Témoignage d`Audrey, anorexique

Transcription

Témoignage d`Audrey, anorexique
Témoignage : « Je vous ai
caché
mon
anorexie
si
longtemps… »
Marine faisait des recherches pour
se confier, trouver un groupe à qui
parler et partager son expérience
sans crainte d’être jugée. Elle a
découvert le site de l’association
et 2 jours après elle participait
pour la première fois avec sa maman
à l’un de nos groupes de parole.
C’est elle qui a choisi de faire son « coming out » comme elle
dit, même si au départ elle hésitait… Les premières réactions
– loin du jugement qu’elle appréhendait – sont positives et je
pense que ce texte que je lui ai proposé d’écrire pour nous
montre son courage. Je suis admirative. Cette Combattante a
parcouru beaucoup de chemin et continue d’avancer vers la
Lumière… (Sabrina)
Dans ma vie beaucoup m’ont jugée, critiquée, détestée.
Certaines paroles m’ont blessée comme : « t’es qu’une merde
! », « Tu n’arriveras à rien dans ta vie ! », « C’est de la
comédie ! », « T’es paresseuse, bouge-toi un peu ! », « T’as
vu comment elle est maigre ! », « Elle est folle, tout est
dans sa tête ! », « Elle est bizarre celle-là ! ». Et j’en
passe…
Je n’oublierais jamais les regards oppressants, dénigrants que
vous m’avez lancés, les messes basses, les critiques, les
moqueries… Même quand j’avais le dos tourné… Tout cet élan de
méchanceté !! Pourquoi ? Pourquoi tout ça ? Parce que vous ne
compreniez pas ?
Mon attitude est différente de la vôtre, souvent distante, pas
très causante. Si seulement vous m’aviez vraiment regardée. Si
vous aviez gratté cette carapace ou du moins essayé…
Vous auriez remarqué mon secret.
Celui tout au fond de moi. Le mal contre lequel je me bats…
Depuis des années je vous cache la réalité. Je partage ma vie
avec ana. Ana ?!
Ce n’est pas un choix, ce n’est pas non plus une amie. C’est
une maladie.
Son nom ? Elle s’appelle anorexie…
Aujourd’hui je prends mon courage à deux mains en brisant le
silence. Je souhaite parler pour me libérer et laisser le
masque tomber. J’arrête enfin de faire semblant, d’être ce que
je ne suis pas pour devenir celle que je suis… Voici mon
histoire, enfin une partie. Aujourd’hui je souhaite que vous
compreniez. Sans juger…
Tout a basculé en septembre 2004
Mon état s’est sérieusement dégradé. Cela fait plusieurs mois
que je ne bouge plus de chez moi. Je ne vois plus personne. Je
passe mon temps à regarder la télé, à dormir, à cogiter. J’ai
froid. Je porte un long peignoir que je ne quitte plus. Ma
mère me dit tout le temps : « Tu as les mains glacées ! ».
« Tu dors beaucoup… ».
Ma peau est gelée, mon teint est terne, blanchâtre comme une
poupée en porcelaine. Je n’avale plus rien, mis à part du pain
et du soda.
Lundi, rendez-vous chez mon pédopsychiatre le Dr R. Seule
sortie de ces dernières semaines. Comme toujours ma mère
m’accompagne. Elle ne m’a jamais lâchée malgré tout ce que
j’ai pu lui infliger. Si vous saviez la force, la patience, le
courage et surtout tout l’amour qu’elle me porte…
Pendant qu’elle patiente en salle d’attente, le Dr R.
m’appelle. Il me demande d’accompagner sa secrétaire dans son
bureau afin d’effectuer une pesée ! Moment que je redoutais à
chaque visite. Je ne peux fuir et je sais d’avance que
l’imposante balance s’apprête à afficher la vérité. Ce moment
où le mensonge laisse place à la triste réalité…
Je ne peux plus nier, me cacher, me mentir, leur mentir… Me
voilà mise à nue. Quelques secondes… « Bip bip » : le résultat
est sans appel. 33 kg pour 1m53.
A cet instant, je comprends que je vais me faire « engueuler »
par le psy. La secrétaire sort. Je rhabille ce corps amaigri,
chétif, incisif. Les os bien saillants. Un corps aussi frêle
qu’un corps d’enfant. La porte s’ouvre et le Dr R. rentre avec
un air qui me dérange. Je sais que son discours ne va pas me
plaire…
Il me fixe, le regard insistant et me dit : « Je me dois
d’intervenir, vous êtes en danger ! C’est l’hôpital en
urgence ».
Je me souviens avoir été partagée par deux sentiments bien
distincts. D’un côté un plaisir, une grande joie, celle de
frôler la mort. Une sorte de liberté avec l’impression de
contrôler, de maîtriser ma vie. Je parvenais à mon but,
disparaître mais pour renaitre. Mourir pour enfin vivre… Très
paradoxale tout ça ! Et puis d’un autre côté, une infinie
tristesse. Ce docteur allait me séparer de ma mère ! De son
amour ! De ce lien tellement fusionnel. J’avais et j’ai
toujours besoin d’elle. Mon petit monde s’effondrait pendant
qu’ana, elle exaltait… Elle se félicitait en me regardant, en
voyant ce qu’elle avait fait de moi. Entièrement façonnée à
son image !
Quand ma mère à franchi la porte, je me sentais dépitée,
accablée car je savais qu’elle allait avoir mal.
Le Dr R. lui a « balancé » à la figure et sans autre
précaution : « Votre fille est en danger. Elle peut s’endormir
cette nuit et ne pas se réveiller. Je vais la faire
hospitaliser. » Il est content ce connard ? Il va nous séparer
!
J’ai senti la colère m’envahir, la rage monter en moi. J’avais
envie de tout casser !! Je lui ai lancé un de mes regards les
plus noirs et j’ai dit : « Je n’irais pas ! » Il m’a rétorqué
: « Mais vous n’avez plus le choix ! Soit vous y allez, soit
on viendra vous chercher de force chez vous ! »
Son air supérieur et son ton autoritaire m’agaçaient et me
dégoutaient. J’avais envie de vomir ! Entre temps, le Dr R.
avait pris son téléphone et m’avait trouvé une place dans le
service de son confrère pour le jeudi…
Compte à rebours J-3
Je me sentais trahie, en colère et en perte de repères… La
peur et l’angoisse… NON ! NON ! Laissez-moi ! Je ne veux pas y
aller !! Je ne veux pas être hospitalisée… Nous sommes en
septembre 2004 et c’est ma première hospitalisation.
Aujourd’hui, je porte un regard neuf sur ces années de Combat…
J’ai 27 ans. Je pèse à ce jour presque 49 kg. Avec les années,
les rencontres que j’ai faites, grâce à certains médecins et
auteur(e)s qui ont su mettre des mots sur mes maux ; je me
sens grandie.
Le soutien de mes proches a été TRES IMPORTANT.
J’ai pu apprendre, analyser, essayer de comprendre mon
comportement, la maladie, « ma » maladie. Pendant longtemps je
me suis demandée ce que j’avais. Pourquoi j’étais comme ça ?
Qu’est-ce qui n’allait pas ?…
J’aimerais dire ceci : libérez-vous !
Exprimez-vous
!
Battez-vous
!
Apprenez
à
connaître
« l’adversaire », ses faiblesses…
Pour ma part je viens juste d’accepter. J’apprends à en parler
et cela fait beaucoup de bien. J’ai l’impression d’avoir plus
de clés pour avancer et continuer le combat. Il faut y croire
et ne jamais baisser les bras !
Cette hospitalisation de septembre 2004 ?
Mon
entourage
n’a
pas
été
mis
au
courant
de
mon
hospitalisation. Elle a durée 3 semaines. J’ai été admise à
l’âge de 16 ans dans un service de pédopsychiatrie avec un
poids de 33 kg. A ma sortie j’en faisais 6 de plus. Mon corps
allait un peu mieux…
Cette expérience m’aura marquée… Je m’en souviens presque dans
les moindres détails ! Je sais qu’à ce moment-là j’ai pris
conscience que je souhaitais réellement guérir…
Marine
La vie t’appelle !
Plusieurs raisons me poussent à écrire ce
billet dans lequel je souhaite revenir sur
l’année 2006-2007. C’est plus de 7 ans après
que j’ai pour la première fois « sorti » ces
choses que je n’avais jamais dites
concernant cette année noire que j’ai passée
en hôpital psychiatrique. J’ai évoqué le
sujet de l’isolement dans l’un de mes
derniers articles mais j’ai encore du mal à
parler de ce que j’ai réellement vécu. Je
pense que c’est important pour moi de le faire et que j’en
suis capable à présent.
Synchronicité ou non, la lecture du livre de Boris Cyrulnik
« sauve-toi, la vie t’appelle » dans lequel il évoque le
trauma de son arrestation lors d’une rafle et la construction
de la mémoire m’a sans doute donné le courage de faire face à
mes souvenirs sur cette période qui m’a marquée au fer rouge.
Nos histoires n’ont évidemment rien en commun et ma « petite
expérience » peut faire sourire – je ne sais pas – mais
lorsque je repense à tout cela, personnellement je perds
l’envie de rire…
« On disait que j’étais bavard comme une pie, je racontais des
histoires, j’adressais la parole à des inconnus dans la rue.
Qui aurait pu penser que je parlais pour me taire ? Les mots
que je disais servaient à cacher ceux qu’il ne fallait pas
dire. Ma stratégie relationnelle était claire : bavarder avec
les autres pour les amuser, les intéresser et me cacher ainsi
derrière ces mots partagés. Cette protection me permettait de
me raconter une autre histoire, à bouche fermée celle-là, avec
des mots non socialisables qui constituaient pourtant le socle
de ma vie mentale ». (Boris Cyrulnik)
Mes (presque) fans sur Facebook le savent : quelques jours
avant de donner moi-même une conférence pour son association
en Belgique, j’hébergeais Nathalie Decoo (Présidente de AB
Ensemble) et malgré un projet de documentaire avorté nous
avons profité de son séjour Clamartois pour faire le plein de
« Bonheur Attitude » et emmagasiner de nombreux souvenirs
agréables. La deuxième mi-temps, le weekend du 4 octobre en
Belgique donc, a été magique également et m’a inspirée un
billet sur l’amitié (« Vivre heureux(se)…en Théorie ! »).
En partant, Nathalie m’avait malicieusement laissé des petits
messages amicaux que j’ai découverts un par un dans les heures
qui suivirent son départ : sous le clavier de l’ordinateur,
dans mes disques à démaquiller, en vidant les photos de mon
appareil… J’en étais presque arrivée à renverser la boîte de
chocapic ! Alors que le moral était un peu en berne en raison
des soucis du quotidien qui reprenait, voilà qu’en sortant de
la douche je trouve un autre mot collé le long de la paroi. Un
« bon pour… » avec la mention « tu n’es pas seule ». Comme
elle me l’a dit ensuite en privé l’effet escompté n’était pas
celui-là mais il se trouve que j’ai éclaté en sanglots et que
je ne m’arrêtais plus… En ce 20 septembre, j’ai écrit un long
mail à une personne de confiance, effondrée, et j’ai lâché ce
que je retenais depuis si longtemps.
« Je parle d’anges, je sourie, je reparle d’anges… Je ne
l’explique toujours pas. Je n’arrive pas à expliquer
« rationnellement » ce qui s’est passé à PGV. […] Je n’étais
pas spécialement croyante. Je n’ai rien demandé de spécial. Je
ne souhaitais pas rester plus que ça. Je pense même très
sincèrement que cela m’aurait arrangé de ne pas rester. C’est
dur de dire cela car j’ai vécu de très belles choses depuis
quelques mois mais si je devais retourner en 2007, je
souhaiterais m’éteindre dans cette chambre pourrie
d’isolement. Même pas leur donner la joie de dire « on l’a
sauvée ». Ils ne le méritent pas. Ils n’ont rien sauvé. Ils
m’ont humiliée, ils m’ont méprisée. Ils ont fait leur boulot,
en me montrant bien que ça les faisait ch**. Je n’ai jamais eu
ces mots […]
J’ai parlé d’horreur, j’ai évoqué les choses les plus
significatives. Mais on ne peut rendre avec exactitude
l’ambiance, la mort de cette chambre. […]
J’essaie de digérer tout cela. De ne pas voir ces images. Je
revois tout, jusqu’aux craquelures du plafond que je fixais
presque H24. Je n’arrive pas à digérer. Je ne peux pas. Je
suis navrée ».
Le courrier est long (pleurer et écrire en même temps n’est
pas un exercice facile !), je conclue là-dessus : « Je ne
souhaite pas à d’autres filles de passer par ce que je suis
passée. Je vous assure que je suis dure au mal pourtant, c’est
en tout cas ce que tout le monde a toujours constaté. Je n’ai
jamais voulu me faire plaindre et préfère relativiser toute
cette histoire ».
Je blague souvent sur ma colère que « j’aime bien » et j’ai
pris le parti de sourire des aberrations de mon
hospitalisation. Je travaille sur l’acceptation, le pardon
aussi et la compassion envers ceux qui furent mes bourreaux
pendant un an. Aujourd’hui je ne ressens plus la haine que
j’avais pour eux à l’époque et j’ai compris que tout le monde
a fait du mieux possible avec les cartes qu’ils avaient en
main. Si j’utilise le terme « bourreaux » c’est en référence
au fait que la privation sensorielle a des effets sur le
cerveau et l’isolement total dans lequel j’ai été (pas de
livres, télé, enfermée seule toute la journée…) est une forme
de torture à mon sens.
« C’est une expérience très douloureuse. (…) Les personnes qui
ont été isolées connaissent des moments psychologiquement
difficiles où elles se sentent totalement seules. (…) Une
longue période d’isolement nuit à la conscience de soi. (…)
Les humains sont des organismes socialement connectés. Ce
n’est que quand on est privé de cette connexion que l’on
s’aperçoit à quel point on dépend du contact et du regard des
autres. » (Craig Haney, psychologue de l’université de
Californie)
J’ai fait des reproches à mes parents et je les accuse d’avoir
démissionné. Nos échanges à ce sujet restent difficiles, tout
le monde préférerait oublier et se dire qu’ils ont bien fait.
Pourtant on aurait pu mieux faire c’est certain.
« Je sais l’image que je peux donner, je perçois un peu l’idée
que vous vous êtes fait de moi (au moins au début). Les très
rares personnes qui me connaissent un peu mieux sont toujours
étonnées de mon authenticité et du fait que je suis plutôt
raccord entre ce que je pense et ce que je dis. Je ne crois
pas que la majorité des gens le soient d’ailleurs. J’aimerais
que plus de monde fasse la moitié du travail que j’ai dû faire
sur moi pour revivre à peu près normalement. Pour apprendre à
vivre toute seule alors que je n’étais plus rien ».
Je n’ai pas très envie d’entrer dans le détail de ce qui
« bloque » entre moi et mes proches et nos regards différents
sur « notre » histoire. C’est impudique et puis nous verrons,
cela fera peut-être l’objet d’un futur billet qui sait ?
J’ai par contre envie de les inviter à lire cet autre extrait
du livre de Cyrulnik et je les laisse y réfléchir :
« Cette discordance entre le sujet
préoccupé
par
son
histoire
et
l’entourage qui ne veut rien entendre
est habituelle, quelle que soit la
culture. Après l’auto génocide de Pol
Pot au Cambodge, quand un survivant
essayait de dire comment on mourait de
faim, d’épuisement et de malheur,
l’entourage haussait les épaules et
expliquait doctement : « Arrête de te plaindre, nous aussi on
a souffert, on devait tuer le cochon en cachette ! »
Quand le malheur des autres est inimaginable, on le compare à
nos petites misères. Cette réaction qui protège l’entourage
isole l’infortuné […] La « crypte » individuelle qui
s’incruste dans l’âme du blessé y est installée par la
réaction discordante de ses proches et de sa culture.
Le blessé, fasciné par sa déchirure muette, est contraint de
chercher en lui-même les solutions de son problème. C’est
ainsi que je me mettais à l’épreuve pour me donner la preuve
que j’avais le droit de vivre ».
Je travaille surtout sur moi, je cherche le calme, à l’aide de
la Pleine Conscience et en me rappelant à l’ordre dès que je
vois que cette colère motrice pourrait devenir destructrice.
C’est un travail au quotidien et ce depuis 7 ans.
On aura beau me dire que la présidence de mon association et
ce que je fais pour prendre part à la lutte contre les TCA
n’arrange pas ce travail de deuil, je n’y crois pas : « fuir »
le problème en s’interdisant d’y penser et faisant semblant
d’avoir complètement tourné la page ne me semble pas honnête.
Ou alors je me résous à faire comme ces femmes déclarées
« guéries » et qui portent toujours une souffrance que plus
personne ne voit ou n’entend ? Non je ne souhaite pas avoir à
porter un masque et mon discours n’a pas changé je sais que
j’ai encore du chemin et que je suis sur la bonne voie en tout
cas car tôt ou tard l’apaisement viendra. Pour le moment elle
est là et elle n’empêche en rien de faire un travail précieux
qui peut aider des personnes en souffrance mais aussi aider à
faire évoluer des choses en matière de santé mentale.
Alors que faire de cette colère ? A-t-on le droit d’en vouloir
à ceux qui nous ont donné et/ou sauvé la vie ?
Je pense avoir trouvé une formule magique qui me convient en
tout cas et j’explique dans mon livre le cheminement intérieur
que j’ai fait grâce au développement de ma spiritualité.
Croire dans mes « anges » m’a donné la force de vivre et
m’aide à ne pas baisser les armes aujourd’hui lorsque des
« scènes de vie » me désespèrent (voir la page Facebook de
L’âme en éveil). Les plus cartésiens y verront la plus belle
explication que je pouvais (me) trouver pour donner un sens à
ce qui rationnellement n’en a pas…
Il y a aussi ma « thérapie par le sport » même si je suis
lucide sur ma relation complexe au sport qui me canalise bien
mais qui est aussi le prolongement de mon anorexie.
« Le sport est sans aucun doute une continuité de l’anorexie.
Un exutoire et un moyen d’allier douleur et sentiment d’être
vivante comme l’a été mon acharnement à faire disparaître mon
corps, à souffrir, mais aussi à survivre grâce à l’anorexie.
Le sport, au moins, fait moins peur aux gens et l’addiction
est moins grave. C’est une drogue légale à laquelle on ne
prête pas attention. Je me fonds davantage dans le décor et me
conduis de manière conforme pour la société. J’ai pourtant
l’impression de n’avoir pas vraiment accepté d’entrer dans le
moule : je garde des comportements addictifs qui traduisent
bien ma révolte et mon combat » (L’âme en éveil, le corps en
sursis)
Enfin il y a l’humour… « C’est très sérieux de faire le pitre,
vous vous sentez revivre, on vous applaudit, on vous aime, la
vie revient doucement¹ ». Il paraît que je suis une
« bouffonne », dixit le Dr Yasmine Lienard, et cela me
convient car les bouffons ont leur utilité nous sommes
d’accord…
Le conscient semble ok avec les parades qu’il a trouvé pour ne
pas (trop) souffrir au présent de mon passé. Mais ça c’est le
conscient. L’inconscient lui, il n’en fait qu’à sa tête et il
faut croire qu’il n’est pas ok avec ce traumatisme. Il refuse
d’ailleurs de coopérer et je me suis faite éjecter de mes
révisions de formation en Hypnose car je donne trop de fil à
retordre tant aux futurs thérapeutes qu’au formateur : un
élément perturbateur impossible à hypnotiser, ça fait
désordre… Au moins je sais que cela marche chez les autres,
pour moi-même je verrais plus tard.
De mes 16 ans à mes 30 ans je n’ai pas vécu. Je parle de
survie. Il est normal que les choses remontent maintenant à la
surface et je pense qu’il faudra encore du temps pour que cela
décante. « Le poids de la mémoire colore le présent. Quand on
sort d’une agonie de plusieurs années, on ne peut pas gambader
tout de suite. Il faut du temps pour réapprendre à laisser
venir le bonheur² ».
Ce billet semble plus noir que mes précédents écrits. Je vous
rassure, je ne suis pas particulièrement déprimée ^^ Je parle
de ma dualité tout au long de mon livre, qui me tiraille
toujours et je me souviens des paroles de Dimitri Jacques
quand il m’a aidée dans la réécriture « je sais que tu as fait
le bon choix mais tout au long du récit on se demande si tu
vas te décider à poser le deuxième pied sur Terre ! ». Donc
oui j’ai fait le choix de rester, d’accomplir ce que j’ai à
accomplir, et de vivre le mieux possible à présent. Et c’est
plutôt bien…
Si j’essaie de faire des choses par rapport
aux TCA c’est parce que j’estime que ma vie
est un énorme gâchis. Et je n’espère qu’une
chose : éviter à d’autres de reproduire mes
erreurs. Plutôt que de jeter la pierre à ceux
qui m’ont fait du mal je relève les manches et
propose de travailler ensemble à améliorer les
choses. Ironiquement je conclue mon billet sur
l’isolement des anorexiques en psychiatrie en
parlant de fast food de la psychiatrie et de 3 étoiles. Pour
rester dans la thématique j’ai envie de dire aux jeunes filles
qui s’interrogent sur telle ou telle structure : ne ratez pas
votre chance comme je l’ai fait au cours de ma première
hospitalisation en service spécialisé ! Ce n’est pas – tout à
fait – le Club Med, mais à côté de ce que j’ai connu cela s’en
rapproche. Quant à ce que j’ai connu et pour avoir écouté
plusieurs intervenants calés sur le sujet, j’ose espérer que
les anorexiques hospitalisées sous contraintes tombent sur des
hôpitaux de secteurs un peu plus à jour dans leurs pratiques.
J’ai muri et je comprends l’intérêt d’une COURTE
hospitalisation sous contrainte pour une jeune en danger de
vie mais à condition que les conditions justement respectent
sa dignité. Comme l’a souligné récemment monsieur Sahuc dans
un commentaire : « ces squelettes sont aussi des êtres
humains » il convient donc de préserver leur dignité.
Lorsqu’une maman, à la fin d’une longue conversation ou nous
avons mis à plat la situation de la famille et l’impasse dans
laquelle elle se trouve me demande : « mais vous, croyez-vous
que je doive l’hospitaliser de force ? » je ne peux donner un
avis quel qu’il soit et qui m’engagerait même pénalement je
pense. Des généralités, des choses évidentes, soit… Je suis
tout de même contente de l’entendre dire « je le ferais en
ultime recours mais croyez-moi c’est toute mon âme qui se
révolte à cette idée ». Ouf, nos âmes sont d’accord !
Sabrina
A lire :
Privation Vs Restriction de liberté
Ps : La dernière phrase du fameux mail était celle-ci : « Pour
avoir écrit tout cela en peu de temps… J’espère que c’est cela
l’authenticité »…
Pps : guide de la santé mentale et autres
d’information disponibles chez SabrinaTCA92
brochures
¹ et ² Boris Cyrulnik
Source : blog psychologies.com.
Témoignage
d’Audrey,
anorexique "la Foi m’aide
aussi Sabrina..."
Des nombreux messages de sympathie et
témoignages de malades qui se
retrouvent dans mes écrits, j’ai
souhaité partagé celui d’Audrey que
j’ai connue grâce aux réseaux sociaux
(encore eux !).
Je la remercie chaleureusement pour ses mots et pour m’avoir
autorisée à partager online : comme moi elle est persuadée que
témoigner libère la parole pour d’autres et peut donner envie
de s’impliquer dans la lutte également… Lorsque je lui ai posé
la question, elle m’a répondu ceci : Comme le disait Mère
Teresa: « Ce sont les gouttes d’eau qui font les océans » donc
à nous tous, on va y arriver ! Tout est dit… ou presque, lisez
plutôt ceci :
Merci Sabrina et pardon si je t’ai tutoyé car non, on ne se
connait pas. Mais ça doit être mes gènes méditerranéens et
« pagnolesques » qui ont pris le dessus quand je t’ai écrit !
Et oui, j’habite Carcassonne, dans le Sud de la France, à 1h
de Toulouse et 2h de Montpellier et quand j’ai lu tes mots
dans lesquels j’ai retrouvé du vécu, je me suis laissée aller
à te tutoyer, pardon…
J’ai 33 ans (comme toi !) et je souffre d’anorexie mentale
restrictive hyperactive depuis l’âge de 13 ans… et j’essaye
aussi de lutter personnellement pour « aller mieux » et
accepter de « manger » la vie mais aussi et surtout de faire
bouger les choses pour prévenir et informer sur les TCA, bien
sûr à mon niveau car je n’ai pas ton charisme et ta force. A
l’âge de 13 ans aussi, j’ai connu des psychiatres qui ne
connaissaient rien à ces troubles. J’ai toujours refusé
l’hospitalisation, puis accepté mais je suis repartie de suite
quand ma mère et ma sœur qui m’accompagnaient ont vu le
service (chaînes sur les meubles, pas de porte au WC, filles
errants le long des couloirs…tu connais…). Alors j’ai tenté de
remonter la pente, toujours suivie par des psychologues, j’ai
repris puis rechuté… Un beau circuit de montagnes russes qui
ne ferait même envie au parc Eurodisney, voilà mon parcours !
Et c’est encore le cas aujourd’hui.
Tu connais Monsieur Sahuc que j’ai rencontré mais aussi une
psychiatre qui soigne depuis plus de 10 ans des patients
souffrant de TCA et qui fait rentrer de l’humain dans le
suivi. Et c’est dans sa clinique psychiatrique il y a 5 ans
que j’ai été hospitalisée à ma demande (j’étais en danger dans
le poids…) et j’y suis restée 6 mois. Ce sont 6 mois de
reconstruction physique et morale où les conditions de soins
étaient humaines. Depuis, cette femme a réussi à ouvrir une
unité spéciale TCA.
Chez moi, c’est surtout la Foi qui m’aide. Je suis catholique
et j’ai toujours su que Dieu nous veut vivant et debout et
qu’Il ne nous envoie jamais des épreuves sans la force qui va
avec pour les surmonter. J’ai toujours pensé qu’il y a quelque
chose à guérir dans les TCA qui relève de l’ordre du coeur et
de l’âme… Qu’au-delà du visible corps, il y a avant tout une
âme blessée à laquelle on doit proposer de l’amour. D’où ces
thérapies vers lesquelles je te rejoins, comme la Pleine
Conscience, ou encore la méditation ou la prière et
l’eucharistie dans mon cas… C’est pour cela que ton message me
touche : je te rejoins dans cette aide que tu mets en avant
avec ces « anges-médecins » qui nous guident afin de retrouver
goût à la vie et soulager nos blessures. C’est si rare de
traiter les TCA ainsi et il y a encore beaucoup à faire pour
détruire les clichés anorexique = ressemblance aux mannequins,
caprices… Ne crierait-on pas d’horreur si un médecin
prescrivait un doliprane à quelqu’un qui souffrirait d’un
cancer ? Alors de la même façon, les TCA doivent avoir des
soins spécifiques et adaptés ; certes, c’est plus délicat car
il y a cette dimension de l’âme mais il faut avancer en
prenant tout ce qui peut nous aider.
Voilà un peu ce que j’ai dans le coeur Sabrina et bien
d’autres choses encore mais que j’ai du mal à formuler,
pardon. Je ne veux simplement pas que ma souffrance soit
vaine. Je souhaite qu’elle serve à éviter à d’autres de tomber
dans la maladie et que les yeux des gens se dessillent devant
ces troubles afin de les soigner correctement, dignement et
peut-être de les éviter.
Je fais partie de l’association « SudTCA » de monsieur Sahuc
et « Aile Papillon » du Dr Sultan, ma psychiatre. J’essaye
dans mon travail de faire passer le message à des profs (je
travaille dans le milieu culturel et j’ai souvent des contacts
avec des écoles). Si je peux aussi t’aider à quoique ce soit,
n’hésite pas, Sabrina. Je continue à te soutenir et à relayer
tes infos en espérant peut-être réussir à organiser une
conférence dans le Sud un jour ?… Un projet à réfléchir…
Sache que tu es désormais dans mes prières afin que Dieu
continue à t’aider et qu’Il veille sur toi. Pense aussi à
prendre soin de toi.
A très vite et n’hésite pas à me solliciter…
Audrey
Je n’ai pas hésité à solliciter Audrey en lui proposant de
publier son témoignage. J’espère qu’il permettra d’allumer
encore quelques Lumières. Et pour le projet à réfléchir… Avec
plaisir Audrey !
J’ai écrit un article sur le fait de savoir accepter la
critique dans lequel j’explique que je sais reconnaître mes
torts mais que je préfère quand j’ai raison… Or si vous ouvrez
les premières pages de L’âme en éveil, vous pourrez lire que
j’ai été surprise d’une réponse des soignants lors de ma
première hospitalisation en service spécialisé : « le jour où
l’on s’en sort, on ne veut plus rien avoir à faire avec ça et
l’on ne souhaite plus en parler ». Je connais à présent des
anciens usagers passés du côté des soignants (certains faisant
partie du réseau de l’association), et je ne compte plus le
nombre de « Combattantes » impliquées dans la lutte, avec
leurs moyens certes mais avec un même objectif : faire avancer
les choses.
Cela vaut bien un « à méditer » en guise de conclusion…
Sabrina
Anorexie : l’isolement en
psychiatrie vu par Sabrina
C’est peut-être un signe, le jour de
l’anniversaire de maman est paru un
article intitulé « Anorexie : il faut
arrêter d’isoler les jeunes de leur
famille
»
sur
le
site www.pourquoidocteur.fr
Impossible pour moi de rester sans réaction sur ce sujet qui
me tient à cœur. Les circonstances semblent réunies pour
m’expliquer une fois pour toute sur ma fameuse colère. En
espérant que mon message sera entendu…
(photo :Paul Guirraud Villejuif, 2007)
L’article revient sur le fait que pendant longtemps les
médecins ont estimé qu’il fallait isoler les adolescentes
anorexiques de leur famille. On reconnaît à présent, études à
l’appui, que c’est faux. En tout cas qu’il convient d’y
recourir de manière adaptée. Le Dr Xavier Pommereau,
responsable du Pôle Aquitain de l’Adolescent au Centre Abadie
(CHU de Bordeaux) confirme :
« L’isolement familial pouvait atteindre plusieurs mois voire
des années. On a beaucoup de mal à faire passer l’idée qu’on
est délétère pour les familles et pour les jeunes ».
L’idée a déjà fait du chemin mais comme il le fait à juste
titre remarquer elle est encore loin d’être admise par tous.
On pense parfois à tort que je suis « fâchée » et très en
colère après la médecine. Après un type de médecine oui c’est
vrai. C’est en cela que la présidente d’association que je
suis essaie de collaborer au mieux avec les différents acteurs
impliqués dans la lutte contre les troubles alimentaires et
que je milite pour le recours à des techniques encore trop peu
répandues à mon goût. Pas dans certains services où il faut
croire que le recours à l’utilisation massive de psychotropes
est toujours privilégié plutôt que des voies qui ont pourtant
démontré une grande efficacité. Je pense à la Méditation de
Pleine Conscience mais pas seulement.
Pour en revenir aux avancées faites en matière de prise en
charge des TCA, elles sont réelles. Aujourd’hui on implique
davantage les familles dans la démarche de soin. J’ai intégré
une fédération dont le discours me convient. Je n’oublie pas
les recommandations faites par la Haute Autorité de Santé ni
le consensus international sur les soins ou le rapport au
Sénat.
Cependant, est-ce « Parce que » des professionnels travaillent
pour améliorer la prise en charge, que l’on doit se garder
d’évoquer les expériences douloureuses de malades qui pêchent
par le fait de ne pas avoir la chance d’être accueillis dans
une structure adaptée et qui se retrouvent parfois parqué(e)s
dans des services inaptes à les accompagner ? Les soignants
les plus honnêtes le reconnaissent volontiers, se sentant
démunis ou dépassés. D’autres, pour tout un tas de raisons, ne
voudront pas le reconnaître. Et peuvent alors faire vivre un
véritable drame à la malade mais aussi à la famille éjectée du
processus de soin. En adoptant une posture d’autorité, en
fermant le dialogue et en ne donnant pas d’explications sur
les choix qui sont faits « dans l’intérêt du malade ». Parfois
il en faudrait pourtant peu pour que la famille comprenne ou
que la jeune finisse par entendre raison…
Malgré ce que l’on sait de la phase de déni et le manque de
recul, je reste persuadée qu’avec amour et douceur on peut
soigner le symptôme sans heurts. Même dans un univers peu
engageant a priori. En se sentant écoutée et comprise il sera
plus facile pour l’anorexique d’accepter la nourriture qu’on
lui propose. J’ai encore du mal à comprendre que certains ne
voient pas qu’ils se contentent de servir de la colère en
boîte, sans imaginer les conséquences à moyen ou long terme
sur le psychisme de la malade.
On ne peut tout de même pas fermer les yeux sur le nombre de
rechutes (combien font « ce qu’il faut pour qu’on les laisse
sortir ? »), de suicides ou de personnes traînant un mal être
dont elles ne se débarrasseront peut-être jamais. Pour en
avoir rencontré, des personnes « guéries » d’après leurs
médecins, croyez-moi cela fait mal au cœur. A ces
professionnels de santé je le dis clairement : je ne pense pas
que les signes de la guérison sont d’avoir un poids normal
et/ou des enfants ! Difficile de se mettre d’accord sur le
terme guérison. Pour cela je suis tranquille, je ne
l’utiliserai pas, quand bien même j’estimerai pouvoir le
faire.
Ainsi j’ai parfois l’impression qu’il faudrait « taire » les
loupés ou les choses qui peuvent encore être améliorées. C’est
là que se situe ma colère : je suis capable de relever ce
qu’il y a de « positif » comme de dénoncer ce qui mérite de
l’être à mon sens. Le « pas de vague » et le discours prémâché
me fatigue. Mettre de côté les problèmes ne permet pas de s’y
attaquer je pense et je suis aussi contente de voir certains
médecins capables d’avouer leurs limites, les lacunes et les
aberrations de certaines prises en charge… Dans une optique
d’amélioration globale et dans l’intérêt des patients.
J’ai été hospitalisée un an en hôpital psychiatrique dans des
conditions plus strictes que l’isolement dont on parle
lorsqu’on évoque l’isolement des anorexiques dans les services
spécialisés.
Pas de livres, de télé, d’accès aux toilettes (bien sûr),
attachée au lit, gavée 8h par jour, pas de suivi psychologique
et souvent restant la seule patiente enfermée dans sa chambre
d’isolement à l’étage tandis que tout le monde (patients,
soignants) descendaient en salle commune ou au jardin l’aprèsmidi. Plus de bruit, plus de « vie », seul le bruit du tic-tac
de ma sonde naso gastrique et des craquelures à fixer au
plafond.
Mon hospitalisation remonte à il y a 7 ans seulement et si je
me suis lancée dans la lutte contre les troubles alimentaires
en créant une association c’est aussi pour éviter à d’autres
familles de vivre ce que nous avons vécu moi et mes proches.
Je suis bien sûr aux anges de collaborer avec des « anges »,
de connaître des Dr Lienard, Dr Pommereau et d’autres, mais je
n’oublierai pas la haine et le mépris que j’ai pu voir dans
les yeux de certains professionnels qui se sont occupés de la
malade à mater que j’étais. D’autres médecins ne semblent pas
au fait des avancées dont je parlais ou ne pas les prendre en
compte et ne font pas le travail sur eux que suggère de faire
le Dr Lienard dans son livre « Pour une sagesse moderne ».
Cela aboutit la plupart du temps à un échec de la prise en
charge et dans le pire des cas cela peut dessécher une âme…
J’essaie de porter un regard objectif sur ma propre histoire
et je suis parvenue à expliquer bien des choses. Certaines
choses ne s’excusent pas, même avec le recul et la maturité.
Il faudra certainement des années de pratique de la Méditation
de Pleine Conscience pour espérer guérir les blessures…
La médecine m’a sauvée physiquement, mes « anges » m’ont donné
la force de réapprendre à vivre
J’aimerais parler en tant que Sabrina « Auteure », en tant que
personne. Je le précise car cela évitera qu’on me reproche de
ne pas savoir me dissocier de l’association.
Je
crois
avoir
déjà
beaucoup
écrit
sur
cette
colère.
J’apprécierai que l’on me laisse tranquille avec, après tout
j’ai le droit d’être en colère. Du moment que j’essaie d’en
faire quelque chose d’utile et qu’elle ne m’empêche pas d’être
heureuse.
Je reconnais que ce n’est pas toujours facile pour moi de ne
pas me laisser envahir par les émotions et que je me rappelle
de temps en temps à l’ordre lorsque je vois que la colère
« destructrice » reprend le dessus au risque de voir mon
travail compromis pour améliorer les choses.
Je parlais de conditions réunies pour écrire ce billet.
Effectivement, je témoigne mardi 30 septembre lors d’un
Colloque organisé par la Maison des Usagers de l’hôpital
Sainte-Anne à Paris et destiné à faire un état des pratiques.
Autant lorsqu’on m’a proposé de témoigner j’ai immédiatement
accepté et j’étais ravie : preuve que mon vécu peut aider des
professionnels à s’améliorer. Des professionnels qui se disent
prêts à se remettre en question et à écouter ce qui leur vient
« de l’extérieur ». Rappelons le, c’est n’est qu’ensemble
(patients, familles et médecins) que nous trouverons la
Lumière.
En réalité j’ai été secouée par cette histoire de Colloque. Je
m’explique…
Cela fait des années que je travaille sur moi. J’ai avancé,
j’ai grandi, j’ai évolué. Et surtout j’ai compris. J’ai admis
beaucoup de choses et je suis maintenant capable d’entendre et
de comprendre des choses au sujet de l’isolement ou de
l’Hospitalisation sur Demande d’un Tiers que je n’aurai pu
comprendre il y a quelques années, folle de rage comme je
l’étais. J’ai su dire merci, pardonner ce qui pouvait l’être…
J’ai eu droit à quelques éclaircissements au cours d’une
conversation téléphonique avec le psychiatre de l’époque. Trop
de blancs persistants, j’ai mis de l’amertume sur cette
affaire et j’ai poursuivi ma route. Je ne sais pas si c’était
totalement conscient mais je me refusais à me pencher sur le
côté juridique et réglementaire de mon HDT. Peur de ce que
j’aurais pu découvrir. Ou le sachant déjà en partie…
Cela n’a pas loupé lors de la réunion de préparation de ce
colloque. Je me suis tue mais j’ai compris certaines choses.
Et sans creuser le moins du monde le peu que j’ai entendu a
suffi à raviver la colère. Colère que je ne tourne pas
spécialement contre l’équipe soignante de l’époque, j’ai
compris qu’ils ont fait ce qu’ils pouvaient sur le plan
médical. Colère provoquée par l’injustice. Des progrès sont
faits du côté des instances que j’ai mentionnées, des lois
existent également. Et notamment la loi du 4 mars 2002
relative aux droits des malades…
Je ferai un retour sur l’après Colloque, en attendant j’ai
surmonté la tempête et je reste persuadée que mon témoignage
peut faire avancer des choses. Concernant les répercussions
personnelles je fais ce qu’il faut et je suis entre de bonnes
mains.
Je fais des efforts pour comprendre les positions de chacun,
jouer un rôle de médiateur, orienter les malades et espérer la
meilleure entente possible entre tous, j’aimerais qu’en retour
on fasse l’effort de reconnaître que ma colère n’est pas un
caprice et qu’elle soit respectée pour ce qu’elle est : une
réaction normale provoquée par l’injustice. Je n’ai besoin
d’aucune loi pour ressentir cette injustice dans toute sa
force et bien sûr je ne m’embêterai pas à chercher réparation
car cela n’effacera pas le traumatisme et ne me rendra rien de
ce que j’ai perdu cette année-là.
Je témoigne d’un cas particulier. Je me suis efforcée de
montrer qu’il ne faut pas en faire une généralité. Lire ces
propos du Dr Pommereau me fait du bien car cela me rappelle
qu’il existe des « anges médecins ». Ceux qui partagent ma
conviction que l’anorexie n’est pas qu’un problème de poids.
Que soigner le symptôme est indispensable et que pour cela
l’isolement parfois nécessaire sur une courte période mais
qu’aider une anorexique à (ré)apprendre à vivre va bien audelà.
J’ai été soulagée de voir que l’article que j’ai écrit sur le
livre du Docteur Yasmine Lienard, « Pour une sagesse moderne :
je suis pour docteur » lui a plu. Mieux que cela, il m’a valu
le fait de me voir appelée « ange » moi-même ! Elle l’a
immédiatement partagé accompagné de ces mots :
« Jamais personne n’avais parlé de mon livre et compris son
intention ainsi. Il fallait que ce soit une de ces âmes
combatives dans la douleur. Sabrina vous m’avez touchée et je
vous souhaite la libération de toutes vos peurs. Merci »
Je ne suis pas la seule à avoir compris son livre, j’ai pris
la peine de l’écrire tout simplement. Je sais au fond de moi
que ce médecin a aidé bon nombre d’anorexiques en prenant le
temps de les comprendre. Les « anges » comme elle ne sortent
pas ce genre de perles :
» Vous n’êtes pas à un poids critique mes patientes se
retrouvent hospitalisées à 36kg.. Reprenez rendez-vous quand
vous irez si mal… »
Ceci est une perle de médecin dont une Combattante m’a fait
part mais il y en a tant d’autres ! Comme le dit un ami
thérapeute : « On préfère les perles du bac, elles sont moins
dangereuses ».
Ainsi on m’a dit de ne pas faire de mon cas une généralité et
je suis d’accord. Toutefois, il se passe rarement deux jours
d’affilés sans que je ne sois informée d’une situation
bloquée, sans que des parents m’appellent pour me faire part
de leur désarroi et leur colère, sans que des malades me
disent se reconnaître dans mes écrits ou être dégoûtées de la
médecine… Je n’ose croire que ces cas soient uniquement des
cas isolés qui s’adresseraient tous à ma jeune association. Il
apparaît donc clairement qu’il y a encore un fossé entre
certains discours/la théorie et ce qu’on constate sur le
terrain ou dans la misère de certains hôpitaux psychiatriques.
J’écoute les conseils et je me garde de faire des généralités,
je témoigne de réflexions émanant d’un vécu personnel et ces
réflexions méritent que l’on y prête attention je pense…
Je disais en introduction que j’espère être entendue dans ce
message. En réalité c’est déjà le cas et je suis entendue par
de nombreux professionnels.
J’ai donc bon espoir. Mon souhait est de voir de plus en plus
d’informations de ce type (je parle de l’article de
pourquoidocteur.fr) qui explique bien le rôle des soignants…
Et replace le rôle des parents/de la famille, tout en les
déculpabilisant d’ailleurs. Donner la parole à ces
professionnels est une très bonne chose Et moi, je continue de
donner la parole aux personnes restées en marge d’une prise en
charge adaptée car si nos associations ne la leur donne pas
qui d’autre le fera ? Ces témoignages et retours d’expérience
permettent notamment aux professionnels de mieux comprendre
qui ils soignent ou de prendre conscience de leurs erreurs
pour ne pas les reproduire. Je suis contente de voir que
certains vont de le même sens que ce que je viens de dire.
Je vois les évolutions. J’aime aussi entendre mes
« Combattantes » parler en bien de leurs hospitalisations.
Comme « Missbidi Bidibulle » qui déclare : « sur Bordeaux je
suis tombée sur un médecin exceptionnel qui a pris le problème
à l’envers m’a laissée ma famille. Il m’a sauvé la vie et je
ne pourrai jamais assez le remercier ».
Je remercie pour ma part tous mes anges, ils se reconnaîtront.
Ce billet ne va peut-être pas plaire à tout le monde mais j’ai
cessé de le vouloir à tout prix. Même pas à mes parents que
j’adore mais à qui je me permets d’adresser un reproche au
final. Ils ont beau avoir des tas de (bonnes) raisons pour
s’être comporté ainsi et pour continuer de dire qu’ils « ont
fait ce qu’ils pouvaient ». Ils bénéficient du fait qu’ils ont
effectivement été tenu à l’écart ou culpabilisés et qu’ils
n’ont pas eu accès à toute l’information. Du fait que leur
propre éducation les empêche de se révolter comme d’autres le
font pour leurs enfants victimes de violences ou d’injustice.
Du fait qu’ils étaient sans doute à bout et usés par la
maladie comme d’autres parents que je côtoie à présent et qui
me permettent de mieux comprendre ce par quoi sont passés les
miens. Au final il n’en reste pas moins qu’ils ont
démissionné. En tant que fille et en tant que malade c’est le
reproche que je leur fait.
Au risque de déplaire donc, j’opte en tout cas pour la
sincérité et je ne crois pas que mes propos soient violents
malgré le fond de colère. Grâce au travail sur moi, grâce au
développement de mon sentiment de Compassion et l’aide que je
reçois, je suis ok avec cette forme de colère. Je l’appellerai
ma « bonne colère ».
Lors d’un groupe de parole à Clamart nous avons parlé de la
Méditation (ainsi que de l’hypnose et d’autres approches) et
on m’a posé des questions pour comprendre ce qu’est la Pleine
Conscience. J’ai su en expliquer les grandes lignes mais
n’étant pas « experte » je manque encore de précision.
J’ai en tout cas su vendre le concept il faut croire puisque
deux participantes vont s’inscrire à des rendez-vous où je me
suis moi-même inscrite (il faudra que je pense au statut
VRP…).
Le Dr Yasmine Lienard en parle avec facilités, étant elle-même
très avancée dans la pratique et ordonnée dans le Bouddhisme.
Je vais donc la citer à nouveau mais je commencerai par
rappeler que j’affirme dans L’âme en éveil faire de
l’authenticité mon maître mot à présent.
Lorsque je lis ceci je suis bien sûr aux anges :
« Si l’on parle de bonheur, peut-on parler d’autre chose que
de sagesse ? Il ne s’agit pas bien sûr du bonheur transitoire,
mais d’un bonheur durable comparable à la joie de vivre.
Le bonheur serait la sensation d’être.
Le bonheur serait donc l’authenticité. […] Disons que le
bonheur ce serait d’être dans la vérité.
Et chercher à être dans la vérité nécessite bien sûr un effort
de réflexion et d’analyse. Et cela s’apparente à la démarche
philosophique. Mais ce n’est pas seulement la pensée logique
cartésienne qui nous permet d’accéder à la vérité. La vérité
est sous nos yeux et par une réelle présence, nous la
percevons. La méditation est donc une voie cruciale pour
cela ».
On comprendra certainement mieux encore en quoi le livre du Dr
Lienard m’a profondément touchée. Il me semble que je
m’efforce dans mon ouvrage de mener une véritable réflexion
philosophique autour de mon anorexie qui dépasse de loin une
simple perte d’appétit. Je parle d’anorexie mystique, de
spiritualité… Ma vérité est là : une soif d’amour et des
idéaux très forts.
Je parle de la Méditation que j’envisage comme étant l’unique
voie qui me permettra de m’apaiser, d’accepter et me
débarrasser de certains encombrements intérieurs. Mon
intuition semble confirmée par ce que dit le Dr Lienard en
tout cas.
Alors j’y travaille…
Comme un article signé Sabrina sans provoc n’aurait pas de
sens, je conclurais par ceci : je suppose qu’en psychiatrie
c’est un peu comme partout. Il doit y avoir le « fast food de
la psychiatrie » comme le 3 étoiles… Pour en avoir parlé je
sais que l’hôpital où j’ai été internée n’a pas bonne
réputation. C’est peut-être un pot-pourri composé de barges
encore plus barges que dans les autres lieux de barges…( ?)
Sabrina
Ps : après publication je n’aurai peut-être plus qu’à changer
de métier…ou aller méditer ! J’opte toujours pour l’option B
(pour le métier je m’en remets à mes anges).
A lire également :
Article sur « l’usage abusif de l’isolement dans les hôpitaux
psychiatriques français » (journal Le Monde)
L’hospitalisation vue par une anorexique : le témoignage
d’Alice
La vie t’appelle (au sujet de mon hospitalisation en HP)
Source : blog psychologies.com.
Retour d’expérience d’une
jeune anorexique en rémission
Malade, j’ai dû me rendre aux urgences de ma
ville. J’ai été très bien accueillie mais le
personnel soignant était démuni face à cette
maladie qu’ils ne connaissent pas. Ils n’ont
d’ailleurs pas pu me garder malgré un IMC très
bas.
J’étais alors suivie par mon CMP qui ne savait absolument pas
gérer les choses. Aucun psychologue ou psychiatre ne
connaissait les TCA et j’y allais pour parler, sans vraiment
trouver de clé pour avancer et sortir de cet enfer.
Ma généraliste ne connaissait pas non plus la maladie mais a
été vraiment extraordinaire. Elle m’a tout de suite
diagnostiquée et prescrit tout le nécessaire pour guérir à
domicile (prises de sang, compléments oraux, contacter le CMP,
certificat de sport …)
Malheureusement j’ai tout de même dû être hospitalisée et ça a
été un vrai parcours du combattant pour trouver une structure
capable de m’accueillir. J’avais passé 18 ans et les services
pour adultes se font très rares. De plus mon IMC étant trop
bas, personne ne voulait prendre le risque de me prendre. De
toute façon les listes d’attente étaient très longues ou –
pire – c’étaient des cliniques privées hors de prix !
Bref, j’ai commencé les démarches en janvier et j’ai été
hospitalisée en mars, mon poids ne cessant de chuter
dangereusement pendant cette période.
J’ai été hospitalisée à l’hôpital Raymond Poincaré 1 Garches
(92) dans le service de nutrition clinique et je peux dire
qu’ils m’ont sauvé la vie. Les médecins étaient vraiment à
l’écoute, tout comme les aides-soignantes et infirmières qui
était toujours là en cas d’angoisse ou de baisse de moral. La
diététicienne était vraiment formidable, nous voyions ensemble
une fois par semaine comment augmenter petit à petit les
portions sur les plateaux (ajout de légumes puis féculents
puis sucre et MG puis entrée puis viande, puis pain,
réintégration d’un petit déjeuné normal). Elle restait parfois
à mes côtés lorsque le plateau arrivait pour me rassurer, pour
pouvoir arriver à l’objectif de me nourrir. Je pouvais choisir
mes menus du jour pour le lendemain. Il y avait du choix. Au
début c’était sonde exclusivement. Les psychologues étaient
géniaux et j’ai d’ailleurs – grâce à eux – pu trouver des
raisons à ma maladie. La prise en charge était plutôt basée
sur la prise de poids davantage que sur l’aspect psychologique
et l’approche corporelle (malgré les 2 groupes d’activités :
art créatif et revue de presse). J’avais un contrat de 1kg par
semaine, et un objectif de poids à atteindre pour pouvoir
sortir. Les règles étaient très strictes et je les ai assez
mal vécues : wc et fenêtres verrouillés, hublot sur les
portes : zéro intimité. Une heure de téléphone par jour,
visites contrôlées, pas de sortie de chambre, repas contrôlés,
temps de douche contrôlé, pesée 2 fois par semaine …
J’avais donc l’impression d’être une fugitive. Les journées
étaient longues et en dehors de la télévision ou du coloriage
le temps me paraissait long. Les quelques groupes que l’on
avait me rendaient le plus souvent mal à l’aise car je me
retrouvais confrontée à d’autres filles malades (de plus, en
dehors des groupes nous n’avions pas le droit d’avoir de
contact avec les autres patientes) et cela me renvoyait à moi-
même.
Cependant, plus je prenais du poids et plus les règles
s’assouplissaient et j’avais le droit à des permissions ou
davantage de visites.
C’était un peu le système récompense /punition, même si
personne ne se l’avouait là-bas…
J’y suis restée 3 mois 1/2.
À ma sortie on m’a envoyée en hôpital de jour à sainte Anne,
et je n’ai pas du tout accroché avec les règles (repas en
groupe, menu unique, groupe de parole…). Je n’avais pas envie
de me retrouver confrontée à d’autres malades alors que je
commençais à sortir la tête de l’eau…
De plus je n’avais pas accroché avec la psychiatre qui dès la
première visite m’avait prescrit des antidépresseurs !
De ce fait je n’y suis jamais retournée et je continue de ce
fait mon suivi seule…
Je pense que beaucoup de médecins ne comprennent pas cette
maladie : nous sommes considérées comme des menteuses, des
tricheuses, et le fait de nous couper du monde, de tout, et
surtout de ceux qu’on aime n’est pas une solution. Bien au
contraire même puisque nous avons tant besoin de soutien et de
l’amour de nos proches.
En résumé, ce qui me semblent bien :
Des soignants à l’écoute et bienveillants, une réintroduction
de l’alimentation orale solide progressive qui va en fonction
de nos capacités.
Les points à éviter :
Des règles trop strictes et une prise en charge basée
essentiellement sur la prise de poids qui personnellement m’a
fait me sentir parfois comme une oie qu’on gavait.
Camille
Sport et TCA : Interview de
Juliette, coach sportive et
ancienne malade
Juliette, c’est ma coach de Attack (mais
pas que). Une fille extra, dynamique,
qui met le feu pendant les cours. Du
moins c’était ainsi jusqu’à ce fameux
jour où nous avons fait plus amplement
connaissance suite à quelques péripéties
(mon directeur de salle saura ce que
j’entends par là). Aujourd’hui elle
témoigne et répond avec gentillesse à
mes questions car elle soutient l’association et m’a également
écrit un témoignage suite à la lecture de L’âme en éveil qui
lui a parlé… en tant qu’ex malade.
Sabrina : Déjà un grand merci. Pour avoir accepté de répondre
à mes questions mais aussi pour tous ces moments merveilleux
passés à tes côtés en cours de fitness. Pour commencer, peuxtu te présenter en quelques lignes ?
Juliette :
Merci à toi de m’avoir choisie, c’est un grand plaisir d’y
répondre.
J’ai 32 ans et voici mon parcours : J’ai fais des études de
danse en Horaires Aménagés et passé mon Baccalauréat en
parallèle. J’ai pratiqué cette discipline avec passion pendant
7 ans en me pliant aux exigences requises telles que la
technique, la silhouette ou encore la rigueur de
l’entraînement. Ce qui était passionnant au début est devenu
de plus en plus pesant lors de mon passage en milieu
professionnel, le tout étant pratiqué dans une ambiance
malsaine qui m’à poussée à une reconversion.
Suite à une déprime due à l’arrêt de ce métier, j’ai pris 20kg
et me suis inscrite en salle de sport ou j’ai été encadrée par
des professionnels très compétents qui m’ont transmis leur
amour du métier de Coach.
N’ayant pas encore la force ni l’envie de redémarrer une
formation, j’ai retrouvé un poste de secrétaire dans un grand
groupe qui m’à permis d’évoluer de façon conséquente en
l’espace de 6 ans (Secrétaire, secrétaire commerciale,
commerciale puis ingénieur commercial). C’est à l’âge de 27
ans que je me suis sentie prête à me lancer. J’ai posé une
demande de formation auprès de mon entreprise pour passer le
diplôme de coach sportif que j’ai obtenu il y à 4 ans.
Depuis, j’exerce ce beau métier avec l’envie d’aider chaque
personne à atteindre ses objectifs personnels. Je privilégie
le coté sport et santé de cette discipline y étant très
sensible.
Sabrina : Que représente le sport pour toi ? Est-il une
condition sine qua non pour vivre de manière épanouie ?
Juliette :
Un grand oui ! Dans la vie d’un coach, il est très important
de conserver un entraînement personnel afin de s’occuper de
soi, car lors d’un cours ou d’un coaching nous sommes tournés
vers les autres et ce n’est en aucun cas le moment de
s’entraîner personnellement.
Au-delà du métier, le sport reste indispensable à mon
équilibre mental et physique.
Sabrina : Tu m’as dit avoir souffert de TCA. Peux-tu nous en
dire un mot ? Comment cela a commencé, comment tu t’en es
sortie ? Ce que tu en penses aujourd’hui…
Juliette :
C’est vrai… Mes Trouble du comportement alimentaire ont
débutés de façon marquante à la période où je préparais mon
diplôme de Coach. Je m’étais mise en tête que pour entraîner,
il fallait avoir le physique « parfait » sinon les adhérents
n’auraient pas envie de me suivre.
J’ai donc commencé à éliminer plusieurs aliments, puis des
familles entières jusqu’à peser les Kcal contenues dans une
tomate en fonction de son poids.
Lors de ma première année de Coaching, je me suis blessée à
une cheville : une fracture de fatigue à cause du calcium qui
ne se fixait plus sur mes os (sans parler d’une aménorrhée
totale et de la perte de cheveux). Le résultat à été l’arrêt
de mon travail pendant 2 mois. C’est là qu’ont commencé mes
crises de boulimie…
Au fur et à mesure que le temps passait, je perdais des
« amis » qui trouvaient que j’exagérais, ou encore m’inventais
des problèmes. Ils ne me comprenaient pas, étaient démunis
face à mon problème, très conscients qu’ils ne pouvaient pas
m’aider à leur niveau.
Forte de ces tristes constats et que les choses ne pouvaient
pas continuer ainsi (j’avais envie de poursuivre une vie
normale et surtout l’exercice de mon métier), j’ai pris
rendez-vous avec une diététicienne spécialisée dans les
Troubles du comportement alimentaire.
Celle-ci m’à fait faire des exercices sur cette base et a mis
le doigt sur l’aspect psychologique et la pression que je me
mettais. Je m’en suis sortie il y à 2 ans et c’est avec grande
fierté que j’en parle librement aujourd’hui.
Sabrina : Je donne une conférence sur le sport et les TCA.
Concrètement, en tant que coach, quel est ton avis sur cette
question de santé publique ? Il est difficile d’interdire
l’accès aux salles de sport même si certaines demandent un
certificat médical… Que peuvent faire les coachs pour aider
les malades ?
Juliette :
C’est malheureusement un fléau qui touche de plus en plus de
personnes, les hommes comme les femmes.
En effet, le certificat médical n’est pas toujours exigé lors
de l’inscription en club de sport, mais sans celui-ci, les
inscrits prennent le risque de ne pas être assurés en cas
d’accident.
Notre rôle de Coach se limite à la surveillance, et aux
conseils sportifs d’entraînement. Bien entendu l’aspect humain
de ce métier nous permet d’écouter et de communiquer avec les
adhérents. Si ces derniers veulent nous confier leurs
problèmes, nous sommes là pour les écouter et cela est très
courant.
Dans le cas des troubles du comportement alimentaire, il est
rare que les clients viennent se confier à nous malgré la
relation de confiance que nous essayons d’instaurer.
Sabrina : As-tu déjà été confrontée au problème à la salle ?
Juliette :
Oui et non. Je vois toutes les semaines
viennent de façon excessive à la salle :
pratiquer jusqu’à quatre fois par jour (le
chaque repas) et passent plusieurs heures
des personnes qui
celles-ci peuvent
plus souvent après
sur des machines à
activation cardio-vasculaire.
Etant donné que ces adhérents restent des personnalités très
réservées (il est difficile d’obtenir un « bonjour » ou un
« au revoir »), il m’est très compliqué de communiquer avec
eux. Mon rôle se limite donc à veiller sur eux avec une
attention particulière.
Sabrina : Tu es encore jeune mais comment envisages tu
l’avenir ? L’après-carrière, les projets…
Juliette :
Tout d’abord merci de me considérer comme jeune
Je suis consciente que je ne pourrais pas rester Coach toute
ma vie. Dans un premier temps car ce métier nécessite un
investissement physique important et comme le dit le dicton
« on n’a pas tous les jours vingt ans », et dans un second
temps car il est possible mais très compliqué de fonder une
famille en parallèle (grossesse, horaires décalées etc…). Donc
j’envisage mon avenir sereinement, j’ai déjà fait beaucoup de
choses je sais que je devrais me reconvertir pour un autre
métier comme le commerce mais j’espère tout de même rester
dans le milieu du sport pour exercer.
Sabrina : Tu as lu mon livre témoignage et je te remercie pour
le magnifique mot que tu as écrit dessus. Qu’est-ce qui t’a le
plus interpellée dans ce livre ?
Juliette : Ce qui m’a le plus interpellée dans ton livre c’est
ton hospitalisation et la démission de certains médecins face
à ce fléau.
Sabrina : Parfois je me demande d’où te vient ton énergie…
Peut-être allons-nous le savoir avec cette réponse : quelle
est ta citation ou devise préférée ? Et pourquoi ?
Juliette :
Mon énergie n’est que le reflet de ma passion pour mon métier
et dans cette optique je te dirais que « Mon plus beau salaire
est votre sourire » (celui de mes adhérents).
L’une de mes phrases préférée est : « La vie est comme un
miroir, si tu lui souris, elle te renvoie ton image ». Cela
résume beaucoup de choses.
Sabrina : Un dernier
l’association ?
mot
pour
nos
lecteurs,
envers
Juliette :
Mon combat a été de m’accepter comme je suis. Je ne serais
jamais parfaite (qui l’est vraiment?) et ma plus grande
victoire a été d’apprendre à être moins exigeante avec moimême et ce pour une vie actuelle plus épanouie.
J’aimerais dire que quelque soit la cause des troubles
alimentaires, le plus important est de rester soi-même et de
comprendre que chacun d’entre nous à un rôle sur cette terre.
En résumé : Ne baissez jamais les bras !
Encore merci Juliette. Je sais que tu répondras présente lors
de futurs rendez-vous et je suis très fière de ton soutien. Tu
connais mon attachement au sport… Le « combat d’une anorexique
pour sa renaissance » c’est grâce à des personnes telles que
toi qu’il prend tout son sens.
Sabrina
TCA : l'impact sur la famille
La rentrée, son lot de surprises,
les activités qui reprennent (à
toute vitesse pour l’association…).
Je m’y attendais mais j’ai même
parfois du mal à « me suivre moimême » ! Compliqué pour ma famille
également. J’ai partagé certaines
réflexions concernant notre parcours
(celui de ma famille) sur les réseaux. D’où ce billet… Je ne
souhaite qu’une chose : que notre vécu soit utile à d’autres.
Sans entrer dans les détails sordides ou le déballage de linge
sale. En espérant également que d’autres personnes accepteront
de témoigner et que ma démarche libère la parole pour
certains.
Ce billet concerne une affaire familiale. J’ai envie d’écrire,
pour une fois en public, quelque chose sur ce qu’a vécu ma
famille et les répercussions de tout cela encore aujourd’hui.
En réaction à différents commentaires postés suite à la
publication du témoignage d’Alice.
Comme le dit ma maman, de nature très discrète et on peut
comprendre qu’elle ne souhaite pas communiquer à outrance sur
les réseaux, « c’est l’enfer pour les parents ».
Oui j’ai vécu l’enfer. Oui ma FAMILLE a vécu l’enfer. Je me
répète certainement mais nous (en tout cas les personnes
plongées dans l’univers impitoyable des TCA) le savons : la
maladie impacte tout le système familial.
Toutefois j’ai envie de nuancer les choses. Notre parcours (je
parle de celui de ma famille) est tout de même atypique. Et
heureusement cela ne se passe pas toujours comme cela. Les
choses évoluent. La prise en charge des malades également. La
famille est à présent impliquée dans la démarche de soin. Plus
qu’avant en tous les cas et nous travaillons en ce sens. Les
usagers sont davantage écoutés et je suis honorée qu’on me
permette de venir témoigner devant des professionnels
bienveillants qui cherchent à améliorer les choses et mieux
comprendre les TCA. Beaucoup reste à faire certes…
Je n’ai pas eu la chance de rencontrer des professionnels
capables d’entendre ma souffrance et celle de mes proches.
J’ai échappé également au système de soin pendant de longues
années après avoir gâché ma chance dans un service spécialisé.
D’où le fait que je milite pour une prise en charge précoce
(la prévention également mais dieu que c’est compliqué). La
durée moyenne pour sortir de l’enfer est de 2 ou 3 ans, et non
pas 15 comme ce fut le cas pour moi.
J’ai rencontré les bonnes personnes tardivement, j’ai mis du
temps à m’entourer. Aujourd’hui je suis entre les meilleures
mains qu’il soit et je peux enfin travailler sur mes
pollutions et tenter de m’apaiser en pratiquant la Pleine
Conscience. Je dirais que j’ai même une armée d’anges qui
m’accompagne et je les remercie tous les jours. Nous avons du
boulot eux et moi…
Nous nous sommes fait du mal (inconsciemment). Mais nous nous
aimons. Ma maman tient à la discrétion (avec une fille qui
publie un livre et qui est très active en ligne elle est
servie…) mais je sais qu’elle garde un oeil sur mes activités.
Mon papa s’implique dans l’association. Je n’en demande pas
plus (même si le témoignage des proches est important pour
faire avancer les choses) et c’est pour moi le gage qu’ils
soutiennent ma démarche (je dirai « malgré tout »).
Je respecterai toujours le choix de mes parents. Je ne leur
souhaite que de profiter de leur vie à présent, et de leurs
petites filles qui nous apportent des rayons de soleil. Ils
méritent de souffler après toutes ces années. Et quelque soit
leurs choix, il restera un fond de souffrance pour tout le
monde. C’est ainsi, on ne peut revenir en arrière, on ne peut
que cicatriser au mieux grâce à l’Amour. Love spirit powaaa
Je fais du ménage sur Facebook. J’ai travaillé longtemps pour
cela mais aujourd’hui mon profil dédié à l’association compte
548 amis (du moins 547 si on retire le corbeau sans doute
infiltré, mais lui c’est au commissariat de la ville de
s’occuper de son dossier). 248 personnes suivent maintenant
cette page et 390 celle de l’association. Je sais au moins que
tout ce monde envoie de l’Amour à ma famille. Mon profil
« perso » est amené à fermer ou en tout cas je n’y serai plus
très active (hormis les pushs de mon twitter perso qui est
synchronisé dessus).
C’est avec (presque) la larme à l’oeil que j’annonce cette
fermeture. Depuis mon « réveil » en ligne, tant de rigolades
sur ce profil… Je remercie tous mes amis virtuels qui m’ont
tellement aidée ces dernières années et suivi beaucoup de mes
états d’âme.
Il paraît que je poste beaucoup. Trop. Certains parlent
« d’énergie connue sur la place publique » (spéciale dédicace
à ma thérapeute, en attendant la sienne en retour, livre reçu
à 7h22 un matin merci UPS pour le réveil !). Outre le fait
que je ne sais pas gérer la frustration – c’est bien connu -,
tout cela avait du sens pour moi. De voir sur mon profil
d’association « cohabiter » des malades, des soignants, des
proches, des politiques, des thérapeutes en santé holistique
et des personnes aussi perchées que moi spirituellement me
réjouit. Des messages passent et à mon sens c’est ainsi que
j’apporterai ma goutte d’eau à l’océan…
J’inviterai donc mes amis proches à me rejoindre sur ce profil
d’association. Je reste Sabrina, et bien que je me doive – en
tant que présidente d’association qui souhaite assumer au
mieux sa fonction – rester plus sérieuse, je souhaite
également garder mon humanité et mon humour. Ce qui a peutêtre fait défaut aux professionnels qui ont croisé notre
chemin… Il est possible d’aborder des sujets graves et
complexes en gardant tout cela, sans tomber dans des discours
formatés et prémâchés. En admettant ses failles, ses doutes et
ses limites également.
La liberté d’expression reste de mise mais j’en remets une
couche : je me réserve le droit de supprimer tout commentaire
qui ne respecterai pas la déontologie de Sabrina. Sans avoir
à me justifier d’ailleurs. La journée de la gentillesse
approche et il semblerait que dans l’actualité médiatique on
s’intéresse à l’intérêt du web dans les TCA, aux relations
(agressivité/amitié…) sur le Net. J’ai des choses à dire à ce
sujet cela tombe bien…
De toute façon si je vois des dérapages, en plus de mon amie
la censure, j’appliquerai la fermeture des commentaires. J’ai
du voir cela quelque part… (obligée de faire un clin d’oeil,
mes « followers » comprendront).
Pour clore ce dossier « famille », du moins en ce qui concerne
la com’ publique car le reste nous le clôtureront entre nous,
je le dis ouvertement : je suis fière de mes parents. Mon père
et ma mère ont lu mon livre, tous les parents ne l’auraient
peut-être pas fait. Nos reproches respectifs n’enlèvent rien à
l’amour qui nous unit et je le leur rappelle : je vous aime.
J’écris souvent au sujet de ma colère. Mes parents le sont
également. Et il y a de quoi. Tout comme le sont de nombreux
proches encore « éjectés » du processus de soin. Les choses
évoluent. Lentement peut-être, en tout cas pour une Sabrina
impatiente et qui aimerait que tout aille vite. Une Sabrina
qui ne sera jamais satisfaite du fruit de ses efforts mais qui
s’emploie à fond pour la cause qu’elle défend. Avec coeur.
Mais il paraît que je ne dois pas parler du coeur… Avec le
coeur on peut faire du mal (j’ai retenu le cours de philo
express reçu récemment). Alors peut-être que le coeur et le
discernement sont une bonne formule. Je ne sais pas et je
reste demandeuse de l’appui et des conseils des professionnels
dont nos associations ont besoin. Tout comme ils ont besoin de
nos associations. C’est ensemble, et pas autrement que des
solutions verront le jour.
J’espère que mes lecteurs salueront la démarche : c’est tout
de même une écorchée vive qui a du faire un très gros travail
sur elle qui peut aujourd’hui écrire ces lignes ou lire (et
comprendre) des réponses à mes interviews que je n’aurai pu
admettre il y a encore quelques années. Oui il existe des
médecins et des psy formidables. Oui je suis fière de
collaborer avec eux.
La question reste posée : sont-ils de simples médecins ? J’ai
des doutes… Il y a quelque chose d’angélique parfois dans
leurs propos.
Je mène l’enquête et je terminerai simplement
remerciant à nouveau de leur soutien.
en
les
Tout comme je remercie toutes les personnes qui auront eu le
courage de lire cette prose d’ailleurs
Et d’accepter…sans
juger.
Sabrina
Source : blog psychologies.com.
L'hospitalisation vue par une
anorexique
Voici le témoignage d’Alice une
jeune adolescente hospitalisée
pour anorexie et transférée à
diverses
reprises
dans
différentes structures. Je lui
ai demandé de me raconter ce
qu’elle trouve bien et/ou moins bien dans les services
qu’elles connaît à présent. Témoignage retranscrit tel quel…
« Alors, pour les points positifs : dans certains services que
j’ai pu fréquenter il y avait une bonne relation
patients/soignants ce qui aidait beaucoup à se sentir en
confiance et aidait beaucoup niveau soutien. J’ai connu aussi
un soin-étude où il y avait grande liberté de sortir se
promener et de nombreuses sorties et activités organisées ce
qui permettait de ne pas se sentir à l’hôpital mais plutôt
dans un internat .
Les points négatifs maintenant : dans la plupart des services
que j’ai fréquentés la prise en charge était surtout portée
sur la prise pondérale frôlant même parfois le « gavage
d’oies » plutôt que sur un travail d’acceptation de soi et de
son corps .
La plupart des services aussi fonctionnent sur le mode
punitions / récompenses ou contrat de poids que je trouve
personnellement débile et inapproprié . Ils ont souvent
recours aussi aux antidépresseurs et anxiolytiques plutôt
qu’aux médecines plus douces ou homéopathique qui provoquent
moins de dégâts . Je trouve aussi personnellement qu’ils n’ont
rien compris à cette « maladie » n’étant pas assez ouverts
spirituellement ils ne la considère que sur un plan purement
terrestre alors que je pense qu’il faut la voir d’un point de
vue plus spirituel…
Le principe aussi de couper la personne de tout contact avec
l’extérieur et surtout la famille n’est pour moi pas une
solution au contraire nous sommes en demande d’amour immense
et on a besoin d’être à la fois au contact de son entourage
(en tout cas moi c’est le cas) et de se nourrir
spirituellement ET solidement (c’est à dire avec la nourriture
) et du coup empêcher la personne de lire, sortir , écouter de
la musique etc est à mon avis tout l’inverse de la solution il
faudrait plutôt pouvoir à la fois réapprendre à se nourrir
« terrestre ment » tout en nous permettant de se nourrir
spirituellement par exemple en mangeant dans un cadre naturel
agréable (un parc, une forêt ou simplement avec des plantes )
ou en écoutants de la musique classique etc… Et ça à mon avis
ils ne l’ont pas compris …
Merci à toi de prendre de mes nouvelles et de t’intéresser
ainsi aux prises en charge, ça fait presque un an que je suis
ton association sur Internet et malheureusement je n’ai pas eu
l’occasion cette année de me rendre à l’une de tes conférences
mais j’attendais avec impatience qu’ils sortent ton bouquin à
la FNAC pour l’acheter mais ils ne l’avaient pas reçu avant
mon hospit mais merci pour tout ce que tu fais avec ton équipe
! »
Alice
Alice n’aurait pas précisé qu’elle vient juste de commander
L’âme en éveil, j’aurai juré qu’elle l’a déjà lu…
Encore merci à elle.
Sabrina
Le
perfectionnisme
:
témoignage de Bénédicte
Différents billets ont déjà été postés au sujet du
perfectionnisme, un trait de caractère souvent très développé
chez les anorexiques. J’ai moi-même témoigné dans le billet
que j’ai intitulé « Mon témoignage au sujet d’une marque de
fabrique de l’anorexie : le perfectionnisme« . Cette fois
c’est Bénédicte qui a souhaité illustrer le sujet avec son
témoignage. Merci à elles comme aux autres Combattantes qui
m’ont donné de nombreux exemples permettant de mieux expliquer
le lien « perfectionnisme / TCA ».
Le perfectionnisme. Ce sujet ne m’inspirait pas outre mesure.
Cependant avec les divers dossiers à rendre et les examens qui
approchent à grand pas la perfection s’impose à moi.
La perfection existe-t-elle vraiment? Est-il possible, en
toute objectivité d’être ou de faire quelque chose
parfaitement? …
Non il y aura toujours quelque chose à améliorer. Pour autant
cette quête infinie de perfection peut au final gâcher la vie.
En ce moment la perfection m’oblige à relire 250 fois un
dossier, à en traquer la moindre faute, la moindre virgule mal
placée, la moindre tabulation mal alignée, pour se rendre
compte qu’il y aura toujours quelque chose à changer.
Puis cette phrase, moi je l’interprète comme ça…mais pas mon
voisin…donc ça ne sera jamais parfait. Parce que quelque chose
que je peux juger acceptable (jamais je ne trouverai mon
travail parfait), ne le sera pas pour un autre.
Alors tu réimprimes encore et encore; tandis que d’autres sont
capable de corriger une faute au tip ex.
La perfection c’est de me dire que non je ne serai jamais
prête pour mes examens. D’une parce que je passe mon temps à
bouffer au lieu de réviser, mais ça c’est autre histoire. De
deux parce que de toute façon je me fixe la barre très haut
(trop ?) haut.
La perfection c’est rechercher l’excellence au quotidien. Et
quoi qu’on fasse, quoi qu’on dise, ne jamais réussir à
l’atteindre. Toujours cette barre fixée trop haut. Et du coup
se dire qu’on est minable, pathétique (…tous les adjectifs
dévalorisants possibles et imaginables). Une grosse merde quoi
(non y’a pas de mot politiquement correct pour désigner cet
état).
La véritable question est pourquoi? Pourquoi vouloir être
parfait à n’importe quel prix?
Revenons en quelques instants aux prémices de mon anorexie…
Aussi loin que je me souvienne j’ai toujours voulu être
parfaite aux yeux de mes parents, comme pour rattraper ce pour
quoi mon frère n’était
m’a imposé ça. Est-ce
enfant désiré et choyé
mais pas moins aimé
d’importance à leurs
pas à la hauteur.
parce qu’il est
que j’ai cru que
pour tant- je
yeux?
Pourtant personne ne
né grand prématuré,
moi -bébé non désiré
n’avais pas assez
En grandissant j’ai toujours été très en retrait, j’avais peu
d’amis. Ai-je cru qu’atteindre la perfection me permettrai
d’être acceptée de tous? – balivernes utopiques – les gens ont
en horreur ce qui est parfait. Probablement parce que ça leur
renvoi leurs propres imperfections.
Toujours est-il qu’avec l’anorexie la quête de perfection a
fini par devenir une obsession de chaque instant, rechercher
l’équilibre alimentaire parfait, puis le corps parfait,
l’acharnement du travail parfait… Tout devait être absolument
parfait.
Au fur et à mesure, dans la jouissance du symptôme on finit
par se sentir tout puissant de réussir à se rapprocher à ce
point de la perfection. On se sent habiter par une force
incroyable parce que nous on arrive à maîtriser, à garder le
contrôle sur une chose où la plupart des personnes échouent
lamentablement.
Bien évidemment tout ceci n’est qu’une chimère. Et le piège
finit inexorablement par se refermer sur nous. Mais quand on
le comprend enfin, il est déjà bien trop tard. Et l’enfer ne
fait que commencer.
Bénédicte
(Vous trouverez d’autres billets sur le perfectionnisme dans
la catégorie Témoignages du Blog)
Euphrasie
anniversaire
:
un
bel
12 AVRIL …
Voilà…
Ce 12 avril, je fête mes 5 ans de
guérison.
5 ans que j’ai repris mon premier
repas, après avoir été esclave de l’anorexie durant 6 ans…
J’en ai parcouru du chemin en 5 ans…
J’ai parfois du mal à m’en rendre compte. A réaliser que tout
ça est derrière moi, même si je ne suis pas complètement
« réparée »… mais il ne me reste que quelques mois à
patienter…
Si les douleurs sont encore présentes, elles s’atténuent au
fil des semaines. J’ai vaincu la dépression. Mes ordonnances
s’allègent, et mon cœur aussi…
La vie « normale »… j’en ai rêvé toutes ces années et elle me
tend enfin les bras. Je vais bientôt m’y jeter à corps perdu!
J’ai enfin l’autorisation de travailler et vais commencer le
mois prochain.
Ah! Mes chères études!
Elles qui m’ont sauvées!
La seule et unique chose à laquelle je me suis accrochée
lorsque je pesais 25 kilos et ne pouvais quasiment plus monter
les escaliers… Le seul objectif qui m’a permis de tenir… peu
m’importait la suite… Je me revois, quitter les jurys le jour
de ma soutenance, mon master 2 avec mention, des larmes plein
les yeux…
Je me revois 6 mois plus tard, hors de moi malgré le peu de
force qu’il me restait, me dire: « Aujourd’hui, tu prends une
décision. L’armoire à pharmacie ou le frigo. Quel que soit ton
choix, tu iras jusqu’au bout ».
J’ai choisi le frigo…
Je l’ai parfois regretté, dans les moments les plus durs où
l’espoir me quittait… mais l’espoir revient toujours.
Toujours.
Alors je me souhaite un joyeux anniversaire…
et vais recommencer dans quelques jours pour mes 33 ans!
Ne baissez jamais les bras.
Même quand vous pensez que tout est perdu, que vous n’aurez
pas le courage de faire LE pas en avant qui vous sortira de
là.
Si j’ai fait ce pas, c’est parce que je l’ai décidé.
J’ai décidé de guérir pour moi.
Et j’ai gagné.
Témoignage d’Euphrasie recueilli sur le forum de psychologies
(avec l’aimable autorisation de la miss pour le publier)
Assez exceptionnelle….Bravo
anniversaire
)
Sabrina
à
toi
Euphrasie
!
(et
bon