Témoignage d`Audrey, anorexique
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Témoignage d`Audrey, anorexique
Témoignage : « Je vous ai caché mon anorexie si longtemps… » Marine faisait des recherches pour se confier, trouver un groupe à qui parler et partager son expérience sans crainte d’être jugée. Elle a découvert le site de l’association et 2 jours après elle participait pour la première fois avec sa maman à l’un de nos groupes de parole. C’est elle qui a choisi de faire son « coming out » comme elle dit, même si au départ elle hésitait… Les premières réactions – loin du jugement qu’elle appréhendait – sont positives et je pense que ce texte que je lui ai proposé d’écrire pour nous montre son courage. Je suis admirative. Cette Combattante a parcouru beaucoup de chemin et continue d’avancer vers la Lumière… (Sabrina) Dans ma vie beaucoup m’ont jugée, critiquée, détestée. Certaines paroles m’ont blessée comme : « t’es qu’une merde ! », « Tu n’arriveras à rien dans ta vie ! », « C’est de la comédie ! », « T’es paresseuse, bouge-toi un peu ! », « T’as vu comment elle est maigre ! », « Elle est folle, tout est dans sa tête ! », « Elle est bizarre celle-là ! ». Et j’en passe… Je n’oublierais jamais les regards oppressants, dénigrants que vous m’avez lancés, les messes basses, les critiques, les moqueries… Même quand j’avais le dos tourné… Tout cet élan de méchanceté !! Pourquoi ? Pourquoi tout ça ? Parce que vous ne compreniez pas ? Mon attitude est différente de la vôtre, souvent distante, pas très causante. Si seulement vous m’aviez vraiment regardée. Si vous aviez gratté cette carapace ou du moins essayé… Vous auriez remarqué mon secret. Celui tout au fond de moi. Le mal contre lequel je me bats… Depuis des années je vous cache la réalité. Je partage ma vie avec ana. Ana ?! Ce n’est pas un choix, ce n’est pas non plus une amie. C’est une maladie. Son nom ? Elle s’appelle anorexie… Aujourd’hui je prends mon courage à deux mains en brisant le silence. Je souhaite parler pour me libérer et laisser le masque tomber. J’arrête enfin de faire semblant, d’être ce que je ne suis pas pour devenir celle que je suis… Voici mon histoire, enfin une partie. Aujourd’hui je souhaite que vous compreniez. Sans juger… Tout a basculé en septembre 2004 Mon état s’est sérieusement dégradé. Cela fait plusieurs mois que je ne bouge plus de chez moi. Je ne vois plus personne. Je passe mon temps à regarder la télé, à dormir, à cogiter. J’ai froid. Je porte un long peignoir que je ne quitte plus. Ma mère me dit tout le temps : « Tu as les mains glacées ! ». « Tu dors beaucoup… ». Ma peau est gelée, mon teint est terne, blanchâtre comme une poupée en porcelaine. Je n’avale plus rien, mis à part du pain et du soda. Lundi, rendez-vous chez mon pédopsychiatre le Dr R. Seule sortie de ces dernières semaines. Comme toujours ma mère m’accompagne. Elle ne m’a jamais lâchée malgré tout ce que j’ai pu lui infliger. Si vous saviez la force, la patience, le courage et surtout tout l’amour qu’elle me porte… Pendant qu’elle patiente en salle d’attente, le Dr R. m’appelle. Il me demande d’accompagner sa secrétaire dans son bureau afin d’effectuer une pesée ! Moment que je redoutais à chaque visite. Je ne peux fuir et je sais d’avance que l’imposante balance s’apprête à afficher la vérité. Ce moment où le mensonge laisse place à la triste réalité… Je ne peux plus nier, me cacher, me mentir, leur mentir… Me voilà mise à nue. Quelques secondes… « Bip bip » : le résultat est sans appel. 33 kg pour 1m53. A cet instant, je comprends que je vais me faire « engueuler » par le psy. La secrétaire sort. Je rhabille ce corps amaigri, chétif, incisif. Les os bien saillants. Un corps aussi frêle qu’un corps d’enfant. La porte s’ouvre et le Dr R. rentre avec un air qui me dérange. Je sais que son discours ne va pas me plaire… Il me fixe, le regard insistant et me dit : « Je me dois d’intervenir, vous êtes en danger ! C’est l’hôpital en urgence ». Je me souviens avoir été partagée par deux sentiments bien distincts. D’un côté un plaisir, une grande joie, celle de frôler la mort. Une sorte de liberté avec l’impression de contrôler, de maîtriser ma vie. Je parvenais à mon but, disparaître mais pour renaitre. Mourir pour enfin vivre… Très paradoxale tout ça ! Et puis d’un autre côté, une infinie tristesse. Ce docteur allait me séparer de ma mère ! De son amour ! De ce lien tellement fusionnel. J’avais et j’ai toujours besoin d’elle. Mon petit monde s’effondrait pendant qu’ana, elle exaltait… Elle se félicitait en me regardant, en voyant ce qu’elle avait fait de moi. Entièrement façonnée à son image ! Quand ma mère à franchi la porte, je me sentais dépitée, accablée car je savais qu’elle allait avoir mal. Le Dr R. lui a « balancé » à la figure et sans autre précaution : « Votre fille est en danger. Elle peut s’endormir cette nuit et ne pas se réveiller. Je vais la faire hospitaliser. » Il est content ce connard ? Il va nous séparer ! J’ai senti la colère m’envahir, la rage monter en moi. J’avais envie de tout casser !! Je lui ai lancé un de mes regards les plus noirs et j’ai dit : « Je n’irais pas ! » Il m’a rétorqué : « Mais vous n’avez plus le choix ! Soit vous y allez, soit on viendra vous chercher de force chez vous ! » Son air supérieur et son ton autoritaire m’agaçaient et me dégoutaient. J’avais envie de vomir ! Entre temps, le Dr R. avait pris son téléphone et m’avait trouvé une place dans le service de son confrère pour le jeudi… Compte à rebours J-3 Je me sentais trahie, en colère et en perte de repères… La peur et l’angoisse… NON ! NON ! Laissez-moi ! Je ne veux pas y aller !! Je ne veux pas être hospitalisée… Nous sommes en septembre 2004 et c’est ma première hospitalisation. Aujourd’hui, je porte un regard neuf sur ces années de Combat… J’ai 27 ans. Je pèse à ce jour presque 49 kg. Avec les années, les rencontres que j’ai faites, grâce à certains médecins et auteur(e)s qui ont su mettre des mots sur mes maux ; je me sens grandie. Le soutien de mes proches a été TRES IMPORTANT. J’ai pu apprendre, analyser, essayer de comprendre mon comportement, la maladie, « ma » maladie. Pendant longtemps je me suis demandée ce que j’avais. Pourquoi j’étais comme ça ? Qu’est-ce qui n’allait pas ?… J’aimerais dire ceci : libérez-vous ! Exprimez-vous ! Battez-vous ! Apprenez à connaître « l’adversaire », ses faiblesses… Pour ma part je viens juste d’accepter. J’apprends à en parler et cela fait beaucoup de bien. J’ai l’impression d’avoir plus de clés pour avancer et continuer le combat. Il faut y croire et ne jamais baisser les bras ! Cette hospitalisation de septembre 2004 ? Mon entourage n’a pas été mis au courant de mon hospitalisation. Elle a durée 3 semaines. J’ai été admise à l’âge de 16 ans dans un service de pédopsychiatrie avec un poids de 33 kg. A ma sortie j’en faisais 6 de plus. Mon corps allait un peu mieux… Cette expérience m’aura marquée… Je m’en souviens presque dans les moindres détails ! Je sais qu’à ce moment-là j’ai pris conscience que je souhaitais réellement guérir… Marine La vie t’appelle ! Plusieurs raisons me poussent à écrire ce billet dans lequel je souhaite revenir sur l’année 2006-2007. C’est plus de 7 ans après que j’ai pour la première fois « sorti » ces choses que je n’avais jamais dites concernant cette année noire que j’ai passée en hôpital psychiatrique. J’ai évoqué le sujet de l’isolement dans l’un de mes derniers articles mais j’ai encore du mal à parler de ce que j’ai réellement vécu. Je pense que c’est important pour moi de le faire et que j’en suis capable à présent. Synchronicité ou non, la lecture du livre de Boris Cyrulnik « sauve-toi, la vie t’appelle » dans lequel il évoque le trauma de son arrestation lors d’une rafle et la construction de la mémoire m’a sans doute donné le courage de faire face à mes souvenirs sur cette période qui m’a marquée au fer rouge. Nos histoires n’ont évidemment rien en commun et ma « petite expérience » peut faire sourire – je ne sais pas – mais lorsque je repense à tout cela, personnellement je perds l’envie de rire… « On disait que j’étais bavard comme une pie, je racontais des histoires, j’adressais la parole à des inconnus dans la rue. Qui aurait pu penser que je parlais pour me taire ? Les mots que je disais servaient à cacher ceux qu’il ne fallait pas dire. Ma stratégie relationnelle était claire : bavarder avec les autres pour les amuser, les intéresser et me cacher ainsi derrière ces mots partagés. Cette protection me permettait de me raconter une autre histoire, à bouche fermée celle-là, avec des mots non socialisables qui constituaient pourtant le socle de ma vie mentale ». (Boris Cyrulnik) Mes (presque) fans sur Facebook le savent : quelques jours avant de donner moi-même une conférence pour son association en Belgique, j’hébergeais Nathalie Decoo (Présidente de AB Ensemble) et malgré un projet de documentaire avorté nous avons profité de son séjour Clamartois pour faire le plein de « Bonheur Attitude » et emmagasiner de nombreux souvenirs agréables. La deuxième mi-temps, le weekend du 4 octobre en Belgique donc, a été magique également et m’a inspirée un billet sur l’amitié (« Vivre heureux(se)…en Théorie ! »). En partant, Nathalie m’avait malicieusement laissé des petits messages amicaux que j’ai découverts un par un dans les heures qui suivirent son départ : sous le clavier de l’ordinateur, dans mes disques à démaquiller, en vidant les photos de mon appareil… J’en étais presque arrivée à renverser la boîte de chocapic ! Alors que le moral était un peu en berne en raison des soucis du quotidien qui reprenait, voilà qu’en sortant de la douche je trouve un autre mot collé le long de la paroi. Un « bon pour… » avec la mention « tu n’es pas seule ». Comme elle me l’a dit ensuite en privé l’effet escompté n’était pas celui-là mais il se trouve que j’ai éclaté en sanglots et que je ne m’arrêtais plus… En ce 20 septembre, j’ai écrit un long mail à une personne de confiance, effondrée, et j’ai lâché ce que je retenais depuis si longtemps. « Je parle d’anges, je sourie, je reparle d’anges… Je ne l’explique toujours pas. Je n’arrive pas à expliquer « rationnellement » ce qui s’est passé à PGV. […] Je n’étais pas spécialement croyante. Je n’ai rien demandé de spécial. Je ne souhaitais pas rester plus que ça. Je pense même très sincèrement que cela m’aurait arrangé de ne pas rester. C’est dur de dire cela car j’ai vécu de très belles choses depuis quelques mois mais si je devais retourner en 2007, je souhaiterais m’éteindre dans cette chambre pourrie d’isolement. Même pas leur donner la joie de dire « on l’a sauvée ». Ils ne le méritent pas. Ils n’ont rien sauvé. Ils m’ont humiliée, ils m’ont méprisée. Ils ont fait leur boulot, en me montrant bien que ça les faisait ch**. Je n’ai jamais eu ces mots […] J’ai parlé d’horreur, j’ai évoqué les choses les plus significatives. Mais on ne peut rendre avec exactitude l’ambiance, la mort de cette chambre. […] J’essaie de digérer tout cela. De ne pas voir ces images. Je revois tout, jusqu’aux craquelures du plafond que je fixais presque H24. Je n’arrive pas à digérer. Je ne peux pas. Je suis navrée ». Le courrier est long (pleurer et écrire en même temps n’est pas un exercice facile !), je conclue là-dessus : « Je ne souhaite pas à d’autres filles de passer par ce que je suis passée. Je vous assure que je suis dure au mal pourtant, c’est en tout cas ce que tout le monde a toujours constaté. Je n’ai jamais voulu me faire plaindre et préfère relativiser toute cette histoire ». Je blague souvent sur ma colère que « j’aime bien » et j’ai pris le parti de sourire des aberrations de mon hospitalisation. Je travaille sur l’acceptation, le pardon aussi et la compassion envers ceux qui furent mes bourreaux pendant un an. Aujourd’hui je ne ressens plus la haine que j’avais pour eux à l’époque et j’ai compris que tout le monde a fait du mieux possible avec les cartes qu’ils avaient en main. Si j’utilise le terme « bourreaux » c’est en référence au fait que la privation sensorielle a des effets sur le cerveau et l’isolement total dans lequel j’ai été (pas de livres, télé, enfermée seule toute la journée…) est une forme de torture à mon sens. « C’est une expérience très douloureuse. (…) Les personnes qui ont été isolées connaissent des moments psychologiquement difficiles où elles se sentent totalement seules. (…) Une longue période d’isolement nuit à la conscience de soi. (…) Les humains sont des organismes socialement connectés. Ce n’est que quand on est privé de cette connexion que l’on s’aperçoit à quel point on dépend du contact et du regard des autres. » (Craig Haney, psychologue de l’université de Californie) J’ai fait des reproches à mes parents et je les accuse d’avoir démissionné. Nos échanges à ce sujet restent difficiles, tout le monde préférerait oublier et se dire qu’ils ont bien fait. Pourtant on aurait pu mieux faire c’est certain. « Je sais l’image que je peux donner, je perçois un peu l’idée que vous vous êtes fait de moi (au moins au début). Les très rares personnes qui me connaissent un peu mieux sont toujours étonnées de mon authenticité et du fait que je suis plutôt raccord entre ce que je pense et ce que je dis. Je ne crois pas que la majorité des gens le soient d’ailleurs. J’aimerais que plus de monde fasse la moitié du travail que j’ai dû faire sur moi pour revivre à peu près normalement. Pour apprendre à vivre toute seule alors que je n’étais plus rien ». Je n’ai pas très envie d’entrer dans le détail de ce qui « bloque » entre moi et mes proches et nos regards différents sur « notre » histoire. C’est impudique et puis nous verrons, cela fera peut-être l’objet d’un futur billet qui sait ? J’ai par contre envie de les inviter à lire cet autre extrait du livre de Cyrulnik et je les laisse y réfléchir : « Cette discordance entre le sujet préoccupé par son histoire et l’entourage qui ne veut rien entendre est habituelle, quelle que soit la culture. Après l’auto génocide de Pol Pot au Cambodge, quand un survivant essayait de dire comment on mourait de faim, d’épuisement et de malheur, l’entourage haussait les épaules et expliquait doctement : « Arrête de te plaindre, nous aussi on a souffert, on devait tuer le cochon en cachette ! » Quand le malheur des autres est inimaginable, on le compare à nos petites misères. Cette réaction qui protège l’entourage isole l’infortuné […] La « crypte » individuelle qui s’incruste dans l’âme du blessé y est installée par la réaction discordante de ses proches et de sa culture. Le blessé, fasciné par sa déchirure muette, est contraint de chercher en lui-même les solutions de son problème. C’est ainsi que je me mettais à l’épreuve pour me donner la preuve que j’avais le droit de vivre ». Je travaille surtout sur moi, je cherche le calme, à l’aide de la Pleine Conscience et en me rappelant à l’ordre dès que je vois que cette colère motrice pourrait devenir destructrice. C’est un travail au quotidien et ce depuis 7 ans. On aura beau me dire que la présidence de mon association et ce que je fais pour prendre part à la lutte contre les TCA n’arrange pas ce travail de deuil, je n’y crois pas : « fuir » le problème en s’interdisant d’y penser et faisant semblant d’avoir complètement tourné la page ne me semble pas honnête. Ou alors je me résous à faire comme ces femmes déclarées « guéries » et qui portent toujours une souffrance que plus personne ne voit ou n’entend ? Non je ne souhaite pas avoir à porter un masque et mon discours n’a pas changé je sais que j’ai encore du chemin et que je suis sur la bonne voie en tout cas car tôt ou tard l’apaisement viendra. Pour le moment elle est là et elle n’empêche en rien de faire un travail précieux qui peut aider des personnes en souffrance mais aussi aider à faire évoluer des choses en matière de santé mentale. Alors que faire de cette colère ? A-t-on le droit d’en vouloir à ceux qui nous ont donné et/ou sauvé la vie ? Je pense avoir trouvé une formule magique qui me convient en tout cas et j’explique dans mon livre le cheminement intérieur que j’ai fait grâce au développement de ma spiritualité. Croire dans mes « anges » m’a donné la force de vivre et m’aide à ne pas baisser les armes aujourd’hui lorsque des « scènes de vie » me désespèrent (voir la page Facebook de L’âme en éveil). Les plus cartésiens y verront la plus belle explication que je pouvais (me) trouver pour donner un sens à ce qui rationnellement n’en a pas… Il y a aussi ma « thérapie par le sport » même si je suis lucide sur ma relation complexe au sport qui me canalise bien mais qui est aussi le prolongement de mon anorexie. « Le sport est sans aucun doute une continuité de l’anorexie. Un exutoire et un moyen d’allier douleur et sentiment d’être vivante comme l’a été mon acharnement à faire disparaître mon corps, à souffrir, mais aussi à survivre grâce à l’anorexie. Le sport, au moins, fait moins peur aux gens et l’addiction est moins grave. C’est une drogue légale à laquelle on ne prête pas attention. Je me fonds davantage dans le décor et me conduis de manière conforme pour la société. J’ai pourtant l’impression de n’avoir pas vraiment accepté d’entrer dans le moule : je garde des comportements addictifs qui traduisent bien ma révolte et mon combat » (L’âme en éveil, le corps en sursis) Enfin il y a l’humour… « C’est très sérieux de faire le pitre, vous vous sentez revivre, on vous applaudit, on vous aime, la vie revient doucement¹ ». Il paraît que je suis une « bouffonne », dixit le Dr Yasmine Lienard, et cela me convient car les bouffons ont leur utilité nous sommes d’accord… Le conscient semble ok avec les parades qu’il a trouvé pour ne pas (trop) souffrir au présent de mon passé. Mais ça c’est le conscient. L’inconscient lui, il n’en fait qu’à sa tête et il faut croire qu’il n’est pas ok avec ce traumatisme. Il refuse d’ailleurs de coopérer et je me suis faite éjecter de mes révisions de formation en Hypnose car je donne trop de fil à retordre tant aux futurs thérapeutes qu’au formateur : un élément perturbateur impossible à hypnotiser, ça fait désordre… Au moins je sais que cela marche chez les autres, pour moi-même je verrais plus tard. De mes 16 ans à mes 30 ans je n’ai pas vécu. Je parle de survie. Il est normal que les choses remontent maintenant à la surface et je pense qu’il faudra encore du temps pour que cela décante. « Le poids de la mémoire colore le présent. Quand on sort d’une agonie de plusieurs années, on ne peut pas gambader tout de suite. Il faut du temps pour réapprendre à laisser venir le bonheur² ». Ce billet semble plus noir que mes précédents écrits. Je vous rassure, je ne suis pas particulièrement déprimée ^^ Je parle de ma dualité tout au long de mon livre, qui me tiraille toujours et je me souviens des paroles de Dimitri Jacques quand il m’a aidée dans la réécriture « je sais que tu as fait le bon choix mais tout au long du récit on se demande si tu vas te décider à poser le deuxième pied sur Terre ! ». Donc oui j’ai fait le choix de rester, d’accomplir ce que j’ai à accomplir, et de vivre le mieux possible à présent. Et c’est plutôt bien… Si j’essaie de faire des choses par rapport aux TCA c’est parce que j’estime que ma vie est un énorme gâchis. Et je n’espère qu’une chose : éviter à d’autres de reproduire mes erreurs. Plutôt que de jeter la pierre à ceux qui m’ont fait du mal je relève les manches et propose de travailler ensemble à améliorer les choses. Ironiquement je conclue mon billet sur l’isolement des anorexiques en psychiatrie en parlant de fast food de la psychiatrie et de 3 étoiles. Pour rester dans la thématique j’ai envie de dire aux jeunes filles qui s’interrogent sur telle ou telle structure : ne ratez pas votre chance comme je l’ai fait au cours de ma première hospitalisation en service spécialisé ! Ce n’est pas – tout à fait – le Club Med, mais à côté de ce que j’ai connu cela s’en rapproche. Quant à ce que j’ai connu et pour avoir écouté plusieurs intervenants calés sur le sujet, j’ose espérer que les anorexiques hospitalisées sous contraintes tombent sur des hôpitaux de secteurs un peu plus à jour dans leurs pratiques. J’ai muri et je comprends l’intérêt d’une COURTE hospitalisation sous contrainte pour une jeune en danger de vie mais à condition que les conditions justement respectent sa dignité. Comme l’a souligné récemment monsieur Sahuc dans un commentaire : « ces squelettes sont aussi des êtres humains » il convient donc de préserver leur dignité. Lorsqu’une maman, à la fin d’une longue conversation ou nous avons mis à plat la situation de la famille et l’impasse dans laquelle elle se trouve me demande : « mais vous, croyez-vous que je doive l’hospitaliser de force ? » je ne peux donner un avis quel qu’il soit et qui m’engagerait même pénalement je pense. Des généralités, des choses évidentes, soit… Je suis tout de même contente de l’entendre dire « je le ferais en ultime recours mais croyez-moi c’est toute mon âme qui se révolte à cette idée ». Ouf, nos âmes sont d’accord ! Sabrina A lire : Privation Vs Restriction de liberté Ps : La dernière phrase du fameux mail était celle-ci : « Pour avoir écrit tout cela en peu de temps… J’espère que c’est cela l’authenticité »… Pps : guide de la santé mentale et autres d’information disponibles chez SabrinaTCA92 brochures ¹ et ² Boris Cyrulnik Source : blog psychologies.com. Témoignage d’Audrey, anorexique "la Foi m’aide aussi Sabrina..." Des nombreux messages de sympathie et témoignages de malades qui se retrouvent dans mes écrits, j’ai souhaité partagé celui d’Audrey que j’ai connue grâce aux réseaux sociaux (encore eux !). Je la remercie chaleureusement pour ses mots et pour m’avoir autorisée à partager online : comme moi elle est persuadée que témoigner libère la parole pour d’autres et peut donner envie de s’impliquer dans la lutte également… Lorsque je lui ai posé la question, elle m’a répondu ceci : Comme le disait Mère Teresa: « Ce sont les gouttes d’eau qui font les océans » donc à nous tous, on va y arriver ! Tout est dit… ou presque, lisez plutôt ceci : Merci Sabrina et pardon si je t’ai tutoyé car non, on ne se connait pas. Mais ça doit être mes gènes méditerranéens et « pagnolesques » qui ont pris le dessus quand je t’ai écrit ! Et oui, j’habite Carcassonne, dans le Sud de la France, à 1h de Toulouse et 2h de Montpellier et quand j’ai lu tes mots dans lesquels j’ai retrouvé du vécu, je me suis laissée aller à te tutoyer, pardon… J’ai 33 ans (comme toi !) et je souffre d’anorexie mentale restrictive hyperactive depuis l’âge de 13 ans… et j’essaye aussi de lutter personnellement pour « aller mieux » et accepter de « manger » la vie mais aussi et surtout de faire bouger les choses pour prévenir et informer sur les TCA, bien sûr à mon niveau car je n’ai pas ton charisme et ta force. A l’âge de 13 ans aussi, j’ai connu des psychiatres qui ne connaissaient rien à ces troubles. J’ai toujours refusé l’hospitalisation, puis accepté mais je suis repartie de suite quand ma mère et ma sœur qui m’accompagnaient ont vu le service (chaînes sur les meubles, pas de porte au WC, filles errants le long des couloirs…tu connais…). Alors j’ai tenté de remonter la pente, toujours suivie par des psychologues, j’ai repris puis rechuté… Un beau circuit de montagnes russes qui ne ferait même envie au parc Eurodisney, voilà mon parcours ! Et c’est encore le cas aujourd’hui. Tu connais Monsieur Sahuc que j’ai rencontré mais aussi une psychiatre qui soigne depuis plus de 10 ans des patients souffrant de TCA et qui fait rentrer de l’humain dans le suivi. Et c’est dans sa clinique psychiatrique il y a 5 ans que j’ai été hospitalisée à ma demande (j’étais en danger dans le poids…) et j’y suis restée 6 mois. Ce sont 6 mois de reconstruction physique et morale où les conditions de soins étaient humaines. Depuis, cette femme a réussi à ouvrir une unité spéciale TCA. Chez moi, c’est surtout la Foi qui m’aide. Je suis catholique et j’ai toujours su que Dieu nous veut vivant et debout et qu’Il ne nous envoie jamais des épreuves sans la force qui va avec pour les surmonter. J’ai toujours pensé qu’il y a quelque chose à guérir dans les TCA qui relève de l’ordre du coeur et de l’âme… Qu’au-delà du visible corps, il y a avant tout une âme blessée à laquelle on doit proposer de l’amour. D’où ces thérapies vers lesquelles je te rejoins, comme la Pleine Conscience, ou encore la méditation ou la prière et l’eucharistie dans mon cas… C’est pour cela que ton message me touche : je te rejoins dans cette aide que tu mets en avant avec ces « anges-médecins » qui nous guident afin de retrouver goût à la vie et soulager nos blessures. C’est si rare de traiter les TCA ainsi et il y a encore beaucoup à faire pour détruire les clichés anorexique = ressemblance aux mannequins, caprices… Ne crierait-on pas d’horreur si un médecin prescrivait un doliprane à quelqu’un qui souffrirait d’un cancer ? Alors de la même façon, les TCA doivent avoir des soins spécifiques et adaptés ; certes, c’est plus délicat car il y a cette dimension de l’âme mais il faut avancer en prenant tout ce qui peut nous aider. Voilà un peu ce que j’ai dans le coeur Sabrina et bien d’autres choses encore mais que j’ai du mal à formuler, pardon. Je ne veux simplement pas que ma souffrance soit vaine. Je souhaite qu’elle serve à éviter à d’autres de tomber dans la maladie et que les yeux des gens se dessillent devant ces troubles afin de les soigner correctement, dignement et peut-être de les éviter. Je fais partie de l’association « SudTCA » de monsieur Sahuc et « Aile Papillon » du Dr Sultan, ma psychiatre. J’essaye dans mon travail de faire passer le message à des profs (je travaille dans le milieu culturel et j’ai souvent des contacts avec des écoles). Si je peux aussi t’aider à quoique ce soit, n’hésite pas, Sabrina. Je continue à te soutenir et à relayer tes infos en espérant peut-être réussir à organiser une conférence dans le Sud un jour ?… Un projet à réfléchir… Sache que tu es désormais dans mes prières afin que Dieu continue à t’aider et qu’Il veille sur toi. Pense aussi à prendre soin de toi. A très vite et n’hésite pas à me solliciter… Audrey Je n’ai pas hésité à solliciter Audrey en lui proposant de publier son témoignage. J’espère qu’il permettra d’allumer encore quelques Lumières. Et pour le projet à réfléchir… Avec plaisir Audrey ! J’ai écrit un article sur le fait de savoir accepter la critique dans lequel j’explique que je sais reconnaître mes torts mais que je préfère quand j’ai raison… Or si vous ouvrez les premières pages de L’âme en éveil, vous pourrez lire que j’ai été surprise d’une réponse des soignants lors de ma première hospitalisation en service spécialisé : « le jour où l’on s’en sort, on ne veut plus rien avoir à faire avec ça et l’on ne souhaite plus en parler ». Je connais à présent des anciens usagers passés du côté des soignants (certains faisant partie du réseau de l’association), et je ne compte plus le nombre de « Combattantes » impliquées dans la lutte, avec leurs moyens certes mais avec un même objectif : faire avancer les choses. Cela vaut bien un « à méditer » en guise de conclusion… Sabrina Anorexie : l’isolement en psychiatrie vu par Sabrina C’est peut-être un signe, le jour de l’anniversaire de maman est paru un article intitulé « Anorexie : il faut arrêter d’isoler les jeunes de leur famille » sur le site www.pourquoidocteur.fr Impossible pour moi de rester sans réaction sur ce sujet qui me tient à cœur. Les circonstances semblent réunies pour m’expliquer une fois pour toute sur ma fameuse colère. En espérant que mon message sera entendu… (photo :Paul Guirraud Villejuif, 2007) L’article revient sur le fait que pendant longtemps les médecins ont estimé qu’il fallait isoler les adolescentes anorexiques de leur famille. On reconnaît à présent, études à l’appui, que c’est faux. En tout cas qu’il convient d’y recourir de manière adaptée. Le Dr Xavier Pommereau, responsable du Pôle Aquitain de l’Adolescent au Centre Abadie (CHU de Bordeaux) confirme : « L’isolement familial pouvait atteindre plusieurs mois voire des années. On a beaucoup de mal à faire passer l’idée qu’on est délétère pour les familles et pour les jeunes ». L’idée a déjà fait du chemin mais comme il le fait à juste titre remarquer elle est encore loin d’être admise par tous. On pense parfois à tort que je suis « fâchée » et très en colère après la médecine. Après un type de médecine oui c’est vrai. C’est en cela que la présidente d’association que je suis essaie de collaborer au mieux avec les différents acteurs impliqués dans la lutte contre les troubles alimentaires et que je milite pour le recours à des techniques encore trop peu répandues à mon goût. Pas dans certains services où il faut croire que le recours à l’utilisation massive de psychotropes est toujours privilégié plutôt que des voies qui ont pourtant démontré une grande efficacité. Je pense à la Méditation de Pleine Conscience mais pas seulement. Pour en revenir aux avancées faites en matière de prise en charge des TCA, elles sont réelles. Aujourd’hui on implique davantage les familles dans la démarche de soin. J’ai intégré une fédération dont le discours me convient. Je n’oublie pas les recommandations faites par la Haute Autorité de Santé ni le consensus international sur les soins ou le rapport au Sénat. Cependant, est-ce « Parce que » des professionnels travaillent pour améliorer la prise en charge, que l’on doit se garder d’évoquer les expériences douloureuses de malades qui pêchent par le fait de ne pas avoir la chance d’être accueillis dans une structure adaptée et qui se retrouvent parfois parqué(e)s dans des services inaptes à les accompagner ? Les soignants les plus honnêtes le reconnaissent volontiers, se sentant démunis ou dépassés. D’autres, pour tout un tas de raisons, ne voudront pas le reconnaître. Et peuvent alors faire vivre un véritable drame à la malade mais aussi à la famille éjectée du processus de soin. En adoptant une posture d’autorité, en fermant le dialogue et en ne donnant pas d’explications sur les choix qui sont faits « dans l’intérêt du malade ». Parfois il en faudrait pourtant peu pour que la famille comprenne ou que la jeune finisse par entendre raison… Malgré ce que l’on sait de la phase de déni et le manque de recul, je reste persuadée qu’avec amour et douceur on peut soigner le symptôme sans heurts. Même dans un univers peu engageant a priori. En se sentant écoutée et comprise il sera plus facile pour l’anorexique d’accepter la nourriture qu’on lui propose. J’ai encore du mal à comprendre que certains ne voient pas qu’ils se contentent de servir de la colère en boîte, sans imaginer les conséquences à moyen ou long terme sur le psychisme de la malade. On ne peut tout de même pas fermer les yeux sur le nombre de rechutes (combien font « ce qu’il faut pour qu’on les laisse sortir ? »), de suicides ou de personnes traînant un mal être dont elles ne se débarrasseront peut-être jamais. Pour en avoir rencontré, des personnes « guéries » d’après leurs médecins, croyez-moi cela fait mal au cœur. A ces professionnels de santé je le dis clairement : je ne pense pas que les signes de la guérison sont d’avoir un poids normal et/ou des enfants ! Difficile de se mettre d’accord sur le terme guérison. Pour cela je suis tranquille, je ne l’utiliserai pas, quand bien même j’estimerai pouvoir le faire. Ainsi j’ai parfois l’impression qu’il faudrait « taire » les loupés ou les choses qui peuvent encore être améliorées. C’est là que se situe ma colère : je suis capable de relever ce qu’il y a de « positif » comme de dénoncer ce qui mérite de l’être à mon sens. Le « pas de vague » et le discours prémâché me fatigue. Mettre de côté les problèmes ne permet pas de s’y attaquer je pense et je suis aussi contente de voir certains médecins capables d’avouer leurs limites, les lacunes et les aberrations de certaines prises en charge… Dans une optique d’amélioration globale et dans l’intérêt des patients. J’ai été hospitalisée un an en hôpital psychiatrique dans des conditions plus strictes que l’isolement dont on parle lorsqu’on évoque l’isolement des anorexiques dans les services spécialisés. Pas de livres, de télé, d’accès aux toilettes (bien sûr), attachée au lit, gavée 8h par jour, pas de suivi psychologique et souvent restant la seule patiente enfermée dans sa chambre d’isolement à l’étage tandis que tout le monde (patients, soignants) descendaient en salle commune ou au jardin l’aprèsmidi. Plus de bruit, plus de « vie », seul le bruit du tic-tac de ma sonde naso gastrique et des craquelures à fixer au plafond. Mon hospitalisation remonte à il y a 7 ans seulement et si je me suis lancée dans la lutte contre les troubles alimentaires en créant une association c’est aussi pour éviter à d’autres familles de vivre ce que nous avons vécu moi et mes proches. Je suis bien sûr aux anges de collaborer avec des « anges », de connaître des Dr Lienard, Dr Pommereau et d’autres, mais je n’oublierai pas la haine et le mépris que j’ai pu voir dans les yeux de certains professionnels qui se sont occupés de la malade à mater que j’étais. D’autres médecins ne semblent pas au fait des avancées dont je parlais ou ne pas les prendre en compte et ne font pas le travail sur eux que suggère de faire le Dr Lienard dans son livre « Pour une sagesse moderne ». Cela aboutit la plupart du temps à un échec de la prise en charge et dans le pire des cas cela peut dessécher une âme… J’essaie de porter un regard objectif sur ma propre histoire et je suis parvenue à expliquer bien des choses. Certaines choses ne s’excusent pas, même avec le recul et la maturité. Il faudra certainement des années de pratique de la Méditation de Pleine Conscience pour espérer guérir les blessures… La médecine m’a sauvée physiquement, mes « anges » m’ont donné la force de réapprendre à vivre J’aimerais parler en tant que Sabrina « Auteure », en tant que personne. Je le précise car cela évitera qu’on me reproche de ne pas savoir me dissocier de l’association. Je crois avoir déjà beaucoup écrit sur cette colère. J’apprécierai que l’on me laisse tranquille avec, après tout j’ai le droit d’être en colère. Du moment que j’essaie d’en faire quelque chose d’utile et qu’elle ne m’empêche pas d’être heureuse. Je reconnais que ce n’est pas toujours facile pour moi de ne pas me laisser envahir par les émotions et que je me rappelle de temps en temps à l’ordre lorsque je vois que la colère « destructrice » reprend le dessus au risque de voir mon travail compromis pour améliorer les choses. Je parlais de conditions réunies pour écrire ce billet. Effectivement, je témoigne mardi 30 septembre lors d’un Colloque organisé par la Maison des Usagers de l’hôpital Sainte-Anne à Paris et destiné à faire un état des pratiques. Autant lorsqu’on m’a proposé de témoigner j’ai immédiatement accepté et j’étais ravie : preuve que mon vécu peut aider des professionnels à s’améliorer. Des professionnels qui se disent prêts à se remettre en question et à écouter ce qui leur vient « de l’extérieur ». Rappelons le, c’est n’est qu’ensemble (patients, familles et médecins) que nous trouverons la Lumière. En réalité j’ai été secouée par cette histoire de Colloque. Je m’explique… Cela fait des années que je travaille sur moi. J’ai avancé, j’ai grandi, j’ai évolué. Et surtout j’ai compris. J’ai admis beaucoup de choses et je suis maintenant capable d’entendre et de comprendre des choses au sujet de l’isolement ou de l’Hospitalisation sur Demande d’un Tiers que je n’aurai pu comprendre il y a quelques années, folle de rage comme je l’étais. J’ai su dire merci, pardonner ce qui pouvait l’être… J’ai eu droit à quelques éclaircissements au cours d’une conversation téléphonique avec le psychiatre de l’époque. Trop de blancs persistants, j’ai mis de l’amertume sur cette affaire et j’ai poursuivi ma route. Je ne sais pas si c’était totalement conscient mais je me refusais à me pencher sur le côté juridique et réglementaire de mon HDT. Peur de ce que j’aurais pu découvrir. Ou le sachant déjà en partie… Cela n’a pas loupé lors de la réunion de préparation de ce colloque. Je me suis tue mais j’ai compris certaines choses. Et sans creuser le moins du monde le peu que j’ai entendu a suffi à raviver la colère. Colère que je ne tourne pas spécialement contre l’équipe soignante de l’époque, j’ai compris qu’ils ont fait ce qu’ils pouvaient sur le plan médical. Colère provoquée par l’injustice. Des progrès sont faits du côté des instances que j’ai mentionnées, des lois existent également. Et notamment la loi du 4 mars 2002 relative aux droits des malades… Je ferai un retour sur l’après Colloque, en attendant j’ai surmonté la tempête et je reste persuadée que mon témoignage peut faire avancer des choses. Concernant les répercussions personnelles je fais ce qu’il faut et je suis entre de bonnes mains. Je fais des efforts pour comprendre les positions de chacun, jouer un rôle de médiateur, orienter les malades et espérer la meilleure entente possible entre tous, j’aimerais qu’en retour on fasse l’effort de reconnaître que ma colère n’est pas un caprice et qu’elle soit respectée pour ce qu’elle est : une réaction normale provoquée par l’injustice. Je n’ai besoin d’aucune loi pour ressentir cette injustice dans toute sa force et bien sûr je ne m’embêterai pas à chercher réparation car cela n’effacera pas le traumatisme et ne me rendra rien de ce que j’ai perdu cette année-là. Je témoigne d’un cas particulier. Je me suis efforcée de montrer qu’il ne faut pas en faire une généralité. Lire ces propos du Dr Pommereau me fait du bien car cela me rappelle qu’il existe des « anges médecins ». Ceux qui partagent ma conviction que l’anorexie n’est pas qu’un problème de poids. Que soigner le symptôme est indispensable et que pour cela l’isolement parfois nécessaire sur une courte période mais qu’aider une anorexique à (ré)apprendre à vivre va bien audelà. J’ai été soulagée de voir que l’article que j’ai écrit sur le livre du Docteur Yasmine Lienard, « Pour une sagesse moderne : je suis pour docteur » lui a plu. Mieux que cela, il m’a valu le fait de me voir appelée « ange » moi-même ! Elle l’a immédiatement partagé accompagné de ces mots : « Jamais personne n’avais parlé de mon livre et compris son intention ainsi. Il fallait que ce soit une de ces âmes combatives dans la douleur. Sabrina vous m’avez touchée et je vous souhaite la libération de toutes vos peurs. Merci » Je ne suis pas la seule à avoir compris son livre, j’ai pris la peine de l’écrire tout simplement. Je sais au fond de moi que ce médecin a aidé bon nombre d’anorexiques en prenant le temps de les comprendre. Les « anges » comme elle ne sortent pas ce genre de perles : » Vous n’êtes pas à un poids critique mes patientes se retrouvent hospitalisées à 36kg.. Reprenez rendez-vous quand vous irez si mal… » Ceci est une perle de médecin dont une Combattante m’a fait part mais il y en a tant d’autres ! Comme le dit un ami thérapeute : « On préfère les perles du bac, elles sont moins dangereuses ». Ainsi on m’a dit de ne pas faire de mon cas une généralité et je suis d’accord. Toutefois, il se passe rarement deux jours d’affilés sans que je ne sois informée d’une situation bloquée, sans que des parents m’appellent pour me faire part de leur désarroi et leur colère, sans que des malades me disent se reconnaître dans mes écrits ou être dégoûtées de la médecine… Je n’ose croire que ces cas soient uniquement des cas isolés qui s’adresseraient tous à ma jeune association. Il apparaît donc clairement qu’il y a encore un fossé entre certains discours/la théorie et ce qu’on constate sur le terrain ou dans la misère de certains hôpitaux psychiatriques. J’écoute les conseils et je me garde de faire des généralités, je témoigne de réflexions émanant d’un vécu personnel et ces réflexions méritent que l’on y prête attention je pense… Je disais en introduction que j’espère être entendue dans ce message. En réalité c’est déjà le cas et je suis entendue par de nombreux professionnels. J’ai donc bon espoir. Mon souhait est de voir de plus en plus d’informations de ce type (je parle de l’article de pourquoidocteur.fr) qui explique bien le rôle des soignants… Et replace le rôle des parents/de la famille, tout en les déculpabilisant d’ailleurs. Donner la parole à ces professionnels est une très bonne chose Et moi, je continue de donner la parole aux personnes restées en marge d’une prise en charge adaptée car si nos associations ne la leur donne pas qui d’autre le fera ? Ces témoignages et retours d’expérience permettent notamment aux professionnels de mieux comprendre qui ils soignent ou de prendre conscience de leurs erreurs pour ne pas les reproduire. Je suis contente de voir que certains vont de le même sens que ce que je viens de dire. Je vois les évolutions. J’aime aussi entendre mes « Combattantes » parler en bien de leurs hospitalisations. Comme « Missbidi Bidibulle » qui déclare : « sur Bordeaux je suis tombée sur un médecin exceptionnel qui a pris le problème à l’envers m’a laissée ma famille. Il m’a sauvé la vie et je ne pourrai jamais assez le remercier ». Je remercie pour ma part tous mes anges, ils se reconnaîtront. Ce billet ne va peut-être pas plaire à tout le monde mais j’ai cessé de le vouloir à tout prix. Même pas à mes parents que j’adore mais à qui je me permets d’adresser un reproche au final. Ils ont beau avoir des tas de (bonnes) raisons pour s’être comporté ainsi et pour continuer de dire qu’ils « ont fait ce qu’ils pouvaient ». Ils bénéficient du fait qu’ils ont effectivement été tenu à l’écart ou culpabilisés et qu’ils n’ont pas eu accès à toute l’information. Du fait que leur propre éducation les empêche de se révolter comme d’autres le font pour leurs enfants victimes de violences ou d’injustice. Du fait qu’ils étaient sans doute à bout et usés par la maladie comme d’autres parents que je côtoie à présent et qui me permettent de mieux comprendre ce par quoi sont passés les miens. Au final il n’en reste pas moins qu’ils ont démissionné. En tant que fille et en tant que malade c’est le reproche que je leur fait. Au risque de déplaire donc, j’opte en tout cas pour la sincérité et je ne crois pas que mes propos soient violents malgré le fond de colère. Grâce au travail sur moi, grâce au développement de mon sentiment de Compassion et l’aide que je reçois, je suis ok avec cette forme de colère. Je l’appellerai ma « bonne colère ». Lors d’un groupe de parole à Clamart nous avons parlé de la Méditation (ainsi que de l’hypnose et d’autres approches) et on m’a posé des questions pour comprendre ce qu’est la Pleine Conscience. J’ai su en expliquer les grandes lignes mais n’étant pas « experte » je manque encore de précision. J’ai en tout cas su vendre le concept il faut croire puisque deux participantes vont s’inscrire à des rendez-vous où je me suis moi-même inscrite (il faudra que je pense au statut VRP…). Le Dr Yasmine Lienard en parle avec facilités, étant elle-même très avancée dans la pratique et ordonnée dans le Bouddhisme. Je vais donc la citer à nouveau mais je commencerai par rappeler que j’affirme dans L’âme en éveil faire de l’authenticité mon maître mot à présent. Lorsque je lis ceci je suis bien sûr aux anges : « Si l’on parle de bonheur, peut-on parler d’autre chose que de sagesse ? Il ne s’agit pas bien sûr du bonheur transitoire, mais d’un bonheur durable comparable à la joie de vivre. Le bonheur serait la sensation d’être. Le bonheur serait donc l’authenticité. […] Disons que le bonheur ce serait d’être dans la vérité. Et chercher à être dans la vérité nécessite bien sûr un effort de réflexion et d’analyse. Et cela s’apparente à la démarche philosophique. Mais ce n’est pas seulement la pensée logique cartésienne qui nous permet d’accéder à la vérité. La vérité est sous nos yeux et par une réelle présence, nous la percevons. La méditation est donc une voie cruciale pour cela ». On comprendra certainement mieux encore en quoi le livre du Dr Lienard m’a profondément touchée. Il me semble que je m’efforce dans mon ouvrage de mener une véritable réflexion philosophique autour de mon anorexie qui dépasse de loin une simple perte d’appétit. Je parle d’anorexie mystique, de spiritualité… Ma vérité est là : une soif d’amour et des idéaux très forts. Je parle de la Méditation que j’envisage comme étant l’unique voie qui me permettra de m’apaiser, d’accepter et me débarrasser de certains encombrements intérieurs. Mon intuition semble confirmée par ce que dit le Dr Lienard en tout cas. Alors j’y travaille… Comme un article signé Sabrina sans provoc n’aurait pas de sens, je conclurais par ceci : je suppose qu’en psychiatrie c’est un peu comme partout. Il doit y avoir le « fast food de la psychiatrie » comme le 3 étoiles… Pour en avoir parlé je sais que l’hôpital où j’ai été internée n’a pas bonne réputation. C’est peut-être un pot-pourri composé de barges encore plus barges que dans les autres lieux de barges…( ?) Sabrina Ps : après publication je n’aurai peut-être plus qu’à changer de métier…ou aller méditer ! J’opte toujours pour l’option B (pour le métier je m’en remets à mes anges). A lire également : Article sur « l’usage abusif de l’isolement dans les hôpitaux psychiatriques français » (journal Le Monde) L’hospitalisation vue par une anorexique : le témoignage d’Alice La vie t’appelle (au sujet de mon hospitalisation en HP) Source : blog psychologies.com. Retour d’expérience d’une jeune anorexique en rémission Malade, j’ai dû me rendre aux urgences de ma ville. J’ai été très bien accueillie mais le personnel soignant était démuni face à cette maladie qu’ils ne connaissent pas. Ils n’ont d’ailleurs pas pu me garder malgré un IMC très bas. J’étais alors suivie par mon CMP qui ne savait absolument pas gérer les choses. Aucun psychologue ou psychiatre ne connaissait les TCA et j’y allais pour parler, sans vraiment trouver de clé pour avancer et sortir de cet enfer. Ma généraliste ne connaissait pas non plus la maladie mais a été vraiment extraordinaire. Elle m’a tout de suite diagnostiquée et prescrit tout le nécessaire pour guérir à domicile (prises de sang, compléments oraux, contacter le CMP, certificat de sport …) Malheureusement j’ai tout de même dû être hospitalisée et ça a été un vrai parcours du combattant pour trouver une structure capable de m’accueillir. J’avais passé 18 ans et les services pour adultes se font très rares. De plus mon IMC étant trop bas, personne ne voulait prendre le risque de me prendre. De toute façon les listes d’attente étaient très longues ou – pire – c’étaient des cliniques privées hors de prix ! Bref, j’ai commencé les démarches en janvier et j’ai été hospitalisée en mars, mon poids ne cessant de chuter dangereusement pendant cette période. J’ai été hospitalisée à l’hôpital Raymond Poincaré 1 Garches (92) dans le service de nutrition clinique et je peux dire qu’ils m’ont sauvé la vie. Les médecins étaient vraiment à l’écoute, tout comme les aides-soignantes et infirmières qui était toujours là en cas d’angoisse ou de baisse de moral. La diététicienne était vraiment formidable, nous voyions ensemble une fois par semaine comment augmenter petit à petit les portions sur les plateaux (ajout de légumes puis féculents puis sucre et MG puis entrée puis viande, puis pain, réintégration d’un petit déjeuné normal). Elle restait parfois à mes côtés lorsque le plateau arrivait pour me rassurer, pour pouvoir arriver à l’objectif de me nourrir. Je pouvais choisir mes menus du jour pour le lendemain. Il y avait du choix. Au début c’était sonde exclusivement. Les psychologues étaient géniaux et j’ai d’ailleurs – grâce à eux – pu trouver des raisons à ma maladie. La prise en charge était plutôt basée sur la prise de poids davantage que sur l’aspect psychologique et l’approche corporelle (malgré les 2 groupes d’activités : art créatif et revue de presse). J’avais un contrat de 1kg par semaine, et un objectif de poids à atteindre pour pouvoir sortir. Les règles étaient très strictes et je les ai assez mal vécues : wc et fenêtres verrouillés, hublot sur les portes : zéro intimité. Une heure de téléphone par jour, visites contrôlées, pas de sortie de chambre, repas contrôlés, temps de douche contrôlé, pesée 2 fois par semaine … J’avais donc l’impression d’être une fugitive. Les journées étaient longues et en dehors de la télévision ou du coloriage le temps me paraissait long. Les quelques groupes que l’on avait me rendaient le plus souvent mal à l’aise car je me retrouvais confrontée à d’autres filles malades (de plus, en dehors des groupes nous n’avions pas le droit d’avoir de contact avec les autres patientes) et cela me renvoyait à moi- même. Cependant, plus je prenais du poids et plus les règles s’assouplissaient et j’avais le droit à des permissions ou davantage de visites. C’était un peu le système récompense /punition, même si personne ne se l’avouait là-bas… J’y suis restée 3 mois 1/2. À ma sortie on m’a envoyée en hôpital de jour à sainte Anne, et je n’ai pas du tout accroché avec les règles (repas en groupe, menu unique, groupe de parole…). Je n’avais pas envie de me retrouver confrontée à d’autres malades alors que je commençais à sortir la tête de l’eau… De plus je n’avais pas accroché avec la psychiatre qui dès la première visite m’avait prescrit des antidépresseurs ! De ce fait je n’y suis jamais retournée et je continue de ce fait mon suivi seule… Je pense que beaucoup de médecins ne comprennent pas cette maladie : nous sommes considérées comme des menteuses, des tricheuses, et le fait de nous couper du monde, de tout, et surtout de ceux qu’on aime n’est pas une solution. Bien au contraire même puisque nous avons tant besoin de soutien et de l’amour de nos proches. En résumé, ce qui me semblent bien : Des soignants à l’écoute et bienveillants, une réintroduction de l’alimentation orale solide progressive qui va en fonction de nos capacités. Les points à éviter : Des règles trop strictes et une prise en charge basée essentiellement sur la prise de poids qui personnellement m’a fait me sentir parfois comme une oie qu’on gavait. Camille Sport et TCA : Interview de Juliette, coach sportive et ancienne malade Juliette, c’est ma coach de Attack (mais pas que). Une fille extra, dynamique, qui met le feu pendant les cours. Du moins c’était ainsi jusqu’à ce fameux jour où nous avons fait plus amplement connaissance suite à quelques péripéties (mon directeur de salle saura ce que j’entends par là). Aujourd’hui elle témoigne et répond avec gentillesse à mes questions car elle soutient l’association et m’a également écrit un témoignage suite à la lecture de L’âme en éveil qui lui a parlé… en tant qu’ex malade. Sabrina : Déjà un grand merci. Pour avoir accepté de répondre à mes questions mais aussi pour tous ces moments merveilleux passés à tes côtés en cours de fitness. Pour commencer, peuxtu te présenter en quelques lignes ? Juliette : Merci à toi de m’avoir choisie, c’est un grand plaisir d’y répondre. J’ai 32 ans et voici mon parcours : J’ai fais des études de danse en Horaires Aménagés et passé mon Baccalauréat en parallèle. J’ai pratiqué cette discipline avec passion pendant 7 ans en me pliant aux exigences requises telles que la technique, la silhouette ou encore la rigueur de l’entraînement. Ce qui était passionnant au début est devenu de plus en plus pesant lors de mon passage en milieu professionnel, le tout étant pratiqué dans une ambiance malsaine qui m’à poussée à une reconversion. Suite à une déprime due à l’arrêt de ce métier, j’ai pris 20kg et me suis inscrite en salle de sport ou j’ai été encadrée par des professionnels très compétents qui m’ont transmis leur amour du métier de Coach. N’ayant pas encore la force ni l’envie de redémarrer une formation, j’ai retrouvé un poste de secrétaire dans un grand groupe qui m’à permis d’évoluer de façon conséquente en l’espace de 6 ans (Secrétaire, secrétaire commerciale, commerciale puis ingénieur commercial). C’est à l’âge de 27 ans que je me suis sentie prête à me lancer. J’ai posé une demande de formation auprès de mon entreprise pour passer le diplôme de coach sportif que j’ai obtenu il y à 4 ans. Depuis, j’exerce ce beau métier avec l’envie d’aider chaque personne à atteindre ses objectifs personnels. Je privilégie le coté sport et santé de cette discipline y étant très sensible. Sabrina : Que représente le sport pour toi ? Est-il une condition sine qua non pour vivre de manière épanouie ? Juliette : Un grand oui ! Dans la vie d’un coach, il est très important de conserver un entraînement personnel afin de s’occuper de soi, car lors d’un cours ou d’un coaching nous sommes tournés vers les autres et ce n’est en aucun cas le moment de s’entraîner personnellement. Au-delà du métier, le sport reste indispensable à mon équilibre mental et physique. Sabrina : Tu m’as dit avoir souffert de TCA. Peux-tu nous en dire un mot ? Comment cela a commencé, comment tu t’en es sortie ? Ce que tu en penses aujourd’hui… Juliette : C’est vrai… Mes Trouble du comportement alimentaire ont débutés de façon marquante à la période où je préparais mon diplôme de Coach. Je m’étais mise en tête que pour entraîner, il fallait avoir le physique « parfait » sinon les adhérents n’auraient pas envie de me suivre. J’ai donc commencé à éliminer plusieurs aliments, puis des familles entières jusqu’à peser les Kcal contenues dans une tomate en fonction de son poids. Lors de ma première année de Coaching, je me suis blessée à une cheville : une fracture de fatigue à cause du calcium qui ne se fixait plus sur mes os (sans parler d’une aménorrhée totale et de la perte de cheveux). Le résultat à été l’arrêt de mon travail pendant 2 mois. C’est là qu’ont commencé mes crises de boulimie… Au fur et à mesure que le temps passait, je perdais des « amis » qui trouvaient que j’exagérais, ou encore m’inventais des problèmes. Ils ne me comprenaient pas, étaient démunis face à mon problème, très conscients qu’ils ne pouvaient pas m’aider à leur niveau. Forte de ces tristes constats et que les choses ne pouvaient pas continuer ainsi (j’avais envie de poursuivre une vie normale et surtout l’exercice de mon métier), j’ai pris rendez-vous avec une diététicienne spécialisée dans les Troubles du comportement alimentaire. Celle-ci m’à fait faire des exercices sur cette base et a mis le doigt sur l’aspect psychologique et la pression que je me mettais. Je m’en suis sortie il y à 2 ans et c’est avec grande fierté que j’en parle librement aujourd’hui. Sabrina : Je donne une conférence sur le sport et les TCA. Concrètement, en tant que coach, quel est ton avis sur cette question de santé publique ? Il est difficile d’interdire l’accès aux salles de sport même si certaines demandent un certificat médical… Que peuvent faire les coachs pour aider les malades ? Juliette : C’est malheureusement un fléau qui touche de plus en plus de personnes, les hommes comme les femmes. En effet, le certificat médical n’est pas toujours exigé lors de l’inscription en club de sport, mais sans celui-ci, les inscrits prennent le risque de ne pas être assurés en cas d’accident. Notre rôle de Coach se limite à la surveillance, et aux conseils sportifs d’entraînement. Bien entendu l’aspect humain de ce métier nous permet d’écouter et de communiquer avec les adhérents. Si ces derniers veulent nous confier leurs problèmes, nous sommes là pour les écouter et cela est très courant. Dans le cas des troubles du comportement alimentaire, il est rare que les clients viennent se confier à nous malgré la relation de confiance que nous essayons d’instaurer. Sabrina : As-tu déjà été confrontée au problème à la salle ? Juliette : Oui et non. Je vois toutes les semaines viennent de façon excessive à la salle : pratiquer jusqu’à quatre fois par jour (le chaque repas) et passent plusieurs heures des personnes qui celles-ci peuvent plus souvent après sur des machines à activation cardio-vasculaire. Etant donné que ces adhérents restent des personnalités très réservées (il est difficile d’obtenir un « bonjour » ou un « au revoir »), il m’est très compliqué de communiquer avec eux. Mon rôle se limite donc à veiller sur eux avec une attention particulière. Sabrina : Tu es encore jeune mais comment envisages tu l’avenir ? L’après-carrière, les projets… Juliette : Tout d’abord merci de me considérer comme jeune Je suis consciente que je ne pourrais pas rester Coach toute ma vie. Dans un premier temps car ce métier nécessite un investissement physique important et comme le dit le dicton « on n’a pas tous les jours vingt ans », et dans un second temps car il est possible mais très compliqué de fonder une famille en parallèle (grossesse, horaires décalées etc…). Donc j’envisage mon avenir sereinement, j’ai déjà fait beaucoup de choses je sais que je devrais me reconvertir pour un autre métier comme le commerce mais j’espère tout de même rester dans le milieu du sport pour exercer. Sabrina : Tu as lu mon livre témoignage et je te remercie pour le magnifique mot que tu as écrit dessus. Qu’est-ce qui t’a le plus interpellée dans ce livre ? Juliette : Ce qui m’a le plus interpellée dans ton livre c’est ton hospitalisation et la démission de certains médecins face à ce fléau. Sabrina : Parfois je me demande d’où te vient ton énergie… Peut-être allons-nous le savoir avec cette réponse : quelle est ta citation ou devise préférée ? Et pourquoi ? Juliette : Mon énergie n’est que le reflet de ma passion pour mon métier et dans cette optique je te dirais que « Mon plus beau salaire est votre sourire » (celui de mes adhérents). L’une de mes phrases préférée est : « La vie est comme un miroir, si tu lui souris, elle te renvoie ton image ». Cela résume beaucoup de choses. Sabrina : Un dernier l’association ? mot pour nos lecteurs, envers Juliette : Mon combat a été de m’accepter comme je suis. Je ne serais jamais parfaite (qui l’est vraiment?) et ma plus grande victoire a été d’apprendre à être moins exigeante avec moimême et ce pour une vie actuelle plus épanouie. J’aimerais dire que quelque soit la cause des troubles alimentaires, le plus important est de rester soi-même et de comprendre que chacun d’entre nous à un rôle sur cette terre. En résumé : Ne baissez jamais les bras ! Encore merci Juliette. Je sais que tu répondras présente lors de futurs rendez-vous et je suis très fière de ton soutien. Tu connais mon attachement au sport… Le « combat d’une anorexique pour sa renaissance » c’est grâce à des personnes telles que toi qu’il prend tout son sens. Sabrina TCA : l'impact sur la famille La rentrée, son lot de surprises, les activités qui reprennent (à toute vitesse pour l’association…). Je m’y attendais mais j’ai même parfois du mal à « me suivre moimême » ! Compliqué pour ma famille également. J’ai partagé certaines réflexions concernant notre parcours (celui de ma famille) sur les réseaux. D’où ce billet… Je ne souhaite qu’une chose : que notre vécu soit utile à d’autres. Sans entrer dans les détails sordides ou le déballage de linge sale. En espérant également que d’autres personnes accepteront de témoigner et que ma démarche libère la parole pour certains. Ce billet concerne une affaire familiale. J’ai envie d’écrire, pour une fois en public, quelque chose sur ce qu’a vécu ma famille et les répercussions de tout cela encore aujourd’hui. En réaction à différents commentaires postés suite à la publication du témoignage d’Alice. Comme le dit ma maman, de nature très discrète et on peut comprendre qu’elle ne souhaite pas communiquer à outrance sur les réseaux, « c’est l’enfer pour les parents ». Oui j’ai vécu l’enfer. Oui ma FAMILLE a vécu l’enfer. Je me répète certainement mais nous (en tout cas les personnes plongées dans l’univers impitoyable des TCA) le savons : la maladie impacte tout le système familial. Toutefois j’ai envie de nuancer les choses. Notre parcours (je parle de celui de ma famille) est tout de même atypique. Et heureusement cela ne se passe pas toujours comme cela. Les choses évoluent. La prise en charge des malades également. La famille est à présent impliquée dans la démarche de soin. Plus qu’avant en tous les cas et nous travaillons en ce sens. Les usagers sont davantage écoutés et je suis honorée qu’on me permette de venir témoigner devant des professionnels bienveillants qui cherchent à améliorer les choses et mieux comprendre les TCA. Beaucoup reste à faire certes… Je n’ai pas eu la chance de rencontrer des professionnels capables d’entendre ma souffrance et celle de mes proches. J’ai échappé également au système de soin pendant de longues années après avoir gâché ma chance dans un service spécialisé. D’où le fait que je milite pour une prise en charge précoce (la prévention également mais dieu que c’est compliqué). La durée moyenne pour sortir de l’enfer est de 2 ou 3 ans, et non pas 15 comme ce fut le cas pour moi. J’ai rencontré les bonnes personnes tardivement, j’ai mis du temps à m’entourer. Aujourd’hui je suis entre les meilleures mains qu’il soit et je peux enfin travailler sur mes pollutions et tenter de m’apaiser en pratiquant la Pleine Conscience. Je dirais que j’ai même une armée d’anges qui m’accompagne et je les remercie tous les jours. Nous avons du boulot eux et moi… Nous nous sommes fait du mal (inconsciemment). Mais nous nous aimons. Ma maman tient à la discrétion (avec une fille qui publie un livre et qui est très active en ligne elle est servie…) mais je sais qu’elle garde un oeil sur mes activités. Mon papa s’implique dans l’association. Je n’en demande pas plus (même si le témoignage des proches est important pour faire avancer les choses) et c’est pour moi le gage qu’ils soutiennent ma démarche (je dirai « malgré tout »). Je respecterai toujours le choix de mes parents. Je ne leur souhaite que de profiter de leur vie à présent, et de leurs petites filles qui nous apportent des rayons de soleil. Ils méritent de souffler après toutes ces années. Et quelque soit leurs choix, il restera un fond de souffrance pour tout le monde. C’est ainsi, on ne peut revenir en arrière, on ne peut que cicatriser au mieux grâce à l’Amour. Love spirit powaaa Je fais du ménage sur Facebook. J’ai travaillé longtemps pour cela mais aujourd’hui mon profil dédié à l’association compte 548 amis (du moins 547 si on retire le corbeau sans doute infiltré, mais lui c’est au commissariat de la ville de s’occuper de son dossier). 248 personnes suivent maintenant cette page et 390 celle de l’association. Je sais au moins que tout ce monde envoie de l’Amour à ma famille. Mon profil « perso » est amené à fermer ou en tout cas je n’y serai plus très active (hormis les pushs de mon twitter perso qui est synchronisé dessus). C’est avec (presque) la larme à l’oeil que j’annonce cette fermeture. Depuis mon « réveil » en ligne, tant de rigolades sur ce profil… Je remercie tous mes amis virtuels qui m’ont tellement aidée ces dernières années et suivi beaucoup de mes états d’âme. Il paraît que je poste beaucoup. Trop. Certains parlent « d’énergie connue sur la place publique » (spéciale dédicace à ma thérapeute, en attendant la sienne en retour, livre reçu à 7h22 un matin merci UPS pour le réveil !). Outre le fait que je ne sais pas gérer la frustration – c’est bien connu -, tout cela avait du sens pour moi. De voir sur mon profil d’association « cohabiter » des malades, des soignants, des proches, des politiques, des thérapeutes en santé holistique et des personnes aussi perchées que moi spirituellement me réjouit. Des messages passent et à mon sens c’est ainsi que j’apporterai ma goutte d’eau à l’océan… J’inviterai donc mes amis proches à me rejoindre sur ce profil d’association. Je reste Sabrina, et bien que je me doive – en tant que présidente d’association qui souhaite assumer au mieux sa fonction – rester plus sérieuse, je souhaite également garder mon humanité et mon humour. Ce qui a peutêtre fait défaut aux professionnels qui ont croisé notre chemin… Il est possible d’aborder des sujets graves et complexes en gardant tout cela, sans tomber dans des discours formatés et prémâchés. En admettant ses failles, ses doutes et ses limites également. La liberté d’expression reste de mise mais j’en remets une couche : je me réserve le droit de supprimer tout commentaire qui ne respecterai pas la déontologie de Sabrina. Sans avoir à me justifier d’ailleurs. La journée de la gentillesse approche et il semblerait que dans l’actualité médiatique on s’intéresse à l’intérêt du web dans les TCA, aux relations (agressivité/amitié…) sur le Net. J’ai des choses à dire à ce sujet cela tombe bien… De toute façon si je vois des dérapages, en plus de mon amie la censure, j’appliquerai la fermeture des commentaires. J’ai du voir cela quelque part… (obligée de faire un clin d’oeil, mes « followers » comprendront). Pour clore ce dossier « famille », du moins en ce qui concerne la com’ publique car le reste nous le clôtureront entre nous, je le dis ouvertement : je suis fière de mes parents. Mon père et ma mère ont lu mon livre, tous les parents ne l’auraient peut-être pas fait. Nos reproches respectifs n’enlèvent rien à l’amour qui nous unit et je le leur rappelle : je vous aime. J’écris souvent au sujet de ma colère. Mes parents le sont également. Et il y a de quoi. Tout comme le sont de nombreux proches encore « éjectés » du processus de soin. Les choses évoluent. Lentement peut-être, en tout cas pour une Sabrina impatiente et qui aimerait que tout aille vite. Une Sabrina qui ne sera jamais satisfaite du fruit de ses efforts mais qui s’emploie à fond pour la cause qu’elle défend. Avec coeur. Mais il paraît que je ne dois pas parler du coeur… Avec le coeur on peut faire du mal (j’ai retenu le cours de philo express reçu récemment). Alors peut-être que le coeur et le discernement sont une bonne formule. Je ne sais pas et je reste demandeuse de l’appui et des conseils des professionnels dont nos associations ont besoin. Tout comme ils ont besoin de nos associations. C’est ensemble, et pas autrement que des solutions verront le jour. J’espère que mes lecteurs salueront la démarche : c’est tout de même une écorchée vive qui a du faire un très gros travail sur elle qui peut aujourd’hui écrire ces lignes ou lire (et comprendre) des réponses à mes interviews que je n’aurai pu admettre il y a encore quelques années. Oui il existe des médecins et des psy formidables. Oui je suis fière de collaborer avec eux. La question reste posée : sont-ils de simples médecins ? J’ai des doutes… Il y a quelque chose d’angélique parfois dans leurs propos. Je mène l’enquête et je terminerai simplement remerciant à nouveau de leur soutien. en les Tout comme je remercie toutes les personnes qui auront eu le courage de lire cette prose d’ailleurs Et d’accepter…sans juger. Sabrina Source : blog psychologies.com. L'hospitalisation vue par une anorexique Voici le témoignage d’Alice une jeune adolescente hospitalisée pour anorexie et transférée à diverses reprises dans différentes structures. Je lui ai demandé de me raconter ce qu’elle trouve bien et/ou moins bien dans les services qu’elles connaît à présent. Témoignage retranscrit tel quel… « Alors, pour les points positifs : dans certains services que j’ai pu fréquenter il y avait une bonne relation patients/soignants ce qui aidait beaucoup à se sentir en confiance et aidait beaucoup niveau soutien. J’ai connu aussi un soin-étude où il y avait grande liberté de sortir se promener et de nombreuses sorties et activités organisées ce qui permettait de ne pas se sentir à l’hôpital mais plutôt dans un internat . Les points négatifs maintenant : dans la plupart des services que j’ai fréquentés la prise en charge était surtout portée sur la prise pondérale frôlant même parfois le « gavage d’oies » plutôt que sur un travail d’acceptation de soi et de son corps . La plupart des services aussi fonctionnent sur le mode punitions / récompenses ou contrat de poids que je trouve personnellement débile et inapproprié . Ils ont souvent recours aussi aux antidépresseurs et anxiolytiques plutôt qu’aux médecines plus douces ou homéopathique qui provoquent moins de dégâts . Je trouve aussi personnellement qu’ils n’ont rien compris à cette « maladie » n’étant pas assez ouverts spirituellement ils ne la considère que sur un plan purement terrestre alors que je pense qu’il faut la voir d’un point de vue plus spirituel… Le principe aussi de couper la personne de tout contact avec l’extérieur et surtout la famille n’est pour moi pas une solution au contraire nous sommes en demande d’amour immense et on a besoin d’être à la fois au contact de son entourage (en tout cas moi c’est le cas) et de se nourrir spirituellement ET solidement (c’est à dire avec la nourriture ) et du coup empêcher la personne de lire, sortir , écouter de la musique etc est à mon avis tout l’inverse de la solution il faudrait plutôt pouvoir à la fois réapprendre à se nourrir « terrestre ment » tout en nous permettant de se nourrir spirituellement par exemple en mangeant dans un cadre naturel agréable (un parc, une forêt ou simplement avec des plantes ) ou en écoutants de la musique classique etc… Et ça à mon avis ils ne l’ont pas compris … Merci à toi de prendre de mes nouvelles et de t’intéresser ainsi aux prises en charge, ça fait presque un an que je suis ton association sur Internet et malheureusement je n’ai pas eu l’occasion cette année de me rendre à l’une de tes conférences mais j’attendais avec impatience qu’ils sortent ton bouquin à la FNAC pour l’acheter mais ils ne l’avaient pas reçu avant mon hospit mais merci pour tout ce que tu fais avec ton équipe ! » Alice Alice n’aurait pas précisé qu’elle vient juste de commander L’âme en éveil, j’aurai juré qu’elle l’a déjà lu… Encore merci à elle. Sabrina Le perfectionnisme : témoignage de Bénédicte Différents billets ont déjà été postés au sujet du perfectionnisme, un trait de caractère souvent très développé chez les anorexiques. J’ai moi-même témoigné dans le billet que j’ai intitulé « Mon témoignage au sujet d’une marque de fabrique de l’anorexie : le perfectionnisme« . Cette fois c’est Bénédicte qui a souhaité illustrer le sujet avec son témoignage. Merci à elles comme aux autres Combattantes qui m’ont donné de nombreux exemples permettant de mieux expliquer le lien « perfectionnisme / TCA ». Le perfectionnisme. Ce sujet ne m’inspirait pas outre mesure. Cependant avec les divers dossiers à rendre et les examens qui approchent à grand pas la perfection s’impose à moi. La perfection existe-t-elle vraiment? Est-il possible, en toute objectivité d’être ou de faire quelque chose parfaitement? … Non il y aura toujours quelque chose à améliorer. Pour autant cette quête infinie de perfection peut au final gâcher la vie. En ce moment la perfection m’oblige à relire 250 fois un dossier, à en traquer la moindre faute, la moindre virgule mal placée, la moindre tabulation mal alignée, pour se rendre compte qu’il y aura toujours quelque chose à changer. Puis cette phrase, moi je l’interprète comme ça…mais pas mon voisin…donc ça ne sera jamais parfait. Parce que quelque chose que je peux juger acceptable (jamais je ne trouverai mon travail parfait), ne le sera pas pour un autre. Alors tu réimprimes encore et encore; tandis que d’autres sont capable de corriger une faute au tip ex. La perfection c’est de me dire que non je ne serai jamais prête pour mes examens. D’une parce que je passe mon temps à bouffer au lieu de réviser, mais ça c’est autre histoire. De deux parce que de toute façon je me fixe la barre très haut (trop ?) haut. La perfection c’est rechercher l’excellence au quotidien. Et quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, ne jamais réussir à l’atteindre. Toujours cette barre fixée trop haut. Et du coup se dire qu’on est minable, pathétique (…tous les adjectifs dévalorisants possibles et imaginables). Une grosse merde quoi (non y’a pas de mot politiquement correct pour désigner cet état). La véritable question est pourquoi? Pourquoi vouloir être parfait à n’importe quel prix? Revenons en quelques instants aux prémices de mon anorexie… Aussi loin que je me souvienne j’ai toujours voulu être parfaite aux yeux de mes parents, comme pour rattraper ce pour quoi mon frère n’était m’a imposé ça. Est-ce enfant désiré et choyé mais pas moins aimé d’importance à leurs pas à la hauteur. parce qu’il est que j’ai cru que pour tant- je yeux? Pourtant personne ne né grand prématuré, moi -bébé non désiré n’avais pas assez En grandissant j’ai toujours été très en retrait, j’avais peu d’amis. Ai-je cru qu’atteindre la perfection me permettrai d’être acceptée de tous? – balivernes utopiques – les gens ont en horreur ce qui est parfait. Probablement parce que ça leur renvoi leurs propres imperfections. Toujours est-il qu’avec l’anorexie la quête de perfection a fini par devenir une obsession de chaque instant, rechercher l’équilibre alimentaire parfait, puis le corps parfait, l’acharnement du travail parfait… Tout devait être absolument parfait. Au fur et à mesure, dans la jouissance du symptôme on finit par se sentir tout puissant de réussir à se rapprocher à ce point de la perfection. On se sent habiter par une force incroyable parce que nous on arrive à maîtriser, à garder le contrôle sur une chose où la plupart des personnes échouent lamentablement. Bien évidemment tout ceci n’est qu’une chimère. Et le piège finit inexorablement par se refermer sur nous. Mais quand on le comprend enfin, il est déjà bien trop tard. Et l’enfer ne fait que commencer. Bénédicte (Vous trouverez d’autres billets sur le perfectionnisme dans la catégorie Témoignages du Blog) Euphrasie anniversaire : un bel 12 AVRIL … Voilà… Ce 12 avril, je fête mes 5 ans de guérison. 5 ans que j’ai repris mon premier repas, après avoir été esclave de l’anorexie durant 6 ans… J’en ai parcouru du chemin en 5 ans… J’ai parfois du mal à m’en rendre compte. A réaliser que tout ça est derrière moi, même si je ne suis pas complètement « réparée »… mais il ne me reste que quelques mois à patienter… Si les douleurs sont encore présentes, elles s’atténuent au fil des semaines. J’ai vaincu la dépression. Mes ordonnances s’allègent, et mon cœur aussi… La vie « normale »… j’en ai rêvé toutes ces années et elle me tend enfin les bras. Je vais bientôt m’y jeter à corps perdu! J’ai enfin l’autorisation de travailler et vais commencer le mois prochain. Ah! Mes chères études! Elles qui m’ont sauvées! La seule et unique chose à laquelle je me suis accrochée lorsque je pesais 25 kilos et ne pouvais quasiment plus monter les escaliers… Le seul objectif qui m’a permis de tenir… peu m’importait la suite… Je me revois, quitter les jurys le jour de ma soutenance, mon master 2 avec mention, des larmes plein les yeux… Je me revois 6 mois plus tard, hors de moi malgré le peu de force qu’il me restait, me dire: « Aujourd’hui, tu prends une décision. L’armoire à pharmacie ou le frigo. Quel que soit ton choix, tu iras jusqu’au bout ». J’ai choisi le frigo… Je l’ai parfois regretté, dans les moments les plus durs où l’espoir me quittait… mais l’espoir revient toujours. Toujours. Alors je me souhaite un joyeux anniversaire… et vais recommencer dans quelques jours pour mes 33 ans! Ne baissez jamais les bras. Même quand vous pensez que tout est perdu, que vous n’aurez pas le courage de faire LE pas en avant qui vous sortira de là. Si j’ai fait ce pas, c’est parce que je l’ai décidé. J’ai décidé de guérir pour moi. Et j’ai gagné. Témoignage d’Euphrasie recueilli sur le forum de psychologies (avec l’aimable autorisation de la miss pour le publier) Assez exceptionnelle….Bravo anniversaire ) Sabrina à toi Euphrasie ! (et bon