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CARÊME 2014 Pour franchir le seuil étroit du salut Le Directeur Le temps du Carême qui a commencé le 5 mars avec le mercredi des Cendres nous appelle à la conversion. La Bible parle dans chaque page du changement de vie que l’on appelle “conversion”. La parole grecque “meta-noia” exprime bien ce sens de changement intérieur radical. C’est un changement personnel comme pour le fils prodigue qui se dirige vers la maison du Père. C’est un changement communautaire comme dans la grande ville de Ninive, qui se convertit grâce à la prédication du prophète Jonas. Le fruit de la conversion de cette ville fut le pardon de Dieu: «En voyant leur réaction, et comment ils se détournaient de leur conduite mauvaise, Dieu renonça au châtiment dont il les avait menacés» (Jonas 3,10). Il en fut de même pour les Thessaloniciens auxquels l’apôtre Paul écrivit: «De chez vous la parole du Seigneur a retenti, mais la nouvelle de votre foi en Dieu s’est si bien répandue partout que nous n’avons pas besoin d’en parler. En effet, les gens racontent, à notre sujet, l’accueil que nous avons reçu chez vous; ils disent comment vous vous êtes convertis à Dieu en vous détournant des idoles, afin de servir le Dieu vivant et véritable» (1 Thessaloniciens 8-9). La conversion est le changement du cœur à travers un chemin de retour à Dieu. Selon la prédication apostolique, pour se convertir il faut s’éloigner des idoles et se tourner vers Dieu. La conversion est la voie qui amène l’homme à la vraie foi. La véritable raison de la crise dans l’Église et dans le monde est le manque de foi ou le fait de se contenter d’une foi tiède qui ne fait rien bouger. Certainement la foi est un don de Dieu mais elle a besoin d’une forte raison. On se met en chemin seulement en l’accueillant. Vivre le Carême signifie faire de l’espace à la parole de Dieu: elle va directement au cœur en aidant l’homme à se convertir. Ce temps appelle le cœur et la vie de l’homme à l’Évangile. Le Seigneur veut parler au cœur, au cœur de son Église et à celui de chaque homme. Il parle de conversion afin que ce cœur, sur le chemin vers Pâques, puisse devenir un cœur de chair comme le dit le Seigneur: «Je vous donnerai un cœur nouveau, je mettrai en vous un esprit nouveau. J’ôterai de votre chair le cœur de pierre, je vous donnerai un cœur de chair» (Ezéchiel 36,26). «Le temps est accompli et le Royaume de Dieu est proche; convertissez-vous et croyez en l’Évangile». Alors le Carême se remplit de joie dans l’invitation à suivre le Seigneur. Cette joie résonne entre les pensées habituelles afin que l’on commence à parcourir le chemin qui conduit à franchir le seuil de la porte du salut. Je termine avec une prière assez originale qui provient de Russie. Elle a été écrite par un écrivain dont la vie fut très dramatique et très courte, Michael J. Lermontov, né à Moscou en 1814 et mort en duel à 27 ans en 1841. «Seigneur Tout puissant, aie pitié de moi, ne m’accuse pas! Aie pitié de moi si j’aime la nuit plus que le jour, si je ne bois pas à la source d’où jaillit ta Parole, si mon esprit seul et impuissant erre loin de toi, si des images cruelles sillonnent mon regard en voilant ta vue, si je me agrippe à la terre et si j’ai peur de me rapprocher de toi, Seigneur. Eteins ce brasier, change mon cœur, Seigneur, libère-moi des passions et de leur enchantement car alors, je pourrai venir à ta rencontre et m’engager dans la porte étroite du salut». Comme ce poète russe, nous aussi nous devons reconnaître d’avoir souvent préféré l’ombre à la lumière, de ne pas avoir bu à la source de la Parole de Dieu, de ne pas avoir cherché des Citernes fissurées comme nous le rappelle Jérémie (2,13), d’avoir erré loin de lui et de nous être raccrochés aux choses et à leur possession. Ce n’est qu’en nous libérant du charme des passions et de la prison de l’égoïsme que nous pourrons aller à la rencontre du Seigneur et franchir la porte étroite du salut. 3