TIPIAC NUMERO 3version121

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TIPIAC NUMERO 3version121
NUMERO 3
Du 30 octobre 2006
Les pays du nord sont
plutôt en avance, ceux du
sud plutôt en retard…
Cette idée sur les avancées législatives et comportementales envers les
populations LGBT est-elle
vérifiée ? Un numéro
« spécial Italie » vous en
dit plus sur ce qu’il faut
bien appeler le »paradoxe
italien ».
Ou comment s’y retrouver
quand publicitaires, parlementaires et religieux
s’en mêlent...
Au sommaire
du numéro
3
Le paradoxe Italien
Pages 1 à 6
Nouvelles d’Europe
en bref
Pages 7 à 10
TIPIAC
LE PARADOXE
ITALIEN
.
Après vous avoir emmenés en Grande Bretagne dans le premier numéro du TIPIAC, notre
équipe se propose de vous faire découvrir un autre de nos grands voisins, l’Italie.
Si de prime abord, et vu sous l’angle LGBT, l’Italie semble très en retard par rapport à ses
voisins européens, notamment d’un point de vue législatif, elle reste aussi, paradoxalement, un pays plus ouvert qu’on ne pourrait le penser et dont pourraient parfois s’inspirer
certains de ses proches voisins, dont la France encore bien timorée…
L’Italie pas si en retard…
Ainsi, malgré les positions très tranchées du Vatican et des partis de droite sur les questions des Unions Civiles et du PACS, on assiste depuis quelques années à une réelle ouverture de la société italienne sur les questions LGBT et sur celles des nouveaux
modes de vie. Un récent sondage indiquait ainsi que les Italiens semblent être, contrairement aux idées reçues, de plus en plus laïques, agissant au final selon leur propre conscience, indépendamment des avis du Vatican, et «qu’ils disent oui à la diversité et non aux
ghettos», comme par exemple, l’idée d’un quartier gay à Rome. Selon les données recueillies en 2006, 65% des italiens sont favorables à une reconnaissance juridique des couples
non mariés.
La maison de prêt à porter Ra-Re l’a d’ailleurs bien compris
en confiant sa dernière campagne publicitaire au très célèbre
et controversé photographe italien Oliviero Toscani, déjà
connu pour le scandale provoqué en 1992 par ses photos
pour Benetton. En septembre 2005, le photographe a commencé par mettre en scène sur 3 affiches de six mètres sur
trois, deux hommes, la quarantaine bien portée, qui soit s’embrassaient, soit « se touchaient le paquet avec beaucoup de
naturel ». Toute l'Italie n’a plus parlé que de ça ! Malgré le
scandale et la censure du BVP italien, la marque, désormais lancée dans le firmament des
griffes connues, recommençait en janvier 2006 avec des affiches montrant cette fois, les
deux hommes amoureux poussant, joyeux et heureux, une poussette. Pour ce premier
«virage familial», la série continuait avec une affiche montrant les deux protagonistes qui
s'embrassaient chastement sur la bouche, entourés d'un couple hétérosexuel, d'un couple
de lesbiennes et de deux enfants. Enfin, troisième et ultime épisode de cette campagne
très médiatique placardée sur tous les murs de la péninsule cet automne, les deux fiancés
fondent finalement une famille et apparaissent avec un enfant… Une première fenêtre sur
l’homoparentalité ?
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Autre signe des temps, la célèbre Mostra de Venise lance dès 2007, en association avec ArciGay et l'organisateur
des Journées du cinéma homosexuel, un nouveau prix qui sera remis au meilleur film homo, toutes sélections confondues. Une façon de souligner «l'ouverture de la Mostra vis-à-vis de la diversité». Les réactions en Italie, notamment de
la part de l'église catholique, sont déjà très violentes. Après les festivals de Berlin et de Sundance qui ont déjà leur prix
spécial pour des films à thématique LGBT, à quand une Palme homo à Cannes ?
Le rouge du drapeau italien vire au rose lors des dernières
élections au parlement d’avril 2006
Lors des récentes élections italiennes, les Italiens n’ont pas hésité à élire ou réélire des députés ouvertement homosexuels. Ainsi, Franco Grillini du parti L’Olivier et fondateur de l’association Arcigay, et Titti De Simone du Parti Refondation Communiste (PRC) et fondatrice d’ArciLesbica ont été réélus. Giampaolo Silvestri, du parti des verts et
militant historique des droits LGBT, a été le premier sénateur italien ouvertement gay élu. Alfonso Pecoraro Scanio,
député et leader des verts italiens, ouvertement bisexuel, a été nommé ministre de l’environnement dans le gouvernement Prodi. Nichi Vendola, qui se présente volontiers comme gay, catholique et communiste a été élu gouverneur de
la région des Pouilles en Italie du sud. De même, il semblerait que Rosy Bindi, députée de la Marguerite, parti de centre gauche, et nouvelle Ministre de la Famille chargée de travailler sur le projet d’Union Civile, soit lesbienne. Elle ne
dément, ni ne confirme l’information, et sa réponse aux insinuations homophobes d’un sénateur de droite lui a valu le
soutien inconditionnel de toute la classe politique et des italiens. Et enfin, comment oublier Vladimir Luxuria du PRC?
Vladimir Luxuria, première députée transgenre de l’histoire en
Italie et en Europe
Née sous le nom de Vladimiro Guadagno, Vladimir Luxuria devient en 1993 directeur artistique du Cercle de la Culture Homosexuelle « Mario Mieli » et organise Muccassassina, la fête
alternative la plus célèbre d’Italie. Elle organise toutes les Gay Prides depuis 1994 jusqu’à la
World Gay Pride de Rome en 2000 et y intervient en tant que performer. Après 2000, elle
connaît un réel succès au théâtre et dans son « One drag Show.» En 2003, Vladimir commence à animer deux émissions radiophoniques à grands succès sur Radio Capital, et organise le premier festival de chanson gay, lesbienne et trans : Le gayfestival. Marraine des plus
grandes manifestations LGBT, de l’élection de Mister Gay au festival de cinéma gay de Turin,
Vladimir s’implique en outre personnellement dans la campagne pour la reconnaissance des
Unions Civiles. C’est cette sensibilité sociale qui amènera Luxuria à collaborer avec d’importants journaux et magazines italiens, traitant de sujets allant de la culture à la politique et aux mœurs, avec une vision
toujours originale et courageuse. Elle est élue sur la liste Refondation Communiste lors des dernières élections d’avril
2006, et est depuis lors invitée sur tous les plateaux de télévision italiens. Elle apporte une vraie visibilité sur les questions LGBT. La seule autre transgenre élue députée dans le monde, Georgina Beyer, l’avait été en Nouvelle Zélande
en 2000. N'ayant jamais été opérée, Luxuria refuse le vocable transsexuel et lui préfère le terme transgenre.
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Des initiatives locales qui anticipent déjà sur l’Union Civile au niveau national
Fin juin 2006, la proposition de loi sur la famille, fortement voulue par Nichi Vendola, président communiste et ouvertement gay de la région des Pouilles, a été approuvée après des mois de bataille
contre l’opposition, ouvrant ainsi le bénéfice des services sociaux aux familles homos. En réponse aux
attaques des partis de droite qui parlent de « coup mortel porté contre la famille traditionnelle », Elena
Gentile, chargée des politiques sociales en Pouilles répond simplement : « Nous n'avons jamais pensé
à détruire la famille, nous avons seulement reconnu des droits à ceux qui vivent au sein de formes familiales différentes.» Dix régions d’Italie sur les vingt existantes reconnaissent déjà les couples de
faits, homosexuels ou hétérosexuels.
De même, quelques entreprises, tel le groupe italien Cisa, un des leaders dans le secteur des serrures, contrôlé par la multinationale américaine Ingersoll Rand depuis janvier 2005, reconnaissent déjà les couples non mariés. Un accord signé après
cinq mois de négociations, prévoit la création d'un registre où les couples non mariés, hétéros ou homos, peuvent bénéficier
des même droits que les couples mariés. Cela permet notamment de demander une avance sur l'indemnité de départ dans les
cas prévus par la loi pour les couples mariés, «par exemple pour contracter un emprunt pour l'achat ou la restructuration d'une
maison ou pour des frais médicaux».
La croix et le faisceau contre l'arc-en-ciel. L'Eglise et l'extrême
droite, un seul combat contre les homosexuels
Les associations LGBT italiennes, via leurs sites Internet et par voix de presse, ne cessent de tirer la sonnette d'alarme sur la
recrudescence des actes homophobes en Italie. L'Italie devient progressivement un pays à risque pour la vie, la sécurité et la
liberté de la communauté LGBT. L'homophobie est soigneusement alimentée par la hiérarchie ecclésiastique à travers ses
réseaux d’influence (évêchés, prêtres), mais aussi par les organisations politiques d'extrême droite. Ces dernières n'hésitent
pas à utiliser un langage très violent et très homophobe, notamment lors des campagnes électorales. Ainsi par exemple, Forza
Nuova (groupe d'extrême droite présent sur toute la péninsule italienne, mais trop minoritaire pour être représenté au parlement), a fait de l'homophobie et de la haine anti-gay son principal cheval de bataille. Ce parti a notamment rebondi depuis le
mondial de football qui a vu gagner l’Italie pour faire valoir ses thèses nationalistes, et on peut espérer que cette bulle va se
dégonfler comme elle est arrivée. La presse catholique, et notamment l'Osservatore romano et l'Avvenire, ainsi que toute la
hiérarchie de l'Eglise, ont aussi lancé leur croisade contre les homosexuels. Les arguments avancés contre l’Union civile et le
PACS sont identiques à ceux déjà utilisés dans les années 70 contre le divorce, puis plus tard contre l’avortement. On y parle
de péché, de destruction de la famille et de pertes des vraies valeurs.
Le 8 mars 2006, sur le plateau d'une émission politique très suivie en Italie, Alessandra Mussolini, députée européenne, a insulté Vladimir Luxuria, la candidate trans aux élections en disant : «Meglio fascista che frocio» (Mieux vaut être fasciste que pédé). Si cette sortie de la petite fille de Mussolini a provoqué
un élan de sympathie de la part de beaucoup d’italiens envers Luxuria et la communauté LGBT, on remarque aussi que, depuis lors, cette expression est souvent reprise sur les pancartes des manifestations
des groupuscules d'extrême droite et que de nombreux actes de violence homophobes se sont succédés.
Par ailleurs, on a assisté à de très graves épisodes de violence homophobe durant tout l'été. Par exemple, en juin 2006, un groupe de Forza Nuova a empêché le déroulement de la Gay Pride à Catane, en Sicile, sous les regards
bienveillants de la police. En juillet, les murs du centre culturel gay de Rome « Mario Mieli » ont été tagués avec des inscriptions homophobes. En août, à Torre del Lago (Toscane), destination bien connue de la communauté gay, plusieurs épisodes
de violence homophobe ont marqué l'été. Le plus récent en date, début septembre, a été le viol d'une lesbienne. La semaine
précédente, une autre fille avait échappé à une agression semblable. Début septembre, à Bologne, deux jeunes militants de
l'association Antagonismogay, ont été roués de coups en sortant du centre culturel gay de Bologne. Il a été reconnu que toutes
ces attaques sont liées à des groupes d'extrême droite.
Et l'Eglise dans tout cela? L'évêque de Bologne, Ernesto Vecchi, a justifié cette violence à Bologne en parlant de
«violence, cousine de la transgression», et en laissant entendre que ces deux jeunes hommes l'avaient bien cherché. Outre les
anathèmes réguliers du pape et de la hiérarchie ecclésiastique, 60 parlementaires du parti de la Margherita (centre-gauche) ont
décidé de créer un lobby catholique au sein du parlement dans le seul but d'empêcher le vote du Pacs. Si le manque de législation condamnant les propos homophobes a laissé libre cours au développement d'une homophobie explicite et ouverte, l'approbation tacite de l'église et sa propagande homophobe ont aussi donné une certaine légitimité à la violence. Un durcissement
de la législation pourra-t-elle changer le cours des choses?
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Homophobie : un combat à mener
Il est une autre réalité accablante, souvent méconnue. En Italie, le nombre d’homosexuels
assassinés chaque année est supérieur au nombre des juifs, immigrés ou gens du voyage
tués pour cause de violence raciste. Le taux d’élucidation de ces meurtres a été de 46% au
cours des dix dernières années. Cette donnée qui ne suscitait ni l’intérêt, ni l’inquiétude des
institutions et du gouvernement Berlusconi démontre encore la trace persistante de l’homophobie en Italie.
Après un été particulièrement riche en délits, violences et intimidations contre des homosexuels, comme décrits plus haut et dénoncés haut et fort par l’association Arcigay et les
parlementaires ouvertement homosexuels, le député Franco Grillini, soutenu par Titti de
Simone et Vladimir Luxuria, a proposé au ministre de l’intérieur, Giuliano Amato, et au
Garde des Sceaux, Clemente Mastella, d’étendre la loi en vigueur contre le racisme aux
délits et violences envers les homosexuels, pour assimiler les crimes homophobes à
ceux qui sont dictés par des préjugés raciaux, ethniques, nationaux et religieux. Ils l’ont également invité à entreprendre un relevé des «crimes de haine et, en particulier, de ceux qui
sont dictés par l'homophobie». Les ministres se sont montrés très favorables à l’extension de
la loi, et se sont engagés à « examiner les articles de la loi en vigueur pour introduire les
références aux discriminations concernant l'orientation sexuelle et l'identité de genre, de
façon à pouvoir présenter le nouveau décret-loi contre la violence lors d'un prochain Conseil
des ministres. Une grande attention a été aussi portée sur les expériences européennes sur
les rapports entre les forces de l'ordre et la communauté LGBT, surtout au sujet de la prévention contre les crimes de haine».
Notons également que la Chambre des députés italienne a approuvé, fin septembre 2006,
les articles concernant le droit d'asile intégrant ainsi les directives européennes 2006. Selon
Vladimir Luxuria, « L'Italie a fait un pas vers l'affirmation pleine et complète du droit à la vie
pour les hommes et les femmes persécutés à cause de leur homosexualité.» La députée
Titti De Simone a aussi parlé de virage fondamental.
Homophobie et prévention : Schoolmates, un
projet très novateur, financé par la Commission
Européenne, sur le programme Daphne II.
Alberto Bianco, AC Midi-Pyrénées, a interviewé Matteo Martelli, 31 ans, qui vit à Bologne et
qui est responsable du PROJET ECOLE au cercle Arcigay de Bologne. Il est chargé des
formations dans les lycées sur le thème de l'identité sexuelle et de l'homophobie. Il est également assistant manager du projet Schoolmates au niveau national
Le projet Schoolmates est un projet financé par la Commission Européenne et en même
temps le fruit d'un partenariat avec des associations LGBT de Vienne, Varsovie et Madrid.
L'objectif principal est de prévenir et de lutter contre la violence homophobe dans les lycées.
Mais aussi, fournir au personnel enseignant ainsi qu'aux lycéens, des outils et des compétences afin de prévenir et gérer des comportements de violence psychologique, verbale ou
physique à l'encontre des adolescents gays et lesbiennes, ou perçus en tant que tels.
Arcigay au niveau national est leader de ce projet et pilote toutes les activités qui sont réalisées dans ses différents contextes : la phase de recherche, la création d'ateliers pour les
lycéens et les enseignants, la phase de publication et communication.
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A la date d’aujourd’hui, la phase de recherche est terminée. Un certain nombre d’éléments intéressants a permis d’élaborer des parcours de formation, en se fondant sur l’analyse de la situation dans
les écoles. Le week-end du 13 octobre 2006, s’est tenu à Bologne un séminaire pour former les formateurs qui animeront les ateliers dans les lycées. Le projet avance à grand pas, mais il est encore
trop tôt pour faire un premier bilan.
Le désert juridique italien : mais les choses commencent à bouger, doucement
A ce jour, l’Italie est le seul pays parmi les grands pays européens à n’offrir aucun statut, ni aucune
reconnaissance aux couples de même sexe. De même, et sous la réserve évoquée plus haut de la
loi sur le racisme qui pourrait être étendue, il n’existe aucune loi qui protège les homosexuels, ou
garantisse l’égalité des droits.
Le gouvernement Berlusconi, qui ironisait facilement sur les homosexuels, et
nous avait habitué à la tenue de propos honteux de la part de certains de ses
ministres contre les gays, n’avait pas hésité à proposer la candidature de Rocco Buttiglione au poste de commissaire européen, heureusement refusée
après qu’il ait qualifié l’homosexualité de «péché» et ait tenu des propos
controversés sur le mariage et la famille. Ce gouvernement a renforcé la discrimination à l ‘égard des homosexuels en matière de succession par
l’augmentation de la taxation des biens légués aux héritiers n’ayant aucun lien
de parenté avec le défunt.
Sous cette législature, aucun dossier LGBT n’a pu avancer : Un projet de loi
présenté en 2001 par Titti de Simone, présidente d’ArciLesbica, visant à ajouter l’orientation sexuelle
aux motifs de discrimination dans la loi, qui aurait permis une meilleure protection des travailleurs et
une condamnation des propos et de la violence homophobes, n’a jamais été voté. Une autre proposition de loi pour la reconnaissance juridique des couples homosexuels, signée par 160 parlementaires italiens, et déposée en 2004 par Franco Grillini, président honoraire d'Arcigay et député de gauche, n'avait jamais été inscrit à l'ordre du jour du Parlement.
Le nouveau gouvernement Prodi élu en avril 2006 semble décidé conformément à son programme électoral à faire avancer les choses. En revanche, il est bon de rappeler que Romano Prodi a toujours clairement rejeté les
notions de mariage gay et de PACS en parlant pour l’Italie d’un «autre chemin» moins radical, qui tienne compte de la culture, des aspects religieux du
pays, et des différences de vues des membres de sa coalition sur le sujet.
Pour résumer, le Parti Refondation Communiste, les Verts et les Radicaux
poussent pour l'adoption d'une loi de type PACS, alors que les centristes de
gauche issus de la démocratie chrétienne y sont plus que réticents.
En juin 2006, Romano Prodi a désigné les ministres chargées de travailler sur le dossier des Unions
Civiles tant pour les couples homosexuels qu’hétérosexuels. Il s’agit des ministres Rosy Bindi
(photo) et Barbara Pollastrini, chargées respectivement du ministère de la famille et de celui de l’égalité sociale. Selon Mme Bindi, il s’agirait de «modifier le code civil pour régulariser les couples qui
vivent en dehors du mariage, qui ne peuvent pas être ignorés et ne doivent pas rester dans la clandestinité», afin d'accorder une reconnaissance juridique non pas aux unions, mais aux personnes qui
vivent ensemble. Mme Bindi a par ailleurs rappelé son opposition à l'adoption par les couples homosexuels. Il vient d’être annoncé fin septembre, que plusieurs projets de loi sur la reconnaissance
juridique en Italie des couples de fait, homosexuels et hétérosexuels, seront examinés en novembre par la commission justice de la Chambre des députés.
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Le pape Benoît XVI n’a pas hésité à inviter l'État italien lors de la première visite officielle de Romano
Prodi au Vatican le 13 octobre dernier à freiner ces projets qui devraient inscrire dans la loi les «couples
de fait». Inscription qui pourrait être, à son avis, «décidée sous l'impulsion des plus radicaux du centre
gauche qui attaquent volontiers l'intégrité de la famille et de ses valeurs fondamentales». Il a appelé les
catholiques à «affronter avec détermination et clarté le risque de choix politiques et législatifs contredisant les valeurs fondamentales» de la nature humaine et mis sur le même plan d'importance la lutte
contre de tels choix politiques et législatifs avec l'engagement des chrétiens contre «la guerre, le terrorisme, la faim, la soif ou les épidémies». Mais Romano Prodi lui a rappelé la position de son gouvernement.
3.000.000 euros pour lutter contre l’homophobie
Par ailleurs, le ministre de l'Économie Tommaso Padoa Schioppa a présenté à la Chambre des députés,
ce mardi 3 octobre, les deux cent dix-sept articles du texte de la nouvelle loi de finance tout juste approuvée par le Conseil des ministres. Ainsi, le 195e article prévoit-il l'«institution d'un Observatoire pour lutter
contre la violence envers les femmes et la violence pour des raisons raisons d'orientation sexuelle». Cet
observatoire sera coordonné par le ministère de l'Égalité et devrait bénéficier de quelque trois millions
d'euros de financement annuel. Ses activités devraient inclure la mise en place d'une banque de données, la réalisation de campagnes institutionnelles d'information et de sensibilisation ainsi que la coordination et le financement des deux cent quarante-cinq «Centres contre la violence» reconnus au
niveau régional.
En conclusion
Même si l’Italie avance à sa manière, et sur des terrains sur lesquels on ne l’attendait pas forcément, elle
aura encore fort à faire contre un lobby catholique très organisé et efficace, avec des ramifications au
sein de tous les partis politiques, toutes tendances confondues. Ce risque est plus concret et plus de
nature à déranger la majorité de Romano Prodi dans la construction de ses dossiers en faveur de la
communauté LGBT, une machine législative déjà en marche, que celui des groupuscules d’extrémistes,
si minoritaires qu’ils ne sont pas représentés au parlement, et dont les interventions relayées par les média restent ponctuelles.
C’est aussi sans compter sur l’opinion de la société civile italienne qui déserte chaque année davantage
son église et ses discours figés dans le temps, et qui se forge, lentement mais sûrement, des convictions
plus progressistes et ouvertes envers toutes formes de différences.
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….ET QUE SE PASSE-T-IL AILLEURS EN EUROPE ?
(UNE REVUE DE PRESSE SUR NEUF PAYS EUROPEENS,
SUR LA BASE D’ARTICLES RECUEILLIS SUR TETU.COM)
Un complot néonazi contre les étrangers et les homos en Belgique
La Belgique vient de démanteler un complot néonazi visant à promouvoir une Flandre «sans étrangers et sans homos». Dix-sept personnes ont été arrêtées, dont de nombreux militaires. Ils avaient
l'intention d'assassiner Filip Dewinter, le leader du Vlaams Belang (ex-Vlaams Blok) et Abou Jahjah,
président de la Ligue arabe européenne, avec l'aide logistique de l'extrême droite néerlandaise, en
particulier la Nationale Alliantie, très bien implantée à Rotterdam.
Organisés au sein du réseau international Blood and Honour, ils accumulaient du sperme congelé
pour sauver la race blanche et s'entraînaient dans des casernes militaires belges sans que la hiérarchie ne soit au courant. Ils risquent 10 ans de prison.
En Espagne deux femmes sont reconnues conjointement
mères d'un bébé né par insémination ……
Deux lesbiennes, en couple, ont obtenu d'être reconnues comme mères biologiques d'un enfant né
d'une insémination artificielle. Antonia M.M. et Maria Angeles Z.E. ont obtenu de l'État espagnol de
pouvoir s'inscrire conjointement comme mères biologiques sur les registres d'état civil.
En principe, seul le père biologique, s'il est connu, est autorisé automatiquement à s'inscrire comme
géniteur biologique sur ces registres. Une juge du tribunal d'Algeciras (Andalousie) en a décidé autrement en autorisant les deux femmes de ce couple marié à faire valoir leurs droits comme mères
biologiques. La loi sur la reproduction assistée ne prend pas en compte le cas particulier d'un couple
formé de deux personnes du même sexe. et de fait, elle oblige la mère non biologique du couple à
engager une procédure d'adoption pour faire reconnaître ses droits.
……..et la première adoption d'un enfant par un couple homosexuel
en Catalogne
Pour la première fois en Catalogne, un couple d'homosexuels mariés a pu adopter un enfant. Aucune
information sur l'identité des adoptants et celle de l'enfant n'a été révélée afin de protéger la vie privée de cette famille.
Depuis 2005, la réforme du Code de la famille autorise les adoptions par des couples du même sexe
et à ce jour 28 couples catalans ont débuté une procédure d'adoption nationale, les adoptions internationales par des homosexuels étant interdites dans de nombreux pays à l'exception du Brésil et de
l'Afrique du Sud. Contrairement donc à ce que certains milieux conservateurs prédisaient, les nouvelles dispositions de la loi n'ont pas entraîné une «avalanche» de demandes d'adoption de la part
de couples homosexuels.
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En Suisse dès janvier 2007, couples mariés et partenaires homosexuels
sur un plan d'égalité
En vue de l'entrée en vigueur, l’an prochain, de la loi fédérale (LPart) sur le partenariat enregistré, le
Conseil fédéral a adopté l'ordonnance sur la mise en œuvre de cette loi dans la prévoyance professionnelle, dans le cas de deux personnes du même sexe. L’ordonnance vise à assurer l'égalité de traitement
entre les partenaires enregistrés et les conjoints dans les systèmes, publics et privés, qui règlent le régime de retraite suisse.
Les nouvelles dispositions de la LPart et de l'ordonnance entreront en vigueur le 1er janvier 2007.
N
en cas de décès d'un partenaire enregistré, le partenaire survivant aura droit à des prestations
de survivant aux mêmes conditions que le conjoint marié.
N
le partenaire enregistré devra obtenir le consentement écrit de son partenaire lorsqu'il demandera un versement anticipé pour acquérir un logement ou retirer son capital de prévoyance.
N
la dissolution judiciaire du partenariat enregistré aura les mêmes effets que le divorce: il y
aura alors partage des avoirs de prévoyance entre les partenaires enregistrés.
Expulsions de demandeurs d'asile iraniens : le cas de la Suède
et des Pays Bas
C'est avec «beaucoup d'indignation» que l'Association suédoise de protection des droits des homosexuels (RFSL) vilipende la Direction nationale de l'Immigration qui fait preuve, selon elle, d'une
«ignorance inquiétante» et d'une «nonchalance à l'égard des droits de l'Homme et de leur signification».
Suite à une vague de protestations au printemps 2005, le royaume nordique avait décidé d'imposer un
moratoire à l'expulsion des demandeurs d'asile homosexuels vers l'Iran. Mais depuis quelques semaines,
la direction de l'Immigration a choisi d'ignorer ce moratoire, conseillant simplement aux gays, lesbiennes,
bis et transsexuels iraniens de «vivre discrètement et avec retenue, pour éviter les risques d'une arrestation, de la torture, ou pire, d'une exécution».
L'organisation américaine Human Rights Watch avait adressé un courrier, la semaine précédente, au
ministre suédois des Affaires étrangères Carl Bildt, l’enjoignant de suspendre les expulsions vers l'Iran et
évoquant «un malentendu fondamental sur la situation des droits de l'Homme» dans ce pays.
En revanche, aux Pays-Bas, on ne craint pas de changer d'avis. En effet, la ministre néerlandaise de l'Immigration, Rita Verdonk, est revenue sur sa décision de renvoyer en Iran des homosexuels ayant demandé l'asile, et a prolongé le moratoire sur les renvois de chrétiens en Iran. «Les demandeurs d'asile homosexuels qui craignent d'être poursuivis ou de subir des traitements inhumains à leur retour en Iran peuvent prétendre à recevoir une autorisation de séjour pour raison d'asile», indique le ministère dans un
communiqué.
Fin de la coalition entre les conservateurs et l'extrême droite en Autriche
Le 1er octobre 2006 est un jour historique pour les gays et les lesbiennes autrichiens, puisqu'à cette date,
l'un des chefs de gouvernements européens les plus opposés à l'avancée de leurs droits a perdu les élections.
Le Chancelier Wolfgang Schüssel, qui a fait prendre à son pays un retard considérable sur ces questions
et a pendant près de sept ans gouverné avec l'extrême droite, n'a recueilli que 34,2% des voix.
Les sociaux-démocrates, menés par Alfred Gusenbauer, sont arrivés en tête avec 35,7% et seront logiquement chargés de former un gouvernement. L'ouverture du mariage et du droit à l'adoption aux homosexuels figure dans leur programme. Les gays et les lesbiennes autrichiens sont donc en mesure d'espérer un changement, eux qui ont vu la principale association gay du pays, Hosi Wien, trainée en justice
pour diffamation par un député conservateur.
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Homosexualité: le président polonais craint “l’extinction de l’humanté »
Le président polonais Lech Kaczynski n’en finit pas avec ses délires homophobes. Dans un entretien
au Times, il reprend ses thèses sur le « prosélytisme » homosexuel qui conduirait à « l’extinction de
l’humanité »
Le président affirme “avoir entendu que les homosexuels sont surreprésentés dans l’armée » tout en
se défendant d’homophobie. Il se dit contre la discrimination « mais si un officier essayait d’avoir une
liaison avec un jeune conscrit, cela serait inadmissible »
Si le nombre d’homosexuels augmentait conclut-il, « les relations entre hommes et femmes seraient
bouleversées » et « l’humanité courrait à l’extinction »
Le Président de la Roumanie traite un journaliste de «pédé»
C'est le monde à l'envers! La Roumanie ne fait pas encore partie de l'Europe que ses dirigeants s'autorisent déjà des dérapages homophobes dignes des voisins déjà membres, comme la Pologne ou la
Slovaquie.
Samedi 7 octobre, le président de ce pays, qui entrera dans la famille européenne au 1er janvier 2007,
s'est fait épingler par toute la presse de Bucarest pour avoir publiquement traité de «pédé» un journaliste trop curieux du fonctionnement interne des services secrets roumains, hérités de l'ère Ceausescu.
En effet le chef de l'État Traian Basescu a été entendu dire à l'un des responsables des services secrets assis à ses côtés: «Comment un pédé comme ça peut-il croire me tendre un tel piège?»
L’association Accept, principale organisation de défense des minorités sexuelles du pays « va analyser
cette affaire avec ses juristes » « C’est une expression pour le moins malheureuse » a déclaré une
responsable d’Accept.
Par ailleurs, toute la presse nationale a titré sur la gaffe, pensant retrouver là le vrai Traian Basescu,
qui était monté au créneau l'année dernière à l'étonnement de tous, pour contrer le maire de Bucarest,
hostile à l'organisation d'une gay pride dans la capitale. Le président était alors apparu comme «un
bon élève» des jeunes démocraties européennes de l'Est, alors que la Roumanie n'avait pas clos les
négociation d'adhésion. Une posture qui vole aujourd'hui en éclats.
Élections legislatives en Lettonie: les partis homophobes en tête
Samedi 7 octobre, le Parti du Peuple, formation conservatrice dont est issu le Premier ministre letton,
Aigars Kalvitis, est arrivé en tête des élections législatives en Lettonie.
Aigars Kalvitis a fait savoir qu'il était prêt à continuer de diriger le gouvernement de coalition. Une
union improbable entre la droite et les populistes de gauche, qui a permis à ce petit pays balte de se
faire connaître sur la scène politique européenne pour l'homophobie extrêmement agressive d'une
grande partie de la classe politique majoritaire.
L'Union des Verts et des Agriculteurs, dont certains membres se sont déchaînés verbalement ces derniers mois contre les gays et les lesbiennes, est son partenaire de coalition. Elle est arrivée en seconde position, ayant nettement amélioré son score par rapport aux dernières législatives de 2002.
Nouvelle Ere, le parti de centre-droit passé dans l'opposition, lui aussi très agressif envers les militants
homos, arrive en troisième position. En revanche,les sociaux-démocrates n'ont pu dépasser la barre
des 5% et n'entreront donc même pas au Parlement.
Lors de la prochaine mandature, le ciel ne devrait donc pas se découvrir pour les gays, les lesbiennes
les bis et les trans lettons.
La TIPIAC est rédigée et réalisée par le groupe « newsletter » du PIAC.
Vos idées, commentaires et suggestions ([email protected])

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