, avant ou après l'administration intrapéritonéale d'une seule dose de six médicaments cytotoxiques différents, normalement utilisés dans la thérapie du cancer chez les êtres humains. 51 La combinaison du médicament et des vitamines a produit un effet de potentialisation de la chimiothérapie, différent pour chaque médicament testé, et surtout quand les vitamines étaient injectées avant la chimiothérapie. La formation possible de péroxydes dans des cellules cancéreuses ayant une carence en catalase pourrait également être impliquée ici (Taper, et al., 1987). L'acide ascorbique n'a pas d'effet sur l'activité antitumorale de l'adriamycine (ADR) chez des souris à qui on a inoculé la leucémie L1210 ou qui étaient atteintes du carcinome ascitique d'Ehrlich. D'autre part, il a amélioré notablement la qualité de vie des animaux traités avec de l' ADR. Grâce à la microscopie électronique, il a été prouvé que l'acide ascorbique permettait de faire, de façon marquante, de la prévention contre la cardiomyopathie induite par l’ADR chez les cochons d'Inde (Shimpo, et al., 1991). Au cours d'études cliniques non randomisées, réalisées sur 18 patients atteints d'un cancer des poumons à petites cellules, la combinaison d'un traitement avec des antioxydants (vitamines, oligo-éléments et acides gras) et d une thérapie traditionnelle à base de cyclophosphamide, d adriamycine et de vincristine, ainsi que de la radiothérapie a prolongé le temps de survie des patients (Jaakkola, et al., 1992). Salganik (2001) avait formulé l'hypothèse que la population pouvait, selon les taux basaux des espèces radicalaires dérivées de l'oxygène (ROS), être divisée en deux groupes : un groupe ayant de faibles taux de ROS et un autre ayant des taux élevés. Le premier groupe pourrait donc être affecté négativement par les antioxydants, alors qu'ils sont bénéfiques pour le second groupe. Ces observations pourraient être utilisées pour suggérer que, dans le cas où l'administration d'antioxydants aiderait certains patients, ceux-ci pourraient appartenir au groupe ayant des taux élevés de ROS. À ce stade, plusieurs suppositions peuvent être faites. Jusqu'à présent, il n'a pas encore été établi que la population humaine pouvait être divisée selon ses taux de ROS. L'auteur lui-même explique clairement que cela 52 devrait être confirmé par d'autres études. L'hypothèse selon laquelle les ROS sont réprimés par les antioxydants n'est plus pertinente, car ces derniers détruisent les cellules cancéreuses à l'aide de plusieurs mécanismes autres que l'utilisation des radicaux libres, comme cela a été prouvé dans les différentes études mentionnées dans ce document. Beaucoup d'oncologues ne recommandent pas l'utilisation d'antioxydants pendant la thérapie du cancer, car ils pensent que ceux-ci risquent de protéger les cellules cancéreuses des effets toxiques des médicaments antinéoplasiques. Certains scientifiques soutiennent également que les antioxydants peuvent réduire certains types de toxicité associée à la chimiothérapie. Ils craignent que l'action des antioxydants puisse affecter l'efficacité de celle-ci (Labriola et Livingston, 1999; Agus, et al., 1999). Il est intéressant de savoir qu'il existe de solides preuves qui suggèrent que les antioxydants peuvent améliorer l'efficacité des médicaments antinéoplasiques. Conklin (2000) fait remarquer que l'administration de certains agents anti-néoplasiques provoque un stress oxydatif, c'est-à-dire, la production de radicaux libres et d'autres espèces radicalaires dérivées de l'oxygène (ROS). Le stress oxydatif réduit le taux de prolifération des cellules cancéreuses pendant la chimiothérapie et peut affecter les effets cytotoxiques des médicaments anti-néoplasiques, eux-mêmes dépendants de la prolifération rapide des cellules cancéreuses pour optimiser leur activité. Conklin a fait le compte-rendu de plusieurs expériences et en est arrivé à la conclusion suivante : la désintoxication de ROS peut augmenter les effets anticancérigènes de la chimiothérapie. Les ROS peuvent provoquer l'apparition de certains effets secondaires, communs à de nombreux médicaments anti-cancérigènes, tels que la toxicité gastro-intestinale et la mutagenèse. Les ROS peuvent être également à l'origine d'effets secondaires qui apparaissent en particulier avec certains agents chimiothérapeutiques, tels que la cardiotoxicité induite par la doxorubicine, la néphrotoxicité induite par la cisplatine et la fibrose pulmonnaire induite par la bléomycine. La nouvelle analyse indique que, dans tous les cas, les antioxydants peuvent aider à soulager les patients des effets néfastes des médicaments et à renforcer les effets anticancérigènes de la chimiothérapie. 53 4. Aspects liés à l'usage de fortes doses d'antioxydants Récemment, le Dr Norman, de l'American Institute of Cancer Research, et son équipe ont publié un « manuel destiné à donner des conseils concernant les compléments alimentaires aux malades atteints d'un cancer et suivant encore actuellement un traitement, ainsi qu'à leur famille, à leurs médecins et à la communauté scientifique » (Norman, et al., 2003). Ils recommandaient aux patients atteints d'un cancer de ne prendre que des doses modérées de compléments, car les preuves fournies par les études réalisées sur des humains, et confirmant leur innocuité et leurs avantages, étaient limitées (NRC, 1989). Leurs arguments contre l'usage d'antioxydants supplémentaires pendant la chimiothérapie se basent sur le fait qu'ils peuvent affecter l'oxydation de l'ADN cellulaire et les membranes cellulaires nécessaires au fonctionnement des agents anti-néoplasiques (Labriola et Livingstone, 1999; Kong et Lillehei, 1998). Ensuite, les arguments mis en avant pour déconseiller l'administration de trop grandes quantités d'antioxydants pendant une thérapie contre le cancer, se basent sur les données suivantes : en présence d'espèces radicalaires dérivées de l'oxygène dans les tissus, l'apoptose des cellules cancéreuses augmente de façon sélective, mais, à cause d'une alimentation riche en antioxydants, ce processus sera ralenti (Salganik, et al., 2000). Cependant, ils ont tout de même suggéré « qu'il était nécessaire de poursuivre les recherches pour déterminer les implications cliniques de différentes doses». Ils ont également affirmé qu il fallait continuer les recherches avant de donner un avis positif ou négatif sur l'utilisation de compléments alimentaires antioxydants, en tant que thérapie supplémentaire à la chimiothérapie ou à la radiothérapie ». Manifestement, ces chercheurs étaient réticents au fait de tenir compte de l'information qui était déjà disponible. Il est intéressant de lire ce que le Conseil d'Alimentation et de Nutrition (FNB, 2002) pense des valeurs du RDA: « Les recommandations du RDA tentent d'établir des directives pour éviter les carences en nutriments et promouvoir la santé pour la plupart des personnes en bonne santé ». Ces directives ne s'appliquent pas forcément à des personnes qui souffrent de maladies chroniques ou qui sont soumises à un stress métabolique. Les 54 recommandations du RDA peuvent se révéler particulièrement insuffisantes pour maintenir les taux d'antioxydants dans le plasma chez des patients soumis à de lourds traitements chimiothérapeutiques. Nous avons cité auparavant plusieurs études qui indiquent que les patients atteints d'un cancer ont des taux de vitamine C et de proline peu élevés (Anthony et al., 1982; Nunez, et al., 1995; Kurbacher, et al., 1996; Gackowski, et al., 2002) (Chubinskaia, et al., 1989; Okazaki, et al., 1992). Nous devrions également ajouter les découvertes faites au cours de différentes études cliniques qui montrent clairement les avantages apportés par l'utilisation de fortes doses de vitamines antioxydantes dans le traitement du cancer. Dans les études cliniques réalisées par Pathak, et al. (2002), on a observé que les patients qui, parallèlement à la chimiothérapie, prenaient 6.100 mg d'acide ascorbique, 1.050 mg de succinate d'alpha-tocophérol, 60 mg de bêta-carotène et un mélange d'oligo-éléments, avaient tiré profit de ce traitement vitaminique, ce qui a été confirmé par le nombre de patients chez lesquels la maladie n'a pas progressé, par le nombre de ceux qui étaient encore en vie au bout d'un an et en fonction des réponses partielles données par les patients. Lors d'une étude pilote randomisée (Phase I/II) effectuée avec des patientes atteintes d’un cancer du sein à un stade 0-III et traitées par radiothérapie, on a leur administré, par voie orale, une préparation d'antioxydants multiples fortement dosée, contenant 8 g de vitamine C sous forme d'ascorbate de calcium, 800 UI de vitamine E sous forme de succinate d'alpha-tocophéryl, et 60 mg de bêta-carotène naturel divisé en deux doses (Walker, et al., 2002). Parmi les 25 patientes qui ne suivaient qu'un traitement radiothérapeutique, deux ont développé de nouvelles tumeurs cancéreuses, alors qu'aucun nouveau cancer n'a été dépisté chez les 22 patientes qui suivaient un traitement radiothérapeutique et prenaient des antioxydants. Les études de Jaakkola, et al. (1992) et Lockwood, et al. (1994), citées précédemment faisaient part des effets bénéfiques que peuvent avoir des doses importantes d'antioxydants variés. Les études menées par Lamm, et al., montraient en particulier que d'importantes doses d'antioxydants apportaient une plus grande amélioration de l'état de santé des patients que les vitamines administrées aux taux du RDA. 55 Il y a actuellement plusieurs groupes de recherche qui recommandent aux patients atteints d'un cancer de prendre des doses importantes d'antioxydants, tout en suivant un traitement de chimiothérapie. Lors d'un colloque au Bristol Cancer Help Center, où s'étaient réunis des praticiens, des épidémiologistes, des nutritionnistes et d'autres scientifiques, une déclaration commune concernant les directives nutritionnelles pour les patients atteints d'un cancer a été faite (Goodman, et al., 1994). Après avoir examiné les preuves disponibles, ils ont recommandé aux patients atteints d'un cancer actif de prendre quotidiennement entre 6 et 10 g de vitamine C. Ils n'ont donné aucune raison de ne pas prendre les compléments de vitamine C pendant la radiothérapie et la chimiothérapie. Ils ont également recommandé des compléments nutritionnels aux patients se trouvant dans des phases actives de traitement d un cancer ou des phases de maintien (Tableau 7). Tableau 7. Dose quotidienne de compléments recommandée aux patients atteints d'un cancer Nutriments Cancer actif Dose de maintien Vitamine A 10.000 UI 7.500 UI Bêta-carotène 25.000 UI 10.000 UI Complexe de vitamine B 50 mg 50 mg Vitamine C 6-10 g 1-3 g Vitamine E 200-400 UI 100 UI Zinc (élémentaire) 15-25 mg 15 mg Sélénium 200 mcg 100 mcg Chrome GTF 100 mcg 50 mcg Magnésium 100-200 mg 100-200 mg Une nouvelle manière d'aborder le cancer, basée sur la Médecine Cellulaire, utilise l'efficacité de la synergie des nutriments. Selon les résultats de la recherche scientifique et les nombreux témoignages vérifiés, les recommandations formulées par la Médecine Cellulaire peuvent 56 être appliquées à la prévention et aux aspects thérapeutiques du cancer. Cette combinaison de nutriments a démontré qu'elle avait un effet inhibiteur sur l'angiogenèse, sur la prolifération des cellules et la formation de métastases, ainsi que sur le déclenchement de l'apoptose des les cellules malades. De cette façon, il est donc clair que l'appréhension relative à l'utilisation des antioxydants et d'autres nutriments essentiels est tout à fait hors de propos. Ce programme de nutriments essentiels devra être ajouté à un programme à base de nutriments essentiels, de minéraux, de multi-vitamines à prendre quotidiennement, comme mesure nécessaire pour combler les carences en nutriments dans les cellules et corriger les déséquilibres métaboliques dus aux états pathologiques (Tableau 8). Tableau 8. Recommandations de la Médecine Cellulaire pour lutter contre le cancer Nutriments Correction métabolique du cancer (doses peu élevées) Intervention métabolique du cancer (fortes doses) Vitamine C 350 - 700 mg 5 > 10 g Lysine 500 - 1.000 mg 2.000 - 5.000 mg Proline 375 - 750 mg 1.500 - 4.000 mg Arginine 250 - 500 mg 1.000 - 2.000 mg N-acétylcystéine 100 - 200 mg 400 - 1.000 mg Extrait de thé vert 500 - 1.000 mg 2.000 - 4.000 mg Sélénium 15 - 30 mcg 60 -120 mcg Cuivre 1 - 2 mg 4 mg Manganèse 0,5 - 1 mg 2 - 4 mg Il devient urgent que d'autres études, bien élaborées, soient réalisées avec de nombreux antioxydants et d'autres nutriments essentiels, afin de fournir des données sur l'efficacité des programmes naturels dans la prévention et le traitement du cancer. De plus, il s'avère nécessaire de réaliser d'autres études sur des êtres humains pour établir l'efficacité des nutriments lorsqu'ils sont pris avant, pendant et après la thérapie traditionnelle. 57 Conclusions Après avoir évalué les informations cliniques existantes et celles obtenues grâce aux recherches effectuées et mentionnées dans ce compterendu, nous avons tiré les conclusions suivantes : A. Les antioxydants et les autres nutriments essentiels ont, en plus de leur action antioxydante, des effets négatifs sur le processus néoplasique en provoquant plusieurs mécanismes. Ils frênent le développement du cancer, empêchent la formation de métastases, affectent l angiogenèse et favorisent l'apoptose des cellules cancéreuses. Ils apportent également un soulagement immédiat au patient puisqu'ils réduisent la toxicité de la chimiothérapie. B. Les études cliniques qui ont été réalisées jusqu'à présent ne peuvent pas fournir de directives uniformes permettant de développer des protocoles standard pour une thérapie contre le cancer. Les plans d'étude étaient différents, ainsi que le temps d'observation/intervention, le protocole d'intervention, la malignité et la posologie anticancéreuse. Les doses des différents antioxydants administrées et leurs combinaisons étaient également différentes. C. Rath, et al. (1992) ont développé une nouvelle méthode prometteuse, basée sur un concept scientifique, pour contrôler le cancer. Ils utilisent la synergie métabolique des nutriments essentiels, tels que l'acide ascorbique et la lysine, pour influencer le mécanisme commun du développement du cancer et de la formatoin de métastases : la destruction enzymatique de la MEC. Des recherches supplémentaires concernant cette nouvelle stratégie thérapeutique ont montré que l'effet synergique de ces deux micronutriments peut être amélioré en utilisant de la proline, de l'arginine, de la N-acétylcystéine et de l'extrait de thé vert. La confirmation clinique et scientifique de cette méthode thérapeutique originale, qui est déjà à notre disposition, suggère qu'une nouvelle thérapie universelle contre le cancer a été découverte. Les études réalisées à notre Institut ont démontré les multiples effets anti-cancéreux de la combinaison 58 de ces nutriments (NS) dans le traitement de différents types de cellules cancéreuses, que ce soit sur des cultures de tissus ou dans des tests de laboratoire réalisées sur des animaux. Plusieurs patients qui se sont portés volontaires pour se soumettre à cette nouvelle méthode ont fourni des témoignages sur les bienfaits que leur a apportés cette méthode. D. Les antioxydants et les autres nutriments peuvent fonctionner de manière synergique avec les agents chimiothérapeutiques traditionnels chez les patients atteints d’un cancer. L'inquiétude concernant la toxicité de hautes doses d'antioxydants pour le corps humain n'a pas été confirmée. E. Des études cliniques bien conçues, basée sur la méthode de la Médecine Cellulaire, devront être réalisées à grande échelle sur des patients atteints d'un cancer, afin de fournir aux médecins inquiets des données convaincantes relatives aux bienfaits de cette dernière et pour que cette information parvienne, par leur intermédiaire, aux patients du monde entier atteints d'un cancer. L'utilisation des méthodes basées sur les nutriments est financièrement beaucoup plus abordable et plus sûre que les produits pharmaceutiques conventionnels. Par conséquent, l'utilisation de ces nutriments essentiels réduirait considérablement le coût du traitement des problèmes chroniques, tels que le cancer. La nouvelle orientation de la recherche, dont on a fait un bref compte-rendu ici, ainsi que l'information clinique relatives aux thérapies du cancer à base de nutriments devraient encourager les chercheurs et les médecins à profiter de la synergie des nutriments dans la médecine thérapeutique. 59 Bibliographie Agarwal A, Munoz-Najar UM, Kleuh U, et al. N-acetyl cysteine promotes angiostatin production and vascular collapse in an orthotopic model of breast cancer. Am J Pathol 2004; 164:1683-1696. Agus DB, Vera JC and Golde WD. Stromal cell oxidation: A mechanism by which tumors obtain vitamin C. Cancer Res 1999; 59:4555-4558. Albini A, Morini M, D’Agostini F, et al. Inhibition of angiogenesis- driven Kaposi’s sarcoma tumor growth in nude mice by oral N-acetyl cysteine. Cancer Res 2001; 61:8171-8178. Alcain FJ, Buron MI. Ascorbate on cell growth and differentiation. (Review). J Bioenerg Biomembra 1994; 26:393-398. Annabi B, Lachambre MP, Bopusquet-Gagnon N, et al. 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Le Dr Rath est un conférencier très connu et un partisan, internationalement reconnu, du droit de tous à la médecine naturelle . Le Dr Rath a fondé l'Institut de Recherche en Médecine Cellulaire pour mener et promouvoir la recherche dans ce domaine dans le but de développer des thérapies à base de nutriments pour traiter les maladies chroniques, telles que le cancer, les maladies des artères coronaires, l'hypertension, l'arthrite, le diabète et d’autres encore. Dr Aleksandra Niedzwiecki Son groupe de recherche est dirigé par Aleksandra Niedzwiecki, titulaire d'un doctorat, FACN, une biochimiste qui a travaillé directement avec deux lauréats du Prix Nobel. Elle était auparavant directrice du département de recherche en matière de maladies cardiovasculaires à l'Institut Linus Pauling (USA). 71 L'équipe de recherche du Dr Matthias Rath, composée de scientifiques titulaires de doctorats, de licences en médecine, ainsi que d'autres spécialistes, a présenté ses travaux au cours de nombreuses conférences scientifiques et cliniques et a publié ses découvertes scientifiques dans des revues spécialisées de renom. Les travaux des Docteurs S. Netke, W. Roomi, V. Ivanov et des autres chercheurs qui font partie de l'équipe nous ont aidés à mieux comprendre la fonction cruciale des nutriments dans le domaine de la lutte contre le cancer. Le progrès scientifique de la Médecine Cellulaire permet de nouvelles perspectives dans le domaine de la recherche et dans celui du traitement du cancer, ainsi celui que de nombreuses autres maladies. Le docteur Aleksandra Niedzwiecki (à gauche) et son équipe 72 73 74 75 Dr Aleksandra Niedzwiecki / Dr Matthias Rath Succès de la Médecine Cellulaire face à l'ostéosarcome (cancer des os) Brochure, 36 pages Dr M. Waheed Roomi Dr Matthias Rath Dr Aleksandra Niedzwiecki Cancer : Un Exposé Général et une Découverte Capitale en Médecine Cellulaire Brochure, 52 pages Dr Matthias Rath Au nom de l’Humanité Discours sur « l’exploitation mercantile sans scrupule de la maladie » Livre, 136 pages www.dr-rath-foundation.org Principal site Internet sur la liberté d'accès aux médecines naturelles : · campagnes internationales pour le libre choix du traitement · événements et manifestations actuels www.rath-eduserv.com Site Internet de Dr Rath Education Services B.V. permettant de se procurer : · les publications scientifiques sur la Médecine Cellulaire · des brochures d'information sur les traitements naturels 1018/03-1008