Pour ne pas oublier Falli Hölli

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Pour ne pas oublier Falli Hölli
LA LIBERTÉ
GRAND FRIBOURG - SINGINE
12
MARDI 25 JUIN 2103
GROLLEY
Les villageois
testent les jeux
Pour ne pas oublier Falli Hölli
THÉÂTRE • Le glissement de terrain de 1994, qui avait emporté tout un village de
vacances dans le Plasselbschlund, est au cœur d’une pièce jouée dès ce soir à Alterswil.
Less habitants de Grolley se sont affrontés lors
d’une compétition villageoise. CHARLY RAPPO
FRANCIS GRANGET
«Frontière mexicaine», «Tipi», «Cow-boy»,
«Alcatraz», «Ruée vers l’or» ou «Nascar»: une
semaine avant les jeunesses sarinoises, les
jeux du 18e giron (baptisé Grollywood) ont pu
être testés en primeur, dimanche, par les habitants de Grolley. Cette petite compétition a
aussi permis de marquer le demi-siècle de la
jeunesse. Un anniversaire lancé samedi soir
par un concert de reprises pop-rock.
Dans le caveau à raclette, un panneau
rend d’ailleurs hommage aux fondateurs:
Henri Jaquet, Louis Pauchard, René Buchs et
Emile Schroeter (président). Et ces quatre
pionniers ont été les premiers à laisser un
message dans le livre d’or: «On est fiers de fêter avec cette si belle jeunesse les 50 ans de sa
fondation. Ce que vous avez réalisé sur ce site
est formidable!», ont-ils écrit. Dimanche, les
organisateurs tentaient de recruter les bénévoles manquants – il en faut plus de 800 – en
vue du deuxième week-end de festivités. I
> www.grolley2013.ch
EN BREF
LE CONTOURNEMENT ATTENDRA
GUIN Répondant à une question des
députés Bernhard Schafer (acg, SaintOurs) et Bruno Fasel-Roggo (acg; Schmitten), le Conseil d’Etat confirme que le
contournement de Guin, ce n’est pas pour
demain. Au contraire de la liaison Birch Luggiwil et de l’aménagement de la sortie
autoroutière de Guin, qui devrait être mis à
l’enquête cet automne et pourrait entrer
en voie de réalisation en 2016 pour 31 mio,
pris en charge par la Confédération (75%),
la commune de Guin (13,4%) et le canton
(11,6 %). Pour le contournement, devisé
entre 156 et 230 mio, le Conseil d’Etat
l’examinera «ultérieurement». AR
Une partie de la scène en plein air est occupée par une reconstitution du restaurant de Falli Hölli, entièrement détruit par le glissement de terrain de 1994. ALDO ELLENA
MARC-ROLAND ZOELLIG
«Dans quelques années, on parlera de
Falli Hölli dans toute la Suisse!», s’enthousiasme le syndic de Plasselb. Des
rires (jaunes) fusent depuis la tribune
couverte abritant les spectateurs venus
assister, dimanche soir à Alterswil, à
l’avant-première de la pièce de théâtre
consacrée au terrible glissement de terrain qui avait emporté ce village de vacances singinois en été 1994. Porté par
26 comédiens amateurs convaincants et
par une mise en scène efficace signée
Mark Kessler, ce spectacle en dialecte
singinois, qui se jouera dès ce soir et
jusqu’au 20 juillet dans un vallon à l’écart
du village, fait mouche. Et dresse un tableau à la fois drôle et tragique de l’insouciance immobilière des années 70.
Adaptée du roman «Bachab» (ndlr:
«A vau-l’eau») publié l’an dernier par
l’écrivain et linguiste singinois Christian Schmutz, la pièce est une fiction librement inspirée de faits réels. «Aucun
des personnages mis en scène dans le
récit n’a véritablement existé», explique l’auteur. Mais ils sont les arché-
types de gens ayant vraiment écrit l’histoire de ce coin de pays: promoteur immobilier arrogant et mégalomane, politicien local dépassé, fonctionnaire
cantonal soumis aux pressions économiques et touristiques, géologue prophète de malheur (et donc ignoré), petit propriétaire floué…
Franz Weber aurait peur
Personnage central de la pièce, l’architecte Bernhard Burri, interprété
avec maestria par Markus Mülhauser –
qui, lorsqu’il ne foule pas les planches,
est installateur sanitaire à Wünnewil –,
donnerait des sueurs froides à Franz
Weber. «Permis de construire ou pas, tu
fais quand même ce que tu veux!», lui
lance une conseillère communale depuis sa table de bistrot. En 1972, année
de l’inauguration du restaurant de Falli
Hölli (dont une reconstitution sert de
cadre à une bonne partie des scènes de
la pièce), l’aménagement du territoire
était une notion encore embryonnaire.
Et c’est au pas de charge, malgré les
réserves émises par un rapport géolo-
gique signalant un danger de glissement
de terrain dans ce secteur du Plasselbschlund, que les autorités locales
avaient approuvé la construction du lotissement de vacances. Après tout, il ne
s’était rien passé jusque-là… Dans ces
conditions, le canton de Fribourg – représenté sur scène par l’aménagiste
Bongard, le «Welsche de service» –
n’avait pas trop le cœur à briser l’élan
touristique d’une région économiquement défavorisée. On connaît la suite.
Du bon temps aussi
Grâce à une mise en scène astucieuse, mêlant pauses musicales et interludes narratifs remettant les scènes
dans leur contexte historique, la pièce
de Mark Kessler ne sombre toutefois pas
dans le moralisme militant. Elle donne
aussi à voir le bon temps qu’on a passé à
Falli Hölli durant 22 belles années. Les
deux hilarants piliers de bistrot du récit
(«Töffli-Hänsa», ainsi surnommé car il se
déplace à boguet, et «Celica», comme sa
Toyota de «Kéké des Préalpes») sont là
pour le rappeler aux spectateurs.
ÉCUVILLENS
«Voler, c’est comme un virus»
LASSILA NZEYIMANA
Une activité inhabituelle règne à
l’aérodrome d’Ecuvillens. Son
café est bien rempli. La raison: le
Club fribourgeois d’aviation
(CFA) organise une soirée de
vols appelée «Le jour le plus
long». Une soirée au cours de laquelle il est possible de voler
plus tard que d’habitude. «Une
fois par an, tous les pilotes ont
l’autorisation de voler au-delà de
20 h. En général c’est au début de
l’été», explique Stéphane Galley,
président du CFA. L’événement
avait lieu cette année le vendredi
21 juin.
Des parachutistes sont en
train de s’apprêter. Vers 20 h 30,
ils devraient s’envoler pour sauter d’une hauteur de 4000 mètres. Stéphane Galley pilotera
l’avion qui les amènera là-haut.
Agé de 30 ans, il vole depuis ses
20 ans durant son temps libre.
C’est une passion qu’il a héritée
de son père. «Je suis un policier
qui vole», dit-il en plaisantant. Et
comme lui, les autres membres
du club d’aviation sont des amateurs qui pilotent des petits
avions à hélices, des montgolfières ou font du parachutisme.
«Certes, ce n’est pas un loisir bon
marché, mais une fois que vous
avez commencé, c’est comme un
virus et c’est difficile de décrocher», reconnaît le policier.
Voler n’est en effet pas donné
à tout le monde. Une licence de
pilote coûte entre 8000 et
15 000 francs et il faut la renouveler tous les deux ans. C’est l’Office fédéral de l’aviation civile
qui la délivre au terme d’un examen théorique et pratique. Et
une fois la licence obtenue, il
faut louer un avion pour faire des
expéditions: entre 220 et
450 francs l’heure selon le type
d’avion. Un vol type dure une
vingtaine de minutes: les pilotes
survolent les lacs de Morat et de
Neuchâtel et reviennent à l’aérodrome à une vitesse d’environ
190 km/h avec les monomoteurs
qu’on trouve à Ecuvillens. Une
trentaine d’avions y stationnent
et attendent de faire des heu-
reux. Même les amateurs d’antiquités trouvent leur bonheur. Témoin ce Stearman de Boeing des
années 1940.
«Voler c’est l’un des sports les
moins dangereux», précise Stéphane Galley. Et d’avouer tout de
même: «Une fois j’ai bien transpiré. Mon avion a eu une panne
d’électricité et les commandes ne
passaient plus. Je ne pouvais pas
sortir le train d’atterrissage. Mais
mon moteur fonctionnait encore. J’ai rapidement réfléchi à ce
qu’il fallait faire et après, tout est
rentré dans l’ordre.»
Vers 20 h, la pluie fait des
siennes et remet en question les
vols. Tout le monde se met à
l’abri à l’intérieur du café. Toutefois, Stéphane Galley reste optimiste et espère que la pluie cessera bientôt. Au bout d’un
moment, les parachutistes et les
autres pilotes perdent espoir et
abandonnent leur sortie. Et le
policier de conclure: «Bon, nos
vols de nuit seront pour une autre fois.» I
Un Stearman-Boeing à l’aérodrome d’Ecuvillens. ARCHIVES
Quinze représentations sont prévues
jusqu’à la mi-juillet. Il reste encore
quelques dizaines de billets en vente sur
les 6100 mis en circulation à la fin mars.
Pas moins d’une centaine de personnes
ont contribué au succès annoncé de
cette aventure théâtrale. Plus de la moitié des acteurs faisaient déjà partie du
casting de la pièce «D’HintercherBanda», narrant les méfaits d’une bande
de voleurs ayant terrorisé la Singine
dans les années 1930. Egalement jouée
en plein air, elle avait captivé le district
alémanique durant trois étés de suite.
Cette fois, on a vu un peu plus grand:
davantage de places en tribune (environ
450), une scène scindée en plusieurs décors. Et même un chalet mis en mouvement grâce à des vérins hydrauliques,
histoire de figurer le glissement de terrain de 1994. Dimanche soir, le public a,
lui, été transporté. I
> Infos sur www.theater-hintercher.ch.
Retrouvez la galerie photos sur
> www.laliberte.ch