Lecture de l`Apocalypse de saint Jean (21,1

Transcription

Lecture de l`Apocalypse de saint Jean (21,1
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean (21,1-5a)
Moi, Jean,
j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle,
car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés
et, de mer, il n’y en a plus.
Et la Ville sainte, la Jérusalem nouvelle,
je l’ai vue qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu,
prête pour les noces, comme une épouse parée pour son mari.
Et j’entendis une voix forte qui venait du Trône.
Elle disait :
« Voici la demeure de Dieu avec les hommes ;
il demeurera avec eux,
et ils seront ses peuples,
et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu.
Il essuiera toute larme de leurs yeux,
et la mort ne sera plus,
et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur :
ce qui était en premier s’en est allé. »
Alors celui qui siégeait sur le Trône déclara :
« Voici que je fais toutes choses nouvelles. »
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean (13,31…35)
Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples,
quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara :
« Maintenant le Fils de l’homme est glorifié,
et Dieu est glorifié en lui.
Si Dieu est glorifié en lui,
Dieu aussi le glorifiera ;
et il le glorifiera bientôt.
Petits enfants,
c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous.
Je vous donne un commandement nouveau :
c’est de vous aimer les uns les autres.
Comme je vous ai aimés,
vous aussi aimez-vous les uns les autres.
À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples :
si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
HOMELIE.
"La Ville Sainte, je l'ai vue qui descendait du ciel, d'auprès de Dieu".
Je ne sais pas si vous l'avez remarqué, mais, dans la Bible, l'histoire humaine
commence dans un jardin et elle s'achève, ou plutôt elle trouve sa finalité dans une
ville.
Au début, un jardin, le jardin d'Eden, le paradis terrestre, le jardin mythique…
A l'autre bout de la chaîne, dans l'Apocalypse de St Jean, le dernier livre de la Bible,
une ville, la Ville Sainte où les hommes sont rassemblés pour vivre en Dieu.
Du jardin à la ville : la Bible présente l'histoire de l'homme un peu comme une
construction, la construction d'une société humaine.
Mais il y a deux manières de construire la ville, deux manières de construire la
société humaine : à la manière de Babel, ou à la manière de Pentecôte.
BABEL, c'est l'histoire de la ville sans Dieu.
La construction de la tour de Babel est comme un défi : construire une ville,
construire un monde sans Dieu, en opposition à Dieu, en se prenant soi-même pour
Dieu.
Et l'histoire alors tourne à la confusion : personne ne s'entend, personne ne se
comprend. Chacun se renferme sur lui-même, sur son propre langage… et l'ouvrage
doit être abandonné.
PENTECOTE, c'est l'anti-Babel, car ce sont des hommes qui accueillent Dieu en son
Esprit, qui mettent Dieu au cœur, au centre de leur vie.
Pentecôte, c'est une société humaine où on se comprend, au-delà même des
différences de langages.
Il y a donc plusieurs manières de construire la société humaine, et toutes ne se
valent pas.
La Jérusalem céleste, qu'entrevoit l'auteur du Livre d l'Apocalypse, la Jérusalem
céleste vers laquelle nous tendons n'est pas bâtie seulement de main d'homme.
Dieu y a sa part.
Et c'est même lui qui nous donne la pierre sur laquelle repose tout l'édifice.
La pierre de base, la pierre angulaire, c'est le Christ qui s'offre à nous, le Christ mort
et ressuscité dans cette ville de Jérusalem.1
Et c'est avec l'Esprit Saint, avec la force d'aimer du Christ que nous pouvons, avec
lui, travailler à sa construction.
Alors regardons le monde, la société, c'est-à-dire, entre guillemets, "la ville" que,
chacun pour notre part, nous contribuons à construire.
1
cf. Actes 4,11
La ville, telle que nous la connaissons aujourd'hui, c'est d'abord une concentration
humaine, un lieu de rassemblement d'hommes et de femmes venus de tous
horizons.
Que cela permette de se rencontrer, de se respecter différents, et c'est Pentecôte.
Que cela entraîne la dépersonnalisation, les comportements moutonniers, et c'est
Babel.
La ville, c'est le lieu de la diversité : diversité des cultures, des races, des
occupations, des milieux sociaux.
Chacun peut s'enrichir de la richesse de l'autre, de sa connaissance, de ses savoirfaire et savoir-penser.
Mais chacun aussi peut rester dans son coin, vivre l'indifférence, ne pas même
connaître son voisin de palier. C'est alors l'incompréhension qui s'installe, avec son
lot de révoltes, de violences et d'échecs.
La ville c'est aussi le nœud de multiples croisements, ce qui s'exprime, entre
autres, par la vie associative, la rencontre incessante de gens différents qu'on
rencontre peu à peu à travers des intérêts communs, des activités communes : le
travail, le quartier, les loisirs…
Mais c'est en même temps le lieu de l'anonymat et de l'isolement.
Combien de personnes seules dans la ville -voire dans nos villages-, parfois écrasées
par le poids de la vie, sans personne à qui parler, sans personne à aimer et de qui
être aimé !
La ville, c'est encore le lieu de l'invention.
Inventer, c'est créer, faire du neuf, vivre du neuf. C'est ne jamais se résigner à une
situation existante, mais au contraire aller de l'avant pour plus d'amour, de vérité,
pour plus de chaleur humaine.
Mais cette invention a son revers quand l'amour ne la guide pas.
C'est alors le développement de la ségrégation, de quartiers souvent mal conçus et
mal-aimés. L'homme moderne a su, hélas, inventer le ghetto moderne.
Construire la Jérusalem céleste, ou rebâtir la tour de Babel, le choix est chaque jour
à notre porte : chacun de nos actes quotidiens est comme une pierre apportée à
cette construction.
Mais surtout, il serait vain de vouloir revenir en arrière, à un passé qui n'a d'ailleurs
jamais existé : aucun homme n'a vécu, n'a pu vivre dans le jardin d'Eden, le paradis
terrestre.
Ce temps passé n'a jamais existé ailleurs que dans nos imaginations, et notre vie
n'est pas derrière, mais devant nous.
Tous, avec le Christ, et en lui, nous sommes invités à construire "la ville", c'est-à-dire
l'humanité renouvelée, la Jérusalem céleste.
Mettons-nous à l'œuvre, retroussons nos manches, et, pour cette construction,
utilisons pour seul ciment la Parole de Dieu que nous donne le Christ :
"Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres."