moment privilégié – un congé parental atypique
Transcription
moment privilégié – un congé parental atypique
DÉCOUVERTE Voyage aux États-Unis Voyage aux États-Unis DÉCOUVERTE Périple en bus VW à travers le sud-ouest des États-Unis Moment privilégié – un congé parental atypique Il n’est pas courant que les parents d’un bébé de huit mois décident de partir plusieurs semaines dans un vieux bus VW. Mais il n’y a rien de tel qu’une formidable aventure pour bien débuter la vie de famille. Un congé parental outdoor dans le pays où tout est possible. 38 39 DÉCOUVERTE Voyage aux États-Unis Voyage aux États-Unis DÉCOUVERTE Tour de reconnaissance au pas de course : Mesquite Flat Dunes dans le Death Valley National Park. Bien sûr, il y a des moments où on se demande si on n’aurait pas mieux fait de rester à la maison pour passer deux mois décontractés dans le jardin, à la piscine, sur la place de jeu. En ce moment, par exemple : il est deux heures du matin. Il y a trois heures, nous avons atteint le parc national Valley of Fires, dans le Nevada, à un jet de pierre de Las Vegas. Un panneau à l’entrée du camping nous signale « campground full ». C’est alors que nous décidons de garer notre joli vieux bus, illégalement, sur un parking à proximité, tout en espérant que le responsable du parc a déjà fait sa tournée du soir et que nous serons tranquilles jusqu’au matin. Fietje se réveille bien sûr juste au moment où nous voulons enfin fermer les yeux après une longue journée. Fiston pleure et crie pendant 90 minutes, rien ne peut le consoler. A-t-il mal quelque part ? Un mauvais rêve ? Nous ne le saurons jamais. Il se rendort finalement, trop épuisé pour pleurer. Peu après, Katrin et moi respirons tranquillement, prêts à tomber dans les bras de Morphée. Tout à coup : un craquement, un froissement. Ça trottine sous la banquette avant, exactement là où nous avons stocké une partie de nos provisions. J’attrape prudemment un rouleau de papier ménage et la lampe frontale. Nous restons encore un moment sans bouger. Quand le froissement s’approche à nouveau, j’allume la lumière d’un coup. Une petite souris guigne dans un coin et nous « sourit ». Un ricanement 40 sympa mais sardonique, j’en suis sûr. Ensuite je lance le rouleau de papier dans sa direction. La souris a disparu. Mais pas pour longtemps… Puis il y a ces autres moments : nous avons passé une nuit sous tente. La première dans la vie de Fietje. Emmitouflé dans une gigoteuse en polaire, sous quelques couches bien chaudes, il a passé la nuit entre nous, demandant des câlins une fois à Katrin, une fois à moi. Au petit matin, dès que le soleil effleure la tente, il s’étire dans tous les sens – il ouvre les yeux. Calmement, mais l’air un peu surpris, il regarde autour de lui, puis nous, et finalement sourit. On ne voudrait être nulle part ailleurs. Pas dans le jardin, ni à la piscine ou à la place de jeu. L’aventure est ici, avec nous. Et la liberté. Une nouvelle journée s’annonce. Partons à la découverte du monde. S’adapter aux besoins des enfants Fietje a huit mois lorsque nous préparons nos trois grands sacs, que nous fourrons le siège bébé et le portebébé dans deux grandes housses et que nous nous envolons pour la Californie. Notre congé parental. Nous voulons passer au moins une partie de ce congé en famille, et de la manière la plus aventureuse possible. Un Rouler ou marcher : peu importe, le Joshua Tree National Park promet une expérience particulière. Buffet froid dans le bus : avocats et bière locale. ami nous aide à acheter un bus VW. Année de construction 1971, aménagé avec un lit et un toit relevable afin de pouvoir se tenir debout. Il sera notre « chez nous » pendant deux mois. La cuisine est composée d’un réchaud, l’eau potable provient d’un jerricane de dix litres. Notre frigo est une glacière que nous remplissons de glace tous les deux jours à une station service. De plus, il y a quelques armoires et suffisamment de place pour ranger pour toutes nos affaires. Il n’y a que le pousse-pousse que nous avons acquis sur place dans un magasin de seconde main. Où qu’il soit, il est toujours 41 DÉCOUVERTE Voyage aux États-Unis L’ÉVOLUTION EN ACTION Défiez les conventions. Arc’teryx ouvre la voie à une nouvelle génération de chaussures techniques de montagne. Lendemain de fête. L’aventurier Fietje a bien survécu à la première nuit sous tente de sa vie. dans nos pattes et nous ne savons jamais où le ranger. Ces dix dernières années Katrin et moi avons passé plus de la moitié de l’année à voyager en tant que photographes outdoor. Cela risque de changer quelque peu à l’avenir, mais nous tenons à habituer notre fils aux voyages dès son plus jeune âge. Afin que cette expé rience reste positive, nous avons appris à voyager désormais selon d’autres lois : notre plan de faire un grand tour à travers le sud-ouest des États-Unis est revu – à la baisse – après quelques jours déjà. Contrairement à chez nous, nous ne pouvons pas rouler uniquement lorsque Fietje fait sa sieste du matin ou de l’après-midi. Il n’apprécie pas du tout de rester attaché dans son siège une fois éveillé. Il vient d’apprendre à se déplacer à quatre pattes – sa nouvelle passion. Et il y a tant de choses à découvrir. Surtout ici, au pays où tout est possible. Mais nous étions prêts à adapter notre projet. En définitive, le fait de modifier nos plans a détendu tout le voyage. Plus de temps dans chaque lieu, moins d’heures sur les routes. C’est bien. C’est aussi valable pour les adultes… 42 Vie quotidienne en famille dans le Far West Les Alabama Hills sont la première étape de notre périple, un petit parc naturel sur le versant est de la Sierra Nevada, un coin de désert parsemé de grosses boules de rocher. On y trouve de nombreuses niches et baies naturelles entre les rochers où il est autorisé de passer la nuit. Le terrain est comme fait pour être découvert à pied, il se prête idéalement à de petites escapades et sorties découvertes. Il n’y a guère de sentiers, du moins pas de sentiers battus, on se croirait sur une grande place de jeu, un mélange de labyrinthes, de parcours d’obstacles et d’aventures. Ceux qui aiment les westerns savent sûrement que de nombreux films classiques ont été tournés ici. Et ceux qui ont vu « Django Unchained », le dernier film de Quentin Tarantino, se rappellent peut-être de la courte scène du début quand un groupe d’esclaves est contraint de traverser un désert rocailleux. Voilà un autre exemple, où les Alabama Hills ont servi de décor. DÉCOUVERTE Voyage aux États-Unis Voyage aux États-Unis DÉCOUVERTE Parking gratuit et feu de camp à un jet de pierre du Grand Canyon. C’est ça le « public land ». Nous restons quelques jours, partons découvrir différents coins de cette réserve naturelle, attachons Fietje dans son porte-bébé puis marchons le matin ensemble en direction du Mt Whitney, avec ses 4421 mètres, le sommet le plus élevé des États-Unis hors de l’Alaska. L’après-midi nous visitons quelques unes des nombreuses arches rocheuses de la région, telles que Mobius ou Lathe Arch. Il n’y a ni responsable du parc, ni beaucoup de règles dans cette région. Quand nous nous garons au bout d’une rue sans issue à proximité d’un joli amas de rochers, tout est comme on imaginerait un périple à travers le sud-ouest des États-Unis. Y compris le ciel étoilé à couper le souffle au-dessus de notre bus nuit après nuit. Malheureusement, la glace dans notre glacière fond et nos réserves d’eau s’épuisent beaucoup trop vite. Dans la Death Valley, au bout de quelques jours poussiéreux et chauds où nous avons visité des dunes grandioses et 44 des canyons isolés, une douche devient une nécessité absolue. D’abord Katrin, puis moi. Nous nous rinçons à l’aide d’une poche à eau qui pendouille depuis le toit du bus. Ensuite c’est au tour de Fietje. Nous l’asseyons dans une bassine pliable, chauffons l’eau sur le réchaud et l’arrosons doucement avec un gobelet. Du bol : il a l’air d’en profiter pleinement et nous nous rendons une fois de plus compte à quel point il faut peu pour être heureux. La baignoire à la maison n’a définitivement pas le même pouvoir. Tout comme le grand lit. À l’arrière du bus nous avons 120 centimètres pour nous trois et la plupart du temps nous dormons collés les uns aux autres. Pour Ka trin par contre, c’est assez pénible d’allaiter la nuit parce que le seul endroit où elle peut s’asseoir droite, c’est au bout de la banquette repliée. Mais se réveiller ainsi tous les matins, jour après jour pendant deux mois, et voir comme Fietje rampe jusqu’à la fenêtre pour s’émerveiller Sous l’immensité du ciel dans les Alabama Hills, au pied de la Sierra Nevada, on se partage les 1,20 mètres de largeur du lit. du décor qui change, tout cela nous rend heureux. C’est ensuite mon tour d’aller dehors, d’ouvrir le hayon et nous restons encore un instant au lit en cherchant les oiseaux dans le ciel ou en écoutant le vent dans les arbres. Heureusement que nous ne sommes pas restés à la maison, me dis-je alors. Puis il y a eu des nuits où le vent chaud du désert secouait le bus et que Fietje réclamait à boire toutes les 90 minutes pour calmer sa soif, que nous nous réveillons complètement desséchés, qu’il y a de la poussière dans tout le bus et que les dents crissent – oui, là nous avons bien sûr d’autres pensées… Certes, ce voyage n’a pas toujours été du pur plaisir. Néanmoins, pour rien au monde nous n’aurions voulu manquer toutes ces expériences, regarder les choses à travers les yeux de notre enfant, le contact avec les indigènes et les autres voyageurs, contact souvent établi grâce à notre vieux bus VW (pour les hommes) ou par Fietje (pour les femmes). Il adresse un sourire à tous ceux qu’il croise, et l’on voit scintiller deux petites dents blanches : ça permet d’ouvrir les cœurs. Plus d’une fois notre fiston se retrouve dans les bras de dames émerveillées au supermarché, dans des restaurants ou chez nos voisins de camping. Même Leilani Sarelle, qui a joué l’amoureuse lesbienne de Sharon Stone dans « Basic Instinct » devient l’une d’elles lorsque nous discutons par hasard devant les toilettes d’un Starbucks à Los Angeles. Un des plus grands succès du cinéma prend d’un coup une tout autre dimension… Gel nocturne et œuvres d’art de la nature Après près d’un mois nous quittons les déserts de Californie et du Nevada en direction du nord. Nous voulons nous rendre à Utah, plus précisément dans les parcs 45 DÉCOUVERTE Voyage aux États-Unis Voyage aux États-Unis DÉCOUVERTE nationaux de Bryce et de Zion. Mais nous sommes d’abord contraints de faire une pause dans un petit appartement à Cedar City pour cause de tempête et de neige. Nous en profitons pour utiliser la machine à laver, recharger toutes les batteries des caméras et manger autour d’une table. Le dos nous en remercie après des jours et des jours accroupis sur nos assiettes dans le bus ou à l’extérieur. Mais l’appel du bus et de la nature est plus fort que tout et nous fait repartir sans tarder. Dans le Bryce Canyon nous nous retrouvons d’un coup à 2500 mètres d’altitude. Ceci implique des gelées nocturnes même en avril par nuit claire. C’est la première fois que nous devons mieux protéger Fietje qu’avec simplement sa gigoteuse en polaire. Nous ne nous rendons pas vraiment compte combien de couches il lui faut. Pour finir, nous enfilons un paquet de plu sieurs couches de lainages et de polaires dans le sac de couchage en duvet. Ses joues sont rouges et son petit bout de nez un peu glacé, mais il dort comme une marmotte. Il paraît que c’est bien de dormir à l’air frais. Le thermomètre affiche moins quatre degrés – et le lende- main matin nous sommes vraiment fiers. Quel aventurier en herbe, notre petit ! Après le petit déjeuner nous partons à la découverte des sentiers du parc. Des formations rocheuses à couper le souffle aux tons orangés suivent une dépression, des tours et des tourelles, des gorges profondes, des parois rocheuses dotées de trous et des ponts naturels. Quand le colon écossais Ebenezer Bryce s’est installé ici pour quelques années, il y a 150 ans, il a donné son nom au parc, il fut certainement tout aussi émerveillé – et intimidé : « Un endroit dantesque pour y perdre une vache », fut son constat sur sa nouvelle patrie. Il y a tant à voir et chacun découvre d’autres particularités dans ce paysage fabuleux. Bien installé sur mon dos, Fietje observe tout très attentivement, nous montre la lune ou encore un avion qui apparaît comme un point brillant en haut dans le ciel bleu azur. Ci et là on trouve encore des restes de neige qui nous rappellent la prochaine nuit glaciale. « Peut-être faudrait-il que nous retournions plus au sud », propose Katrin. Je n’ai rien à redire et le soirmême, autour du feu avec des marshmallows grillés, Une des nombreuses arches naturelles des Alabama Hills. The Horseshoe Bend of Colorado River – une des innombrables curiosités naturelles du sud-ouest des USA. 46 nous élaborons un plan : d’abord parc national de Zion, ensuite Grand Canyon, puis Sedona au nord de l’Arizona et après rejoindre le plus rapidement possible la côte. Le désert, les rochers rouges, le ciel d’un bleu uniforme, on pourrait envisager de rester encore longtemps dans ce paysage. Ou aussi retourner au parc national de Joshua Tree en Californie, qui nous avait déjà retenus pendant près d’une semaine à l’aller. D’un autre côté, nous voulons voir la mer, entendre les vagues, sentir l’odeur du sel dans l’air, étendre nos pieds dans le sable. Le monde de Fietje On peut bien sûr se demander s’il est judicieux d’imposer un tel voyage à un bébé et si Fietje en a vraiment tiré profit. Il est évident qu’il ne s’en rappellera pas et il y a des moments où l’on est proche de la crise des nerfs. Mais nous sentons à quel point cela lui fait du bien d’être dehors tous les jours, qu’il accepte sans problèmes les changements qu’on lui impose, qu’il n’a aucune inhibition face à la poussière ou la boue et qu’il accepte tous les caprices de la météo. Aujourd’hui, plus d’une année après, il est toujours un garçon avide d’aventures dans la nature et ce, par tous les temps. Un petit globetrotter qui accepte sans broncher de dormir trois nuits successives dans des lits différents. Et surtout, personne ne peut nous prendre ces moments intenses passés ensemble qui nous ont tellement soudés. À la maison tout aurait été différent, c’est sûr. Il y a de nombreuses odeurs ou bruits que notre fils découvre pour la première fois lors de ce voyage. Les éléphants de mer sur une plage au sud de San Simeon sont sans doute un des points forts. Une centaine de ces spécimens sont entassés à quelques mètres seulement d’un point d’observation. L’odeur est nauséabonde, ils grognent, se bousculent et se dorent au soleil. Fietje est fasciné. Il en apprend tous les jours, et même après six semaines, il serait toujours debout si nous ne l’en empêchions pas. Dès que nous arrivons à un nouveau camping ou que nous décidons de nous attarder un peu, nous lui déplions une couverture de trois fois trois Tour de reconnaissance dans le Valley of Fire State Park. À deux pas de Las Vegas, paradis du jeu. 47 DÉCOUVERTE Voyage aux États-Unis Voyage aux États-Unis DÉCOUVERTE Manger du sable est au moins aussi cool que rouler en bus. Fietje Schneider prend goût aux plages de Californie. mètres afin qu’il puisse assouvir son besoin de bouger. Quelques cubes et gobelets au milieu, que l’on peut lancer, empiler ou mâcher. Mais il est bien plus passionnant de ramper jusqu’au rebord de la couverture et de se remplir la bouche avec de la terre. Ou alors d’aiguiser ses deux petites dents sur les cailloux… Après presque huit semaines, nous nous dirigeons pour la dernière fois vers un « State Park », nous cherchons un bel emplacement sur le camping et nous nous y installons. Nous nous réjouissons un peu de rentrer, mais le bus et la vie simple vont nous manquer. La décision est prise : nous reviendrons. Nous allons garder le bus, le laisser chez des amis. Nous nous sommes pro- mis de l’emmener un jour jusqu’à la côte est. Et en famille, afin de vivre d’autres belles aventures. ✸ Vous pouvez commander auprès de OUTDOOR GUIDE une fiche d’information détaillée sur les voyages dans le sudouest des USA comprenant de nombreuses astuces utiles. 48 Equipez-vous naturellement contre le vent et les intempéries. Cette veste softshell à la coupe mode en Sympatex Windmaster avec capuche ajustable s’appelle Lazimpat. Le matériau extrêmement robuste assurant une résistance exceptionnelle à l’abrasion et une liberté de mouvement optimale est hydrofuge, coupe-vent et hautement respirant. La membrane hydrophile Sympatex est sans risque pour la santé, écologique, certifiée Öko-Tex® Standard 100 et répond à toutes les exigences du label Bluesign®. En vente dès maintenant en exclusivité dans tous les shops Sherpa Outdoor et à la boutique en ligne, en 2 couleurs chacune, à partir de CHF 279.00. Astuces et informations www outdoor-guide.ch mail [email protected] Résiste naturellement aux intempéries: veste coupe-vent avec Bionic Finish ECO. sherpaoutdoor.com Texte et photos Lars Schneider Aarau · Baden · Bâle · Berne gare · Berne Spitalgasse · Bienne Buchs SG · Coire · Davos · Frauenfeld · Langnau i. E. · Lucerne · Muri AG Stans NW · Viège · Winterthour · Zurich Oberdorf · Zurich Stauffacher Zwingen · Bad Zurzach (assortiment limité) · Zollikofen (Outlet) It’s our nature to be49 good.