Fiche Culture - Pomme de terre

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Fiche Culture - Pomme de terre
LES FICHES TECHNIQUES
La Pomme de Terre
En Franche-Comté
PLACE DANS LA ROTATION
La pomme de terre n’est pas très sensible au précédent : une céréale à paille, une légumineuse peuvent
convenir. Les précédents qui laissent de gros résidus comme le maïs ou le tournesol sont déconseillés. Ils
pourraient compliquer le binage ou même l’arrachage.
Pour diminuer le risque « taupin », il faut éviter de planter après une prairie. Enfin, pour lutter contre les
maladies et le doryphore, il est souhaitable de séparer d’au minimum cinq ans deux cultures de PdT.
Le sol le plus favorable à l’implantation de PdT est une terre légère limono-sableuse, sans caillou, au pH
neutre ou légèrement acide et bien drainée. Les sols argileux font courir des risques à l’arrachage et les
sols limoneux-battants peuvent amener des tassements ou des asphyxies très préjudiciables à la culture.
PREPARATION DU SOL
L’objectif est d’obtenir une terre souple sur l’ensemble du profil.
En terre argileuse ou en limon argileux, un labour d’automne est conseillé. Outre le bon stockage
de l’eau, l’effet du gel et du dégel permet d’obtenir une terre fine et non tassée. Il faudra être
attentif à la reprise à la sortie de l’hiver pour ne pas provoquer un tassement de la structure. Une
reprise durant l’hiver permettra au gel d’effacer les traces laissées sur la structure. Le ou les
passages suivants auront un rôle de faux semis. Ils seront réalisés uniquement sur sol bien
ressuyé avec un tracteur exerçant une faible pression sur le sol.
En terre sableuse ou argilo-sableuse, un labour plus tardif sera préféré pour éviter une fermeture
du lit de plantation. Ces sols pourront plus facilement être travaillés au printemps avec un
vibroculteur.
Les terres limoneuses sont sensibles à la battance. Il faudra généralement les labourer
tardivement et ne les travailler que peu de temps avant la plantation. Les conditions ni sèches ni
humides sont particulièrement importantes dans ces terres. Le tassement et la formation de
petites mottes très dures sont à redouter. Ils peuvent pénaliser la végétation et la qualité de la
récolte (Beaucoup de terre dans les pommes de terre).
La PdT doit être plantée sur un précédent propre. L’implantation d’un engrais vert est appréciable.
Cependant il ne devra pas compromettre la préparation du sol.
CHOIX VARIETAL
L’idéal serait une variété qui :
démarre rapidement avec un port étalé et couvrant (Genre Nicola ou Ditta),
résistante aux principales maladies que sont le mildiou (Gasore, Eden, Naturella, Maestro,
Raja, Bondeville, Corolle, Ballade ou Juliette…), le Rhizoctone brun de la pomme de terre
(Charlotte, Ditta… mais il n’y a pas de variété résistante)
avec une qualité adaptée à l’utilisation, goût, tenue à la cuisson… (Charlotte, BF15, Ratte...)
et une bonne productivité (Emeraude, Franceline, Naturella qui présentent surtout une forte
proportion de gros calibres…).
Il n’y a pas de variété parfaite… Dommage ! Le choix devra intégrer au mieux ces critères, et une
condition supplémentaire : la disponibilité en plants bio de bonne qualité. En production de plein champ,
le nombre de variétés sera limité. Il est tout de même indispensable de cultiver une variété à bonne
tenue à la cuisson vapeur (à chair ferme ou à chair fondante) et une autre plus adaptée à la préparation
de purées de potages et frites, genre Bintje…
En plus des variétés citées plus haut, des variétés de consommation plus anciennes comme Bintje,
Claustar, Agatta, Cosmos ou Spunta peuvent se placer sur le marché parce que plus connues des
consommateurs, mais elles ne sont pas adaptées à la culture bio. La variété Apollo est la variété primeur
à planter en AB. Il est encore possible d’utiliser d’autres variétés que celles répertoriées dans la base. Si
elles sont d’origines non AB, n’oubliez pas de demander une dérogation sur www.semencesbiologiques.org.
SEMIS
Quel calibre ? Les gros calibres démarrent mieux, surtout par printemps froid. Ils font plus de tiges et
plus de rendement, mais sont aussi plus cher.
Quel écartement ? L’espacement des lignes est de 75cm ou de 90cm. En plantant plus large, la butte
peut être plus importante. Elle permet une meilleure protection contre le verdissement des tubercules, la
contamination du mildiou sur le tubercule et l’enherbement.
La plantation : De fin mars à mi-avril, quand la température atteint 10°C.
FERTILISATION
Les besoins en azote varient de 80 à 200 UN selon l’objectif de rendement (25 à 50 t/ha). La PdT est très
gourmande en K et en Mg. La vinasse de betterave et la Kiesérite sont des fertilisants intéressants pour
cette culture. Le fumier de bovin est bien valorisé, mais les taux élevés de matière organique favorisent
le Rhizoctone. Les excès d’azote peuvent provoquer une mauvaise conservation.
DESHERBAGE
Un passage « à l’aveugle » en pré-levée/post semis de herse étrille ou de houe rotative est conseillé en
cas de germination précoce d’adventices. Il permet de rabaisser la butte de plantation et de faciliter les
premiers binages. Passer à vitesse élevée.
Le désherbage doit être réalisé en conditions ressuyées, dès que possible et avant le stade deux feuilles
vraies des adventices. Voici deux stratégies selon votre équipement :
La stratégie avec 2 passages de herse étrille de la levée au stade fanes 10 cm maxi est
complétée par 2 binages-buttages : Le premier au stade fanes 15 cm réalise un léger buttage. Le
2° avant la fermeture des rangs assure un buttage intense ;
La deuxième stratégie utilise une bineuse à dents aux stades 5 à 10 cm puis 15 à 20 cm et un
buttoir à disque avant la fermeture des rangs.
Le binage réalise des relèvements successifs de la butte. Les adventices sont soit coupées soit ensevelies.
Les bineuses-butteuses avec des disques de forts diamètres sont conseillées pour réaliser des buttes
importantes et couper les vivaces qui dépassent de la butte. La difficulté reste le bon désherbage du
sommet de la butte. Certain constructeurs adaptent sur leur butteuse une série de dents souples qui ont
le même rôle que la herse étrille.
MALADIES ET RAVAGEURS
Lutte contre le mildiou : Le mildiou est la principale maladie avec la gale et le rhizoctone brun. C’est
celle qu’on peut maîtriser avec des sels de cuivre. Le cahier des charges AB limite à 4 Kg/Ha en moyenne
sur 2 ans le cuivre métal. En année à forte pression il faudra veiller à ne pas trop dépasser cette dose
totale.
Avec une bouillie bordelaise à 20% de Cu, on pourra utiliser 20Kg de produit pour la saison. Les
hydroxydes de cuivre (Kocide 35%, Champflo 375g/l ou Héliocuivre 400 g/l) sont utilisables. Plus chers,
ils ont une meilleure efficacité à même dose de cuivre.
Le premier traitement dépend de l’apparition de la première tache de mildiou, le traitement de la vigne
est un bon repère. Il sera réalisé à faible dose (4 Kg de BB). Sur vigne, l’adjonction de tisane d’ortie
(Infusion 20mn de 2.5Kg d’ortie fraîche non fleurie dans 25 l d’eau bouillante) permet de traiter à 2
Kg/ha de BB. Mais les essais n’ont pas été réalisés sur PdT. En règle générale, il vaut mieux commencer
tôt et renouveler souvent de petites doses (environ tous les 10 jours si pluie, ou après chaque irrigation).
Pour réduire fortement l’apport de cuivre, la bouillie EEC a été mise au point par la recherche brésilienne.
Le sulfate de cuivre associé à de la farine de graine de lin et du vinaigre a une excellente efficacité, mais
peut être phytotoxique. Un essai sera mis en place sur pomme de terre en 2012.
Lutte contre le doryphore : Le doryphore est l’insecte le plus redoutable en PdT. Outre la prévention
avec l’éloignement des parcelles d’une année sur l’autre et une rotation assez longue 7 à 8 ans, on
pourra utiliser l’effet répulsif du lin en semant de la graine en bordure ou même en plein.
La lutte curative repose soit sur le ramassage des adultes (Les canadiens ont construit une souffleuse
(Biocolector) qui collecte les insectes, assez efficace en début d’attaque si les tiges sont assez hautes),
soit sur l’utilisation d’insecticides : le BT Novodor FC (pas toujours satisfaisants !).
Le taupin provoque des dégâts surtout qualitatifs. Les tubercules trop marqués sont invendables. La
longueur de la rotation est essentielle dans la lutte contre le taupin, ainsi que l’éloignement du
retournement de la prairie.
IRRIGATION
La PdT est très sensible au manque d’eau. Le nombre, la taille des tubercules et la résistance aux
maladies sont les principales conséquences d’un stress hydrique. La butte doit toujours rester humide.
DEFANAGE ET RECOLTE
Le défanage est nécessaire à la bonne maturation des tubercules. Il faut 3 semaines pour que le
périderme soit suffisamment résistant aux opérations de récolte. Réalisé par arrachage des fanes, il
stoppe la contamination des tubercules par le rhizoctone. C’est une meilleure méthode que le broyagebrûlage. Le fauchage est intermédiaire entre ces deux techniques.
Le ramassage à la main permet un pré-tri au champ. Le coût de la main d’œuvre varie de 1000 € à
2000€/ha. Les sacs coûtent de 30 à 50 €/ha, hors étiquettes. La conservation est idéale en chambre
froide. La germination est contrôlée par le froid.
LES FICHES TECHNIQUES AB – v. 2012
Réalisation : Groupe technique AB Franche Comté