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 DISCOURS DE MONSIEUR DIDIER ROBERT PRESIDENT DE REGION REUNION SIGNATURE CONVENTION D'ENGAGEMENT ETAT/REGION POUR LA MISE EN PLACE D'UN DISPOSITIF VISANT LA CREATION DE 1 000 EMPLOIS D'AVENIR A LA REUNION Mardi 9 juillet 2013 Salle PAVAGEAU – HÔTEL DE REGION 1/11 Madame la Ministre de la réforme de l'Etat, de la décentralisation et de la Fonction Publique, Monsieur le Préfet de Région, Mesdames, Messieurs les Parlementaires, Mesdames, Messieurs les Conseillers régionaux, Messieurs les Présidents des chambres consulaires, Mesdames, Messieurs les Présidents des OTI, Messieurs les Présidents des organisations patronales, Monsieur le Président de la FRT, Monsieur le Directeur régional du Pôle Emploi, Monsieur le Président de l’Association régionale des missions locales, Messieurs les chefs d’entreprises, Mesdames, Messieurs, Je suis heureux, Madame la Ministre de vous accueillir ici aujourd’hui, à l’hôtel de Région Pierre Lagourgue à l’occasion de votre déplacement officiel dans notre île. Je voudrais vous souhaiter la bienvenue en terre réunionnaise. Nous allons dans un moment procéder à la signature de la convention entre l’Etat d’une part et la Région Réunion d’autre part sur la question des emplois d’avenir. C’est un sujet qui a pendant longtemps fait débat ici, non pas pour des raisons idéologiques ou politiciennes, en ce qui me concerne, mais tout simplement parce que, comme vous, je souhaite ce qu’il y a de meilleur pour mon île, de meilleur pour les Réunionnais. 2/11 Je considère toujours aujourd’hui que les collectivités locales, Région, Département, communes, intercommunalités, n’ont pas pour vocation à accueillir des effectifs nouveaux de personnel sur la base de ce dispositif. Ce serait rajouter un étage supplémentaire au mille-­‐feuille déjà complexe du personnel travaillant dans les collectivités territoriales. Par ailleurs, les moyens budgétaires contraints de ces mêmes collectivités constitue à l’évidence une difficulté majeure qu’il faut sérieusement appréhender. La meilleure preuve tient au fait que plusieurs mois après la validation de ce dispositif par le Gouvernement, peu de contrats ont été en définitive engagés. Pour ma part, je plaide depuis le début pour que les emplois d’avenir soient en priorité portés par les entreprises et par les opérateurs économiques avec un accompagnement important des acteurs publics, Etat et Région en particulier. J’ai longtemps défendu cette position auprès de votre collègue des Outre-­‐mer, Victorin LUREL, auprès du Préfet de La Réunion également. 3/11 Je suis heureux de ce partenariat que nous initions aujourd’hui, un partenariat au service de l’emploi des jeunes réunionnais, au service de la compétitivité des entreprises. Une fois validé notre engagement, ce sont en effet 1000 jeunes qui pourront rapidement prétendre à un emploi sur une période initiale de 3 ans, qui aboutira sûrement à un emploi pérenne. Nous nous engageons aussi à la Région à compléter ce dispositif par un programme de formation le mieux adapté. Ce sont des entreprises réunionnaises, prioritairement dans les secteurs du tourisme, des énergies renouvelables, du numérique ou des filières agro-­‐alimentaires et agricoles, qui pourront bénéficier du recours à ces nouveaux collaborateurs à des conditions financières extrêmement intéressantes. La prise en charge à parité Etat-­‐Région à hauteur de 70% du salaire du jeune (sur la base du SMIC) devrait être une opportunité extraordinaire pour beaucoup d’entreprises. 4/11 Je profite de ce moment pour saluer et pour remercier de leur implication les Présidents des chambres consulaires : Chambre de Commerce et d’Industrie, Chambre des Métiers et de l’Artisanat, Chambre d'Agriculture ; et remercier également les organisations syndicales patronales parmi lesquelles le MEDEF, la CGPME, la FRBTP. Toutes ces personnes ont voulu à nos côtés marquer leur adhésion à ce programme et c'est là le gage d'une mise en œuvre rapide de cette convention au bénéfice des jeunes réunionnais. Et remercier enfin les premières entreprises et structures associatives qui ont d’ores et déjà adoptés notre démarche. C’est un pas important que nous franchissons dans la lutte au quotidien que nous menons à la Région Réunion au service de l’emploi et pour la réussite de nos entreprises. Le développement économique de notre île mérite une attention soutenue de la part de tous les acteurs, publics et privés. J’ai le sentiment, Madame la Ministre, Monsieur le Préfet, de faire œuvre utile à vos côtés aujourd’hui. Avec votre autorisation, Madame la Ministre, je voudrais profiter de votre présence parmi nous pour évoquer un autre dossier qui est au cœur des responsabilités qui sont les vôtres. 5/11 Je ne peux en effet passer sous silence le débat qui anime notre pays sur la décentralisation, un sujet qui revêt pour nous ici une dimension toute particulière. 70 ans après la départementalisation outre-­‐mer, 30 ans après les premiers actes de la régionalisation, il y a incontestablement de vrais motifs de satisfaction; mais il y a aussi de réels sujets d’inquiétude pour nos territoires en général et pour La Réunion en particulier. En 30 ans, le PIB est passé de 4 000 à 18 000 euros par habitant, ce qui nous place en tête des pays de la zone. Grâce aux efforts conjugués de tous, les dépenses publiques d’investissement ont cru de 153 millions à 1,4 milliards d’euros par an, finançant ainsi les instruments du rattrapage de La Réunion : infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires, désenclavement numérique, zones d’activité, aménagements touristiques… Mais ces progrès ne doivent pas faire illusion, ils ne doivent pas nous conduire à nier la persistance et parfois l’aggravation des déséquilibres. 6/11 La crise financière de 2008 et ses répercussions n’ont fait que révéler et exacerber les fragilités et les contradictions de notre modèle. La Réunion s’enfonce peu à peu, chaque jour davantage dans la dépendance. Dépendance économique et financière d’abord : les transferts publics nets en provenance de la métropole et de l’Europe atteignaient 800 millions d’euros en 1983 et plus de 6,5 milliards en 2010. Dépendance commerciale ensuite : entre 1970 et 2010, la facture des importations a bondi de 137 millions à 4,3 milliards d’euros, soit près de la moitié de notre PIB, contre 13% pour la moyenne des économies insulaires mondiales. Dépendance énergétique et écologique également et cela malgré tous les efforts entrepris : entre 1981 et 2010, le taux de dépendance aux énergies fossiles est passé de 42 à plus de 87% de notre consommation. Ces importations nous coûtent chaque année près de 800 millions d’euros. Dépendance sociale aussi : entre 1967 et 2011, le taux de chômage a cru de 12,9 à 29,5% de la population active. Aujourd’hui plus de 55% des chômeurs sont inscrits depuis plus d’un an au Pôle emploi, et 60% des moins de 25 ans sont exclus du marché du travail. 7/11 Depuis 2010, nous nous sommes efforcés, à la région Réunion, avec l’ensemble des partenaires publics, de minimiser les impacts de la crise, en espérant que celle-­‐ci ne soit que de courte durée. Mais, globalement, dans le cadre actuel, tous les efforts entrepris se révèlent encore insuffisants au regard des enjeux. Et c’est bien là tout le drame du développement de La Réunion qui est posé. Pour toutes ces raisons, parce que je crois à une politique de progrès et de succès, je milite pour une voie nouvelle de développement, celle de l’émancipation. L’émancipation c’est d’abord le passage à l’ère des responsabilités de la connaissance. L’éducation, la formation univ professionnelle la mobilité des jeunes constitue pour nous de vraies priorités. L’émancipation, c’est également, dans le cadre de la République, le rejet de toutes les tutelles, de tous les monopoles et des positions dominantes qui prennent en otage les Réunionnais. 8/11 L’émancipation, c’est aussi le souci de rompre avec les dépendances ; de mieux connaître et d’exploiter ses propres ressources. La dépendance énergétique n’est pas une fatalité. L’émancipation concerne enfin nos imaginaires. Et c’est peut être là l’essentiel. Depuis la départementalisation, nous nous entêtons à vouloir reproduire localement un modèle d’importation, élaboré après la seconde guerre mondiale en Occident . A l’heure de la raréfaction des crédits publics et des ressources énergétiques fossiles mondiales, nous devons ici relever le défi d’inventer collectivement un modèle qui nous ressemble et nous rassemble, une voie réunionnaise qui allie sécurité, compétitivité, qualité de vie et solidarité. Imaginer un modèle qui permet de valoriser nos atouts plutôt que de les nier et de les menacer. Mon ambition est donc d’accompagner la transition de La Réunion vers une « bioéconomie » compétitive, c’est-­‐à-­‐dire un modèle économique qui s’inscrive, qui s’inspire, et qui préserve notre environnement. C’est le sens de l’action engagée depuis 2010 à travers le soutien au tourisme durable, les énergies renouvelables, la valorisation de la biodiversité ou encore l’économie numérique. 9/11 C'est une dimension largement prise en compte également dans la politique que nous menons avec l'Europe et l'Etat pour les grands chantiers régionaux, au premier rang desquels la nouvelle route du littoral. La transition économique et écologique que je propose est enfin résolument tournée vers le monde. Depuis 70 ans, nous nous sommes progressivement repliés sur nous-­‐mêmes, persuadés d’être à l’abri des grandes fluctuations mondiales. Je me bats pour bâtir une économie tournée vers l’export, une économie capable de développer des produits et des solutions écologiques adaptées aux territoires insulaires et tropicaux à l’échelle du grand Océan Indien. Voilà Madame la Ministre posées les réflexions qui sont les nôtres dans le cadre du débat sur l’acte III de la décentralisation. Avec la Présidente du Conseil Général, nous travaillons à une plate-­‐forme commune Région/Département pour une proposition Réunionnaise que nous aurons, je l’espère, la possibilité de vous présenter d’ici à la fin de l’année, avant le débat parlementaire. 10/11 Nous ne souhaitons pas porter les éléments d’une réforme institutionnelle nouvelle ou d’une réorganisation administrative qui ne seraient une fois de plus que le prétexte pour ne rien faire. C’est dans le cadre constitutionnel actuel que nous voulons poser les bases de la refondation d’une décentralisation réelle, permettant aux acteurs locaux de devenir les véritables acteurs du développement de l’île, avec l’Etat bien sûr, mais sans être en permanence contraint et engoncé dans un cadre législatif et réglementaire rigide et inadapté dans bien des cas aux situations locales. Je plaide, dans ce contexte, pour une nouvelle génération de contrat de plan Etat-­‐Region-­‐Département pour toute la période courant de 2014 à 2020 ; un nouveau contrat qui tient compte de tous les paramètres que je viens d'évoquer. Français naturellement, européens bien sûr, mais aussi profondément Réunionnais. Des Réunionnais, madame la Ministre qui veulent délibérément s’engager sur la voix de l’action et sur le chemin de la réussite. Je vous remercie de votre attention. 11/11