Introduction : La petite histoire des hormones
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Introduction : La petite histoire des hormones
Introduction : la petite histoire des hormones Introduction : La petite histoire des hormones On vise, on tire... mais la cible, c’est quoi au juste ? Il était une fois... les géants pharmaceutiques Searle, Upjohn et Wyeth-Ayerst, qui décidèrent de retenir les services d’un dénommé Robert A. Wilson, M.D., pour écrire un livre dans le but de faire valoir les vertus de la supplémentation en œstrogène pour les femmes ménopausées. Le message du livre qu’écrivit le docteur Wilson fut essentiellement le suivant : « à la ménopause, les femmes qui ne prennent pas de suppléments d’œstrogène sont condamnées à devenir laides et à mourir prématurément. » Évidemment, les femmes n’ont pas du tout apprécié l’idée qu’elles pouvaient ratatiner et mourir avant leur temps à cause d’un manque d’œstrogène, et leurs médecins ne voulaient pas être responsables d’une telle catastrophe. Cette stratégie des laboratoires pharmaceutiques a bien fonctionné : le nombre des ordonnances d’œstrogène oral dont ce laboratoire détenait le brevet d’invention s’est mis à grimper sans relâche. Malheureusement, le docteur Wilson avait négligé de mentionner un détail : il n’y avait pas tellement de recherche prouvant les présumés bienfaits de l’œstrogène oral, surtout des œstrogènes provenant d’une autre espèce (l’urine de jument gravide représentait la majorité des œstrogènes prescrits). Ce qui ressort de cette histoire c’est que ce sont les laboratoires pharmaceutiques qui ont pris les devants pour faire accepter les thérapies hormonales de substitution (THS) dans les ani La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! nées 60, et les médecins leur ont volontiers emboîté le pas. C’est un cas classique faire feu avant même d’avoir une cible clairement en vue. Après avoir prescrit aux femmes des doses assez élevées d’œstrogènes non bio-identiques pendant un certain temps, nous avons découvert que cette approche avait entraîné une augmentation des risques de cancer de l’endomètre (la membrane qui tapisse l’intérieur de l’utérus). Nous aurions eu la possibilité, à ce moment-là, de prendre un certain recul et d’évaluer ce que nous faisions. Nous pourrions avoir ajouté de la progestérone, l’hormone produite naturellement par les ovaires pendant le cycle menstruel, pour contrebalancer l’effet stimulant des œstrogènes équins. Nous aurions pu nous poser des questions sur le bien-fondé d’administrer des œstrogènes de cheval à des humains. Nous aurions pu nous demander si c’était une bonne idée d’avaler les hormones, qui normalement sont déversées dans le sang directement à partir des glandes telles que les ovaires. Au lieu de cela, nous avons retenu l’usage de l’œstrogène équin, et ajouté l’acétate de médroxyprogestérone (MPA), une molécule synthétique et brevetable, qui est semblable mais non identique à la progestérone que fabrique notre corps. Bien sûr, le MPA fonctionne pour éviter une surstimulation de l’endomètre pouvant mener au cancer, mais en rétrospective, c’était probablement le pire partenaire pour l’œstrogène équin, tel nous le verrons plus loin. Le temps a passé et les ventes ont continué de grimper. Le Premarin® (œstrogènes conjugués provenant de l’urine de juments gravides) devint le médicament d’ordonnance le plus vendu en Amérique du Nord, et la thérapie hormonale de substitution (THS) est devenue une industrie rapportant des sommes faramineuses aux sociétés pharmaceutiques. ii Introduction : la petite histoire des hormones Dans le monde de la recherche, des nuages apparaissaient cependant à l’horizon, mais peu de médecins y portaient attention. Les unes après les autres, les études montraient que l’œstrogène oral était probablement associé à une augmentation faible mais certaine du cancer du sein, et que l’addition du MPA au cocktail d’hormones augmentait ce risque. Qui plus est, des études sur les primates indiquaient que même si l’œstrogène avait des effets positifs sur le système cardiovasculaire, le MPA contrecarrait ces bienfaits chez les femmes qui le prenaient. Les études ont également montré que le MPA, administré seul comme contraceptif, avait un impact négatif sur la densité osseuse. Les nuages à l’horizon s’amoncelaient et laissaient présager un orage ! À la fin des années 80, de nombreuses études avaient été menées sur les effets des hormones sur les animaux, les cellules humaines et le corps humain. Les rapports de recherche ainsi rédigés pourraient facilement remplir votre salle familiale. Il y avait de plus en plus d’évidence que la THS augmentait les risques de cancer du sein et de maladies cardiovasculaires, mais il y avait en même temps suffisamment de données indiquant que l’œstrogène était bénéfique pour les os, le cerveau, le système urogénital et la peau. Donc, personne ne s’inquiétait outre mesure. Éventuellement, pour résoudre les contradictions apparentes dans les données émanant des recherches, on a entrepris des études à vaste échelle avec des milliers de participantes et on a analysé avec soin les divers résultats pour déterminer si les bienfaits de la THS l’emportaient sur les risques. Pendant l’été 2002, l’orage a finalement éclaté. L’étude « Women’s Health Initiative », portant sur 16 000 femmes, a examiné la THS combinée et a constaté que les bienfaits escomptés de la prise d’œstrogène équin et de MPA ne justifiaient tout simplement pas les risques. Une iii La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! vague anti-THS, dont les effets pourraient être ressentis à très long terme, déferlait sur le monde médical. L’ÉTUDE « WOMEN’S HEALTH INITIATIVE » Points saillants Volet Premarin® et Provera® L’ÉTUDE • 16,608 femmes post-ménopausées âgées entre 50 et 79 ans, ayant leur utérus intact. ® • Les femmes ont reçu soit Premarin 0.625mg et Prove® ra 2,5mg chaque jour (8 506 femmes) ou un placebo (8 102 femmes). • Les effets mesurés comprennent les cardiopathies, le cancer du sein envahissant, le cancer colorectal, les fractures de la hanche, le cancer de l’endomètre, les accidents cérébrovasculaires et les caillots sanguins dans les poumons (embolies pulmonaires). Un index global pour mesurer les risques par rapport aux bienfaits a également été utilisé. RÉSULTATS L’étude a été stoppée avant terme car l’index global indi® quait que, tout compte fait, l’utilisation du Premarin et du ® Provera entraînait plus de conséquences négatives que positives. ® • Comparé au placebo, les femmes utilisant Premarin ® plus Provera ont eu : o 41 % d’augmentation des ACV o 29 % d’augmentation de crises cardiaques o Deux fois plus de caillots sanguins o 26 % d’augmentation du cancer du sein o 37 % de diminution du cancer colorectal o 33 % de diminution des fractures de la hanche o 76 % d’augmentation des démences de type Alzheimer L’étude WHI a démontré que l’administration orale d’hormones synthétiques non humaines sous forme de ® ® Premarin et de Provera est plus nocive pour les femmes que l’administration d’un placebo. iv Introduction : la petite histoire des hormones Ceci nous amène à la raison d’être du présent ouvrage. La réaction contre la THS occasionne des souffrances inutiles à bien des femmes ménopausées. Notre objectif est de mettre au clair la confusion qui existe en ce qui concerne la THS, d’offrir trois stratégies simples pour déterminer si une femme retirerait des bienfaits de la substitution hormonale et d’examiner les options à retenir pour la THS à la lumière de ce que les récentes études nous apprennent. Nous sommes prêts : nous avons maintenant une cible clairement définie – Feu ! v La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! vi Introduction : la petite histoire des hormones PARTIE UN Santé hormonale vii La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! viii CHAPITRE UN : Les hormones… aident-elles ou nuisent-elles ? CHAPITRE UN Les hormones... aident-elles ou nuisent-elles ? Les hormones ont fait couler bien de l’encre en 2002 lorsqu’on a appris qu’au lieu d’apporter aux femmes l’aide promise, elles ont créé des problèmes sérieux pour un bon nombre d’entre elles. Depuis plusieurs décennies, on disait aux femmes que l’hormonothérapie devait les conserver jeunes et en santé. Maintenant on les avise que certaines formes d’hormonothérapie peuvent plutôt augmenter leurs risques de cardiopathies ou de cancer du sein. L’arrêt prématuré du volet de l’étude Women’s Health Initiative (WHI), portant sur l’hormonothérapie combinée à base d’estrogènes conjugués et de progestines synthétiques (voir l’encadré à la page iv) a amené bien des femmes à se précipiter chez leur médecin pour savoir si elles pouvaient arrêter de prendre leurs hormones. Les médecins, dont les connaissances étaient limitées aux produits d’officine « prêts à vendre » mis en marché par les laboratoires pharmaceutiques, n’avaient aucune alternative à offrir. En fait plusieurs médecins se sont retrouvés désemparés devant les résultats de cette étude. Au lieu de démontrer les bienfaits de ce type d’hormonothérapie substitutive, le WHI faisait état d’une augmentation de cardiopathies, de cancers du sein, d’accidents cérébrovasculaires et de coagulation anormale du sang chez les femmes faisant usage de Premarin® et Provera®. Ceci a amené un bon nombre de femmes et leurs 1 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! médecins à abandonner l’hormonothérapie substitutive complètement, avec des conséquences assez malheureuses pour certaines. Les deux cas suivants sont un exemple typique de l’impact des résultats de l’étude WHI sur la vie des femmes ménopausées. Jeanne Jeanne est une femme rendue à la post-ménopause qui a subi une hystérectomie complète (ablation des ovaires et de l’utérus) il y a dix ans, après quoi on lui a prescrit le timbre transdermique à l’œstrogène. Étant donné qu’elle n’avait plus son utérus, on lui a dit qu’elle n’avait pas besoin de progestérone. Dès que les résultats de l’étude WHI ont été publiés, elle a cessé d’utiliser cette thérapie œstrogénique par crainte d’augmenter ses risques de maladies du cœur et de cancer du sein. Et maintenant, elle a des problèmes : « Je souffre de sécheresse vaginale extrême, j’ai de la difficulté à dormir, je suis déprimée et je ne me reconnais plus » ditelle. Jeanne croit que les bienfaits escomptés de la thérapie hormonale de substitution ne justifient pas les risques, mais elle subit maintenant tous les symptômes de la déficience œstrogénique. Jeanne est-elle vraiment à risque en continuant d’utiliser le timbre à l’œstrogène ? Probablement pas. Jeanne utilise un timbre qui contient un œstrogène appelé œstradiol, qui est une copie exacte, produite en laboratoire, de l’œstradiol que le corps produit naturellement. L’administration des hormones par la peau (transdermique) est préférable à l’administration orale car l’absorption par voie transdermique est plus efficace et s’apparente davantage à la façon dont les hormones circulent naturellement dans le corps. Jeanne n’a aucun antécédent familial de cancer du sein, et elle utilise une très faible dose d’œstrogène. C’est probablement une bonne stratégie à long terme pour 2 CHAPITRE UN : Les hormones… aident-elles ou nuisent-elles ? Jeanne de continuer à utiliser le timbre à l’œstradiol tout en faisant contrôler régulièrement ses niveaux d’œstradiol et d’autres hormones. Cependant, Jeanne devrait penser à utiliser de la progestérone bio-identique pour équilibrer son œstradiol, tel que son corps le faisait quand elle avait ses ovaires. La progestérone aide le corps à faire un meilleur usage des œstrogènes et prévient les symptômes provoqués par l’excès d’œstrogène. Certaines études suggèrent que la progestérone pourrait aider à réduire le risque de cancer du sein et qu’elle confère également des bienfaits au niveau cardiovasculaire. Jeanne s’est mise inutilement dans un état de détresse en laissant de côté son timbre à l’œstrogène. Monique Monique utilise le Premarin® et le Provera® depuis le début de sa ménopause il y a cinq ans. Elle a encore ses ovaires et son utérus, et elle a des antécédents familiaux de cardiopathies. Monique affirme : « Je me fous de ce que l’étude dit. Je n’arrête pas de prendre mes hormones. J’ai assez souffert de bouffées de chaleur et de problèmes de sommeil avant que mon médecin me donne finalement des hormones. Je ne reviens pas en arrière. » Monique n’a pas besoin d’abandonner sa thérapie hormonale, mais seulement de changer le type d’hormones qu’elle prend. La progestine synthétique « MPA » est impliquée dans l’augmentation du risque de cardiopathie chez les femmes ménopausées. Le médecin de Monique ne veut pas vraiment qu’elle continue le Premarin®, mais ne sait pas quoi d’autre suggérer. Il serait grandement préférable que Monique utilise de la progestérone identique à celle que son corps produit, au lieu du MPA, surtout étant donné ses antécédents familiaux de maladies du cœur. Monique devrait aussi utiliser une forme transdermique d’œstradiol, plutôt que des œstrogènes oraux conjugués. Les hormones appliquées sur la peau 3 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! s’apparentent à la production de l’œstrogène par les ovaires, et posent moins de risque de provoquer des caillots sanguins que la forme orale. Nombre de femmes composent avec des problèmes non diagnostiqués. Elles ont des symptômes multiples reliés à des déficiences et déséquilibres hormonaux, et même si elles soupçonnent que leurs hormones sont en cause, il leur est difficile d’en être certaines. Les médecins mesurent rarement les niveaux hormonaux de leurs patientes, et même si un test révélait une déficience, ils hésiteraient probablement à prescrire des hormones. Pourquoi ? C’est qu’ils ont un dilemme : d’une part la pub des laboratoires pharmaceutiques affirme que les hormones comme Premarin® et Provera® aident les femmes, et d’autre part la recherche démontre que le risque de cancer du sein et de cardiopathies augmente considérablement pour les femmes qui prennent ces hormones. Ce conflit a créé une sorte de paralysie chez beaucoup de médecins : ils ont peur de prescrire les hormones de n’importe quelle sorte, même dans des cas de déficience démontrée ! Les médecins sont également hésitants à déroger aux lignes directrices établies par divers groupes d’experts car ils ne veulent pas être accusés de ne pas se conformer aux normes de la pratique médicale. Les médecins de famille reçoivent très peu d’éducation sur les hormones, et la plupart n’ont pas le temps d’élaborer leurs propres stratégies basées sur leur étude de la littérature scientifique. Donc, pour une variété de raisons, des milliers de femmes se retrouvent sans renseignements fiables sur leurs options en matière d’hormonothérapie, et recherchent maintenant des solutions à leurs problèmes en désespoir de cause. La bonne nouvelle est que de l’aide dans ce domaine est possible : il s’agit d’utiliser les bonnes hormones, à la bonne 4 CHAPITRE UN : Les hormones… aident-elles ou nuisent-elles ? dose et avec la bonne méthode d’administration. Cette méthode est la thérapie hormonale substitutive bio-identique ou THS « bio » (voir page 6). Malheureusement, les médecins ne reçoivent pas beaucoup de renseignements au sujet des thérapies hormonales en général, et encore moins au sujet des hormones bio-identiques. Ainsi, il y a un nombre étonnant de médecins, chercheurs et pharmaciens qui ne comprennent toujours pas que la progestine synthétique « MPA » (acétate de médroxyprogestérone) n’est pas de la progestérone. Beaucoup de professionnels de la santé utilisent le terme « progestérone » pour décrire le MPA, malgré le fait que les études ont constamment démontré que les progestines n’ont pas les mêmes effets que la progestérone (nous reviendrons sur ce point plus loin). Le docteur John Lee a rendu un grand service aux femmes en attirant l’attention du public sur la recherche menée sur la progestérone (lisez son livre Tout savoir sur la préménopause). Le livre de Suzanne Somers « The Sexy Years » a également accru la visibilité de l’hormonothérapie bio-identique comme alternative pratique aux THS conventionnelles. Nous discuterons de certains points touchant le livre de Mme Somers au chapitre 4. Il n’y a aucune raison pour qu’une femme qui traverse la ménopause ait à souffrir. Il y a des solutions ! Les hormones bien dosées peuvent soulager les symptômes incommodants et peuvent même aider à prévenir certaines maladies. Dans bien des cas, les stratégies axées sur la nutrition et le style de vie sont suffisantes pour soulager bon nombre de symptômes. Mais pour certaines femmes, ces approches n’arrivent pas à contrôler des symptômes qui s’intensifient. Il est impératif que les femmes et leurs médecins soient mieux renseignés sur les avantages de l’hormonothérapie bio-identique. 5 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! Nous voulons aider à dissiper la confusion qui entoure les thérapies hormonales, et expliquer comment la THS bioidentique peut aider à soulager les symptômes tout en minimisant les risques associés aux autres formes de THS. La bonne sorte d’hormones, utilisées de la bonne façon et bien dosées, sont aptes à améliorer la santé et à soulager les symptômes incommodants. Il est temps de tirer des leçons des erreurs du passé et d’aller de l’avant avec des nouvelles stratégies hormonales. Nous avons développé une simple stratégie en trois étapes pour aider les femmes et leurs médecins à décider si la substitution hormonale est nécessaire, et le cas échéant déterminer la meilleure approche à cette thérapie. Bien entendu, ce ne sont pas toutes les femmes qui ont besoin d’hormonothérapie, mais nombreuses sont celles qui ont bénéficié d’un remplacement hormonal judicieux. L’ennemi, c’est l’ignorance – et non pas les hormones. La thérapie hormonale substitutive « bio » se réfère à l’usage d’hormones qui sont identiques en tous points aux hormones produites naturellement par le corps. Les hormones bio-identiques utilisées dans la THS « bio » sont l’œstradiol, l’œstrone, l’œstriol, la progestérone et la testostérone. La DHEA et l’androsténédione sont également des hormones bio-identiques, mais ne sont pas disponibles au Canada. On peut donner du cortisol de remplacement en cas de déficience de cette hormone, mais ceci ne fait pas normalement partie de la THS « bio ». 6 CHAPITRE DEUX : Notions de base sur les hormones CHAPITRE DEUX Notions de base sur les hormones Avant de chercher à résoudre les questions de remplacement hormonal, il serait important de bien comprendre le rôle les hormones. Pour mettre les choses au plus simple, les hormones sont des messagers chimiques qui voyagent dans le sang, pénètrent dans les tissus et régulent la fonction cellulaire. Les hormones peuvent influencer l’activité cellulaire sans que les récepteurs hormonaux soient directement en cause, mais nous parlerons ici surtout des effets directs des hormones, qui découlent de l’interaction avec des récepteurs spécifiques. Les hormones agissent sur les récepteurs un peu comme une clef dans une serrure (voir la Figure 1). L’hormone est la clef qui s’insère dans la serrure du récepteur hormonal, et contrôle ainsi certaines fonctions cellulaires. Si la clef est quelque peu différente (c.-à-d. s’il s’agit d’une hormone non bio-identique), elle pourra peut-être s’insérer dans la serrure, mais elle n’ouvrira pas les mêmes portes que la clef conçue par la nature (l’hormone naturelle). Les hormones non bio-identiques peuvent aussi laisser la porte ouverte trop longtemps ou la refermer trop tôt. De plus, les hormones peuvent avoir une interaction à la fois avec les récepteurs hormonaux et les unes avec les autres. Chaque hormone peut avoir une action polyvalente. Il existe des douzaines d’hormones dans le corps humain et souvent, il faut plusieurs hormones pour obtenir une réponse hormonale particulière. Par exemple, quatre hormones sont néces7 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! saires pour stimuler la libération de l’œuf lors de l’ovulation. Étant donné que les hormones sont très interdépendantes et que leurs interactions sont complexes, il est essentiel de maintenir les hormones dans le bon équilibre et d’utiliser les bonnes clefs (les hormones bio-identiques) pour activer les serrures des récepteurs. hormone-clef qui s’insère dans le récepteur cellulaire récepteur TISSU CIBLE récepteur hormone-clef qui s’insère dans le récepteur cellulaire Figure 1 OÙ SONT FABRIQUÉES LES HORMONES ? Les œstrogènes, les androgènes, la progestérone et le cortisol font partie d’un groupe d’hormones qu’on appelle les hormones stéroïdes. Les hormones stéroïdes sont fabriquées par le corps à partir du cholestérol, qui constitue la matière première pour la formation de toutes les hormones stéroïdes. Bien des gens ne savent pas que les hommes et les femmes ont les mêmes hormones. Les quantités relatives de chaque hormone sont différentes, bien sûr, mais le fait est que les deux sexes ont besoin de toute la panoplie des hormones stéroïdes pour leur survie. Ces hormones se classent en dif8 CHAPITRE DEUX : Notions de base sur les hormones férentes catégories : les œstrogènes, les androgènes, la progestérone et les glucocorticoïdes. Les œstrogènes sont une catégorie d’hormones ou un groupe de molécules ayant une structure similaire. Les œstrogènes, qui sont perçus comme des hormones exclusivement femelles, sont quand même essentiels aux hommes. Par contre, les androgènes et leurs précurseurs (les molécules dont ils sont dérivés), qui sont considérés comme des hormones « mâles », sont également essentiels aux femmes. L’androgène le mieux connu est la testostérone. Quant à la déhydroépiandrostérone (DHEA) et à l’androsténédione, ce sont des précurseurs androgéniques. La progestérone est seule dans sa catégorie, mais elle peut servir de précurseur au cortisol. Le cortisol est une des hormones primaires dans la famille des glucocorticoïdes. Chez les femmes, les hormones sexuelles sont produites surtout par les ovaires et les glandes surrénales. Les hormones produites par les ovaires sont illustrées à la Figure 2 cidessous. Figure 2 OVAIRE Testostérone aromatase Progestérone Œstradiol Œstrone Œstriol 2-hydroxyestrone Sulfate d’œstrone Les glandes surrénales sont des petites glandes situées audessus des reins – on pourrait dire qu’elles « coiffent » les 9 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! reins. Les surrénales produisent les hormones du stress, l’adrénaline et le cortisol, ainsi que le précurseur androgénique, la DHEA. L’androsténédione est fabriqué à partir de la DHEA, et il est à son tour un précurseur de la testostérone et des œstrogènes. La Figure 3 est un schéma simplifié des voies de biosynthèse des hormones surrénaliennes Figure 3 GLANDES SURRÉNALES Dehydroépiandrostérone (DHEA) Cortisol Androsténédione aromatase Œstriol Œstrone Testostérone aromatase Sulfate d’œstrone Œstradiol Œstriol La conversion de chaque hormone en une autre dans les voies de biosynthèse exige des enzymes spécifiques, qui à leur tour ont besoin de vitamines et de minéraux spécifiques pour fonctionner. Par conséquent, les carences en vitamines et minéraux peuvent avoir un effet marqué sur l’équilibre hormonal. La production hormonale est également affectée par d’autres facteurs. L’aromatase, une enzyme très impor10 CHAPITRE DEUX : Notions de base sur les hormones tante qu’on trouve dans les cellules adipeuses, convertit les androgènes en œstrogènes. Les femmes qui ont un excédent de poids fabriquent davantage de cette enzyme et par conséquent convertissent plus d’androsténédione en œstrone. C’est pourquoi les femmes obèses ont souvent moins de symptômes de déficience en œstrogène. Par contre, les femmes minces risquent davantage d’avoir de tels symptômes. Le rôle crucial des glandes surrénales On ne peut trop insister sur l’importance des glandes surrénales dans la production hormonale. Les surrénales produisent des hormones sexuelles toute notre vie durant, mais elles deviennent la principale source de ces hormones après la ménopause.. Préménopause : Avant la ménopause, les œstrogènes et la progestérone sont fabriqués en majeure partie par les ovaires. Cependant, il faut dire que même à ce stade les glandes surrénales produisent presque 40 % des œstrogènes. Une petite quantité d’œstradiol ou d’œstrone est secrétée directement par les surrénales, mais c’est surtout la conversion de l’androsténédione en œstrogènes par l’enzyme aromatase qui permet d’atteindre ce pourcentage. Chez les femmes, environ la moitié de la production de testostérone provient de la conversion de la DHEA surrénalienne. Les surrénales produisent également de la progestérone, mais la presque totalité de cette production est convertie en cortisol. Post-ménopause : Une fois la ménopause installée, les glandes surrénales deviennent les principales sources d’œstrogènes et de testostérone. Les ovaires continueront à produire des petites quantités d’œstradiol et de testostérone, mais la plus grande partie sera dérivée de la conversion de la DHEA et de l’androsténédione (voir la Figure 3). Les femmes qui ont eu une hystérectomie totale (voir l’encadré) 11 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! sont dans la même situation que les femmes postménopausées en ce qu’elles doivent se fier entièrement à leurs glandes surrénales pour la production des hormones. PETIT GUIDE SUR LES CHIRURGIES GYNÉCOLOGIQUES Hystérectomie : ablation de l’utérus. Ovariectomie : ablation d’un ovaire ou des deux ovaires. Hystérectomie totale : terme désignant l’ablation des deux ovaires et de l’utérus. On utilise aussi le terme « ménopause chirurgicale » pour décrire cette procédure. Les femmes post-ménopausées et celles qui sont en ménopause chirurgicale doivent se fier complètement à leurs glandes surrénales pour produire des hormones stéroïdes, et tout ralentissement de cette production peut accélérer le développement de déficiences hormonales. Le stress, une mauvaise alimentation, le manque de sommeil et la consommation excessive de caféine sont autant de facteurs qui peuvent affecter négativement les surrénales. Le stress déclenche une production importante de cortisol, et pour répondre à cette demande, les surrénales diminuent la production de DHEA. Le stress chronique et élevé peut également affecter les niveaux de progestérone car cette hormone est un précurseur du cortisol. La nutrition est un autre facteur important. Un régime alimentaire où abondent les glucides simples et les sucres raffinés exige un apport supplémentaire en vitamines et minéraux dont les glandes surrénales ont besoin pour fabriquer des hormones. Les glandes surrénales dépendent de niveaux adéquats de vitamines et minéraux pour fonctionner de façon optimale. La caféine prolonge la réaction surrénalienne au stress, ce qui aggrave 12 CHAPITRE DEUX : Notions de base sur les hormones encore le déficit en hormones surrénaliennes. Autrement dit, si vous avez des niveaux élevés de cortisol et que vous buvez du café, les effets du cortisol vont perdurer. La production soutenue de quantités excessives de cortisol aboutiront à l’épuisement des surrénales. En bout de ligne, l’épuisement surrénalien conduira à des déficiences en DHEA et en androsténédione, les précurseurs indispensables des œstrogènes et de la testostérone Dans sa sagesse, la nature a doté les femmes de plusieurs centres de production des hormones sexuelles, principalement les ovaires et les glandes surrénales. Étant donné que la production ovarienne des hormones diminue dramatiquement à la ménopause, les femmes doivent prendre soin de leurs glandes surrénales. Bien s’alimenter, pratiquer la relaxation, éviter la caféine sont autant de démarches importantes pour avoir des surrénales en santé. Les hormones sont essentielles à la vie et les déficiences ou déséquilibres dans ce domaine peuvent avoir des effets dévastateurs sur la santé féminine. QUE FONT LES HORMONES ? Nous avons établi que les hormones s’insèrent dans la « serrure » des récepteurs cellulaires, mais où donc se trouvent ces récepteurs et que font les androgènes, les œstrogènes, la progestérone et le cortisol lorsqu’ils arrivent aux cellules ? Nous examinerons chaque groupe d’hormones et parlerons du rôle de chacune et de leur interaction entre elles. Le chapitre 3 discute plus spécifiquement du cycle menstruel et de la façon dont les changements hormonaux font démarrer la ménopause. Les œstrogènes Les récepteurs d’œstrogène se retrouvent partout dans le corps, notamment dans les os, le cerveau, les vaisseaux san13 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! guins, la vessie, les seins, la glande thyroïde et les organes reproducteurs. Les œstrogènes sont responsables du développement des caractéristiques sexuelles secondaires chez les femmes, telles que le développement mammaire, et jouent un rôle de premier plan dans le cycle menstruel. Il y a une panoplie d’œstrogènes produits naturellement par le corps, mais les mieux connus sont l’œstradiol, l’œstrone et l’œstriol. Tous les œstrogènes peuvent activer les récepteurs œstrogéniques, mais pas nécessairement au même degré. Chaque œstrogène possède une affinité particulière pour ces récepteurs. Plus l’œstrogène est puissant, plus grande est son affinité pour le récepteur et plus stimulant sera l’effet qu’il aura sur la cellule. ŒSTROGÈNES CONJUGUÉS Les œstrogènes circulent librement dans le courant sanguin, mais sont également « conjugués », c’est-à-dire transformés par le foie. La « conjugaison » est un processus par lequel les œstrogènes sont transformés en formes plus hydrosolubles par la fixation de molécules de glucose ainsi que de molécules telles que le sulfate et le glutathion. Bien que les œstrogènes conjugués ne soient pas considérés comme étant des œstrogènes actifs, ils peuvent de fait être reconvertis en formes actives. L’œstradiol L’œstradiol est le plus puissant des œstrogènes et c’est le principal œstrogène fabriqué par les ovaires. L’œstradiol est également produit via l’androsténédione provenant des glandes surrénales. L’œstradiol est l’œstrogène primaire du cycle menstruel et il agit directement sur l’endomètre (membrane qui tapisse l’intérieur de l’utérus). L’œstrone L’œstrone vient au deuxième rang, après l’œstradiol, pour son potentiel de stimulation cellulaire. Il est produit à partir 14 CHAPITRE DEUX : Notions de base sur les hormones de l’androsténédione venant des glandes surrénales. L’œstradiol libéré par les ovaires peut également être converti en œstrone. L’œstrone est le principal œstrogène de la post-ménopause et le corps peut le transformer en œstriol ou en œstradiol au besoin. Le sulfate d’œstrone (E1S) Le sulfate d’œstrone est l’œstrogène le plus abondant dans le corps. Plus de la moitié de tout l’œstrogène endogène ou exogène chez les deux sexes est stocké par le corps sous forme de sulfate d’œstrone. De fait les niveaux de sulfate d’œstrone chez les hommes est très semblable à celui des femmes post-ménopausées. La forme sulfatée de l’œstrone ne peut agir directement sur les cellules et ne peut s’insérer dans les récepteurs cellulaires. Cependant, elle peut être convertie par le corps en œstradiol, qui est l’œstrogène le plus puissant. 2 Hydroxyestrone (2OHE1) Le 2-hydroxyestrone n’est pas habituellement considéré comme une forme active d’œstrogène mais il s’agit d’un sous-produit de l’œstrogène et on lui attribue un rôle pour contrebalancer l’action des œstrogènes plus puissants. Il y a des indications que le 2-hydroxyestrone pourrait avoir un rôle protecteur contre le cancer du sein. De fait, la progestérone et le indole-3-carbinol, qui sont généralement considérés comme des facteurs de protection contre le cancer du sein, favorisent tous deux la synthèse du 2-hydroxyestrone. Plusieurs praticiens de la santé préconisent l’analyse du ratio entre le 2-hydroxyestrone et le 16-hydroxyestrone (16OHE1) dans le sérum ou l’urine. Ils sont d’avis qu’un faible ratio de 2OHE1 par rapport au 16OHE1 pourrait être un facteur de risque accru pour le cancer du sein. Ceci suppose que le 16OHE1 est cancérogène pour le sein; cepen15 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! dant, il y a peu d’évidence scientifique que tel soit le cas. De plus, le ratio de 2OHE1 par rapport au 16OHE1 change non seulement pendant le cycle menstruel mais tout au long de la vie. De fait, un ratio élevé de 2OHE1 par rapport au 16OHE1 chez les femmes à la préménopause pourrait être faiblement associé à une incidence moins élevée de cancer du sein. Par contre, ce même ratio élevé chez les femmes à la post-ménopause est associé à une incidence accrue de cancer du sein. En bout de ligne, il n’y a pas de preuves solides qu’un ratio élevé et soutenu de 2OHE1 par rapport au 16OHE1 offrira une protection contre le cancer du sein. Cependant, il est probable qu’un niveau élevé de 2OHE1, quel que soit le niveau de 16OHE1, offrira une certaine protection contre ce cancer. L’œstriol Comparé à l’œstradiol et à l’œstrone, l’œstriol est le plus faible des principaux œstrogènes, mais les études indiquent qu’il est quand même assez actif pour produire des effets œstrogéniques. L’œstriol est dérivé de l’œstrone tel que le montre la Figure 2. Les niveaux d’œstriol sont très élevés pendant la grossesse, ce qui suggère que l’œstriol n’est probablement pas toxique étant donné que le fœtus est exposé à de hauts niveaux de cette hormone. La progestérone Comme son nom l’indique, la progestérone est promotrice de la gestation (grossesse). De fait, la progestérone est essentielle au maintien de la grossesse. C’est également la principale hormone produite pendant la seconde moitié du cycle menstruel, la phase lutéale. Qu’on parle de progestérone naturelle, de progestérone bio-identique ou de progestérone tout court, on se réfère à la progestérone telle qu’elle est produite par le corps. À l’instar des récepteurs 16 CHAPITRE DEUX : Notions de base sur les hormones d’œstrogène, les récepteurs de progestérone se trouvent partout dans le corps : dans le cerveau, les os, les seins, la vessie, les vaisseaux sanguins, la glande thyroïde et les organes reproducteurs. À la suite d’une hystérectomie, on prescrit souvent aux femmes une thérapie de remplacement de l’œstrogène, mais on leur dit qu’elles n’ont pas besoin de progestérone car elles n’ont plus leur utérus ! Cette notion est complètement erronée. Tous les tissus du corps ont besoin d’être exposés aux deux hormones pour maintenir une santé optimale. La progestérone est produite naturellement par les ovaires, et en petite quantité par le cerveau. Les glandes surrénales produisent également de la progestérone, bien que la majeure partie de cette production soit utilisée pour fabriquer du cortisol. Les progestines synthétiques telles que le MPA (acétate de médroxyprogestérone) ne s’insèrent pas dans les mêmes « serrures » cellulaires que la progestérone. Le MPA a été élaboré en laboratoire spécifiquement pour prévenir l’épaississement de l’endomètre chez les femmes qui prennent de l’œstrogène, mais possèdent peu d’autres caractéristiques de la progestérone. Seule la progestérone bio-identique peut activer toutes les « serrures » cellulaires prévues par la nature. Les androgènes et les précurseurs androgéniques La testostérone Chez les femmes, la testostérone aide à produire un sentiment de mieux-être, améliore la libido, et contribue à la santé de la muqueuse vaginale et des os. Elle a également un rôle à jouer dans la santé du cœur, ainsi que dans l’élasticité de la peau et le maintien de la masse musculaire. La quantité de testostérone produite par les femmes est 1/5 à 1/10 de la quantité produite par les hommes, ce qui explique évi17 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! demment pourquoi les hommes ont une masse musculaire bien plus importante que les femmes. La testostérone peut se convertir en œstradiol via l’enzyme aromatase. Cette conversion est particulièrement prononcée chez les femmes ayant un pourcentage élevé de graisse corporelle puisqu’elles fabriquent plus de cette enzyme dans leurs cellules adipeuses. La DHEA La déhydroépiandrostérone (DHEA) est l’hormone stéroïde la plus abondante dans le corps et constitue le principal précurseur des androgènes. Le DHEA est produite par les glandes surrénales et circule dans le sang principalement sous forme de sulfate conjugué, la DHEAS, qui est une forme « stockable » de DHEA, tout comme le sulfate d’œstrone l’est pour l’œstrone. La figure 3 montre comment la DHEA peut servir de matière première pour la fabrication de l’œstradiol, de l’œstrone, de l’œstriol et de la testostérone. L’androsténédione L’androsténédione est fabriqué par les glandes surrénales à partir de la DHEA. Cette hormone sert de matière première pour la fabrication des œstrogènes et de la testostérone, et en tant que telle, joue un rôle de premier plan dans la production des hormones stéroïdes après la ménopause. Les glucocorticoïdes Le cortisol Le cortisol est produit par les glandes surrénales en réponse au stress physique et émotif. Le cortisol facilite la libération du glucose dans le courant sanguin et joue un rôle essentiel pour mobiliser les défenses corporelles contre l’infection et l’inflammation. Les niveaux de cortisol sont plus élevés le matin pour aider le corps à combattre le stress du jeûne nocturne et l’énergiser pour les activités de la journée. Bien 18 CHAPITRE DEUX : Notions de base sur les hormones qu’il ne soit pas impliqué directement dans le processus de la ménopause, le cortisol est d’une importance capitale comme régulateur des effets des autres hormones. LES INTERACTIONS HORMONALES Les interactions entre les divers groupes d’hormones sont aussi importantes que l’action des hormones individuelles. L’interaction du cortisol avec les différentes hormones sexuelles illustre bien jusqu’à quel point le stress peut avoir un impact sur l’équilibre hormonal de la femme. Le cortisol joue un rôle dans les interactions suivantes : Les œstrogènes et le cortisol Les œstrogènes sont dérivés de l’androsténédione et de la testostérone par l’action de l’enzyme aromatase. Le cortisol stimule l’activité de cette enzyme, qui à son tour stimule la production d’œstrogène. Le cortisol encourage également l’accumulation de la graisse autour de la taille, où l’aromatase est en plus grande concentration ! C’est très simple : un excès de cortisol crée inévitablement un excès d’œstrogène. La progestérone et le cortisol La progestérone a une interaction directe avec le cortisol au niveau des récepteurs. Ces deux hormones peuvent se faire concurrence pour les mêmes récepteurs, comme deux personnes qui essaieraient de franchir un seuil de porte en même temps. Lorsqu’une femme très stressée produit beaucoup de cortisol, le cortisol peut éventuellement bloquer l’action de la progestérone. Ce phénomène s’appelle la « déficience fonctionnelle ». Dans ces conditions, les niveaux de progestérone peuvent être normaux, mais le système se comporte comme s’il y avait une déficience car le cortisol trop élevé entrave l’action de la progestérone sur les récepteurs cellulaires. C’est pourquoi les femmes qui subis19 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! sent beaucoup de stress peuvent avoir besoin d’un supplément de progestérone. La DHEA et le cortisol Le cortisol et la DHEA ont des effets opposés sur la fonction immunitaire et la régulation du glucose sanguin. Par exemple, la DHEA peut sensibiliser les cellules à l’insuline, ce qui aide à faire diminuer les niveaux de glucose sanguin. Par contre, le cortisol augmente les niveaux de glucose sanguin. Lorsque les niveaux de cortisol sont élevés, il faut plus de DHEA pour contrebalancer les effets du cortisol. Par conséquent, des niveaux chroniquement élevés de cortisol peuvent entraîner une déficience en DHEA. Quand on fait analyser les niveaux d’hormones, il est important d’inclure le cortisol et la DHEA (ou la forme sous laquelle cette hormone est entreposée dans le corps, le sulfate de DHEA ou DHEAS) pour obtenir un tableau complet. Les androgènes et le cortisol Le bon ratio entre le cortisol et les hormones androgènes est essentiel pour maintenir la masse musculaire. Les androgènes aident à bâtir la musculature, alors que le cortisol a l’effet contraire. Au fur et à mesure que nous vieillissons, nous avons tendance à avoir plus de cortisol que d’androgènes, ce qui entraîne une perte nette de masse musculaire et de tissu osseux. Ce même déséquilibre peut être la conséquence du stress chronique, et peut contribuer au vieillissement prématuré. Le cortisol et les androgènes peuvent agir sur le même gène de façon antagoniste, de sorte que le cortisol peut directement opposer le message que les androgènes tentent d’apporter aux cellules. Des niveaux élevés de cortisol peuvent avoir le même effet sur les androgènes qu’ils ont sur la progestérone. Plus spécifiquement, un niveau élevé de cortisol peut causer une déficience fonction20 CHAPITRE DEUX : Notions de base sur les hormones nelle en androgènes. Et, si le niveau de cortisol demeure élevé pendant trop longtemps, il entravera alors la production des androgènes, surtout de la testostérone. Cela aura pour effet de causer une déficience réelle plutôt que fonctionnelle en testostérone. La thyroïde et le cortisol Il est probable que vous avez maintenant saisi le message : le cortisol est un intervenant clé dans le bon fonctionnement d’un bon nombre d’hormones. Ceci s’applique de façon spéciale aux hormones thyroïdiennes. Leur relation avec le cortisol en est une d’interdépendance : une certaine quantité d’hormones de la thyroïde est nécessaire pour le bon fonctionnement du cortisol, et une certaine quantité de cortisol est nécessaire au bon fonctionnement des hormones thyroïdiennes. Par conséquent, il arrive que les symptômes de carence d’une de ces hormones puissent de fait signaler une carence de l’autre. De même, un excès d’hormones de la thyroïde peut empêcher le fonctionnement normal du cortisol et vice versa. Il y a plusieurs interactions importantes entre les hormones et il est essentiel de maintenir l’équilibre entre les hormones suivantes si l’on veut prévenir ou soulager plusieurs symptômes communs de la ménopause : La progestérone et les œstrogènes Ce n’est pas par accident que les récepteurs d’œstrogène et de progestérone se trouvent dans les mêmes tissus. La progestérone et les œstrogènes sont comme les deux côtés opposés d’une balançoire à bascule. Si les deux sont en équilibre, la balançoire est de niveau. Si une hormone est en dominance, la balançoire frappe le sol du côté plus lourd. Les femmes qui ont un excès d’œstrogène par rapport à la progestérone peuvent se retrouver avec une multitude de 21 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! problèmes, notamment un gain de poids aux hanches, la rétention d’eau, les seins sensibles, les seins fibrokystiques, des migraines et de l’irritabilité, pour ne mentionner que ceux-là. L’ajout de progestérone quand il y a un excès relatif d’œstrogène normalise le ratio entre ces deux hormones. Maintenir le bon équilibre entre l’œstrogène et la progestérone peut aider à prévenir l’accumulation de graisse corporelle, faire disparaître la fibrose kystique et la sensibilité des seins, promouvoir le sommeil et avoir un effet calmant et stabilisateur sur les humeurs. Par contre, s’il y avait trop de progestérone par rapport à l’œstrogène, ce dernier deviendrait moins efficace et il pourrait y avoir des symptômes tels que : nausée, dépression, somnolence, difficulté de concentration et congestion mammaire. Un facteur qui complique le maintien du bon équilibre entre les œstrogènes et la progestérone est la pollution par les xénoestrogènes. Les xénoestrogènes sont des produits chimiques inventés par les humains (voir l’encadré à la page 24) qui peuvent s’insérer dans la serrure des récepteurs d’œstrogènes. Les femmes qui sont très exposées aux xénoestrogènes peuvent éprouver des symptômes d’excès d’œstrogène même si les analyses en laboratoire indiquent des niveaux normaux. Les œstrogènes et les hormones thyroïdiennes Il y a une relation étroite entre les œstrogènes et les hormones thyroïdiennes. Bien des femmes se retrouvent avec des tests normaux pour la thyroïde, alors qu’elles ont toutes sortes de symptômes d’hypothyroïdie. Il s’agit là d’une « déficience fonctionnelle ». La progestérone est efficace pour appuyer l’action des hormones de la thyroïde. C’est pourquoi l’excès d’œstrogène, la carence en progestérone et les symptômes d’hypothyroïdie sont souvent présents simultanément, alors que les tests de laboratoire pour la thyroïde 22 CHAPITRE DEUX : Notions de base sur les hormones peuvent s’avérer normaux. EN BREF... Les messagers chimiques que sont les hormones sont un élément essentiel de la vie – sans hormones, nos cellules ne sauraient quoi faire, ni quand le faire ! Les hormones non bio-identiques n’ont pas le même effet sur les cellules que les hormones bio-identiques, qui sont des copies conformes des hormones que notre corps fabrique. Les interactions entre les hormones sont cruciales à tous les aspects de la santé, et les déséquilibres ont des conséquences fâcheuses. Les symptômes de la ménopause sont essentiellement une conséquence des déséquilibres hormonaux qui résultent du ralentissement de la production ovarienne, exacerbés par d’autres changements hormonaux qui accompagnent le vieillissement. Dans le prochain chapitre, nous examinerons de plus près les symptômes de la ménopause pour mieux comprendre ce que ces symptômes cherchent à nous révéler au sujet des hormones et de l’équilibre hormonal. 23 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! LES XÉNOESTROGÈNES Les herbicides, pesticides et sous-produits du pétrole peuvent agir comme des xénoestrogènes. Ils sont très liposolubles, et par conséquent peuvent s’accumuler facilement dans les tissus adipeux. Les xénoestrogènes peuvent également s’accumuler dans la chaîne alimentaire. Par exemple, les grains traités aux herbicides sont consommés par le bétail et la volaille, qui à leur tour sont consommés par les humains. Les produits laitiers sont une autre source habituelle de xénoestrogènes. Les polluants pétrochimiques dans l’eau contribuent à l’accumulation des xénoetrogènes dans le poisson. Le fait d’entreposer ou de réchauffer les aliments dans des contenants en plastique crée une autre source potentielle de xénoestrogènes. Les xénoestrogènes ont plusieurs effets possibles sur les récepteurs d’œstrogène : • • • • Ils peuvent produire un effet oestrogénique ; Ils peuvent causer une surproduction de récepteurs d’œstrogène ; Ils peuvent entraver la capacité du foie d’éliminer les œstrogènes ; Certains peuvent bloquer l’effet des œstrogènes sur les sites récepteurs. L’effet net est d’augmenter l’exposition aux œstrogènes. Il existe des tendances alarmantes pour la santé qui pourraient être dues à la prévalence des xénoestrogènes : • Les cancers hormonodépendants ont augmenté de façon dramatique au cours des dernières décennies. • Chez les hommes, la quantité de spermatozoïdes a diminué de 50 % depuis 1940. • Chez les filles, les premières règles arrivent au moins deux ans plus tôt qu’il y a à peine vingt ans. Voilà quelques indices que quelque chose affecte notre santé hormonale de façon négative. Les changements observés dans la santé hormonale ont suivi de près l’usage plus répandu des herbicides, pesticides et autres produits pétrochimiques. Est-ce une coïncidence ou non ? 24 CHAPITRE TROIS : La ménopause, c’est quoi au juste ? CHAPITRE TROIS La ménopause, c’est quoi au juste ? Vous savez que la ménopause est arrivée quand vous vous réveillez la nuit et que vous croyez être dans votre baignoire ! Cependant, vous êtes officiellement ménopausée lorsque vous n’avez pas eu de règles pendant douze mois. Ceci arrive en moyenne à 51 ans, mais la ménopause peut s’installer n’importe quand entre 40 et 60 ans. On parle de ménopause prématurée lorsqu’elle survient avant l’âge de 40 ans. La ménopause peut aussi être induite artificiellement par radiation, ablation chirurgicale des deux ovaires ou par des moyens chimiques. Une connaissance des actions et interactions hormonales au cours des règles est essentielle pour comprendre comment les déficiences ou excès d’hormones peuvent survenir durant la ménopause. Voici une brève discussion du rôle des hormones pendant le cycle menstruel afin d’aider à établir les bases d’une discussion de la gestion des symptômes de la ménopause. LE CYCLE MENSTRUEL Une discussion de la ménopause ne serait pas complète sans jeter un coup d’œil sur le rôle des différentes hormones au cours du cycle menstruel. Pendant le cycle, les hormones sexuelles féminines montent et baissent selon un rythme précis, et une interaction complexe a lieu entre les divers groupes d’hormones. La cessation des menstruations au moment de la ménopause change ce rythme ainsi que les 25 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! quantités d’hormones produites. On peut examiner le cycle menstruel sous différents angles. Commençons par considérer les changements dans l’activité hormonale au cours d’un cycle moyen de 28 jours. La phase folliculaire La phase folliculaire commence le jour 1 du cycle, qui est le jour où les menstruations se déclenchent, et se poursuit jusqu’à la veille de l’ovulation, vers le jour 13 ou 14 du cycle. Au cours de la phase folliculaire, plusieurs follicules commencent à mûrir ou à se développer. Les ovaires peuvent contenir jusqu’à un million de follicules à la naissance, mais seulement un follicule est choisi chaque mois pour libérer un ovule. Quelques jours avant l’ovulation, l’hormone stimulante des follicules (FSH) est secrétée en plus grande quantité par l’hypophyse (glande située dans le cerveau) pour permettre au follicule dominant d’arriver à maturité. Les niveaux d’œstradiol et d’œstrone commencent également à augmenter. Quand un des follicules devient dominant vers le jour 9, les niveaux d’œstradiol montent rapidement et continuent cette ascension jusqu’au jour 13 environ, créant ce que l’on appelle le « pic d’œstradiol ». La phase ovulatoire Le « pic » d’œstrogène, qui a lieu vers le jour 13, déclenche la production de l’hormone lutéinisante (LH), qui stimule la libération de l’ovule du follicule dominant. C’est ce que l’on appelle l’ovulation. Le but de l’ovulation est de libérer un « œuf » qui pourra être fertilisé par le sperme. La phase ovulatoire dure environ 72 heures. La libération de l’ovule du follicule dominant signale le début de la phase lutéale. 26 CHAPITRE TROIS : La ménopause, c’est quoi au juste ? La phase lutéale Après la libération de l’ovule, le follicule dominant devient le « corps jaune » (corpus luteum). Le corps jaune est responsable de la production de la progestérone pendant la phase lutéale. Les niveaux de progestérone montent en flèche jusqu’au jour 21 environ. Les niveaux d’œstradiol et d’œstrone augmentent également pendant la phase lutéale, mais à un degré moindre que dans la première partie du cycle. S’il n’y a pas eu fertilisation, les niveaux des trois hormones commencent à chuter vers le jour 25 et les règles se déclenchent vers le 28e jour. La Figure 4 montre les niveaux hormonaux aux différents stades du cycle menstruel. Niveaux hormonaux pendant le cycle menstruel 1 5 12 14 16 28 jours E2 = Œstradiol FSH = Hormone stimulante des follicules P = Progestérone LH = Hormone lutéinisante Figure 4 Phases proliférative et sécrétoire Une autre façon de décrire le cycle d’examiner l’endomètre ou muqueuse de certaine façon on pourrait comparer cela à phase proliférative serait comme la phase menstruel est l’utérus. D’une une maison. La de construction 27 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! d’une maison, où l’endomètre épaissit, préparant un nid en vue de la réception d’un ovule fécondé. Après l’ovulation (la libération de l’ovule) la muqueuse de l’utérus change sous l’influence de la progestérone, et crée des secrétions qui permettront la grossesse. Si l’ovule n’a pas été fertilisé, il y a desquamation de la muqueuse de l’utérus, déclenchant ainsi les règles. En d’autres mots, la maison est démolie et le processus recommence. LA PÉRIMÉNOPAUSE Le terme « périménopause » veut dire littéralement « autour de la ménopause » et désigne les années qui précèdent immédiatement la ménopause. Les changements dans la régularité du cycle menstruel et/ou l’apparition des symptômes (voir Tableau 1) signalent généralement le début de la périménopause. Les premiers signes que la ménopause approche se manifestent souvent quand une femme est dans la quarantaine. Au fur et à mesure que les femmes avancent en âge, le nombre de follicules ovariens diminue. Il devient de plus en plus difficile de stimuler suffisamment les follicules qui restent pour libérer un ovule. Néanmoins, le corps essaie d’y arriver en augmentant la production de FSH et de LH. Occasionnellement, la FSH et la LH arriveront à mener un follicule à maturité et l’ovulation se produira. Cependant, avec l’approche de la ménopause ces efforts sont de moins en moins fructueux et les ovaires ont des ratés. La deuxième moitié du cycle, la phase lutéale, devient plus courte et par conséquent les règles deviennent irrégulières à cause des cycles anovulatoires qui se multiplient. Les ovulations ratées font baisser les niveaux de progestérone car le corps jaune n’est pas au rendez-vous pour produire la progestérone ovarienne. L’autre aspect de la périménopause est que le corps commence à produire plus d’œstradiol pendant la 28 CHAPITRE TROIS : La ménopause, c’est quoi au juste ? phase folliculaire (la première moitié du cycle). Les ratés ovulatoires, une phase lutéale plus courte et des niveaux élevés d’œstradiol par rapport à la progestérone créent un état que le docteur John Lee a appelé « la dominance en œstrogène). SYMPTÔMES DE LA PÉRIMÉNOPAUSE Fatigue Règles irrégulières Plus vulnérable au stress Seins fibrokystiques Gain de poids Fibromes utérins Maux de tête Rétention d’eau Sautes d’humeur Dépression Perte de libido Irritabilité Tableau 1 Les symptômes de dominance en œstrogène tels que les maux de tête, la rétention d’eau et l’irritabilité apparaissent chez bon nombre de femmes pendant la périménopause. La baisse des niveaux d’œstrogène et de progestérone change la fréquence, la longueur et le volume des règles. (Nota : les règles irrégulières ou abondantes peuvent être un signe d’un problème plus sérieux. Consultez votre médecin si vous avez ces symptômes.) Les changements dans l’équilibre hormonal peuvent entraîner une variété de symptômes. Finalement, les derniers follicules sont trop épuisés pour réagir à la stimulation de la FSH, et les menstruations cessent complètement. Le changement a commencé ! SUIS-JE ARRIVÉE À LA MÉNOPAUSE ? Quand les règles ont des ratés, les femmes se demandent si c’est la ménopause qui commence. Dans de tels cas, les mé29 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! decins font souvent vérifier les niveaux de FSH et de LH. Malheureusement, ce genre de test est fort peu fiable. Des niveaux élevés de FSH et de LH sont des signes que le corps cherche à stimuler l’ovulation, mais ces données n’indiquent pas si ces efforts aboutissent ou non à des ovulations. Si l’ovulation a lieu, et que la progestérone est produite par le corps jaune, des règles peuvent se présenter. En d’autres mots, des niveaux élevés de FSH et de LH peuvent signifier qu’une femme approche de la ménopause, mais ces niveaux peuvent également être élevés chez les femmes à la périménopause qui ont des cycles menstruels irréguliers. Plusieurs médecins croient à tort que les niveaux de FSH augmentent en réaction au manque d’œstrogène, et que des niveaux élevés de FSH indiquent qu’une supplémentation œstrogénique est nécessaire. De fait, la production de la FSH est liée de beaucoup plus près à une hormone appelée « inhibine ». Lorsque l’ovulation s’arrête complètement, la production d’œstrogène et de progestérone diminue également car les ovaires se mettent à fonctionner au ralenti. Sans corps jaune, la production ovarienne de progestérone tombe à zéro. Les ovaires continuent cependant à produire des petites quantités de certaines hormones, mais les glandes surrénales deviennent la source principale d’hormones à la postménopause, tel que nous l’expliquions au chapitre précédent. Bien des femmes se tirent très bien d’affaires avec les hormones surrénaliennes, et ne sont pas incommodées par les symptômes de carences ou de déséquilibre hormonal. D’autres ne sont pas aussi chanceuses. 30 CHAPITRE TROIS : La ménopause, c’est quoi au juste ? CHANGEMENTS HORMONAUX À LA MÉNOPAUSE Les œstrogènes Malgré le fait que les œstrogènes sont communément prescrits pour la ménopause, pour bien des femmes la supplémentation n’est pas nécessaire. De fait, il y a des femmes ménopausées qui ont plutôt une dominance en œstrogène car leur niveau d’œstrogène est trop élevé par rapport à la progestérone. La dominance en œstrogène peut être due à la diminution de la progestérone et à l’accumulation des produits chimiques à effets œstrogéniques appelés xénoestrogènes (voir le chapitre 2). Dans son livre, What Your Doctor May Not Tell You About Menopause, le docteur John Lee mentionne plusieurs symptômes associés à la dominance en œstrogène : perte de libido, dépression, fatigue, seins fibrokystiques, confusion mentale, maux de tête, irritabilité, perte de mémoire, rétention d’eau, etc. Si vous avez l’impression d’avoir vu cette liste auparavant, c’est qu’il s’agit de symptômes communs de la ménopause. Ce qui veut dire que de prendre de l’œstrogène pourrait exacerber ces symptômes pour certaines femmes ! L’effet équilibrant de la progestérone constitue la clef pour résoudre les problèmes causés par la dominance en œstrogène. Par contre, il y a des symptômes qui sont clairement liés au manque d’œstrogène. La sécheresse vaginale et l’incontinence sont deux indices communs de déficience œstrogénique. La confusion mentale et la dépression sont également des signes de manque d’œstrogène étant donné que le principal œstrogène, l’œstradiol, est nécessaire au transport du glucose vers le cerveau. Sans ce combustible, le cerveau travaille au ralenti. Parfois, l’ajout d’un peu de progestérone peut aider à soulager ces symptômes car la progestérone sensibilise les récepteurs d’œstrogène. Cependant, il y a des femmes qui ont besoin d’un peu d’œstrogène pour 31 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! soulager les symptômes associés à la déficience œstrogénique. Ceci s’applique en particulier aux femmes qui sont minces, c.-à-d. ayant un faible pourcentage de graisse corporelle, car celle-ci est la principale source d’œstrogène après la ménopause. La progestérone La production de progestérone chute dramatiquement à la ménopause. Les autres tissus produisent encore des quantités minuscules de progestérone, mais la source principale, le corps jaune, n’existe plus. L’abondance des xénoestrogènes dans notre alimentation contribue probablement aux symptômes de dominance en œstrogène / déficience en progestérone que l’on observe à la ménopause. Les symptômes de déficience en progestérone rappellent ceux de l’excès d’œstrogène : perte de libido, dépression, fatigue, seins fibrokystiques, confusion mentale, irritabilité, perte de mémoire, rétention d’eau. Restaurer l’équilibre entre la progestérone et les œstrogènes est essentiel si l’on veut contrôler ces symptômes, et peut également aider à prévenir certaines maladies. Les androgènes Souvenez-vous que la testostérone est le principal androgène, et que la DHEA et l’androsténédione sont des précurseurs androgéniques. Les précurseurs androgéniques sont des hormones qui ont la capacité de se convertir en androgènes (p. ex. la testostérone). La testostérone Les niveaux de testostérone peuvent diminuer de façon significative à la ménopause si les glandes surrénales ne fonctionnent pas de façon optimale. Les faibles niveaux de testostérone chez les femmes sont associés à un manque de libido, des relations sexuelles moins satisfaisantes et une 32 CHAPITRE TROIS : La ménopause, c’est quoi au juste ? diminution du sentiment de bien-être. Restaurer les niveaux de testostérone à des niveaux normaux arrive souvent à améliorer ces symptômes. La normalisation des niveaux de testostérone peut également aider à prévenir la perte de masse osseuse et même accroître la densité des os. La baisse de testostérone à la ménopause peut affecter dramatiquement l’humeur, la libido et le niveau d’énergie des femmes. La DHEA La déficience en DHEA n’est pas associée avec un ensemble précis de symptômes, mais les femmes ayant de faibles niveaux de sulfate de DHEA ont indiqué qu’avec une supplémentation en DHEA elles avaient un sentiment accru de bien-être, moins de dépression et d’anxiété, plus de libido et une plus grande satisfaction lors des relations sexuelles. Des niveaux faibles de DHEA sont également associés avec certains problèmes de santé chroniques, notamment la fatigue chronique, l’hypertension, la résistance à l’insuline et l’hypothyroïdie. Les niveaux de DHEA diminuent avec l’âge et pour bien des femmes une supplémentation en DHEA aide à restaurer l’énergie, améliore la fonction immunitaire et accroît l’acuité mentale. L’androsténédione La déficience en androsténédione entraîne une réduction des niveaux de testostérone et d’œstrogènes puisque l’androsténédione est la principale source de la production de ces hormones à la post-ménopause. On n’a pas identifié de symptômes de déficience de cette hormone, mais il est probable qu’une carence en œstrogène ou en androgènes en résulterait. Le cortisol La production du cortisol par les glandes surrénales augmente en réaction au stress. Des niveaux élevés de cortisol 33 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! sont associés à toute une panoplie de symptômes y compris le gain de poids, la « fatigue agitée », des problèmes de mémoire, la dépression et la perte de masse osseuse. Cela peut mener à des niveaux instables de glucose sanguin, la fatigue et la plus grande susceptibilité aux infections. Si le stress est assez élevé ou prolongé, les glandes surrénales deviennent épuisées et ne pourront plus produire assez de cortisol. L’épuisement des surrénales à cause du stress chronique peut entraîner une production inadéquate de cortisol, de DHEA et d’androsténédione. Les faibles niveaux de cortisol sont associés à la fatigue, de faibles niveaux de glucose sanguin, les allergies, une température corporelle sous la normale, des douleurs musculaires et un manque de tolérance à l’exercice. Les femmes qui n’ont plus leurs ovaires sont particulièrement à risque de subir les conséquences de l’épuisement surrénalien étant donné qu’elles dépendent complètement de ces glandes pour la production de bon nombre d’hormones. Trouver le bon équilibre La production ovarienne d’œstradiol, de progestérone et de testostérone diminue quand une femme arrive à la ménopause et que les surrénales deviennent les principales sources de ces hormones. Il y a cependant des femmes qui arrivent à traverser la ménopause sans symptômes incommodants tout en ayant des niveaux réduits d’hormones. Qu’est-ce qui distingue donc celles qui ont des symptômes de celles qui n’en ont à peu près pas ? Il est clair que la diminution des niveaux hormonaux n’explique pas tout. Tel que discuté au chapitre deux, un point crucial est de maintenir l’équilibre hormonal. Un niveau trop élevé d’une hormone par rapport aux autres peut entraîner des symptômes 34 CHAPITRE TROIS : La ménopause, c’est quoi au juste ? désagréables. Sachant cela, il devrait aller de soi que les médecins fassent une évaluation des symptômes, trouvent les déséquilibres et aident leurs patientes à rétablir l’équilibre hormonal. Mais il est évident que telle n’est pas l’expérience de la majorité des femmes. D’autres facteurs qui entrent en jeu dans les symptômes de la ménopause sont le style de vie et le régime alimentaire. Les femmes dont les glandes surrénales sont saines et qui maintiennent un bon équilibre hormonal, qui s’alimentent bien et qui ont un style de vie actif ont en général une expérience positive de la ménopause. Il est bon également d’avoir une attitude d’acceptation vis-à-vis du processus de vieillissement. Le livre de Christiane Northrup « La sagesse de la ménopause » constitue une excellente ressource sur les aspects mental, émotionnel et spirituel de la ménopause. EN BREF… Sachant que sur le plan hormonal, les excès et les déficiences sont des situations très communes à la ménopause, il faut s’attendre à ce que certaines femmes aient besoin de rééquilibrer leurs hormones à l’aide d’une thérapie hormonale de substitution (THS). Les études telles que celle du WHI ont montré que certaines approches ne sont pas aussi bénéfiques qu’elles devraient l’être. La question qui se pose est la suivante : comment la THS a-t-elle fait fausse route ? Un enjeu clé est le type d’hormones qui ont été utilisées. Le chapitre suivant examine comment l’usage d’hormones bioidentiques (identiques à ce que le corps produit naturellement) diffère des stratégies conventionnelles concernant la THS. Le chapitre 4 jette également un coup d’œil sur les indications pour le recours à la THS, quelles erreurs ont été 35 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! commises par le passé et quelles leçons nous pouvons en tirer pour aller de l’avant. 36 CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS CHAPITRE QUATRE Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS ? Pendant des millénaires, les médecins ont utilisé des traitements développés par « essai et erreur », en s’appuyant sur des anecdotes et des impressions générales. Les traitements utilisés avaient subi le test du temps, et étaient transmis de praticien à apprenti, de génération en génération. La médecine moderne des dernières décennies, quant à elle, se veut une médecine basée sur l’ « évidence » scientifique. Dans ce modèle, toutes les actions d’un médecin, depuis le diagnostique jusqu’au traitement, devraient reposer sur des preuves préférablement sous forme d’importantes études randomisées et contrôlées contre placebo. C’est un objectif louable puisqu’on estime que seulement 20 à 30 % des protocoles médicaux actuels sont basés sur de telles preuves. Par exemple, il n’y avait aucune preuve que l’œstrogène équin serait bénéfique pour les humains quand on a commencé à l’administrer aux femmes dans les années 60, mais ça ne nous a pas empêchés de le prescrire, et maintenant on se pose toutes sortes de questions sur le bien-fondé des thérapies de remplacement hormonal. Ceci dit, il faut garder nos perspectives sur la question de la « preuve » en médecine. Chaque être humain est différent, avec des besoins uniques. L’hormonothérapie doit refléter cette réalité. Quand on fait l’évaluation des thérapies hormonales, il est essentiel de tenir compte de ce qui suit : 37 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! Les résultats d’essais randomisés peuvent ne pas être applicables à la population en général Les études sont menées selon des critères stricts concernant la participation ou l’exclusion des sujets. Il y a des restrictions basées sur les habitudes de vie, les antécédents médicaux, les médicaments utilisés et d’autres paramètres. Pourtant, dans la réalité on ne peut « caser » les patients de la sorte : chacun a ses particularités et son historique. Donc, quelles que soient les conclusions d’une étude contrôlée, le médecin aura quand même à juger comment les appliquer à chaque cas. Il lui incombe de se demander comment les risques et les bienfaits constatés dans les études s’appliqueront à la personne qu’il a devant lui. Les études devraient réduire l’incertitude, mais pour chaque question à laquelle on a trouvé réponse, d’autres questions ont été soulevées. Il est naïf de penser que les essais cliniques peuvent aboutir à des protocoles médicaux parfaits. De fait, la principale contribution des études est de déterminer le coût global d’une thérapie pour la société. Malheureusement, cela ne nous dit pas comment chaque patient(e) va en bénéficier. Les preuves devraient émaner de sources multiples La collecte des données devrait se faire à partir de sources multiples : des études contrôlées à petite et à grande échelle effectuées sur les humains, des essais non contrôlés sur les humains, des faits anecdotiques, et des études sur les animaux et les cellules. Si l’évidence pointe toujours dans la même direction, on peut en conclure que la thérapie en question est bien étayée par les preuves. Dans le cas des THS, plusieurs études avaient indiqué que la combinaison du MPA et des œstrogènes conjugués augmentait le risque de cardiopathies et de cancer du sein. Il n’était pas nécessaire d’attendre dix ans pour que les conclusions de l’étude WHI nous le prouvent. Dans la même veine, il y a proba38 CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS blement suffisamment d’évidence pour justifier l’application de nouvelles approches aux THS. Nous ne disons pas que nous avons des preuves irréfutables que ces autres approches fonctionnent, mais que nous avons assez d’indices pour nous engager prudemment dans de nouvelles voies. Des résultats contradictoires « Une étude récente montre que le café est nocif (ou bon) pour vous » ; « La vitamine C peut sauver votre vie / augmenter vos risques de cancer », etc. La réalité dans la recherche est que différentes études peuvent donner des résultats à l’opposé les uns des autres à moins que tous les facteurs critiques aient été isolés. Trouver tous les facteurs critiques prend du temps, en supposant que ce soit même possible ! Par conséquent, les conclusions d’études scientifiques semblent souvent contradictoires. S’il faut attendre d’avoir des réponses définitives quant à la meilleure approche concernant le remplacement hormonal, bien des années pourraient s’écouler et peut-être n’y arriverons-nous jamais. Entre temps, que doivent faire les femmes et leurs médecins ? Peut-on justifier l’inaction ou les tergiversations à n’en plus finir ? Sources de financement des études sur les hormones Il est malheureux que la majorité des médecins ne soient pas conscients qu’il existe d’autres options en matière de THS que celles dont on leur a parlé à l’école de médecine. La principale raison de l’existence d’une telle lacune est que les hormones bio-identiques ne sont pas facilement brevetables. Les laboratoires pharmaceutiques sont intéressés à développer des hormones synthétiques et brevetables sur lesquelles elles peuvent avoir des droits exclusifs de mise en marché. Les critiques de l’étude WHI se sont demandé pourquoi la 39 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! progestérone naturelle n’avait pas été inclue dans cette étude. La réponse est simple : suivez la piste de l’argent ! Bien que l’étude WHI ait été menée par le National Institute of Health des É.-U., un organisme public, les produits utilisés avaient été fournis par le géant pharmaceutique WyethAyerst. Considérant les influences en jeu et la question du financement, il est fort peu probable qu’une étude impartiale à vaste échelle sera entreprise pour étudier le remplacement hormonal bio-identique. L’objectif de la substitution hormonale est d’aider les femmes à vivre plus longtemps et en santé. Pourtant, la principale conclusion de l’étude WHI a été que l’œstrogène équin conjugué, combiné au MPA, ne les aideront pas à cet égard. En résumé, depuis plus de 40 ans se poursuit une expérience à vaste échelle où les femmes servent de cobayes, et nous voilà maintenant revenus à la case de départ. Mais y a-t-il une lueur au bout du tunnel ? Le remplacement hormonal bio-identique est dénigré à cause d’un manque d’études à long terme, mais il y a quand même plusieurs études d’une certaine envergure (regroupant jusqu’à plusieurs centaines de femmes), menées sur une période d’un ou deux ans selon des protocoles scientifiques, qui ont examiné les effets de l’œstriol oral et de la progestérone orale micronisée. Évidemment, il ne faut pas oublier qu’il n’y a aucune étude à long terme qui démontre l’innocuité de n’importe quel type de remplacement hormonal. Les données que nous avons sur l’hormonothérapie « bio » ne sont certainement pas irréfutables, mais elles semblent au moins pointer dans la bonne direction. Pour comprendre pourquoi la THS « bio » pourrait être une meilleure option, il est important de comprendre comment les hormones bioidentiques diffèrent des hormones utilisées dans la THS conventionnelle. 40 CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS LES HORMONES BIO-IDENTIQUES Les hormones sont des substances puissantes qui affectent tous les tissus de notre corps, soit directement ou indirectement. Étant donné que nous ne comprenons pas encore tous les mystères du corps humain, nous ne savons pas quelles portes (récepteurs hormonaux) devraient demeurer fermées ou lesquelles devraient rester ouvertes. Il y a des portes qui ouvrent et ferment au gré des allées et venues des occupants. Quand il s’agit d’hormones ce n’est pas une bonne idée de barrer certaines portes et d’en forcer d’autres à rester ouvertes à l’aide d’hormones non bio-identiques. Ça pourrait créer des conflits, un peu comme si quelqu’un cherchait à ouvrir la porte de la salle de bain quand il y a quelqu’un à l’intérieur. De même, l’incidence élevée des effets secondaires avec la combinaison Premarin® et Provera® est une façon pour le corps de manifester sa détresse. Malheureusement, ces cris de détresse semblent avoir été ignorés pour ne pas nuire aux profits de l’industrie pharmaceutique. Les œstrogènes Les thérapies conventionnelles de remplacement hormonal sont communément basées sur des œstrogènes extraits de l’urine de jument gravide (œstrogènes équins conjugués ou Premarin®). Bien qu’environ la moitié des œstrogènes provenant des juments gravides soit identique aux œstrogènes humains, il y a des douzaines, sinon des centaines d’hormones et de sous-produits dans le Premarin® qui sont étrangers au corps humain. Plusieurs de ces éléments persistent dans le corps pendant des semaines ou des mois car les êtres humains ne sont pas équipés pour métaboliser les hormones de cheval. Ceci peut causer des problèmes à long terme. On ne donne pas de la nourriture de chat aux poissons, et on ne donne pas des graines d’oiseaux aux chiens – 41 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! alors pourquoi donner des hormones de cheval aux humains ? Depuis la parution de la première édition (en langue anglaise) du présent ouvrage, les résultats du volet Premarin seulement de l’étude WHI ont été rendus publics. Il vaut la peine de discuter de ces données plus en détail pour ajouter à nos connaissances sur la THS. Somme toute, l’étude WHI a démontré que la combinaison de Premarin et de Provera augmentait façon évidente les risques de cardiopathies, de cancer du sein, d’accidents cérébrovasculaires (ACV), de caillots sanguins et de démence. Par contre, avec Premarin seulement, il n’y a que le risque d’ACV qui a augmenté de façon significative, alors que l’augmentation du risque de caillots sanguins et de démence n’a augmenté que légèrement. En dernière analyse, il semblerait qu’une bonne partie (mais pas la totalité) des problèmes causés par la THS serait attribuable au Provera® Ces derniers renseignements émanant de l’étude WHI cadrent avec notre perception des interactions entre les hormones et les récepteurs cellulaires. Les hormones synthétiques (non bio-identiques) telles que le Provera semblent être les vrais « imposteurs » dans la THS car elles n’activent pas les serrures des récepteurs de la même façon que les hormones naturelles. Les hormones humaines possèdent la bonne clé pour activer les serrures cellulaires, et par conséquent elles peuvent ouvrir les bonnes portes. Étant donné que les œstrogènes équins conjugués contiennent à la fois des œstrogènes semblables aux œstrogènes humains et des œstrogènes spécifiques aux chevaux, il y a certaines serrures qui seront activées. Il n’est donc pas surprenant que le volet Premarin seulement de l’étude ait donné des résultats moins négatifs que le volet Premarin plus Provera . 42 CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS L’ÉTUDE WOMEN’S HEALTH INITIATIVE (WHI) Points saillants Volet Premarin® seulement L’ÉTUDE ≈ 11 000 femmes ayant subi une hystérectomie Groupe d’âge : 50-79 ans 0,625 mg Premarin contre placebo 6,8 années de suivi Terminé un an prématurément 3 à 4 % d’abandon dans le groupe sous hormonothérapie et le groupe témoin. RÉSULTATS • L’étude a été stoppée prématurément car on a déterminé qu’aucune nouvelle donnée sur la THS et son rôle préventif n’émanerait de l’étude même si on la poursuivait jusqu’au bout. • • • • • • ® • Comparé au placebo, le Premarin a causé : o 40 % plus d’accidents cérébrovasculaires o Aucun changement dans le risque de cardiopathies o Aucun changement ou réduction éventuelle dans le risque de cancer du sein o Une augmentation possible de caillots sanguins o Une augmentation possible de risques de démence du type Alzheimer o Une réduction de 40 % de fractures de la hanche Dans l’ensemble, ce volet de l’étude WHI a prouvé que ® la prise orale du Premarin seul était moins nocif pour ® ® les femmes que le Premarin plus Provera , mais plus nocif que le placebo. 43 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! Cependant, il y a quand même un risque substantiel d’accident cérébrovasculaire associé avec le Premarin oral, et il est important de ne pas perdre ceci de vue. Il y a plusieurs raisons pour lesquelles le Premarin oral peut augmenter le danger d’ACV de façon significative : Tout d’abord, le Premarin contient des œstrogènes propres à une autre espèce, et ces hormones non humaines n’apportent pas le même message à nos récepteurs cellulaires que les hormones humaines bio-identiques. Deuxièmement, à cause du manque d’efficacité des hormones administrées par voie orale, bien des femmes prennent probablement des doses d’œstrogène beaucoup plus élevées que nécessaire. Finalement, la prise du Premarin par voie orale dérange le métabolisme naturel des protéines, dont les facteurs de coagulation sanguine, au niveau du foie. Une augmentation des facteurs de coagulation augmente les risques d’ACV. Vous trouverez plus loin dans le présent chapitre une discussion plus approfondie des désavantages de prendre des œstrogènes par voie orale. L’étude WHI révèle également que l’administration d’œstrogènes équins oraux seuls n’augmente pas le risque de cancer du sein. De fait, le volet Premarin seulement de l’étude a démontré une légère diminution du risque de cancer du sein sur la période de sept ans qu’a duré l’étude. À première vue, cela pourrait paraître surprenant puisque nous en sommes venus à nous attendre que l’œstrogène pouvait causer le cancer du sein. Le fait est qu’une quantité appropriée d’œstrogène est probablement une bonne chose pour les seins, tout comme l’œstrogène est bon pour les tissus du vagin et de la vessie s’il est bien dosé. Le risque de cancer du sein augmente quand on administre trop d’œstrogène ou 44 CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS qu’on l’administre en combinaison avec des progestines synthétiques telles que le Provera.® En dernière analyse, l’étude WHI nous indique que la thérapie de substitution hormonale n’est pas complètement mauvaise ; l’étude met plutôt en relief l’importance d’utiliser les bonnes hormones, dans les dosages appropriés et selon le mode d’administration approprié. En d’autres mots, pour mettre en application les leçons que l’on peut tirer de l’étude WHI, il faudrait prescrire des hormones bioidentiques, administrées par voie transdermique et selon la dose minimale requise pour prévenir les symptômes. Il y a plusieurs sortes d’hormones bio-identiques sur le marché en ce moment, et certaines de celles-ci sont très bien adaptées à une thérapie de remplacement hormonal « bio ». Le chapitre 7 et l’annexe A donnent des détails sur les produits disponibles. L’œstradiol, l’œstrone et l’œstriol sont des œstrogènes naturels qui sont maintenant disponibles sous forme bio-identique. Les hormones « bio » ne sont pas les ennemis du tissu humain si elles sont dosées et administrées de façon appropriée. L’œstradiol Étant donné que l’œstradiol est la principale hormone produite par les ovaires avant la ménopause, elle constitue un excellent choix pour l’hormonothérapie « bio ». Le corps est habitué de transformer l’œstradiol en d’autres hormones au besoin. La recherche sur l’œstradiol démontre clairement que cet œstrogène a un effet positif sur les os, les vaisseaux sanguins, les cellules qui tapissent la paroi vaginale, la peau et la vessie. En ce qui concerne l’effet de l’œstrogène sur le cerveau, on a constaté une légère augmentation (sans signification statistique) de la maladie d’Alzheimer chez les participantes au volet Premarin seulement de l’étude WHI. Cependant, la recherche avait précédemment indiqué que 45 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! l’œstradiol pouvait avoir un effet protecteur pour le cerveau. Le fait que le Premarin contient des œstrogènes non humains en plus de l’œstradiol pourrait expliquer pourquoi l’étude WHI n’a pas pu nettement démontrer de bienfaits pour le cerveau suite à la prise de Premarin . L’œstrone Une bonne partie de l’œstradiol produit naturellement par le corps est converti en œstrone. L’œstrone à son tour peut être transformé en un sous-produit appelé « sulfate d’œstrone », qui peut être stocké dans les cellules. On a constaté que les cellules mammaires cancéreuses avaient tendance à accumuler de grandes quantités de sulfate d’œstrone, qui peut être reconverti en œstrone puis en œstradiol au besoin. En d’autres mots, le sulfate d’œstrone agit comme un « fertilisant » à libération lente pour les cellules cancéreuses des seins qui sont œstrogénodépendantes. De fait, parmi les traitements pour le cancer du sein, on cherche actuellement à élaborer des inhibiteurs de sulfatase pour bloquer la conversion du sulfate d’œstrone vers l’œstrone. De plus, les indices se multiplient à l’effet qu’un métabolite (sousproduit) de l’œstrone, appelé « 4-hydroxyœstrone » joue un rôle dans le développement du cancer du sein. Donner trop d’œstrone aux femmes pourrait mener à une accumulation de niveaux plus élevés que normal des sous-produits de l’œstrone, tels que le sulfate d’œstrone et le 4-hydroxyœstrone, qui peuvent être cancérogènes dans certaines circonstances (p. ex. en combinaison avec des progestines synthétiques comme le Provera®). De toute évidence, il est sage d’éviter de donner aux femmes de fortes doses d’œstrone. Certaines femmes, surtout celles qui ont peu de graisse corporelle, pourraient avoir besoin d’un peu d’œstrone si un test révèle de faibles niveaux de cette hormone. Pour la plupart des femmes, cependant, il n’est pro46 CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS bablement pas indiqué de prendre de l’œstrone à cause des préoccupations concernant l’accumulation du sulfate d’œstrone et du 4-hydroxyœstrone, et l’impact qu’ils peuvent avoir sur la croissance des cellules mammaires cancéreuses. Étant donné que le sulfate d’œstrone est l’œstrogène le plus abondant et la forme d’œstrogène que le corps peut stocker, mesurer cette hormone par un test sanguin ou salivaire peut être utile pour déterminer les niveaux d’œstrogène dans le corps de la femme. En d’autres mots, cette analyse peut être utilisée pour déterminer si une femme prend trop d’œstrogène ou pour décider s’il y a lieu de prescrire de l’œstrogène de remplacement. Le sulfate d’œstrone peut également être un autre marqueur utile du risque de cancer du sein. En théorie, les femmes ayant une plus grande réserve d’œstrogène pourraient courir un plus grand risque de développer le cancer du sein. L’œstriol Beaucoup de médecins hésitent à prescrire l’œstriol en partie à cause du fait qu’il n’est pas commercialisé par les laboratoires pharmaceutiques et aussi parce qu’il n’est pas discuté dans les écoles médicales sauf dans le contexte de la grossesse. C’est pourquoi il est important d’examiner plus en détail ici ce que nous savons sur l’œstriol. L’utilisation de l’œstriol se répand en Amérique du Nord depuis 15 à 20 ans, et en Europe il est utilisé depuis plus longtemps encore. Il a fait l’objet de recherches assez poussées en Europe, au Japon et à un moindre degré, en Amérique du Nord. Un chose qui ressort de ces études est que l’œstriol a des effets œstrogéniques. L’œstriol contrôle les bouffées de chaleur, fait diminuer le cholestérol, combat la sécheresse vaginale, restaure la flore vaginale et peut apporter un soulagement dans les cas d’infections chroniques 47 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! du tractus urinaire. On a également constaté que l’œstriol aide à dilater les vaisseaux sanguins, tout comme le fait l’œstradiol. Par contre, on ne possède pas encore de preuve solide que l’œstriol par lui-même peut stimuler la régénération du tissu osseux. Plusieurs chercheurs se sont intéressés à l’œstriol car il ne cause pas un épaississement de l’endomètre comme le font l’œstradiol et l’œstrone. Dans une étude sur l’œstriol qui a duré un an, on n’a pas constaté de différence dans l’épaisseur de l’endomètre entre les femmes qui utilisaient l’œstriol et celles qui recevaient un placebo. Toutefois, le groupe utilisant l’œstriol a semblé avoir une plus grande tendance à développer des polypes (tumeurs non cancéreux) que le groupe de contrôle. La densité du tissu mammaire, décelé par mammographie, est considéré comme étant un facteur de risque pour le cancer du sein. Une étude comparant l’œstriol avec les autres œstrogènes a montré que l’œstriol causait le moins d’augmentation de la densité du tissu mammaire, bien qu’une légère augmentation fut constatée. Ces résultats confirment le fait qu’aucun œstrogène ne devrait être administré sans progestérone pour le contrebalancer, et que l’on devrait faire très attention à la dose prescrite. En examinant les Figures 2 et 3, vous aurez constaté que l’œstriol est l’aboutissement des voies de biosynthèse des œstrogènes : l’œstradiol est transformé en œstrone et l’œstrone peut se transformer en œstriol. En général, l’œstriol demeure de l’œstriol, bien que certains tissus (l’utérus en particulier) peuvent convertir l’œstriol en d’autres œstrogènes. Étant donné que l’œstriol pris sous forme orale demeure dans cette forme, on peut l’administrer de cette façon sans crainte. 48 CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS Si nous essayons de demeurer le plus près possible des niveaux naturels d’hormones, comment intégrer l’œstriol dans un régime de remplacement hormonal bio-identique ? Après tout, les niveaux d’œstriol ne sont élevés que pendant la grossesse, alors pourquoi administrer de l’œstriol à la ménopause ? Certains chercheurs ont suggéré que des niveaux élevés d’œstriol sont prévus par la nature pour protéger le fœtus de l’œstradiol de la mère. Des niveaux élevés d’œstriol relativement à l’œstradiol bloquent l’accès de cette hormone aux récepteurs d’œstrogène. La grossesse protège contre le cancer du sein et l’œstriol joue un rôle important dans cet effet protecteur. Quand on a administré à des rats de l’œstriol ainsi qu’une substance reconnue comme cancérogène pour les tissus mammaires, l’œstriol a réduit le risque de ce cancer. Ainsi, il y a un nombre d’indices qui nous portent à croire que l’œstriol est probablement un choix sécuritaires dans la THS « bio ». En Amérique du Nord, l’œstriol est habituellement combiné avec l’œstradiol et parfois avec l’œstrone dans les crèmes magistrales. La combinaison œstradiol-œstriol est appelée « BiEst », et la combinaison œstradiol-œstroneœstriol est appelée « TriEst » (voir l’Annexe A). Étant donné l’association possible entre le sulfate d’œstrone, le 4hydroxyœstrone et le cancer du sein, il serait préférable d’utiliser le « BiEst » pour éviter l’accumulation d’œstrone. Cependant, aucune étude sur les humains n’a encore été menée avec le TriEst ou le BiEst. Cette absence de recherche rend beaucoup de médecins réticents à prescrire ces combinaisons d’hormones qu’ils considèrent comme n’étant pas « prouvées ». Cependant, tel que mentionné auparavant, il y a plusieurs petites études, qui ont duré un ou deux ans, qui ont été menées sur l’œstriol seul. L’ajout d’un peu d’œstradiol à une crème hormonale contenant de l’œstriol 49 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! offre les effets bénéfiques de l’œstrogène tout en retenant le potentiel protecteur de l’œstriol. La progestérone Quelque part entre le temps où ils étudiaient la biochimie au collège et lorsqu’ils ont complété leur formation médicale, certains médecins ont développé une sorte d’amnésie concernant la progestérone. Ils ont appris qu’elle jouait un rôle dans le cycle menstruel et qu’elle était indispensable à la grossesse, mais ils ont oublié la différence fondamentale qui existe entre la progestérone et les progestines synthétiques. Parmi les progestines, les plus connues sont le MPA (acétate de médroxyprogestérone), l’acétate de noréthindrone et le levonorgestrel. De fait le mot « progestine » a été inventé pour désigner une classe de médicaments qui ont le même effet sur l’endomètre que la progestérone. Mais les progestines n’ont pas le même effet que la progestérone sur tous les tissus. Par exemple, alors que la progestérone est indispensable à la grossesse, les progestines sont considérées comme dangereuses pour le fœtus. Même pour un non initié, cela suggère que les progestines et la progestérone sont deux choses bien différentes ! Malheureusement, plusieurs professionnels de la santé et chercheurs utilisent encore les termes « progestérone » et « progestine » de façon interchangeable. Cette négligence, voulue ou non, dans l’utilisation de ces termes a eu pour effet de donner l’impression aux médecins que les progestines synthétiques comme le MPA étaient l’équivalent de la progestérone bio-identique. Ce manque de précision dans la terminologie médicale a probablement fait plus de tort à la cause du remplacement hormonal que tout autre facteur. Plusieurs grandes études sur la THS ont utilisé la progestine synthétique MPA et démontré que les risques associés à cette thérapie l’emportaient sur les 50 CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS bienfaits ! La combinaison du MPA et de l’œstrogène oral augmente le risque de cancer du sein au-delà du risque constaté avec l’œstrogène seul. L’étude WHI et bon nombre d’études qui ont précédé ont prouvé que de combiner les œstrogènes oraux avec le MPA augmente aussi le risque de cardiopathies. On sait tout cela depuis longtemps. Le MPA fait obstacle aux effets vasodilatateurs de l’œstradiol, autant chez les animaux que chez les humains. La progestérone ne fait pas obstacle aux effets vasodilatateurs de l’œstradiol. Le MPA administré seul augmente le risque de coagulation anormale du sang. La progestérone n’a pas d’effet sur la protéine C-réactive, un marqueur de l’inflammation liée aux cardiopathies, alors que le MPA augmente les niveaux de protéine C-réactive. La progestérone ralentit la prolifération des cellules musculaires lisses dans les artères, qui est une étape dans la progression des maladies du cœur, alors que le MPA encourage cette prolifération. En définitive, le MPA était probablement le pire partenaire qu’on aurait pu donner à l’œstrogène. Bien entendu, les laboratoires pharmaceutiques ont élaboré d’autres progestines, et il y en a encore d’autres en voie de développement. Il faut dire que certaines des nouvelles progestines (par ex. l’acétate de noréthindrone) ne semblent pas avoir les mêmes effets négatifs sur le cœur et les vaisseaux sanguins que le MPA. Néanmoins, le contraste dramatique entre la progestérone et le MPA illustre bien pourquoi il vaut mieux s’en tenir à ce que la nature a mis au point et utiliser seulement des hormones bio-identiques pour les thérapies de remplacement hormonal.. Mais pourquoi donc la progestérone bio-identique n’a-telle pas reçu plus d’attention dans le monde médical ? Pendant bien des années, le consensus a été que la progestérone administrée par voie orale ne s’assimilait pas bien. On a 51 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! trouvé la solution à ce problème avec la micronisation, un processus par lequel la progestérone est moulue très finement afin d’en augmenter la surface d’absorption. Diverses études ont démontré que la progestérone orale micronisée réussit à stabiliser et à protéger l’endomètre en présence d’œstrogène. L’étude la plus récente dans ce domaine a été l’étude « PEPI », au cours de laquelle on a directement comparé la progestérone orale micronisée avec le MPA, en présence d’œstrogène. Les femmes qui ont reçu la progestérone ont eu moins d’hémorragies utérines intermittentes que celles qui ont reçu le MPA, et il n’y a pas eu de différence dans les taux de cancer utérin entre les deux groupes. En 2003, une étude d’une durée de trois mois sur l’usage de la progestérone orale micronisée (Prometrium®) par des femmes postménopausées a conclu que cette forme de progestérone n’a aucun impact négatif sur les indicateurs importants de cardiopathie comme la tension artérielle, le cholestérol ou la capacité de dilatation des artères. Il y a une panoplie de produits hormonaux bio-identiques présentement sur le marché, dont certains sont très bien adaptés aux besoins d’une hormonothérapie « bio ». Nous passerons ces produits en revue au chapitre 7, où nous traiterons du rétablissement de l’équilibre hormonal. Le point important à retenir, encore une fois, est que les hormones humaines bio-identiques ne se comportent pas en ennemi du tissu humain. Ceci étant dit, il reste à nous assurer de maintenir l’équilibre entre les différentes hormones en donnant les bonnes doses et en les administrant de la bonne façon. MODES D’ADMINISTRATION DES HORMONES Toute thérapie axée sur le remplacement hormonal devrait essayer d’imiter jusqu’à un certain point le rythme quotidien 52 CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS de hausse et de baisse des hormones. Les ovaires ne fabriquent pas au lever tout l’œstradiol dont le corps aura besoin pour la journée – cette production est constante. Le remplacement de l’œstradiol devrait par conséquent être administré de la même façon : par une méthode de libération lente dans le système. Le niveau de testostérone est typiquement plus élevé le matin et diminue dans le cours de la journée. Une thérapie de remplacement de cette hormone devrait donc chercher à en faire augmenter le niveau tôt le matin. Il est également important de se rappeler que les niveaux hormonaux changent au cours du cycle menstruel. Ainsi, la progestérone est plus élevée pendant la phase lutéale (deuxième moitié) du cycle menstruel – par conséquent l’usage d’un supplément de progestérone avant la ménopause devrait tenir compte de cette réalité. Le corps se repose des hormones pendant les menstruations – ils faudrait donc imiter ce repos quand on utilise des hormones de remplacement. Cette pause peut ne pas être indispensable pour toutes les femmes, mais pour certaines cela peut être très important. L’exposition constante à la même dose d’hormones peut diminuer la réceptivité des récepteurs aux messages apportés par les hormones. Cette résistance des récepteurs peut réduire l’efficacité de la thérapie hormonale. Quelle est la meilleure façon d’imiter la libération continue et la circulation naturelle des hormones dans le corps ? Est-il préférable de prendre les hormones par voie orale ou y a-t-il une autre méthode qui se rapproche davantage de la façon de procéder de la nature ? Les deux modes d’administration les plus usités pour les hormones sont la voie orale et la voie transdermique (topique). Une discussion des propriétés de chacune de ces méthodes suit. L’annexe A donne plus de détails sur les particularités des 53 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! hormones bio-identiques et des options disponibles aux femmes pour l’administration des hormones. Administration par voie orale Toute hormone ou médicament que nous avalons est modifié dans les voies digestives et pour être ensuite acheminé vers le foie avant d’atteindre les tissus cibles. Le système digestif et le foie transforment la plupart des hormones qui s’y trouvent en des formes conjuguées hydrosolubles pour qu’elles puissent être plus facilement éliminées du corps. Donc si l’on cherche à administrer les hormones le plus naturellement possible, la voie transdermique est préférable. Que les hormones fassent leur entrée dans le courant sanguin à partir de la peau ou à partir des ovaires, la différence pour le corps est minime à comparer à ce qui se passe quand on administre les hormones par voie orale. Une discussion de l’administration par voie orale aidera à comprendre les avantages de l’application par voie topique ou transdermique. Les œstrogènes L’administration orale de l’œstrogène peut facilement créer une fausse impression. Plusieurs médecins et pharmaciens croient à tort que le corps absorbe seulement 10 % d’une dose orale d’œstrogène et que l’autre 90 % est immédiatement éliminé. De fait, la presque totalité d’une dose orale d’œstrogène est utilisée par le corps. Songez à ce qui suit : un médecin apprend à l’école médicale que seulement 10 % de la dose d’une pilule d’œstradiol devient disponible aux tissus. Ainsi, il ou elle croira que si une dose de 2 mg est administrée à la patiente, son corps n’absorbera en réalité que 10 % de cette dose, soit 0,2 mg d’œstradiol. C’est faux ! Quand ce médecin prescrit 2 mg d’œstrogène à une patiente, 10 % demeurera sous forme d’œstradiol. Le reste, soit 1,8 54 CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS mg, sera transformé en sous-produits ou métabolites de l’œstrogène. La recherche dans les années 80 a montré que plus de la moitié de l’œstradiol ou de l’œstrone ingéré se change en sulfate d’œstrone. Le sulfate d’œstrone est la forme stockable de l’œstrogène, et en tant que tel peut servir à alimenter les cellules cancéreuses des tissus mammaires qui seraient œstrogénodépendantes. C’est l’évidence même : les femmes ne devraient prendre que la quantité d’œstrogène nécessaire pour répondre à leurs besoins immédiats. La substitution hormonale ne devrait pas accroître le niveau d’œstrogène stocké au-delà des niveaux qui existent avant la ménopause. Tel que mentionné précédemment, une bonne façon de juger si une femme reçoit trop d’œstrogène est de mesurer ses niveaux de sulfate d’œstrone. Plusieurs études ont montré que l’œstrogène oral dans les dosages prescrits autrefois affectait la production des protéines hépatiques. Ces protéines jouent un rôle dans la coagulation du sang, la régulation de l’insuline et la capacité de l’insuline et du cortisol d’agir sur les tissus. Ainsi, donner de l’œstrogène par voie orale peut théoriquement augmenter la tendance à la coagulation du sang, rendre plus difficile le contrôle de l’insuline et entraver la fonction thyroïdienne. L’étude WHI a confirmé ce fait puisque le volet où les femmes prenaient seulement le Premarin® par voie orale a révélé une augmentation du risque d’ACV et de caillots sanguins. Nous avons mentionné que seulement 10 % d’une dose orale d’œstradiol est absorbée par le corps sous forme d’œstradiol, et que plus de la moitié de la dose totale devient du sulfate d’œstrone. On croit que ce qui reste de cette dose, dont on perd plus ou moins la trace, se convertit surtout en œstrone. Lorsque des doses orales d’œstradiol ou 55 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! d’œstrone sont administrées, il en résulte un excès d’œstrone par rapport à l’œstradiol. Ceci dérange l’équilibre normal entre ces deux hormones. Par exemple, avant la ménopause, une femme a une ou deux fois plus d’œstradiol que d’œstrone dans son sang. (ratio œstradiol / œstrone >1). Après la ménopause, une femme a moins d’œstradiol que d’œstrone (ratio d’œstradiol / estrone entre 0,3 et 0,5). Quand on administre de l’œstradiol ou de l’œstrone à une femme postménopausée, ce ratio diminue encore davantage. Si la substitution hormonale est supposée avoir un effet rajeunissant pour la femme, pourquoi donc s’éloigner de l’équilibre hormonal qui existe avant la ménopause ? Donner de l’œstradiol ou de l’œstrone oralement perturbe l’équilibre entre ces deux hormones et on aboutit à un profil sanguin hormonal qui se rapproche de celui d’une femme beaucoup plus vieille. Il semblerait par conséquent que plusieurs des problèmes liés jusqu’à maintenant au remplacement des œstrogènes soient dus à l’administration de suppléments oraux. Quand nous avalons des œstrogènes, nous n’obtenons pas le profil hormonal naturel qui devrait découler de leur métabolisation, nous donnons des doses dix fois plus élevées que nécessaire et nous surchargeons le foie. (L’exception est l’œstriol, qui ne peut pas être facilement transformé en d’autres œstrogènes.) La progestérone La situation concernant la progestérone orale est semblable à celle des œstrogènes oraux : environ 90 % de la progestérone que nous avalons se transforme en sous-produits ou métabolites de cette hormone. Le corps produit environ 20 à 25 mg par jour de progestérone pendant les deux semaines qui précèdent les menstruations. La dose habituelle de progestérone orale micronisée qui est prescrite est en moyenne 56 CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS de 200 mg par jour. De cette dose, seulement environ 20 mg de progestérone non transformée se retrouveront dans le sang. Contrairement aux œstrogènes oraux, toutefois, les métabolites de la progestérone orale ne semblent pas être nuisibles. Plusieurs ont des propriétés sédatives, ce qui peut offrir des avantages. Par exemple, une femme qui a des problèmes d’anxiété et d’insomnie éprouve souvent du soulagement après avoir pris de la progestérone par voie orale. Certains de ces métabolites de la progestérone sont présents pendant la grossesse lorsque les niveaux de progestérone sont très élevés, et typiquement cela confère aux femmes une plus grande sérénité et égalité d’humeur pendant le troisième trimestre. Administration par voie transdermique Les humains savent depuis des millénaires que la peau constitue une excellente voie d’administration des remèdes. De fait, on pourrait dire que les cataplasmes sont les précurseurs des timbres transdermiques actuels. L’administration par voie transdermique permet aux hormones ou aux médicaments absorbés par les vaisseaux sanguins de la peau de se rendre directement au cœur pour ensuite être distribués à tous les tissus. (à l’exception des hormones appliquées sur l’abdomen, qui iront directement au foie.) Les hormones fabriquées par les ovaires et les glandes surrénales passent aussi directement dans le sang, vont vers le cœur pour être ensuite distribuées à tous les tissus du corps, généralement sans passer par le foie. Ainsi, si le but visé est de distribuer les hormones dans tout le corps d’une façon aussi naturelle que possible, l’option à privilégier est de les appliquer sur la peau. On peut dire d’ailleurs que l’évidence en faveur de l’administration transdermique des hormones s’accumule de plus en plus. 57 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! La dose d’œstradiol libérée par un timbre varie entre 25 microgrammes (0,025 mg) à 100 microgrammes par jour. Pour les crèmes magistrales, la dose moyenne d’œstradiol peut aller de 100 à 200 microgrammes (0,1 to 0,2 mg) par jour. Il a été démontré que seulement 50 microgrammes d’œstradiol par jour administrés par le biais d’un timbre peuvent aider à régénérer la masse osseuse et soulager les bouffées de chaleur alors qu’il faut au moins 500 microgrammes (0,5 mg) d’œstradiol oral pour arriver au même but. De plus, l’administration transdermique des œstrogènes ne semble pas avoir les effets négatifs sur les protéines hépatiques constatés avec les œstrogènes oraux. Les œstrogènes oraux augmentent la tendance à la formation de caillots sanguins alors que l’œstradiol transdermique n’a pas cet effet sur la coagulation du sang. Si l’œstradiol appliqué sur la peau est très efficace, on peut certainement en dire autant pour la progestérone, malgré ce que le monde médical a tendance à croire. De toutes les hormones stéroïdes, la progestérone est la plus liposoluble, et par conséquent celle qui a la meilleure capacité d’absorption par la peau. De fait, une communication présentée à la réunion annuelle de 2004 de la American Society for Clinical Pharmacology and Therapeutics faisait état d’un projet de recherche comparant l’administration de progestérone orale (200 mg par jour) ou transdermique (40 mg deux fois par jour). On a constaté qu’une quantité identique de progestérone était libérée dans le sang sur une période de 24 heures. Une autre étude a montré que l’application de progestérone sur la peau des rats a causé une accumulation de progestérone dans les tissus des poumons, des glandes salivaires, du cerveau et de l’utérus. En particulier, le niveau de progestérone dans l’utérus était huit fois plus élevé que 58 CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS ce qui avait été mesuré dans le sang. Dans une étude d’une année pendant laquelle 43 femmes ont utilisé de la crème à la progestérone, on a démontré que cette dernière était plus efficace qu’un placebo pour le soulagement des bouffées de chaleur. Ce qui ressort de ces études est que la crème à la progestérone apporte des bienfaits démontrables aux femmes. Cependant, dans les milieux médicaux on avance souvent l’argument que la progestérone n’empêche peut-être pas la muqueuse de l’utérus d’épaissir sous l’effet de l’œstrogène, et que ceci augmente le risque de cancer de l’endomètre. Une étude examinant cette question a été publiée en 2003. Vingt participantes prenant du Premarin ont utilisé soit de la crème à la progestérone ou une progestine (Provera ). Après six mois, l’analyse des biopsies obtenues a montré qu’il n’y avait aucune différence dans l’état de l’endomètre des deux groupes de femmes, ce qui a prouvé que la progestérone était tout aussi efficace que la progestine (Provera ) pour protéger l’endomètre. Le docteur Hélène Leonetti, un des auteurs de cette étude, est une obstétricienne-gynécologue qui prescrit de la crème à la progestérone à ses patientes. S’appuyant sur son expérience avec plus de 3 000 patientes, elle rapporte que cette thérapie est sécuritaire, bien tolérée et efficace pour la prévention du cancer de l’utérus et de l’hyperplasie de l’endomètre. Une étude publiée en 1995 a constaté que la crème à la progestérone appliquée sur les seins dans le cadre d’une THS comprenant de l’œstradiol a efficacement éliminé la stimulation cellulaire qui se produit avec l’œstradiol seul. Ces études, et plusieurs autres du genre, confirment le fait que la crème à la progestérone est bien absorbée par la peau et a un effet significatif sur les tissus. 59 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! D’autres façons d’administrer la progestérone comprennent les suppositoires et les gels vaginaux. L’application de gel vaginal donne des niveaux sanguins plus élevés et plus stables de progestérone, sans la conversion vers les métabolites de la progestérone qui se produit avec l’administration orale. Le vaporisateur nasal est un autre moyen efficace d’administrer la progestérone – une application de 30 mg par jour équivaut à 200 mg de progestérone orale. Les études confirment que la progestérone est facilement absorbée par ces différents sites, dont la peau, le vagin et même les muqueuses des voies nasales. Bien qu’il n’y ait pas encore eu d’étude de la progestérone de l’envergure de l’étude WHI, qui a duré dix ans et regroupé 16 000 femmes, l’évidence s’accumule que la crème à la progestérone est bien absorbée par les tissus. La principale préoccupation est de savoir si elle est en mesure de prévenir l’épaississement de l’endomètre chez les femmes sous œstrogénothérapie. Il n’y a pas de réponse définitive sur ce point, mais tel que mentionné auparavant, des études sur les rats ont démontré que les niveaux de progestérone dans l’utérus augmentent de façon significative avec l’utilisation d’une crème à la progestérone. Une mise en garde s’impose ici car il y a des femmes qui utilisent des crèmes à l’igname sauvage (Dioscorea Villosa) croyant qu’elles en retireront les mêmes bienfaits qu’avec la crème à la progestérone. De fait, les composantes de l’igname sauvage, notamment la diosgénine, ne se convertissent pas en progestérone dans le corps. La confusion vient probablement du fait que les laboratoires qui fabriquent la progestérone se servent de l’igname sauvage comme point de départ pour la fabrication de la progestérone, et certains fabricants ajoutent également un extrait d’igname sauvage à leur crème à la progestérone. En der60 CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS nière analyse, une crème à l’igname sauvage ne fonctionne pas de la même façon qu’une crème à la progestérone. Si vous recherchez les bienfaits de la progestérone il faut vous assurer que la crème que vous utilisez contient bien de la progestérone. Bien des praticiens de la santé s’inquiètent de la qualité variable des formulations à base de progestérone. La crème à la progestérone est disponible sans ordonnance aux ÉtatsUnis et certaines de ces crèmes en vente libre se retrouvent au Canada (où la crème à la progestérone n’est pas en vente libre). À l’analyse, on sait que certaines de ces crèmes ne contiennent pas du tout de progestérone, mais par contre il y en a d’autres qui contiennent une concentration adéquate de progestérone, sont de bonne qualité et ont été utilisées avec succès par des milliers de femmes. La qualité des crèmes hormonales préparées en pharmacie (crèmes magistrales) peut aussi varier selon le degré de connaissance et de compétence du pharmacien (Voir Annexe A – Produits hormonaux bio-identiques). Il vaut mieux faire affaire avec un pharmacien préparateur qui se spécialise dans la préparation des crèmes hormonales dispensées sous ordonnance.. DOSES D’HORMONES Souvenez-vous que les œstrogènes oraux sont bien absorbés, mais que seulement 10 % de ce que vous avalez demeure dans sa forme originale. Le reste est transformé en d’autres œstrogènes comme le sulfate d’œstrone. Malheureusement, les cellules mammaires cancéreuses accumulent le sulfate d’œstrone et l’utilisent pour nourrir les tumeurs. Afin d’éviter une accumulation d’œstrone ou de sulfate d’œstrone, il est donc évident que la plus petite dose possible d’œstradiol ou d’œstrone devrait être utilisée pour soulager les symptômes et rétablir l’équilibre hormonal. L’œstradiol administré par voie transdermique, à la plus pe61 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! tite dose efficace, aidera à réduire les risques associés à l’œstrogénothérapie. La flexibilité dans les dosages est un autre point important. La recherche révèle que la fidélité à la THS augmente lorsque les femmes participent à la prise de décision quant au mode d’administration et au dosage des hormones. Les formulations de crèmes hormonales bio-identiques faites sur mesure par un pharmacien préparateur offrent cette flexibilité car les dosages peuvent facilement être ajustés à des fractions de milligrammes près. POURQUOI PRENDRE DES SUPPLÉMENTS D’HORMONES ? La substitution hormonale n’est-elle pas une contradiction ? Après tout, il est naturel que les niveaux d’hormones baissent après la ménopause. Nos arrière-grand-mères n’ont jamais utilisé d’hormones de remplacement, et elles se sont tirées d’affaire. Pourquoi devrions-nous intervenir ? Pourquoi ne pas laisser faire la nature ? Bien sûr, les femmes devraient faire tout en leur pouvoir pour maintenir l’équilibre hormonal naturellement grâce à un régime alimentaire sain, en faisant de l’exercice, en évitant les toxines et en faisant usage de plantes et de suppléments alimentaires. Mais même les femmes qui font toutes ces choses peuvent avoir besoin de suppléments hormonaux. Notre environnement et notre approvisionnement alimentaire sont bien différents de ce qu’ils étaient il y a un siècle. En général, les femmes de nos jours consomment moins de légumes et autres végétaux (et par conséquent moins de plantes à effet hormonal) et plus de produits chimiques d’invention humaine que les générations précédentes. Les femmes de nos jours ont également à faire face à des stress différents et leur style de vie est beaucoup plus trépidant, avec moins d’heures de som62 CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS meil, des aliments pauvres en nutriments, trop de caféine et pas assez de temps de relaxation. Tout ceci peut contribuer à l’épuisement surrénalien. Bien des femmes ont subi une hystérectomie ou d’autres chirurgies qui affectent l’état hormonal et par conséquent ne fabriquent plus assez d’hormones sexuelles. Si la supplémentation hormonale peut aider à rétablir l’équilibre, alors pourquoi s’en passer et souffrir inutilement ? Malheureusement, l’équilibre hormonal est encore quelque chose qui ne préoccupe pas beaucoup de gens. Bien peu de médecins effectuent des suivis sur les niveaux hormonaux, et même s’ils le font, ils ne mesurent en général que l’œstradiol ou la progestérone dans le sérum du sang. Mais l’œstradiol n’est qu’une des pièces du casse-tête de l’œstrogène, et les niveaux d’œstradiol ne reflètent pas l’accumulation du sulfate d’œstrone. La progestérone sérique (suite à une analyse du sang) capte non seulement la progestérone, mais également les métabolites de la progestérone. Par conséquent, la progestérone sérique peut ne pas donner une idée exacte de l’équilibre entre les œstrogènes et la progestérone. Au chapitre 6 vous trouverez une discussion approfondie de l’importance de l’analyse des hormones pour contrôler et rétablir l’équilibre hormonal. Plusieurs chercheurs et médecins croient que la meilleure stratégie de substitution hormonale est d’administrer les hormones de façon naturelle et logique, en harmonie avec les processus et rythmes corporels. Jonathan Wright, un pionnier respecté de la médecine naturelle, faisait remarquer que des visiteurs d’une autre planète seraient probablement étonnés de nous voir prendre des œstrogènes d’une autre espèce. Le docteur Wright a osé suggérer que nous respections les processus naturels qui sont en place depuis qu’il y a des humains sur la terre. En d’autres mots, il fau63 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! drait donner des hormones humaines aux humains, les administrer pour qu’elles soient métabolisées de la même façon que si le corps les produisait, garder le bon équilibre entre les hormones et surtout, ne pas donner des doses qui excèdent ce dont le corps a besoin. Au début de 2004, le livre de Suzanne Somers « The Sexy Years » a été publié. Mme Somers a rendu un grand service aux femmes en mettant les THS bio-identiques en évidence. L’attention dont a bénéficié son livre a habilité bien des femmes à chercher de l’aide en vue de régler leurs problèmes hormonaux. Toutefois, le livre de Mme Sommers soulève la controverse sur deux points mis en évidence dans son entrevue avec le docteur Schwarzbein (chapitre cinq de The Sexy Years), notamment que les femmes devraient avoir des règles lorsqu’elles prennent des hormones et que la THS continue est nocive pour les glandes surrénales. Le docteur Schwarzbein avance l’argument que les femmes ménopausées devraient continuer à être menstruées car l’absence de règles constitue un état similaire à la grossesse, et la grossesse entraîne des risques pour la santé. Notre position est que sur le plan biologique il y a de très bonnes raisons pour lesquelles les femmes ménopausées n’ont plus de règles. La ménopause est le stade de la vie où le corps peut enfin se reposer des années d’exposition à l’œstrogène qui ont précédé. On sait que les femmes qui n’ont jamais donné naissance à un enfant ou qui ont eu leur premier enfant assez tard dans leur vie, sont davantage à risque de cancer du sein à cause de leur exposition prolongée aux œstrogènes. Bien que le docteur Schwarzbein suggère que les femmes enceintes sont plus à risque de cancer du sein, l’évidence du contraire est absolument claire. En 2004, une communication scientifique intitulée Breast cancer: the protective effect of pregnancy affirme ce qui suit : 64 CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS « Il a été fermement établi par le biais d’études épidémiologiques qu’une grossesse menée à terme tôt dans la vie confère une protection permanente contre le développement du cancer du sein. » Cette protection contre le cancer du sein offerte par la grossesse peut être réduite si une femme souffre d’insulinorésistance (voir l’encadré), mais la grossesse n’est pas la cause de ce problème – ce sont les régimes alimentaires riches en glucides raffinés qui seraient plutôt à blâmer. LA RÉSISTANCE À L’INSULINE L’insuline est une hormone secrétée en réponse à une augmentation du glucose dans le sang. Le glucose provient de la désintégration des aliments dans le système digestif, et les glucides raffinés font augmenter les niveaux de glucose très rapidement. Dans le cas d’insulinorésistance, les niveaux d’insuline demeurent élevés car les tissus ne répondent pas au message que l’insuline essaie d’apporter aux cellules. Des niveaux élevés d’insuline sur une longue période de temps augmentent le stockage du gras, et peuvent accroître le risque de diabète et de cancer chez les femmes. Des niveaux élevés de DHEAS et de testostérone sont souvent présents chez les femmes ayant une insulinorésistance. En dernière analyse, il n’est pas normal pour les femmes dans la cinquantaine d’avoir des règles. Faire en sorte que les femmes continuent à être menstruées dans la cinquantaine et la soixantaine suppose l’administration d’assez d’œstrogène pour faire épaissir la muqueuse de l’utérus et déclencher un saignement (à cause de la desquamation de l’endomètre). Pourquoi alors donner autant d’œstrogène et potentiellement accroître le risque de cancer du sein dans 65 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! une période de la vie où le risque est déjà élevé ? L’approche rationnelle est de donner la plus petite dose d’œstrogène qui puisse arriver à soulager les symptômes. Le but ne devrait pas être de transformer les femmes de soixante ans en jeunes de vingt ans. Le corps de la femme n’est pas fait pour avoir des règles au-delà du début de la cinquantaine, et nous devons respecter cette disposition de la nature et ne pas chercher à prolonger indûment l’état hormonal des années reproductives. Le docteur Schwarzbein soutient également qu’une pause dans la prise d’hormones est nécessaire chaque mois car le traitement au Premarin® et Provera® crée un stress pour les glandes surrénales. Nous ne savons pas vraiment si tel est le cas, mais le fait est que le protocole standard pour la THS « bio » met en pratique cette recommandation du docteur Schwarzbein, car une pause mensuelle de cinq à sept jours dans l’application de la progestérone et de l’œstrogène est suggérée. Cependant, la THS « bio » ne peut se comparer à la thérapie continue avec le Premarin® et le Provera®. La différence d’approche est essentiellement liée au dosage des hormones. Le docteur Schwarzbein prescrit des doses plus importantes d’hormones pour produire un saignement de retrait (une menstruation), alors que nous préconisons la plus petite dose possible qui soit en mesure de soulager les symptômes. Qui plus est, les doses élevées d’œstrogène nécessaires pour déclencher un saignement de retrait vont très probablement augmenter les réserves de sulfate d’œstrone. Tel que discuté précédemment, le sulfate d’œstrone peut agir comme une sorte d’ « engrais » pour les cellules mammaires cancéreuses. Le but ultime de la THS bio est d’aider les femmes à se sentir mieux, et d’y arriver de façon efficace et sécuritaire. 66 CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS Les points suivants constituent les fondements de la thérapie hormonale bio-identique. (1) La THS bio-identique à court terme (moins de cinq ans) pour faciliter le passage du début de la ménopause. La THS « bio » à court terme semble être bien tolérée et soulage efficacement les symptômes de la ménopause. Toutefois, si la durée de la thérapie est restreinte à seulement 2 ou 3 ans, alors la THS conventionnelle pourrait être une option acceptable pour les femmes et leurs médecins, compte tenu du soulagement qu’elle peut apporter et des risques modérés d’une utilisation à court terme. (2) La THS bio-identique à long terme (plus de 10 ans) pour combler les déficiences hormonales créées par la chirurgie gynécologique (p. ex. l’hystérectomie et/ou l’ovariectomie). À noter que même si les ovaires sont épargnés, ils vont souvent cesser de fonctionner dans les mois ou les années qui suivent l’ablation de l’utérus. Les femmes à qui on enlève les ovaires avant la ménopause vieillissent plus rapidement et courent un plus grand risque de maladie de cœur et de perte de masse osseuse si les hormones ne sont pas remplacées. (3) La THS bio-identique à long terme (plus de 10 ans) pour la postménopause, dans le but d’améliorer la santé, réduire les risques de maladies chroniques telles que les cardiopathies, l’ostéoporose et les démences. Bien que l’on n’ait pas de données absolument claires sur l’usage à long terme de la THS « bio », il y a quand même des indications intéressantes que les hormones bio-identiques devraient aider à prévenir les cardiopathies, la perte de masse osseuse et la démence à la post-ménopause. Si quelque chose est sécuritaire pour le 67 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! long terme, ce sera également sécuritaire pour le court terme. Malheureusement, il n’y a en ce moment aucune étude qui confirme l’innocuité à long terme de n’importe quelle forme de remplacement hormonal. EN BREF… Il y a bien des scientifiques et des médecins de nos jours qui croient que la science connaît tout, qu’elle peut faire mieux que la nature, et que nous pouvons nous amuser à modifier le système hormonal malgré sa complexité inimaginable et ses interactions avec tous les systèmes du corps. Mais qu’en est-il de l’approche logique à la THS qui n’est pas enseignée aux étudiants en médecine ? Cette approche est rejetée comme n’étant pas « scientifique », mais en réalité elle fait beaucoup plus de sens que de chercher à introduire des hormones synthétiques non bio-identiques dans le corps humain. L’étude WHI avait pour but de prouver aux femmes qu’elles pouvaient vivre plus longtemps et en santé avec la THS, mais au lieu de cela elle a démontré que l’œstrogène équin conjugué et le MPA font clairement échec à cet objectif. Malheureusement, bien des femmes et leurs médecins se méfient maintenant de toutes les formes de THS. Nous sommes devant une impasse concernant le remplacement hormonal. Bon nombre de professionnels de la santé choisissent d’abandonner ce concept pour l’instant et attendre (potentiellement en vain) pour que l’évidence soit plus claire ou encore ils acceptent la manipulation médiatique qui a suivi l’étude WHI et continuent à prescrire les mêmes hormones mais avec plus de restrictions. Il y a pourtant une autre option : on pourrait examiner cette question sous un angle nouveau, en s’appuyant sur des principes fondamentaux. Tel est le raisonnement qui sous-tend la THS bio-identique. Il est vrai que l’évidence pour la THS bio 68 CHAPITRE QUATRE : Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné avec la THS n’est pas infaillible. Nous ne savons pas encore si cette forme de THS sera 100 % sécuritaire pour toutes les femmes pendant toute leur vie suivant la ménopause. Par contre, le gros bon sens combiné à l’évidence que nous avons jusqu’à maintenant suggère que les hormones bio-identiques, administrées d’une façon qui s’apparente de près aux processus et rythmes naturels du corps, s’avérera plus sécuritaire et efficace que tout ce que nous avons inventé en laboratoire jusqu’à maintenant. 69 PARTIE DEUX 3 Simples étapes 1) Évaluation des symptômes 2) Dépister les déséquilibres hormonaux avec le test salivaire 3) Rétablir l’équilibre hormonal 71 CHAPITRE CINQ Étape1: Évaluation des symptômes CHAPITRE CINQ ÉTAPE 1 Évaluation des symptômes Dans le dernier chapitre, nous avons discuté des raisons pour envisager l’utilisation de la thérapie hormonale de substitution (THS) bio-identique à court ou à long terme. Bien des femmes se demandent si c’est vraiment nécessaire de prendre des hormones si le seul problème qu’elles ont sont des symptômes incommodants. En réponse, on peut poser la question : « À quel point les symptômes sont-ils incommodants ? » Pour bien des femmes, les symptômes associés au déclin hormonal à la ménopause ont un impact sur leur capacité de fonctionner normalement et de poursuivre leurs activités quotidiennes. Dans de tels cas, une forme quelconque d’intervention devient une nécessité. Il n’est pas nécessaire de souffrir en silence. En plus d’avoir un impact sur la qualité de vie, les déséquilibres hormonaux peuvent être un facteur dans le développement les maladies chroniques, de sorte qu’il vaut mieux examiner les symptômes et voir à régler les problèmes avant que cela ne se produise. Les symptômes peuvent être associés avec des déficiences ou des excès de chacune des principales catégories d’hormones stéroïdes : les œstrogènes, la progestérone, les androgènes et leurs précurseurs, et les glucocorticoïdes (spécifiquement le cortisol). L’évaluation des symptômes, ainsi que les tests hormonaux sont une excellente façon de 73 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! cerner les problèmes hormonaux. L’abandon prématuré du volet Premarin®-Provera® de l’étude WHI a rendu bien des médecins hésitants à prescrire les thérapies hormonales de substitution (THS). Ils se rendent compte qu’il faut prendre le temps de discuter avec les patientes des buts à viser avec la THS et clairement définir les raisons d’y avoir recours. Documenter les symptômes et les relier à des niveaux hormonaux identifiés par des tests aide à justifier l’utilisation de la THS auprès des patientes. Les médecins découvrent aussi que le déséquilibre entre les groupes d’hormones peut expliquer certains symptômes. LES SYMPTÔMES DE LA MÉNOPAUSE Les récepteurs hormonaux sont présents dans presque tous les tissus, de sorte que lorsqu’il y a une baisse du niveau des hormones, les effets se font sentir partout dans le corps. Les récepteurs des hormones sexuelles sont particulièrement nombreux dans le cerveau, les vaisseaux sanguins, les organes du système reproducteur, l’urètre (canal de sortie de la vessie) et les os. Plusieurs symptômes sont reliés à la ménopause, et bien que certains puissent être expliqués par un état de déficience ou de déséquilibre hormonal, d’autres ne tombent pas dans cette catégorie. Ce qui suit est une brève description des symptômes les plus communs de la ménopause et la façon dont ils sont reliés à l’état hormonal. L’anxiété : L’anxiété est fréquemment associée à un excès d’œstrogènes par rapport à la progestérone. L’œstradiol et la progestérone exercent des effets opposés sur les neurones du cerveau : la progestérone est calmante alors que l’œstradiol est stimulant. Il arrive qu’à la ménopause la progestérone baisse plus rapidement que l’œstradiol, ce qui mène à un état anxieux et excitable. 74 CHAPITRE CINQ Étape1: Évaluation des symptômes Problèmes de vessie : La vessie contient beaucoup de récepteurs d’œstrogène, et la baisse du niveau d’œstrogène peut causer un amincissement ou une atrophie de l’urètre (le canal d’évacuation de l’urine), ce qui entraîne des infections du tractus urinaire et/ou de l’incontinence. L’incontinence urinaire est la perte involontaire d’urine qui se produit souvent au cours de certaines activités, comme rire ou éternuer, ce qui accroît la pression dans la région abdominale et fait s’ouvrir le sphincter de l’urètre. Des petites doses d’œstrogène peuvent souvent aider à régler ce problème. Ballonnements : La rétention d’eau est fréquemment la cause des ballonnements. Avoir trop d’œstrogène ou pas assez de progestérone peut causer une accumulation de fluide dans les tissus. La progestérone agit comme diurétique naturel et aide à éliminer les fluides et à réduire les effets de l’excès d’œstrogène. Sensibilité des seins : Comme on peut s’y attendre, les tissus mammaires sont également dotés de beaucoup de récepteurs hormonaux. La sensibilité des seins est le résultat d’un excès relatif d’œstrogènes par rapport à la progestérone. Cela peut être attribuable à trop d’œstrogène ou trop peu de progestérone ou les deux à la fois. De plus, l’utilisation d’un excès de progestérone peut occasionner un gonflement des seins. (L’excès de progestérone se convertit en déoxycorticostérone, un métabolite qui peut faire gonfler les seins.) La dépression : Les déficiences en œstrogènes ou en androgènes peuvent contribuer à la dépression. Le cortisol élevé le soir et l’utilisation d’un excès de progestérone sont également associés à la dépression. Les femmes qui ont un historique de dépression clinique avant la ménopause sont davantage à risque de souffrir de dépression pendant la ménopause. De multiples facteurs sont en cause dans la dépres- 75 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! sion, mais corriger les déséquilibres hormonaux est un bon point de départ pour régler les problèmes d’humeur. Bouffées de chaleur et sueurs nocturnes : Chez certaines femmes les « chaleurs » sont un phénomène puissant ! Une bouffée de chaleur produit habituellement une transpiration abondante pendant une à cinq minutes et peut se produire seulement à quelques reprises dans l’année ou encore à toutes les heures du jour. Environ les trois quarts des femmes ont des bouffées de chaleur pendant la ménopause. Pour 15 à 25 % des femmes, les bouffées de chaleur peuvent avoir un effet débilitant, entraîner la dépression et, dans le cas des sueurs nocturnes, l’insomnie chronique. Les bouffées de chaleur persistent typiquement pendant environ deux ans, bien que certaines femmes disent en avoir pendant des décennies après la ménopause. Bien que la cause précise des bouffées de chaleur soit encore inconnue, il est évident qu’il ne s’agit pas strictement d’un symptôme de manque d’œstrogène. Les femmes à qui nous prescrivons de l’œstrogène ont souvent un soulagement de leur bouffées de chaleur, mais nous savons que les femmes dont le niveau d’œstrogène est élevé peuvent aussi avoir des bouffées de chaleur. En d’autres mots, un faible niveau d’œstrogène n’est pas la seule explication des bouffées de chaleur. Pour compliquer les choses, au sein de certaines cultures ce problème n’existe pas. Sachant que la biologie humaine est la même pour toutes les femmes, pourquoi y en a-t-il qui ont des bouffées de chaleur alors que d’autres n’en ont pas du tout ? Le type corporel est un facteur qui peut jouer un rôle. Les femmes minces risquent davantage d’avoir des bouffées de chaleur car elles ont moins de cellules adipeuses et par conséquent fabriquent moins d’aromatase pour convertir les androgènes en œstrogènes. Les femmes qui ont atteint la 76 CHAPITRE CINQ Étape1: Évaluation des symptômes puberté avant l’âge de 12 ans, les femmes avec des cycles irréguliers et celles chez qui la ménopause arrive avant l’âge de 52 ans semblent avoir davantage de bouffées de chaleur. De plus, il y a un certain nombre de facteurs reliés au style de vie et à l’alimentation qui peuvent contribuer à la probabilité d’avoir des bouffées de chaleur. Ainsi, on a établi un lien entre les bouffées de chaleur et le tabagisme, la consommation d’alcool et le niveau de scolarité (p. ex. des études secondaires non complétées). De plus, le diabète est associé aux bouffées de chaleur et la consommation de sucre peut les faire augmenter en nombre et en intensité. Un autre facteur important est le stress. Pour certaines femmes, les bouffées de chaleur ne sont apparues qu’à la suite d’un stress majeur. Chez les populations qui consomment beaucoup de phytoestrogènes tels que le soja, les femmes ont moins de bouffées de chaleur. Les facteurs culturels jouent également un rôle. Les sociétés occidentales ont généralement une attitude négative devant le vieillissement car les personnes âgées sont considérées comme moins utiles à la société, ce qui entraîne des conséquences psychologiques pour les femmes qui arrivent à la ménopause. L’irritabilité : L’irritabilité peut être causée par différents facteurs hormonaux. L’excès d’œstrogène par rapport à la progestérone est un déséquilibre hormonal qui produit souvent une augmentation de l’irritabilité. D’autres facteurs dans l’irritabilité peuvent être le manque d’androgènes ou l’excès de cortisol. Si l’irritabilité est le symptôme prédominant, il serait sage de faire analyser les hormones pour mieux diagnostiquer le problème. Le chapitre 6 décrit ce genre d’analyse en détail. Manque de concentration et confusion mentale : L’œstradiol est nécessaire au transport du glucose vers le cerveau, ce qui veut dire que trop peu d’œstradiol peut ré77 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! duire l’énergie disponible aux cellules du cerveau et causer la confusion mentale. L’utilisation d’une dose excessive de progestérone peut aussi contribuer à ce problème. D’autre part, le cortisol trop élevé ou un manque de testostérone peut nuire à la mémoire. Si la confusion mentale est un problème majeur pendant la ménopause, il vaut mieux faire effectuer une analyse pour confirmer quelle hormone pourrait être en cause. La peau : Plusieurs femmes se plaignent d’une perte importante d’élasticité de la peau quand la ménopause arrive. On sait que l’œstrogène aide à maintenir l’apparence et l’élasticité de la peau. Pour certaines femmes, ceci est raison suffisante pour prendre un supplément d’œstrogène. Mais il est important de se souvenir que les œstrogènes doivent toujours être contrebalancés par la progestérone et qu’il faut utiliser la plus faible dose possible d’oestrogène. Problèmes de sommeil : La déficience œstrogénique peut contribuer directement ou indirectement aux problèmes de sommeil. L’œstrogénothérapie s’est avérée efficace pour améliorer le sommeil chez les femmes qui ont des symptômes de la ménopause. Le manque d’œstrogène peut aussi affecter le sommeil indirectement à cause des sueurs nocturnes. La supplémentation avec la progestérone, surtout par voie orale, peut également améliorer la qualité du sommeil. Sécheresse vaginale : Si la cause des bouffées de chaleur n’est pas toujours évidente, on sait par contre que la sécheresse vaginale est une conséquence directe de la baisse des œstrogènes. Quand les niveaux d’œstrogène diminuent, il faut quelques années pour que les effets se fassent sentir, mais éventuellement cette baisse produit un assèchement et un amincissement des tissus du vagin et de la région génitale. Des niveaux réduits d’androgènes contribuent égale- 78 CHAPITRE CINQ Étape1: Évaluation des symptômes ment à la sécheresse vaginale car les hormones mâles aident à maintenir la santé et l’intégrité des tissus. Gain de poids : Le gain de poids à la taille peut être associé à des niveaux élevés de cortisol. Une élévation de cette hormone du stress peut aussi causer une instabilité du glucose sanguin et des fringales de sucre. Le gain de poids aux hanches peut survenir lorsqu’il y a un excès relatif d’œstrogènes par rapport à la progestérone. La dominance en œstrogène peut également entraver le fonctionnement des hormones de la thyroïde et favoriser un gain de poids, même si les tests de cette glande sont normaux. Rétablir l’équilibre des différentes hormones peut faciliter la perte de poids. Toutefois, n’oublions pas que plusieurs facteurs peuvent influencer la prise de poids à la ménopause. GROUPES DE SYMPTÔMES Toute une panoplie de symptômes peut accompagner l’arrivée de la ménopause, et bien que les symptômes pris individuellement puissent aider à comprendre ce qui se passe au niveau de l’équilibre hormonal, il en va de même pour les groupes de symptômes. Chez certaines femmes, les symptômes donnent une idée exacte de la situation. Par exemple, un excès d’œstrogène par rapport à la progestérone peut habituellement être facilement identifié à partir des symptômes. Dans certains cas cependant, le schéma des symptômes est moins clair et un test hormonal sera requis pour confirmer la nature du déséquilibre. Voici quelques schémas de l’état hormonal de la ménopause. Les œstrogènes Les symptômes associés à la dominance en œstrogène figurent au Tableau 2. Plusieurs médecins et leurs patientes se créent des problèmes avec des dosages trop élevés d’œstrogène. Il faut une quantité appropriée d’hormones 79 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! pour obtenir une réponse optimale des cellules. En présence d’un excès d’hormones, les cellules chercheront à se protéger en diminuant le nombre de récepteurs hormonaux. En anglais on parle de « down-regulation », c’est-à-dire d’une réduction de la réponse cellulaire. La réduction de la réponse cellulaire peut produire des symptômes de déficience œstrogénique même si on administre de l’œstrogène en quantité plus que suffisante. L’œstrogène est présent, mais les cellules ne reçoivent pas son message. La solution est de diminuer la dose d’œstrogène et donner au corps la chance de se réajuster. D’autre part, l’excès d’œstrogène produit plusieurs symptômes qui peuvent être associés à l’hypothyroïdie. Un excès d’œstrogène dans le système entrave l’action des hormones thyroïdiennes dans le noyau de la cellule, même si les niveaux de ces hormones sont normaux. Les oestrogènes Déficience Bouffées de chaleur Sueurs nocturnes Sécheresse vaginale Confusion mentale Blancs de mémoire Incontinence Larme à l’œil Dépression Sommeil perturbé Palpitations Perte osseuse Tableau 2 80 Excès Sautes d’humeur Sensibilité des seins Rétention d’eau Confusion mentale Irritabilité Anxiété Seins fibrokystiques Gain de poids - hanches Changements menstruels Maux de tête Fibromes utérins Basse température corp. Fatigue CHAPITRE CINQ Étape1: Évaluation des symptômes La progestérone Le Tableau 3 donne la liste des symptômes reliés aux déficiences et aux excès de progestérone. Si on compare ce tableau au tableau précédent, on s’aperçoit que les symptômes de la carence en progestérone sont les mêmes que les symptômes de l’excès d’œstrogène ! La raison est que ces deux hormones sont si étroitement interreliées que l’une ne peut fonctionner adéquatement sans l’autre. Une certaine quantité de progestérone est nécessaire pour activer les récepteurs d’œstradiol. Sans cette quantité de base de progestérone, il faudrait beaucoup plus que la quantité normale (et sécuritaire) d’œstrogène pour obtenir le même effet. La progestérone Déficience Excès Sautes d’humeur Somnolence Sensibilité des seins Gonflement des seins Rétention d’eau Nausée Confusion mentale Dépression Irritabilité Confusion mentale Anxiété Peau huileuse Seins fibrokystiques Augmentation de l’acné Gain de poids – hanches Pilosité faciale Changements menstruels Maux de tête Fibromes utérins Basse température corporelle Fatigue Tableau 3 Les symptômes de l’excès de progestérone ne se voient pratiquement jamais sauf dans le contexte de la supplémentation de cette hormone. L’excès de progestérone se rencontre plus fréquemment avec la progestérone orale parce que le 81 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! foie convertit cette dernière en métabolites solubles qui continuent à agir sur les récepteurs de progestérone. Les crèmes à la progestérone évitent ce surplus de métabolites issus du « premier passage » dans le foie qui se produit avec les hormones prises par voie orale. Il faut également prendre en considération que certaines femmes convertissent plus facilement la progestérone en testostérone, et que par conséquent chez elles l’utilisation de la progestérone peut créer des effets androgéniques. L’équilibre entre l’œstrogène et la progestérone Il est très important de se soucier de l’équilibre entre ces deux hormones plutôt que de penser seulement en termes de déficiences ou d’excès. Ainsi, un niveau normal ou légèrement élevé d’œstradiol, combiné à un niveau faible ou un peu en bas de la normale de progestérone peut donner des symptômes d’excès d’œstrogène sans que les niveaux de chaque hormone aient besoin d’être excessivement élevés ou faibles. C’est pourquoi les résultats d’analyses et un recensement des symptômes peuvent aider à comprendre exactement ce qui se passe. Les androgènes et leurs précurseurs Avant la ménopause, environ la moitié de la testostérone qui circule dans le corps est dérivée de la DHEA, hormone produite par les glandes surrénales. Le déséquilibre des glandes surrénales et les maladies chroniques peuvent faire diminuer les niveaux de DHEA et ainsi contribuer à une carence en testostérone. Bien des femmes ménopausées ont tendance à avoir ce problème. De plus, les femmes qui se font enlever les ovaires sont privées de cette source de testostérone. Les activités de recherche sur la substitution des androgènes chez les femmes se sont intensifiées ces dernière années car 82 CHAPITRE CINQ Étape1: Évaluation des symptômes ces hormones sont importantes à l’équilibre hormonal global. Le cortisol est une hormone qui joue un rôle clé dans le fonctionnement des androgènes. Des études indiquent que la testostérone active les mêmes gènes, mais en sens inverse. Ainsi, une femme ayant un niveau normal de testostérone mais un niveau élevé de cortisol pourrait avoir des symptômes de manque de testostérone. Ceci est un exemple de déficience fonctionnelle. Le niveau d’une hormone peut être normal, mais le système se comporte comme s’il y avait une déficience de cette hormone. De là l’importance d’analyser toute la gamme des hormones afin de déceler les problèmes sous-jacents. Les androgènes Déficience Excès Dépression Acné Fatigue Peau huileuse Perte osseuse Pilosité excessive Sécheresse vaginale Prise de poids Perte de libido Résistance à l’insuline Troubles de sommeil Ovaires polykystiques Perte de masse osseuse Irritabilité Incontinence Perte de cheveux Perte de mémoire Douleurs/raideurs musculaires Confusion mentale Tableau 4 Le cortisol Bien peu de médecins pensent au cortisol, sauf s’il s’agit de déficience sérieuse (p. ex. la maladie d’Addison) ou d’excès pathologique (Syndrome de Cushing). En réalité il y a toute une gamme de variantes entre ces deux extrêmes, et 83 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! l’équilibre hormonal ne peut être atteint à moins de se soucier de cette hormone. Il est important de noter que les niveaux de cortisol montent et descendent dans le courant de la journée. La production de cortisol est à son maximum dans la première heure après le réveil, puis diminue graduellement pendant la journée pour atteindre son niveau le plus bas pendant le sommeil. Cette variation du niveau de cortisol au cours de la journée peut être facilement documentée au moyen d’un test salivaire des hormones. Quatre échantillons de salive sont recueillis : un le matin (dans la première heure après le réveil), un avant le déjeuner (le midi), un autre avant le dîner et finalement un au coucher. On établit un graphique à partir des données de l’analyse. Profil du cortisol salivaire Durée (heures) Figure 5 La figure 5 montre une configuration normale du cortisol en quatre prélèvements. La partie ombragée illustre le mode normal de libération du cortisol. Si un point ou l’autre tombait à l’extérieur de la partie ombragée, cela pourrait signi84 CHAPITRE CINQ Étape1: Évaluation des symptômes fier qu’il existe un problème au niveau des glandes surrénales. Les personnes ayant un profil de cortisol plat (pas de montée de cortisol le matin), souffrent généralement de fatigue surrénalienne. Ces personnes souffrent de léthargie le matin, de fatigue, d’hypoglycémie, de perte de capacité de penser quand elles sont stressées, de manque de tolérance à l’exercice, d’un sentiment de burnout et d’incapacité de composer avec la vie en général. Un autre profil qu’on voit communément est le cortisol qui monte normalement le matin, mais demeure élevé l’après-midi et le soir. Les personnes qui ont ce profil ont souvent de la difficulté à dormir, éprouvent de la « fatigue agitée » et peuvent avoir une glycémie instable. Le cortisol chroniquement élevé peut entraîner une perte de masse osseuse. Une légère élévation chronique du cortisol est également associée avec l’hypertension et le diabète et de plus constitue un trait qu’on retrouve souvent chez les femmes diagnostiquées avec le cancer du sein. Une discussion complète de tous les profils de cortisol ne peut être offerte ici, mais le livre de James Wilson Adrenal Fatigue: The 21st Century Syndrome est une excellente ressource sur le sujet. Le tableau 5 cidessous contient une liste des principaux symptômes associés aux déséquilibres du cortisol. Étant donné que des glandes surrénales en santé sont essentielles à la production des hormones de la postménopause, tout signe de déficience ou d’excès de cortisol devrait immédiatement faire l’objet d’une vérification approfondie. 85 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! Le cortisol Déficience Fatigue Allergies Muscles endoloris Sentiment d’avoir froid Raideur au cou Infections fréquentes Léthargie matinale Sentiment de burn-out Peu de libido Ne peut faire face aux situations Excès Irritabilité Fatigué mais sur les nerfs Gain de poids - taille Perte de masse musculaire Perte de masse osseuse Hypertension Résistance à l’insuline Peu de libido Troubles de la mémoire Sentiment de burn-out Perte de cheveux Dépression Tableau 5 Les hormones de la thyroïde L’hypothyroïdie fonctionnelle est un problème très commun qui affecte des milliers de gens au Canada. Dans les cas d’hypothyroïdie fonctionnelle, les tests de la thyroïde sont normaux, mais tous les symptômes d’un ralentissement de la glande, ou hypothyroïdie, sont présents. Plusieurs facteurs peuvent contribuer à l’hypothyroïdie fonctionnelle, notamment les déficiences en nutriments tels que le sélénium et le zinc, un excès relatif d’œstrogène, un manque de progestérone et un excès ou un manque de cortisol. Voici un exemple typique d’hypothyroïdie fonctionnelle : une femme de 35 ans s’est fait enlever l’utérus et les ovaires, et son médecin lui a prescrit de l’œstrogène administré par voie orale. Elle ne reçoit pas de progestérone car son médecin croit qu’elle n’en a pas besoin puisqu’elle n’a plus son utérus ! Quelques mois plus tard, elle a engraissé de 15 kilos, elle est continuellement fatiguée, elle a toujours froid et ses che86 CHAPITRE CINQ Étape1: Évaluation des symptômes veux commencent à devenir clairsemés. Les tests de la thyroïde sont normaux et son médecin dit qu’il n’y a rien qu’il peut faire de plus. Cette femme souffre d’une déficience thyroïdienne fonctionnelle à cause de l’effet de l’œstrogène non contrebalancé par la progestérone. La solution à son problème est simple : il faut lui donner de la progestérone ! Même si elle n’a pas son utérus, le reste de son corps, y compris tous les tissus sensibles à l’œstrogène, a besoin de cet équilibre entre l’œstrogène et la progestérone. Il s’agit ici de seulement quelques exemples de la gamme complexe de symptômes associés aux déséquilibres hormonaux. Il arrive que les déséquilibres hormonaux peuvent causer le développement d’un problème particulier, par exemple l’hypothyroïdie fonctionnelle ou la déficience androgénique fonctionnelle. Occasionnellement, un ensemble de symptômes signale le début d’une maladie chronique. Il y a plusieurs maladies qui préoccupent les femmes ménopausées, et ce qui suit est une discussion du rôle des hormones dans le développement de ces maladies. LES MALADIES La perte de masse osseuse (ostéoporose) ou amincisse- ment des os, est une préoccupation majeure chez les femmes à la postménopause. Les fractures de la hanche sont une cause fréquente d’hospitalisation des femmes âgées et elles sont associées à une réduction de l’espérance de vie. Comme pour les bouffées de chaleur, il y a des facteurs reliés au style de vie et à la physiologie qui contribuent à la perte de masse osseuse. Les facteurs de risque comprennent : avoir de petits os, fumer, consommer trop peu de calcium, faire peu ou pas d’exercice contre résistance, avoir la peau blanche, et boire beaucoup de café. 87 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! Les hormones jouent aussi un rôle significatif dans le développement de l’ostéoporose car les récepteurs hormonaux sont abondants dans les os. Les déficiences en œstrogènes et en testostérone (un androgène) ainsi qu’un excès de cortisol peuvent tous être des facteurs dans la perte de masse osseuse. Pour les femmes qui ont déjà perdu beaucoup de masse osseuse, l’administration d’œstrogène et/ou de testostérone combinée à la réduction du stress peuvent être indiqués. Le choix des hormones à prescrire devrait être basé sur un inventaire des symptômes et des tests hormonaux qui confirmeront le diagnostic. Le rôle de la progestérone pour le maintien de la masse osseuse est toujours sous étude, mais l’évidence que nous avons à date suggère que la progestérone seule n’augmente pas la densité osseuse. Toutefois, la progestérone peut augmenter l’efficacité d’autres hormones régénératrices des os (p. ex. l’œstradiol). Le cancer du sein est une préoccupation majeure pour les femmes de tout âge. Les œstrogènes peuvent être à l’origine du cancer ou accélérer la croissance des cellules cancéreuses. Tel que mentionné précédemment, il y a des inquiétudes relativement à l’excès de métabolites de l’œstrogène, tels que le sulfate d’œstrone ou le 4-hydroxyestrone. Cependant, les hormones ne sont pas toutes équivalentes lorsqu’il s’agit du risque de cancer du sein. L’œstriol, le plus faible des œstrogènes, peut avoir un effet protecteur contre le cancer du sein. La progestérone peut également réduire le risque de développer le cancer du sein car il peut inactiver l’effet stimulant de l’œstrogène. Par contre, il a été démontré que la progestine synthétique MPA (Provera®), augmente le risque de cancer du sein. Le cancer du sein est un domaine où il est d’une importance critique d’avoir la bonne clé hormonale pour la « serrure » du récepteur cellulaire. Une étude britannique a 88 CHAPITRE CINQ Étape1: Évaluation des symptômes démontré que les femmes souffrant du cancer du sein qui avaient un niveau adéquat de progestérone au moment de la chirurgie avaient de meilleures chances de survie. La progestérone est requise pour contrôler une catégorie d’enzymes appelées « métalloprotéinases ». Les cellules cancéreuses utilisent ces enzymes pour envahir les tissus et développer leur approvisionnement sanguin. La capacité de la progestérone de réguler les métalloprotéinases pourrait vouloir dire que la progestérone peut protéger des cancers en général. Les femmes qui cherchent plus d’information sur le rôle que jouent les hormones dans le cancer du sein devraient lire le livre des docteurs John Lee et David Zava Tout savoir sur le cancer du sein dans lequel ils discutent le rôle des hormones dans le cancer du sein, et ce que les femmes peuvent faire pour évaluer et modifier leur risque de ce cancer. Les cardiopathies augmentent de façon significative quand les femmes arrivent à la ménopause. Personne ne sait exactement pourquoi, mais on croit que c’est le résultat d’une combinaison de facteurs tels que la baisse des hormones, le stress cumulatif, le style de vie et la nutrition. L’œstrogène est essentiel pour le bon fonctionnement des vaisseaux sanguins et on a émis la théorie que la baisse d’œstrogène à la ménopause est partiellement responsable du risque accru de maladie de cœur. Cependant, diverses études, en particulier l’étude WHI, ont indiqué que des doses élevées d’œstrogène administrées par voie orale et accompagnées de progestines synthétiques ne sont pas bonnes pour le cœur. Par contre, les études examinant l’effet des hormones bio-identiques sur les tissus appuient l’hypothèse que les hormones humaines (bio-identiques) administrées par voie transdermique ne sont pas l’ennemi des femmes ménopausées. 89 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! Le syndrome des ovaires polykystiques est un ensemble de symptômes accompagnés de niveaux élevés d’androgènes. Les femmes atteintes de ce syndrome peuvent avoir des règles irrégulières ou une aménorrhée complète, en plus des symptômes d’un excès d’androgènes comme la pilosité faciale et l’hirsutisme. Bien des femmes qui ont les ovaires polykystiques ont des problèmes d’obésité et de résistance à l’insuline. EN BREF… Les symptômes constituent une excellente base d’évaluation de l’état hormonal, mais cette évaluation ne devrait pas s’arrêter là. Les hormones agissent en synergie et ce n’est qu’en faisant passer des tests appropriés que l’on peut dépister les problèmes. De plus, les surdoses d’hormones peuvent être difficiles à déceler, et l’accumulation des métabolites nocifs peuvent ne pas causer de symptômes dans l’immédiat. Toutefois, ils augmentent le risque de problèmes de santé à long terme. Les tests hormonaux peuvent aider à identifier les surdoses potentielles d’hormones, et clarifier la confusion que peuvent créer certains groupes de symptômes. À la suite de l’étude Women’s Health Initiative (WHI), le besoin se fait sentir d’utiliser une approche méthodique aux THS et de bien documenter la raison d’être de leur usage. Bien analyser les renseignements recueillis sur les symptômes fait du sens médicalement. Faire la synthèse des symptômes à la lumière des résultats de tests hormonaux est une bonne stratégie pour atteindre le but visé avec la substitution hormonale. 90 CHAPITRE SIX Étape 2: Analyse des hormones CHAPITRE SIX ÉTAPE 2 Analyser les hormones pour découvrir les déséquilibres hormonaux À l’étape 1, nous avons souligné l’importance d’étudier les symptômes pour déterminer s’il y a un déséquilibre hormonal. La deuxième étape pour rétablir l’équilibre hormonal consiste à confirmer les déséquilibres par des analyses. Dans le présent chapitre, nous discuterons des options disponibles pour l’analyse des hormones et comment elles peuvent aider à déceler les déséquilibres hormonaux. LES TESTS HORMONAUX La médecine de laboratoire a commencé à évoluer il y a environ 50 à 60 ans, mais les percées majeures dans ce domaine datent des 30 dernières années. Auparavant, les tests de laboratoire étaient des procédures très simples que les médecins faisaient eux-mêmes dans leur cabinet. À cette époque, il n’y avait pas de distance entre le patient et le laboratoire, car le médecin était le laboratoire, il connaissait bien son patient et pouvait immédiatement appliquer les résultats du test qu’il avait effectué au problème du patient. De nos jours, la situation concernant la chimie clinique a bien changé. Pour la majorité des gens, le laboratoire a pour seul rôle de fournir des données, et de le faire avec précision et efficacité. 91 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! Considérez ce qui se passe quand les tests de laboratoire sont effectués isolément des patients. Typiquement, on met au point des paramètres de normalité basés sur la moyenne des résultats de tests effectués sur un grand nombre de cas. L’écart des résultats est analysé et les marges ou plages normales sont dérivées statistiquement. Cette approche ne tient pas nécessairement compte des variations individuelles. Pour certaines personnes, un résultat au milieu de la plage de variation dénote une carence et pour d’autres il pourrait être normal que le résultat soit à la limite inférieure de cette même plage. Cela dépend des besoins particuliers de chacun en matière d’hormones et sur l’équilibre entre plusieurs facteurs, notamment l’interaction entre les différentes hormones, l’activité enzymatique et les cofacteurs nutritionnels. Quand nous effectuons une analyse des hormones, nous voulons surtout savoir quelle est la signification de tel ou tel résultat pour ce patient ou cette patiente en particulier. À la réception des résultats, le médecin qui prescrit le test peut certainement arriver à dresser un bilan de l’état hormonal de la patiente en étudiant son dossier, en relisant ce qui y est consigné concernant ses symptômes, l’utilisation de suppléments et d’autres aspects d’intérêt médical. Malheureusement, la plupart des médecins n’ont pas le temps d’effectuer ce genre d’analyse approfondie. C’est alors que le laboratoire peut combler cette lacune en faisant la collecte d’information clinique avec chaque échantillon qui est recueilli et en interprétant les résultats des tests par rapport aux symptômes de la patiente. Tel que mentionné au chapitre précédent, cette approche est particulièrement pertinente à la lumière des résultats de l’étude WHI (voir l’Introduction). La documentation appropriée de chaque cas 92 CHAPITRE SIX Étape 2: Analyse des hormones et une approche réfléchie aux THS sont de rigueur pour tout médecin qui prescrit des hormones. Une discussion du succès de cette approche holistique à la médecine de laboratoire, qui considère les niveaux hormonaux à la lumière des symptômes, suit ci-après. Mais d’abord, nous allons comparer les principales modalités d’analyse hormonale, le sang, l’urine et la salive, sur le plan de la pertinence, de la facilité et d’autres considérations pratiques. LE TRANSPORT DES HORMONES L’analyse des hormones est une affaire compliquée. La structure moléculaire des différentes hormones stéroïdes se ressemble, et cela peut rendre leur identification difficile. Les hormones voyagent dans le sang sous au moins trois formes : libres, liées à des protéines et « à cheval » sur les globules rouges. Les quantités de certaines formes sont infimes, mesurées en un billionnième de gramme par spécimen. Les chercheurs ne comprennent pas encore complètement le rôle de ces différentes formes et chaque type de test de laboratoire mesure une combinaison différente de ces formes. Pas surprenant que ces tests soient source de confusion pour le public puisqu’ils le sont même pour les techniciens de laboratoire ! De fait, le transport des hormones peut être expliqué de façon assez simple. Les hormones stéroïdes sont des lipides, et les stéroïdes libres sont comme des gouttelettes d’huile suspendues dans la matrice aqueuse du sang. Il y a aussi dans le sang des agrégats spongieux de ces gouttes d’huile. Ces agrégats sont des protéines telles que l’albumine et la globuline de liaison des hormones sexuelles (SHBG). Finalement, il y a les gros navires citernes – les globules rouges – qui peuvent transporter une grosse charge d’huile sur leur 93 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! surface spongieuse, ou entreposée dans leur coque (la membrane cellulaire). Pendant longtemps, la plupart des chercheurs ont cru que seulement la forme libre des hormones (les gouttelettes) était biodisponible pour agir sur les tissus. Nous en sommes venus à réaliser, cependant, que toutes les formes sont biodisponibles, selon le tissu cible dont il s’agit et selon que les hormones sont produites par le corps ou proviennent de l’extérieur (suppléments). Les différents tests examinent les différentes formes d’hormones (libres, liées à une protéine ou « à cheval » sur les globules rouges). Par conséquent, les réponses ne sont pas toujours exactement les mêmes quand nous comparons les résultats en utilisant les différentes méthodes. LES MODALITÉS D’ANALYSE Le sang Les tests sanguins peuvent être divisés en deux catégories : l’analyse du sérum et l’analyse du sang entier. L’analyse du sérum requiert de se rendre au laboratoire pour une prise de sang. Un petit tube de sang est prélevé et le sérum aqueux jaunâtre est séparé du sang et envoyé au laboratoire pour être analysé. Pour l’analyse du sang entier, le prélèvement peut se faire à domicile à l’aide d’une lancette. On fait sortir une goutte de sang sur le bout du doigt, semblable à la procédure qu’emploient les diabétiques pour mesurer le glucose sanguin. La goutte de sang est transférée sur un papier filtre et on la laisse sécher afin de l’envoyer au laboratoire par la poste. L’analyse du sérum mesure surtout les hormones entières : la forme qui est liée à une protéine ainsi que la forme libre, en gouttelettes. On pourrait mesurer seulement les hormones libres, mais ce test n’est disponible qu’auprès de 94 CHAPITRE SIX Étape 2: Analyse des hormones laboratoires spécialisés aux Etats-Unis. Selon la façon dont la goutte de sang séché est traitée, toutes les composantes hormonales peuvent être mesurées. Cependant, en ce moment seules les hormones liées à une protéine sont mesurées dans le sang séché, ce qui revient au même que l’analyse du sérum. L’analyse des hormones à partir du sang séché est disponible aux É.-U. depuis peu de temps, et n’est pas encore disponible au Canada. Toutes les hormones stéroïdes peuvent être mesurées dans le sérum bien que l’analyse des œstrogènes soit limitée : le sulfate d’œstrone n’est pas disponible et l’œstriol ne peut se mesurer qu’aux niveaux très élevés qu’on trouve chez les femmes enceintes. Pour ce qui est de l’analyse du sang séché, on peut tester seulement une gamme limitée d’hormones, encore une fois à cause de la nouveauté de cette méthode. L’avantage du sang séché est qu’on peut faire la collecte de l’échantillon à la maison, et de multiples échantillons peuvent être recueillis dans la même journée si nécessaire. Par contre, l’analyse du sérum exige une prise de sang, ce qui est moins pratique, surtout lorsqu’il est nécessaire de faire la collecte dans l’heure qui suit le lever (p. ex. pour analyser le cortisol). Toutefois, le test de sérum est le plus répandu, en partie par défaut. Bien des médecins ne savent même pas que les autres tests existent ! De plus, l’analyse du sérum est couverte par les régimes gouvernementaux d’assurance, du moins pour l’instant. Dans le climat actuel de réduction des coûts, il est assez probable que l’analyse du sérum sera éventuellement considérée comme médicalement non nécessaire. Un dernier point : avec les analyses de sérum, vous obtenez seulement des données numériques comme résul95 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! tats car le laboratoire ne reçoit aucun renseignement sur vous sauf votre nom, sexe et date de naissance. L’urine L’urine a été analysée avec succès pendant des décennies pour l’évaluation des hormones stéroïdes. Typiquement, on effectue les analyses sur une petite partie de toute l’urine recueillie sur une période de 24 heures. Cette pratique a des avantages et des désavantages. D’une part, une collecte étalée sur 24 heures égalise les fluctuations dans la production hormonale et donne un bon indicateur de la production moyenne de la journée, mais la collecte sur 24 heures est malcommode pour le patient. En majeure partie les hormones qui apparaissent dans l’urine ont été conjuguées, c’est-à-dire métabolisées par le foie pour les rendre plus solubles. Les hormones liées aux protéines porteuses et aux globules rouges, ainsi que les hormones libres, ne sont pas conjuguées. Par conséquent, l’analyse d’urine peut porter à confusion car elle capte les hormones en voie d’élimination du corps, plutôt que les hormones en route vers les tissus. Par contre, les niveaux hormonaux détectés dans l’urine reflètent la production totale d’une hormone donnée, et on peut mesurer toute une gamme d’hormones. L’analyse urinaire différencie également entre les différents métabolites similaires, alors que l’analyse sanguine peut amalgamer deux, trois ou vingt métabolites semblables et donner un résultat beaucoup plus élevé qu’il devrait l’être. En ce moment, seul le test de cortisol est effectué à partir de l’urine et il est couvert par le régime gouvernemental d’assurance. Plusieurs laboratoires spécialisés aux É.-U. analysent toute la gamme des hormones à partir de l’urine, mais tout comme c’est le cas pour les analyses du sérum, le laboratoire ne reçoit que peu de renseignements sur le pa96 CHAPITRE SIX Étape 2: Analyse des hormones tient. Une évaluation des symptômes n’accompagnant pas le résultat du test, l’information peut être plus ou moins valable. La salive Les chercheurs ont commencé à étudier la salive comme véhicule pour l’analyse des hormones il y a plus de 20 ans, mais cette forme d’analyse des hormones stéroïdes ne fait que commencer à être largement acceptée. Pour les drogues toxicomagènes, le test salivaire a surpassé le test urinaire comme choix pour la collecte d’échantillons. Le test salivaire a plusieurs avantages : les échantillons peuvent être recueillis à domicile, on peut faire la collecte de multiples échantillons au cours de la journée, et les échantillons peuvent être postés au laboratoire. Une plus vaste gamme d’hormones est présente dans la salive que dans le sang ou le sérum. Bien que le test salivaire ne soit généralement pas couvert par les régimes publics d’assurances, il le sera parfois par les régimes privés. Afin de comprendre la différence essentielle entre le test salivaire et le test sanguin, il est nécessaire de comprendre comment les hormones se retrouvent dans la salive. Les hormones mesurées dans la salive ont d’abord dû s’échapper du courant sanguin, passer à travers les parois capillaires et migrer vers les membranes des cellules qui tapissent le canal salivaire. Puis une petite quantité d’hormone quittera la membrane cellulaire pour se retrouver dans la salive qui se forme dans le canal salivaire. Cela veut dire que le test salivaire mesure les hormones qui sont disponibles aux tissus, c’est-à-dire les hormones biodisponibles. Souvenez-vous que les hormones sont présentes en trois formes principales dans le sang, et que les trois formes sont disponibles aux tissus. La salive semble rassembler les trois formes d’hormones, et contrairement aux tests d’urine 97 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! et de sang, on peut y déceler les hormones transportées par les navires citernes, les globules rouges. Ceci est particulièrement important lorsque les tests sont effectués pour des personnes qui utilisent les crèmes hormonales. L’administration transdermique des hormones enrichit jusqu’à un certain point le contenu hormonal des globules rouges. Ces cellules voyagent ensuite rapidement (en quelques secondes) à d’autres parties du corps et déchargent leur cargaison d’hormones. Cela se produit tellement vite que la partie aqueuse du sang ne peut emboîter le pas. Ainsi, lorsque les hormones sont administrées par voie transdermique, il en résulte des augmentations considérables dans les niveaux salivaires, mais les changements correspondants dans le sang sont minimes. Plusieurs médecins ont utilisé cette disparité apparente pour dénigrer à la fois la valeur du test salivaire et de l’administration transdermique des hormones. Toutefois, au chapitre 4, nous avons discuté des preuves que nous avons que les hormones administrées par la peau atteignent les tissus cibles. Le test salivaire est présentement la seule méthode qui peut déceler les hormones transportées par les globules rouges, qui semble être le mode de transport favori des hormones administrées par voie transdermique. Plusieurs praticiens de la santé qui ont utilisé les trois types de tests (sang, urine et salive) affirment que le test salivaire tend à correspondre davantage à la réalité clinique. Cela s’accorde avec l’idée que les niveaux d’hormones dans la salive reflètent fidèlement les niveaux dans les tissus salivaires. Le chapitre 4 parle d’un essai où l’on a administré de la crème à la progestérone à des rats, puis on a mesuré les niveaux de progestérone dans divers tissus. Il y avait deux fois plus de progestérone dans les tissus salivaires que dans le sang, et 8 fois plus de progestérone dans le tissu utérin que dans le sang. Cela renforce la notion que les niveaux 98 CHAPITRE SIX Étape 2: Analyse des hormones salivaires reflètent beaucoup mieux les niveaux hormonaux des autres tissus du corps, bien qu’il sera nécessaire de faire plus de recherche dans ce domaine. En d’autres mots, les niveaux salivaires des hormones donnent une bonne idée des niveaux d’hormones dans tous les tissus du corps puisque les hormones doivent traverser les tissus pour se retrouver dans la salive. Le meilleur test Une question que se posent les médecins et les patientes qui ont peu d’expérience avec la THS bio-identique est : quel est le meilleur test ? La réponse honnête est qu’il n’y a pas de meilleur test. Aucun test ne peut dire à un médecin quelle dose précise d’hormones une patiente devrait prendre initialement ou quels ajustements apporter à une dose existante. Le praticien doit prendre des décisions en se basant sur sa propre expérience et les symptômes de la patiente. Cependant les tests sont extrêmement utiles pour déceler les déséquilibres hormonaux et pour alerter le praticien qu’un ajustement est requis au dosage des hormones. Administrer des hormones avant d’avoir identifié le problème est une façon risquée de pratiquer la médecine. L’analyse des hormones aide à identifier les problèmes. Il y a une interaction d’une grande complexité entre les hormones au niveau de l’ADN dans le noyau de chaque cellule. L’analyse des hormones nous permet d’avoir un aperçu de ce système seulement à distance. Ainsi, analyser les hormones dans le sang c’est comme se cacher derrière un buisson et observer un amas de paquets empilés à l’extérieur d’une maison. On ne sait pas lesquels seront transportés dans la maison, et ce qu’on en fera un coup à l’intérieur. Analyser les hormones dans l’urine, c’est comme examiner les déchets qui sortent de la maison tout en essayant de comprendre ce qui se passe à l’intérieur. Fi99 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! nalement, analyser les hormones dans la salive c’est comme se rapprocher d’une fenêtre, ce qui permet de voir à l’intérieur d’une seule pièce. La vue est encore restreinte, mais, mais on a quand même une meilleure idée de ce qui se passe à l’intérieur. Il est possible d’obtenir une meilleure perspective en recueillant des renseignements cliniques avec chaque spécimen. Cela comprend l’âge, la taille, le poids, des détails sur l’état du cycle menstruel, sur l’historique des chirurgies gynécologiques et sur les suppléments hormonaux, nutritionnels et pharmaceutiques, ainsi qu’un inventaire détaillé des symptômes reliés aux hormones. Les laboratoires qui recueillent des renseignements cliniques détaillés (voir Ressources) utilisent cette information pour obtenir une perspective plus globale de l’état hormonal de la patiente. Le rapport d’analyse fait le lien entre les niveaux hormonaux et le profil des symptômes et peut contenir des suggestions pour rétablir l’équilibre hormonal. Mesurer une gamme d’hormones donne souvent un aperçu de la cause des symptômes, et montre davantage les interactions complexes entre les hormones. Malheureusement, peu de laboratoires prennent le temps de recueillir l’information clinique indispensable pour assister dans l’interprétation des résultats des tests hormonaux. Le test salivaire donne probablement la meilleure perspective des interactions hormonales, mais les praticiens devraient examiner la situation à partir de divers angles, recueillir autant d’indices que possible, et intégrer l’information pour arriver à la meilleure solution. Il est important que les praticiens se servent des analyses hormonales pour que leur approche au remplacement hormonal soit aussi objective que possible. Les praticiens de la santé doivent donc acquérir une nouvelle expertise : celle de com100 CHAPITRE SIX Étape 2: Analyse des hormones prendre l’analyse des hormones et les thérapies hormonales de substitution faites sur mesure. Le travail du laboratoire est d’assister les praticiens de leurs connaissances plutôt que seulement fournir des données numériques. Dans les mots d’une praticienne qui avait fait faire son propre test salivaire par un laboratoire qui recueille des informations cliniques, « le rapport est exactement ce que je pressentais avant de faire le test, et les résultats m’ont rassurée que je n’ai pas perdu la tête… Le format du rapport est très utile et je vais certainement recommander ce test à mes amies et patientes. » Clairement, les praticiens et les laboratoires peuvent travailler ensemble pour donner aux femmes les renseignements dont elles ont besoin pour pouvoir gérer leur ménopause de façon aussi sécuritaire et efficace que possible. 101 CHAPITRE SEPT Étape 3 : Rétablir l’équilibre hormonal CHAPITRE SEPT Étape 3 Rétablir l’équilibre hormonal Une évaluation des symptômes étayée par un test hormonal donne une idée utile, mais encore incomplète de ce que les hormones font dans les tissus. Rétablir l’équilibre hormonal n’est pas toujours simplement une question de donner des suppléments d’une hormone ou l’autre. Quelquefois, les déséquilibres hormonaux peuvent être rectifiés en faisant des meilleurs choix en matière de style de vie et d’alimentation. Pour d’autres femmes, la solution sera d’utiliser des hormones naturelles (bio-identiques) au lieu des hormones non bio-identiques. Il arrive aussi que le déséquilibre hormonal puisse entraîner des problèmes de santé ou en être le signe. Par exemple, le syndrome des ovaires polykystiques et la résistance à l’insuline sont associés à des déséquilibres hormonaux spécifiques. Rétablir l’équilibre hormonal est souvent complexe, mais peut améliorer de façon significative la santé des femmes qui y arrivent. Il est impossible de décrire toutes les combinaisons possibles de déséquilibres hormonaux, mais les cas suivants illustrent certaines tendances qui se dégagent de l’analyse des symptômes et des hormones. TINA Tina est une femme de 58 ans qui a subi une hystérectomie dans la quarantaine, après quoi elle a pris du Premarin®. On lui a dit qu’elle n’avait pas besoin de progestérone puis103 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! qu’elle n’avait plus son utérus. Après la publication des résultats de l’étude WHI, Tina a arrêté de prendre le Premarin® sans faire de sevrage, ce qui a eu des conséquences fort désagréables. Les bouffées de chaleur sont revenues, elle s’est sentie déprimée et avait de la difficulté à se concentrer. Un test salivaire a indiqué que les niveaux d’œstradiol et de testostérone de Tina étaient très bas. Son médecin de famille a recommandé qu’elle utilise Estrogel®, un gel à l’œstradiol, à raison de deux coups de pompe par jour. Cela représentait une dose quotidienne de 1,5 mg d’œstradiol, presque la même dose que ce qui serait prescrit par voie orale. Il faut se souvenir que seulement 10 % de l’œstradiol oral demeure sous forme d’œstradiol, car le reste est décomposé en métabolites par le foie. Par contre, l’œstradiol administré par voie transdermique atteint les tissus avant d’aller au foie, ce qui peut facilement créer une surdose. Heureusement, Tina a parlé à quelqu’un qui s’y connaissait dans le domaine et elle opta d’appliquer seulement ¼ de coup de pompe d’Estrogel® par jour, ou 0,188mg. Elle a également commencé à utiliser une crème à la progestérone à raison de 20 mg par jour. Les symptômes de Tina se sont immédiatement améliorés. Un test salivaire de suivi a montré que son œstradiol était un peu élevé et on lui a conseillé d’appliquer l’Estrogel® aux deux jours. Un autre test de suivi confirmera si son niveau d’œstrogène s’est stabilisé. Un supplément de testostérone pourrait être une option lorsque l’équilibre entre la progestérone et l’œstradiol sera bien établi. SUZANNE Historique Suzanne est une femme d’affaires de 55 ans, en bonne forme physique et qui essaie de traverser la ménopause au naturel. Ses règles ont cessé il y a deux ans, mais elle souf104 CHAPITRE SEPT Étape 3 : Rétablir l’équilibre hormonal fre de bouffées de chaleur, de blancs de mémoire, de sécheresse vaginale, de confusion mentale et de perte de libido. Elle a également des problèmes d’incontinence et de sommeil ! Susanne a un emploi très stressant. Elle n’a pas d’antécédents familiaux de cancer du sein, de cardiopathies ou d’ostéoporose. Elle n’a pas subi de test de densité osseuse. Analyse des symptômes Les symptômes de Suzanne indiquent que son niveau d’œstrogène est faible (bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, confusion mentale) et que la testostérone est également basse (peu de libido, fatigue, sécheresse vaginale, incontinence). Résultats d’un test salivaire des hormones Œstradiol : <1.5 pg/ml (faible) Progestérone : 30 pg/ml (normal pour la ménopause) Testostérone : 15 pg/ml (faible mais dans les limites) Cortisol AM : 10 ng/ml (élevé) DHEAS : 4.5 ng/ml (faible mais dans les limites) Interprétation du test salivaire Le faible niveau d’œstradiol contribue aux symptômes de carence en œstrogène, notamment la sécheresse vaginale, les blancs de mémoire, les bouffées de chaleur et l’incontinence. La progestérone est nécessaire pour que l’œstradiol fonctionne de façon optimale. Elle est nécessaire également au bon fonctionnement des hormones de la thyroïde. La supplémentation avec de la progestérone bioidentique seule peut aider à soulager les symptômes de Suzanne. Par exemple, une étude contre placebo a démontré l’efficacité de la crème à la progestérone pour le contrôle des symptômes vasomoteurs (bouffées de chaleur). (Leonetti HB, Longo S, Anasti JN. Transdermal progesterone 105 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! cream for vasomotor symptoms and postmenopausal bone loss. Obstet Gynecol. 1999 Aug;94(2):225-228). Après la ménopause, la testostérone provient de la DHEA d’origine surrénalienne. Donc le faible niveau de testostérone est relié au faible niveau de DHEAS. Il pourrait valoir la peine que Suzanne utilise de la testostérone bio-identique pour régler ses problèmes de libido et d’incontinence. Le cortisol élevé le matin est souvent causé par le stress et en général fait opposition à l’action des autres hormones. Le cortisol élevé combiné à des faibles niveaux d’œstradiol et de testostérone mettent cette personne à risque d’ostéoporose. Un test de densitométrie osseuse serait à considérer. Recommandations pour Suzanne Le test salivaire a confirmé les soupçons du médecin que le niveau d’œstrogène et de testostérone étaient bas. Le faible niveau de DHEAS combiné au cortisol élevé le matin a également indiqué qu’il y avait un problème au niveau des surrénales. À la réception du rapport du laboratoire, un médecin ayant de l’expérience avec la THS bio-identique, pourrait entreprendre la démarche qui suit : • • • • • Conseiller à Suzanne de réduire son niveau de stress. Lui suggérer des suppléments pour renforcer les glandes surrénales ou la référer à un naturopathe. Lui faire passer un test de densitométrie osseuse pour obtenir des données de référence qui serviront de contrôle par la suite. Suggérer une mammographie et/ou une thermographie pour obtenir des données de référence afin de contrôler les effets à long terme de l’œstrogène sur la densité et les propriétés thermiques des seins. Lui prescrire de l’œstrogène transdermique 25 jours par mois, sous forme de timbre à libération lente, de gel ou 106 CHAPITRE SEPT Étape 3 : Rétablir l’équilibre hormonal • • • • • de crème magistrale. (Elle pourrait avoir besoin d’une plus forte dose au départ, qui pourrait être réduite au bout d’un mois.) Lui prescrire également de la progestérone transdermique 25 jours par mois, débutant 2 semaines après avoir commencé l’œstrogène. Cela donne le temps à l’œstrogène de préparer le corps en augmentant la production de récepteurs de progestérone. Répéter l’analyse salivaire de l’œstradiol et de la progestérone après deux mois pour s’assurer que l’œstrogène n’est pas trop élevé et pour confirmer que la progestérone est bien absorbée par les tissus. Évaluer le besoin de testostérone après 3 mois d’application des autres thérapies. La réduction du stress à elle seule peut améliorer la libido. S’il n’y a pas eu d’amélioration, une crème à la testostérone bioidentique (0,5 à 1,0 mg par jour) pourrait être prescrite. Voir la patiente à deux mois d’intervalle pour le reste de la première année. Répéter le test de densité osseuse, le test de dépistage du cancer du sein et le test salivaire au bout d’un an. ALEXANDRA Historique Alexandra est une femme de 47 ans, un peu grassette, qui éprouve plusieurs symptômes désagréables de la ménopause. Elle se plaint d’irritabilité, de confusion mentale, de sautes d’humeur, d’anxiété, de ballonnements et de maux de tête. Elle a plusieurs petits kystes fibreux ou bosses aux seins. Elle commence à prendre du poids autour des hanches et a remarqué que ses règles sont devenues irrégulières et abondantes. Son médecin lui a dit récemment qu’elle a des fibromes utérins ou des « nœuds » dans le muscle de l’utérus, ce qui peut causer des règles plus abondantes et des 107 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! crampes. Tel que discuté au chapitre 5, les symptômes d’Alexandra correspondent à ceux de la dominance en œstrogène. Résultats du test salivaire Œstradiol Progestérone Testostérone 5 pg/ml (élevé, mais dans la limite) 85 pg/ml (faible mais dans la limite pour la phase lutéale) 40 pg/ml (élevée) Interprétation du test salivaire Les niveaux d’œstradiol et de progestérone sont à l’intérieur des limites normales, cependant les symptômes tels que les seins fibrokystiques, les fibromes, le gain de poids et les maux de tête indiquent un excès relatif d’œstradiol (c’est-àdire qu’il n’y a pas assez de progestérone pour équilibrer l’œstradiol). La supplémentation avec de la progestérone bio-identique pendant la phase lutéale pourrait être bénéfique. Il y a une association entre un niveau élevé de testostérone et la résistance à l’insuline. La résistance à l’insuline est à son tour associée à une augmentation du risque de cardiopathies et de diabète. De l’exercice régulier, y compris l’entraînement aux poids et l’élimination des glucides raffinés du régime alimentaire pourraient aider. Il pourrait être prudent de réduire l’exposition à l’œstrogène en évitant la consommation du bœuf et de la volaille d’élevage commercial. Recommandations pour Alexandra Il est clair d’après les symptômes d’Alexandra et les résultats de son test salivaire qu’une intervention sur le plan hormonal serait indiquée. Une partie de son problème est due au fait que ses règles sont irrégulières et qu’elle a des cycles anovulatoires. Quand l’ovulation ne se produit pas, aucune progestérone n’est produite par les ovaires et la do108 CHAPITRE SEPT Étape 3 : Rétablir l’équilibre hormonal minance en œstrogène s’en suit. Étant donné que les symptômes d’Alexandra sont causés par un excès relatif d’œstrogène et qu’elle a encore des règles, elle n’a pas besoin de plus d’œstrogène. Elle aura un soulagement de ses symptômes avec une supplémentation en progestérone (p. ex. une crème à la progestérone bio-identique à raison de 15 à 30 mg par jour, deux ou trois semaines par mois). La progestérone agit comme diurétique naturel et peut aider Alexandra à perdre le poids qui est dû à la rétention d’eau. La dominance en œstrogène est également associée au gain de poids aux hanches, ce qui veut dire qu’une supplémentation en progestérone l’aidera à perdre quelques centimètres à cet endroit. La perte de poids va à son tour aider à faire diminuer la quantité d’œstrogène qu’Alexandra produit à partir des cellules adipeuses via l’enzyme aromatase. La plupart des femmes trouvent que la progestérone a un effet calmant, et par conséquent Alexandra devrait constater qu’elle a moins d’anxiété et d’irritabilité quand elle commencera à utiliser la crème à la progestérone. Les petits fibromes utérins et les seins fibrokystiques peuvent également bien répondre à la supplémentation en progestérone. La possibilité qu’il y ait une résistance à l’insuline est une autre préoccupation soulevée par les résultats du test d’Alexandra. Avec la résistance à l’insuline, le corps commence à résister aux effets de l’insuline et doit donc produire plus d’insuline pour contrôler les niveaux de glucose sanguin. La résistance à l’insuline est un signal d’avertissement que le diabète pourrait être à l’horizon. La trop grande consommation de sucre et de farines raffinées est un facteur dans ce processus. À part les corrections qui s’imposent au niveau alimentaire, l’exercice avec des poids aidera son corps à absorber le glucose pour répondre aux 109 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! besoins des muscles, ce qui va faire diminuer la production d’insuline. JEANNE Historique Jeanne est une femme de 42 ans qui a subi une hystérectomie l’année dernière à cause de fibromes utérins. Elle a encore ses ovaires. Elle a commencé à avoir des bouffées de chaleur quelques mois après la chirurgie. Elle en a parlé à son médecin qui lui a dit que ce n’était pas hormonal puisqu’elle avait encore ses ovaires. Elle souffre de fatigue, ses allergies ont empiré, et elle a tous les mêmes symptômes que Suzanne en plus de souffrir de dépression. Elle a toujours froid et elle se sent léthargique le matin. Son médecin vient de lui prescrire un antidépresseur. Analyse des symptômes Les symptômes de Jeanne suggèrent un faible niveau d’œstradiol (bouffées de chaleur, dépression), de testostérone (fatigue, manque de libido) et de cortisol (fatigue, plus d’allergies, léthargie le matin) ainsi qu’une hypothyroïdie (fatigue, sentiment d’avoir froid). Résultats du test salivaire Œstradiol : Progestérone : Testostérone : Cortisol AM : DHEA-S : 1,5 pg/ml 20 pg/ml 17 pg/ml 2,5 ng/ml 6 ng/ml (faible) (faible) (faible mais dans les limites) (faible) (normal) Interprétation du test salivaire Le faible niveau d’œstradiol, de progestérone et de testostérone suggèrent une défaillance des ovaires, qui est commune après une hystérectomie. Cette défaillance peut contribuer aux symptômes de déficience en œstrogène y 110 CHAPITRE SEPT Étape 3 : Rétablir l’équilibre hormonal compris la sécheresse vaginale, les blancs de mémoire, les bouffées de chaleur et l’incontinence. Le faible niveau de testostérone biodisponible peut être associé à la baisse de libido, l’humeur dépressive, la diminution dans la jouissance de la vie et la sécheresse vaginale. Dans une récente étude par Orozco, il y avait une corrélation entre la progestérone salivaire et la densité osseuse. (Orozco P et al. Eur J Epidemiol 2000;16-907-912.) Par ailleurs, la fatigue et les allergies qui s’aggravent indiquent que le cortisol reste bas le matin. Des problèmes au niveau du fonctionnement des surrénales sont communs après un stress majeur comme la chirurgie. Le cortisol est nécessaire au bon fonctionnement des hormones de la thyroïde – par conséquent une déficience en cortisol peut être accompagnée de symptômes d’hypothyroïdie même si les tests de cette glande sont normaux. Recommandations pour Jeanne Ce cas, typique de l’expérience de bien des femmes, illustre bien l’interaction complexe entre les hormones et les symptômes qui peuvent se produire. Même si Jeanne a ses ovaires, ils sont faits pour fonctionner en synergie avec l’utérus. L’ablation de l’utérus entraîne souvent une défaillance ovarienne, même si cela n’est pas reconnu officiellement en médecine. Jeanne se retrouve donc avec le profil hormonal d’une femme à la postménopause et elle est à risque d’ostéoporose. De plus, le stress de la chirurgie pourrait avoir eu un impact sur ses glandes surrénales, menant ainsi à des symptômes d’hypothyroïdie à cause du manque de cortisol. Jeanne a besoin d’une intervention en deux volets qui consiste à donner du renfort à ses surrénales et à lui prescrire de l’œstradiol et de la progestérone. Il y a également une préoccupation au sujet de la testostérone, mais ses symptômes pourraient s’améliorer si la fonction surréna111 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! lienne (dont le niveau de cortisol est une indication) revient à la normale. Elle devra réévaluer ses symptômes et ses niveaux hormonaux dans quelques mois. Si ses niveaux d’œstradiol, de progestérone et de testostérone n’ont pas augmenté et qu’elle a encore des symptômes, des ajustements au dosage pourraient être requis. Elle pourrait aussi considérer une supplémentation en testostérone. Jeanne a également besoin de passer un test d’ostéodensitométrie osseuse. Quand Jeanne aura réussi à rééquilibrer ses hormones, elle n’aura probablement pas besoin d’antidépresseurs. THÉRÈSE Historique Thérèse a 45 ans, elle a des menstruations régulières mais elle se plaint d’un manque de libido, de dépression et de fatigue depuis son divorce il y a six mois. Elle est végétarienne. Analyse des symptômes Les symptômes de Thérèse ne sont pas typiques d’un état particulier de déséquilibre hormonal. Résultats du test salivaire Œstradiol : Progestérone : Testostérone : Cortisol AM : DHEAS : 3,7 pg/ml 120 pg/ml 30 pg/ml 15 ng/ml 10 ng/ml (normal) (normal Jour 19, phase lutéale) (normal) (élevé) (normal) Interprétation du test salivaire Le cortisol du matin est élevé, et cela est souvent indicateur de stress chronique. Le cortisol peut interférer avec l’action d’autres hormones telles que la testostérone, ce qui mène à des symptômes de déficience fonctionnelle. 112 CHAPITRE SEPT Étape 3 : Rétablir l’équilibre hormonal Recommandations pour Thérèse Les principaux problèmes de Thérèse semblent être le stress et la dépression. Son niveau élevé de cortisol n’est pas nécessairement lié à la dépression, mais plutôt au stress qui coexiste avec la dépression. Son régime végétarien rend le risque de dépression encore plus grand. Certains végétariens ne consomment pas suffisamment de protéines. Les protéines sont décomposées par le corps en acides aminés, qui sont les matières premières pour la production des neurotransmetteurs tels que la sérotonine et la noradrénaline, des messagers chimiques dont les neurones du cerveau se servent pour communiquer entre eux. Des déficiences en neurotransmetteurs peuvent mener à la dépression et à l’anxiété, ainsi qu’à l’obésité. Thérèse pourrait penser à faire effectuer une analyse des niveaux urinaires de neurotransmetteurs, car ce test pourrait aider à déterminer une supplémentation avec des acides aminés particuliers pour en augmenter les niveaux naturellement. MARTHE Historique Marthe a 52 ans, et elle a environ 35 livres (17 kilos) d’excédent de poids. Elle n’a pas de règles depuis deux ans, mais elle ne souffre pas de bouffées de chaleur ou d’autres symptômes évidents de ménopause. Elle a des antécédents de seins fibrokystiques et sa mère a eu un cancer de l’utérus. Elle consomme beaucoup de poulet et de dinde d’élevage commercial, et un peu de viande rouge. Marthe se plaint de fatigue, de constipation, de gain de poids et de perte de cheveux. Analyse des symptômes Les symptômes de Marthe (fatigue, gain de poids, etc.) suggèrent un problème d’hypothyroïdie. 113 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! Résultats du test salivaire Œstradiol : Progestérone : Testostérone: Cortisol AM : DHEAS : 8 pg/ml 25 pg/ml 22 pg/ml 5,3 ng/ml 4,5 ng/ml (élevé) (faible) (normal) (normal) (normal) Interprétation du test salivaire L’œstradiol est plus élevé que ce à quoi on pourrait s’attendre pour une femme à la postménopause qui n’est pas sous œstrogénothérapie. Il y a un excès relatif d’œstradiol par rapport à la progestérone. Les symptômes typiques comprennent la sensibilité des seins, la rétention d’eau, les maux de tête et l’irritabilité. Dans le cas présent, l’excès d’œstrogène peut interférer avec la fonction thyroïdienne. Les symptômes de l’hypothyroïdie comprennent la fatigue, l’impression d’avoir toujours froid, les cheveux qui deviennent clairsemés et la constipation. La supplémentation avec la progestérone bio-identique peut aider à équilibrer l’œstradiol et améliorer la fonction thyroïdienne. En même temps, une augmentation de l’apport en fibres, la perte de poids et une moins grande consommation de viande et de volaille d’élevage commercial aidera à réduire le niveau d’œstrogène. Recommandations Marthe s’est bien tirée d’affaires pendant la ménopause car elle fabrique encore plein d’œstrogène à partir de l’aromatase dans sa graisse corporelle, et peut-être parce qu’elle est exposée aux œstrogènes dans son alimentation (on ajoute de l’œstrogène à la nourriture du bétail et de la volaille d’élevage commercial pour les faire engraisser plus rapidement). L’excès des œstrogènes relativement à la progestérone a probablement occasionné une déficience fonc114 CHAPITRE SEPT Étape 3 : Rétablir l’équilibre hormonal tionnelle de la thyroïde, qui peut être contrôlée avec l’administration d’une crème à la progestérone. Le test a été très bénéfique dans ce cas car les symptômes de Marthe n’auraient pas ordinairement été associés à un déséquilibre des hormones stéroïdes. La progestérone devrait permettre de soulager les symptômes de l’hypothyroïdie et aider Marthe à réduire ses risques de développer un cancer de l’utérus. DANIELLE Historique Danielle a 52 ans et elle utilise une crème à la progestérone, à raison de 60 mg/jour depuis deux mois. Initialement, elle a eu du soulagement de ses bouffées de chaleur et de ses sueurs nocturnes, et une augmentation de libido, mais dernièrement ses bouffées de chaleur ont commencé à revenir. Analyse des symptômes Les symptômes de Danielle suggèrent une déficience en œstrogène Résultats du test salivaire Œstradiol : 3,5 pg/ml (normal) Progestérone : 50 000 pg/ml (élevé) Interprétation du test salivaire L’œstradiol est normal ; toutefois, la progestérone est plus élevée que ce à quoi on s’attendrait avec l’usage de progestérone par voie transdermique. Recommandations pour Danielle Tel que nous avons déjà indiqué, le bon fonctionnement de toute hormone dépend du bon équilibre entre les hormones. Ici, le niveau salivaire de progestérone est plus élevé que ce qui serait normalement observé et les symptômes de déficience en œstrogène sont revenus. Quand il y a un excès de 115 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! progestérone par rapport à l’œstradiol, cela rend les récepteurs d’œstradiol moins réceptifs au message de cette hormone. Il s’agit encore une fois d’une déficience fonctionnelle – le niveau d’œstradiol est normal, mais le message n’est pas capté par les cellules. Il s’est avéré que Danielle avait utilisé la crème à la progestérone sans faire de pause pendant deux mois. Il aurait été préférable qu’elle fasse une pause d’au moins 5 jours par mois. Elle a donc arrêté sa crème pendant 10 jours, puis elle a repris à la moitié de la dose, faisant une pause à chaque mois. Il y a maintenant six mois qu’elle utilise la crème et tout va très bien. FAIRE LA TRANSITION DU PREMARIN® ET DU PROVERA® VERS LA THS BIO-IDENTIQUE Tel que discuté auparavant dans le présent ouvrage, les résultats de l’étude WHI ont causé des inquiétudes chez les femmes qui utilisent la combinaison d’œstrogènes équins conjugués et une progestine (MPA). Bien des femmes et leurs médecins ont à juste titre pris la décision, sans même se préoccuper des symptômes ou faire analyser les hormones, de faire une transition vers des hormones plus naturelles. Malheureusement, il y a peu d’information disponible aux femmes pour faire cette transition, c’est pourquoi nous vous offrons l’exemple suivant pour illustrer comment gérer une telle transition. SARAH Historique Sarah a 63 ans et elle prend du Premarin® et du Provera® (MPA ou acétate de médroxyprogestérone) depuis 11 ans. Elle a décidé qu’elle veut aller vers une thérapie à base d’hormones bio-identiques et ne sait pas trop comment s’y prendre. Elle se sent bien sauf pour une sensibilité occa116 CHAPITRE SEPT Étape 3 : Rétablir l’équilibre hormonal sionnelle des seins et de la rétention d’eau. Sa libido est normale. Elle a encore son utérus et ses ovaires. Analyse des symptômes Les symptômes de Sarah (la sensibilité des seins, la rétention d’eau) suggèrent qu’elle pourrait avoir un excès relatif d’œstrogène par rapport à la progestérone. Résultats du test salivaire Œstradiol : 15 pg/ml Progestérone : 20 pg/ml Testostérone : 23 pg/ml Cortisol AM : 6 ng/ml DHEAS : 5 ng/ml (élevé) (faible) (normal) (normal) (normal) Interprétation du test salivaire L’œstradiol est plus élevé que ce à quoi l’on pourrait s’attendre chez une femme sous œstrogénothérapie. Le Provera® n’a pas la même structure moléculaire que la progestérone, et n’est pas identifié comme de la progestérone dans ce test. Il y a des symptômes de dominance en œstrogène. La progestérone bio-identique pourrait être une option à considérer au lieu du Provera®. Recommandations pour Sarah Sarah va raisonnablement bien avec ce qu’elle prend actuellement, bien qu’elle ait des symptômes de dominance en œstrogène. Si elle désire aller vers des hormones bioidentiques, il lui faudra un peu de temps et de patience. Son niveau salivaire indique un niveau d’œstradiol un peu trop élevé, et combiné à la prise de Provera®, elle s’est retrouvée avec une prépondérance des œstrogènes. La première chose à faire est d’arrêter le Provera® et d’utiliser de la progestérone bio-identique, soit sous forme orale ou transdermique, 25 jours par mois. En même temps, Sarah peut commencer 117 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! à réduire sa dose d’œstrogène oral. Cela peut s’accomplir en prenant un comprimé tous les deux jours ou la moitié d’un comprimé par jour. Si après 2 à 4 semaines Sarah n’a pas de symptômes de carence en œstrogène, elle peut réduire la dose de Premarin® encore de moitié. Si tout va bien, elle peut continuer à réduire graduellement l’œstrogène jusqu’à l’arrêt complet. Elle pourrait avoir de bons résultats seulement avec la progestérone, 25 jours par mois. Si elle décide de prendre la progestérone seule, Sarah aura besoin de passer des tests pour vérifier sa densité osseuse de façon régulière. Il arrive souvent que les femmes qui veulent réduire la dose de Premarin® ont des problèmes. Le foie s’habitue à métaboliser les œstrogènes oraux, et il produit même des enzymes spécialisées à cette fin. Si l’œstrogène oral est arrêté, le foie a besoin de temps et d’aide pour revenir à la normale. Cela se manifeste par des symptômes de déficience œstrogénique, tels que la confusion mentale, les bouffées de chaleur et la dépression. Il y a plusieurs options dans cette situation. À l’aide de certains traitements naturels, qui peuvent comprendre l’usage de plantes, de vitamines et de minéraux ou des médecines douces telles que l’homéopathie ou l’acupuncture, le foie peut se réadapter à la vie sans œstrogène oral. Une autre option est d’administrer une petite dose d’œstradiol par voie transdermique, assez pour garder les symptômes sous contrôle, tout en continuant à réduire la dose d’œstrogène oral. Quand la prise d’œstrogène oral a cessé, la dose transdermique peut être ajustée selon les besoins ou selon le résultat d’un test de contrôle. La prise de phytoestrogènes dans l’alimentation ou comme supplément peut également aider à ce stade. 118 CHAPITRE SEPT Étape 3 : Rétablir l’équilibre hormonal Faire cette transition du Premarin® et Provera® à la THS bio-identique exige de la patience, mais les bienfaits à long terme justifient l’effort. La combinaison d’œstrogènes équins conjugués et de MPA est clairement associée avec des risques accrus de cardiopathies et de cancer du sein. Des alternatives potentiellement plus sécuritaires existent, et peuvent être explorées avec un peu de patience. EN BREF… Grâce à ces divers exemples, nous espérons avoir pu illustrer comment l’étude des symptômes appuyée par des tests hormonaux (dans ce cas des tests salivaires) peut aider à trouver une solution à toute une panoplie de problèmes de santé. Bien entendu, il y a des situations où les résultats des tests ne concordent pas avec la situation clinique, ce qui signifie qu’il y a d’autres facteurs en jeu. Dans le cas de Thérèse, par exemple, nous devrions considérer d’autres problèmes tels qu’une consommation inadéquate de protéines qui pouvait mener à des déficiences en neurotransmetteurs. Ces trois simples étapes : l’évaluation des symptômes, l’analyse des hormones et le rétablissement de l’équilibre hormonal constituent la base d’un excellent dialogue d’ouverture entre une femme et son médecin. Les préoccupations au sujet de la substitution hormonale ont rendu les médecins beaucoup plus prudents quand il s’agit de prescrire ou de poursuivre une thérapie hormonale de substitution. Mesurer les niveaux d’hormones et documenter les renseignements sur les symptômes constitue simplement une pratique médicale bien fondée. Ce livre offre aux femmes et à leurs médecins une approche logique à la THS en ces temps incertains. 119 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! CHAPITRE HUIT Appel à l’action Nous avons écrit ce livre parce que les femmes méritent de connaître la vérité au sujet des hormones. Elles ont besoin de savoir si elles ont des déséquilibres hormonaux, et le cas échéant, quelles sont leurs options en matière de substitution hormonale. Les laboratoires pharmaceutiques ont leurs tentacules fermement implantés dans les écoles médicales et les médecins subissent leur influence tout au long de leur carrière. Ce n’est pas entièrement négatif puisqu’il y a bien des médicaments qui sauvent des vies. Mais lorsqu’il s’agit des thérapies hormonales, il semble que les intérêts des femmes ont été sacrifiés au profit des grosses sociétés pharmaceutiques. Ces dernières financent la majorité des études et les approches logiques basées sur l’utilisation d’hormones bio-identiques sont oubliées quand vient le temps de planifier ces études. Il y a cependant un rayon d’espoir qui apparaît au bout du tunnel. Considérons les mots d’un médecin canadien qui écrivait récemment dans la revue The Medical Post : « Je m’adresse aux académiciens et à ceux qui financent leurs travaux : De grâce, recueillons les preuves dont nous avons besoin. Faisons des études bien conçues pour demander des questions utiles et mesurer des résultats qui intéressent les sujets concernés – et assurons-nous d’étudier les hormones humaines. De plus, jusqu’à ce que nous ayons des essais randomisés avec les hormones humaines, ne confondons pas l’absence d’évidence avec l’évidence d’absence. » En 120 CHAPITRE HUIT: Appel à l’action d’autres mots, parce que l’évidence en faveur de la THS bio-identique est incomplète, ne tenons pas pour acquis qu’elle n’existe pas ! C’est votre corps, et vous avez le droit d’accéder à des thérapies hormonales bio-identiques basées sur les principes même de la physiologie humaine. Nous avons tous les jours des appels de femmes qui sont frustrées parce que leur médecin refuse de leur prescrire des hormones bio-identiques. Nous vous encourageons à persévérer en continuant de vous éduquer et d’éduquer votre médecin au sujet des hormones et de l’équilibre hormonal. Nous croyons qu’il y a bien des médecins qui sont prêts à écouter, à modifier leurs façons de faire et à aller de l’avant malgré les incertitudes, si ont peut leur donner l’heure juste sur les THS. La Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC) et l’Association canadienne des pharmaciens (CphA) ont publié un livret intitulé « À l’assaut des mythes : l’hormonothérapie substitutive – Réponses à vos questions ». Dans ce livret, on retrouve les conclusions du Comité de la Conférence canadienne de consensus sur la ménopause et l’ostéoporose que nous citons en mettant en évidence les sections qui se réfèrent à votre droit de choisir : • • • Les modifications des habitudes de vie, notamment un meilleur régime alimentaire, de l' exercice régulier, la réduction du stress et l' abandon du tabac, peuvent grandement contribuer à la santé affective et physique de la femme au milieu de sa vie. À moins qu' il n' y ait une raison médicale particulière pour utiliser une certaine voie d' administration de la THS, c'est à la femme de choisir la voie d'administration qu' elle préfère. Si elle le désire, la femme peut jouer un rôle important dans la prise de décisions sur sa THS et sur d' autres questions de santé liées à cette période de sa vie. 121 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! • • Vu que la THS peut légèrement augmenter chez la femme le risque de développer un cancer du sein, les femmes qui décident de suivre une THS devraient se soumettre à des examens de suivi réguliers. Les décisions touchant la santé de la femme ménopausée devraient se fonder sur une évaluation individuelle des symptômes et des facteurs de risque, et sur les risques et avantages que comportent divers traitements. La femme et son médecin devraient réévaluer les décisions prises quand de nouvelles connaissances médicales sont acquises. http://sogc.medical.org/pub_ed/tearDownMyth/page15_f.shtml Tout ce que nous avons suggéré et discuté dans ce livre est en accord avec les recommandations du Comité du Consensus canadien sur la ménopause et l’ostéoporose. Les femmes devraient pouvoir choisir des crèmes ou des timbres plutôt que des pilules. Les femmes devraient pouvoir jouer un rôle majeur dans les décisions relatives aux soins de santé qu’elles reçoivent. C’est vous qui vivez dans votre corps, vous êtes le meilleur juge de ce dont vous avez besoin ! Les femmes devraient pouvoir évaluer leurs symptômes, tester leurs niveaux hormonaux et avoir l’heure juste sur leur risque de développer des maladies associées à la ménopause. Il y a des critères sur lesquels on s’entend pour déterminer si la thérapie hormonale de substitution est nécessaire. Il est vrai qu’il y a des controverses sur le type d’hormones à utiliser et les risques et bienfaits de la THS à long terme. Il devrait être apparent que les hormones bio-identiques ou humaines constituent un choix logique, mais ce type d’hormones a été relégué au second plan principalement parce que les sociétés pharmaceutiques ne pouvaient les breveter. Mais tout cela est en train de changer et il y a des hormones bio-identiques sur le marché maintenant. À tout le moins insistez pour qu’on vous prescrive celles-là ! Si votre médecin coopère, demandez des hormones sous forme de 122 CHAPITRE HUIT: Appel à l’action crème bio-identique préparée en pharmacie spécifiquement pour vous. Les pharmaciens préparateurs ont des connaissances approfondies des hormones bio-identiques, peuvent suggérer des tests hormonaux et peuvent constituer une ressource très précieuse pour vous dans votre démarche de santé à la ménopause. Il y a plusieurs excellents ouvrages sur le sujet et nous en avons inclus une liste dans la section « Ressources ». Plus vous en saurez sur les hormones, plus vous serez en mesure d’insister que votre médecin vous aide à explorer les questions reliées à l’équilibre hormonal. Il y a de l’incertitude de toutes parts. Tout ce que nous savons avec certitude est que l’approche conventionnelle utilisée jusqu’à maintenant comporte des risques inacceptables, qui peuvent probablement être évités si nous respectons la façon dont la nature fonctionne. Nous vous avons montré une piste de solution plus efficace et sécuritaire : à vous de la suivre ! Bonne chance, et ne lâchez pas ! 123 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! CHAPITRE NEUF L’équilibre hormonal pour les hommes Le présent chapitre constitue notre réponse à toutes les femmes qui se demandent si les hommes qui font partie de leur vie pourraient avoir un déséquilibre hormonal. Pour citer une femme frustrée : « Maintenant que j’ai pu régler mon problème hormonal, y a-t-il moyen de faire quelque chose pour mon mari ? » Mesdames, nous sommes à l’écoute et nous comprenons votre frustration ! Plusieurs femmes étaient d’avis que nous avions négligé un gros morceau du casse-tête hormonal en ne traitant pas de l’équilibre hormonal pour les hommes dans la première édition de cet ouvrage. Nous voulons donc remédier à cette situation. Ce chapitre a pour but de vous guider pour aider les hommes dans votre vie à comprendre comment leur santé est affectée par l’équilibre hormonal. La plupart d’entre nous pensons automatiquement à la testostérone quand il est question d’androgènes. Cependant, comme vous avez appris dans les chapitres précédents de ce livre, la santé hormonale implique invariablement plus qu’une hormone. Nous voulons attirer votre attention sur la façon dont l’interaction entre les différentes hormones a une incidence sur la santé des hommes. MÉNOPAUSE MÂLE OU ANDROPAUSE? L’expression ménopause mâle nous fait peut-être penser aux postiches et aux voitures sport de luxe, mais la crise du mi124 CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes tan de la vie peut se manifester de d’autres façons ! Les termes ménopause mâle et andropause désignent tous deux les symptômes physiques et psychologiques associés à une baisse des niveaux d’androgènes, le groupe d’hormones auquel la testostérone appartient. Aux fins du présent chapitre, nous retiendrons le terme andropause, bien que techniquement il n’y a pas de pause dans la production des hormones androgènes : il s’agit plutôt d’un ralentissement graduel. La Société internationale pour l’étude du vieillissement chez les hommes définit l’andropause comme suit : “Syndrome clinique et biochimique associé au vieillissement et caractérisé par une déficience dans les niveaux sériques d’androgènes. Il peut en résulter des changements significatifs dans la qualité de vie et avoir une incidence négative sur plusieurs systèmes. » En d’autres mots, la baisse des niveaux d’androgènes associée avec le vieillissement peut avoir un impact négatif sur la santé des hommes. L’expérience des hommes relativement au déclin de la production hormonale est très différente de celle des femmes. Lorsque les femmes atteignent la ménopause, leurs niveaux hormonaux sont en chute libre. Pour les hommes, il s’agit plutôt d’une glissade sur une pente douce. Par conséquent, les symptômes du changement hormonal apparaissent beaucoup plus graduellement pour les hommes, et souvent ce sont les femmes dans leur vie qui s’en aperçoivent avant eux. Les symptômes psychologiques peuvent inclure l’anxiété, la mauvaise humeur, la perte d’intérêt dans les activités qu’ils aimaient auparavant, et des troubles de mémoire. Les symptômes physiques peuvent inclure la perte de masse osseuse, la perte de force musculaire et la dysfonction érectile. L’apparition graduelle des symptômes a pour conséquence fâcheuse que bien des hommes se font dire que 125 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! leurs doléances sont simplement des problèmes associés au vieillissement. Alors, pourquoi la testostérone est-elle si importante, et quel impact les autres hormones ont-elles sur la testostérone et la santé masculine ? Une discussion des androgènes et des changements dans l’équilibre hormonal qui se produisent à l’andropause offre un aperçu de cette question. CHANGEMENTS HORMONAUX AU MOMENT DE L’ANDROPAUSE Le mot androgène veut dire « d’origine masculine ». En d’autres mots, les hormones androgènes sont les hormones qui donnent au corps humain des caractéristiques mâles. Les androgènes les mieux connus sont la testostérone et la dihydrotestostérone (DHT). La présente section se concentre principalement sur le rôle de la testostérone dans l’andropause, et par conséquent les autres hormones androgènes ne seront pas discutées autant en détail. Il y a plusieurs excellents ouvrages (voir Ressources à la fin) qui examinent plus en détail le rôle des androgènes chez les hommes vieillissants. La figure 6 montre ce qui arrive à la testostérone produite par les testicules. En particulier, il est important de noter comment la testostérone peut être « siphonnée » ou perdue à cause d’une conversion vers l’œstrogène. Cela peut se produire autant avec la testostérone qui vient des testicules que celle qui est prise en supplément. L’importance de cette conversion deviendra plus évidente lorsque la relation entre la testostérone et les œstrogènes sera discutée plus tard dans ce chapitre. 126 CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes Les androgènes La testostérone Chez les hommes, les testicules produisent environ 95 % de la testostérone, le reste venant des glandes surrénales (voir Figure 3, chapitre 2). La testostérone est principalement responsable des caractéristiques mâles secondaires telles que : pilosité faciale et corporelle, ton de voix grave, production du sperme, capacité de maintenir une érection, poussée de croissance du pénis, de la prostate et du scrotum à la puberté. La testostérone dans les mâles adultes aide à conférer un sens de bien-être, contrôle le glucose sanguin, améliore la libido, joue un rôle dans la santé du cœur, aide à maintenir l’élasticité de la peau et la masse musculaire. La testostérone est plus active sur les récepteurs d’androgènes qui se trouvent dans le cerveau, le cœur et les muscles du squelette. TESTICULES testostérone 5-alpha reductase androsténédione aromatase œstrone aromatase dihydrotestostérone (DHT) œstradiol Figure 6 Plusieurs facteurs contribuent au déclin des androgènes au moment de l’andropause. D’abord, la production testiculaire de testostérone peut diminuer à cause d’un déficit dans 127 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! le nombre de cellules de Leydig (cellules qui produisent la testostérone dans les testicules) qui s’accentue avec l’âge. Un autre facteur important dans la progression de l’andropause est une augmentation des niveaux de globuline de liaison des hormones sexuelles (SHBG) (voir l’encadré ci-contre). Les niveaux de SHBG augmentent avec l’âge et avec l’accroissement des niveaux d’œstradiol. La SHBG se lie aux molécules de testostérone et les empêche d’activer les récepteurs de cette hormone. Cela signifie que les niveaux totaux de testostérone peuvent paraître normaux dans un test, mais la quantité de testostérone qui est disponible aux cellules est grandement réduite. Globuline de liaison des hormones sexuelles (SHBG) Ce n’est pas toute la testostérone présente dans le corps qui est disponible pour activer les récepteurs d’androgènes. Il y a de la testostérone qui est fortement liée à une protéine appelée Globuline de liaison des hormones sexuelles. Les hormones liées à la SHBG sont trop volumineuses pour entrer dans les cellules et par conséquent ne peuvent activer les récepteurs. Environ 50 % de la testostérone totale est fortement liée à la SHBG. Plusieurs facteurs influencent la production de la SHBG. La SHBG augmente avec : la cirrhose alcoolique d’autres maladies graves du foie des niveaux élevés d’oestrogène des niveaux très élevés d’hormones de la thyroïde l’âge Un niveau élevé de SHBG a pour effet de réduire la quantité de testostérone libre. 128 CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes Par « testostérone totale », on entend la quantité mesurable de testostérone dans le sang. Cependant, tel que mentionné plus haut, toute la testostérone détectée n’est pas disponible aux tissus. Environ 2 % de la testostérone totale existe sous forme libre dans le sérum, alors qu’un autre 48 % est faiblement lié à une protéine appelée albumine. Testostérone totale T libre Testostérone liée à l’albumine Testostérone biodisponible Testostérone liée à la SHBG Figure 7 La figure 7 montre les quantités relatives de chaque forme de testostérone, et la combinaison de testostérone libre et de testostérone liée à l’albumine, que l’on appelle la testostérone biodisponible (voir l’encadré ci-après). La testostérone libre ou biodisponible La testostérone libre est de la testostérone qui n’est pas liée à une protéine et peut activer les récepteurs. Une partie de la testostérone est faiblement liée à une protéine nommée albumine. L’albumine est présente en grandes quantités dans le sang, et la testostérone qui se lie à elle peut facilement s’en détacher et devenir libre. En d’autres mots, l’albumine sert en quelque sorte de camion citerne pour la testostérone. On désigne la testostérone ainsi liée comme biodisponible car elle est disponible aux tissus où l’on trouve des récepteurs de testostérone. 129 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! Le déclin à la fois de la testostérone libre et de la testostérone biodisponible avec l’âge est bien documenté. La testostérone bio-disponible baisse d’environ 1 % par année après l’âge de 40 ans. À l’âge de 40 ans, seulement un homme ou deux sur 100 ont des niveaux de testostérone sous la normale, mais à 60 ans, un sur cinq a un niveau de testostérone sous la normale. Comparant les niveaux de testostérone libre des jeunes adultes et des hommes âgés révèle que les hommes de 70 ans ont moins de la moitié des niveaux de testostérone libre qu’ils avaient à 25 ans. De plus, certains hommes peuvent souffrir d’un manque relatif de testostérone. Il s’agit d’hommes qui avaient des niveaux plus élevés que la moyenne de testostérone quand ils étaient jeunes et qui ont des niveaux normaux (à comparer à leurs pairs) de testostérone libre ou biodisponible plus tard dans leur vie, mais leur corps réagit comme si ces niveaux normaux étaient trop bas. Leur corps est habitué à des niveaux plus élevés de testostérone et perçoit la baisse de testostérone (même si elle est toujours dans les limites normales) comme une déficience. On dit alors qu’ils souffrent d’un manque relatif de testostérone car ils ont trop peu de testostérone relativement aux niveaux de leur jeunesse. Les symptômes d’un faible niveau de testostérone biodisponible ou d’une déficience en androgènes comprennent la fatigue, une perte de libido, un manque de qualité érectile, et une diminution dans la performance athlétique, la force et l’endurance. D’autres symptômes peuvent être une perte d’estime de soi, la dépression, l’irritabilité, la perte de motivation et une diminution générale de jouissance de la vie. Les symptômes d’excès d’androgènes comprennent l’acné, l’irritabilité et la peau huileuse. La progestérone ralentit l’activité de l’enzyme qui convertit la testostérone vers une forme plus puissante, la dihydrotestostérone ou 130 CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes DHT. Certains hommes utilisent la progestérone pour réduire la formation de la DHT et réduire les symptômes de l’excès d’androgènes. La dihydrotestostérone (DHT) L’enzyme 5-alpha-reductase convertit la testostérone en dihydrotestostérone (voir Figure 6, page 127). La DHT est environ dix fois plus active que la testostérone. Cela veut dire que la DHT active dix fois plus les récepteurs androgènes que la testostérone au niveau de la peau, de la prostate et des glandes séminales. La DHT a relativement peu d’effet sur les tissus du cerveau. Cependant, on blâme souvent cette hormone pour les problèmes d’excès d’androgènes comme l’alopécie séborrhéique masculine, l’acné et la pilosité. Les androgènes Déficience Manque de libido Sentiment de burnout Moins d’endurance Fatigue Muscles endoloris/raideur Dépression Perte de masse osseuse Diminution de masse musculaire Diminution des érections Perte d’érection matinale Diminution du volume de pénis Perte du sens de l’humour Mauvaise humeur Transpiration accrue Manque d’enthousiasme Excès Irritabilité Agressivité accrue Peau grasse Augmentation de l’acné Risque accru d’ACV Cholestérol élevé Proportion accrue de globules rouges (hématocrite) Tableau 6 131 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! La DHEA et l’androsténédione La déhydroépiandrostérone (DHEA) est l’hormone stéroïde la plus abondante dans le corps et la matière première pour la production des androgènes. Les niveaux de DHEA diminuent avec l’âge et ce déclin peut être lié à une perte générale de qualité de vie. Des symptômes comme la réduction d’énergie et de motivation, l’incapacité de faire face aux situations, les troubles émotifs et la tristesse peuvent être associés avec un faible niveau de DHEA et/ou de sulfate de DHEA (qui est la principale forme de DHEA qui circule dans le sang). Des niveaux trop bas de DHEA peuvent également avoir un rôle dans les maladies chroniques telles que le lupus, l’arthrite rhumatoïde, la sclérose en plaques, le SIDA et l’hépatite. La DHEA et le cortisol ont des effets opposés sur la fonction immunitaire et le contrôle du glucose sanguin. Par exemple, la DHEA peut améliorer la réponse cellulaire à l’insuline, ce qui aide à normaliser le niveau de glucose sanguin. Par contre, le cortisol augmente les niveaux de glucose sanguin. Un excès de cortisol par rapport à la DHEA a également été lié à une piètre performance sur les tests qui évaluent la mémoire et le jugement (tests des fonctions cognitives). Quand les niveaux de cortisol sont trop élevés, la DHEA doit venir à la rescousse pour équilibrer les effets du cortisol. Par conséquent, des niveaux chroniquement élevés de cortisol peuvent entraîner une déficience de DHEA. Un test hormonal devrait inclure à la fois le cortisol et la DHEA ou DHEAS afin de déterminer si les deux sont en équilibre. L’androsténédione est fabriqué à partir de la DHEA dans les glandes surrénales et constitue un précurseur à la fois des œstrogènes et de la testostérone. Bien que les androgènes soient habituellement le principal point de mire de toute discussion sur l’andropause, il est très important 132 CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes d’examiner l’interaction entre les œstrogènes et les androgènes. La compréhension de la relation entre ces deux hormones est essentielle à toute discussion des problèmes de l’andropause. Les œstrogènes Maintenir l’équilibre entre les androgènes et les œstrogènes est indispensable à la bonne santé. Chez les hommes, on trouve des récepteurs d’œstrogène dans les tissus des testicules, des os, du cerveau, des vaisseaux sanguins, de la vessie, de la glande thyroïde et des glandes mammaires. Bien qu’il y ait trois principaux œstrogènes : l’œstradiol, l’œstrone et l’œstriol, ce chapitre ne discutera que de l’œstradiol, le plus puissant des trois. Les testicules produisent approximativement 20% de l’œstradiol que l’on retrouve dans le corps des hommes, presque tout le reste venant de la transformation des androgènes en œstrogènes dans la graisse corporelle via l’enzyme aromatase. La Figure 6 illustre la conversion de deux androgènes, l’androsténédione et la testostérone en œstrogène. Vu que l’aromatase se trouve dans les cellules grasses, les hommes obèses ou ceux qui ont beaucoup de graisse autour de la taille ont un surplus de cette enzyme et par conséquent ont le potentiel de fabriquer plus d’œstrogène. Les autres facteurs qui favorisent l’excès d’œstrogène comprennent la déficience en zinc, la consommation excessive de bœuf et de volaille d’élevage commercial (voir xénoestrogènes, page 24), la constipation (réduit l’élimination des œstrogènes) et la consommation excessive d’alcool. Les suppléments tels que la DHEA, les sécrétagogues de l’hormone de croissance humaine, et le bore peuvent également élever les niveaux d’œstrogène. Le tableau 7 donne une liste des symptômes associés avec un niveau élevé d’œstrogène chez les hommes. 133 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! Les oestrogènes Déficience Bouffées de chaleur Sueurs nocturnes Perte osseuse Troubles de mémoire Excès Développement mammaire Gain de poids (hanches) Manque de libido Hypertrophie de la prostate Besoin accru d’uriner Débit urinaire réduit Basse température du corps Tableau 7 Les œstrogènes peuvent faire concurrence à la testostérone pour occuper les récepteurs cellulaires, ce qui affaiblit l’effet de la testostérone, même si le niveau de testostérone est normal. Les niveaux plus élevés d’œstrogène augmentent également la SHBG, ce qui lie la testostérone de sorte qu’elle ne peut avoir d’effet sur les tissus. Les déficiences nutritionnelles peuvent également contribuer à l’élévation des niveaux d’œstrogène. Au fur et à mesure que nous vieillissons, nous perdons la capacité de libérer et d’absorber les oligo-éléments provenant des aliments. Le zinc est un minéral d’une importance critique pour les hommes, car il aide à bloquer la conversion des androgènes en œstrogène – donc une déficience en zinc peut créer des symptômes de manque de testostérone. Le cortisol Le rôle du cortisol dans la physiologie normale a été discuté au chapitre deux. Bien qu’il ne soit pas directement impliqué dans l’évolution de l’andropause, le cortisol est crucial pour deux raisons : il peut entraver l’action de plusieurs autres hormones (p. ex. les androgènes et les hormones de la thyroïde) et il peut stimuler la conversion de la testostérone 134 CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes en œstradiol. Le stress mal géré augmente le cortisol, ce qui active l’enzyme aromatase. Le cortisol augmente également l’accumulation de gras autour de la taille, ce qui augmente la capacité de « l’usine » où l’aromatase fabrique de l’œstrogène. Plusieurs symptômes incommodants chez les hommes sont causés par une déficience ou un excès de cortisol. Les symptômes associés à l’excès ou à la déficience en cortisol sont les mêmes pour les hommes et les femmes, et bien qu’on en trouve la liste ailleurs dans cet ouvrage, on les donne au tableau 8 cidessous. Le cortisol Déficience Fatigue Allergies Douleurs musculaires Sensible au froid Raideur du cou Infections + fréquentes Léthargie matinale Sentiment de burnout Perte de libido Incapable de faire face aux situations Excès Irritabilité Fatigué mais agité Gain de poids – taille Perte de masse musculaire Perte osseuse Hypertension Résistance à l’insuline Perte de libido Troubles de la mémoire Perte de cheveux Sentiment de burnout Dépression Tableau 8 INTERACTIONS HORMONALES Les androgènes, les œstrogènes et le cortisol L’équilibre entre la testostérone, l’œstradiol et le cortisol chez les hommes est d’une importance vitale. Les déséquilibres hormonaux peuvent créer des symptômes de manque de testostérone, même si le niveau de testostérone est nor135 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! mal. On donne le nom de « déficience fonctionnelle » à ce type de problème. Le niveau de testostérone peut être normal, mais le système fonctionne comme si le niveau de testostérone était bas. Les déficiences fonctionnelles en testostérone peuvent se produire lorsque les niveaux de cortisol ou d’œstrogène sont plus élevés que normalement. L’œstradiol et le cortisol font concurrence à la testostérone pour occuper les récepteurs cellulaires. L’œstradiol et la testostérone essaient d’occuper les mêmes récepteurs, un peu comme si on voulait insérer deux clés dans la même serrure. Quand les niveaux d’œstradiol sont élevés, ils occupent davantage de récepteurs et empêchent la testostérone d’activer le récepteur, même si la testostérone est présente en quantité suffisante. Eventuellement, le cerveau peut interpréter l’excès d’œstradiol comme s’il s’agissait d’un excès de testostérone, et chercher à réduire la production de cette dernière, ce qui peut produire une déficience réelle en testostérone. Le cortisol et la testostérone livrent aux récepteurs des messages opposés. Tel que discuté au chapitre deux, la testostérone augmente la masse musculaire alors que le cortisol la fait diminuer. Ainsi, le cortisol excessif peut s’opposer aux effets de la testostérone. La recherche sur les recrues militaires a montré qu’en présence d’un stress aigu, l’élévation du cortisol s’accompagnait d’une diminution importante de testostérone. Ainsi, ce qui est à l’origine une déficience fonctionnelle peut devenir une déficience réelle et mesurable de testostérone. Le message à retenir ici est que les hommes peuvent avoir des niveaux normaux de testostérone, mais l’excès d’œstradiol et de cortisol crée un déséquilibre par rapport à la testostérone. 136 CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes Ratio de testostérone par rapport à l’œstradiol Une bonne façon d’évaluer le risque de se retrouver avec une déficience fonctionnelle est d’examiner le ratio de testostérone par rapport à l’œstradiol. Prenons par exemple Maurice, un homme de 50 ans qui se plaint de manque de libido et de fatigue. Il a récemment fait effectuer un test salivaire avec les résultats suivants : Niveau de Testostérone (T) : Niveau d’œstradiol (E2) : 50 pg/ml (normal) 3,5 pg/ml (normal) Malgré le fait que la testostérone et l’œstradiol sont à l’intérieur des limites normales, Maurice souffre des symptômes classiques de déficience en testostérone. C’est qu’il faut regarder le rapport entre les deux hormones. Une analyse des données de laboratoire chez un groupe d’hommes de moins de 35 ans a montré que neuf sur dix avaient un ratio de testostérone par rapport à l’œstradiol entre 20 et 40. Dans le cas de Maurice, son radio de T à E2 est de 14, donc en bas de la normale. Ce ratio chez Maurice indique qu’il a trop d’œstrogène (œstradiol) par rapport à la testostérone ou pas assez de testostérone par rapport à l’œstradiol, même si les deux hormones sont dans les limites normales. Il s’avère que Maurice est dans une situation très stressante au travail, pèse 35 livres (17 kilos) de trop, est friand de viande rouge, boit trois ou quatre bouteilles de bière chaque soir et a beaucoup de graisse autour de la taille. Il est assez probable que ce sont ces facteurs reliés au style de vie qui ont créé le déséquilibre entre la testostérone et l’œstradiol chez Maurice. La consommation excessive d’alcool et la consommation fréquente de bœuf d’élevage commercial ont tous deux le potentiel d’accroître les niveaux d’œstrogène. De plus, Maurice est stressé et le stress augmente le niveau de corti137 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! sol, ce qui est un facteur dans l’accumulation de gras et l’activation de l’enzyme aromatase qui convertit la testostérone en œstradiol. Un test salivaire supplémentaire a de fait confirmé que le cortisol matinal de Maurice est bel et bien plus élevé que normal. En dernière analyse, Maurice a besoin de perdre du poids, manger moins de viande rouge, de choisir de la viande biologique (sans hormones), et de réduire sa consommation d’alcool afin de faire diminuer son niveau d’œstrogène. Il faut également qu’il apprenne à gérer son stress pour réduire son niveau de cortisol. La supplémentation en testostérone a peu de chance d’aider Maurice étant donné qu’une bonne partie de sa testostérone se convertit en œstradiol. En d’autres mots, la supplémentation en testostérone pourrait exacerber ses symptômes de déficience en testostérone ! Interactions des hormones de la thyroïde L’importance des hormones de la thyroïde est souvent négligée dans les discussions de l’équilibre hormonal chez les hommes. Les niveaux de testostérone libre peuvent être influencés par les hormones thyroïdiennes. Par exemple, une glande thyroïde trop active (hyperthyroïdisme) peut faire baisser les niveaux de SHBG, se traduisant par une augmentation de la testostérone libre (voir encadré page 129). Par contre, si la thyroïde fonctionne au ralenti (hypothyroïdisme), cela peut faire augmenter le niveau de SHBG et réduire le niveau de testostérone libre. L’excès d’œstrogène peut également affecter négativement la fonction thyroïdienne et entraîner des symptômes d’hypothyroïdisme. Dans de tels cas, les niveaux d’hormones de la thyroïde peuvent être normaux, mais la présence d’un excès d’œstrogène entrave leur action. 138 CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes Et finalement, une composante critique du bon fonctionnement des hormones de la thyroïde est le cortisol. Le cortisol et les hormones de la thyroïde ont une relation mutuellement dépendante : une certaine quantité d’hormones thyroïdiennes est nécessaire au bon fonctionnement du cortisol et vice versa. Un excès ou une carence de l’une peut donc nuire au fonctionnement de l’autre. L’interaction complexe entre les hormones peut rendre difficile le maintien de l’équilibre hormonal. Si cet équilibre n’est pas maintenu, certains des symptômes et maladies associés à l’andropause pourraient se manifester. La prochaine section offre un aperçu des relations entre les symptômes, les états pathologiques et les déséquilibres hormonaux. LES SYMPTÔMES Il y a un nombre de symptômes caractéristiques associés au déséquilibre hormonal chez les hommes. Ce qui suit décrit les symptômes les plus communs, et donne une brève explication des déséquilibres hormonaux qui peuvent contribuer à ces symptômes. Développement mammaire : Les hommes qui ont une accumulation de graisse autour de la taille fabriquent davantage d’aromatase et par conséquent convertissent plus de testostérone en œstradiol. L’excès d’œstrogène peut provoquer un développement des seins chez les hommes. Dépression ou mauvaise humeur : Le cerveau est riche en récepteurs d’androgènes, ce qui signifie que de faibles niveaux d’androgènes auront un effet sur le fonctionnement du cerveau. La dépression, la mauvaise humeur et/ou le manque d’intérêt dans les choses nouvelles sont des symptômes de la baisse de testostérone. Dysfonction érectile : La testostérone joue un rôle important dans l’excitation sexuelle. Un manque de testostérone 139 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! peut réduire cette réaction et rendre l’érection difficile. Bien que la testostérone soit seulement un des facteurs dans la production et le maintien d’une érection, c’est un facteur clé dans le processus. Un faible niveau de testostérone peut être associé à une plus longue période préparatoire à l’érection. Cela peut également affecter le muscle qui entoure l’urètre et la vessie. Un manque de testostérone peut réduire l’efficacité des contractions de ce muscle, ce qui peut mener à une diminution de la qualité érectile et à une perte de volume du pénis. Perte de masse musculaire : La testostérone est l’hormone responsable pour générer et maintenir la masse musculaire, de sorte qu’un faible niveau de testostérone peut aboutir à une dégénérescence musculaire. Des niveaux élevés de cortisol peuvent également avoir cet effet. Perte de mémoire : La présence de récepteurs de testostérone dans le cerveau veut dire qu’une baisse de testostérone affectera le cerveau. Cela se manifeste souvent sous forme de perte de mémoire. Gain de poids : Il y a un nombre de problèmes hormonaux associés avec le gain de poids. Les hommes qui ont des niveaux élevés de cortisol tendent à avoir un surplus de graisse abdominale. Il est ironique que certains hommes pensent que c’est macho d’avoir un « bedaine de bière », mais de fait cela les effémine ! Plus ils sont obèses, plus leur niveau d’aromatase est élevé et plus la testostérone se convertit en œstradiol. Cela contribue à la perte de masse musculaire et devient un cercle vicieux, car la tendance à accumuler la graisse à la taille augmentera. L’obésité abdominale augmente également les risques de développer des cardiopathies et le diabète. 140 CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes LE DÉSÉQUILIBRE HORMONAL ET LES MALADIES Cardiopathies et diabète : La figure 8 illustre comment les déséquilibres entre la testostérone, l’œstradiol et le cortisol peuvent contribuer au développement des cardiopathies et du diabète. De faibles niveaux de testostérone libre sont associés à ces deux types de problème. Des niveaux élevés d’œstradiol sont un facteur dans les cardiopathies alors que le diabète exacerbe le problème en contribuant à l’élévation de l’œstradiol. CARDIOPATHIES Augmentation de l’œstradiol DIABÈTE FAIBLE TAUX DE TESTOSTÉRONE LIBRE Résistance à l’insuline Augmentation de l’œstradiol Augmentation du Cortisol Obésité abdominale « Bedaine » Figure 8 C’est la raison pour laquelle les hommes diabétiques sont plus à risque de développer des maladies de cœur. Les niveaux élevés de cortisol contribuent également à 141 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! l’augmentation de l’œstradiol, qui peut contribuer à l’obésité abdominale, laquelle augmente le risque de cardiopathie. La figure 8 illustre l’importance de maintenir l’équilibre entre les différentes hormones afin de prévenir les maladies de cœur et le diabète. Cependant, il y a certaines autres maladies sur lesquelles le déséquilibre hormonal a un impact. L’hypertrophie bénigne de la prostate : Ce problème est extrêmement commun chez les hommes qui prennent de l’âge. La plupart des hommes de plus de soixante ans ont des signes d’hypertrophie de la prostate. Certains chercheurs croient que l’hypertrophie bénigne de la prostate pourrait être le résultat d’un manque de testostérone et d’un excès d’œstradiol. Cette théorie est basée partiellement sur le fait que les hommes dont le niveau de testostérone est à la baisse ont la plus grande incidence de ce problème alors que les hommes qui sont au sommet de leurs années de production de cette hormone ont très peu de problèmes de prostate. De plus, étant donné que la prostate a été formée à partir du même tissu embryonnaire que l’utérus, les chercheurs croient que l’exposition excessive à l’œstrogène peut être une cause de cette hypertrophie. Cancer du sein : Bien que le cancer du sein chez les hommes soit rare, les hommes ayant trop d’œstrogène par rapport à la testostérone sont plus à risque de développer cette maladie. Tant l’obésité que les maladies du foie peuvent contribuer à l’excès d’œstrogène chez les hommes. L’ostéoporose : Un faible de niveau de testostérone ou d’œstradiol peut contribuer à l’ostéoporose. La testostérone est l’hormone la plus impliquée dans le développement de la masse osseuse chez les hommes. D’autre part, le cortisol trop abondant peut accélérer la dégradation des os. 142 CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes Cancer de la prostate : Le taux de survie des hommes ayant un niveau normal de testostérone au moment du diagnostic de cancer de la prostate est plus élevé que celui des hommes ayant un faible niveau de testostérone. Cependant, une fois le cancer diagnostiqué, on ne devrait pas administrer de supplément de testostérone car cela pourrait accélérer la croissance de la tumeur. Des niveaux faibles de DHT relativement à la testostérone ont également été associés au cancer de la prostate. ANTIGÈNE PROSTATIQUE SPÉCIFIQUE (PSA) Le niveau de PSA, ou antigène prostatique spécifique, dans le sang est une mesure utilisée comme marqueur pour évaluer le risque de cancer de la prostate. Quand les niveaux de PSA s’élèvent au-delà d’un certain seuil, on soupçonne un cancer de la prostate et une biopsie devient justifiée. Étant donné que le déséquilibre hormonal peut être un facteur dans plusieurs des principales causes de décès chez les hommes, il va donc sans dire que le rétablissement de l’équilibre approprié est essentiel si l’on veut rétablir et maintenir une santé optimale. Cependant, il est impossible de rétablir l’équilibre hormonal sans d’abord savoir ce qui est en déséquilibre. L’analyse des hormones est la seule façon certaine de découvrir si un déséquilibre hormonal est présent. TESTS HORMONAUX POUR LES HOMMES Un facteur clé dans les analyses hormonales est la nécessité de mesurer la quantité de testostérone biodisponible, et non seulement la testostérone totale (voir encadré page 129). Tel que décrit auparavant dans le présent chapitre, le niveau de testostérone totale peut porter à confusion car il peut demeu143 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! rer relativement constant au cours de la vie même si la quantité de testostérone disponible aux cellules baisse constamment. Tant les analyses sanguines que salivaires sont utilisées pour analyser la testostérone. Voici les avantages et désavantages de chaque méthode. Analyse sanguine Certains laboratoires offrent un test appelé l’Index des androgènes libres (Free Androgen Index / FAI). Ce test ne mesure pas les niveaux d’hormones, mais effectue un calcul qui donne la quantité approximative de testostérone biodisponible dans le sang. Pour générer cette donnée, la laboratoire mesure la testostérone totale et le SHBG (voir l’encadré page 129). La formule suivante est ensuite utilisée pour calculer la quantité de testostérone disponible aux tissus : Androgènes libres = Testostérone totale x 100 Index SHBG La testostérone biodisponible dans le sang peut également être mesurée par le biais d’une technique connue sous le nom de « dialyse à l’équilibre », que l’on considère comme la norme, c’est-à-dire façon la plus largement acceptée de mesurer la testostérone biodisponible. La testostérone libre (qui n’est pas liée à l’albumine ou à la SHBG) peut être mesurée séparément dans le sang par diverses méthodes qui ne sont disponibles que dans certains laboratoires. En bout de ligne, l’index des androgènes libres, la dialyse à l’équilibre et le test de testostérone libre exigent tous une visite à un laboratoire pour une prise de sang, ce qui n’est pas toujours pratique. Par contre, les tests sanguins peuvent être couverts par les régimes publics d’assurances, du moins pour le moment. Vu les pressions 144 CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes qui s’exercent actuellement pour réduire les coûts, cette situation pourrait changer car certains sont d’avis que les analyses hormonales ne sont pas médicalement nécessaires. Tests salivaires Étant donné que les hormones doivent passer par les tissus (les glandes salivaires) pour se retrouver dans la salive, le test salivaire donne une excellente mesure de la quantité de testostérone absorbée par les tissus. Le test salivaire se compare favorablement à la dialyse à l’équilibre pour analyser la testostérone biodisponible dans le sang. Un autre facteur à considérer est que les niveaux de testostérone sont plus élevés le matin et baissent dans le courant de la journée. Un échantillon de sang prélevé plus tard dans la journée peut indiquer un niveau plus faible de testostérone par rapport à un échantillon prélevé tôt le matin. Étant donne qu’avec le test salivaire le prélèvement se fait à domicile, on peut facilement obtenir un échantillon prélevé tôt le matin, ce qui n’est pas toujours possible avec une prise de sang. De plus, le test salivaire devient rapidement la norme pour analyser le cortisol. La prise de sang en elle-même peut créer un stress qui fera monter le cortisol, ce qui peut fausser les résultats. Les œstrogènes sont également bien captés dans la salive. LA SUBSTITUTION HORMONALE POUR LES HOMMES Si l’analyse des hormones révèle un déséquilibre, une intervention quelconque sera requise. Il est évident que les hommes chez qui un test révèle un faible niveau de testostérone auront besoin d’un supplément de cette hormone. S’il y a des problèmes tels qu' un niveau trop élevé d’œstradiol et 145 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! de cortisol, des changements dans le style de vie s’imposeront. Un régime d’exercice, une alimentation saine, la gestion du stress sont autant d’objectifs importants au niveau du style de vie. Des problèmes de sommeil parfois non diagnostiqués, tels que l’apnée du sommeil, peuvent également avoir un impact sur l’équilibre hormonal. On a constaté que les hommes souffrant d’apnée du sommeil avaient un niveau plus faible de testostérone – ce qui signifie qu’une évaluation du sommeil est essentielle lorsqu’un homme se plaint de symptômes qui semblent liés à l’andropause. En dernière analyse, quand les tests révèlent un faible niveau de testostérone, il est à espérer que leurs médecins verront le bien fondé de prescrire un supplément de cette hormone. Il y couramment une gamme de produits disponibles pour une thérapie de substitution utilisant de la testostérone bio-identique, produits qui peuvent être soit prêts à vendre ou préparés sur ordonnance dans l’officine du pharmacien. Le tableau 9 donne une liste de ces produits. Produits prêts à vendre Préparations magistrales Testostérone micronisée (undéconate de testostérone) capsules, dragées, gouttes sublinguales ® Oraux Andriol ® Injectables Delatestryl (cypionate de testostérone) Timbres Androderm Produits topiques Androgel ® ® n/a n/a Crème ou gel à la testostérone Tableau 9 146 CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes Tel que discuté au chapitre quatre, l’administration des hormones par voie topique est la plus efficace. La dose de testostérone administrée demeure inchangée (demeure sous forme de testostérone) beaucoup plus longtemps quand cette hormone est administrée de façon topique, ce qui évite qu’elle se décompose ou se convertisse en d’autres hormones telles que l’oestradiol. Les timbres à la testostérone sont une excellente façon d’administrer la testostérone. Leur principal inconvénient est que les timbres ne sont disponibles qu’en deux dosages, ce qui rend difficile d’adapter la dose aux besoins particuliers de chaque patient. La testostérone sous forme de crème magistrale est le choix que privilégient bien des patients et des praticiens à cause de la possibilité de contrôler précisément le dosage qui peut être aussi peu que 0,1 ml. L’Androgel®, un gel commercialement disponible qui se vend en sachets de 5 grammes, présente certains inconvénients à cause de la quantité de gel à appliquer (approximativement 1 cuiller à thé). Les injections de testostérone produisent des variantes prononcées dans les niveaux de testostérone disponible : le niveau sera trop élevé ou adéquat immédiatement après l’injection, mais trop bas avant l’injection suivante. De plus la testostérone est normalement plus élevée le matin, et diminue au fil la journée. Ce rythme physiologique peut être imité avec la testostérone administrée par voie orale ou percutanée, mais non avec les injections périodiques. Un jeune homme produit naturellement environ 5 mg de testostérone par jour. Par conséquent, pour la testostérone administrée par voie transdermique, le dosage devrait être entre 2 et 5 mg par jour. Tel que décrit au chapitre 4, prendre des hormones par voie orale est très inefficace, de sorte qu’il faut utiliser des doses beaucoup plus élevées. 147 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! Il est tentant pour les praticiens de traiter les symptômes reliés au manque de testostérone au moyen de doses toujours plus fortes de testostérone. Cependant, si les doses physiologiques de testostérone ne soulagent pas les symptômes, le praticien, le pharmacien et le patient devraient réévaluer la situation : changer la voie d’administration pourrait être une piste de solution et on pourrait aussi examiner de plus près les niveaux d’œstrogène et de cortisol. Contrairement aux femmes, dont la production hormonale varie pendant le mois, les hommes produisent essentiellement la même quantité de testostérone chaque jour. Par conséquent, en théorie, la testostérone devrait être administrée chaque matin. Cependant, pour éviter la perte d’efficacité de la réponse hormonale, des pauses devraient être incorporées au protocole d’administration. Par exemple, six jours d’application, un jour de pause ; ou encore trois semaines d’application, trois jours de pause, etc. Le surdosage peut également causer une perte d’efficacité, car les récepteurs cellulaires deviendront « sourds » au message de l’hormone si le signal est trop puissant. Si une dose qui a été efficace cesse de fonctionner, on peut essayer soit de réduire la dose, soit de changer le calendrier d’administration ou encore de faire une pause de deux à quatre semaines pour permettre au corps de se resensibiliser à la supplémentation hormonale. ÉTUDES DE CAS Les études de cas suivantes illustrent quelques-uns des problèmes les plus communs associés à la substitution hormonale chez les hommes. 148 CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes RAYNALD Historique Raynald a 64 ans et se plaint d’une baisse graduelle d’énergie, d’une apathie croissante et d’une perte de désir sexuel. Il est aussi un peu déprimé et irritable. Sa femme a constaté qu’il y a une diminution dans la taille de ses testicules et de son pénis. Son taux de PSA (voir encadré page 143) est normal et un examen physique indique que sa prostate est normale. Analyse des symptômes Les symptômes de Raynald suggèrent une déficience en testostérone. Résultats du test salivaire Œstradiol : Testostérone : T/E2 : DHEAS : Cortisol : 2 pg/ml (normal) 35 pg/ml (bas mais dans les limites) 17,5 (bas) 20 à 40 désirable 5 ng/ml (normal) 5,3 ng/ml (normal) Interprétation du test salivaire La testostérone est basse mais dans les limites normales. Le ratio de testostérone à œstradiol (T/E2), est bas. Raynald représente un cas classique d’une baisse de testostérone alors que les niveaux des autres hormones sont normaux. La production des hormones surrénaliennes est normale. Recommandations pour Raynald Étant donné que l’examen clinique et les tests de laboratoire ne donnent aucun indice de cancer de la prostate, et du moment qu’il n’y a aucune autre contre-indication médicale telle qu’une maladie du foie ou des problèmes de coagulation sanguine, Raynald pourrait être un bon candidat pour une thérapie de substitution de la testostérone, avec une 149 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! dose de départ de 1 à 2 mg par jour, appliqués par voie transdermique le matin. Son PSA (voir encadré page 143), l’hématocrite, les lipides sanguins et la fonction hépatique devront être surveillés périodiquement par son médecin de famille. (Il n’y a aucune évidence que des doses physiologiques de testostérone transdermique ont un effet négatif sur la fonction hépatique. Cependant, l’usage prolongé de « stéroïdes anabolisants » synthétiques, comme ceux que les athlètes et les culturistes utilisent, peut être nocif pour le foie.) MAURICE Historique Nous avons discuté du cas de Maurice en détail auparavant dans le présent chapitre. Il s’agit d’un cas typique de déficience fonctionnelle de testostérone. Le test indique que son niveau de testostérone est normal, mais ses symptômes sont principalement dus à l’interférence causée par une élévation d’œstrogène et de cortisol. Ce sont des changements dans son style de vie qui offriront à Maurice la meilleure piste de solution. Dans un cas comme celui de Maurice, certains médecins prescrivent des inhibiteurs d’aromatase tels que Femara® (commençant avec des doses très faibles comme 0,5 mg deux fois par semaine) afin de bloquer la conversion de la testostérone en œstradiol. DAVID Historique David est un homme de 52 ans qui a commencé à utiliser une crème magistrale à la testostérone il y a six ans, après qu’un test de sang et un test salivaire eurent confirmé une carence en testostérone biodisponible. Tout allait bien jusqu’à récemment, alors que sa femme a commencé à utiliser de la progestérone topique, à raison de 100 mg par jour. Elle 150 CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes applique habituellement la progestérone sur les seins le soir. Mais voilà que David se met à avoir des bouffées de chaleur, à transpirer davantage et à avoir une baisse de libido. Analyse des symptômes Les symptômes de David suggèrent une déficience en testostérone. Résultats du test salivaire Œstradiol : 3 pg/ml (normal) Testostérone : 800 pg/ml (normal avec une crème topique) Progestérone : 3350 pg/ml (élevé) Interprétation du test salivaire Voici un cas intéressant. David est exposé à la progestérone par contact avec sa femme ! Étant donné que la progestérone entrave la conversion de la testostérone vers son métabolite plus puissant, la dihydrotestostérone, l’exposition à la progestérone peut donc réduire l’efficacité de la thérapie de remplacement de la testostérone. Recommandations pour David Il faudra que David et sa femme Jocelyne prennent des mesures pour éviter qu’il s’expose à la progestérone qu’elle applique sur son corps. Ainsi, Jocelyne pourrait appliquer la progestérone plus tôt dans la soirée, et prendre sa douche avant de se coucher. Elle devrait également réévaluer le dosage car 100 mg est une dose excessive pour la progestérone transdermique. LARRY Historique Larry a 48 ans et il a entrepris, il y a deux mois, une thérapie de remplacement de la testostérone avec Androgel®, à raison d’un sachet par jour. Cela a bien fonctionné initialement, mais dernièrement il a l’impression que ça ne fonc151 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! tionne plus. Il a également constaté un développement mammaire. Analyse des symptômes Les symptômes de Larry suggèrent un excès d’œstrogène. Résultats du test salivaire Œstradiol : 8 pg/ml (élevé) Testostérone : >1200 pg/ml (élevé) Interprétation du test salivaire À la fois l’œstradiol et la testostérone sont au-dessus des niveaux normaux. Un sachet d’Androgel® contient 50mg of testostérone, 10 fois plus que la quantité moyenne produite chaque jour par un jeune homme de 18 ans ! L’excès de testostérone se convertit en œstradiol. De plus, les récepteurs cellulaires de testostérone de Larry n’entendent plus le message de cette hormone car ils sont surchargés. Recommandations pour Larry Larry a besoin d’interrompre sa thérapie à la testostérone pendant un ou deux mois, pour donner à son corps le temps de se resensibiliser. La thérapie à la testostérone pourra ensuite être reprise, mais en utilisant des doses physiologiques qui se rapprocheront davantage de la production quotidienne normale de 5 mg. Il pourrait également songer à faire des arrêts périodiques, par exemple d’un jour par semaine ou quelques jours consécutifs par mois. CONCLUSION On a estimé que plus d’un million de Canadiens souffrent d’une déficience en testostérone et que seulement 5 % sont couramment traités pour ce problème. Les déséquilibres entre les différentes hormones sexuelles peuvent causer des problèmes considérables de santé chez les hommes tout comme c’est le cas pour les femmes. 152 CHAPITRE NEUF : Équilibre hormonal pour les hommes Il y a des preuves convaincantes que des niveaux adéquats de testostérone offrent une protection contre les maladies du cœur et des vaisseaux sanguins, et plusieurs chercheurs ont suggéré que cette hormone protège également contre le cancer de la prostate. De faibles niveaux de testostérone ont été associés à la dépression, alors que des quantités excessives de testostérone ont été reliées à l’agression. Des niveaux faibles de testostérone et élevés d’œstradiol ont été associés à un risque accru de diabète. La recherche démontre également que l’équilibre hormonal est essentiel au bon fonctionnement du système immunitaire. Il est clair que les hormones ont un rôle très significatif à jouer dans le maintien de la santé masculine ! Malheureusement, certains critiques ont utilisé la publicité négative qui a entouré les thérapies hormonales de substitution (THS) pour les femmes pour condamner la thérapie hormonale pour les hommes. Ils prétendent que les résultats négatifs constatés chez les femmes qui utilisent des hormones synthétiques démontrent que c’est une mauvaise idée de donner de la testostérone aux hommes. En réalité, ce que les études sur la THS ont prouvé est que l’administration d’hormones non bio-identiques (non humaines) ne confère pas tous les avantages escomptés. La thérapie hormonale pour les hommes comporte en partant un énorme avantage par rapport à la THS qu’on administre aux femmes : les hommes reçoivent presque toujours des suppléments de testostérone bio-identique. En 2003, le docteur Alvaro Morales, éminent urologue canadien, déclarait : « Des inquiétudes récentes relativement aux THS prescrites aux femmes postménopausées ont été extrapolées de façon inappropriée aux hommes par la presse populaire. Une telle extrapolation est non seulement inappropriée mais dénuée de toute validité scientifique. » En d’autres mots, il n’est ni 153 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! raisonnable ni scientifique de prétendre que le résultat d’études sur des THS à base d’hormones non bio-identiques conçues pour les femmes s’appliquent également aux thérapies hormonales conçues pour les hommes et que par conséquent ces derniers devraient s’abstenir de ce genre de traitement. Bien qu’il soit impossible dans l’espace d’un chapitre de couvrir tous les aspects du remplacement hormonal pour les hommes, nous espérons avoir donné autant aux femmes qu’aux hommes un point de départ pour mieux comprendre l’équilibre hormonal si important aux deux sexes. Comme nous l’avons préconisé auparavant pour les femmes, la collaboration entre patient, médecin et pharmacien préparateur offre la meilleure chance de succès. Les femmes sont traditionnellement celles qui se soucient de la santé familiale. En étant bien renseignées sur l’équilibre hormonal, elles peuvent non seulement s’aider elles-mêmes, mais aider les hommes de leur entourage. Il faut faire de l’équilibre hormonal une affaire de famille ! 154 ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques ANNEXE A Produits à base d’hormones bio-identiques Le pharmacien préparateur joue un rôle primordial dans l’accès à la substitution hormonale basée sur les hormones bio-identiques. La préparation personnalisée des ordonnances est essentiellement ce en quoi consiste l’art de l’apothicaire tel qu’il se pratiquait autrefois. Les origines de la profession de pharmacien remontent effectivement à la préparation « sur mesure » de remèdes, de pommades et de toutes sortes de préparations à base de plantes. L’avènement des médicaments « préfabriqués » et synthétiques mis en marché par les laboratoires pharmaceutiques a grandement réduit le besoin de ces préparations magistrales. Quand les médecins ont commencé à prescrire l’hormonothérapie, les hormones bio-identiques n’étaient pas disponibles commercialement à cause de problèmes d’absorption. Cependant, grâce à l’évolution dans les procédés de fabrication, ces difficultés ont été surmontées et les hormones bio-identiques sont maintenant disponibles non seulement sous forme de préparations magistrales mais aussi de produits « prêts à vendre ». Les timbres et gels à l’œstradiol sont des exemples de produits de fabrication commerciale qui contiennent des hormones bio-identiques. Les doses et les modalités de transport des hormones dans les produits de fabrication commerciale peuvent ne pas donner des résultats satisfaisants dans certains cas. Avec les 155 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! préparations magistrales, il est plus facile d’obtenir un dosage sur mesure et d’adapter le mode de transport des hormones à chaque cas particulier. En consultation avec votre médecin (voir Ressources), un pharmacien préparateur peut personnaliser une ordonnance d’hormones pour répondre à vos besoins uniques. La plupart des pharmaciens préparateurs appartiennent à des organisations qui se consacrent à l’éducation permanente de leurs membres et à l’excellence dans l’exercice de leur art, en particulier en ce qui a trait aux préparations d’hormones bio-identiques. Les œstrogènes Le TriEst (ou triple œstrogène) est un produit préparé en pharmacie qui contient différentes proportions d’œstradiol, d’œstrone et d’œstriol. Le TriEst a été originalement formulé en se basant sur des recherches qui suggéraient que l’œstriol est dix fois plus abondant que l’œstradiol dans le corps. On en a déduit que, dans une formulation similaire, il pourrait avoir des effets œstrogéniques sans augmenter le risque de cancer. Malheureusement, cette recherche manquait de rigueur, et cette théorie n’a pu être validée. Par conséquent, la quantité de chaque œstrogène dans une formulation magistrale devrait être déterminée principalement par les symptômes de la patiente et son historique pour évaluer les risques (p. ex. de cancer du sein ou d’ostéoporose). La dose ou la puissance de la préparation de TriEst est exprimée en milligrammes d’œstrogène (soit la combinaison œstriol / œstrone / œstradiol), et la quantité de chaque hormone est indiquée. La préparation magistrale peut prendre la forme de capsules ou de crème topique. Les concentrations les plus usitées sont 1,25 mg, 2,5 mg et 5,0 mg. Plusieurs ratios sont possibles, mais selon les pharmaciens préparateurs, les plus souvent prescrites sont : 156 ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques • • • 80:10:10 Capsule de 1,25mg = 1mg œstriol + 0,125mg œstrone + 0,125 mg œstradiol 70:20:10 Capsule de 1,25 mg = 0,875 mg œstriol + 0,25mg estrone + 0,125mg œstradiol 90:5:5 Capsule de 1,25 mg = 1,125 mg œstriol + 0,0625 mg œstrone + 0,0625mg œstradiol Le BiEst est une formule sans œstrone, contenant donc seulement de l’œstriol et de l’œstradiol. Étant donné que le corps peut facilement fabriquer de l’œstrone à partir de l’œstradiol, il est rare qu’un supplément d’œstrone soit nécessaire. Si une trop grande quantité d’œstrone est prise en supplément, cela pourrait créer un excès de sulfate d’œstrone et d’autres métabolites potentiellement dangereux tels que le 4-hydroxyestrone, qui est fortement impliqué dans le cancer du sein. Tout comme pour le TriEst, le BiEst est exprimé en milligrammes totaux d’œstrogènes, habituellement 1,25 mg, 2,5 mg ou 5,0 mg, et la quantité de chaque hormone est indiquée. Les ratios les plus usités sont : • 80:20 80 % d’œstriol et 20 % d’œstradiol 1,25mg = 1,0mg d’œstriol + 0,25mg d’œstradiol L’œstriol est également prescrit seul. L’œstriol dans un gel vaginal est très efficace pour l’incontinence urinaire, et, bien entendu, pour la sécheresse vaginale. Des capsules d’œstriol à libération prolongée sont également prescrites pour aider à soulager les symptômes de la ménopause chez les femmes ayant un risque élevé de cancer du sein ou qui en sont atteintes. La dose quotidienne d’œstriol varie de 0,5 mg aux deux jours jusqu’à 5 mg par jour dans certains cas. Les tests salivaires indiquent que l’œstriol peut s’accumuler à la longue chez beaucoup de femmes car cette hormone est à l’aboutissement des voies de biosynthèse – c’est-à-dire qu’elle ne se transforme pas en d’autres hormones. En Eu157 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! rope, les doses d’œstriol tendent à ne pas dépasser 0,5 mg par jour ou aux deux jours. L’œstradiol se retrouve sous différentes formes dans les préparations magistrales, y compris des capsules à libération prolongée, des timbres, gels ou crèmes transdermiques ou topiques, et des comprimés sublinguaux (à dissoudre sous la langue) ou buccaux (à dissoudre dans la joue). Les timbres à l’œstradiol qui se vendent sous une marque de commerce sont également une excellente façon d’administrer des niveaux stables d’hormones. Tel que décrit auparavant dans le présent ouvrage, l’administration des hormones par voie transdermique imite de plus près le mode naturel de distribution des hormones dans le corps. La progestérone La progestérone est communément incorporée à des crèmes transdermiques ou topiques. On la trouve également dans des capsules à libération prolongée ou des suppositoires vaginaux. Les formulations transdermiques ou topiques peuvent contenir différentes concentrations de progestérone, qui vont de moins de 1 % (1 gramme par 100 ml) jusqu’à plus de 40 %. La dose habituellement prescrite aux femmes se situe entre 20 et 40 mg par jour. Une crème à la progestérone de 2 % contient 20 mg de progestérone par ml, c’est pourquoi cette concentration est très usitée. (Des crèmes contenant jusqu’à 1,5 % de progestérone sont disponibles aux É.-U. sans ordonnance, mais leur qualité peut varier grandement. Certaines crèmes en vente libre qui prétendent contenir de la progestérone n’en contiennent même pas du tout.) Pour permettre l’application d’une dose exacte d’une crème magistrale, la plupart des pharmaciens fourniront une cuiller ou une seringue à mesurer avec le produit. La crème à la progestérone peut être appliquée n’importe où sur le 158 ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques corps, sauf sur l’abdomen car les hormones seront alors absorbées par le foie et métabolisées avant de pouvoir atteindre les tissus. La progestérone appliquée sur les seins peut aider à soulager l’inconfort causé par les seins fibrokystiques et la dysplasie mammaire. La progestérone est disponible commercialement sous la marque Prometrium® en capsules de 100mg. Des capsules à libération prolongée en préparation magistrale sont habituellement formulées en concentrations de 100 mg et de 200 mg. La progestérone est libérée lentement sur une période d’environ 12 heures. Prise oralement, la progestérone est métabolisée par le foie, qui la décompose en sous-produits (métabolites). C’est pourquoi les doses orales doivent être d’au moins 100 mg alors que les doses topiques ne sont que de 1/5ième ou 1/10ième de cette quantité. Les métabolites de la progestérone causent de la somnolence chez certaines femmes, et ils ont également un effet tranquillisant. C’est pourquoi la progestérone par voie orale peut avoir des effets secondaires qui soient désirables pour certaines femmes. Les androgènes et les précurseurs androgéniques La testostérone peut être incorporée par un pharmacien préparateur à divers gels et crèmes, habituellement dans une concentration allant de 0,2 % à 2 %. La testostérone est disponible en préparation commerciale sous forme de timbre transdermique et de gel. Cependant, le timbre Androderm® est seulement disponible en dosages de 2,5 mg et de 5 mg alors que les femmes ont besoin de seulement d’une force moindre, soit entre 0,5 et 1,0 mg. L’AndroGel® est disponible en concentration de 1%, mais il est beaucoup plus dispendieux que la testostérone en préparation magistrale. Les capsules d’Andriol® contiennent une forme modifiée de testostérone : l’undécanoate de testostérone. Tel que discuté au 159 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! chapitre 4, l’administration orale des hormones n’est pas idéale car toute hormone est modifiée par le foie avant d’arriver aux tissus. La DHEA Au moment où nous écrivons ces lignes, la DHEA n’est pas encore homologuée comme produit naturel au Canada. Toutefois, des modifications à la réglementation permettent d’obtenir la DHEA par le biais du Programme d’accès spécial de Santé Canada. Les demandes présentées en vertu de ce programme doivent être faites par un praticien de la santé pour un médicament particulier, à un dosage précis, pour un(e) patient(e) en particulier, pour traiter une maladie grave. Les glucocorticoïdes Le cortisol : Les déficiences sévères en cortisol sont rares. Les cas de ce genre peuvent être d’origine génétique ou être la conséquence d’une autre maladie ou de chirurgie. Le stress chronique peut également entraîner une déficience en cortisol. Une supplémentation en cortisol peut être utile pour permettre aux glandes surrénales de se reposer au début d’une thérapie pour la fatigue surrénalienne (voir chapitre 2). Le cortisol est disponible commercialement sous forme de comprimés, et également sous forme d’onguent topique à la cortisone pour traiter les éruptions cutanées mineures. Il est possible d’absorber assez de cortisol (ou cortisone) à partir de produits topiques pour affecter la production de cette hormone par le corps. Par conséquent, on devrait éviter l’usage excessif de crèmes ou gels à base de cortisone. MODES D’ADMINISTRATION DES HORMONES Il y a plusieurs formes de dosage des hormones. Ces formes de dosage sont appelées « modes d’administration » des hormones et ils déterminent la voie qu’empruntent les hor160 ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques mones pour atteindre les tissus. Nous discuterons ici des modes d’administration les plus usités pour les thérapies hormonales de substitution à base d’hormones bioidentiques, ainsi que les avantages et désavantages de chacun. La voie orale Une des raisons qui ont motivé le développement des hormones synthétiques (outre le profit !) est que l’on croyait que les hormones bio-identiques étaient mal absorbées. Cela n’est plus le cas et il existe des formulations orales d’hormones bio-identiques qui sont efficaces et facilement disponibles. Parmi les préparations commerciales d’hormones bio-identiques orales, il y a Estrace® (œstradiol), et Prometrium® (progestérone orale micronisée). Le Prometrium® est formulé dans une base d’huile d’arachide, qui peut avoir un potentiel allergène pour certaines femmes. Ogen® (qui est de l’estropipate, une forme de sulfate d’œstrone) est également disponible, mais il faut éviter de s’exposer à des quantités excessives de sulfate d’œstrone. Les formes orales d’hormones bio-identiques de fabrication commerciale ont tendance à être rapidement éliminées par le corps. Ceci a poussé les pharmaciens préparateurs à mettre au point des formulations à libération lente pour les hormones, ce qui peut être accompli en les incorporant à une substance gélatineuse appelée « hydroxypropylméthylcellulose ». L’ajout de cette substance assure une libération lente des hormones pendant toute la journée. En théorie, cet effet de libération prolongée donne des niveaux hormonaux plus constants sur 24 heures, et les tests hormonaux confirment cette hypothèse. Il a été démontré que l’œstradiol oral augmente le cholestérol HDL (le bon cholestérol). Plusieurs uti161 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! lisatrices trouvent les capsules plus pratiques que les gouttes, les dragées ou les crèmes. Les médecins ont souvent plus confiance de prescrire des produits commercialement disponibles. Les études montrent que l’œstrogène oral affecte la production naturelle des protéines hépatiques. Ces protéines ont un rôle dans la coagulation du sang, la régulation de l’insuline et la réponse des tissus au cortisol et aux hormones de la thyroïde. Ainsi, l’administration d’œstrogène par voie orale peut théoriquement accroître la tendance du sang à coaguler, des problèmes de contrôle de l’insuline et un ralentissement de la fonction thyroïdienne. Toutes les hormones administrées par voie orale sont d’abord attaquées par l’acidité gastrique, puis par l’action métabolisante du foie. Jusqu’à 80 % de la progestérone orale est convertie en sous-produits (métabolites) dans le tractus digestif et le foie, un processus connu sous le nom de « métabolisme de premier passage ». Il arrive que les sousproduits des hormones soient utiles. Par exemple, les métabolites de la progestérone, qui sont la pregnanolone, l’allopregnanolone et l’hydroxypregnanolone, peuvent causer la somnolence. Ainsi, prise au coucher, la progestérone orale micronisée (Prometrium®) peut aider les femmes qui souffrent d’insomnie reliée à leur état hormonal. Les préparations magistrales ont tendance à agir plus longtemps et risquent moins de causer de la somnolence. L’importance de l’effet de premier passage dans le foie est en bonne partie responsable de l’attrait qu’exercent les formes non orales de substitution hormonale. L’administration transdermique se rapproche davantage de la façon dont les hormones circulent naturellement dans le corps, permettant aux hormones d’atteindre les tissus avant d’être métabolisées par le foie. 162 ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques L’administration transdermique Les membranes qui entourent les cellules de la peau contiennent des lipides, ou gras, qui aident à contrôler l’accès des substances externes aux cellules. Les hormones sont des substances lipophiles, c’est-à-dire qui ont une affinité pour les matières grasses, et c’est pour cette raison qu’elles peuvent facilement traverser l’épiderme. Pour que les hormones aillent porter leur message aux récepteurs hormonaux qu’il y a dans les tissus, la crème hormonale doit traverser les différentes couches de la peau. La première couche, appelée stratum corneum forme une barrière protectrice et constitue généralement le plus grand obstacle à la pénétration des produits topiques. Les hormones passent ensuite à travers le reste de l’épiderme et du derme. Après avoir atteint le derme, les hormones peuvent être stockées par les cellules adipeuses (grasses) ou pénétrer dans le sang par le biais des capillaires. Le circuit que fera l’hormone dépend du mode d’administration utilisé. Il y a deux façons d’administrer les hormones par la peau : transdermique et topique. Les crèmes ou gels auxquels on mélange les hormones sont les « bases ». L’absorption transdermique exige l’ajout d’ingrédients activateurs qui rehaussent la capacité d’absorption de la crème de base pour qu’elle puisse pénétrer profondément dans le derme et être captée par les capillaires. Par contre, les crèmes topiques ne contiennent pas d’activateurs et les hormones séjournent plus longtemps dans les cellules adipeuses. D’aucuns soutiennent que les activateurs dans les crèmes transdermiques peuvent mener à une élimination des hormones plus rapide que dans les crèmes topiques. On croit que l’application transdermique permet une pénétration rapide des hormones dans les vais- 163 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! seaux sanguins du derme et l’élimination est plus rapide. que par conséquent Les timbres transdermiques Les timbres de fabrication commerciale font pénétrer les hormones dans la peau à l’aide d’un gel qui assure la libération contrôlée des hormones qu’ils contiennent. Cela assure la libération des hormones à un taux constant sur plusieurs jours. Il y a plusieurs timbres transdermiques à l’œstradiol sur le marché canadien. Estraderm®, Estradot®, Estalis®, Oesclim® et Climara® sont tous en mesure de faire pénétrer une quantité précise d’œstradiol à travers la peau. La plupart exigent l’usage de deux timbres par semaine à l’exception de Climara®, qui ne requiert qu’un timbre par semaine. Des études ont montré que l’œstradiol administré par voie transdermique donne des niveaux sériques et salivaires constants sur une période de temps. Certains timbres à l’œstradiol contiennent également des progestines synthétiques. Il vaut mieux éviter ce genre de timbre car les progestines ne sont pas identiques à notre propre progestérone. Si vous utilisez des timbres, tenez-vous en aux timbres ne contenant que de l’œstradiol bio-identique. L’administration topique respecte la distribution naturelle des hormones dans le corps.. Le principal avantage de l’application topique est qu’elle évite la métabolisation par le foie. Contrairement à la forme orale, qui est transformée par le foie avant d’atteindre les tissus, les hormones dans les crèmes hormonales apportent leur message directement aux récepteurs cellulaires. Le plus grand avantage du timbre transdermique est qu’il libère les hormones de façon constante sur une période de temps. L’administration transdermique de l’œstradiol n’a pas été associée à l’accroissement des triglycérides qu’on a constaté avec l’œstradiol administré par voie orale. 164 ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques Pour bien des gens, l’application d’une crème ou d’un gel est une tâche ennuyeuse. Les timbres ne sont appliqués qu’une ou deux fois par semaine, ce qui exige moins d’effort que l’application d’une crème ou d’un gel une ou deux fois par jour. Par contre, il y a des patientes qui réagissent à l’adhésif sur le timbre ou il arrive que le timbre se décolle de lui-même. Les timbres transdermiques ne sont disponibles que pour l’œstradiol et la testostérone, et ces derniers sont formulés en dosages appropriés pour les hommes, et non pour les femmes. Étant donné que les dosages sont fixes dans les timbres, ils n’ont pas la flexibilité des crèmes et des gels à cet égard. (Couper le timbre le rend inefficace.) L’administration transdermique de l’œstradiol n’augmente pas le bon cholestérol HDL, comme c’est le cas avec les œstrogènes oraux. Si la décision est prise d’administrer les hormones par voie percutanée, la décision d’utiliser un timbre transdermique ou encore une crème transdermique ou topique dépend de la préférence des patientes et de leur réaction à la thérapie. Il est important de faire un contrôle à cet égard en évaluant les symptômes régulièrement et en étant à l’affût de problèmes potentiels (p. ex. une réaction à l’adhésif sur le timbre). Malheureusement, nous n’avons pas de données comparant le taux et l’efficacité des méthodes transdermiques d’administration des hormones par rapport à l’application topique. Nous discuterons maintenant de certaines bases communément utilisées pour les crèmes hormonales bioidentiques, et leurs propriétés particulières. Il ne s’agit ici que de quelques exemples, car il y en a des centaines de disponibles. 165 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! Les bases transdermiques Les bases transdermiques contiennent des activateurs chimiques qui aident à faire pénétrer les hormones plus profondément dans le derme que les crèmes topiques. L’activateur le plus utilisé est le liposome. Les liposomes sont des microscopiques gouttelettes circulaires qui agissent comme transporteurs de médicaments ou d’hormones à travers la peau. La surface externe du liposome est lipophile et par conséquent il traverse les couches de la peau sans difficulté. Une fois qu’il a traversé la peau, le liposome déverse son contenu dans les capillaires (petits vaisseaux sanguins) pour qu’il soit distribué aux tissus. Il faut toutefois noter que les liposomes ne sont pas les seuls activateurs de pénétration des hormones. D’autres agents, tels que les esters, les acides gras, les amides, les alcools, les polyols, les sulfoxydes et même l’eau peuvent agir comme intermédiaires dans l’absorption percutanée des hormones. Le gel PLO (organogel de lécithine Pluronic ou Poloxamer F127). Préparé de façon appropriée, le gel PLO crée des liposomes qui permettront aux hormones de traverser efficacement la peau. Cependant, il y a des problèmes reliés à l’usage du gel PLO pour l’administration des hormones. La lécithine dans le PLO est dérivée du soja, et certaines femmes peuvent avoir des réactions allergiques à cette substance. Le gel PLO a également peu d’attrait sur le plan cosmétique et peut laisser la peau collante. Ces facteurs, auxquels s’ajoutent une odeur d’alcool et une texture désagréable, ont mené au développement de d’autres crèmes transdermiques. Vanpen®, venant de l’anglais « vanishing penetrate » qui veut dire crème pénétrante évanescente, cette crème est une autre base très utilisée pour la préparation de crèmes hormonales appliquées sur la peau. Elle a une texture et une 166 ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques odeur plus agréables que le gel PLO, et garde quand même ses qualités comme activateur transdermique. En plus de l’organogel de lécithine, qui crée des liposomes, Vanpen® contient un ester et un amide. L’ester a un rôle dans la formation des liposomes pour aider les hormones à traverser la peau. L’urée, qui est un amide, est également ajoutée pour aider à hydrater la peau et augmenter sa perméabilité aux hormones. Ces activateurs agissent ensemble pour assurer une bonne pénétration des hormones dans les couches de la peau et les capillaires du derme. Bien que ce soit rare, il y a des personnes qui peuvent réagir à certains ingrédients du Vanpen®. Si une réaction allergique se produit, une base hypoallergénique appelée HRT Base® est disponible dans les pharmacies qui appartiennent au groupe PCCA ou Wiler-PCCA (PCCA : Professional Compounding Centers of America; Wiler-PCCA est la succursale canadienne – voir Ressources). Les bases topiques Les crèmes topiques ne contiennent aucun activateur chimique pour aider à la pénétration des hormones. Étant donné que les hormones sont des substances lipophiles (elles aiment le gras), elles ont tendance à pénétrer très facilement dans la peau. Il y a un double argument en faveur de l’utilisation de bases topiques. Premièrement, elles ne contiennent pas d’allergènes potentiels sous forme d’activateurs chimiques. Deuxièmement, les bases topiques semblent assurer la pénétration des hormones seulement jusqu’à la couche des cellules adipeuses (grasses) dans le derme. Les cellules adipeuses stockent les hormones, qui sont liposolubles, et les libèrent lentement au besoin. Ainsi, on croit que les crèmes topiques pourraient assurer une libération plus soutenue des hormones que les crèmes transdermiques. Il faut cependant noter qu’il n’y a aucune étude qui prouve que les crèmes topiques ont vraiment un 167 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! prouve que les crèmes topiques ont vraiment un effet de libération prolongée. Néanmoins, plusieurs pharmaciens préparateurs et médecins qui prescrivent les hormones bioidentiques ont rapporté que leurs patient(e)s ont un soulagement plus constant de leurs symptômes sur une période de temps avec l’administration topique plutôt que transdermique des hormones. Cosmetic HRT Base®, cette marque de commerce se traduit « Base cosmétique pour la THS ». C’est probablement la crème de base la plus utilisée car elle est hypoallergénique, c’est-à-dire elle ne contient aucun produit chimique qui pourrait provoquer des allergies. Elle contient les ingrédients que l’on retrouve généralement dans les crèmes de type « cold-cream », mais avec l’addition de vitamine E naturelle, ainsi que des dérivés de vitamine C et A. Cette base est tolérée par presque tout le monde. L’eau dans le Cosmetic HRT Base® aide à faire gonfler les cellules de la peau, et cette modification entre les lipides et l’eau dans la cellule de la peau aide les hormones à pénétrer. PETITS CONSEILS POUR APPLIQUER LES CRÈMES HORMONALES Les crèmes pénètrent mieux dans la peau humide que la peau sèche, donc c’est une bonne idée de l’appliquer après le bain ou la douche (et s’être essuyé à la serviette). Les crèmes pénètrent dans la peau mince mieux que dans la peau épaisse, c’est pourquoi il vaut mieux choisir les endroits où la peau est mince, comme l’intérieur des bras. Les parties du corps où la peau rougit quand on a chaud sont à privilégier. Il est préférable d’appliquer la crème sur une large superficie du corps. 168 ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques N’appliquez pas les crèmes hormonales sur l’abdomen car les hormones pourraient aller directement au foie et former des métabolites avant d’arriver aux tissus. N’appliquez pas les crèmes à la testostérone à l’intérieur des cuisses car cela pourrait activer la pousse de poils à cet endroit. L’application occasionnelle de crème à la progestérone sur les seins pourrait aider à réduire la densité du tissu mammaire. Effectuez une rotation entre trois ou quatre endroits du corps pour éviter de saturer les tissus. Les femmes devraient faire une pause de trois à cinq jours dans l’application de la crème à la progestérone chaque mois pour éviter de développer une tolérance à ses effets. Effectuer une courte pause chaque mois maintient l’efficacité de la progestérone. L’application vaginale et rectale Les hormones appliquées dans le vagin sont bien absorbées au niveau systémique (elles se rendent dans tous les tissus du corps) et elles sont décelables autant dans le sang que dans la salive. Cependant, règle générale, l’application intravaginale est choisie spécifiquement en vue d’obtenir des effets sur le tissu vaginal. Ainsi, les œstrogènes sont utilisés vaginalement pour aider à soulager la sécheresse vaginale et la progestérone pour aider à maintenir la grossesse. L’œstriol peut également être utilisé pour aider à régler des problèmes d’incontinence. Les produits pour l’application vaginale peuvent être sous forme de crèmes, onguents, gels ou suppositoires. Les crèmes vaginales n’ont pas besoin d’activateurs de pénétration des hormones car la paroi du vagin est une muqueuse, laquelle est considérablement plus mince et perméable aux hormones que les surfaces exposées de la peau. Les produits vaginaux de commerce compren169 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! nent, entre autres, les comprimés vaginaux à l’œstradiol Vagifem® et le gel vaginal Crinone® qui contient 8 % de progestérone. Les hormones peuvent également être administrées par voie rectale sous forme de suspensions ou suppositoires. Des niveaux décelables d’hormones sont également atteints par cette méthode, mais la plupart des gens la considèrent salissante et peu pratique. HRT Base®, base décrite en détail sous la rubrique des crèmes topiques. Elle s’utilise également pour l’application vaginale. Elle ne contient aucun activateur chimique et elle est hypoallergénique. Emollient Cream® est une crème contenant 50 % d’eau ajoutée à un onguent anhydride (déshydraté). Un agent émulsifiant est ajouté pour s’assurer que l’onguent et l’eau forment un mélange homogène et stable. Cette crème ne contient pas d’activateurs chimiques et elle est hypoallergénique. Les hormones sont bien absorbées par voie rectale ou vaginale. La voie vaginale est particulièrement utile en présence de problèmes vaginaux et urinaires. Cette voie d’administration peut être salissante et peu pratique. Les voies sublinguale et buccale Dans l’administration sublinguale, le médicament est absorbé en le plaçant sous la langue. L’administration buccale exige de placer le médicament entre la gencive et la joue. Parmi les formes de dosage sublingual et buccal il y a les pastilles (également appelées dragées), les gouttes, les comprimés triturés ou à dissolution rapide. Autant pour les formes sublinguales que buccales, l’absorption rapide des 170 ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques hormones peut vouloir dire que les doses devront être prises plusieurs fois au cours de la journée afin de maintenir des niveaux thérapeutiques d’hormones. Les gouttes sublinguales peuvent être en solution dans l’alcool ou la glycérine, en suspensions aqueuses ou oléagineuses. Afin de réduire le volume au minimum, les hormones présentes dans de telles solutions sont très concentrées et par conséquent la solution a un goût très amer, même si des arômes ont été ajoutés. Le comprimés triturés sont très petits et conçus pour se dissoudre rapidement quand ils sont placés sous la langue ou entre les gencives et la joue. La taille du comprimé limite la quantité d’hormone que l’on peut y incorporer, et leur fabrication est laborieuse. Les comprimés à dissolution rapide sont ultra-minces puisqu’ils sont conçus pour se dissoudre rapidement sous la langue ou dans la cavité buccale. Ils fondent en aussi peu que 10 secondes. On peut facilement les aromatiser pour camoufler leur goût amer, mais ils sont très fragiles et difficiles à manier. Pastilles (dragées) prennent beaucoup plus de temps à se dissoudre : jusqu’à 30 minutes selon les ingrédients de base utilisés. Les pastilles à base de gélatine fondent plus lentement que celles qui sont à base de polyglycol, mais la gélatine réussit mieux à camoufler le goût amer des hormones. Les comprimés à dissolution rapide et les gouttes sublinguales peuvent évider l’effet de « premier passage » au foie et la destruction des hormones dans l’acidité gastrique. Les formes sublinguales et buccales ont une action de courte durée et peuvent avoir besoin d’être prises jusqu’à trois fois par jour pour que les hormones se maintiennent à des niveaux thérapeutiques. Étant donné que 171 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! les pastilles (dragées) se dissolvent très lentement, les patient(e)s peuvent en avaler une partie, et les hormones seraient alors soit détruites par l’acidité gastrique ou métabolisées par le foie. Les comprimés triturés ne peuvent renfermer qu’une petite dose d’hormones et leur fabrication est onéreuse. Avec l’exception des comprimés à dissolution rapide, les formes sublinguales et buccales ne peuvent masquer le goût désagréable des hormones. Les injections et les implants Des niveaux thérapeutiques d’hormones peuvent être atteints par le biais d’injections. Cependant, des injections quotidiennes seraient requises pour obtenir des niveaux constants d’hormones sur une période de temps. Par conséquent, des hormones injectables à forte dose ont été mises au point, mais il n’en demeure pas moins que les niveaux hormonaux vont en décroissant au fil des semaines. À l’instar des injections, les implants contiennent des doses élevées d’hormones. Dans le cas d’implants, une bille contenant des hormones est placée sous la peau par chirurgie, où elle libère des hormones graduellement sur une période de 3 à 6 mois. Le principal avantage de la forme injectable ou implant est l’aspect pratique : le dosage est plus espacé (tous les mois, 3 mois ou 6 mois). Le principal désavantage des injections et des implants est qu’une dose considérable d’hormones est administrée d’un seul coup. Les patient(e)s ont des niveaux très élevés d’hormones initialement puis la quantité diminue graduellement jusqu’à la prochaine injection ou au remplacement de l’implant – alors qu’il reste peu ou pas d’hormones. Cette méthode d’administration ne reflète en aucune façon le rythme naturel de production hormonale et 172 ANNEXE A : Produits à base d’hormones bio-identiques les patient(e)s ont souvent des effets secondaires immédiatement après l’injection ou l’insertion de l’implant, puis de nouveau lorsque les effets s’atténuent. La bille (pellet) doit être extraite par chirurgie s’il y a un problème de tolérance ou d’efficacité. EN BREF… Choisir un mode d’administration des hormones est une étape très importante dans la THS « bio ». Il est généralement préférable de choisir des modalités qui libèrent les hormones de la façon qui se rapproche le plus du mode de fonctionnement de notre corps. Il est également important d’utiliser les bonnes hormones, en se basant sur l’évaluation des symptômes et un test salivaire des hormones. Les femmes qui décident d’utiliser des préparations magistrales devraient les obtenir d’un pharmacien préparateur qui possède des bonnes connaissances et de l’expérience dans ce genre de préparation. Les pharmacies de fabrication sont généralement dotées d’un équipement spécialisé pour créer ces modes d’administration uniques. Par exemple, les hormones qui sont intégrées aux crèmes de base arrivent sous forme de poudre qui est parfois granuleuse. La crème pourrait donc être granuleuse si cette poudre n’est pas d’abord moulue plus fin avec un moulin spécial. Voilà une autre bonne raison de faire affaire avec une pharmacie spécialisée dans la préparation des ordonnances. Les crèmes ne sont pas toutes d’égale qualité, surtout en ce qui a trait à leur capacité de transporter les hormones. 173 RESSOURCES Lectures recommandées Lee, John What Your Doctor May Not Tell You About Pre-Menopause (Disponible en français : Tout savoir sur la préménopause, Éditions Sully) Lee, John What Your Doctor May Not Tell You About Menopause (Disponible en français : Guérir la ménopause) Lee, John and Zava, David What Your Doctor May Not Tell You About Breast Cancer (Disponible en français : Tout savoir sur le cancer du sein) Northrup, Christiane Women’s Bodies, Women’s Wisdom Northrup, Christiane The Wisdom of Menopause (Disponible en français : La sagesse de la ménopause) Shippen, Eugene and Fryer, William The Testosterone Syndrome: The Critical Factor for Energy, Health, & Sexuality – Reversing the Male Menopause. Wilson, James Adrenal Fatigue: The 21St Century Syndrome Wright, Jonathan and Lenard, Lane Maximize Your Vitality and Potency For Men Over 40 Pharmacies de fabrication Pharmacie Pearson & Alter 5025 rue Sherbrooke ouest, Montréal, QC H4A 1S9 Tél.: 514-484-2222 Site web : www.montrealpharmacy.com Wiler PCCA 744 Third Street London, ON N5V 5J2 Tél.: 800-668-9453 Vous pouvez appeler PCCA pour trouver le nom d' un pharmacien préparateur dans votre région. 175 La THS plus efficace et sécuritaire, c’est possible ! International Academy of Compounding Pharmacists (Académie internationale des pharmaciens préparateurs) Site web : www.iacprx.org Permet d’effectuer une recherche à partir du code postal pour trouver une pharmacie de fabrication dans votre région. Laboratoires pour les tests salivaires Les laboratoires suivants recueillent les données sur les symptômes avec chaque test salivaire et donnent une interprétation des résultats basés sur les niveaux hormonaux et le profil des symptômes. CANADA Rocky Mountain Analytical Unit A, 253147 Bearspaw Road NW Calgary, Alberta T3L 2P5 Téléphone : 403-241-4513 Site web: www.rmalab.com ÉTATS-UNIS ZRT Laboratory 1815 NW 169th Pl., Suite 505 Beaverton, Oregon 97006 Tél. : 503-466-2445 Site web : www.salivatest.com 176 RÉFÉRENCES INTRODUCTION Cundy T, Cornish J, Roberts H, et al. Spinal bone density in women using depot medroxyprogesterone contraception. Obstet Gynecol 1998;92:569573. Miyagawa K, Rosch J, Stanczyk F, Hermsmeyere K. Medroxyprogesterone interferes with ovarian steroid protection against coronary vasospasm. Nat Med 1997;3:324-327. Williams J, Honore E, Washburn S, et al. Effects of hormone replacement therapy on reactivity of atherosclerotic coronary arteries in cynomolgus monkeys. J Am Coll Cardiol. 1994;224:1757-1761. Writing Group for the Women’s Health Initiative Investigators. Risks and benefits of estrogen plus progestin in healthy postmenopausal women. 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