Compte-rendu : Voyage en Egypte

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Compte-rendu : Voyage en Egypte
Compte-rendu : Voyage en Egypte
Samedi 27 octobre : A Francfort, rencontre des voyageurs venant de Paris et des
Toulousains. Certains ont eu le temps de déjeuner pendant que les toulousains étaient retardés
par le passage au contrôle des chaussures suspectes de Liliane !
Arrivée au Caire, changement d’aéroport, envol vers Louxor, embarquement sur le Miss
Sarah. Il est tard, les yeux clignotent. Des chambres spacieuses sont attribuées et une collation
copieuse y attend les passagers dans le petit coin salon. Belle nuit, sommeil récupérateur sauf
pour Liliane qui attend les derniers toulousains du groupe arrivés à 6heures du matin. La
journée prochaine sera longue pour eux…
Dimanche 28 octobre
Nous faisons la connaissance de notre guide, Sarah. Ses compétences, sa bonne humeur, son
rire illumineront notre découverte de l’histoire pharaonique de l’Egypte.
La première page de notre carnet de voyage s’ouvre à Karnak, lieu où, pendant des siècles,
les grands pharaons bâtisseurs se sont succédés et n’ont cessé d’embellir le site. "Le plus
merveilleux amas de ruines que l'on puisse voir" écrivait l'égyptologue Auguste Mariette.
Avant tout il faut savoir que le temple est la demeure du Dieu et que toute son architecture
concourt à ce rôle précis. C'est une véritable forteresse, bâtie sur une terre sacrée, chargée
de protéger le Dieu. Pour le servir, tâche lourde, Pharaon est assisté d'une multitude de
prêtres dévoués. C'est aussi un lieu d'offrandes, de cérémonies, de processions, réservé aux
rois et aux prêtres. Véritable parcours initiatique.
L'ascension vers la divinité, se fait progressivement. Une série de cours et de salles mènent au
sanctuaire, le Naos, petite salle sombre qui protège la statue du Dieu. Le trajet évolue de la
grande lumière vers l'obscurité, du spacieux vers l'étroit.
Un temple est un livre ouvert, rempli de symboles, d'histoires, de magie.
Les pharaons se succèdent et ajoutent des colonnes, des obélisques, des salles, des
fresques…pour associer leur règne à la gloire de Dieu. Ils préparent leur « voyage et leur vie
dans l’au-delà ». Parfois, ils détruisent ce que leurs prédécesseurs ont bâti.
Nous devons dire les temples de Karnak car l’ensemble est constitué de trois enceintes :
- au nord, celle de Montou, Dieu de la guerre représenté avec une tête de faucon, coiffé
du disque solaire et de longues plumes,
- au sud, celle de la déesse Mout , épouse d’Amon, représentée avec un couvre-chef en
forme de vautour et la double couronne d’Egypte
au centre le grand temple d’Amon, Dieu suprême que le clergé de Thèbes assimilait
au Dieu solaire Rê. Il est représenté avec une tiare ornée de deux grandes plumes ou
sous forme de bélier.
Nous arrivons sur le site en parcourant un dromos bordé de sphinx à tête de bélier (animal
sacré d’Amon) qui reliait le temple au Nil. Ramsès II (qui fit construire cette allée) est
représenté entre les pattes de chaque bélier.
Ce chemin nous mène au premier pylône : le plus haut et le plus large de l’ensemble. Il ne
porte aucune inscription, aucun décor…. il est inachevé. Les entailles verticales marquent
l’endroit où devaient s’encastrer les mâts des bannières.
Nous suivons un véritable dédale historique et archéologique.
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Dans l'imposante grande cour (seul lieu du temple où les fidèles avaient accès), nous
rencontrons un premier colosse, Ramsès II, une princesse sculptée à ses pieds. Le deuxième
pylône nous projette dans l'imposante salle hypostyle : cent trente-quatre colonnes aux
chapiteaux en forme de papyrus ouverts se dressent, semblant défier les siècles…Quelle
émotion ! Nous nous attardons, émerveillés par ces gravures, ces signes, ces scènes.
Patiemment, Sarah et Michel expliquent et interprètent toute cette symbolique d'offrandes de
Pharaon à Dieu, de préparation du passage de la vie sur terre à l'au delà…
Nous rencontrons les obélisques de Touthmôsis Ier et celui de sa fille Hatchepsout (la reine
pharaon). Nous nous laissons porter par la majesté des lieux qui ont traversé tant d'époques.
Dans une salle consacrée aux victoires du pharaon Thoutmosis III : 52 colonnes soutiennent
un plafond dont les couleurs du ciel étoilé sont merveilleusement conservées. Des inscriptions
coptes et des croix montrent que cette partie du temple a été utilisée comme église.
Deux piliers de granit illustrent les plantes emblématiques de la Haute Egypte, le lotus et de la
Basse Egypte, le papyrus.
Tout près, se trouve le lac sacré : lieu de navigation de la Barque sacrée et lieu de purification
pour les prêtres qui accomplissaient les rituels des cérémonies du temple.
De là, on a une vue de l'ensemble.
Certains, certaines termineront leur visite en tournant sept fois autour de l'imposant scarabée
en granit d'Amenhotep III. Le vœu gardé secrètement se réalisera!!!
Après-midi libre, détente sur le pont, découverte de la petite bijouterie-librairie-bazar,
repérage…des bijoux…
Le soir à 19h20, heure locale, nous participons au rituel de la prise du médicament. Certains
connaissaient déjà… et sont arrivés en avance. Il manquait un échantillon (le Pastis)…absent
des vitrines de Francfort !
Attention, ne mélangeons pas tout : avant la médication, présentation du programme de la
journée suivante. Il en sera ainsi chaque soir ! Michel et notre petite Alizé, nous instruiront
sur les légendes et les rites égyptiens.
Lundi 29 octobre
Réveillés par le doux toquement d’Eliane et après un petit déjeuner copieux, nous nous
rendons au temple d’Edfou. Les calèches nous attendent. Nous montons à quatre avec la
consigne de ne pas oublier le numéro de la calèche et de ne donner le pourboire qu’au retour.
"Ne pas se laisser attendrir : être ferme et ne jamais payer le prix annoncé ! "Difficile
apprentissage des règles égyptiennes."
Certaines roues de calèche ne tournent pas très rond… Les passagers se demandent :
" décrochera, décrochera pas ?" Des chevaux trottent allègrement sur le bitume, d’autres sont
plus poussifs.
Edfou, temple dédié au Dieu Horus, est, après Karnak, le plus grand temple d'Egypte.
Il fut érigé pendant la période ptolémaïque (-237 avant JC) sur l'emplacement d'un temple
plus ancien qui existait sous Touthmôsis III.
Deux statues en granit noir gardent l'entrée. C’est Horus, le Dieu protecteur des pharaons,
représenté par un faucon.
Derrière, se dresse le pylône dont les gravures montrent Pharaon sacrifiant des captifs à
Horus.
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Cette forteresse sacrée, si bien conservée, met en évidence la frontière qu'il existe entre le
monde profane (le monde des hommes) et le monde sacré des Dieux ou seuls les prêtres et les
rois avaient accès.
Le temple est couvert, la lumière décroît au fur et à mesure de notre progression et… tout au
fond du sanctuaire c'est la découverte du lieu magique : le naos en granit noir. Il est précédé
d'un petit socle sur lequel reposait la barque sacrée.
En sortant, nous découvrons le "Mammisi» : chambre de la naissance.
Nous quittons ce temple, imprégnés de l'atmosphère sacrée, enrichis par la "lecture expliquée"
de ces reliefs sur murs et piliers.
Au retour, les passagers d’une calèche se retrouvent face à un enterrement : les hommes
occupent l’avenue avec le cercueil en tête du cortège et, dans une contre-allée, les femmes
défilent, vêtues de noir et voilées. Tout à coup, le cocher arrête sa monture et court rejoindre
les porteurs de cercueil. Il fait le tour (du cercueil) puis revient « piloter » la calèche. Ouf !
Aucun passager ne montrait des compétences de cocher.
L'après-midi, en attendant le passage de l'écluse d'Esna, la fièvre "achteuse" s'empare des
passagers. Notre bateau est cerné de marchands, sur des barques. Des négociations bruyantes
et sévères s'engagent, les paquets volent de bas en haut et de haut en bas, c'est la frénésie des
échanges : quelques euros contre nappes, djellaba, serviettes…Images et bruits inoubliables !
Après le thé, découverte du temple de Kom Ombo situé sur une colline dominant le Nil.
Ce temple Ptolémaïque est double, constitué par deux temples accolés. Celui de gauche est
dédié à Haroeris (Horus l'aîné, Dieu à tête de faucon) et celui de droite à Sobeck le crocodile.
L'ensemble est bâti sur deux axes parallèles. A chaque Dieu son entrée, ses couloirs, son
sanctuaire. La mise en commun des cours et de certaines salles montre que les cultes n'étaient
pas toujours séparés.
Les murs, les colonnes, les couloirs, les plafonds, les enceintes sont couverts de gravures, de
couleurs…Mise en scène des divinités et des pharaons.
Nous lisons un calendrier égyptien avec les jours et les mois. Il existait trois saisons calquées
sur la culture : celle de l'inondation, celle des semailles et celle de la récolte.
Sur un des murs du temple d'Haroeris, Dieu guérisseur, un tableau affiche la richesse et la
diversité des instruments médicaux de l’époque : ciseaux, scalpels, spatules, ventouses,
forceps…très forts ces Egyptiens ! Tout cela s'est perdu dans le temps !
Des crocodiles momifiés se prélassent dans le sanctuaire du temple de Sobeck.
A l'extérieur nos regards plongent dans le nilomètre qui servait à mesurer le niveau du Nil.
Celui-ci permettait de déterminer les impôts à payer.
La nuit s'est installée sur Kom Ombo, la lumière joue avec les pierres : ambiance émouvante.
Retour au bateau…soirée orientale. Jacqueline nous éblouit tous.
Mardi 3O octobre
Départ pour Philae, la perle de l'Egypte, en bus puis en bateau à moteur.
Du Nil, nous découvrons l'île sacrée de la déesse Isis.
A l'origine, le temple d'Isis, édifié à l'époque ptolémaïque, se trouvait sur l'île de Philae.
Submergé partiellement lors de la construction du premier barrage, il fut sauvé par
l'UNESCO. La construction du haut barrage l'aurait totalement immergé. Démonté, transporté
bloc par bloc il fut reconstruit sur l'île d'Algikya.
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Chaque année de grandes fêtes honoraient Isis. A la fois femme, épouse d’Osiris (son frère),
mère universelle, elle répondait aux questions de la vie, de la mort, de la résurrection. C'est
l'image de la magie, de la tendresse, de la fidélité.
Seth assassina Osiris et le découpa en 14 morceaux qu'il dissémina dans toute l’Egypte.
Isis ne retrouva que 13 morceaux et constitua la première momie.
C'est à Philae qu’Isis découvrit le cœur de son époux : elle y resta pour le pleurer. Quant à la
14ème partie du corps non retrouvée….Le mystère plane…
L'entrée est dominée par le premier pylône sur lequel des scènes représentent Ptolémée XII
massacrant ses ennemis en présence d'Isis, d’Horus et d’Hathor.
Ensuite s'élève le Mammisi constitué d'un portique à colonnes hathoriques (visage de femme
avec des oreilles de vache). On y célébrait le rituel de la naissance du fils de la déesse et
d’Osiris : Horus.
Sur le second pylône Pharaon fait des offrandes aux divinités. Ensuite nos suivons le chemin
du temple, allant des grandes salles lumineuses vers le sombre naos.
Nous remarquons des graffitis datant de l'époque napoléonienne.
Nous nous arrêtons devant une reproduction de la pierre de Rosette qui permit à Champollion
de déchiffrer les hiéroglyphes.
Près du temple d'Isis se dressent le temple d'Athor, la porte d'Hadrien et le kiosque de Trajan
qui servait de reposoir à la barque d'Isis, lors des cérémonies.
Nous quittons Isis qui allaite, Isis qui étend ses ailes pour protéger, Isis la fidèle amoureuse,
habités par toutes ces histoires !
Bateau, car, puis visite moins poétique d'une carrière de granit.
Les pierres des temples, des obélisques, des statues, des pyramides provenaient des carrières
de granit d'Assouan. Le Nil était le moyen de transport qui les acheminait sur les lieux de
construction.
On fichait des coins de bois dans des entailles espacées régulièrement. Le bois mouillé
gonflait et cassait la pierre dans la direction voulue. On obtenait ainsi des blocs aux surfaces
prêtes au polissage.
Nous marchons le long de "l'obélisque inachevé" encore soudé à la roche. Il mesure 41
mètres. Commandé par la reine Hatchepsout, il ne sera jamais érigé car des fissures
apparurent en plusieurs endroits.
Impressionnant obélisque couché ! Difficile d'imaginer le transport dans ce désert de pierre !
Le Haut Barrage : une œuvre pharaonique plus récente
Pendant des millénaires, l'Egypte a vécu au rythme des crues du Nil, mais parfois celles-ci
étaient insuffisantes et le manque d'eau laissait réservoirs et citernes vides.
Le premier barrage d’Assouan : construit au début du XXème siècle par les britanniques
servait à réguler le cours du Nil et devait donner davantage de terres irriguées aux paysans.
Il devint vite inefficace.
Le président Egyptien, Nasser, avec l'aide de l'URSS, fit construire le haut Barrage qui fut
achevé en 1971. La construction dura 11 ans. Il mesure quatre kilomètres de long et s'élève à
111mètres. Ce monument aux dimensions pharaoniques a permis d'augmenter l'espace des
terres cultivables, d'alimenter le pays en électricité et en eau courante.
Hélas, les cultivateurs utilisent des engrais chimiques car les terres, n’étant plus fertilisées par
le limon, s'appauvrissent. De plus, des eaux stagnantes favorisent l'apparition de maladies
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parasitaires comme la bilharziose. La modification des berges provoque des déséquilibres
écologiques. A l'embouchure, les aires de pêche s'appauvrissent et des remontées de sel
stérilisent des terres autrefois productives.
Les eaux retenues par la digue ont formé le lac Nasser, long de 500 km. Ce gigantesque lac
artificiel a immergé les villages des nubiens qui ont été déplacés vers la haute Egypte.
A l'instigation de l'UNESCO, certains sites de la Nubie, comme Abou Simbel et Philae, ont
été déplacés. D'autres ont été offerts à des pays généreux et plusieurs ont disparu à tout
jamais, sous les eaux.
Néanmoins, les égyptiens restent très fiers de leur barrage qui symbolise l'indépendance de
l'Egypte. Une fleur de lotus, monument dédié à la coopération et à l'amitié égypto-soviétique,
accueille les visiteurs.
Les instructions claires et précises du soir nous incitent à nous coucher tôt.
Mercredi 31 octobre
Trois heures du matin : étrange défilé de voyageurs qui se dirigent, les yeux mi-clos, un
oreiller sous le bras, vers un mini-car. Trois heures de route : silence, repos, sommeil jusqu'à
Abou Simbel.
Le lever matinal était justifié : nous avons devant nous l'original de nos livres d’histoire !
Impressionnant testament de pierre laissé par Ramsès II (-13O4-1213).
Ce temple qui le glorifie et le divinise est aussi dédié à Amon-Rê (le soleil), à Rê-Horakhty et
à Ptah.
C'est le site de la démesure !
Quatre immenses colosses (20m) assis représentant Ramsès portant barbiche postiche, nemès
et pschent, ornent la façade et regardent le lac Nasser, un sourire doux et énigmatique aux
lèvres. Sa mère, ses filles, sa femme, de taille réduite, semblent se blottir contre ses jambes
immenses. C'est le Pharaon protecteur.
Sur des bas reliefs figurent
des colonnes de captifs enchaînés par un lien floral
la scène de "la réunion des Deux Terres où deux divinités lient ensemble le lys et le
papyrus, symbolisant l'union de la Haute et de la Basse Egypte.
la scène du mariage de Ramsès avec une princesse hittite.
Le colosse situé à gauche de la porte s'est effondré, suite à un séisme ayant eu lieu du vivant
de Ramsès. Au dessus du portail, une niche abrite une statue de Rê-Horakhty (tête de faucon
portant le disque solaire).
Le tout est surmonté d'une corniche sculptée qui représente des babouins levant les mains en
signe d'adoration.
Ce temple dédié à Ramsès, raconte des moments héroïques de sa vie.
Dans la première salle à piliers, les statues le représentent, torse et jambes nues, vêtu du
pagne, bras croisés tenant le sceptre et le fléau.
Des fresques gravées sur les murs intérieurs nous montrent un Pharaon guerrier. Le récit de la
bataille de Qadesh prédomine : le roi a mis fin aux invasions des Hittites.
La deuxième salle est ornée de scènes religieuses, de scènes d'offrandes à des divinités.
Le soleil lui-même participe à la puissance du Roi. Deux jours par an, le 20 février et le 20
octobre, ses rayons traversent le temple jusqu'au sanctuaire, caressant une à une les statues
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assises de Rê-Horakhty, Ramsès et d'Amon-Rê. Seul, Ptah gardien des ténèbres, tout à
gauche, demeure dans l'obscurité. Le Roi figure parmi des divinités. Tout nous dit que
Ramsès est Dieu !
Nous quittons ce site grandiose, sachant que ces images resteront gravées à tout jamais dans
nos mémoires.
Ramsès fit aussi construire, près de son chef d'œuvre, un temple dédié à son grand amour : sa
femme Néfertari. C'est la seule épouse de Pharaon, qui eut droit à cet honneur.
Certes, ce temple est plus petit mais plus fin et tellement séduisant. Sur la façade, six
sculptures debout (10m) représentent, en alternance le grand Roi et sa bien-aimée avec leurs
enfants à leurs pieds. La reine est représentée en Hathor. Toutes les statues ont la même taille.
A l'intérieur, une grande salle à piliers hathoriques est couverte de représentations du couple
royal en compagnie des divinités.
Nefertari était une habile négociatrice dont Ramsès écouta les conseils avisés.
Menacés d'être submergés par la construction du haut barrage d'Assouan, ces deux temples
creusés dans la montagne, ont été découpés, bloc par bloc et remontés 64 mètres au dessus de
leur emplacement primitif.
On doit cet extraordinaire sauvetage à la campagne menée par l'UNESCO.
Trois heures de route, retour sur le bateau.
Avant de déjeuner, un petit groupe part avec Michel dans Assouan. Un jeune garçon nous
guide vers le souk. Marche calme dans les ruelles, pas d’appareil photos, respect. La poussière
est omniprésente. Les habitants balaient l’intérieur de leur maison et jettent les saletés à
l’extérieur. Ambiance bon enfant, achat de délicieux mini citrons et du fameux carcadet
(mélange de pétales de lotus et de pétales de roses séchés) : infusion pour lutter contre
l’hypertension.
L'après-midi, un bateau à moteur puis un 4X4 nous transportent dans un village nubien.
Sarah nous introduit dans une famille où une femme veuve a élevé 8 enfants.
Un goûter nous attend : morceaux de pain et de galette à tremper dans du fromage de chèvre
(extrêmement salé et liquide), de la mélasse et autres spécialités. Nous visitons les lieux
propres et coquets qui comportent, entre autres, une cuisine et un four en terre. De la terrasse,
nous surplombons le village où dominent le minaret, le bleu des façades…et les antennes de
télévision. Les maisons toutes collées les unes aux autres, les rues étroites, permettent
d'obtenir un maximum de fraîcheur.
L'école était vide mais les enfants sont revenus pour nous. Dirigés par une fillette, ils ont fait
une démonstration très tonique de lecture. La participation fut générale ! Est-ce toujours
ainsi ?
Nous les quittons, ravis et grimpons lestement sur les plateaux des 4X4. Le bateau nous attend
pour une promenade sur le Nil, dans les cataractes.
Nous louvoyons paisiblement entre les îlots formés de rochers polis par l'érosion. Les voiles
triangulaires des felouques animent le Nil.
La rive ouest, désertique, abrite le mausolée de l'Aga Kan, le monastère Saint Siméon, des
tombes creusées dans les collines.
Nous contournons l'île Eléphantine, qui abritait Hapi le dieu du Nil, et découvrons l'hôtel
Cataracte où Monsieur Mitterrand venait séjourner de temps à autres. Notre promenade est
fleurie par les blanches aigrettes et égayée par les chants français d'enfants souriants,
embarqués sur des mini-bateaux (environ un mètre de long).
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Fatigués, nous nous imprégnons des paysages et nous nous laissons bercer par le bruit du
moteur.
Nous refaisons cette balade en felouque, quelques jours plus tard, repérant les lieux déjà
découverts et profitant d'un magnifique coucher de soleil.
La journée n'est pas finie ! Il reste le «Son et lumière à Philae".
Assis sur l'esplanade qui fait face au temple et au kiosque romain, nous nous sommes laissés
guider par les couleurs, les lumières, les voix émouvantes d’acteurs français comme Suzanne
Flon, racontant l'histoire d'Isis et d'Osiris
Ces dialogues qui respectent les lieux, les rites, la mémoire nourrissent notre imaginaire.
Jeudi 1er novembre : journée complète de navigation : Assouan, Louxor
Grasse matinée, on prend le temps, farniente dans les cabines, sur le pont, piscine, boissons
fraîches, visites nombreuses chez le petit bijoutier qui a sûrement fait des affaires ce jour- là.
Sur le pont, notre attention est happée par les paysages. Les animaux, la population, la nature,
la campagne égyptienne défilent. Le Nil, une bande de végétation, le désert…et nous. Le
bonheur !
Mais il faut passer à l'épreuve de l'écriture des cartes postales. La concentration est difficile.
Merci Jean-Marc de nous avoir spontanément fait profiter de tes textes variés : Denise les
dicte avec patience… et rires. Quant aux retardataires, ils s'engagent dans une épreuve de
copie sans faute pendant que certains commentent (ceux qui n'écrivent pas)…C'est le
partage !
Un vent doux et léger nous caresse. Nous nous laissons porter, glisser !
Vendredi 2 novembre
Dans des calèches pour deux passagers, nous entamons la journée par la visite de la ville de
Louxor. Nous nous arrêtons devant le dromos de sphinx qui relie le temple de Karnak à celui
de Louxor. Nous traversons les champs de maïs, de canne à sucre, de cultures maraîchères,
irrigués par l'eau du Nil. C’est un Louxor où la richesse et l'hygiène ne sont pas de mise.
Nous faisons une halte dans une église copte construite dans le style oriental en 1936,
agrandie en 1998. Chaque jour une messe durant entre trois et quatre heures est dite soit en
égyptien, soit en copte.
L'église finance une crèche, une garderie, une école primaire, des activités attirant les
jeunes… Elle accueille les orthodoxes, les catholiques et les musulmans. Toutes ces activités
sont offertes gratuitement à tous, sans distinction de religion.
Deux enfants entonnent un chant en langue copte.
Nous faisons la connaissance d'une religieuse mexicaine : sœur Hélène. Elle vit dans cette
communauté depuis 35 ans.
Les religieuses apprennent l'autonomie aux femmes encore très soumises. Elles les initient au
travail manuel et mettent en valeur leurs réalisations. Elles dispensent également une
éducation sur le plan social, culturel et sanitaire. Prêtres et religieuses se partagent les tâches.
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Sœur Hélène est infirmière. Elle nous montre la salle de soins. C'est là que, le matin, elle
distribue les doses de médicaments, essaie d'inculquer des règles de prévention, d'hygiène.
Les gens viennent souvent dans des états graves. Ils sont pauvres, 6O% de la population est
analphabète.
L'après-midi est consacré aux visites des malades, à l'extérieur du dispensaire. L'objectif est
de sortir les gens des coutumes, de la misère, par l'éducation. L'église finance les médecins
qui assistent les femmes lors de l'accouchement. Les maladies les plus fréquentes touchent les
yeux, la gorge, les oreilles. De nombreux malades souffrent de problèmes de reins dus à l'eau
du Nil. Les fonds de fonctionnement proviennent des dons des visiteurs et de la vente des
travaux effectués par les femmes.
Nous promettons tous de laisser les médicaments restants à la fin du séjour et avec émotion,
offrons une petite obole.
Quand on pense que Louxor était la ville la plus riche !
Au retour, nous ne nous arrêtons pas dans le souk où viandes et poissons, souvent au ras du
sol, attendent le client. Les tissus, les fruits, les légumes, les épices offrent un mélange
d'odeurs et de couleurs dignes de la palette d'un peintre.
C'est vendredi, le chant du muezzin résonne, les égyptiens flânent, taxis et calèches
encombrent les rues.
Anne-Marie vivra, ce jour-là, une grande peur : une roue de sa calèche s'est "évadée".
La fin de l’après-midi est consacrée à la visite du temple de Louxor qui se dresse au cœur de
la ville. Elevé sous Aménophis III (14 siècles avant JC) et Ramsès II (13ème avant J.C), il était
appelé par les Egyptiens "le harem méridional d'Amon".
Louxor ne servait qu'une fois l'an, lorsque les statues des Dieux Thébains (Amon, sa femme
Mout et leur fils Khonsou) étaient sorties du temple de Karnak, pour célébrer l'OPET. (Fête
du nouvel an)
Le cortège empruntait le dromos, voie triomphale bordée de sphinx à tête humaine avant de
pénétrer dans le temple.
Les derniers rayons du soleil couchant illuminent, à gauche, l'obélisque de 23 m, qui a perdu
son jumeau en 1 833.
Puis deux colosses assis (Ramsès), portant la double couronne, encadrent l'entrée. L'immense
pylône élevé par Ramsès est décoré de scènes de la bataille de Qadesh.
La vaste cour est dominée, sur sa partie orientale, par le minaret d'une mosquée portée par des
colonnes papyriformes millénaires. Cette mosquée fut construite alors que le temple était
ensablé.
Sur les murs, les scènes nous instruisent sur le déroulement de la fête d'Opet, sur le parcours
de la procession de Karnak à Louxor et le retour à Karnak. Les gravures nous permettent
d'imaginer le voyage des barques des Dieux, les rituels des prêtres portant les divins étendards
et les offrandes, les dignitaires et le peuple qui pouvait, à ce moment là, voir les statues de
Dieux Amon et Mout.
Les deux barques étaient déposées dans le sanctuaire. Les Dieux résidaient dans leur demeure
de Louxor 24 jours et 24 nuits. De leur union naissait leur fils divin Khonsou.
L'obélisque parisien offert par Mohamed Ali, doit se sentir bien seul au milieu de la place de
la Concorde !
Samedi 3 novembre
Nous quittons le monde des vivants pour le monde des morts en abordant la rive ouest du Nil.
Un petit train nous mène au pied de la célèbre vallée des rois.
Dans un paysage désolé nous localisons les ouvertures marquant l'entrée des tombes.
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Chaque souverain de l'ancienne Egypte entreprenait, dès son avènement, la construction d'une
tombe qui lui garantissait la vie éternelle après la mort.
Pendant plus de 25OO ans, les souverains étaient inhumés dans des pyramides. A partir de
1580 avant JC, ils ont placé leurs tombes dans le monde souterrain de la Vallée des Rois, afin
de les préserver des pilleurs. Elles étaient remplies par les biens terrestres du Pharaon, de
richesses colossales, afin que rien ne lui manque dans l'au-delà. Ces sépultures soigneusement
cachées ont toutefois été pillées à l'exception du fameux tombeau de Toutankhamon.
Heureusement pour nous, les pilleurs n'ont pu emporter les représentations laissées sur les
murs !
Nous visitons trois tombes dont les parois sont couvertes de scènes ésotériques, très codifiées,
tirées des livres sacrés. Ceux-ci sont des guides du voyage dans l'au-delà. Ils avertissent les
morts, des dangers, des obstacles et leur donnent des formules magiques pour les protéger.
Pendant 70 jours, durée de la momification le double et l'esprit du mort sont perdus dans les
dédales du « voyage ».
Il faut un expert comme Michel pour nous permettre de décoder ce périple qui assure la vie
éternelle au défunt, embarqué sur sa barque solaire. Il est avalé par la Déesse Mout et va
traverser les douze portes de l'au-delà. Accompagné de divinités, il doit surmonter de
nombreuses épreuves. Il affronte les monstres comme le serpent Apophis qui tente
quotidiennement de faire échouer la barque solaire.
Pas facile le passage !
La tombe de Ramsès I (1320-1318 avant J.C).
C'est sans doute la plus petite tombe de la vallée des Rois car Ramsès 1er ne régna que deux
ans.
Située au bas d'un grand escalier, elle possède des peintures murales très colorées. Nous
sommes surpris par la taille de la salle et par le sarcophage en granit rouge qui en occupe une
grande partie.
Le déroulement des scènes donnent une idée de la progression du roi défunt dans son voyage
vers l'au-delà. Sur la paroi du fond, Osiris (Dieu de l'au-delà) et Rê -Khépri (à tête de
scarabée), assis sur des trônes identiques voient paraître Ramsès représenté trois fois sur ce
panneau.
Puisse le temps conserver la qualité des peintures et des couleurs !
La tombe de Ramses III est une longue sépulture de 125m dont les parois sont protégées par
des vitres. On y retrouve des scènes tirées des livres funéraires.
La tombe de Ramsès IV
Un large couloir couvert de hiéroglyphes mène à la chambre funéraire, occupée par un
sarcophage en forme de cartouche. Cette salle comporte des scènes et des textes du livre des
portes. Le plafond est décoré de scènes astronomiques. La déesse du ciel, Nout, avale le
soleil. Une fosse contenant un serpent aux multiples anneaux, est flanquée de douze déesses
personnifiant les douze heures de la nuit.
Retour en petit train. Ne perdons pas de temps et partons pour la vallée des nobles.
Au fond de grottes creusées dans la colline, fut inhumée l'élite de la société : des prêtres, des
notables, des scribes, des hauts fonctionnaires. Ces tombes, bien différentes de celles des
pharaons ont été longtemps utilisées par les paysans comme logements, étables ou entrepôts.
Quand la communauté scientifique a découvert l'intérêt des lieux, de nombreuses tombes ont
été scellées et les paysans relogés dans un village à quelques kilomètres.
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Nous pénétrons dans la tombe de Ramose qui occupait la charge de Vizir d'Aménophis III,
puis de son fils Akhenaton (Aménophis IV).
Des " maîtres sculpteurs" ont gravé des bas-reliefs d'une extrême finesse. Ramose figure
parmi ses convives lors d'un banquet. Corps galbés, yeux délicatement soulignés de noir,
perruques et cheveux sont de véritables œuvres d'art.
Dans une scène de funérailles, des pleureuses tendent leurs bras vers le registre supérieur où
sont représentés le catafalque contenant le sarcophage et la procession accompagnant le
défunt. Certaines sont agenouillées sur le sol. Les serviteurs transportent le mobilier funéraire,
Cette scène a été exécutée en peinture et non en relief.
Une autre tombe nous offre des scènes de banquets égayés de musiciens et de danseuses ainsi
que des fresques précises et précieuses sur la vie quotidienne : fêtes, pêches, chasses,
cultures…
Nous replongeons dans l’univers des Rois avec l'impressionnant temple funéraire de Medinet
Habou. Celui-ci a l'aspect d'une forteresse. Ramsès III y célèbre ses victoires sur les
envahisseurs. Les pylônes encadrent une curieuse porte, un migdol (architecture d'inspiration
palestinienne).Les murs comportent des représentations qui retracent les victoires remportées
par le pharaon au cours des guerres contre les "peuples de la mer". C'est là que se trouve le
seul exemple de relief montrant une bataille navale. Les scènes montrant, le roi sacrifiant des
captifs, des prisonniers mis à mort, des batailles, surprennent parfois par leur violence.
Mais…une procession de princes et de princesses, l'image de Ramsès accompagné de
divinités apportent douceur et paix !
Et…vous rappelez-vous mesdames, le Dieu "générateur" Minh ! Vous l'avez encore
photographié !
Le temple semble intact et donne le sentiment de remonter le temps en flânant à travers les
pièces où les peintures ont gardé, en grande partie, leurs couleurs. Certains reliefs sont très
creusés.
Il est dit que les scènes martiales ne se rapportent pas toutes aux exploits de Ramsès III. Ce
serait des copies de batailles antérieures à son règne.
C’est dans ce temple que furent trouvées les premières toilettes turques de l'histoire (25
siècles avant JC) !
Deir el Bahari
Nous ne visitons pas le Temple d’Hatchepsout surnommé « le sublime des sublimes», mais
nous pouvons l'admirer de loin. Son concepteur, Senmout, favori de la reine pharaon
Hatchepsout, a connu la consécration en adossant ce temple aux falaises qui s'élèvent au fond
de la vallée. Il comporte trois vastes terrasses en gradins reliées par des rampes.
A la mort d'Hatchepsout, son neveu Thoutmosis III a fait marteler la plupart des bas reliefs
représentant la reine.
Nous ne pouvons partir sans saluer les colosses de Memnon qui veillent sur l'immense
nécropole thébaine... Ils semblent bien seuls, ces vestiges du temple funéraire d'Aménophis III
dont il ne reste rien. Monolithes de quartzite, hauts de 18 mètres, ils représentent le roi assis
sur son trône, avec de part et d'autre de ses jambes, les statues de sa mère Moutemouia et de
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sa femme Tiyi. Les symboles de l'union de la Haute et de la Basse Egypte figurent sur les
trônes.
La célébrité de ces colosses grandit lorsque l'un d'eux, fissuré par un tremblement de terre, se
mit à gémir sous l'effet du vent. Restauré, le colosse chantant fut réduit au silence.
Arrêt dans un atelier de tailleurs de pierres, d'albâtre, présentation des techniques de taille. On
ne peut évidemment pas résister ! Encore des acquisitions plus ou moins volumineuses !
Retour au bateau. Il faut vite répertorier les photos afin de ne pas "confusionner » !
N'oublions pas la séance "bagages", car ce soir nous quittons notre vaisseau. Les regrets
pointent, les mines sont tristounettes et inquiètes : comment faire rentrer tous les achats dans
les valises ?
Nous avons la chance de garder nos chambres assez tard dans la soirée. Que du bonheur sur
ce bateau !
Malheureusement, nous quittons nos amis toulousains…Tristesse !
Douches, chambres abandonnées, flâneries sur le pont, dans les salons, repas, attente…
Nostalgie du départ. Doses homéopathiques de médicament ce soir !
23 heures : départ pour la gare. Attente sur le quai. Inquiétude en voyant la foule amassée sur
le quai et l'état de certains trains.
Mise en place joyeuse et bruyante dans les compartiments relativement confortables et
propres. Tous les bagages ont suivi, ouf ! La fatigue se fait sentir. Quelques rires, quelques
photos encore pour immortaliser ce grand moment et les portes se ferment.
Excellente nuit pour tous. Vers 8 heures, petit déjeuner, découverte des paysages (non
touristiques) le long de la voie ferrée nous menant au Caire. La vitre n'est pas très claire, les
abords non plus…
Un mini bus nous attend, les bagages sont chargés et notre dimanche à la découverte des
pyramides commence.
Entre 263O et 1649 avant JC, les rois d’Egypte construisent des tombeaux en forme de
pyramides. Ces monuments marquent le symbole du Roi s'élevant vers le royaume du Dieu
Soleil.
Nous débuterons par le site de Dachour avec les deux pyramides bâties par Snéfrou (2600
avant JC), le père de Kheops.
La plus insolite est la pyramide rhomboïdale qui doit sa forme étonnante au fait qu'à
un peu plus de la moitié, l'inclinaison des faces passe de 50 à 43 degrés. Autre détail : elle
possède deux entrées qui mènent chacune à une chambre funéraire. Elle a conservé une partie
de son revêtement en calcaire.
"La pyramide rouge" à cause de la couleur de ses pierres, est la première pyramide
parfaite : sa base est deux fois plus large que sa hauteur.
C'est sans doute celle-ci que Séfrou a choisi comme sépulture.
Dans ce paysage désertique, on se sent bien petit ! Sarah signale que certains monticules
pointus sont d'anciennes pyramides. Encore du travail pour les égyptologues !
Non loin, Saqqara, la plus grande et la plus ancienne nécropole d'Egypte.
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Avant de nous laisser explorer ce site immense, notre guide oriente nos découvertes, nous
transporte dans le temps.
Jean-Marc "plane» : il a abusé du sirop antitussif…
On pénètre dans l'enceinte par une porte étroite qui nous mène à une allée bordée de colonnes
représentant des tiges de papyrus liées.
Pendant plus de deux millénaires, cet immense champ de sépultures fut la demeure finale des
rois, de leurs épouses, des notables et des animaux sacrés. La pyramide à degrés, tombeau de
Djoser est passée du grand mastaba d'origine à une superposition de mastabas qui lui ont
donné ses six degrés. Cette merveille, au centre d'une vaste enceinte rectangulaire a été
conçue par Imhotep, architecte, vizir et médecin de grand talent. Sur l'esplanade, on peut voir
les vestiges de la" maison du sud" où pharaon se reposait quand il courait pour montrer sa
vaillance pendant la fête de Sed. En faisant le tour de la pyramide, on aboutit au temple
funéraire. Par un judas on aperçoit une réplique de la statue de Djoser dont l'original se trouve
au musée du Caire. Une marche dans ce vaste espace, nous permet de nous imprégner de
l'atmosphère, de nous laisser surprendre par une colonne, un mur, un puit, un dromadaire, un
âne…
Tournons la page et passons à l'ombre du mastaba de Ptah-Hotep, un haut fonctionnaire de
l'état.
"Les mastabas étaient les tombes des nobles et des dignitaires, construites à l'image de la maison que le défunt
avait occupé durant sa vie. "
Des bas-reliefs finement gravés sont regroupés dans une salle.
Véritable livre qui nous instruit sur les aspects de la vie quotidienne de l'Ancienne Egypte :
- voyage de bateliers qui rament avec l'élégance de danseurs,
- fabrication de cordes, construction de bateaux,
- chasse et pêche, pressage du raisin, joutes…
- des chiens, des bœufs, des veaux, des canards, des oiseaux, des animaux sauvages…
Le maître, assis reçoit des offrandes. Debout, il observe le bétail.
Les couleurs sont éclatantes, d'une étonnante fraîcheur.
Sous le charme de ces scènes variées truffées de détails, nous nous mettons en route pour le
plateau de Gizeh : grande nécropole du Caire qui doit sa célébrité aux pyramides et au
Sphinx.
L'émotion monte au fur et à mesure que nous approchons.
Nous nous sentons infiniment petits devant ces «Monuments» qui défient le temps. Chaque
pyramide est disposée de façon à ce qu'aucune ne cache le soleil aux deux autres.
Construction impressionnante, la pyramide n'était pas le seul élément du complexe funéraire
du pharaon. Un temple au bord du Nil était relié à un autre temple au pied de la pyramide.
Kheops, fils de Snefrou fut un roi de La IVème dynastie.
Sa pyramide construite vers 255O avant J.C, reste la dernière des Sept Merveilles du monde
antique. C'est la plus grande, avec ses 137m de hauteur, 146 à l'origine. Elle a perdu sa pointe
et son revêtement de calcaire qui rendait ses parois lisses. Ses parements blancs et sa pointe
habillée d'électrum, devaient la rendre visible de loin.
L'entrée est au nord. Les quatre côtés correspondent aux points cardinaux.
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Tout près, un bâtiment moderne abrite le musée de la barque solaire. En cèdre du Liban, elle
mesure 43m de long et 6m de largeur au milieu.
La pyramide de Chéphren (fils de Khéops) est la seule à avoir encore son revêtement lisse
au sommet. Bien que plus petite que celle de Khéops, son sommet a la même hauteur car elle
a été construite sur un niveau plus élevé. Elle possède deux entrées qui correspondent à deux
chambres funéraires. Le temple construit sur le flanc Est était relié au temple de la vallée par
une route dont l'entrée est gardée par le Sphinx.
Enfin, la plus petite des trois, Mykérinos (petit fils de Khéops), mesure à peine 66m de haut.
Un revêtement de granit rose subsiste à sa base. L'intérieur est inachevé.
Trois pyramides satellites destinées aux épouses du pharaon lui font face.
Promenade à pied, photos, puis révérence au célèbre Sphinx.
Ce lion couché à tête humaine (74 m de long et 20 m de haut) est la représentation
symbolique du roi Kephren. Taillé directement dans le roc, il fait face au soleil levant.
Il défend l'entrée de la sépulture royale. Sa tête coiffée d'un némès, avec l'uraeus au front et la
barbe postiche (détachée) au menton a considérablement souffert au fil des siècles…l'érosion
et les coups de canon des Mamelouks. Les anglais exposent son nez (2m), tombé à terre, au
British Museum. Rendez-lui son nez, s'il vous plait, messieurs les anglais !
Entre ses pattes, une table de Thoutmosis IV. Lors d'un songe, le Sphinx le supplia de le
désensabler, ce qu'il fit faire bien sûr !
Quelques photos encore pour prouver "que nous y étions".
Au retour, le car fait une halte dans l’une des nombreuses "Carpet school".Des jeunes, enfants
et adolescents, apprennent à tisser des tapis. Ils travaillent à une vitesse impressionnante. Le
produit de la vente leur permet de suivre un enseignement général.
Le premier étage de ce vaste bâtiment sert d'entrepôt et d'exposition aux réalisations variées
en tailles, en matières et en prix.
Nous attendons Jacqueline qui a encore de la place pour un tout petit tapis.
Promenade dans le Caire
Cette mégalopole a une population qui augmente prodigieusement chaque année. Les
quartiers sont surpeuplés. Par manque de logements :
- Les vivants et les morts se côtoient dans la cité des morts. Des milliers de personnes
habitent les tombeaux et les pièces qui, à, l'origine étaient réservées au recueillement
des familles.
- les toits des immeubles, rarement achevés (pour éviter de payer des impôts) sont
aménagés et habités.
Un nuage de poussière et de pollution stagne au dessus de la ville.
Les véhicules circulent de façon désordonnée, le bruit des klaxons se combine au bruit des
moteurs…
Nous montons vers la citadelle d'où nous remarquons de nombreux minarets. La mosquée
Mohamed Ali domine avec un vaste dôme flanqué de demi- dômes.
Nous déjeunons dans un restaurant typique.
La circulation est dense sur les voies "rapides" qui contournent Le Caire.
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Pour rejoindre l'hôtel nous roulons sur des avenues larges bordées d'immeubles et
d'habitations bien différentes de ce que nous avons vu dans les quartiers populaires !
Luxueux, clinquant, l’hôtel Méridien nous accueille pour la dernière nuit …
L'ultime bouteille de médicament a chu et s'est cassée dans un sac à dos. Sacrilège ! Nous
n'avons donc que les "minidoses" réglementaires du bar. De plus, le service et la qualité des
plats ne sont pas des meilleurs ! Nous étions habitués à mieux ! Il faut quand même bien
critiquer, c'était trop parfait !
Le matin, changement de registre… Nous sommes servis avec la classe et la gentillesse que
nous avons connues pendant tout le séjour. Liliane recevra même les excuses du maître
d'hôtel. Il y avait un mariage la veille.
Lundi matin, le temps est limité pour la visite du musée national des antiquités du Caire
créé par Auguste Mariette. Son tombeau se dresse dans le jardin du musée.
Plutôt vieillot avec ses commentaires tapés à la machine, il offre, sur deux étages des
collections rangées par périodes.
Nous commençons par le clou du musée : le trésor de Toutankhamon. Les vitrines modernes
sont de mise. En novembre 1922, Howard Carter découvre la tombe de ce roi qui régna de
1336 à 1327 avant J.C. Des photos prises par Carter affichent le désordre et l'enchevêtrement
des trésors entreposés dans le tombeau. Ebahis par le faste et la quantité impressionnante des
richesses, nous les contemplons sous l’œil averti et les commentaires de Sarah et de Liliane :
- les deux statues placées en vis à vis qui gardaient l'entrée de la sépulture,
- des oushebti : ces figurines humaines qui deviennent les domestiques du mort dans
l'au-delà. Les matières et les tailles sont très variées.
- des trônes dont le plus beau est recouvert d'or,
- des armes très variées : dagues, épées, arcs, flèches, boomerangs… et des boucliers,
- des barques à caractère rituel et d'autres qui servaient à naviguer sur le Nil,
- des cannes, des crosses : certaines ont les extrémités sculptées figurant des captifs,
- des chars : on s'imagine Pharaon, debout, dominant les champs de bataille,
- quatre chapelles funéraires qui s'emboîtaient les unes dans les autres,
- les sarcophages recouverts d'or, de lapis-lazuli et autres matières précieuses. Au pied
de l'un d'eux est gravée l'image de la déesse Isis qui protège le roi de ses ailes.
- des lits funéraires dont les portants ont la forme de divinités
- des chevets qui faisaient usage d'appui-tête,
- des vases, sculptés, dorés, peints, ornés d'incrustations de verre, de pierres précieuses,
- des vases canopes,
Et Anubis, majestueux, sur un coffre surveille ces richesses.
Dans la salle des bijoux, on comprend l'émoi suscité par ces merveilles :
- le masque de Toutankhamon, chef d'œuvre de l'orfèvrerie égyptienne,
- des colliers, des chevalières, des bracelets, des boucles d'oreilles,
- des plaques se portant sur la poitrine, (des poitrails),
- des amulettes placées entre les bandelettes de la momie,
- des doigtiers de mains et de pieds
- des bandes en or qui sanglaient la dépouille,
- des sandales….
- de l'or, de l'or, des matières et des pierres précieuses, des représentations du scarabée,
des vautours des cobras, des divinités…!
Pourquoi cette longue énumération?… Pour le souvenir… et les oublis !
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Nous traversons des salles de sarcophages richement décorés, de tombeaux, de statues, de
colosses, de meubles, d'outils, des modèles réduits, des maquettes en bois peints représentant
des scènes de vie quotidienne,….
Nous ferons plus particulièrement connaissance avec :
- le nain Seneb et sa famille. Par un habile artifice, Seneb est à la hauteur de sa femme
qui l'entoure de ses bras, avec tendresse, ses enfants à ses pieds.
- le couple Rahotep et son épouse Nephret : l'état de conservation est remarquable, les
yeux incrustés de cristal de roche sont d'une extrême vivacité, étonnants de réalisme !
- les triades de Mykérinos (3) : le roi est entouré de deux divinités.
- un colosse : le pharaon Aménophis IV appelé aussi Akenaton (1350-1333 avant JC).
Ses formes sont moins harmonieuses que celles des statues vues jusqu'à présent : le
monde est représenté tel qu'il est, tout simplement. Il impose à ses sujets un dieu
unique Aton. Il fit marteler les noms des dieux traditionnels sur des monuments
anciens.
- la célèbre Néfertiti exhibe sa jolie tête au port altier. Elle partagea la vie d'Akhenaton.
- les six oies colorées, de Meidoum sur un fragment de fresque provenant d'un mastaba
(de Meidoum)
Et…, et…... et…………
Ces quelques heures dans le musée sont insuffisantes. Certains se promettent de revenir plus
longtemps au Caire !
En sortant, nous retrouvons notre mini-car parmi d'autres cars qui attendent avec le moteur en
marche. Quelle odeur ! Nous arrivons encore à marchander une quantité impressionnante de
faux papyrus !
Nous raccompagnons Sarah à l'hôtel, lui donnons les médicaments et autres produits utiles
pour le dispensaire...
Nous lui adressons nos remerciements et lui exprimons notre satisfaction. En riant, elle nous
confie que le groupe est particulièrement sympathique!!!
Nous nous retrouvons dans la circulation intense du Caire. Il faut rejoindre l'aéroport pour le
vol LH583 à destination de Francfort.
Notre séjour s'achève sur cette terre d'Egypte. Nous repartons enrichis…par les images
accumulées, les connaissances acquises, le désir d’en savoir plus et par les liens qui se sont
créés dans le groupe.
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