1 « Et là il se trouvait devant la porte vers l`autre monde » http

Transcription

1 « Et là il se trouvait devant la porte vers l`autre monde » http
1
« Et là il se trouvait devant la porte vers l’autre monde »
http://kyoux.deviantart.com/
Monde 1
Monde 2
Ian
Anthonys
Humain
Nixe
23 ans
255 ans jeune)
Etudiant aux beaux-arts
Fils renié
Irlandais
Vient de l’underworld
Parti à Thairragt dans sa famille pour les
vacances
Fait ses études à Dublin
Script :
2
Antho : débat avec le cheval pour noyer Ian a sa prochaine visite. Antho ne veut pas, cheval veut.
Rejet de sa famille, finit par convaincre le cheval ils décident de partir du lac et au moment où ils
sortent ils voient Ian assit sur le rebord. Moment des explications + dévoilement des sentiments tout
est bien qui finit bien... sous l'eau.
Fin wtf : Ian devient créature surnaturelle avec le temps, et Antho et Ian disparaissent du monde
humain https://fr.wikipedia.org/wiki/Nixe https://fr.wikipedia.org/wiki/Each_Uisge
Le verre explosa à terre. Le vin coula sur le tapis en dessous de la table basse. Un silence pesa
alors.
« -Oups... Désolé ? tenta Ian.
-C'est pas grave, tu n'es pas blessé ? répondit sa mère. »
Ian se leva et fit un tour en examinant son propre corps. Heureusement, le verre ne l'avait pas
atteint. Cependant, le vin, lui, ne l’avait pas épargné. Il s'excusa donc et partit se changer. Il entra
dans la chambre qui fut autrefois la sienne. Ian aujourd'hui avait 23 ans, étudiant en géologie, il vivait
la plupart de l'année à Dublin mais des fois revenait chez ses parents pour les voir. Ils habitaient à
Tharragt qui signifiait Balise en gaélique. A ce moment-là, c'était les vacances d'été et trois jours plus
tard aurait lieu la fête annuelle du village. Il y aurait alors un défilé et le soir un bal organisé pour
toute la ville. Ian ne se sentait pas vraiment d'y participer mais ses parents l'obligeaient plus ou
moins. Le problème était qu'il ne connaissait pas grand monde et que les seules personnes en dehors
de sa famille qu’il connaissait, soit étaient parties, soit il ne les aimait pas. En gros il allait se retrouver
seul.
Le lendemain matin très tôt, ses parents partirent pour aller faire la braderie, lui laissant un
mot sur la table. Lorsqu’il se réveilla, il se prépara et partit aussi. Le village était vivant contrairement
au reste de l’année. Il mit rapidement ses rollers et se dirigea vers la foule. C’était une sorte de petite
tradition qu’il pratiquait chaque année. Au moins, il pouvait se déplacer plus facilement, esquiver la
foule et surtout, il dépassait facilement les gens d’une tête et pouvait voir au loin. Il n’y avait pas des
masses d’exposants alors le tour fut rapidement terminé. Il avait trouvé beaucoup de livres, pour à
peine 10 euros, il s’était trouvé douze livres, alors qu’il en aurait facilement eu pour plus de 150
euros en librairie. Tout fut comme les années précédentes sauf à un moment. Il aimait aller jusqu’à
un endroit précis un peu reculé où il trouvait plein de livres et d’antiquités intéressantes pour pas
cher. Pourtant, cette année, son vendeur n’était pas au rendez-vous. A la place, il y avait un jeune
homme. Le garçon le fixait avec un petit sourire. Il était assez grand, style punk... beau. Il fallait le
dire, il était agréable à regarder. Ses cheveux étaient teints d’un rouge frappant, reconnaissable de
loin. De plus sur le côté gauche de son crâne, il avait ses cheveux rasés avec un motif abstrait dessiné.
Ian alla donc le voir, un peu perturbé par son regard. Il était perturbant, indescriptible. Profond. Ian,
qu’importent les mots qu’il trouvait, aucun ne correspondrait pour le décrire. Il n’aurait pas pu dire la
couleur de ses yeux ni sa forme. A son étalage il finit par acheter une babiole à 50 centimes. Une
petite figurine de cheval à moitié décomposée. Un peu effrayante mais très inspirante d’après le
jeune homme.
Tout au long de l'après-midi, il ne cessa de retourner le bibelot dans tous les sens en pensant
au jeune vendeur et à son regard. Il ne connaissait même pas son prénom mais il l’obsédait. Ce
devrait être certainement le fait qu’il n’y ait plus son vendeur habituel et... non il ne savait pas
pourquoi il occupait tant son esprit. Le soir, avant d’aller au bal, Ian et sa famille mangèrent tous
ensemble mais l’étudiant était dans ses pensées. Il ne parla quasiment pas alors que d’habitude
c’était lui qui animait le repas. Ces parents avaient remarqué ce changement de comportement mais
ils ne dirent rien, ils trouveraient un autre moment pour lui parler au cas où son caractère de
changerait pas. Ian alla dans la salle de bain afin de se préparer. Il était face à son miroir se
regardant en se demandant si ce qu’il voyait était réellement lui. Il avait toujours l’impression d’être
3
extérieur à sa propre vie, rien ne l’intéressait réellement. Il se regarda attentivement. Il ne se trouvait
pas moche mais pas spécialement attirant. A la fac et même au lycée, des filles s’étaient intéressées
à lui mais il avait toujours refusé. Il n’avait pas ce genre de sentiments envers les filles, il n’avait pas
ce genre de sentiments tout court d’après lui. Non il n’était pas malade, il avait fait des recherches
sur internet et avait découvert que certains se définissaient comme aromantiques. Il se posait depuis
quelque temps la question de savoir si lui aussi était aromantique ou non. Il avait des amis et mais il
se sentait toujours un peu à l’écart. Il ne le montrait pas, il jouait, rigolait, sortait. Il faisait comme s’il
était quelqu’un de totalement sociable. D’ailleurs ses amis lui avaient déjà demandé s’il n’était pas
gay vu qu’il n’était jamais sorti avec des filles, pas que ça les dérangeât mais ils se demandaient juste.
Devant son miroir il voyait donc un jeune homme d’un mètre quatre-vingts. Il avait un visage aux
traits fins, percés à plusieurs endroits tels que la lèvre inférieure, l’arcade et le bridge. Il en avait aussi
cinq autres sur l’oreille droite. Niveau capillaire il avait de longs cheveux lisses et bruns, rasés sur la
partie droite (de manière semblable à Skrillex).
Malgré le fait qu’il ne voulait pas aller à ce bal du village, il fit un effort vestimentaire. Tout du
moins il garda son style habituel mais le travailla un peu plus au lieu de prendre les affaires en haut
de piles. Il choisit une chemise noire à carreaux avec des têtes de mort dans certaines cases fermées
jusqu’au cou avec un nœud papillon noir. En bas, il choisit un jean slim troué à différents endroits
retenu par des bretelles noires et blanches. Enfin, il prit des godillots militaires noirs pour finir le
style. Enfin satisfait, il s’attaqua au maquillage. Son père était au courant qu’il avait décidé de se
maquiller depuis son arrivée à l’université mais n’acceptait pas. Malgré ce désaccord il ne tenait plus
de l’acompte de son géniteur et faisait comme il lui convenait. Pourtant il ne forçait pas sur les
cosmétiques. Il avait décidé ce soir de mettre uniquement du crayon noir autour des yeux et un
minimum de fard à paupière pour appuyer son regard. Il s’observa bien et sa mère arriva derrière
lui. Leur relation était assez distante mais elle était fière de son fils quoi qu’il arrive.
A deux, ils descendirent et son père les rejoignit. Sa jeune sœur, elle, était déjà partie. Son
copain était passé la chercher pendant que Ian se préparait. Le regard du père se posa sur sa femme
avec un sourire satisfait. Il la trouvait toujours magnifique après toutes ces années de mariage et de
vie commune. Ensuite ses yeux se détournèrent pour se déposer sur son fils. Il n’aimait pas comment
son fils était devenu. Il n’était pas conforme à ce qu’il avait imaginé.
Finalement, ils partirent et arrivèrent dans la salle des fêtes où se déroulait le bal. On trouvait
déjà pas mal de monde. Certains dansaient, d’autres parlaient et encore d’autres se dirigeaient ou
stagnaient au buffet. Les parents d’Ian le laissèrent pour aller retrouver leurs amis. L’étudiant fit un
rapide tour de la salle du regard puis trouva une chaise libre. Il s’y dirigea et au moment où il allait
s’asseoir une personne dos à lui prit la place. Ces cheveux si caractéristiques. Il s’agissait sans aucun
doute du vendeur du marché. Ce dernier, sentant une présence, se retourna et sourit en voyant Ian,
un peu idiot de s’être fait voler sa place.
« -Tu voulais la chaise ?
-Oui, mais ce n’est pas grave, je vais en trouver une autre.
-Non, c’est bon prends-là, je vais en trouver une autre. »
Pendant qu’il parlait, Ian trouva une chaise et s’y avança.
« -Tu es tout seul ? Si tu veux tu peux joindre ta chaise à la mienne, je n’ai personne à qui
parler.
-Je ne voudrais pas te déranger.
-Oh mais tu ne me dérange pas... Tiens mais tu n’es pas celui qui m’a acheté une figurine
d’Each Uisge ?
4
-Un quoi ?
-Un Each Uisge. C’est un cheval démoniaque dans la mythologie celte. On raconte qu’il
apparait aux âmes en peine et qu’il les attire dans l’eau pour les noyer et dévorer leur âme.
-C’est bizarre...
-Comme toutes les légendes. Après ce n’est qu’une histoire racontée depuis des siècles.
Certains disent qu’il est à moitié humain. Dans ma famille on raconte qu’il y aurait un seul moyen
d’éloigner la bête.
-Tu m’as l’air bien renseigné. Et c’est quoi ton histoire à toi ?
-Il parait que si tu arrives à lui crever les yeux avec un pédoncule de l’arbre le plus proche du
lac où il se trouve, il fuira mais s’en prendra à la personne de ta famille que tu aimes le plus.
-Un pédoncule ? C’est quoi ça ?
-C’est les tiges des fruits. Par exemple, les cerises, quand elles sont accrochées par deux, elles
sont rattachées par leur pédoncule.
-A d’accord, c’est bizarre.
-Ouais, j’y crois pas trop à ce mythe, c’est un peu gros quand même.
-Tu m’étonnes !
-Depuis tout à l’heure on parle mais je n’ai même pas eu les manières de te demander ton
prénom.
-Oh, C’est Ian.
-Enchanté Ian. Moi c’est Anthonys.
-Enchanté, c’est peu courant mais j’aime bien.
-J’ai des parents étranges mais au moins ça change.
-Ça te dirait d’aller faire un tour, la musique commence à me taper sur les nerfs.
-Ouais, j’avoue qu’on s’ennuie un peu ici. »
Sur ce, les deux jeunes hommes partirent en quête d’un endroit plus tranquille. Ils discutèrent
de tout et de rien en même temps. Ian découvrit qu’Anthonys ne venait pas du tout du coin mais
voyageait. Il vivait seul depuis que sa sœur était partie du foyer et ne comptait rester que durant les
vacances d’été. Le vendeur enfin pensa à un endroit où ils pourraient être tranquilles et surtout,
seuls. Ils allèrent jusqu’à un lac à quelques centaines de mètres de la bordure de la ville. L’étendue
d’eau était petite et son accès y était assez compliqué. Enfin ils y arrivèrent. De là où ils étaient, ils
voyaient la lune se refléter dans l’eau et un pont géologique ressortait. C’était assez étrange car il
était fait de la même matière que tous les rochers alentours mais semblait avoir été taillé par des
mains humaines.
Les deux jeunes adultes se déplacèrent jusqu’à ce pont et s’y assirent au point le plus haut. Ils
se trouvaient au bord, les jambes ballantes dans le vide au-dessus de l’eau calme. Anthonys sortit
quelques bouteilles d’alcool de son sac et en tendit une à Ian qui ne refusa pas. Aucun des deux
n’était des grands buveurs mais ils savaient que des fois, l’alcool était utile pour délier les langues et
pour faire remonter les plus profonds secrets. Pendant quelques heures ils parlèrent tous les deux de
tout et de rien. Ils en étaient venus à parler de leurs problèmes corporels et Ian avait révélé quelque
chose dont il ne parlait à personne. Il raconta à Anthonys qu’il avait des déficiences au niveau du
cerveau et notamment au niveau de la zone appelée hippocampe, ce qui pouvait lui causer certaines
fois des trous de mémoire.
Le temps passait, l’alcool s’insinuait dans les organismes. Alors qu’Ian était encore parti dans
un débat philosophique sur l’utilité des arbres à côté des voies ferrées. Alors qu’il arrivait à sa
conclusion il vit le lac bouger. Pourtant il n’y avait pas de vent… Une tête sortit. Ce n’était pas une
tête humaine. C’était une tête de cheval. La tête était décomposée. Il ressemblait à quelque chose de
5
familier. La statuette. Le cheval était comme sa statuette. C’est un Each Uisge ?! Ian regarda sa
bouteille, il n’avait pas tant bu que ça, pourtant. Au final, n’y avait-il que de l’alcool dans les
bouteilles ?
Anthonys semblait aussi voir la créature, il semblait même la connaître.
« -C’est bon ?
-Pas encore il n’est pas prêt…
-Pourtant… Il a l’air parfait là. Amène-le.
-Non pas lui pas maintenant.
-Pourquoi pas ?
-Il faut que je vérifie quelque chose avant.
-Tiens ! Lance-lui les pédoncules ! Lança-t-il sans vraiment savoir ce qu’il disait »
Le cheval tourna sa tête vers lui quelques secondes puis retourna son attention vers Anthonys.
« -Les pédoncules ? C’est quoi ces histoires encore ?
-Rien, une blague que je lui ai faite.
- Tu lui as dit quoi ?
-Je lui ai fait croire que pour tuer un Each Uisge il fallait lui crever les yeux avec des pédoncules
-Il t’a vraiment pris au sérieux ?!
-Apparemment.
-Il est sobre ?
-Non.
-Je comprends pourquoi il dit ça alors. Tu ne peux pas t’empêcher de dire n’importe quoi dès
qu’il y a quelqu’un qui te plait dans les parages.
-Il ne me plaît pas qu’est-ce que tu racontes ?
-Je connais ton secret. Peut-être que tes parents ne seraient pas d’accord et te rejetteraient
s’ils l’apprenaient mais moi, je suis ton mentor depuis tout petit et je sais qui tu es. Je remarque ces
choses-là et malgré tout je suis assez ouvert d’esprit. Néanmoins les ordres sont les ordres et tu dois
ramener une proie d’ici la fin de la semaine.
-Je sais mais pas lui j’en trouverais une demain. Il est différent et ce n’est pas ce que tu crois. Il
dégage quelque chose de différent qui n’émane pas des humains lambda.
-Tu as jusque demain minuit au plus tard.
-Je tiendrai ! »
Sur ce, Anthonys se leva, enleva son eau et plongea dans l’eau pour rejoindre le cheval. L’eau
éclaboussa violemment Ian… Cela le réveilla.
Il avait la tête qui tournait. Il ouvrit doucement les yeux et vit le plafond de la salle des fêtes où
il y avait eu le bal. Une goutte lui tomba encore sur le front. Alors c’était ça qui l’avait réveillé. Il y
avait une faille dans le toit et de l’eau tombait. Bien sûr il fallait que ce soit lui qui se place juste en
dessous. Il s’assit doucement car sa tête lui tournait encore un peu. Anthonys dormait encore
paisiblement à côté de lui. Qu’il était magnifique et calme quand il dormait. Au bout d’un moment
Anthonys se réveilla et les regards des deux garçons se croisèrent. Ian détourna en premier sa tête
gêné de l’avoir regardé sans se lasser durant plusieurs minutes. Doucement Anthonys se releva avec
des petits yeux et un petit sourire dû au fait qu’il était au moins aussi alcoolisé que son nouvel ami.
Ian voulait parler de son rêve à Anthonys mais à peine il ouvrit la bouche, Anthonys lui vomit dessus.
6
Ian et Anthonys se virent plusieurs fois après mais jamais ils ne reparlèrent de cette matinée.
On pouvait facilement imaginer la honte que le jeune homme aux cheveux rouges ait pu ressentir ce
matin-là. Chaque fois qu’ils se voyaient ils allaient au lac mais jamais rien d’étrange ne se passait.
Cependant, après les vacances, Ian partit à Dublin. Il commença à rassembler ses affaires dans sa
chambre et alors qu’il allait à son bureau, il revit la statuette et se souvint de son rêve. Se
ressaisissant, il partit descendit avec sa valise et son sac et le posa dans sa voiture. Il voulut démarrer
mais quelqu’un l’interpella. Il s’agissait d’Anthonys. Il était venu exprès pour lui dire au revoir.
Pourtant ils n’allaient certainement jamais se revoir alors il trouva l’intention si touchante qu’il sourit
béatement sans le remarquer.
« -Alors ça y est, tu repars ?
-Oui, j’ai des études à reprendre.
-Je comprends.
-Et toi de ton côté ?
-Je vais rester ici un moment j’ai quelque chose à terminer.
-Oh, d’accord.
-On se reverra peut être un jour.
-J’espère bien, j’apprécie ta compagnie.
-Merci… ça me touche.
-Oh et tiens, prend ça ! Ça te portera chance sur la route.
-C’est quoi ?
-Un topinambour.
-Pourquoi tu me donne ça ?!
-Bah… bon d’accord j’avoue j’ai trouvé ça marrant du coup je voulais te faire une petite
surprise amusante pour que tu te souviennes de moi.
-Oh ! Bah euh merci… Je ne sais pas trop quoi dire c’est tellement… Spécial et inattendu… Je
sais pas comment je dois le prendre…
-Prends le bien après tout c’est l’intention qui compte.
-D’accord.
-Bon… je vais te laisser y aller.
-Oui euh… Oh et je voulais te dire un truc.
-Oui ?
-Tu te souviens le bal ?
-Oui
-Comment on s’est retrouvé dans la salle des fêtes ?
-Bah tu n’étais plus très sobre alors je t’ai ramené là-bas parce que si tu t’endormais sur le
bord du rocher, tu risquais de tomber et de te noyer.
-Ah merci.
-Pourquoi tu me demandes ça maintenant ?
-Parce que je viens de me souvenir et puis ce soir-là j’ai fait un rêve bizarre. »
A ce moment-là, Ian lui raconta son rêve et au fur et à mesure qu’il avançait dans son récit,
Anthonys semblait amusé mais on pouvait lire une pointe d’inquiétude dans son regard. Au final, les
deux garçons finirent par se quitter et Ian repris la route.
Tout au long du retour, Ian ne cessa pas de ressasser leur dernière discussion en observant de
temps à autres la patate. De retour chez lui, il déposa ses affaires, mettant en évidence la figurine sur
son bureau. Durant les premiers jours de cours, il eut l’esprit ailleurs. Il n’arrêtait pas de penser à
Anthonys. Il l’avait cherché sur les différents réseaux sociaux mais jamais il ne le trouvait. Il était
7
introuvable. Il réfléchissait mais au final il n’avait quasiment pas d’informations sur lui. Il ne savait
pas son nom de famille ni où il habitait exactement. Il savait juste qu’il était seul et qu’il était doué de
ses mains. Bien qu’il fût mystérieux, il l’obsédait et ne quittait jamais son esprit. Il ressentait des
choses qu’il n’avait jamais ressenties envers les personnes de son entourage.
À Dublin, il reprit sa vie tranquillement avec ses amis. Il eut son diplôme aux Beaux-arts. Il
retourna à Thairragt pour annoncer la nouvelle à ses parents. Cela faisait un an qu’il n’était pas
retourné dans sa ville natale. Il avait souvent pris des nouvelles de sa famille par mail ou par les
réseaux sociaux. Aussi, il avait tenté d’avoir plus d’information sur le mystérieux Anthonys. Malgré la
distance et le temps, jamais il n’avait quitté son esprit. Il avait regardé tous les jours sa patate et la
figurine. Malheureusement le topinambour finit à la poubelle rapidement parce qu’il commençait à
pourrir et à sentir du coup dès qu’il en jetait un, il allait en racheter un autre. C’était compliqué à
trouver mais il y arrivait à chaque fois.
Il arriva chez ses parents la veille du jour de la fête du village pour leur faire la surprise.
Cependant, lorsqu’il se gara et passa la haie, il tomba par terre. Ce qu’il avait devant lui n’était pas la
maison de son enfance. Il avait devant lui des ruines. On voyait des gens s’affairer à trier les débris.
Au milieu de tout ça, il y avait quelqu’un, il était de dos mais il le reconnut tout de suite. Anthonys. Il
aidait un homme à casser une poutre fondatrice à moitié carbonisée. Doucement il se releva et fit un
pas. Il avança doucement vers l’homme aux cheveux rouges. Son premier pas sur les décombres fit
assez de bruit pour que tout le monde le remarque et se retourne. Personne n’osait s’avancer pour
lui parler. Le temps paraissait être une éternité. Les secondes devenaient des heures, les minutes
devenaient des mois. Finalement la première personne à s’avancer fut Anthonys. Il appela Ian mais
ce dernier semblait entendre sa voix comme si elle naissait du fond d’un tunnel.
« -Ian ! Réponds-moi ! Écoute-moi ! S’il te plait Ian ! »
Finalement l’interpelé bougea. Son regard perdu jusqu’alors dans le vide se tourna vers ceux,
inquiets, d’Anthonys.
« -Que… Qu’est-ce qu’il s’est passé ? Et… Mes… Mes parents ? Ils sont où ? Ils vont bien ?
-Hier un éclair violent a tapé sur ta maison. Elle s’est embrasée en quelques minutes
seulement. Tes parents, ne t’inquiète pas ils vont bien. Ils étaient en sortie chez des amis.
-Ils sont où là ?
-Ils sont restés chez leurs amis.
-Je dois aller les rejoindre. »
Ian, sur ces mots, se tourna et se dirigea vers sa voiture. Anthonys le rejoignit et lui prit les
clefs des mains. D’après lui, Ian n’était pas en état de conduire, on pouvait voir qu’il était encore en
état de choc sur son visage. Finalement, Ils partirent à pieds jusque chez les amis des parents d’Ian
qui habitaient à un bloc du domicile. Au moment où les deux jeunes hommes arrivèrent, les parents
sortirent. Ils comptaient se diriger vers leur ancienne maison pour aider les habitants.
Ce fut la mère qui remarqua son fils en premier. Elle courut jusque dans ses bras et l’enlaça.
« -Tu as reçu mon message ? demanda la mère à Ian.
-Quel message ?
-Celui qui expliquait pour la maison. Je te l’ai envoyé il y a une heure environ.
-J’ai pas eu le temps de lire. J’étais encore sur la route. Je comptais vous faire une surprise puis
j’ai vu la maison. Vous n’avez rien ?
-Non ça va, juste un peu déboussolés mais physiquement pas de séquelles.
8
-Ouf ! Je ne sais pas comment j’aurais réagi s’il vous était arrivé quelque chose.
-Merci. Heureusement qu’Anthonys était dans le coin au moment de l’éclair, c’est lui qui a
appelé les pompiers au plus tôt.
-Ce n’était qu’un coup de chance, annonça Anthonys qui était resté jusqu’alors en retrait. »
A quatre, la famille d’Ian et Anthonys repartirent pour aider le voisinage sur le chantier. Tout le
reste de la journée, tout le monde travailla d’arrache-pied et le soir ils se rejoignirent dans la rue
pour manger tous ensemble. Les voisins s’étaient rassemblés pour faire un barbecue tous ensemble.
Afin de détendre l’atmosphère, Ian annonça qu’il avait eu son diplôme des beaux-arts spécialisation
Architecture. En rigolant, les voisins conclurent qu’il aurait son premier contrat pour dessiner les
plans de la maison de ses parents ce qu’il accepta. Enfin, la soirée terminée, les parents dormirent
chez leur amis mais comme il n’y avait plus de place, Anthonys proposa de l’héberger autant de
temps que besoin.
Ian resta chez Anthonys plusieurs jours de suite dans quitter le bureau afin de dessiner les
plans pour la maison. Il en profita en même temps pour passer du temps avec Anthonys, et
apprendre à le connaitre un peu mieux. Il resta en tout et pour tout depuis l’incendie, un peu plus de
six mois. Les travaux étaient compliqués et la météo n’était pas en faveur des constructeurs. Il avait
beaucoup plus autant l’été que l’automne. Il devait superviser les constructions et pensait partir
voyager dans toute l’Irlande voire dans toute l’Europe mais au final après les constructions, il décida
de rester dans sa ville natale. A force de vivre avec Anthonys, les deux développèrent une relation
amoureuse qui dura assez longtemps.
Professionnellement, Ian travailla dans la reconstruction de maisons après des incidents
comme il avait fait avec celle de ses parents. Anthonys lui, monta une petite boutique de figurines
faits mains en différents matériaux. Cependant sa spécialité restait quand es figurines en métal de
créature du folklore celtique. Il faisait aussi des projets en lien avec son métier dans les écoles et
autres structures.
Malheureusement, leur vie ne fut pas parfaite. Ils eurent à affronter beaucoup de problèmes
surtout à cause du fait qu’ils étaient deux hommes. Quand Ian eut quarante-cinq ans, il fut atteint
d’un cancer. C’était un cancer du cerveau qui pouvait être héréditaire selon les médecins. Il passa six
mois sur un lit d’hôpital mais malheureusement, ne quitta jamais cet hôpital. Malgré tous les efforts
des médecins, il ne survécut pas, au grand désespoir d’Anthonys qui partit de Thairragt jusqu’à la fin
de sa vie.
Deireadh
Léo Mazingue

Documents pareils