PROJET ASSOCIATIF du Planning familial de l`Isère

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PROJET ASSOCIATIF du Planning familial de l`Isère
PROJET ASSOCIATIF
du Planning familial de l’Isère
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Le fil d’une histoire et l’actualité des enjeux de toujours
Les militant.e.s grenoblois.e.s de l’association nationale du Planning Familial (PF) ont créé
l’association de Grenoble, la première en province, en juin 1961, pour lutter auprès et avec les
personnes, en faveur de la libéralisation de la contraception et pour nourrir le plaidoyer vis-à-vis des
pouvoirs publics et du législateur.
Le Planning Familial a ainsi engagé sa démarche d’Éducation Populaire, en complémentarité
avec son militantisme politique pour changer la loi.
Durant 6 à 10 ans, l’équipe grenobloise, en toute illégalité, a ouvert des permanences quotidiennes
pour informer, écouter et organiser l’approvisionnement en contraceptifs, réclamés par un public
de plus en plus nombreux. Elle organisa très rapidement des formations, d’abord sur les questions
médicales, puis sur « l’écoute », à destination des militant.e.s bénévoles qui recevaient le public.
Les premières informations à destination des lycéens furent organisées illégalement, avec l’aval ou
l’appui de quelques chefs d’établissements.
Dès cette époque, le Planning Familial de l’Isère avait déjà mis en place ses activités de base.
Dans un contexte de lutte pour la dépénalisation de l’IVG, les décrets de la Loi Neuwirth n’étant
publiés qu’en 1973 et 1974, des débats internes au Planning Familial de Grenoble et avec la
Confédération Nationale ont eu lieu à propos de l’obtention d’une convention avec l’Etat pour le
fonctionnement de ses permanences et de ses interventions scolaires, en tant que Centre de
Planification et d’Education Familiale (CPEF). Deux arguments s’opposaient : faire reconnaître la
pratique « Planning » pour peser sur l’application de la Loi Neuwirth ou risquer de se faire dicter par
les pouvoirs publics des pratiques contraires à ses objectifs.
Tout en définissant lui-même ses pratiques, ses activités et ses partenariats, le Planning de l’Isère
portait ainsi les objectifs militants et de transformation sociale du Mouvement Français pour le
Planning Familial.
Aujourd’hui, rien n’a changé : le Planning Familial poursuit ses objectifs de changer la loi, les
politiques et la société dans une démarche d’Éducation Populaire.
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Dans cette même période, en 1977, plusieurs équipes municipales nouvellement élues
demandèrent au PF de l’Isère de les aider à réfléchir et à élaborer leur projet de CPEF sur leur
territoire. C’est ainsi que certains de ces projets ont débouché sur des partenariats entre le PF et la
collectivité locale, comme pour Bourgoin-Jallieu, St Egrève, Pontcharra, Meylan. Le nombre
important de groupes locaux du PF sur notre département traduit la spécificité du PF de s'être
construit à travers un partenariat avec les collectivités locales.
Les débuts du Planning Familial semblent se cristalliser autour de la contraception, de l’avortement,
du droit de choisir, et de l’éducation à la sexualité. Cependant, la question des violences de genre
était déjà portée par la parole des femmes. Dès 1981, le PF de l’Isère est très fortement impliqué
dans le soutien de prostituées en lutte contre leurs proxénètes et participe à de nombreux procès
pour viols. En 1982, année de la découverte du Sida, l’académie de Grenoble s’adresse au PF,
avec l’aide de la Mutualité Française, pour monter un véritable programme de prévention du
VIH/SIDA destiné à tous les lycéen.es. Le PF a construit ces partenariats et a mené des nouvelles
actions grâce à son militantisme mais aussi à travers la reconnaissance de ses pratiques en tant
que pratiques professionnelles.
Aujourd’hui, l’autonomie des femmes, la lutte contre les discriminations basées sur le sexe, la lutte
contre l’hétéronormativité, la liberté de vivre ses sexualités, la politique de construction de l’égalité
femmes/hommes, la lutte contre les stéréotypes, ont besoin que des militant.e.s d’origines diverses
trouvent leur place dans le PF et se battent ensemble, bénévoles et salarié.e.s, pour transformer la
société que ce soit nationalement ou internationalement.
Adhérent.e.s bénévoles et salarié.e.s partagent ces mêmes valeurs et coopèrent selon des
principes présentés dans ce projet.
L’association iséroise, décentralisée sur tout le département, est membre de la Fédération
Régionale du Planning Familial et de la Confédération nationale du Planning Familial.
Des valeurs et des principes pour une action visant la transformation de la société
La Charte du Planning Familial, qui fonde la réflexion, les luttes, la parole publique, les activités, les
partenariats et la vie interne du PF, rappelle les valeurs qui ont traversé son histoire et définit les
principes de référence pour une action collective :
Liberté et Egalité pour toutes et tous : égalité des droits et des accès aux droits, respect de
la liberté des choix, lutte contre les discriminations et les stéréotypes, notamment contre toute
forme de racisme, sexisme, homophobie, lesbophobie, transphobie.
Mouvement féministe qui aborde la société sous l’angle de l’analyse genrée, permettant
de déconstruire les représentations du masculin et du féminin et les rôles assignés aux femmes et
aux hommes. Il lutte contre toutes les formes de violences qui découlent des rapports de
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domination. Il lutte pour améliorer les droits des femmes, localement, nationalement et
internationalement.
Mouvement d’éducation populaire, qui favorise l’accès à l’information pour et par toutes et
tous, tout au long de la vie. C’est une condition indispensable pour permettre à l’individu de
s’affirmer en tant que sujet et de faire des choix éclairés.
L’éducation sexualisée réunit ces deux démarches :
Pour permettre l’accès sans préjugés ni jugement de chacun, à tous les âges, à une
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sexualité libre et épanouie
Pour disposer librement de son corps
Pour défendre une approche positive par les droits de la santé sexuelle, l’accès à une
contraception choisie et le droit, pour chaque femme, d’avoir recours librement à
l’avortement.
Ce projet associatif du PF doit évoluer à partir des constats de terrain, ce qui l’ancre dans la réalité
et le rend légitime. L’analyse de la pratique, en questionnant la cohérence entre les pratiques et
les objectifs du mouvement, doit participer à l’élaboration permanente de son projet politique.
Des orientations et des objectifs prioritaires dans le contexte actuel isérois
Du regard porté sur l’environnement isérois ainsi que sur les émergences dont l’association a pu
être témoin, il en est résulté une représentation du réel et de son évolution qui légitime la définition
de priorités qu’elle veut mettre en œuvre pour les 3 ans à venir. Celles-ci ont été regroupées autour
de 4 thématiques qui seront introduites par un rappel de l’analyse partagée entre les adhérentes
et salariées. Chacune d’elles donnera lieu à des objectifs évaluables.
Les publics au cœur de notre travail
Chaque année, les équipes du Planning familial de l'Isère reçoivent près de 7000 personnes lors de
consultations et d’entretiens individuels ou de couple, dans un cadre bienveillant et confidentiel et
rencontrent près de 23 000 personnes dans le cadre de séances collectives et d'animations.
Observateur permanent des réalités sociales et de leurs évolutions, le Planning familial est aussi un
acteur social de premier plan. Notre légitimité se fonde sur nos actions au plus proche des
populations. Nos revendications, notre positionnement politique, notre travail se construisent à
partir de la réalité de terrain et de la parole des personnes rencontrées.
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Prendre en compte l’évolution des publics
Le Planning Familial a toujours eu mission d’accueillir toutes les personnes qui poussent ses portes :
jeunes, adultes, femmes, hommes, couples, salariées, étudiantes et d’aller à la rencontre de ceuxcelles qui n’osent pas ou qui ne le connaissent pas. Néanmoins, en tant que mouvement luttant
contre les inégalités et pour plus de justice sociale, il nous importe de faciliter l'accès à
l'information, à l'éducation et aux droits pour toutes et tous, notamment les publics dits empêchés
ou vulnérables sans emploi, avec ou sans couverture sociale et sans papier.
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Les publics empêchés (ou vulnérables) : faciliter leur accès à l'information et
l'éducation en adaptant nos réponses
Le contexte socio-économique actuel, la remise en cause de droits sociaux et le démantèlement
progressif des services publics favorisent la précarisation d'une grande partie de la population.
Cette situation nourrit des inégalités de plus en plus flagrantes en touchant les plus vulnérables.
Nous faisons référence ici à toutes ces personnes qui subissent des discriminations croisées qu'elles
soient liées à des difficultés d’accès aux soins, des situations de vulnérabilité socio-économique,
environnementale, affective.
Nous nous appuyons aussi sur les avancées législatives et nous sommes force de proposition pour
promouvoir la vie affective et sexuelle des personnes en situation de handicap et des minorités
sexuelles. (LGBT, Trans)
Il s'agit parfois de personnes qui ne fréquentent pas nos centres, d'où la nécessité d'adapter nos
actions et nos démarches en allant vers elles ou en facilitant leur venue. Cette mutation et diversité
des publics nous confrontent à leurs réalités et à de nouvelles problématiques de plus en plus
complexes, qu'il nous faut prendre le temps d'analyser.
Les jeunes enfants : défendre une approche préventive visant l’épanouissement et
la place dans le collectif dans le respect de soi de l’autre.
Dans le cadre des interventions scolaires, le Planning familial souhaite promouvoir une éducation
citoyenne des jeunes enfants, respectueuse de la différence d’autrui et source d’épanouissement,
favorisant un comportement responsable et autonome.
Partant de constats et de réalités de terrain, il nous paraît essentiel de travailler avec les filles et les
garçons dès le plus jeune âge, dans une logique de prévention de comportements discriminants
ou maltraitants.
Nous nous appuyons pour cela sur des outils pédagogiques variés afin de permettre des échanges
et questionner les représentations sur l’égalité hommes-femmes et les places de chacun dans les
groupes d’appartenance, le corps et la puberté, etc.
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Parmi ces outils, le PRODAS, programme de développement des compétences psycho-sociales,
privilégie l’éveil de la conscience et de l’estime de soi, le sens critique et la relation aux autres. Il
s'inscrit dans une logique d'approche globale de la santé, chère au Planning.
Pour ce faire, plusieurs enjeux et leviers d'actions sont identifiés:

Pérenniser et développer les interventions scolaires visant le développement des
compétences psychosociales des enfants (reconnaissance du programme PRODAS par
l’éducation nationale et formation des enseignants).

Renforcer la lutte contre les stéréotypes de genre dès le plus jeune âge (outils, interventions)
Réaffirmer nos modalités d’intervention
Reconnaître l’expertise des personnes
La démarche d'éducation populaire défendue par le Planning vise à permettre l'accès des
personnes à la parole dans l'espace privé et public pour accompagner leur émancipation. Que ce
soit en entretien ou en animation, nous proposons un espace de parole et d’écoute basé sur la
reconnaissance de leur expertise et leurs compétences. En partant de là où elles en sont et de la
confrontation des points de vue et représentations, nous garantissons un cadre sécurisant et
bienveillant. A partir d’échanges et d’information, nous les accompagnons à prendre du recul
pour élaborer leurs propres solutions.
Le Planning familial s’appuie et travaille avec des personnes relais telles que les enseignants, les
infirmières scolaires, les groupes de parole auprès d’adultes (Programme de Réduction des Risques
Sexuels - Contraception Sexualité Vulnérabilité). Le Planning familial participe également à des
programmes de prévention nationaux. La transmission par les pairs est un des axes de travail
possible.
Prendre en compte la spécificité des territoires
Dans une logique d'accès à l'information, à l'éducation pour toutes et tous, la question des
spécificités de territoires se pose, notamment celles des zones rurales ou blanches. Le Planning
souhaite porter une attention particulière à ces zones et publics concernés en allouant des moyens
supplémentaires et en élaborant des stratégies adaptées. Cela passe entre autre par un maillage
des professionnels concernés par nos thématiques et le développement de partenariats locaux
forts.
Assurer un équilibre entre interventions de court et long terme
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Nous souhaitons maintenir un équilibre entre les interventions courtes et celles inscrites dans le
moyen long terme, dont les objectifs respectifs sont différents. Les séances même ponctuelles
favorisent la reconnaissance de nos centres de planifications comme lieux-ressource.
Associer nos publics à l'élaboration d'actions et à la réflexion politique
En tant que mouvement d'éducation populaire, le Planning réaffirme l'importance d'associer ses
publics dans la construction d'actions, dans la définition de ses priorités et dans sa réflexion
politique.
Pour cela, le Planning familial 38 souhaite :

Mettre en œuvre les moyens nécessaires pour être plus à l’écoute des besoins exprimés.

Favoriser la consultation de nos publics pour adapter au mieux les réponses

Ouvrir des espaces de paroles et d’échanges dans les salles d'attentes (ou autre) pour
nourrir la réflexion interne, qu'elle soit politique ou autre

Favoriser l'information sur notre fonctionnement associatif et susciter l'envie d'adhérer
Le partenariat comme levier de transformation sociale : faire avec
plutôt que faire pour
Dans un contexte de réduction des ressources financières et de tensions qui en découlent,
notamment entre les structures associatives, la coordination entre partenaires relève plus que
jamais de la nécessité. Bien plus, construite dans une alliance orientée vers la défense et la
promotion des droits dans le cadre de l’action publique, elle est aussi un levier de transformation
sociale. C’est pourquoi le Planning familial de l’Isère s’impose une réflexion politique sur la stratégie
de partenariat à promouvoir sur le territoire départemental. Prenant en compte les différentes
formes selon les interlocuteurs et la nature des relations tissées (partenaires de terrain, partenaires
financiers, partenaires institutionnels, ..), nous avons identifié quatre orientations prioritaires :
Défendre une approche globale de nos actions
Dans nos projets et actions co-construits avec nos partenaires, nous nous positionnons dans une
approche globale qui permette un travail en profondeur et réellement impactant. Nous partons du
principe qu’un changement dans les représentations et les mentalités concerne autant les
personnes avec qui nous agissons que leur environnement et les actrices qui les entourent. Ainsi,
accompagner les personnes en situation de handicap vers plus d’autonomisation sur le plan
affectif et sexuel suppose que, familles, professionnel-le-s et institutions d’accueil soient parties
prenantes du projet pour agir dans le même sens. De même, promouvoir l’égalité filles-garçons
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auprès des jeunes enfants prendra sens si nous travaillons parallèlement sur la posture des équipes
éducatives ou animatrices du périscolaire.
Cette approche suppose une démarche de co-construction avec les différentes parties prenantes
et donc de débloquer les moyens pour la mettre en œuvre. Elle est applicable également dans le
champ de la formation où des partenariats sont à formaliser.
Renforcer le lien avec nos partenaires relevant de champs d’actions
complémentaires et reconnaître nos spécificités mutuelles.
Nous souhaitons resserrer les liens entre les partenaires de terrain en mutualisant nos compétences
par le développement de l’inter-connaissance mutuelle. Ainsi, nous économisons de l’énergie et
du temps tout en profitant des ressources et compétences déjà existantes, au service des
personnes avec qui nous agissons. Cette approche de coopération est d’autant plus riche qu’elle
évite une mise en concurrence entre les associations que le contexte socio-économique pourrait
exacerber.
Nous souhaitons donc renforcer les synergies déjà existantes avec certaines associations (exemple
Ligue de l’enseignement), des réseaux féministes, … et en développer de nouvelles.
S’allier pour établir des rapports d’influence sur les institutions dans le cadre de
l’action publique pour faire avancer les droits.
L’enjeu de transformation sociale que porte le Planning familial se traduit à travers un tissage des
forces et des luttes au niveau départemental. Nous défendons l’idée selon laquelle construire à
plusieurs, défendre notre travail et nos combats ne peut se faire qu’à travers une convergence des
luttes. Ces alliances peuvent se faire autant avec les professionnel-le-s de terrain qui agissent sur
des champs très proches de nous qu’avec d’autres structures associatives mais aussi les médias.
Coopérer en renforçant l’échange d’informations et la réflexion sur les constats
pour être lanceurs d’alerte et porte-parole d’acteurs.
En tant qu’acteur politique, faisant partie d’un mouvement national tête de réseau, le Planning de
l’Isère s’engage à utiliser et à partager son expérience pour :
- Jouer un rôle de veille, d’observatoire et de lobbying sur les politiques publiques,
- Relayer les campagnes et communiqués de presse nationaux,
- Participer activement à des réseaux de professionnels ouvrant sur des thématiques tels
que l’IVG, la contraception et l’égalité entre les femmes et les hommes
- Contribuer à une meilleure visibilité des centres de planification et de leurs missions sur tout
le territoire isérois
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Etre levier d’action auprès des pouvoirs publics dans une démarche
constructive
Les transformations des politiques publiques générées par les décentralisations successives
privilégient une approche territoriale de l’action publique.
La diversité des institutions publiques avec lesquelles l’association coopère ou qui financent
certaines de nos actions oblige à distinguer différents niveaux d’intervention. Notre action peut
s'inscrire dans le cadre de programmes pré-définis mais elle peut également intervenir avant, lors
de la définition de ces programmes et projets, comme cela est fait dans le domaine de la
formation (le planning étant organisme de formation). Par ailleurs, remplissant son rôle d'agitateur
social, les actions du Planning se placent aussi dans l’interpellation des pouvoirs publics au nom
d’une légitime critique sociale.
De ce point de vue, les rapports avec les municipalités, les communautés de commune et la
Métropole, le Conseil Départemental ou le Conseil Régional, ou encore les institutions publiques
comme l’ARS sont différents et nécessitent des stratégies multiples.
Les orientations que nous plaçons comme prioritaires sont donc les suivantes.
Maintenir nos compétences spécifiques sur les missions de centre de planification
(contraception, IVG, conseil conjugal…)
Pour maintenir la mission de service public pour laquelle nous sommes mandatées
Le Planning Familial de l’Isère a historiquement fait le choix de porter plusieurs Centres de
Planification et d’Education Familiale (CPEF). Cette mission de service public lui est aujourd’hui
déléguée sur sept territoires par le Conseil Départemental au titre de ses missions de droit commun
sur la protection maternelle et infantile.
Cette délégation est assortie de moyens calculés pour financer « à l’activité » les missions mises en
œuvre sur chaque territoire (entretiens, animations scolaires, consultations médicales). Aujourd’hui,
le financement des CPEF par le Conseil Départemental représente 80% du budget de l’association.
Nous souhaitons véritablement pouvoir, avec le Conseil Départemental, revenir à une logique de
partenariat et non celle de prestataire afin de définir ensemble les projets et les publics avec
lesquels nous poursuivons des actions. Il nous importe de continuer à mener avec la plus grande
qualité possible nos missions dans les CPEF gérés par le PF38. L’approche particulière et les savoirfaire du Planning Familial, le haut niveau de formation des conseillères et le soutien que constitue le
réseau national sur des thématiques spécifiques sont autant de ressources que nous investissons
dans notre pratique de terrain et souhaitons faire reconnaître.
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Pour que la pratique de conseil conjugal continue à faire sens
Il est important de continuer à défendre ce qu’est le conseil conjugal. La reconnaissance du statut
n’est pas un objet en soi mais bien l’expression de ce qui se réalise au quotidien dans les actions,
les formations que nous menons, ainsi que dans ce qui se construit avec les médecins et sagesfemmes notamment au travers de la coopération interprofessionnelle nous permettant de mettre
en place des protocoles de délégation.
Il est important de faire reconnaitre cette profession dans sa diversité et d’en revendiquer les
évolutions.
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Interpeller et construire ensemble des stratégies pour faire avancer les droits
Les compétences des professionnelles ainsi que la connaissance fine et actualisée des
problématiques rencontrées par les usagères fait du Planning Familial un expert « de terrain » en
matière de contraception, d’IVG, d’égalité femmes-hommes tant dans la sphère privée que
publique, d’éducation à la sexualité, de lutte contre les violences, de reconnaissance des minorités
sexuelles, des sexualités (et notamment sexualité des personnes handicapées).
Cette compétence est une ressource pour les pouvoirs publics. Nous souhaitons que le Planning
Familial puisse travailler avec ces derniers ainsi qu’avec l’ensemble des associations présentes et
actives sur ces champs dans la construction de politiques publiques adaptées, qui répondent aux
besoins des populations.
Diversifier les modes de financement de l’association pour renforcer son poids
politique
La forte dépendance de l’association aux financements du Conseil Départemental est une source
de vulnérabilité, en particulier dans le contexte actuel de raréfaction des fonds publics.
Le financement « à l’activité » mis en œuvre par le Conseil Départemental, restreint la capacité à
innover, inventer, mettre en place des partenariats plus exigeants ou à aller vers des publics avec
lesquels il est nécessaire de prendre plus de temps pour agir.
Ce mode de comptabilisation laisse aussi peu de marge pour mettre en œuvre les dimensions plus
militantes de ce qui constitue le Planning Familial. Or, le Planning familial se bat depuis 60 ans pour
faire avancer les droits. Il fait évoluer ses actions en lien avec l’analyse de ses pratiques et innove,
parfois en allant au-delà des règles législatives.
Ces raisons nous amènent à rechercher d’autres partenariats financiers (pérennes ou sur projet)
pour pouvoir continuer à mener et développer des actions
« hors CPEF » pour lesquelles
l’association a un véritable savoir-faire à valoriser. Formations, sensibilisations, actions en direction
du grand public, construction d’outils pédagogiques, mobilisation, construction de projets vers de
nouveaux publics, sont autant d’actions possibles pour continuer à faire avancer l’égalité, les droits
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et leur mise en œuvre.
Réinventer le fonctionnement associatif et militant de la structure
Confrontée à la nécessité de re-questionner le mode de fonctionnement de notre structure,
l’association s’est faite accompagner pour travailler à la redéfinition de ses pratiques en interne.
Salariés et administrateurs ont pu identifier des pistes d’amélioration du fonctionnement de
l’association, visant une meilleure coopération entre administratrices et salariées, mais aussi la
redynamisation de l’engagement militant du Planning Familial, tant salarié que bénévole.
Face aux logiques publiques dominantes qui transforment les associations en prestataires de
service, le PF38 a ainsi affirmé son exigence de mettre en accord son mode de fonctionnement à
ses valeurs défendues.
Améliorer la coopération entre salariées et bénévoles, notamment dans les
instances de gouvernance.
De par son histoire, le Planning Familial de l'Isère a fait le choix de développer de façon importante
le salariat, favorisant ainsi la reconnaissance du travail accompli par les militantes pionnières.
En même temps, l'attachement à une forme associative garantit un rôle essentiel à des bénévoles
investies dans le Conseil d'Administration.
Militantes salariées et bénévoles doivent donc inventer des manières de coopérer pour faire
avancer ensemble l'association, sur les sujets politiques comme sur la gestion quotidienne de la
structure.
Construire des espaces de discussion politique entre salariées et administratrices
Il nous semble aujourd'hui nécessaire de continuer à porter des positions politiques, tant sur des
sujets strictement liés à l'activité du Planning Familial que sur des thématiques qui, de par leur
actualité, nous mobilisent.
Les positions politiques que nous adoptons doivent s'appuyer sur notre expertise de terrain. Il est
donc nécessaire d'organiser des aller-retours et des temps de construction collective entre salariés
et administrateurs.
Ces temps revêtent différentes formes :

Une formalisation du lien entre l'instance de réflexion des salariées (le Comité Inter-équipe)
et le Conseil d'Administration, par le biais de représentantes mandatées.

Une mise en place de temps conjoints administratrices / salariées d'analyses de la pratique ,
pour permettre de dénouer les situations complexes et mieux les appréhender.
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
L'installation régulière de journées thématiques annuelles pour creuser ensemble les
questions qui traversent le Planning Familial.
Formaliser la représentation des salariées sur la gestion des Ressources Humaines
Au-delà des positions politiques, il a été régulièrement fait le constat que le mode de gestion
salariale du Planning qui tend vers l’horizontalité amène à devoir réinventer des formes de gestion
des ressources humaines respectueuses des rôles et aspirations de chacun.
La gestion salariale peut être l'objet de tensions.
Différents éléments, qui relèvent pourtant tous d'un choix :

le nombre important de salariées répartis en différentes équipes éclatées sur le
département

l'absence de direction

la gestion des RH en direct par les administratrices au bureau, agissant comme employeur

la position particulière de la gestion-coordination comme interlocuteur privilégié des
administratrices
créent un flou dans les responsabilités de chacun et les modalités de communication entre
employeur et employées.
Le Planning Familial doit donc avancer vers plus de lisibilité :

en installant dans la durée une représentation officielle des salariées auprès du bureau
(déléguées du personnel ou autre si carence)

en continuant à formaliser et à se référer aux procédures écrites et adoptées
collectivement (manuel de procédures)

en organisant des temps de discussion régulier autour des enjeux salariaux entre
représentantes des salariées, employeur et gestion.
Développer des temps de partage conviviaux
Mais cantonner la relation administratrices-salariées à une relation employeur-employées serait
aussi dénaturer la richesse de l'organisation du Planning Familial de l'Isère.
La conscience de prendre part, de façon salariée ou bénévole, à une cause commune et la
confiance entre chacun ne peut naître que par le développement de temps de partage et de
convivialité. Ces moments sont essentiels pour créer une émulsion, une culture commune
permettant de nourrir notre travail. Ces temps peuvent être formels comme informels, mais ils sont
nécessaires. A travers eux naissent aussi l'envie et la créativité pour faire des choses ensemble,
entre militant-e-s animé-e-s par des valeurs et des idéaux convergents.
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Renforcer le militantisme
Notre aspiration à rendre plus fort et plus visible le rôle militant du Planning Familial passe
aujourd'hui par deux enjeux : être plus visibles et lisibles à l'extérieur et créer des espaces pour un
militantisme bénévole.
Affirmer l’identité du Planning comme une structure militante, ouverte et lisible
Les personnes reçues en entretien ou en consultation au Planning ne savent pas toujours qu'elles
sont accueillies dans une association, ni quelles en sont les valeurs. Nous devons apprendre à
mieux communiquer au quotidien sur ce qu'est le Planning, tout en respectant la diversité et les
valeurs des personnes que nous recevons.
A l'inverse, des personnes avec qui nous partageons des valeurs et des idéaux ne nous connaissent
pas ou n'identifient pas le Planning comme une structure militante, en particulier lorsque ils-elles
n'ont pas eu l'occasion de pousser la porte d'un CPEF ou d'assister à une intervention, une
rencontre ou un événement.
Il nous semble donc important de rendre visible et renforcer la place des messages politiques du
Planning Familial dans l’espace public et les réseaux sociaux, pour permettre à ceux et celles qui
partagent nos valeurs de nous rejoindre.
Ces messages publics méritent d'être construits avec cohérence, justesse et ambition ; ce qui
passe, en interne, par une stratégie plus structurée de la mise en œuvre notre parole publique.
Enfin, l'Assemblée Générale est un temps fort, dans la vie associative. Ce temps est pensé comme
un temps ouvert à tous les adhérent-e-s, festif – car militer doit aussi être un plaisir- et politique pour
réfléchir ensemble et réaffirmer nos valeurs.
Construire une place pour des militant-e-s bénévoles (hors engagement au CA)
La place particulière du Planning familial dans le paysage associatif et l'importance des causes
que nous défendons attirent de nombreuses personnes désireuses d'apporter un peu – voire
beaucoup – de leur temps et énergie à l'association bénévolement.
Sans remettre en cause les missions des salariées, aujourd'hui largement reconnues, ces bénévoles
sont une ressource essentielle pour la structure par ce qu'ils-elles apportent de créativité, d'énergie
et de moyens pour proposer d'autres formes d'action militante, hors des cadres du salariat.
Bien sûr, cela suppose des moyens : le bénévolat doit être organisé, pensé en complémentarité
avec le travail des équipes et les bénévoles doivent pouvoir s'approprier les valeurs et le
fonctionnement de l'association.
Au travers ce projet associatif, le Planning Familial 38 s'engage à continuer à développer des
espaces ouverts pour les bénévoles, pour inventer de nouvelles choses à faire ensemble : apéro
des bénévoles, soirées à thèmes, groupes de parole, actions dans l'espace public, ...
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Renforcer la communication interne et externe
La communication revêt différents aspects, qu'elle soit interne ou externe.
La première vise à assurer une transmission claire des informations et décisions entre toutes les
parties prenantes de l'association en interne. Le Planning cherche à développer des outils
favorisant la bonne circulation de l'information, gage de transparence, de liens et d'échanges de
pratiques entre les équipes et les différentes instances de l'association. Ainsi, l'association souhaite
se donner les moyens nécessaires pour contribuer à toujours plus d'intelligence collective et de
construction d’une culture commune. .
Par ailleurs, le Planning familial 38 souhaite renforcer sa visibilité et connaissance de son travail à
l’extérieur. L'association se donne comme objectif d’élaborer un plan de communication en
définissant des orientations prioritaires. La stratégie développée tendra à renforcer son rôle
d'acteur politique (lobbying, liens avec d'autres associations, avec les médias, …) en s'appuyant
sur les pratiques et les expériences de terrain, véritables miroirs des réalités sociales.
Développer la formation comme outil de transformation sociale
L’axe formation est une priorité pour le Planning familial de l’Isère. Etre une association se
revendiquant d’éducation populaire implique une certaine exigence :
En revisitant individuellement nos concepts, nos pratiques, méthodes et outils d’animation
Collectivement, afin de nous interroger pour être toujours en phase avec la société et non
pas figés dans une idéologie
La formation est centrée sur l’analyse, l’échange de savoirs et la co-construction de nouveaux
savoirs au travers de ces échanges et des discussions qui en découlent. Elle permet de travailler sur
une « culture commune » à l’interne et à l’externe et ainsi participe au renforcement du débat
politique et des pratiques de terrain. Elle participe par ailleurs au processus de transformation
sociale qui nous est cher. En ce sens, nous cherchons à renforcer notre pôle formation et à
développer de nouveaux programmes répondant à des besoins clairement identifiés et adaptés à
la demande des professionnels-les et autres acteurs-trices de terrain. Ce travail implique de
dégager les moyens nécessaires afin de :

Etablir une stratégie précisant nos champs d’interventions et les publics cible

Elaborer les contenus pédagogiques

Diffuser nos nouvelles offres

Renforcer nos compétences
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
Accompagner des professionnels-les et acteurs-trices de terrain sur les questions de
d’égalité femmes-hommes, relations filles-garçons, violences, handicap, compétences
psycho sociales des enfants, …
Il s'agit également de mettre en place une politique de formation (ou co-formation) de nos
bénévoles. En cela, nous réaffirmons que le Planning familial est un lieu d'apprentissage
permanent, permettant à toutes et à tous de s'investir.
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Le collectif et la coopération se construisent en permanence et sont à
réinventer chaque jour.
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