L`Europe compte un nouveau malade: la Finlande
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L`Europe compte un nouveau malade: la Finlande
FEVRIER 2016 L'analyse de Thierry Masset Les actions ne sont probablement pas encore au bout de leur peine Les rendements négatifs suscitent à la fois craintes et répulsion L’or n'a plus été aussi populaire depuis quatre ans Le cash est roi dans les marchés émergents L’Europe compte un nouveau malade: la Finlande Toujours pas de reprise des investissements dans la Zone Euro DANS L'ACTUALITÉ L’Europe compte un nouveau malade: la Finlande Une économie en déclin, un chômage en hausse et une aversion pour les réformes de libéralisation du marché. Cela vous rappelle un pays européen ? Il ne s'agit toutefois pas de la Grèce, de l'Espagne ou du Portugal, mais bien de la Finlande. Alors que les pays très endettés du sud de l'Europe tentent de tourner la page d'une crise qui aura duré six ans, certains avec plus de succès que d'autres, la Finlande est en train de faire le chemin inverse. Selon des données d'Eurostat, l'économie finlandaise, qui s'est contractée chaque année depuis 2012, a été l'économie la moins performante de la Zone Euro au cours des trois premiers trimestres de 2015. La Finlande affiche un déficit relativement plus élevé que celui de l'Italie, alors qu'elle se classe en quatrième position européenne en termes de prélèvements d'impôts, taxes et autres charges sociales. Le pays connaît, en outre, un taux de chômage plus élevé que ses voisins nordiques. Le recul des commandes du voisin russe, l'affaiblissement de l'industrie locale du papier et l'effondrement de Nokia ont fait vaciller une économie autrefois considérée comme l'une des plus solides d'Europe occidentale. En 2008, Nokia détenait encore 40 % du marché des smartphones, les exportations de papier étaient 22 % plus élevées qu'aujourd'hui, Rovio Entertainment Oy était sur le point de faire un tabac avec son jeu Angry Birds et la Finlande était vue comme un modèle à suivre sur fond de crise mondiale du crédit. La Grèce, l'Espagne, le Portugal et l'Irlande, en revanche, allaient, un an plus tard, connaître une crise qui aura finalement nécessité trois plans de sauvetage, pour un montant total de 581,5 milliards d'euros. Dans une récente enquête, le Forum économique mondial a indiqué que la Finlande était passée de la quatrième à la huitième place sur le plan de la compétitivité. Le pays possède le système de négociations salariales le plus centralisé des 140 pays suivis par l'enquête et se caractérise par une population vieillissante et une attitude particulièrement ferme visà-vis de l'immigration. La Finlande n'aura cependant pas besoin d'un plan de sauvetage, comme ceux effectués lors de la crise des dettes souveraines. La Finlande est l'un des rares pays de la Zone Euro à encore bénéficier d'une note "AAA" chez Moody's Investors Service et Fitch Rating (Standard & Poor's lui a enlevé sa cote maximale en octobre 2014). À environ 60 % du produit intérieur brut, la dette publique de la Finlande est plus de deux fois moins élevée que celle du Portugal. La Finlande va devoir cependant procéder à des ajustements pour résoudre son problème de productivité. Comme ses partenaires d'Europe du Sud, le pays doit composer avec des syndicats traditionnellement très puissants dans ses tentatives de relance de la compétitivité. Les projets du gouvernement de réduire les dépenses sociales, le nombre de jours de congé et le nombre de jours de congé maladie payés ont provoqué une vague de grèves et de manifestations dans le pays. Le gouvernement devrait tenter de faire passer ses réformes en matière de compétitivité au Parlement au mois de juin. S'il ne veut pas connaître le même sort que ses collègues espagnols, portugais, irlandais et grecs, chassés du pouvoir par des électeurs ne voulant plus de l'austérité, le premier ministre finlandais, Juha Sipila, a intérêt à ce que ses réformes portent ses fruits assez rapidement (les prochaines élections législatives auront lieu dans trois ans).