Dénicheuse de héros

OL 187:Ombres&Lumieres
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Initiatives
Rencontre avec Frédérique Bedos
Dénicheuse de héros
Après 18 ans passés sous les projecteurs, la présentatrice Frédérique Bedos
a tourné la page des émissions musicales. Par de courts métrages, elle révèle
désormais l’existence de héros anonymes, tels que ses parents, qui ont adopté
17 enfants, dont quatre avec un handicap.
deur de pianos. Cathy, qui a
épousé un homme sourd profond
comme elle. Et Pierre-Vincent, le
bébé né sans bras ni jambes, qui
est devenu le seul sportif de haut
niveau de la famille : champion de
France de tir à la carabine, et
joueur de foot – fauteuil électrique en D1. Il y a aussi Gaston,
le petit Camerounais au destin
tragique : tombé enfant dans un
feu, il n’a pas supporté, adulte,
que son visage de grand brûlé
l’empêche de trouver un travail et
a mis fin à ses jours.
le Nord de la France est pleine à
craquer, mais les portes restent
ouvertes au SDF qui a faim, à la
vieille dame qui déprime.
Frédérique grandit dans cette
ambiance, où chacun est le bras,
l’œil ou l’oreille de celui qui n’en
a pas. Où seuls comptent le
cœur… et l’espérance : "Maman
parlait à Dieu tout le temps. Un
jour, elle lui a demandé une chambre par enfant, car ce n’était plus
vivable. Elle s’est mise à visiter
des maisons alentour, en a repéré
une, que Papa, quincailler, n’avait
absolument pas les moyens
Un legs
providentiel
Et puis, il y a
Frédérique. Son père, un
réfugié haïtien, prend la
tangente peu après sa
naissance. Sa mère, sans
le sou, atterrit chez MarieThérèse et Michel, ce
drôle de ménage qui
recueille les enfants dont
le dossier d’adoption est
rejeté. Sans cesse hospitalisée,
elle
confie
Frédérique à cette famille
extraordinaire.
La petite maison dans
10 - N°187 - mai-juin 2012 - Ombres & lumière
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M
icro en main, mini
robe bustier noire
dévoilant de longues
jambes bronzées, bras
gantés de soie, Frédérique Bedos
chauffe la salle. A ses côtés sur
scène, le fameux groupe de rock
Placebo s’apprête à donner un
concert privé, retransmis sur les
chaînes M6 et W9. Le public est
en ébullition. Nous sommes en
mai 2007.
Un an plus tard, alors que son
émission est reconduite pour la 4e
année consécutive, la présentatrice tire sa révérence. Sans explications. Une (re)conversion, ça
ne se justifie pas. Dès lors, elle
veut sauver la France, rien que
cela. En suscitant davantage de
fraternité. Il faut dire qu’en la
matière, la jeune femme de 41 ans
a une certaine expérience.
Des frères et sœurs, elle en a à
la pelle : 17 dont 16 adoptés. Il y
a celui qui a été balloté de famille
d’accueil en famille d’accueil,
jusqu’à ses 14 ans. Celle qui,
venue d’Inde, a été jugée "trop
foncée" pour être adoptée. Et puis
l’unique enfant naturel. Il y a
aussi Alban, né en Ethiopie quasi
aveugle, qui est devenu accor-
Cinq sur dix-sept frères et sœurs de Frédérique
Bedos. Au centre, Gaston, grand brûlé.
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d’acheter. Dans les jours qui ont
suivi, ils ont reçu un legs d’une
vieille dame que nous accueillions régulièrement. C’était la
somme exacte, les frais de notaire
compris."
Frédérique prend son envol à
Paris, suit des études d’histoire de
l’art à l’école du Louvre. Cheveux
frisés, yeux verts, pommettes
hautes et teint mat, la jeune fille
au corps de mannequin ne passe
pas inaperçue. Dans un restaurant,
le patron de la chaîne Fashion &
Design TV l’aborde. Il veut l’embaucher. Trois jours plus tard, elle
est à NewYork. Ensuite, il y aura
MTV, M6 et W9, France 2 et les
Victoires de la musique. Il y aura
aussi les unes aguicheuses des
journaux people, l’interview piège
de Thierry Ardisson : "J’ai été
happée par ce monde de paillettes, où les présentateurs sont
traités presque comme des stars",
résume-t-elle.
Re-conversion
En 2008, retour aux racines :
"Je suis tombée amoureuse, et
mon fiancé et moi avons eu en
même temps une effusion du
Saint-Esprit. J’ai fait le point et
décidé de rassembler tous les morceaux du puzzle de ma vie."
Utiliser sa notoriété, son carnet
d’adresses et ses compétences de
journaliste au profit d’un projet
qui renoue avec les valeurs chrétiennes de sa famille : fraternité et
espérance.
Le projet, baptisé "Imagine"
est aussi simple qu’ambitieux :
Frédérique décide de filmer des
héros inconnus tels que ses
parents "dont l’action nous encourage parce qu’elle va au-delà de
leur destin personnel – ils tendent la main aux autres." Ryadh
Sallem, né sans mains et sans
jambes, champion d’Europe de
basket handisport, visiteur de prisons, fondateur du "Défistival",
une fête annuelle qui rassemble
valides et personnes handicapées,
est de ceux-là. Frédérique raconte,
parmi d’autres, son histoire, sur
son site, "sans sensationnalisme ni
manipulation, sans violons pour
tirer la larme à l’œil comme le
font les médias de masse. Au lieu
d’avachir les gens dans leur
canapé, je veux leur donner envie
de se lever. Je ne me sens pas responsable de mes frères et sœurs,
même handicapés, mais rien de ce
qui leur arrive ne m’est indifférent. Si nous considérons tous
que les joies et les malheurs de
l’autre ne vont pas nous laisser
indemnes, nous construirons
ensemble un destin commun."
Albane de Gestas
Site Internet : www.leprojetimagine.com
Dons : "Les amis du projet Imagine",
38 rue Copernic - 75116 Paris.
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