Tableaux + Cours

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Tableaux + Cours
Modèle IS LM BP
IMPORTANT : en aucun cas ce cours ne remplace le cours magistral de M. Gilles Dufrénot,
notamment le cours sur les chapitres 4 et 5. Il est destiné à faciliter la comprehension du cours de
TD pour l’examen.
Nous allons détailler la version originale du modèle de Mundell- Fleming (Modèle IS LM BP).
Le modèle IS LM BP réalise l’équilibre simultané du marché des biens et services (IS), de la
monnaie (LM) et exterieur (BP). L’ouverture exterieur modifie l’équilibre du marché des Biens
et services (IS) par la prise en compte des exportations et des importations. Enfin, l’équilibre du
marché de la monnaie (LM) doit désormais tenir compte de la création monétaire liée, en régime
de change fixe, aux interventions des autorités monétaires sur le marché des changes.
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L’équilibre sur le marché des biens et services
Caractérisons en premier lieu la condition d’équilibre sur le marché des biens et services. Cette
condition est donnée par l’équation suivante :
Y = C(Y − T ) + I(r) + G − εM (Y, ε) + X(ε)
(1)
Ainsi, pour que le marché soit en équilibre, le produit (partie gauche de l’équation) doit être
nécessairement égal à la demande de biens nationaux (partie droite de l’équation). Cette demande
est égale à la consommation + l’investissement + les dépenses publiques - les importations + les
exportations, représentés dans l’ordre par les variables, C, I, G, M, X. La variable r est le taux
d’intérêt nominal, ε le taux change réel.
Les variables entre parenthèses sont les variables dont dépendent les composantes de la demande :
– La consommation dépend positivement du revenu disponible (c’est à dire après déduction
des taxes T)
– L’investissement dépend négativement du taux d’intérêt réel (plus celui-ci augmente plus le
coût d’endettement est important pour les entreprises).
– Les dépenses publiques sont exogènes et ne sont donc influencées par aucune variable du
modèle.
– Le volume des importations dépend positivement du produit et négativement du taux de
change réel : plus le produit est important, plus la demande de biens étrangers augmente, de
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plus une augmentation du taux de change réel (dépréciation réelle de la monnaie domestique)
implique logiquement une augmentation du prix des biens étrangers en termes de biens
nationaux. Par conséquent, Les prix à l’import étant plus élevés, le volume des importations
baisse face à cette dépréciation. Pour simplifier, nous faisons l’hypothèse que les importations
dépendent uniquement du revenu.
– Le volume des exportations dépend positivement du taux de change réel : Une augmentation
du taux de change réel (dépreciation réelle) implique des gains de compétitivité (les biens
nationaux sont relativement moins chères et sont donc plus demandés par les étrangers) et
donc une augmentation des exportations.
Si on note X-M=BC (BC=balance commerciale : ici la BC est égale à la balance courante),
alors une augmentation du produit intérieur augmente les importations et donc diminue la balance
commerciale. Une augmentation du taux de change réel induit (si la condition de marshall-lerner
est vérifié) une augmentation de la balance commerciale.
A partir des mécanismes décrits plus haut, nous pouvons maintenant déduire les implications
d’une variation du taux d’intérêt ou du taux de change sur la demande et donc sur le produit
d’équilibre.
– Une augmentation du taux d’intérêt induit une diminution des dépenses d’investissement et
donc une diminution de la demande de biens nationaux. Ceci mène via le multiplicateur à
une diminution du produit d’équilibre Y (baisse de l’investissement induit une baisse de la
production qui à son tour entraı̂ne une baisse de la consommation et de l’investissement).
– Une augmentation du taux de change réel conduit à un déplacement de la demande en faveur des biens nationaux, et donc à une augmentation des exportations et donc de la balance
commerciale. L’augmentation de la balance commerciale élève la demande et donc le produit
d’équilibre.
Nous pouvons adopter deux simplifications pour la suite des explications. Il ne faut pas oublier
que nous nous concentrons ici sur le court terme, ainsi les prix sont fixes dans le sens où les agents
domestiques ne peuvent prendre en compte la variation des prix dans leurs décisions. Si le niveau
des prix étrangers et des prix domestiques sont fixes, par définition le taux de change nominal
évolue proportionnellement au taux de change réel (pour rappel ε = EP ∗ /P avec E, le taux de
change nominal, P les prix domestiques et P ∗ les prix étrangers). Suggérons que P/P ∗ = 1 (nous
pouvons procéder ainsi car il s’agit d’indice de prix, ce ne sont sont pas les prix qui sont les mêmes
mais la base de l’indice) alors nous pouvons déduire de la formule du taux de change réel que ε = E.
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De plus, si dans notre modèle les prix sont fixes, il n’y a pas d’inflation ni d’anticipation
d’inflation, par conséquent, les taux d’intérêt nominal et réel sont les mêmes (pour rappel r ≈ i + π
avec i le taux réel et π le taux d’inflation). Avec ces simplifications, l’équation (1) devient :
Y = C(Y − T ) + I(i) + G + BC(Y, E)
(2)
Le produit dépend à présent du taux d’intérêt nominal et du taux de change nominal.
2
L’équilibre sur les marchés financiers
L’objectif ici est de montrer comment le taux d’intérêt peut agir comme instrument de décision
politique, pour égaliser l’offre et la demande de monnaie. Pour ce faire, il suffit de simuler un
désequilibre (contraction monétaire ou augmentation du produit, par exemple) sur le marché et
de montrer comment le taux d’intérêt permettra de revenir à l’équilibre.
La condition ”offre de monnaie = demande de monnaie” est exactement la même qu’en économie
fermée. Cette condition est donnée par l’équation suivante :
M
= L(Y, i)
P
(3)
l’offre de monnaie (terme de gauche) est donnée. La demande réelle de monnaie (terme de
droite) dépend positivement du volume de transaction dans l’économie, mesuré par le niveau du
produit (Y), et négativement du coût d’opportunité de detenir de la monnaie plutôt que des titres,
soit le taux d’intérêt nominal (i). Plus le revenu est élevé plus les agents vont demander de la
monnaie pour réaliser un nombre plus important de transaction, en revanche plus le taux d’intérêt
est élevé plus la demande de monnaie, moins les agents sont inciter à détenir de la monnaie (ils
préfèrent détenir des actifs relativement mieux rémunérés).
Le fait d’être en économie ouverte ne change rien à ce niveau dans la mesure où la demande
de monnaie locale est encore principalement une demande des résidents (un américain n’a aucun
intérêt à obtenir des euros, il est plus avantageux pour lui d’acheter des obligations européennes
qui lui rapporteront un taux d’intérêt).
Le taux d’intérêt doit être tel que la demande et l’offre de monnaie soient égales :
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1. Si l’offre de monnaie augmente, le taux d’intérêt doit baisser pour rétablir l’équilibre : la
raison est très simple, pour égaliser l’offre de monnaie il faut inciter les agents à détenir
plus de monnaie. Pour un niveau de transaction donné, si le taux d’intérêt baisse, les agents
sont moins inciteés à épargner (le cout d’opportunité de detenir de la monnaie baisse) et la
demande de monnaie augmente.
2. Si la demande de monnaie augmente, le taux d’intérêt doit cette fois-ci augmenter : c’est
exactement le raisonnement inverse, pour dissuader les gens d’obtenir plus de monnaie (et
ainsi rester à l’équilibre initial avant cette demande supplémentaire), le cout d’opportunité de
détenir de la monnaie doit être plus élevé, ce qui implique nécessairement une augmentation
du taux d’intérêt.
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La courbe BP
La courbe BP représente l’ensemble des combinaisons du revenu Y et du taux d’intérêt i qui
permettent l’équilibre de la balance des paiements. La balance des paiements est constituée de la
balance commerciale (BC) et de la balance des capitaux (BK).
Le solde de la balance commerciale est égal aux exportations moins les importations de la nation. Comme nous l’avons spécifié plus haut, la balance commerciale se détèriore quand le revenu
national augmente et s’améliore avec la dépréciation du taux de change.
Le solde de la balance des capitaux résulte des mouvements de capitaux. S’il existe une parfaite
mobilité du capital alors i = i*. Sinon ces derniers dépendent du différentiel de rendement entre
un placement sur le territoire national (au taux i) et un placement en devises à l’étranger (au taux
d’intérêt étranger i∗ ).
En somme,
BP = BC(Y, E) + BK(i − i∗ )
(4)
Pour simplifier, on néglige le taux d’intérêt étranger, d’où :
1. BP = BC(Y, E) + BK(i)
2. BP = X(e) − hY + f (i)
A l’equilibre, la balance commerciale est toujours compensée par des entrées/sorties de capitaux de telle sorte que BC + BK = 0. Si le pays posséde un excédent de sa balance commerciale,
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il dégage par conséquent une capacité de financement disponible pour financer le reste du monde,
lequel présente alors un besoin de financement puisuqe sa balance commerciale avec le pays est
déficitaire (jeux à somme nul). On observe ainsi une sortie de capitaux. Inversement, si la BC est
négative alors on observe une entrée de capitaux (financement du déficit commerciale).
Etant donné que l’équilibre de la balance des paiements implique que BP = 0 alors :
1. BP = BC(Y, E) + BK(i) = 0
2. BP = X(e) − hY + f (i) = 0
3. Y = fh i +
X
h
pour e donné
On obtient donc l’équation de la courbe BP qui correspond à l’ensemble des combinaisons de
taux d’intérêt et de revenue compatibles avec l’équilibre de la balance des paiements.
f/h est le coefficient directeur de la courbe BP. Plus il est elevé et plus la courbe est plate.
Dit autrement BP sera d’autant plus horizontale que les mouvements de capitaux sont libre, et
d’autant plus verticale qu’ils sont faibles.
Pour comparer le coefficient avec celui d’une autre droite, comme LM par exemple, il faut
diviser le nombre 1 par chaque coefficient : celle dont le résultat est le plus faible dispose de la
pente la plus plate.
Une autre façon de savoir qu’elle courbe dispose de la pente la plus plate. Disons que notre
économie est décrite par les équations suivantes :
1. IS : y = −12.5 + 25
2. LM : y = 5i + 57.5
3. BP : y = 12.5i + 50
Le point d’équilibre est y=62.5 et i=1. Si dans les équations LM et BP on remplace i=2, on trouve
un y plus élevé pour BP que pour LM. Sur le graphique, pour une même augmentation du taux,
le déplacement sur l’axe des abscisses (Y) est plus important pour BP que pour LM, la courbe de
BP est donc plus plate. Cependant, pour cette méthode il ne faut pas prendre le taux d’intérêt
d’équilibre, 1% dans ce cas, car au point d’équilibre toutes les courbes ont la même pente ! ! (on
trouvera le même y pour chaque équation : le y d’équilibre de 62.5).
Sur la figure (1) les points en rouge correspondent à un excédent de BP, les points en noire à
un déficit. Pour r1 donné, si y diminue (déplacement à gauche sur l’axe des abscisses), les impor5
tations diminuent(on sait que les importations dépendent positivivement du revenu), dans ce cas
la balance commerciale augmente, et inversement. Pour Y1 donné, si le taux d’intérêt augmente
par rapport à l’équilibre, les entrées de capitaux augmentent (BK augmente) et la balance des
paiements augmente.
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Politique économique et ouverture internationale
Les politiques économiques, outre leur impact initial sur les courbes IS et LM, vont modifier le
solde de la balance des paiements. En change flexible, ce dernier va influencer le taux de change
et donc la demande : IS et BP se déplacent. En change fixe, le solde de la balance des paiements
modifie l’offre de monnaie et donc, déplace LM.
4.1
La politique budgétaire
Une relance budgétaire augmente la demande autonome, ce qui provoque une hausse du revenu
national et une hausse du taux d’intérêt (La hausse du revenue implique une hausse de la demande
de monnaie qui nécessite une hausse de i pour maintenir l’équilibre sur le marché de la monnaie).
Cette double hausse va avoir un impact sur la balance des paiements :
– La hausse de Y va entraı̂ner une hausse des importations, et donc un déficit commercial (BC
baisse).
– Si les capitaux sont mobiles, la hausse du taux d’intérêt national entraı̂ne un afflux de capitaux et donc un excédent de la balance des capitaux (BK augmente).
L’effet net dépend du degré de mobilité des capitaux. Une situation de forte mobilité des
capitaux est illustrée par une courbe BP de pente plus faible que la courbe LM.
4.1.1
La politique budgétaire en change fixe avec forte mobilité FIGURE 2
Partons du cas où la pente BP est plus faible que la pente LM (forte mobilité). La politique de
dépenses publiques augmente le revenu national, ce qui favorise les importations (baisse de BC),
et augmente le taux d’intérêt (Si le revenue augmente la demande de monnaie augmente aussi,
d’où une pression à la hausse sur le taux). Notre courbe IS va se déplacer à droite et l’équilibre se
déplace de A à B avec un taux r2 et un produit Y2.
Le taux d’intérêt plus élevé implique une entrée de capitaux (BK augmente) qui augmente la
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balance des paiements (l’effet net sur BP est positif car la mobilité du capital est relativement
élevé, graphiquement le point B est a gauche de la courbe BP ce qui traduit bien un surplus).
Ce surplus entraı̂ne une variation du même montant des réserves officielles. La banque centrale reçoit davantage de devises de la part des exportateurs qu’elle n’en fournie aux importateurs
(contre les devises qu’elle reçoit des exportateurs, elle donne de la monnaie nationale... et elle
en donne plus qu’elle n’en reçoit des importateurs... contre les devises données à ces derniers ! !
Par conséquent la demande de monnaie nationale augmente). L’exédent de la BP entraine une
appréciation et oblige la banque centrale à intervenir pour défendre la parité : elle crée de la
monnaie pour acheter des devises (les réserves augmentent), ce qui compense l’appréciation et permet de maintenir le change fixe. La masse monétaire étant plus importante, LM se déplace à droite.
Enfin, le taux d’intérêt baisse pour que la demande de monnaie puisse s’accroitre et venir
égaliser l’offre de monnaie plus élevé (r2 à r3), ce qui permet également de réequilbré la balance
des paiements (sortie de capitaux). De plus, la baisse du taux permet une hausse de l’investissement
et donc du produit (y2 à y3). L’équilibre macroéconomique se trouve au point en C (augmentation
de y, de r et de la masse monétaire).
4.1.2
La politique budgétaire en change fixe avec faible mobilité FIGURE 3
Dans ce deuxième cas, nous supposons que la pente BP est plus importante que la pente LM
(faible mobilité). De la même façon, la relance budgétaire implique une hausse du revenu, des
importations et du taux d’intérêt : la courbe IS se déplace vers la droite, et l’équilibre de A à B.
La hausse du taux de r1 à r2 entraı̂ne une entrée de capitaux, mais cette fois-ci l’effet net sur la
balance des paiements est négatif (l’ouverture commerciale domine l’ouverture financière).
Le déficit de la balance des paiements se traduit par une dépreciation, une baisse des réserves de
change et donc une déstruction monétaire (la banque cenrale donne plus de devises aux importateurs qu’elle n’en reçoit des exportateurs, d’où une dépreciation de la monnaie nationale qui oblige
la banque centrale à intervenir : elle achete sa monnaie avec ses reserves de changes, ce qui réduit
les réserves et donc la masse monétaire). La courbe LM se déplace à gauche (c’est exactement le
raisonnement inverse qu’avec forte mobilité des capitaux).
Au final, la contraction monétaire induit un taux d’intérêt plus élevé (pour baisser la demande
de monnaie) qui implique une baisse de l’investissement et donc de la production (y2 à y3). Cette
nouvelle hausse permet de rétablir l’équilibre exterieur en attirant de nouveaux capitaux (augmen7
tation de BK) qui viennent réequilibrer la balance des paiements. L’équilibre se trouve au point C
(résultat final : augmentation de y1 a y3, augmentation de r1 à r3, et baisse de la masse monétaire).
Conclusion : Tant que la balance commerciale est déficitaire, la masse monétaire se contracte,
le taux d’intérêt s’élève et l’amélioration du solde des mouvements des capitaux se poursuit. Cette
dynamique s’arrête lorsque le niveau du taux d’intérêt permet un réequilibrage de la balance des
paiements par les entrées de capitaux.
4.1.3
La politique budgétaire en change flottant avec faible mobilité FIGURE 4
En régime de change flottant, le taux de change s’ajuste : BP va se déplacer pour assurer
l’équilibre simultané sur les trois marchés, tandis que l’offre de monnaie redevient exogène (LM
ne bouge plus). Dans le cas où la mobilité des capitaux est faible, l’effet de relance va se traduire
par une dépreciation. La relance budgétaire implique une hausse du revenu, ainsi qu’une hausse
des importations et du taux d’intérêt (déplacement de IS1 à IS2 et équilibre de A à B). L’effet
net sur BP reste négatif car il existe une faible mobilité des capitaux (l’excédent de la balance des
capitaux ne compense pas le déficit commerciale).
Par conséquent un déficit apparait (le point B est à droite de BP) ce qui induit dans un
deuxième temps la dépreciation de la monnaie (BP1 à BP2). La banque centrale donne plus de
devise aux importateurs qu’elle n’en reçoit des exportateurs, par conséquent la demande de monnaie étrangère augmente.
La dépreciation favorise les exportations, ce qui renforce simultanément l’effet de relance (IS2
se déplace à IS3) et induit un augmentation du produit (y2 à y3) et donc du taux d’intérêt (r2
à r3). La dépreciation ainsi que la hausse du taux permettent de rétablir l’équilibre extèrieur.
L’équilibre se trouve au point c.
4.1.4
La politique budgétaire en change flottant avec forte mobilité FIGURE 5
Dans le cas d’une forte mobilité des capitaux, la relance budgétaire implique une une hausse
du revenue de Y1 a Y2, des importations, et du taux de r1 à r2 et (la courbe se déplace de IS1
à IS2 : équilibre momentané au point B). Cette hausse de taux attire les capitaux, et implique
une appréciation du taux de change (dans le cas d’une forte mobilité, l’effet net sur BP est positif,
même si les importations augmente en raison de la hausse du revenu).
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A ce moment au point B, il y a un surplus de la BP, mais l’appréciation réduit les exportations
rendues plus coûteuses. Le taux de change s’apprécie jusqu’à ce que le déficit courant compense
l’excédent de la balance des capitaux (déplacement de BP à gauche de BP1 à BP2). La balance
des paiements redevient équilibrée mais l’effet de relance est en partie annulé à cause de la baisse
des exportations (IS2 à IS3 avec baisse du produit de y2 à y3 et du taux de r2 à r3). L’équilibre
est au point C (y et r augmente et le taux de change s’apprécie).
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