« Racontez-nous la Seine », une action menée dans les Hauts
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« Racontez-nous la Seine », une action menée dans les Hauts
« Racontez-nous la Seine », une action menée dans les Hauts-de-Seine Christiane Clairon-Lenfant, DRAC Île-de-France, et Françoise Perrachon, association Relief (Extrait des Actes du colloque de Lyon, 1er et 2 juin 2005) GENÈSE ET OBJECTIFS DU PROJET Le projet a été initié en avril 2000 par la DRAC Île-de-France et les services des archives des villes de la Boucle des Hauts-de-Seine : Asnières, Clichy, Colombes, Gennevilliers, Villeneuve-la-Garenne. C’était un projet intercommunal, destiné à mettre en place une action avec les enfants de CMI–CM2, qui devait être porté par le contrat d’agglomération (GIP1). Le projet n’a démarré qu’en octobre 2001, pour l’année scolaire 2001-2002, et ne concernait que trois villes : Clichy, Colombes, Gennevilliers. En effet – et c’est une des difficultés rencontrées –, il n’y avait pas de département « actions éducatives et culturelles » dans tous les services d’archives, comme à Asnières et Villeneuve-la-Garenne. L’association Relief a été proposée par la DRAC en raison de son approche pédagogique sur les TIC (Technologies de l’information et de la communication), le projet comportant la numérisation des archives et la conception multimédia : site Internet ou cédérom. L’action a démarré modestement. Elle a progressivement fédéré les villes et provoqué des partenariats. Ses objectifs étaient au nombre de trois : - faire découvrir aux jeunes des villes des Hauts-de-Seine, le fleuve et son histoire, patrimoine qu’ils ont en commun ; - les initier au TIC et à la conception multimédia ; - les amener à retransmettre leurs investigations sous forme de cédérom ou de site Internet. Neuf thèmes ont été retenus au départ : l’évolution urbanistique ; les formes de paysage et d’habitat ; l’aménagement du fleuve ; les îles ; les moyens de communication entre les deux rives et le long du fleuve ; les différentes activités artisanales et industrielles ; les activités portuaires ; l’aspect environnemental ; les activités de sports et de loisirs. Avant le démarrage de l’action, l’association Relief qui mène des actions éducatives et culturelles en sciences, technologies, environnement et patrimoine a suggéré de recentrer les thèmes ou angles d’approche autour de : - l’aspect environnemental qui intègre l’urbanisme, les formes de paysages et d’habitats, les îles, le patrimoine floristique et faunistique du fleuve et de ses berges ; - l’aménagement du fleuve, les communications entre les deux rives (ponts, aménagements, barrages, écluses) ; - un travail sur le patrimoine industriel, pour une prise en compte de la culture technique et industrielle ; les techniques et l’industrie faisant partie de notre culture et étant encore trop souvent appréhendées à travers les produits de consommation, il 1 Groupement d’intérêt public. s’agit de témoigner de l’activité productive des hommes et, par ce biais, des fondements identitaires. L’association a aussi suggéré de faire des allers-retours entre les documents d’archives et les balades urbaines, afin de créer des repères géographiques et relier l’histoire au présent. Elle a enfin proposé d’ajouter au projet des ateliers de photographie, pour impliquer les enfants au cours des balades urbaines. Au cours de la première année de fonctionnement, 12 ateliers par classe, soit 6 ateliers de découvertes historiques et 6 ateliers d’infographie et de photographie, ont été organisés. 7 classes ont été impliquées, soit au total 171 élèves de CM1 et CM2. LA DÉMARCHE Pour que l’histoire fasse sens, il leur a été proposé de s’interroger sur la manière dont, à travers les siècles, les hommes ont vécu, aménagé, utilisé la Seine, ses berges et les paysages limitrophes. Des allers-retours entre les documents d’archives et les sites contemporains ont été faits pour permettre de témoigner de l’évolution et travailler sur l’épaisseur du temps. La rencontre des documents d’archives et des jeunes n’a pas toujours produit de charge émotionnelle. Les enfants se sont en revanche initiés au reportage ; ils ont interrogé, photographié, décrypté et analysé les images qui contribuaient à raconter la Seine. LES ATELIERS DE DÉCOUVERTE HISTORIQUE Ils ont beaucoup impliqué les services d’archives de Clichy, Colombes et Gennevilliers, qui ont conçu des malles pédagogiques. Les élèves ont pu travailler sur des originaux écrits et iconographiques. Il s’agissait de faire découvrir aux enfants l’histoire de leur ville et plus spécifiquement du fleuve qui la traverse et les lie à l’histoire d’autres villes ; les initier à la lecture et à l’interprétation de documents d’archives (textes, cartes topographiques, cartes postales, gravures, peintures et photographies) ; les inciter à trouver eux-mêmes l’information ; les inviter à reconstituer un récit historique autour des angles d’approche. LES ATELIERS D’INFOGRAPHIE ET DE PHOTOGRAPHIE Ces ateliers visaient à former les élèves à la numérisation d’images, à leur faire découvrir les caractéristiques de base d’une image numérique, avec des exercices simples sur la taille et la résolution exprimée en nombre de pixels par pouce, à observer des images à la loupe, à faire le relevé et le calcul de taille et de résolution à l’écran et à l’impression. À l’issue de cet apprentissage technique, plusieurs techniques étaient abordées : - numérisation d’un document d’archive de leur choix, en sélectionnant la zone de l’image à récupérer selon l’intérêt du contenu, en faisant varier le grossissement ; - réinvestissement technique sur la définition de l’image, en lien avec le format ; - enregistrement de l’image en la nommant ; - jeux de codage sur papier pour, notamment, comprendre le principe des compressions. LES BALADES URBAINES ET PHOTOGRAPHIE Hormis l’approche historique, les enfants ont appris également, grâce à la lecture de cartes topographiques, à situer le fleuve dans la ville et à se créer des repères utiles aux visites de sites ultérieures. Il s’agissait de préparer le reportage sur les sites à visiter par une initiation à la photographie numérique, puis de réaliser des reportages, avec appareils photo argentique et numérique, sur l’usine à béton de Clichy, les jardins familiaux de Colombes, le port de Gennevilliers et le Tri postal, les usines du SIAAP1 de Clichy et de Colombes, les écluses de Suresnes, le musée de Clichy et le musée de la batellerie de Conflans-Sainte-Honorine. En atelier, les élèves analysaient les prises de vue et étaient initiés au cadrage sur papier et sur écran (plan rapproché, moyen, plan d’ensemble), au classement des documents en dossiers thématiques et au traitement de texte pour la légende des photographies. LE PARTENARIAT AVEC LES ENSEIGNANTS – LE CÉDÉROM Les enseignants ont été très impliqués, malgré leurs craintes avant le démarrage du projet, justifiées par le trop grand nombre des angles d’approche, l’ampleur de l’apprentissage technique et les démarches différentes entre les archivistes et l’association Relief. Dès les premiers ateliers, il a été décidé de prolonger le travail en dehors des séances et d’avoir une approche pluridisciplinaire avec le français (poésie), les arts plastiques et le calcul. Les enseignants ont proposé que le travail des enfants, déjà valorisé par le cédérom, fasse l’objet d’une exposition dans chaque école. Il s’agissait notamment de rendre compte de l’excellence des apprentissages enseignés aux enfants auprès des parents qui avaient témoigné, tout au long de l’année scolaire, d’une certaine inquiétude du fait de l’importance que recouvrait le projet et qui craignaient que soient oubliés les apprentissages fondamentaux. Les expositions ont permis, par ailleurs, de toucher un public plus large d’adultes. La présentation inaugurale du cédérom dans une des villes associées au projet s’est révélée difficile en raison des positions politiques de chacune. Elle s’est finalement faite à la médiathèque Pierre et Marie Curie de Nanterre, puis, de novembre à décembre, chaque ville participante a souhaité faire sa propre présentation. Le cédérom permet de se déplacer dans plusieurs époques : d’abord l’Ancien Régime, sur une Musique de Handel (Water Music) ; puis un emboîtement des époques fin XVIIIe-XIXe siècles, sur une musique de Debussy (Suite Bergamasque) ; seconde moitié du XIXe et milieu XXe siècles, sur une musique de Piazzolla (Libertango) ; et, enfin, l’ère de l’automation 1950 – 1975. 1 Usine de relevage des eaux. POURSUITE DE L’ACTION En 2002-2003, l’action s’est étendue à d’autres villes du département. Elle a concerné d’autres tranches d’âge d’élèves et s’est encore enrichie dans son approche pluridisciplinaire. Cependant, elle a rencontré des difficultés car tous les services d’archives n’avaient pas les mêmes moyens : investissement moindre à Villeneuve-La-Garenne et à Suresnes, pas de service éducatif à Nanterre. Il a fallu recourir aux Archives départementales des Hauts-de-Seine. En 2004-2005, dix-sept groupes ont été impliqués (AST, AA, IDD, classes à PAC, temps de loisirs) et ont travaillé à partir des approches suivantes : - l’histoire à partir de documents d’archives ; - la géographie urbaine, l’aménagement, l’architecture ; - le patrimoine floristique et faunistique, l’écosystème fluvial, l’impact du fleuve sur le relief du département, la distribution de l’eau ; - l’approche sensible (arts plastiques, photographie, vidéo) ; - le français et le cinéma, à partir de Maupassant (Les dimanches d’un bourgeois de Paris). PROPOSITIONS ET QUESTIONNEMENT POUR LA SUITE Il conviendrait d’aller plus loin dans la démarche scientifique, celle de l’historien, celle de l’archéologue, dans l’observation et le questionnement ; de tenir compte de l’apport d’éléments de réponse obtenus par les enfants, les adolescents, etc. ; de confronter ces réponses. Il conviendrait aussi de développer l’approche sensible d’un lieu en poursuivant le travail sur les arts plastiques, la photographie et la vidéo, en initiant un travail sur la musique des lieux par la conception de paysages sonores. Des questions demeurent en suspens. Est-il préférable, avec des enfants, de travailler uniquement sur des documents d’archives ? En effet, il n’y a pas toujours de charge émotionnelle devant un document d’archive et les enfants ne sont pas historiens, même si on les sensibilise à l’approche historique. Selon nous, pour faire sens avec les publics qui participent à nos ateliers, il semble nécessaire de leur donner des repères à partir de l’existant, à partir du contemporain.