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Du 11 septembre à Katrina, l'image flétrie de l'Amérique
PARIS, 9 sept 2005 (AFP) - Des attentats du 11 septembre 2001 au cyclone Katrina en
passant par la guerre en Irak, l'image de superpuissance intouchable projetée par les EtatsUnis a été sérieusement ébranlée, soulignent les analystes.
"Le 11 septembre a mis en lumière la vulnérabilité américaine, tout comme le cyclone Katrina,
dans une autre mesure, l'a fait. Cela a montré que ce pays n'est pas si puissant ni si efficace",
estime la Française Nicole Bacharan, auteur de plusieurs ouvrages sur les Etats-Unis.
"Les Etats-Unis restent la première puissance mondiale, une puissance énorme sur le plan
militaire, économique et culturel, mais ce n'est pas un pays tout-puissant. Le président George
W. Bush en a pris la mesure en Irak et avec Katrina", ajoute-t-elle.
Les récents événéments en Louisiane ou la guerre en Irak, déclenchée en mars 2003 sans
l'aval de l'ONU, ont en outre montré que Washington "a besoin d'alliés, de travailler avec les
autres", souligne Mme Bacharan.
Selon elle, l'onde de choc du 11 septembre avait créé au sein de la population américaine un
véritable mouvement de patriotisme, qui a été en partie remis en cause par la guerre en Irak et
s'est transformé en un sentiment de honte après les ravages de Katrina.
L'influent hebdomadaire allemand Die Zeit notait jeudi que "contrairement à ce qu'il avait fait
après le 11 septembre 2001, George W. Bush ne peut pas détourner le choc collectif (du
cyclone) contre un ennemi extérieur".
Le choc de Katrina ira "peut-être plus loin encore que le 11 septembre en ébranlant l'image
que se faisait d'elle-même une nation qui se considérait comme le vengeur et le protecteur des
faibles, l'exportateur de l'ordre, de la démocratie et de la prospérité. Aujourd'hui, elle doit
quémander des lits et des couvertures à l'étranger", a souligné Die Zeit.
Un éditorialiste du New York Times, Thomas L. Friedman, expliquait cette semaine que le
président américain a reçu "un mandat, presque un chèque en blanc" des Américains après le
11 septembre.
"Malheureusement", écrit-il, "il n'a pas utilisé ce mandat seulement pour affronter les
terroristes, mais pour mettre en oeuvre un programme conservateur radical".
Quatre ans après, Katrina révèle "tant de choses que l'équipe Bush a ignorées ou distordues
au nom de la lutte contre Oussama" ben Laden, et notamment le combat contre la pauvreté sur
le sol américain, poursuit M. Friedman.
Pour André Kaspi, expert au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) à Paris, les
Etats-Unis sont tout simplement devenus la "superpuissance coupable" en prônant la "guerre
préventive" après les attentats du 11 septembre.
"On a comparé Katrina aux tsunamis, mais je n'ai pas vu pour les Etats-Unis le même élan de
solidarité. On se dit que c'est un pays riche. On se contente de critiquer sa gestion mais on ne
donne pas", dit-il en évoquant l'"esprit revanchard de certains pays".
Bob Ayers, du Royal Institute for International Affairs à Londres, ne croit pas en revanche que
"l'on puisse tracer un parallèle entre Katrina et les attentats du 11 septembre", qui ont fait près
de 3.000 morts à New York et Washington.
"Pour moi, le 11 septembre n'a pas changé l'image des Etats-Unis à l'étranger. Cela n'a pas
révélé une faiblesse parce qu'elle existait déjà. Les gens comprennent que l'on peut avoir
l'armée la plus puissante du monde et être attaqué par des gens portant des sacs à dos et prêts
à mourir", explique-t-il.
Javier Noya, expert espagnol l'Institut royal Elcano, pense de son côté que le cyclone Katrina
et "la mauvaise réaction de Bush" ne devrait pas modifier l'image qu'ont les étrangers de ce
pays. "Les Espagnols savent depuis longtemps que les Etats-Unis ont une société de marché
très inégalitaire", assure-t-il.

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