TAP MITTAL VENTRICULAIRE (Page 1)
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Extrait de Rev des SAMU. 2001 ; 23 : 85-91 COMPARAISON ENTRE UNE NOUVELLE FORME D’ONDE DE CHOC BIPHASIQUE RECTILIGNE ET UNE ONDE SINUSOÏDE MONOPHASIQUE AMORTIE POUR LA DÉFIBRILLATION VENTRICULAIRE TRANSTHORACIQUE Suneet Mittal (MD), Shervin Ayati (MSEE), Kenneth M. Stein (MD), Bradley P. Knight (MD, FACC), Fred Morady (MD, FACC), David Schwartzman (MD, FACC), Doris Cavlovich (RN, BSN), Edward V. Platia (MD, FACC), Hugh Calkins (MD, FACC), Patrick. J. Tchou (MD, FACC), John M. Miller (MD, FACC), J. Marcus Wharton (MD), Ruey J. Sung (MD, FACC), David J. Slotwiner (MD), Steven M. Markowitz (MD, FACC), Bruce B. Lerman (MD, FACC) pour les investigateurs de ZOLL New York, New York - Burlington, Massachusetts - Ann Arbor, Michigan - Pittsburgh and Philadelphia, Pennsylvania Washington, DC - Baltimore, Maryland - Cleveland, Ohio - Durham, North Carolina - Palo Alto, California Traduit du Journal of the American College of Cardiology. Vol. 34, N° 5, 1999 ISSN 0735-1097/99/$20.00 PII S0735-1097(99)00363-0 © 1999 par l’American College of Cardiology Publié par Elsevier Science Inc. COMPARAISON ENTRE UNE NOUVELLE FORME D’ONDE DE CHOC BIPHASIQUE RECTILIGNE ET UNE ONDE SINUSOÏDE MONOPHASIQUE AMORTIE POUR LA DÉFIBRILLATION VENTRICULAIRE TRANSTHORACIQUE Suneet Mittal (MD), Shervin Ayati (MSEE)*, Kenneth M. Stein (MD), Bradley P. Knight (MD, FACC)†, Fred Morady (MD, FACC)†, David Schwartzman (MD, FACC)‡, Doris Cavlovich (RN, BSN)‡, Edward V. Platia (MD, FACC)§, Hugh Calkins (MD, FACC), Patrick. J. Tchou (MD, FACC)¶, John M. Miller (MD, FACC)#, J. Marcus Wharton (MD)**, R. J. Sung (MD, FACC)††, David J. Slotwiner (MD), S. M. Markowitz (MD, FACC), B. B. Lerman (MD, FACC) pour les investigateurs de ZOLL‡‡ New York, New York - Burlington, Massachusetts - Ann Arbor, Michigan - Pittsburgh and Philadelphia, Pennsylvania Washington, DC - Baltimore, Maryland - Cleveland, Ohio - Durham, North Carolina - Palo Alto, California RÉSUMÉ Objectifs : Les auteurs ont comparé l'efficacité d'une nouvelle forme d'onde de choc biphasique rectiligne consistant dans une première phase en courant stable avec un onde sinusoïdale monophasique amortie pendant la défibrillation transthoracique. Historique : De nombreuses études ont démontré que lors d'une défibrillation interne la forme d'onde biphasique est d'une plus grande efficacité que la forme d'onde monophasique sinusoïde amortie. Plus récemment, pour la défibrillation ventriculaire transthoracique, une forme d'onde biphasique exponentielle tronquée de 130 J s'est avérée d'une efficacité équivalente à celle d'une onde monophasique sinusoïde amortie de 200 J. Toutefois, la forme d'onde biphasique optimale est inconnue. Méthodologie : Dans cette étude prospective randomisée et multicentrique, 184 patients soumis à une défibrillation ventriculaire ont été randomisés pour recevoir un choc avec une onde monophasique amortie de 200 J ou un choc biphasique rectiligne de 120 J. Résultats : L'efficacité du premier choc de la forme d'onde biphasique était de façon significative supérieure à celle de l'onde monophasique (99 % vs 93 % p=0,05) et a été réalisée avec pratiquement 60 % de courant délivré en moins (14 ± 1 vs 33 ± 7 A, p<0,0001). Quoique l'efficacité de l'onde biphasique et de l'onde monophasique ait été comparable sur des patients ayant une impédance <70 Ω (100 % [biphasique] vs 95 % [monophasique], p=NS), la forme d'onde biphasique était de façon significative plus efficace sur des patients ayant une impédance ≥70 Ω (99 % [biphasique] vs 86 % [monophasique], p=0,02). Conclusions : Cette étude a démontré une efficacité supérieure des chocs rectilignes biphasiques sur les chocs monophasiques pour la défibrillation ventriculaire transthoracique en particulier pour les patients ayant une impédance transthoracique élevée. Plus important, le choc biphasique défibrille à un courant moindre de 60%. L'association d'un gain d'efficacité avec une réduction de courant nécessaire permet de penser que le choc biphasique est avantageux pour la défibrillation ventriculaire transthoracique par rapport au choc monophasique. (J Am Coll Cardiol 1999 ; 34 : 1595-601) ©1999 by the American College of Cardiology. D e nombreuses études ont démontré que, lors d'une défibrillation interne, la forme d'onde biphasique est plus efficace que la forme d'onde monophasique (1-6). Plus récemment, pour la défibrillation ventriculaire transthoracique, une forme d'onde biphasique exponentielle tronquée de 130 J s'est avérée aussi efficace qu'une onde monophasique sinusoïde amortie à 200 J (7, 8). En plus de ce gain d' efficacité, en nécessitant une tension et un courant plus faibles pour la défibrillation ventriculaire que la forme d'onde monophasique sinusoïde amortie, les formes d'onde biphasiques pourront réduire les dysfonctions myocardiques postérieures au choc (8-12). Malgré les avantages globaux des formes d'ondes biphasiques, le type optimal de forme d'onde biphasique est inconnu. Certaines variables peuvent influencer l'efficacité de la forme d'onde biphasique dont la durée de la phase (13, 14), la pente de la première phase (15) et le pic de tension de la seconde phase (16, 17). Une limite potentielle des formes d'ondes exponentielles tronquées biphasiques généralement disponibles réside dans l'importante dispersion de courant pendant l'administration de l'énergie qui réduit la moyenne effective de courant délivré (18). Afin d’obtenir une moyenne de courant efficace, il est Traduit de Journal of American College of Cardiology. 1999 ; vol. 34, N° 5 : 1595-601. Manuscrit reçu le 11 février 1999, version révisée reçue le 18 juin 1999, accepté le 30 juin 1999 Du New York Hospital-Cornell Medical Center, New York. * Zoll Medical Corporation, Burlington, Massachussets (S.A.). † University of Michigan Medical Center, Ann Arbor, Michigan ‡ University of Pittsburgh Medical Center, Pittsburgh, Pennsylvania. § Washington Hospital Center, Washington, DC. Johns Hopkins University Medical Center, Baltimore, Maryland. ¶ Cleveland Clinic Foundation, Clevelant, Ohio. # Temple University Medical Center, Philadelphia, Pennsylvania. ** Duke University Medical center, Durham, North Carolina. †† Stanford University Hospital, Palo Alto, California. ‡‡ Une liste complète des participants et des institutions figure en appendice. Ce travail fut subventionné en partie par le National Heart, Lung, and Blood Institute, le National Institutes of Health, Betheda, Maryland (RO1HL56139), La Rosenfeld Foundation, La Michael Wolk Foundation, New York, et Zoll Medical Corporation, Burlington, Massachusetts. La Revue des SAMU - 2001 - 85 à 91 nécessaire d’avoir un pic de courant initial élevé qui peut être délétère pour la fonction cardiaque. Nous avons évalué, dans cette étude, une nouvelle forme d'onde biphasique rectiligne ayant un courant stable pendant la première phase. L'avantage potentiel d'un courant stable pendant la première phase consiste dans le maintien d'une moyenne efficace de courant pendant toute la phase initiale de l'administration de l'énergie sans exposer le myocarde à un pic élevé de courant initial. Nous avons comparé l'efficacité de cette forme d'onde avec celle d'une forme d'onde monophasique sinusoïde amortie en défibrillation ventriculaire transthoracique. Tableau I : Effet de l’impédance transthoracique sur le courant délivré. Onde biphasique 120 J Onde biphasique 150 J Onde biphasique 170 J Onde monophasique 200 J Onde monophasique 300 J Onde monophasique 360 J 50 Ω 75 Ω 16 16 22 43 53 58 15 17 19 34 42 46 100 Ω 13 15 18 27 33 36 125 Ω 12 13 15 24 29 32 MÉTHODOLOGIE Population de l'étude Cette étude était une enquête prospective, randomisée et multicentrique comparant l'efficacité d'une forme d'onde biphasique rectiligne à 120 J avec une forme d'onde monophasique sinusoïde amortie à 200 J pendant la défibrillation ventriculaire Courant (A) transthoracique. Trois cent trente patients de 9 centres ont été recrutés entre novembre 1997 et août 1998. Les patients étaient éligibles s'ils étaient soumis à une exploration électrophysiologique, à l'implantation d'un défibrillateur implantable (DAI), au remplacement de la pile d'un DAI ou à un test de DAI. Les patients étaient inéligibles s'ils étaient âgés de moins de 18 ans, en gestation ou inclus dans des protocoles de recherche sur des médicaments ou des dispositifs médicaux. Le Comité Institutionnel de Révision de chaque institut participant a approuvé le protocole d'étude. Un consentement éclairé écrit a été obtenu de tous les patients. Profil de l'étude Temps (ms) La première hypothèse de l'étude était qu'un choc biphasique de 120 J aurait la même efficacité de défibrillation au premier choc qu'un choc monophasique à 200 J. En supposant un taux de succès du premier choc ≥85 % avec la forme d' onde monophasique sinusoïde amortie et ≥70 % avec la forme d'onde biphasique rectiligne de 120 J, un échantillon de 154 patients était nécessaire pour détecter une différence d'efficacité >15 % entre les formes d'ondes monophasiques et biphasiques avec une puissance de 80 % et un degré de signification de 0,05. Courant (A) Formes d'Ondes de Choc Temps (ms) Fig. 1 : Formes d’ondes de défibrillation. En haut : Forme d'onde sinusoïde amortie administrée à 200 J à travers une résistance de 50 Ω. En bas : Forme d’onde biphasique rectiligne de 120 J (courant stable en première phase) délivrée à travers une résistance de 50 Ω. Abréviations et acronymes DAI : Défibrillateur Automatique Implantable VG : Ventricule ou Ventriculaire Gauche La figure 1 décrit une forme d'onde monophasique sinusoïde amortie de 200 J et une forme d'onde biphasique rectiligne de 120 J (courant stable en première phase) délivrées à travers une résistance de 50 Ω. La forme d'onde monophasique a été produite par un défibrillateur Zoll PD-2000® (Burlington, Massachusetts) par la décharge d’un condensateur de 45 µF à travers un inducteur de 20 mH et une résistance interne de 14 Ω. La forme d'onde biphasique a été produite par un condensateur de 100 µF utilisant le défibrillateur Zoll PD-2100®. Elle comporte une première phase de courant stable de 6 ms suivie d'une onde exponentielle tronquée pendant la seconde phase de 4 ms. La période entre le temps de l’inflexion descendante de la première phase et le temps ascendant de la seconde phase était de 100 µs. Pour le choc biphasique, un courant stable était maintenu pendant la première phase par ajustement automatique de l'impédance interne variable sur l'impédance transthoracique du patient observée dès le début de l'administration du choc. Des résistances produisaient un courant stable en première phase ainsi qu’un mouvement ondulatoire. L'amplitude de la première et de la seconde phase variait selon l'énergie demandée. L'amplitude initiale de la seconde phase était approximativement égale à l'amplitude finale de la première phase. L'effet de l'impédance transthoracique sur le courant délivré par les formes d'ondes monophasiques et biphasiques est souligné par le tableau I. La Revue des SAMU - 2001 - 86 200 J monophasique Succès 120 J biphasique Échec Succès Échec 300 J monophasique Succès 150 J biphasique Échec Succès 360 J monophasique Succès Échec 170 J biphasique Échec Succès Échec 170 J biphasique 360 J monophasique Répéter si nécessaire Répéter si nécessaire Fig. 2 : Protocole de la forme d'onde monophasique. Fig. 3 : Protocole de la forme d'onde biphasique. Le choc initial était un choc de 200 J d'une onde monophasique sinusoïde amortie. Si le choc initial échouait pour défibriller, le patient recevait un choc à 300 J et si cela restait sans succès un choc à 360 J était administré. Si les trois chocs monophasiques étaient sans succès, un choc biphasique de 170 J était administré. Le choc initial était un choc biphasique à 120 J. Si le choc initial demeurait sans succès, le patient recevait un choc à 150 J et si ce dernier était sans succès un choc à 170 J serait délivré. Si les trois chocs biphasiques restaient sans succès, un choc à 360 J d'une onde monophasique sinusoïde amortie était délivré. De plus, ce protocole était appliqué à tous les patients sans égard à la randomisation initiale lorsqu’un déclenchement itératif de fibrillation ventriculaire était requis. Un choc biphasique initial de 120 J a été choisi pour plusieurs raisons. En premier, pour la forme d'onde utilisée dans cette étude, le rapport moyen du courant seuil biphasique par rapport au pic de courant de la forme d'onde monophasique sinusoïde amortie était de ≈0,37±0,04 (données non publiées). Le courant moyen requis pour une défibrillation avec une onde monophasique sinusoïde amortie étant de 25 à 30 A (19,20), nous supposions que la forme d'onde biphasique serait de 9 à 11 A. La forme d'onde biphasique rectiligne de 120 J délivre entre 12 et 16 A pour une impédance transthoracique entre 50 et 125 Ω (tableau I). Afin de confirmer nos hypothèses, nous avons mené une étude pilote sur l'homme incluant 20 patients (15 hommes, âgés de 67±11 ans) pendant 22 épisodes de tachyarythmies ventriculaires induites nécessitant une défibrillation. Les 10 premiers patients (10 épisodes au total) ont été traités avec un choc biphasique de 150 J qui était efficace dans tous les cas. Les 10 patients suivants (12 épisodes au total) ont été traités avec un choc biphasique de 120 J. L'efficacité du premier choc était de 92 % (11 sur 12 incidents). Nous avons donc choisi d'utiliser un choc à 120 J pour la présente étude. Électrodes Des électrodes adhésives (Zoll Radiolucent Stat-Padz®) pour défibrillation transthoracique étaient posées à l’apex cardiaque au niveau du cinquième intercostal gauche, sur la ligne axillaire antérieure et sur l’épaule gauche postérieure. L'électrode apex a une surface utile de 78 cm2 et l'électrode postérieure une surface utile de 113 cm2. Les électrodes de défibrillation étaient connectées à une interface multiple alternativement reliée aux défibrillateurs monophasique et biphasique. L'interface mesurait la tension et le courant administrés au patient, et son impédance. Ces informations étaient transmises à un PC portable également connecté à l'interface. Essai de défibrillation Pendant les explorations électrophysiologiques ou les tests de DAI une fibrillation ventriculaire, un flutter ventriculaire ou une tachycardie ventriculaire polymorphe ou monomorphe rapide (durée de cycle ≤300 ms) étaient induits soit par courant alternatif, soit par stimulation programmée, soit par un choc sur onde T ou une impulsion d’entraînement électrosystolique ventriculaire. Les patients étaient randomisés au moyen d'un schéma de randomisation simple selon le protocole pour la forme d'onde monophasique (figure 2) ou pour la forme d'onde biphasique (figure 3). En résumé, les patients randomisés dans le protocole monophasique recevaient, si nécessaire, des séquences de chocs de 200 J, 300 J et 360 J. Les patients randomisés dans le protocole biphasique recevaient des séquences de chocs de 120 J, 150 J et 170 J si nécessaire. Afin d'obtenir un maximum d'expérience avec la forme d'onde biphasique, tous les patients étaient traités conformément au protocole de la forme d'onde biphasique pendant les déclenchements itératifs d’une tachyarythmie ventriculaire, sans considération de la randomisation. Aucun patient n'a été soumis à une défibrillation avec une forme d'onde précédemment infructueuse. Une défibrillation réussie était définie comme la conversion d'une tachycardie ventriculaire ou d'une fibrillation ventriculaire en rythme sinusal ou en rythme supra-ventriculaire associés à une pression artérielle mesurable et un pouls persistant au minimum 30 s après le choc. Un minimum de 3 mn était autorisé entre les déclenchements en série des fibrillations ventriculaires. Analyse statistique Toutes les variables continues sont exprimées en valeurs moyennes ± intervalle de confiance. Les comparaisons d'esti- La Revue des SAMU - 2001 - 87 RÉSULTATS Tableau II : Données sur les caractéristiques physiques, cliniques et démographiques des patients. Groupe Groupe biphasique monophasique n=98 (53 %) n=76 (47 %) Nb de patients (%) Àge (année) Sexe Masculin Féminin Poids (kg) Surface corporelle (m2) FEVG (%) Maladies cardiaques Coronaropathies Cardiomyopathie idiopathique Aucune Autres Médicaments Inhibiteurs de l’ACE Amiodarone Bêta-bloquants Inhibiteurs calciques Dérivés nitrés Diurétiques Procédure Étude électrophysiologique Pose d’un DAI Changement de pile de DAI Test DAI Accidents arythmiques induits Fibrillation ventriculaire Tachycardie ventriculaire monomorphe Flutter ventriculaire Tachycardie ventriculaire polymorphe Caractéristiques des patients Total n=184 64±14 63 ±14 63±14 80 (82 %) 18 (18 %) 83±16 1,98±0,18 31±15 63 (73 %) 23 (27 %) 79±16 1,95±0,20 29±15 143 (78 %) 41 (22 %) 81±15 1,96±0,19 30±15 67 (68 %) 20 (20 %) 4 (4 %) 7 (8 %) 60 (70 %) 14 (16 %) 3 (4 %) 9 (10 %) 127 (69 %) 34 (18 %) 7 (4 %) 16 (9 %) 51 (5 %) 21 (21 %) 38 (39 %) 9 (9 %) 19 (19 %) 40 (4 %) 47 (55 %) 21 (24 %) 36 (42 %) 8 (9 %) 21 (24 %) 40 (47 %) 98 (53 %) 42 (23 %) 74 (40 %) 17 (9 %) 40 (22 %) 80 (44 %) 39 (40 %) 8 (8 %) 3 (3 %) 48 (49 %) 32 (37 %) 10 (12 %) 2 (2 %) 42 (49 %) 71 (38 %) 18 (10 %) 5 (3 %) 90 (49 %) 74 (76 %) 15 (15 %) 6 (6 %) 3 (3 %) 72 (84 %) 8 (9 %) 4 (5 %) 2 (2 %) 146 (79 %) 23 (13 %) 10 (5 %) 5 (3 %) p=NS pour toutes les comparaisons entre groupes monophasiques et biphasiques. Les données sont présentées en valeur±intervalle de confiance ou en nombre (%) de patients. ACE : inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine. DAI : défibrillateur automatique implantable. FEVG : fraction d’éjection du ventricule gauche. mations des variables dichotomiques et continues entre les groupes de la forme d'ondes monophasique et biphasique étaient calculées en utilisant respectivement le χ2 test et le test t de Student. L'efficacité du premier choc biphasique à 120 J et monophasique à 200 J était comparée en utilisant le test exact de Fischer. Pour toutes les comparaisons, p≤0,05 était considéré comme statistiquement significatif. Sur les 330 patients inclus dans l'étude, 194 ont requis une défibrillation transthoracique. Les 136 patients non soumis à une défibrillation étaient exclus des analyses ultérieures. Dix autres patients ont été exclus en raison d’une cardioversion de tachycardie ventriculaire monomorphe avec un cycle d’une durée >300 ms (n=5) (21), randomisation incorrecte (n=2) ou inclusion double par inadvertance (n= 1). Les 184 patients restants constituaient le groupe d'étude. L'âge moyen des patients était de 63 ans±14 ans. La fraction d'éjection ventriculaire gauche (VG) était de 30 %±15 %. Les coronaropathies étaient présentes chez 69 % des patients. Parmi les 184 patients soumis à une défibrillation, 98 (53 %) avaient été randomisés dans le groupe biphasique et 86 (47 %) dans le groupe monophasique. Les deux groupes étaient similaires en considération de l'âge, du sexe, du poids, de la surface corporelle, de la fraction d'éjection VG, des pathologies cardiaques sous-jacentes, du type des études réalisées, de l'utilisation de médicaments (amiodarone inclus) et du type d’arythmie ventriculaire induite (tableau II). Données de défibrillation Cent quatre vingt quatre patients ont été soumis à une défibrillation pour 219 épisodes de tachyarythmie ventriculaire. Pour le premier déclenchement d'une tachyarythmie ventriculaire, l'efficacité du premier choc a été observée chez 97 (99 %) des 98 patients recevant un choc biphasique de 120 J. En comparaison l'efficacité du premier choc était observée chez seulement 80 (93 %, p = 0.05) des 86 patients recevant un choc de 200 J avec l'onde monophasique sinusoïde amortie. De plus, la défibrillation réussie avec l'onde biphasique était réalisée avec une tension de 58% moindre (915±168 vs 2166±262 V, p<0,0001) et 58 % moins de courant (14±1 vs 33±7A, p<0,0001) que ceux administrés avec le choc monophasique (tableau III). Une défibrillation pour un second déclenchement d'une tachyarythmie ventriculaire était requise pour 29 patients et pour un troisième déclenchement pour six patients. Aucun patient n'a Tableau III : Données de premier choc de défibrillation pour les groupes d’ondes monophasiques et biphasiques. Nb de patients Monophasique (200 J)* Biphasique (120 J) p Value 86 98 Énergie délivrée (J) Voltage (V) 205±9 2166±262 (167-219) (1,051-2,593) 129±18 915±168 (77-151(445-1,260) < 0,0001 Courant (A) Impédance (Ω) Durée de l’arythmie (s) Succès du 1er choc 33±7 (17-56) 14±1 (11-18) < 0,0001 66±18 (25-114) 73±18 (30-112) 002 15±7 (3-51) 17±18 (3-134) NS 93 %(80/86) * Énergie délivrée à une impédance de 50 Ω. Les données sont présentées en valeur±intervalle de confiance. La Revue des SAMU - 2001 - 88 99 % (97/98) 0,005 été déclenché plus de trois fois. Vingt-six des 29 patients soumis à une défibrillation pour une seconde inclusion ont été traités avec la forme d'onde biphasique à 120 J qui a été efficace pour ces 26 patients. Trois des 29 patients de la seconde inclusion ont été par inadvertance défibrillés par un choc monophasique à 200 J au lieu d'un choc biphasique à 120 J. Le choc a été efficace pour deux des trois patients. Cependant, la répétition de chocs monophasiques, constituant une violation du protocole, ces trois patients ont été exclus des analyses ultérieures. Les six patients qui ont été soumis à une troisième inclusion ont été traités avec la forme d'onde biphasique à 120 J qui a été efficace sur ces six patients. La réussite du premier choc pour toutes les inclusions traitées avec la forme d'onde biphasique (129 [99 %] de 130 épisodes) était significativement supérieure à celles traitées avec la forme d'onde monophasique (80 [93 %] de 86 épisodes p=0,002). Le seul patient pour lequel un choc initial à 120 J a été un échec, a été défibrillé avec succès par un second choc biphasique à 150 J. Aucun patient de cette étude n'a requis un choc biphasique à 170 J. Le choc initial monophasique de 200 J a échoué pour six patients. Parmi ces 6 patients, 3 ont été réduits par un second choc monophasique à 300 J, 1 a requis un choc monophasique de 360 J (après échec d'un choc supplémentaire à 300 J), 2 ont reçu un choc de secours par un DAI avant administration d'un choc monophasique de 300 J. Il n'y a pas eu d'autre complications liées soit au choc monophasique soit au choc biphasique. L'âge du patient, le sexe, le poids, la surface corporelle, la fraction d'éjection VG et les pathologies cardiaques sous-jacentes n'ont pas affecté l'efficacité de la défibrillation. En revanche, l'efficacité de la défibrillation était influencée de façon significative par l'impédance du patient. Pour les patients avec une impédance transthoracique <70 Ω, la réussite du premier choc avec la forme d'onde monophasique (40 [95 %] de 42 incidents) était comparable à celle de la forme d'onde biphasique (58 [100 %] de 58 épisodes). Par contre, pour les patients avec une impédance transthoracique ≥70 Ω, l'efficacité du premier choc de la forme d'onde biphasique était supérieure à celle de la forme d'onde monophasique (67 [99 %] de 68 vs 24 [86 %] de 28 incidents, p=0,02). Un avantage similaire en faveur de la forme d'onde biphasique était observé chez les patients avec une impédance ≥ 90 Ω (19 épisodes [100%] sur 19 vs 5 épisodes [63 %] sur 8 pour la forme d'onde monophasique, p=0,02). DISCUSSION Le principal apport de cette étude est de démontrer que la défibrillation ventriculaire transthoracique avec une onde de choc biphasique rectiligne de 120 J est plus efficace que celle produite par une onde de choc monophasique sinusoïde amortie de 200 J en particulier pour les patients ayant une impédance transthoracique élevée. En outre, le succès de la défibrillation avec le choc biphasique peut être obtenu avec un courant presque 60 % plus faible que celui administré avec le choc monophasique. Bien que les défibrillateurs généralement disponibles utilisent une énergie calibrée sur la défibrillation, le courant transthoracique apparaît être une meilleure description électrique du seuil de défibrillation (19, 22). La défibrillation utilisant une méthode d'énergie calibrée peut être moins optimale car pour une énergie donnée, le courant est dépendant de l'impédance transthoracique (tableau I). Donc, un courant insuffisant est, peut-être, délivré à des patients avec une impédance transthoracique élevée (efficacité décroissante) et un courant excessif est, peut-être, délivré à des patients ayant une impédance transthoracique basse (nocivité croissante). Les manifestations de nocivité incluent les dysfonctions myocardiques (23, 24) s’exprimant aussi bien par des modifications du segment ST, que par une baisse de l'index cardiaque ou par le déclenchement d’arythmies (10, 25) incluant les tachyarythmies et les blocs auriculo-ventriculaires. Des efforts pour contourner ces limites ont abouti à des modèles de défibrillateurs variant la durée de l’onde, augmentant automatiquement l’énergie administrée aux patients (26) ayant une impédance élevée ou délivrant une dose de courant fixée indépendante de l'impédance du patient (18, 26). Les résultats de cette étude suggèrent également que la forme d'onde biphasique rectiligne offre un avantage à l'égard des patients ayant une impédance élevée parce qu'elle n'est pas affectée au même degré par des changements de l'impédance transthoracique que la forme d'onde monophasique sinusoïde amortie (tableau I). Par exemple, le pic de courant délivré à un patient ayant une impédance de 125 Ω par un choc de 200 J d'une onde monophasique sinusoïde amortie est seulement 56 % de celui délivré à un patient avec une impédance de 50 Ω. En comparaison, le courant de la première phase, délivré par un choc biphasique rectiligne de 120 J à un patient avec une impédance de 125 Ω est 75 % de celui délivré à un patient avec 50 Ω d'impédance et réduit ainsi les effets contraires d'une impédance transthoracique augmentant sur le courant délivré (27). Le taux le plus important de succès au premier choc de la forme d'onde biphasique sur les patients ayant une impédance ≥70 Ω était en accord avec cet avantage potentiel. Il est important de noter que sur la base de l'éventail des impédances transthoraciques observées pendant cette étude, cet avantage est applicable à près de 50 % des patients soumis à une défibrillation. Plusieurs autres études sur la défibrillation interne ainsi qu'une étude récente sur la défibrillation transthoracique ont indiqué un seuil de tension et de courant de défibrillation plus bas pour la forme d'onde biphasique comparée avec la forme d'onde monophasique (1-8). Indépendamment du mécanisme entraînant ce bénéfice qui peut-être lié au rétablissement de l'activité des canaux sodiques pendant la première phase du choc biphasique (28), il est généralement accepté que la défibrillation avec une tension et un courant plus faibles sont souhaitables pour réduire la probabilité des dysfonctions myocardiques postérieures au choc (8-12). Études antérieures Il existe une autre étude randomisée comparant l'efficacité de la forme d'onde monophasique versus la forme d'onde biphasique pendant la défibrillation ventriculaire transthoracique (8). Cette étude faisait la comparaison d'une forme d'onde biphasique exponentielle tronquée (115 et 130 J) produite par un condensateur de 95 µF avec une forme d'onde sinusoïde amortie (200 J et 360 J) produite par un condensateur de 32 µF à travers un inducteur de 50 mH avec une résistance interne de 10 Ω. La durée individuelle des phases, la durée totale et la pente de l'onde biphasique variaient en fonction de l'impédance transthoracique du patient. Un efficacité au premier choc équivalente a été démontrée pour la forme d'onde biphasique à 130 J (86 % de succès) et pour la forme d'onde monophasique à 200 J (86 % de succès). La plus grande efficacité avait été démontrée par l'onde monophasique sinusoïde amortie à 360 J qui avait une efficacité de 96 % au premier choc. Cela avait laissé penser que les chocs biphasiques à basse énergie pouvaient être moins efficaces que les chocs à La Revue des SAMU - 2001 - 89 360 J d'une onde monophasique sinusoïde amortie (29). Par contre l'efficacité au premier choc de la forme d'onde biphasique à 120 J dans notre étude était de 99 % et correspond approximativement à l'efficacité de l'onde monophasique sinusoïde amortie 360 J dans l'étude précédente. Il reste à déterminer si la différence d'efficacité entre notre étude et l'étude précédente est liée aux différences des formes d'ondes biphasiques. Une comparaison directe entre la forme d'onde exponentielle tronquée et la forme d'onde biphasique rectiligne n'était pas possible parce que la première n'était pas disponible pour une défibrillation hospitalière. CONCLUSIONS Cette étude démontre que pour la défibrillation ventriculaire transthoracique, et en particulier pour les patients avec une impédance transthoracique élevée, le choc biphasique rectiligne à 120 J a une efficacité supérieure à celle du choc à 200 J de l'onde monophasique sinusoïde amortie. Par ailleurs la défibrillation ventriculaire a été réalisée avec un courant administré moindre. La combinaison d’une augmentation de l'efficacité et d'une réduction du courant nécessaire suggère qu'en comparaison du choc monophasique, le choc biphasique est bénéfique pour la défibrillation ventriculaire transthoracique. APPENDICE : INVESTIGATEURS ET INSTITUTS PARTICIPANTS Principaux investigateurs : Hugh Calkins, MD, et Rozann Hansford, RN (Johns Hopkins University Medical Center, Baltimore, Maryland) - Bradley P. Knight, MD, Fred Morady, MD, et Karin M. Brinkman, MS (University of Michigan Medical Center, Ann Arbor, Michigan) - Bruce B. Lerman, MD, Kenneth M. Stein, MD, Steven M. Markowitz, MD, Suneet Mittal, MD, David J. Slotwiner, MD, Maliza Sarmiento, RN, MA, ANP, et Mary Wong, RN, MSN, ANP (New Yok Hospital-Cornell Medical Center, New York, New York) - John M. Miller, MD, et Lisa Thome (Temple University Medical Center, Philadelphia, Pennsylvania) - Edward V. Platia, MD, Jean Fenton, RN, MSN, et Dulce Manno, RN, MHSA (Washington Hospital Center, Washington, DC) - David Schwartzman, MD, et Doris Cavlovich, RN, BSN (University of Pittsburgh Medical Center, Pittsburgh, Pennsylvania) - Ruey J. Sung, MD, et Michelle Lamoureux, RN, MS (Stanford University Hospital, Palo Alto, California) - Patrik J. Tchou, MD, et Donald R. Holmes, RN, MSN (Cleveland Clinic Foundation, Cleveland, Ohio) - J. Marcus Wharton, MD, et Catherine Grill, RN, BSN (Duke University Medical Center, Durham, North Carolina). Correspondance : Dr Bruce B. Lerman, Division of Cardiology, The New York Hospital-Cornell Medical Center, 525 East 68th Street, Starr 4, New York, New York 10021. E-mail : [email protected]. SUMMARY COMPARISON OF A NOVEL RECTILINEAR BIPHASIC WAVEFORM WITH A DAMPED SINE WAVE MONOPHASIC WAVEFORM FOR TRANSTHORACIC VENTRICULAR DEFIBRILLATION Objectives : We compared the efficacy of a novel rectilinear biphasic waveform, consisting of a constant current first phase, with a damped sine wave monophasic waveform during transthoracic defibrillation. Background : Multiple studies have shown that for endocardial defibrillation, biphasic waveforms have a greater efficacy than monophasic waveforms. More recently, a 130-J truncated exponential biphasic waveform was shown to have equivalent efficacy to a 200-J damped sine wave monophasic waveform for transthoracic ventricular defibrillation. However, the optimal type of biphasic waveform is unknown. Methods : In this prospective, randomized, multicenter trial, 184 patients who underwent ventricular defibrillation were randomized to receive a 200-J damped sine wave monophasic or 120-J rectilinear biphasic shock. Results : First-shock efficacy of the biphasic waveform was significantly greater than that of the monophasic waveform (99% vs 33±7 A, p<0,0001). Although the efficacy of the biphasic and monophasic waveforms was comparable in patients with an impedance <70 Ω (100 % [biphasic] vs 95 % [monophasic], p=NS), the biphasic waveform was significantly more effective in patients with an impedance ≥ 70 Q (99% [biphasic] vs 86% [monophasic], p=0,002). Conclusions : This study demonstrates a superior efficacy of rectilinear biphasic shocks as compared with monophasic shocks for transthoracic ventricular defibrillation, particularly in patients with a high transthoracic impedance. More important, biphasic shocks defibrillated with nearly 60 % less current. The combination of increased efficacy and decreased current requirements suggests that biphasic shocks as compared with monophasic shocks are advantageous for transthoracic ventricular defibrillation. (J Am Coll Cardiol. 1999 ; 34 : 1595-601) © 1999 by the American College of Cardiology La Revue des SAMU - 2001 - 90 RÉFÉRENCES 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. 10. 11. 12. 13. 14. 15. FAIN ES., SWEENEY MB., FRANZ MR. - Improved internal defibrillation efficacy with a biphasic waveform. Am Heart J. 1989 ; 117 : 358-64. WINKLE RA., MEAD RH., RUDER MA. et al - Improved low energy defibrillation efficacy in man with the use of a biphasic truncated exponential waveform. 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