Danse et musique: Le festival Antigel, fabricant d`insolite à large
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Danse et musique: Le festival Antigel, fabricant d’insolite à large spectre - News Culture: Musique - tdg.ch 26.09.16 16:32 Le festival Antigel, fabricant d’insolite à large spectre Danse et musique Du 29 janvier au 14 février, la 6e édition investira la zone industrielle de L’Etang, à Vernier. On y fera la fête, tandis que les stars, Marianne Faithfull ou Philip Glass, joueront en ville principalement. Par Fabrice Gottraux 09.12.2015 Mots-clés Festival Antigel Assurance auto Bénéficiez d'un rabais jusqu'à 30% pour les moins de 30 ans Voter pour ALDI SUISSE et gagner. Élisez le «Retailer of the Year». Voter dès maintenant pour ALDI SUISSE. Assurance auto Mobilière Comme plus de 900 000 véhicules, optez pour une solution globale. Changez maintenant! 1|5 Le Bois de la Bâtie, où l'on fera une promenade nocturne en écoutant musique et narrateur, casque audio sur les oreilles. Pierre Albouy (5 Images) Des stars de la pop anglophone, des vedettes de la danse contemporaine et des lieux «insolites»: pour sa 6e édition du 29 janvier au 14 février, Antigel confirme sa recette et soigne ses ambitions, visitant cette fois-ci 21 communes. L’exercice de la conférence de presse relève, en soi, de l’événementiel. Qu’on en juge: le programme 2016 a été présenté jeudi parmi les bâtiments de la zone industrielle de l’Etang, à Vernier. Toitures en Toblerone, beaucoup d’espace à disposition: le site du 55 chemin de l’Etang deviendra un éphémère «Grand Central» durant deux semaines, comme il y avait eu, début 2015, la Halle CFF de Pont-Rouge. Ici, on fera la fête. Ici, on mangera terroir, on dégustera des huîtres. Puis les agapes laisseront place au chantier du nouveau quartier. C’est le deal trouvé par les organisateurs, qui s’en réjouissent. Bureau d’architectes, entreprises immobilières et opérateurs industriels ont contribué par leur aide en nature à l’élaboration du projet: le patron d’Antigel, Eric Linder, secondé par la programmatrice danse Prisca Harsch, les remerciait ce jeudi-là. Et la culture? Sous ses abords d’«event» métrosexuel, Antigel en a pourtant à revendre, de la culture. L’affiche musicale constitue la part la plus importante de la manifestation. Tâtant volontiers du prestige, le festival aligne deux figures de légendes au Victoria Hall, la chanteuse anglaise Marianne Faithfull et le compositeur nord-américain Philip Glass. Côté danse, le culte revient à Lucinda Childs, cette autre figure du minimalisme américain. De la danse, qui sonde également la scène sud africaine avec Mamela Nyamzu et Nelisiwé Xaba. Là-bas au sud du sud, la création explose, nous dit-on. Et le festival veut s’en faire l’écho. Bien lui prend. Comme il a pris avec la http://www.tdg.ch/culture/musique/Le-festival-Antigel-fabricant-d-insolite-a-large-spectre/story/20527410 Les trois coups de cœur d'Eric Linder (Video: Paul Ronga) Articles en relation Antigel 2016 dévoile son programme Concerts, danse et insolites Marianne Faithfull, Philip Glass, Lee Ranaldo et Lucinda Childs seront de la sixième édition du 29 janvier au 14 février. Plus... Par Fabrice Gottraux 08.12.2015 Page 1 sur 4 Danse et musique: Le festival Antigel, fabricant d’insolite à large spectre - News Culture: Musique - tdg.ch 26.09.16 16:32 même passion les coordonnées de Lee Ranaldo (ex Sonic Youth), des rockers Tortoise et du rappeur queer Mykki Blanco. Sans oublier ces belles figures folks si chères à Eric Linder, de Tallest Men on Earth à Michael Chapman. Des concerts donnés principalement dans des salles conventionnelles, notamment l’Alhambra. Mais Antigel ne serait pas lui-même sans ses «insolites». Ces hangars, hôpitaux, sous-sols, bouts de campagne et autres fonds de piscine que le festival sait investir pour en faire de l’«inédit». C’est avec pareil concept qu’Antigel s’est distingué dès sa première en 2011. Avec pareil projet que la manifestationprivilégie parfois la communication au détriment du contenu. Concernant les propositions 2016, force est de constater, sur le papier, que la sauce promet d’être goûtue, plus en tout cas que l’édition 2015. Les projets «Made in Antigel» auront pour tâche d’attirer les foules? Pour sûr, ce Labyrinthe géant dans la Halle 7 de Palexpo devrait y pourvoir. Tout comme cette balade nocturne au Bois de la Bâtie, casque audio sur les oreilles, sur un texte de Fabrice Melquiot, directeur d’Am Stram Gram. Antigel dans le théâtre? A vue de nez, le projet le plus séduisant. Mais en fait d’événement, c’est une course à pied qui lancera le festival, le 23 janvier au parc La Grange. Les organisateurs promettent dossards et chronomètre, comme de vrai. De là à dire que c’est de la culture, il y a une foulée. Et Eric Linder, cet ancien coureur catégorie élite, de plaisanter: «C’est un projet populaire, ouvert à tous, y compris aux amateurs de culture qui ne font pas de sport»… Les ombres de Faithfull «It is the evening of the day/I sit and watch the children play/Smiling faces I can see/But not for me…» Elle n’a que 17 ans lorsque, jeune fille en fleur joliment parée d’allures aristocratiques, Marianne Faithfull donne voix à la toute première chanson jamais écrite par Mick Jagger et Keith Richards, en 1964. As tears go by, «pendant que les larmes tombent», la muse de Jagger s’envole vers un succès express, flambant sa vie de princesse pour tomber dans la dope, remonter, chuter encore… Mais la voici toujours debout, l’icône de feu le Swinging London, désormais «marraine» de tous les cramés du rock actuel, timbre rauque et chant traînant sa mélancolie entre des guitares énervées, entre deux traits de violons emphatiques. A 68 ans, l’Anglaise a, semble-t-il, apprivoisé ses démons, ou tout du moins les a apaisés. Quand bien même les ombres couvent sous la plainte splendide de la «reine du rock». A présent, Nick Cave, ce grand corbeau d’Australie, lui pond même une chanson, Late Victorian Holocaust, parue en 2015 sur l’album Give my Love to London, une parmi les nombreuses collaborations dont est parsemé le dernier enregistrement studio de la dame, qui a également reçu les visites de Brian Eno, Anna Calvi et Roger Waters. «Sweet little sleep/My Dreams are yours to keep/…But nobody will ever wake again», dit la douce mélodie aux relents délétères écrite par Cave. Après un passage remarqué à l’Octogone de Pully en octobre, la revoici pour Antigel, où elle tient la tête d’affiche. Le samedi 6 février, c’est dans l’écrin doré du Victoria Hall que Marianne Faithfull se produira, en petit comité, acoustique de préférence. F.G. Deux Childs pour une Lucinda «Minimaliste» n’est peut-être pas le terme qui convient le mieux pour qualifier le festival Antigel. Cela n’a pas empêché ses organisateurs de convier à sa 6e édition deux figures majeures du courant américain du même nom: Philip Glass et Lucinda Childs. Le premier étant à la musique répétitive ce que la seconde est à la danse contemporaine, tous deux ont à plusieurs reprises travaillé en binôme (notamment http://www.tdg.ch/culture/musique/Le-festival-Antigel-fabricant-d-insolite-a-large-spectre/story/20527410 Page 2 sur 4 Danse et musique: Le festival Antigel, fabricant d’insolite à large spectre - News Culture: Musique - tdg.ch 26.09.16 16:32 sur Einstein on the Beach), tous deux sont invités à présenter des œuvres phares dans le cadre de la manifestation genevoise. Tant séparément qu’ensemble. Initialement conçu en 1979 sur une musique de Philip Glass et un dispositif scénique de l’artiste conceptuel Sol LeWitt, Dance sera donné par la compagnie de la chorégraphe au BFM les 1er, 2 et 3 février à 20 h 30 dans une recréation d’autant plus vertigineuse qu’elle introduit un décalage temporel entre les interprètes visibles sur scène et les images filmées originelles, où l’on voit une Lucinda Childs pas même quadragénaire danser son solo épuré. La collaboration d’Antigel avec l’ADC pour cet accueil ne s’arrête pas en si bon chemin. A la salle des Eaux-Vives, les deux institutions s’unissent également pour accueillir du 4 au 7 février la nièce danseuse et héritière artistique de Lucinda Childs, Ruth, qui rend hommage à sa tante en reprenant trois de ses prestigieux solos créés au début des années 60, Pastime, Carnation et Museum Piece. Utilisant toutes sortes d’objets et de sons du quotidien, ces pièces composées au tout début de sa carrière sont traversées d’un humour largement inspiré du dadaïsme. Katia Berger Le sexe de Mykki Blanco S’il y a un artiste essentiel à cette édition 2016 d’Antigel, une figure vraiment nouvelle dans le paysage des musiques actuelles, qui représente tout à la fois une branche innovante du rap et de l’electro mais aussi un discours engagé sur la défense des sexualités transgenres et autres, c’est lui, c’est Mykki Blanco, rappeur californien, noir, gay et juif. Tout ça, et plus encore, le musicien poète, Michael Quattlebaum Jr pour l’état civil californien, 29 ans, séropositivité déclarée publiquement, appartient à cette nouvelle frange du hip-hop résolument à rebrousse-poil des formatages misogynes et homophobes courants dans le domaine. Mykki Blanco, une comète passagère? Au contraire, et on s’en réjouit, l’empêcheur de rapper en rond peut, au besoin, se réclamer de la famille «queer rap» ou «LGBT hip-hop». Qui, de Detroit à La Nouvelle-Orléans via New York, lorsque ce n’est pas également sur la côte ouest, d’où la vague a démarré dans les années 1990, voient des crachoirs bien pendus ouvrir grand le micro aux genres d’à-côté. L’histoire a déjà retenu Big Freedia, patronne du «bounce» sudiste. A leur tour, les Zebra Katz, Cakes da Killa, Macklemore, Mélange Lavonne et autre Kreayshawnen s’en mêlent. De même que la rappeuse féministe Angel Haze ainsi que le MC et producteur de Manhattan LE1F sont attendus eux aussi à Antigel, le 5 février au Grand Central, lieu de fête éphémère du festival, qui accueillera Mykki Blanco le 29 janvier. Sa venue constitue un événement de choix, d’autant plus que le bonhomme est encore suffisamment rare dans la région – faute de disponibilité, car la présente vedette circule fréquemment en Europe. F.G. Les visages de Maguy Marin L’une des rares non-Américaines à avoir reçu l’American Dance Festival Award, Maguy Marin est née à Toulouse en 1951. Formée à l’école pluridisciplinaire de Maurice Béjart à Bruxelles, la Mudra, elle crée May B en 1981, qui vaut la reconnaissance internationale à sa compagnie – Le Ballet-Théâtre de l’Arche – qu’elle a cofondée en 1978 et qui prendra son propre nom dès 1984. Adepte du Tanztheater développé en Allemagne par Pina Bausch, elle intègre de nombreux éléments théâtraux à ses pièces et s’impose en cela comme cheffe de file de la Nouvelle danse française. Au fil du temps et de la quarantaine de créations qu’elle a à son actif, elle s’apparente progressivement au courant qu’on appelle la non-danse, amené parfois à flirter avec la psychologie. http://www.tdg.ch/culture/musique/Le-festival-Antigel-fabricant-d-insolite-a-large-spectre/story/20527410 Page 3 sur 4 Danse et musique: Le festival Antigel, fabricant d’insolite à large spectre - News Culture: Musique - tdg.ch 26.09.16 16:32 «La manière dont se présente l’Autre, dépassant l’idée de l’Autre en moi, nous l’appelons, en effet, visage.» Maguy Marin part de cette définition du philosophe Emmanuel Lévinas pour concevoir son tout dernier solo, qu’elle confie à son fils, le danseur David Mambouch, dans une scénographie de Benjamin Lebreton. C’est cette performance, Singspiele, que le festival Antigel accueille avec le Service culturel de Plan-les-Ouates à l’Espace Vélodrome, pour une représentation unique le 5 février à 20 h. On y voit le comédien sans cesse en mouvement cheminer en tenant différents portraits de visages devant le sien. Derrière ces masques successifs, ces loups de passage, son corps restitue quant à lui l’individualité unique et opaque des figures empruntées. Si l’habit ne fait pas le moine, nous suggère-t-il sobrement, le visage, lui, ne fait pas l’homme. Et Maguy Marin d’ajouter sa variation personnelle au thème de l’être et du paraître. K.B. Glass rafraîchi Invité vedette d’Antigel en 2014, le compositeur Philip Glass, 78 ans, y avait ravivé le souvenir de ses pièces répétitives pour piano. L’émotion y était, manquait la virtuosité d’antan. Mais l’événement a marqué les esprits. L’entente avec le festival était bonne. C’est donc à nouveau au Victoria Hall, les 13 et 14 février, que le NordAméricain reviendra, en compagnie de son Philip Glass Ensemble cette fois-ci, pour interpréter sur scène la musique qu’il avait écrite en 1982 pour le film Koyaanisqatsi de Godfrey Reggio, lequel sera projeté à l’occasion de ce ciné-concert mi-savant, mipopulaire. A la grande fresque écologique répondra le spectacle Dance de Lucinda Childs, mis en musique par Glass (lire ci-contre). Puis, à nouveau, les pièces pour piano. Mais sans Glass. Spécialiste reconnu du minimalisme fait clavier, Bruce Brubaker a rendu sur disque tout leur lustre aux arpèges de Metamorphosis. Il est attendu le 3 février à la salle des fêtes de Carouge. F.G. (TDG) (Créé: 08.12.2015, 21h02) http://www.tdg.ch/culture/musique/Le-festival-Antigel-fabricant-d-insolite-a-large-spectre/story/20527410 Page 4 sur 4