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L. Lot La normalisation dans le domaine des oléagineux et des corps gras L e CETIOM s’est investi depuis de nombreuses années dans la normalisation nationale et internationale. En tant que représentant de l'interprofession, il assure l'animation des comités techniques pour les oléagineux, corps gras et biocarburants. Ces activités produisent des normes d'échantillonnage et d'analyse utilisées dans les transactions commerciales et reconnues en France et à l’étranger. La normalisation dans le domaine des oléagineux et des corps gras concerne les méthodes d’analyse et d’échantillonnage pratiquées, le plus souvent, dans le cadre des transactions commerciales afin de garantir la qualité des lots et leur valeur marchande. Ces méthodes doivent être reconnues par les parties prenantes comme adaptées à l’enjeu commercial ou règlementaire et aux contraintes des opérateurs chargés de les pratiquer. Ces exigences étant parfois contradictoires la normalisation a pour rôle d’aboutir à un consensus entre les acteurs pour mettre au point un outil qui sera utilisé le plus largement possible. L’organisation Dans le domaine de l’agro-alimentaire, la normalisation est organisée verticalement par type de matières premières (produits laitiers, céréales, épices, oléagineux, corps gras, etc.) ou horizontalement par type de méthodes (microbiologiques, biomoléculaires, analyses de pesticides, etc.) pouvant être appliquées à plusieurs types de matières premières. L’harmonisation des méthodes est obtenue au sein des comités techniques internationaux (ISO* ou CEN*), sur la base des propositions des commissions “miroir” nationales (tableau). L'implication de la filière “Oléagineux et Corps Gras” La filière des Oléagineux et des Corps Gras, avec l'ONIDOL*, la FNCG* et le CETIOM, finance régulièrement les Tableau - Structure des instances de normalisation au niveau national, européen (CEN*) et international (ISO*) dans le domaine des Oléagineux, des Corps gras et des Aliments pour animaux Niveau international - ISO* ISO/TC 34 “Produits agricoles alimentaires” - Président : F. FALCONNET (France) - Secrétariat : AFNOR (France) et ABNT (Brésil) ISO/TC34/SC2 “Graines et fruits oléagineux et tourteaux” Président : A. QUINSAC (CETIOM) Secrétariat AFNOR ISO/TC34/SC11 “Corps gras d’origine animale et végétale” Président : H-J FIEBIG (BACKF) Allemagne Secrétariat BSI (UK) ISO/TC34/SC10 “Aliments des animaux” Président : J. DE JONG Secrétariat NEN (NL) Niveau européen - CEN* CEN/TC 307 “Graines oléagineuses et Corps gras d’origine animale et végétale et leurs co-produits” Président : A. QUINSAC (CETIOM) - Secrétariat AFNOR CEN/TC19/TC307/JWG (Biodiesels) J. FISCHER/F. LACOSTE CEN/TC 327 “Aliments des animaux” Président : J. DE JONG Secrétariat NEN (NL) Niveau national - AFNOR* AFNOR T60D “Graines oléagineuses” Président : A. QUINSAC (CETIOM) Secrétariat AFNOR AFNOR T60C “Corps gras d’origine animale et végétale” Présidente : F. LACOSTE (ITERG) Secrétariat AFNOR AFNOR V18A “Aliments des animaux” Président : C. FEREY (DELTAVIT) Secrétariat AFNOR TC : technical committee ; SC : sub-committee ; JWG : join working group, ABNT, DIN, BSI et NEN: Organismes de normalisation brésilien, allemand, britannique et néerlandais. * lexique en page 59 28 programmes proposés par l’AFNOR* pour la normalisation nationale et internationale, et assure les secrétariats de différentes commissions ou comités techniques. Le CETIOM et l'ITERG* assurent un soutien technique dans leurs domaines respectifs. Le CETIOM anime les comités techniques de l’AFNOR* (T60D) et de l’ISO* (TC34/SC2) pour les oléagineux, et du CEN* (TC307) pour les oléagineux et corps gras (tableau). L’ITERG* assure l’animation de la commission AFNOR* “Corps gras” (T60C) et est impliqué dans le groupe de travail commun (JWG) des CEN/TC 307 et TC19 (produits pétroliers) pour de l’expertise analytique sur le thème des biocarburants. Par ailleurs, en 2006, pour accompagner le développement des débouchés des tourteaux, la filière et le CETIOM ont désiré participer à la réactivation de la commission AFNOR* V18A “aliments pour animaux” afin de suivre la révision des directives européennes. L’implication de la filière oléagineuse française dans la normalisation internationale est aussi renforcée depuis 2007 par la reprise du secrétariat de l’ISO/TC34 par la France et le Brésil, la présidence étant occupée par la France. L’activité de fond dans le domaine des oléagineux Elle consiste en des révisions périodiques de normes qui ont généralement donné lieu à des modifications mineures ; on peut citer l’ISO 658 (impuretés), l’ISO 5507 (nomenclature), l’ISO 734 (teneur en huile des tourteaux), l’ISO 664 (réduction échantillon pour essai). Des travaux plus importants de comparaison de résultats ont été nécessaires pour l’ISO 659 (teneur en huile des graines). Cette norme, harmonisée avec la méthode FOSFA*, devient désormais d’utilisation courante dans les transactions commerciales internationales. L’ISO 17059 (extraction rapide de l’huile pour analyse des acides gras) est une nouvelle norme parue en 2008, élaborée sur proposition de la France (méthode CETIOM). D’autres sujets nouveaux ont été proposés, ayant trait à des méthodes simplifiées de détermination de l’humidité et de l’huile dans les graines. Des sujets difficiles Certaines normes n’ont pu être révisées. Pour l’ISO 9167-1 (teneur en glucosinolates), il y a eu consensus sur le contenu technique, mais c’est la réalisation du circuit d’analyses collaboratives qui a échoué par manque de participants. La question de l’utilité de cette norme au niveau international a été posée. A l’inverse, pour la norme d’échantillonnage (ISO 542), un désaccord entre les experts réunis au sein de l’ISO/SC2 a empêché la progression du travail de révision. A l’initiative des Etats-Unis, un “International Workshop Agreement” a été mis en place en 2007, et les premiers travaux ont vu un certain consensus se dessiner sur la base de la méthode proposée pour échantillonner les céréales contaminées par les mycotoxines (ISO DIS 24333). Ce projet très bien argumenté par un ring-test européen avait été initié par ARVALIS - Institut du végétal. Certains sujets a priori intéressants, comme la spectrométrie de réflexion dans le proche infra-rouge (NIRS) et l’analyse des contaminants dans les oléagineux, ont très peu mobilisé les experts. Ces questions devront être abordées dans l’avenir de manière plus “horizontale” au niveau de plusieurs secteurs (par exemple céréales, aliments des animaux) pour réunir suffisamment de compétences. La qualité des tourteaux, une question importante Bien que faisant partie du domaine d’application des “oléagineux et corps gras”, les méthodes relatives aux tourteaux génèrent peu de sujets nouveaux ou de motifs de révision car, en pratique, les utilisateurs emploient des méthodes dédiées à l’alimentation animale. Pour cette raison, le CETIOM a proposé à la commission AFNOR* V18A de travailler sur des comparaisons de méthodes pour les critères “teneur en matière grasse résiduelle”et “solubilité des protéines” et il a organisé un ring-test en 2007-2008. Les résultats montrent des différences significatives entre les méthodes utilisées. Un guide sur le choix des méthodes sera élaboré en 2009. Par ailleurs, au niveau international, une harmonisation des méthodes a été initiée avec le GAFTA*, organisme qui gère la plupart des contrats commerciaux internationaux en utilisant ses méthodes propres. Il est à souligner que la qualité des tourteaux devient une préoccupation de plus en plus importante. L’Argentine, grand exportateur de tourteaux, a proposé un projet sur la solubilité des protéines de soja, et les fabricants d’aliments sont désireux d’unifier les différentes méthodes existantes. Par ailleurs, la question du dosage des isothiocyanates (produits de dégradation des glucosinolates) considérés comme substances indésirables par la directive européenne (2002/32/CE) est devenue d’actualité en raison du volume de tourteaux de colza utilisé et du manque de méthode fiable normalisée. Relance des études dans le domaine des corps gras Le fait marquant est la création en 2006 d’un groupe de travail joint * lexique en page 59 29 A. Quinsac (JWG) entre les CEN/TC307 et TC19 (produits pétroliers) pour relancer les études sur les méthodes d’analyse des carburants biodiesels normalisées en 2003 et dont certaines ne correspondaient plus aux nouvelles exigences des pétroliers et des motoristes. Un projet européen (BIOSCOPE) a été financé pour stimuler la recherche dans ce domaine et en particulier pour améliorer la norme de spécifications EN 14214 et envisager l’utilisation de l’éthanol (esters éthyliques). Compte tenu de son expertise dans l’analyse des biocarburants, l’ITERG* a contribué de manière importante à l’activité du JWG par des travaux de normalisation sur les esters méthyliques d’huile végétale, de pré-normalisation sur des esters éthyliques d’huile végétale et de mise au point de l’analyse de ces biodiesels en mélange dans les gazoles. Dans le secteur alimentaire et au niveau national, l’ITERG* a réalisé des études sur le dosage des acides gras oméga-3 dans les matrices “corps gras”, à la demande de la DGCCRF*, pour vérifier les allégations nutritionnelles. Par ailleurs, au niveau international, l’ITERG* a participé activement aux travaux de révision périodique des normes et à des ring-tests. Contact : Alain QUINSAC Direction scientifique CETIOM, Pessac E-mail : [email protected] La trituration des graines de colza par des bio-solvants L e CETIOM, en lien avec l’atelier pilote CREOL, a engagé en 2008 une étude de faisabilité de l’usage des bio-solvants pour l’extraction de l’huile de colza. Il s’agit de trouver un substitut à l’hexane, mais aussi de se situer dans le contexte de la bio-raffinerie. Le pouvoir solvant de l’hexane, assez spécifique des triglycérides, a contribué à la simplicité et à l’efficience du process actuel de la trituration. Si l’on considère que des perspectives de valorisation économique existent pour des fractions extraites nouvelles (lipidiques, protéiques ou polysaccharidiques), un solvant de polarité plus élevée et disponible à partir de la biomasse, comme le sont l’éthanol ou l’isopropanol, pourrait s’avérer intéressant. Essais exploratoires avec l’éthanol Un premier essai d’extraction de flocons de colza réalisé avec de l’éthanol à 90 % et à environ 50 °C n’a pas permis d’atteindre un rendement d’extraction de l’huile comparable à celui de l’hexane, du fait de la teneur en eau assez élevée de l’éthanol (près de 10 %) qui en a augmenté la polarité, et à cause d’une température trop basse. Par contre, l’essai a mis en évidence un avantage de l’éthanol sur l’hexane au niveau de la qualité des tourteaux avec l’amélioration de la teneur en protéines et la réduction partielle de la teneur en glucosinolates. * lexique en page 59 30 Un essai complémentaire a été effectué à CREOL sur des écailles de colza pré-pressées, à l’aide d’un pilote d’extraction de 6 litres pour améliorer le rendement d’extraction, évaluer la qualité de l’huile et simuler le fonctionnement d’un extracteur continu. Les propriétés extractives de l’éthanol ont été confirmées, car les fractions extraites contiennent des lipides (90 % du total à extraire) et des gommes, mélanges complexes de polysaccharides (tableau 1). La séparation de l’huile du miscella a été réalisée par refroidissement, technique plus économe que la distillation et permise du fait de la faible miscibilité de l’huile et de l’éthanol. Plusieurs facteurs ont une influence sur les rendements d’extraction des fractions huile ou gommes, avec des effets qui peuvent être très différents (tableau 2). Ces propriétés sont à la fois un avantage, car elles permettent d’orienter la sélectivité de l’extraction, et un inconvénient car elles rendent le process industriel peu robuste et sensible aux variations de ces facteurs. Dans cet essai, la granulation a un effet négatif sur le rendement d'extraction, contrairement à ce que l'on observe