Questo Buio Feroce - Archives

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Questo Buio Feroce - Archives
SAISON 09/10
Questo Buio Feroce
Du mercredi 2 au vendredi 4 décembre 2009
Au Théâtre universitaire de Nantes
© Gianluigi di Napoli
Dossier Jeune Public
Sommaire
Le propos
p.4
Les intentions de mise en scène
Entretien avec Pippo Delbono
p.5
Pippo Delbono, auteur, metteur en scène
p.6
Les échos de la presse
p.8
Retrouvez le dossier pédagogique de Questo Buio Feroce,
CNDP/Scéren "Pièces (dé)montées" sur www.legrandT.fr
Ecole du spectateur / Plus d’infos sur les spectacles
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Questo Buio Feroce
Conception et mise en scène
Pippo Delbono
Surtitrage
Simone de Felice
Scénographie Claude Santerre
Lumières Robert John Restinghini
Son Angelo Colonna
Avec
Dolly Albertin
Gianluca Ballaré
Raffaella Banchelli
Bobò
Julia Morawietz
Pippo Delbono
Lucia Della Ferrera
Ilaria Distante
Gustavo Giacosa
Simone Goggiano
Mario Intruglio
Nelson Larricia
Gianni Parenti
Pepe Robledo
Production
Emilia Romagna Teatro Fondazione- Modena, Théâtre de la Place- Liège,
Théâtre du Rond-Point- Paris, Festival delle Colline – Torino, Théâtre National de Toulouse – CDN
Midi Pyrénées, Le Fanal Scène nationale de Saint Nazaire, Maison de la Culture d’Amiens, Le Merlan,
Scène nationale de Marseille, Teatro Argentina – Teatro di Roma
Aide à la création de la scénographie et des costumes
Théâtre de la Place – Liège
Du mercredi 2 au vendredi 4 décembre 2009 au TU-Nantes à 20h30
Durée du spectacle : 1h30
Public : à partir de la Première
Tarif : 6€ par élève ou un pass-culture
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Le propos
«Jamais je ne pourrais faire un spectacle qui ne soit pas contaminé par ma vie.
je n'en serais pas capable” écrivait Antonin Artaud, « je ne vois pas l'utilité de la
retenue, ou mieux l'utilité de confier un témoignage dans les mains ou les
paroles d'autres" dit Harold Brodkey dans l'introduction à son autobiographie,
une autobiographie que j'ai découverte dans une petite librairie d'un pays sans
livres, là abandonnée, écrite en italien, une rencontre extraordinaire. Et dans ce
livre, dans ce voyage, j'ai retrouvé mon propre voyage, mon histoire. Dans les
pays occidentaux, la pensée de la mort a été "bannie". La mort apparaît avec
peur, comme une perte, une douleur, rarement comme une conscience lucide,
profonde de la vie.»
Pippo Delbono
« Une chambre blanche. Vide. Une boîte sans fenêtres. Coups de lumière qui arrivent d’en
haut. Les pulsations d’un cœur qui bat fort, toujours plus fort. Et puis disparaît. Des êtres
humains qui ne se connaissent pas entre eux. Des aliens.
D’un temps futur et d’un temps passé. Elégants. Avec des costumes antiques et des
costumes à la mode. Le visage blanc.
Ils reproduisent des jeux. Des jeux d’adultes. Sadiques. Violents. Crus.
Salò le film sacré de Pasolini sur la bestialité de l’être humain. Cette féroce obscurité.
Des êtres humains. Egarés. Isolés entre eux. Qui se cherchent. Se retrouvent. Se perdent.
Encore.
« Chacun trace autour de soi un cercle magique et laisse dehors tout ce qui ne s’adapte pas
à ses jeux secrets. »
Des Etres Humains. Qui crient. Qui pleurent.
Comme des enfants. Inconscients. Perdus. Un jeu qui s’étend vers ceux qui les regardent de
la salle. L’espace qui les sépare d’eux disparaît. Le cercle magique s’étend. Et puis se
renferme à nouveau.
Comme une pierre jetée dans un étang. Qui forme d’autres cercles. Des cercles qui se
multiplient, se superposent, reviennent, disparaissent. Comme les notes d’une musique qui
se répètent, identiques et différentes. Un poumon vivant sous l’eau apparemment immobile.
Qui bat. La pierre sur le cœur.
Les battements du cœur sous la pierre. Une brèche féroce de lumière comme les traits de
lumière dans les visages dramatiques de Caravaggio. Je veux des gens qui pourchassent la
lumière avec moi.
C’est une explosion. Un concert rock. Une catharsis. Une révolte. Casser les murs comme
un cri qui déchire la toile comme dans les peintures de Frida Kahlo la peintre mexicaine qui
dessinait sa chair blessée. Ou les corps obèses des torturés des peintures de Botero le
peintre colombien. Lacérés. D’un pays en guerre depuis des années, beaucoup d’années.
Depuis toujours. Et les fleurs qui poussent encore de cette chair. Morte. « Pour un minute de
vie, pour un minute, voir dans le cerveau des petites fleurs. » Les fleurs rouges, toujours plus
de fleurs, toujours plus de blessures. Lumière toujours plus de lumière malgré l’obscurité.
« Voir des petites fleurs qui dansent comme des mots dans la bouche d’un muet. » Encore,
encore je veux écrire l’amour. »
Pippo Delbono
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Les intentions de mise en scène
Entretien avec Pippo Delbono
Dans Cette obscurité féroce plus encore que dans vos autres spectacles, vous parlez
de la mort. Mais ce qui relève du tragique de la condition humaine vous l’envisagez ici
presque avec sérénité ?
Oui, ce thème de la mort est dans tous mes spectacles, mais le plus difficile c’est de trouver
le courage d’affronter directement un tel thème. L’inspiration est venue de ce livre d’Harold
Brodkey, le grand romancier américain mort du sida, que j’avais trouvé lors d’un voyage en
Birmanie. Mais mon histoire est différente de celle de Brodkey. Il y a toujours une part
d’autobiographie dans mes spectacles, mais il est important que cela parle des autres.
Brodkey n’était pas croyant, il n’avait aucune religion. À partir de son livre et de son histoire
j’ai créé un poème qui dit comment cet homme arrive à retrouver l’harmonie et la paix
sans la moindre référence religieuse. Sans jamais parler de Dieu.
Au début du spectacle, un acteur apparaît sur scène. Il est presque entièrement nu,
mais il porte un masque. Que signifie ce masque ?
C’est un masque africain. Cette histoire est née en Birmanie, pays qui vit sous une dictature
extrêmement perverse, mais en même temps je parle du sida. Ce masque est une façon de
dire que le sida est une maladie qui fait des ravages en Afrique où des milliers de personnes
sont en train de mourir alors qu’il y a des médicaments qui existent, mais que pour des
raisons économiques liées à des multinationales qui possèdent les brevets de ces
médicaments, ces gens n’y ont pas droit. Ce qui est un énorme scandale dont pourtant on ne
parle jamais. Mais le masque c’est aussi le carnaval qui est très présent dans le spectacle
parce que le carnaval, c’est aussi quelque chose qui a à voir avec la mort. Enfin, le masque,
c’est la morale et aussi l’hypocrisie de la société. Mais en vérité quand je crée un
spectacle, je ne travaille pas sur le sens, mais plutôt de façon intuitive et extrêmement
précise sur le rythme.
À l’arrivée, c’est à la fois un voyage et un poème qui frappe par sa lucidité et sa
légèreté qui surprend s’agissant d’un sujet aussi grave…
Je me sens juste quand j’aborde la question de cette façon. Tu as fait un parcours et tu dois
en parler, ça te nourrit. Quand un de tes proches va mourir, tu vas transformer cette
mort en une différente forme de vie. C’est tragique, mais c’est aussi quelque chose
qu’il faut accepter ; l’occasion de commencer un voyage de vie différent. C’est pour
cela que ce n’est pas triste. Ce sont des moments de grande lucidité. On fait un voyage à
travers le temps.
Extrait de Theatre-contemporain.net
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Pippo Delbono, auteur, metteur en
scène
Pippo Delbono, acteur, metteur en scène, est
né à Varazze (Italie) en 1959.
Après avoir commencé sa formation dans le
théâtre de tradition, il se consacre pendant
plusieurs années à l’étude de la relation entre
théâtre et danse, en particulier dans les
principes du théâtre de l’Orient où le travail
de l’acteur et du danseur s’unissent.
Significatives, pendant ce parcours, sont les
rencontres de travail avec Ryszard Cielslak,
Iben Nagel Rasmussen et Pina Bausch.
© Brigitte Enguerand
A la fin des années 1980 il fonde sa compagnie avec laquelle il crée tous ses spectacles
depuis Il tempo degli assassini (1986) à Urlo (2004). Guerra a obtenu le Prix de la Critique
1998, Gente di Plastica, Prix Olimpici 2003 et Urlo Prix Olimpici 2005.
En 2009, Pippo Delbono reçoit le « Prix européen des nouvelles perspectives
théâtrales » pour l’ensemble de ses créations.
En 1996, sa rencontre avec Bobò, dans l’hôpital psychiatrique d’Aversa dans le sud de
l’Italie, sourd muet, microcéphale, interné dans l’hôpital depuis 45 ans, marque un tournant
dans son travail. Avec Bobò, commence une collaboration artistique qui le conduira à ouvrir
sa compagnie à des personnes en provenance d’un monde éloigné du théâtre et de la
danse. Naissent ainsi les premiers moments d’un langage théâtral qui conditionnera
fortement une technique rigoureuse, menant l’expérience vers la recherche d’une danse
moins virtuose mais profondément liée à la vie.
Actuellement la compagnie est constituée d’acteurs, de danseurs, d’autres personnes
qui accompagnent depuis de nombreuses années ce travail, comme Bobò, Gianluca et
Nelson, qui par leur spécificité physique, ont fortement marqué le langage poétique de
Pippo Delbono.
Ses spectacles ont été présentés dans les principales capitales européennes, en
Amérique du Nord, Amérique Centrale et du Sud, et ont suivi, en parallèle, le parcours
de pays comme l’Irak, la Bosnie, l’Albanie, la Palestine et se sont adaptés aux
situations extrêmes de la guerre et des conflits.
En 2003, il réalise son premier long métrage Guerra, sélectionné à la 60e Mostra de Venise,
film dans lequel, de la même façon que dans ses créations théâtrales, le réel, le théâtre, la
danse et la poésie se mélangent pour créer un langage narratif cinématographique original.
Ce film a reçu le prix Ovidio d’Argent du meilleur film au Sulmona Cinema Festival et le
David di Donatello, meilleur long métrage documentaire.
En 2006, il réalise le film Grido, selectionné au Festival de Cinéma de Rome. Grido sortira en
France en juin 2009 (distribution Pierre Grise).
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Pippo Delbono a présenté au Festival d’Avignon 2002 Il Silenzio, Guerra et la Rabbia, au
Festival d’Avignon 2004 Urlo et Enrico V, au Festival d’Avignon 2006 I Racconti di giugno et
est invité au Festival d’Avignon 2009 avec sa dernière création La Menzogna.
Ses publications
Barboni, Il teatro di Pippo Delbono aux éditions Ubu Libri, 1999
Le Corps de l'acteur, six entretiens romains avec Hervé Pons, Éditions Les Solitaires
Intempestifs, 2004
Mon théâtre, Actes Sud, 2004
Récits de juin, Actes Sud, 2008
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Les échos de la presse
« Un cortège d'humanité joyeuse et désespérée marche vers la mort que regarde en face Pippo
Delbono, dans Questo buio feroce. Quand le carnaval de la vie tombe le masque avec une
grâce inouïe. Les oiseaux se cachent pour mourir. Pas Pippo Delbono. Il dit en pleine lumière :
« Regardez-moi, je disparais ». Dans un décor de théâtre d'une blancheur crue et violente, il
s'enfonce dans la nuit de la mort, cette obscurité féroce. Il y lutte à corps éperdu, avec les mots
de l'écrivain américain Harold Brodkey, mort avant lui du sida qui l'atteint aussi. Il y lutte pour
danser, comme le font des millions de feuilles d'arbres avant de tomber. Questo buio feroce
est sa danse de mort, son éloge nihiliste à la vie puisque de cette mort ne se connaît rien
d'autre que ce qui la précède, jusqu'aux ultimes instants d'avant son dénouement. Que
sait-on du paradis ou de l'enfer d'après la séparation ? En son théâtre immaculé, voué à
l'impureté, s'y aveugle et éblouit une humanité joyeuse et désespérée, qu'incarne en
cortège funèbre touché par une grâce inouïe sa troupe de formidables comédiens à qui,
on le sait, rien ne fut jamais facilement donné. Avant de finir en compagnie sépulcrale de
figures noires d'effroi, entourant de deuil Pippo Delbono et sa danse hantée de peur et de
désirs effondrés, avant que ne s'échouent leurs simulacres, ils y sont, de tableaux en tableaux,
héros de contes et de fantaisies, rois de la poésie et de la musique - presque nu, Nelson
Lariccia, que la vie a connu vagabond, émerveille une version de My Way, tirant de son corps
décharné une voix posée basse extraordinairement vivante. »
Dernières Nouvelles d’Alsace, février 2008
« Pippo Delbono, vivifiant, et sur les routes... Faites tout pour croiser la route de cet homme-là :
il est à Paris jusqu’au 2 février, et ensuite, il part pour une longue tournée dans toute la France,
jusqu’en juin. L’Italien Pippo Delbono est acteur, metteur en scène, danseur, conteur de
ses émotions, voire de sa vie – pas très simple - dont il narre quelques épisodes, avec
album photo de famille dans ses Récits de Juin parus chez Actes Sud. Sur scène, c’est
encore mieux : un grand théâtre populaire, et pourtant quasi autobiographique, qui met
le cœur à vif, parfois avec des trucs de bateleur, mais ne s’en cache pas. En 2002,
Delbono a séduit le Festival d’Avignon, qui le découvrait, avec trois spectacles : Il Silenzio,
Guerra et La Rabbia. Puis il y eut Urlo dans la Carrière Boulbon. Ensuite, il est venu
régulièrement à Paris, au Théâtre du Rond-Point : salles combles, standing ovation. Quand, un
jour, un artiste nous a laissé sous le choc, on a toujours peur d’être, un peu, déçu, par son
nouveau spectacle. Celui-ci se nomme Questo buio feroce (cette obscurité féroce). Et c’est
sans doute l’une des plus belles compositions de Pippo Delbono. On pourrait aussi
parler d’orchestration tant l’Italien y mêle images, danse, musiques, styles de jeu. Luimême, au micro, a quelque chose d’un Monsieur Loyal qui dirait « Je ». Là où Tadeusz Kantor
se tenait à la marge de son théâtre, Pippo se place au centre, il raconte, micro à la main,
comment est né ce spectacle, de la lecture d’un livre du romancier américain Harold Brodkey,
mort du Sida. Delbono, lui, est séropositif, il a frôlé la mort, et la folie de près. Et sur scène, il
convoque les visions que lui inspirent cette proximité avec les gouffres. Son matériau, c’est sa
troupe, ce si singulier creuset d’humanité bancale, dont un ancien clochard, un trisomique, et
Bobo, une vedette craquante, que Delbono a sorti d’un hôpital psychiatrique. Et quand on a dit
cela, on n’a rien dit. Car son théâtre n’a rien d’une cour des miracles amateur. Vous y verrez un
homme allongé sur le sol, son corps est très maigre, il ne parle pas, il cache son visage d’un
masque africain. Et encore une femme en rouge, sur une chaise roulante, Frida Khalo peutêtre. Et aussi un remake étrange du conte de Cendrillon, et une partie de cache-cache
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d’Arlequins, et des êtres en attente dans une salle blanc médical, et le corps d’un homme
marqué de traces rouges, lentement écartelé, mais sur une musique d’une douceur infinie.
Vous y verrez les ombres de Goya, Vélasquez et de quelques carnavals vénitiens et noirs.
Vous y entendrez une voix d’homme, un art vivant, un théâtre presque sans paroles, et à vif. »
Nouvel Observateur, janvier 2008
« Son nouveau spectacle, joué en italien est un peu différent des précédents qu’on a vus au
Festival d’Avignon et au Rond-Point. D’une esthétique plus rigoureuse, il s’exprime dans un
décor entièrement blanc et dessine des images fantasmatiques. Il nous parle du sida. La
première séquence s’ouvre avec un homme très maigre, un malade, qu’entourent des hommes
en combinaison, comme si le sida était radioactif. Les suivantes vont être à l’opposé, une série
de fêtes où l’on prend la mort et la maladie dans ses danses, pour mieux les connaître et lutter
avec elles. Les acteurs changent plusieurs fois de tenue, ayant parfois des costumes
flamboyants de la Renaissance, parfois les habits traditionnels du théâtre italien. Dès lors, ce
n’est plus qu’un carnaval étrange contre les puissances funestes, au sein duquel Pippo
Delbono, tout de blanc vêtu, parle peu et, surtout, danse. Il n’est pas danseur mais sa
gestuelle finale, ce combat d’un homme qui défie le mal, tandis que tournent autour de
lui les figures de l’histoire italienne, est un moment d’une beauté tout à fait unique. »
Les Echos, janvier 2008
« Dans ce spectacle éblouissant, beau et émouvant, c’est un peu la Mort qui se promène dans
le jardin d’Eden. Le désir, la passion y sont toujours en éveil, résistants à tous les assauts. La
mort est illustrée dès le début du spectacle par un corps allongé par terre, maigre, décharné, un
masque d’art primitif devant le visage. Un corps qui, paradoxalement nous rappelle à la vie. Et
puis comme venue du ciel, la voix de Pippo Delbono, presque à bout de souffle. Et c’est toute
une mémoire que le metteur en scène acteur libère. S’y mélangent présent et passé. Histoire et
conte. Il y a cet homme, le torse constellé de croix rouges, que l’on va, dans un simulacre de
cérémonial, sacrifier comme on le faisait au moyen âge. Puis le défilé de toutes ces figures qui
hantent les nuits et les jours lorsqu’ils nous sont offerts par l’art lui-même. La danse maladroite
et pourtant tendre de Pippo et bien d’autres images fulgurantes qui explosent au cœur d’une
musique qui va de Bach à Michael Gallasso. Et enfin, tableau à la Ensor, toutes ces figures
clownesques qui errent lentement. Figures qui nous renvoient à nos propres peurs et désirs,
comme si elles étaient le double de nous-mêmes. »
Le Figaroscope, janvier 2008
« Questo buio feroce, cette nuit après le jour, Pippo Delbono l’affronte du regard, la défie dans
un ultime combat où nul ne sort vainqueur mais apaisé, réconcilié avec soi, avec les autres. Car
c’est de l’approche de la mort qu’il est ici question, dans nos sociétés occidentales qui
consomment la vie frénétiquement jusqu’à en oublier l’essentiel : l’humanité, ce lien unique et
fragile qui nous unit, le temps d’un souffle, d’une rencontre, d’une amitié ou d’un amour, même
malheureux. Autrefois, la mort, le rituel de la mort, rythmait la vie. On pense à la période noire
de Goya mais aussi à un enterrement à Ornans de Courbet. Comme chez ces deux peintres,
les lumières du spectacle se jouent des conventions, surgissent de l’ombre, s’étirent dans des
blancheurs violentes, dérangeantes. La condition humaine ne vaut que parce que la mort est là,
au détour d’un chemin. Et c’est tout ce qui fait le sel de la vie. Delbono ne triche pas avec la
vie, qui nourrit son théâtre au-delà d’une rhétorique glacée, d’une gestuelle figée. Elle
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irrigue son théâtre pour nous livrer, brut de décoffrage, les images et les souvenirs qui
les hantent et les constituent. Les corps souffrent mais, comme dans Le Cri de Munch,
pas un son ne s’échappe, juste ce silence assourdissant et une partition musicale sur
laquelle se meuvent des silhouettes dégingandées, déformées, un bestiaire d’humanité
invraisemblable. Un oratorio rock, un opéra de pacotille. Alors Pippo danse jusqu’à en avoir
le tournis. Pippo en homme de théâtre s’empare du terreau de la vie et le hisse au niveau au
rang de tragédie. La tragédie existe dès lors qu’on accepte l’idée de la mort, de la mort violente.
C’est ce qui rend la vie si précieuse. Tout repose sur cette apparente contradiction. »
L’Humanité, janvier 2008
« L’Italien Pippo Delbono n’est pas un dramaturge, c’est un homme de théâtre, pour qui
le texte n’est qu’un élément, ni plus mince, ni plus fort que les autres : les maquillages,
les costumes, les lumières, les décors et les acteurs. Il met en scène des gens, des
visages, des corps, des mots et toujours de la musique. […] La voix de Pippo vient en
commentaire, égrenant l’amour des hommes sans noms et sans visages, regardant Venise en
train de mourir, hurlant comme un enfant « Regardez moi, je disparais », regardant la mort qui
le regarde. Sa danse folle sur Emmenez moi de Charles Aznavour rappelle ce qu’il doit à la
chorégraphe Pina Bausch, en décalage avec la vision de la mort qui s’installe, précédée d’un
cortège funèbre, visages blafards, lèvres et yeux peints de noir. Le triomphe de la mort est total
et magnifique. Si le spectacle commence dans l’ombre, il se termine en pleine lumière. Les
comédiens viennent saluer sans que le noir se fasse, laissant les applaudissements en
suspens. »
Le Monde, 12 janvier 2008
« Comme toujours, Pippo Delbono s’est engagé sur la voie de l’apoésie et de l’imaginaire
pour mettre en scène ses peurs, approfondir ses questionnements d’athé sur l’au-delà et
les sublimer en un acte théâtral d’une force incomparable. Le nouveau spectacle du
colosse italien se caractérise par son talent habituel à faire surgir des images qui saisissent,
stupéfient ou émeuvent. La puissance onirique des ces tableaux où apparaissent d’étranges
créatures aux sublimes costumes, est telle qu’on en voudrait presque à Pippo Delbono de céder
parfois à un symbolisme appuyé dont il n’a nul besoin. Sur le plateau quasi nu, sa présence se
fait plus légère, plus harmonieuse pour exprimer une douceur apaisante… […] »
La Croix, janvier 2008
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SAISON 09/10
Contacts Jeune Public
Le Grand T
Marion Echevin / 02 28 24 28 18
[email protected]
Pascale Degrieck / 02 28 24 28 08
[email protected]
Florence Danveau / 02 28 24 28 16
[email protected]
Clémence Jouin / 02 28 24 28 17
[email protected]
Dossier réalisé à partir des documents fournis par
la Scène nationale de Marseille
De nombreuses pistes de travail autour des spectacles
dans le document « Aller au théâtre… »
http://www.legrandt.fr/IMG/pdf/Aller_au_theatre.pdf
Retrouvez le dossier pédagogique de Questo Buio Feroce,
CNDP/Scéren "Pièces (dé)montées" sur www.legrandT.fr
Ecole du spectateur / Plus d’infos sur les spectacles
Le Grand T - BP 30111 - 44001 Nantes cedex 01 Tel 02 28 24 28 24 / Fax 02 28 24 28 38
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