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FÉDÉRATION DES ASSOCIATIONS
MYCOLOGIQUES DE L’OUEST
Histoire de la mycologie dans
l’ouest
Bulletin hors-série N° 1 - Octobre 2009- Édité avec le soutien de la fondation LANGLOIS
Les sessions mycologiques de 1907 et 1908 à Rennes, Paimpont,
Laval, Brest, Saint-Pol de Léon, Landerneau...
Lespremièresrencontresmycologiques
dansl’OuestdelaFrance
Lesjournéesmycologiquesde1908doivent-ellesêtreconsidéréescommelespremières
rencontresmycologiquesdansl’Ouest,commelesuggèreletitreducompterenduparudans
laRevueBretonnedeBotaniquepureetappliquée?Pasvraiment,doit-onrépondre.L’année
précédentes’étaitdérouléeunemanifestationsuscitéeparlaSociétémycologiquedeFrance,
mêmesiellen’eutpasl’audienceespéréeauprèsdesesmembres.
SessiondelaSociétémycologiquedeFranceenBretagne
(20octobreau1ernovembre1907)
Unesessionbienmalpartie
Al’initiativedeFernandGUÉGUEN,alorssecrétairegénéraldelaSociétéMycologiquede
France, une session avait été programmée en Bretagne en 1907. Aucune rencontre
mycologique importante n’avait eu lieu jusqu’à ce jour dans l’Ouest. Fernand GUÉGUEN,
breton d’origine, avait concocté un programme attrayant, destiné à faire découvrir les
richessesfongiquesdelarégionetpermettantd’apprécierenmêmetempslesparticularités
culturelles de la Bretagne. Malheureusement, Fernand GUÉGUEN au dernier moment ne
pouvait prendre part à cette session, et, constatant le peu d’inscriptions, avait cru devoir
annulercesjournées.Maiscelles-cisedéroulèrentmalgrétout,commeonvaleconstater.
.
Lesjournéesmycologiques
Le programme établit par Fernand GUÉGUEN comportait des excursions sur un vaste
territoire, cinq départements du Grand Ouest (Ille-et-Vilaine, Mayenne, Finistère, Morbihan,
Loire-Inférieure), programme nécessitant de nombreux trajets en train. De quoi peut-être
rebuter beaucoup de membres de la Société Mycologique de France. De plus, la météo du
moment, pluvieuse nous dit-on, n’était pas un atout favorable. Mais malgré cela, un certain
nombredemycologuesavaientdécidédetenterl’aventureets’étaientdoncdonnerrendezvous,persuadésquelasessionauraitbienlieu.TelétaitlecasdesPoitevins,DUPAIN,SACHÉ
etSOUCHÉ.Voicidonclerapportdecesjournées.
- 20 octobre: excursion à Cesson (Ille-et-Vilaine), sur la route de Rennes à Vitré et une
autre à Port-Brillet (Mayenne). Le dimanche soir à Rennes, les Poitevins, qui avaient fait
l’excursion de Cesson, retrouvent quelques participants de celle de Port-Brillet, dirigée par
RIPERT et SAVOURÉ. «Ils nous apprennent – raconte SOUCHÉ [Bull. Soc. Bot. Deux-Sèvres
1907:325]–quepersonnen’étaitvenudeParis;quelesmycologuesdeLavaleteux(entout
unequarantaine)ontétédésemparés…etmécontents».LesrécoltesramenéesàlaFaculté
des Sciences de Rennes furent déterminées le lendemain par les Rennais DANIEL, RIPERT,
SAVOURÉ,etlesPoitevinsDUPAIN,SACHÉetSOUCHÉ.
-le21étaientexpédiésàlaSMFlesdeuxtélégrammessuivants,signésDUPAIN,SACHÉ,
SOUCHÉ:
1: au Secrétaire général[GUÉGUEN]: «Stupéfaits absence. Télégraphions P… Vous
attendons sans faute demain, mardi, Morlaix. Répondez immédiatement, Hôtel Bretagne
[Morlaix]»
2:auTrésorier[PELTEREAU]:«VousattendonsdemainàMorlaixsansfaute»
Cesdeuxtélégrammesamènentlesréponsessuivantesdesintéressés:
- de GUÉGUEN: «Deviez adresser adhésions. Session supprimée car trois adhésions
seulement.Comptezpassurmoi».
- de PELTEREAU: «Secrétaire n’ayant eu que trois adhésions a décommandé Session.
Impossibleallervousrejoindre»
Et un troisième message, inespéré: «Annulez dépêches G?? [GUÉGUEN] et autres.
Rejoignons mardi en groupe Hôtel Bozellec à Morlaix». Signé LEDIEU [d’Amiens], BOUÉ [de
Paris],délégués.LaSociétémycologiquedeFranceétaitdoncànouveaupartieprenante.
-22octobre:excursionauparcdeKerneguez,prèsdeMorlaix(Finistère)etarrivéede
LEDIEUetBOUÉ,lesquelssontporteurd’unelettreduprésidentdelaSMF,LouisMANGIN,les
délégants,ainsiquelesPoitevins,pourcontinuerla«SessiondeBretagne».
-23octobre:excursionàSaint-Pol-de-LéonetàRoscoff(Finistère),avecherborisationet
visitesculturelles,notammentdechapelles.LorsdelavisitedelacathédraledeSaint-Pol-deLéon,«nousavonslagrandesatisfactiond’yvoirarriverunenocedecampagne.Lescostumes
sontréellementjolis»[SOUCHÉ].
- 24 octobre: excursion au Huelgoat (Finistère), avec visite du Chaos, de la Roche
branlante, etc. Abondante récolte de champignons qui alimentera en grande partie
l’exposition de Morlaix. Le soir, les participants ont le plaisir d’accueillir René MAIRE, venu
spécialementdeNancy.
-25octobre:excursiondanslesboisdePennelé,prèsdeMorlaix(Finistère)etdansles
boisduchâteaudeLesquiffiou,prèsdeMorlaix.Récoltesabondantes,souslapluie.
- 26 octobre: excursion dans les bois de Kerozar et de Kerangar, à 3 km de Morlaix.
LEDIEUetMAIRErestentàMorlaixpourpréparerl’exposition.
-27octobre:expositiondeMorlaix,àlasalledel’Hôtel-de-Ville.Beausuccèsauprèsdu
public qui circule autour d’une longue table où sont présentés environ 225 espèces.Acette
occasion, le Docteur CHENANTAIS adresse quelques-unes de ses aquarelles où «le
champignon semble vraiment vivre, et qui sont certainement les plus belles de toutes les
icônesmycologiquesexistantes»[MAIREinBSMF1908:XXXVI].
-28octobre:Aprèsavoirprisletrainà6hdumatin,séanceàLanderneau(Finistère)où
estconstituélebureaudelasession:
-Président:V.DUPAIN
-Vice-présidents:J.CHENANTAISetC.MÉNIER
-Secrétaires:LEDIEUetR.MAIRE.
Il y est voté des remerciements à F. GUÉGUEN «pour l’établissement de son excellent
programme».
C’estégalementlorsdecetteséancequeJ.-B.SOUCHÉsuggèrequelasessionàParisne
setiennequetouslestroisans.Cetteidéeserad’abordrejetéel’annéesuivanteparleConseil
de la SMF (dominé par des Parisiens), puis à nouveau débattue à l’initiative de René MAIRE
plaidantlacausedelaProvinceetenfinentérinéeaprèsrésultatduréférendumorganiséle2
décembre1909.
Al’issuedelaréunionquin’auraduréqu’unedemi-heure,lesparticipantsreprennentle
trainetarriventdanslamatinéeàQuimperlé(Finistère),jourdelafoire,etcroisentànouveau
une noce. L’après-midi est consacrée à une herborisation en forêt de Toulfouen, au sud de
Quimperlé. Ils y trouvent Lepiota georginae, une première découverte pour la France, et de
nombreusesautresespèces.IlsdormentlesoiràAuray.
-29octobre:pluietorrentielle.VisitedusitemégalithiquedeCarnacetdesonmusée.Ils
en profitent pour herboriser sur le site et découvrent une autre espèce nouvelle pour la
France, selon René MAIRE, Marasmius epodius. De nouveau, ils assistent devant l’église de
Carnac à une noce. Les membres de la session eurent, paraît-il, du mal à s’arracher «à ce
spectacle original» [MAIRE, ibidem]. «Nous sommes très agréablement surpris de voir une
noce de campagne dansant une ronde rythmée, au son du biniou et de la bombarde. Les
toilettessontdetoutebeauté.ACarnac,commeàQuimperlé,commeàSaint-Pol-deLéon,pas
uncri;lesassistantscausentàmi-voix»[SOUCHÉ].ArrivéeàNantes(Loire-Atlantique)dansla
soiréeoùlesaccueilleCharlesMÉNIER.
- 30 octobre: excursion dans les dunes d’Escoublac – La Baule, sous la direction de
CHENANTAIS et MÉNIER. PELTEREAU rejoint à cette occasion les congressistes. Les Poitevins
sontrepartischezeuxdumatin.
- 31 octobre: excursion au Jardin colonial de Nantes, jardin créé à l’initiative de C.
MÉNIER,avecvisitedesserresetherborisationdansleparc.
- 1er novembre: séance de clôture, à l’occasion de laquelle CHENANTAIS présente de
nouvelles aquarelles (qui ont le même succès qu’à Morlaix) et MÉNIER également des
aquarellesetdesphotographies.
LalistedesespècestrouvéeslorsdecettesessionestàconsulterdansleBulletindela
Société Mycologique de France XXIV: XXV-LXI (1908). Avec celles déjà signalées, plusieurs
espèces rares ou nouvelles furent découvertes, dont Lepiota menieri, Hebeloma
anthracophilum,Agaricusxanthodermavar.lepiotoides.
Unesessionquienappelleuneautre
Ces journées mycologiques, mal engagées au départ, ont finalement étaient sauvées
grâceàladéterminationdesPoitevins,BaptisteSOUCHÉentête.«Puisquetousceuxquinous
ont convoqués se dérobent, nous continuerons notre voyage, et nous ferons la Session au
nom et pour le compte de la Société régionale de Botanique» s’engageaient-ils lorsqu’ils
apprirentlasuspensiondelasessionparlaSociétémycologiquedeFrance.Danslecompterendu publié dans le Bulletin de la SMF (1908), le mycologue nancéenRené MAIRE souligne
que«grâceauzèleetàl’activitédeMMLEDIEU,BOUÉetSOUCHÉ,déléguésparM.MANGIN,
présidentdelaSociétémycologique,l’organisationdelasessionfutreprise»Bienquecette
sessionfutplacéesouslepatronagedelaSMF,ellenerassemblaquedouzedesesmembres
(*).Maisellesuscital’envie,auprèsdequelques-unsdesesparticipantsrégionaux,d’organiser
denouvellesjournéesmycologiquesdansl’Ouest.Etc’estainsiquefurentprogramméescelles
quisedéroulèrenten1908.
(*)MM.BARBIER(pharmacienàMorlaix),BOUÉ(Paris),CHENANTAIS(Nantes),DUPAIN
(Pharmacien à la Mothe-Saint-Heray), GEFFROY (de Kerhuon, pharmacien de la marine en
retraite), LEDIEU (Amiens), MAIRE (Nancy), MÉNIER (Nantes), PELTEREAU (Vendôme),
PHILIPPE (de Morlaix, receveur des finances), SACHÉ (pharmacien à Melle), SOUCHÉ
(Pamproux).
Bibliographie
-DUPAINV.,SACHÉ,SOUCHÉB.-1908-SessionmycologiqueenBretagne.Bulletindela
Société régionale de Botanique (anciennement Bulletin de la Société Botanique des DeuxSèvres)1907:321-352.
- MAIRE R. -1908- Rapport sur les excursions et expositions organisées par la Société
MycologiquedeFrance,enOctobre1907(SessiongénéraledeBretagne).Bull.Soc.Mycol.Fr.
XXIV:XXV-LVI.
1908
Lapremièresessionmycologiquedel’Ouest
LesuccèscroissantdesexpositionsmycologiquesorganiséesparlaSociétéBretonnede
Botanique nous avait engagés, dès 1907, à étendre notre programme habituel, limité tout
d’abordauxchampignonsdel’Ille-et-Vilaine.
Notre Société et la Société Mayenne-Sciences, d’un commun accord, avaient invité la
«Société mycologique de France», qui tenait sa session annuelle à Morlaix, à s’arrêter à
RennespourexploreravecnouslaricheforêtdePort-Brillet(Mayenne),situéeauxconfinsdes
départementsdelaMayenneetdel’Ille-et-Vilaine.
Par suite des pluies persistantes, la Société mycologique de France dut, au dernier
moment, remettre son voyage à Morlaix; sa session normale de 1907 n’eut pas lieu de la
façonprévueauprogramme.Seuls,quelquesmembresintrépides,MM.Souché,présidentde
laSociétébotaniquedesDeux-Sèvres,DupainetPeltereauvinrentquandmêmeàRenneset
sansselaisserarrêterparlemauvaistemps,résolurentd’explorerlaBretagne,quandmême,
et,autantquepossibleensuivantleprogrammeprimitivementétabli.Lasciencemycologique
bretonnenepeutqu’êtrereconnaissanteàcesvaillants;laSociétébretonnedeBotaniquefut
heureuse de leur adresser le témoignage de son admiration et de prendre part à quelquesunesdeleursexcursions.
L’herborisation projetée de Port-Brillet se fit donc malgré la déception causée par
l’absence de nos distingués confrères parisiens dont nous nous proposions de mettre les
lumières à une large et précieuse contribution. Cette herborisation fut charmante, non
seulementparcequ’ellepermitàbeaucoupdenossociétairesRennaisetLavalloisdemieuxse
connaître et s’apprécier, mais aussi parce que la pluie fit trêve et permit de faire une
abondanterécoltedechampignonscomestibles,indifférentsouvénéneux.
Unedoubleexpositiondecesespèceseutlieusimultanément:1°àLaval,parlessoinsde
Mayenne-Sciences qui en a publié le compte rendu dans son Bulletin; 2° à Rennes, dans le
localhabituel,àlaFacultédesSciences.MM.Souché,DupainetPeltereaunousaidèrenttrès
aimablement dans le classement et la détermination des espèces, travail long et minutieux
pourlequelleursconnaissancesspécialesfurentdesplusutiles.
Frappé des résultats heureux de cette collaboration au point de vue de la science
mycologiquegénéralecommedelavulgarisationetdel’intérêtquenostravauxavaientéveillé
cheznosconcitoyens,M.Souché,quiestunhabileorganisateur,eutl’intuitiondesservices
quepourraientrendredanslarégiondel’Ouestdesemblablesexpositionsannuelles,oùles
Sociétésscientifiquesgrouperaientleurseffortsenvuedemieuxfaireconnaîtrenosrichesses
et les moyens de les utiliser. De notre conversation d’alors naquit le projet d’organiser à
Rennes ce groupement, qui permettrait de faire chaque année des excursions et des
expositionsaumomentleplusfavorableàlarécoltedeschampignons.
Malgré toutes difficultés inhérentes aux organisations de ce genre et que rencontrent
fatalementceuxquicherchentàfaireœuvrenouvelle,celle-cidevaitaboutir.Toutefoiscefut
seulement au mois de septembre 1908 que la conversation fut reprise entre M. Souché et
nous,etque,d’uncommunaccord,nousdécidâmesd’agir.
M. Ch. Oberthür, président de la Société des Amis de l’Université, de la Chambre de
Commerce et de la Société Scientifique et Médicale de l’Ouest, voulut bien accepter la
présidence du Comité d’organisation. C’est grâce à son dévouement, à sa bonne grâce, à sa
cordialité charmante, que nous avons rencontré partout des encouragements précieux, que
nosexcursionsontétésipleinesd’entrainetsisuivies,quelasessionmycologiquedel’Ouest
aétéunvéritablesuccèsetapudéfinitivementêtrefondée.Qu’ilveuillebiennouspermettre
deluitémoignertoutenotresincèregratitudeetluiassurerquesinousavonsétéheureuxet
fiersdelevoirnousaccorderainsisonprécieuxconcours,ilpeutaussicomptersurlenôtre.
*
* *
Organisationdelasession
L’organisation de la session n’était pas une mince besogne et, en l’acceptant, M. Ch.
Oberthürsavaitqu’ilauraitfortàfairedansuntempstroprestreint.Cefutpourluiuneraison
d’allerplusvite;sonactivitéetsaconnaissancedesorganisationsdecegenreluipermirentde
réussirlàoùd’autresauraientinfailliblementéchoué.
Sursademande,MM.Sagebien,préfetd’Ille-et-Vilaine;Laronze,recteurdel’Académie;
Janvier,mairedeRennes,voulurentbienaccepterlaprésidenced’honneurdenotreSession
mycologique.Ellenepouvaits’ouvrirsousdemeilleursauspices.
IlfitappelàtouslesPrésidentsdesSociétésscientifiquesdelarégionenvuedegrouper
tous les efforts et de donner à nos premières assises mycologiques une base d’autant plus
solide qu’elle serait plus étendue. L’époque des vacances et la date trop rapprochée de la
SessionprojetéenepermirentpasàtouteslesSociétésinvitéesdeprendreuneparteffective
ànostravaux,maistoutesnouspromirentleurcollaborationàpartirde1909.D’autresnous
apportèrentunconcoursimmédiatprécieux,tantdanslapérioded’organisationquependant
la Session même, en prenant une part active à la publicité, à nos excursions et nos travaux.
Parmi les personnes qui ont ainsi acquis des droits à notre gratitude, il me faut citer MM.
SouchéetBellivier,delaSociétébotaniquedesDeux-Sèvres;Labbé,DrPéneletetCorfec,de
Mayenne-Sciences;GeorgesBouvet,delaSociétéscientifiqued’Angers;Gentil,présidentde
la Société des Sciences Naturelles de Cherbourg; Allanic, de la Société d’Horticulture de
Brest; Dr Picquenard, à Qimper. Dr Sauvage, à Lorient; Gadeceau, à Nantes; Dr Camus, de
Plouigneau(Finistère);Belin,àErquy;Blin,àNantes,etc.,etc.
Une mention spéciale est due à la presse en général (1), à la Presse régionale et en
particulier à la Presse rennaise qui, sans distinction de parti, nous ont apporté un concours
aussibienveillantquedésintéressé.
Toutes ces bonnes volontés réunies, jointes aux efforts de membres dévoués de notre
Société, parmi lesquels il faut citer MM. le capitaine Ripert, Dr de la Plesse, Houlbert, René
Oberthür,CommandantsdeBourayneetGeorget,Perret,Vuillet,DrSavouré,Seyot,Toutain,
Dr Ramé, Bonhomme, de Vitré, Delamaison, etc., ont leur part dans le succès de l’œuvre
commune;ellespeuventêtrefièresdesrésultatsobtenus.
*
* *
(1)Citons,parmilesjournauxparisiensquiontinséréaimablementnotreprogramme,le
Petit Journal, qui a d’ailleurs, comme on sait, contribué à vulgariser en France l’étude des
champignonscomestiblesetvénéneux.
Programmedelasession
Le programme de la Session Mycologique était bien varié et susceptible de plaire à
l’hommedescienceetàl’amateur.Nouslereproduisonsiciàtitrededocument:
Jeudi 1er octobre 1908. – Séance d’ouverture à neuf heures du matin et réception des
Congressistesàlasalledel’HôteldeVille.L’après-midi,excursionàlaForêtdeRennes.
Vendredi2octobre.–ExcursionàlaForêtdeHaute-Sève.
Samedi3octobre.–ExcursionàlaForêtdePaimpont.
Dimanche4octobre.–Ouverturedel’Expositionmycologiqueàneufheuresdumatin,au
Palais de la Faculté des Sciences, P.C.N. – A dix heures et demie du matin, conférencepromenadeparM.Souché,présidentdelaSociétébotaniquedesDeux-Sèvres,surlesespèces
deChampignonscomestiblesetvénéneuxfigurantàl’Exposition.
Lundi5octobre.–ExcursiondanslaForêtdeConcise,prèsdeLaval,dirigéeparM.Labbé,
présidentdelaSociété«Mayenne-Sciences».
Mardi6octobre.–ExcursionàBourg-des-ComptesetPléchâtel.
Mercredi7octobre.–ExpositiondesrécoltesdechampignonsfaitesàLavaletàBourgdes-Comptes.–Conférence-promenadeàdixheuresdumatinparM.L.Daniel,professeurde
BotaniqueappliquéeàlaFacultédesSciences.
L’après-midi, à trois heures, conférence par M. le Dr E. Bodin, professeur à l’Ecole de
Médecine et de Pharmacie, sur le rôle des champignons en pathologie humaine. A la suite,
séancedeclôture.
Nous verrons par la suite de ce compte rendu comment: ce programme fut rempli à
l’entière satisfaction de tous. Pourtant nous fûmes loin d’être favorisé par les circonstances
climatologiquesdumoment.
A la suite des pluies répétées des dernières semaines de septembre, succédant à une
périodedechaleur,uneabondantepousséedechampignons,parmilesquelsdenombreuses
espèces comestibles s’était effectuée dans tous les bois. Dans une visite préliminaire faite
avec M. Ch. Oberthür à la forêt de Paimpont, nous avions trouvé une quantité considérable
d’espèces et cette végétation prometteuse nous faisait espérer que, pendant notre session
nousaurionsàlafoislaquantitéetlaqualité,c’est-à-direcequ’ilfallaitpoursatisfaireàlafois
lemycologueetlemycophage.
Les espérances les mieux établies ne sont pas toujours réalisées, et les nôtres furent
quelques peu déçues. La pluie cessât au début d’octobre et fit place à un temps superbe,
charmantpourlespromenadesd’automne,maistropsecpourpermettreauxchampignonsde
pousseràl’aise.
Les récoltes s’en ressentirent, malgré le zèle de collecteurs infatigables et leur
connaissance des lieux. Cependant ils surent faire des cueillettes suffisantes pour satisfaire
notre gourmandise aux déjeuners d’excursion et pour assurer le succès de nos deux
expositionssuccessives.
*
* *
Séanced’ouverture
A l’heure fixée par le programme eut lieu la séance d’ouverture et la réception des
Congressistes.
CetteséanceétaitprésidéeparM.CharlesOberthür,présidentdelaSessionmycologique
deRennes,lequelétaitassistédeMM.Daniel,professeuràlaFacultédesSciences,secrétaire,
etVuillet,préparateuràlastationentomologiquedelaFacultédesSciences,trésorier.
ParmilescongressistessetrouvaientM.Labbé,deLaval,présidentdeMayenne-Sciences
etplusieursmembresdecetteSociété;M.Blin,deNantes,etd’autresdéléguésétrangers;
MM.legénéralMarcille,Moreau,doyendelaFacultédesSciences;MM.Dottin,Laurent,
adjointsauMaire;LenormandetHoulbert,professeursàl’EcoledeMédecine;Commandant
Georget,CommandantdeBourayne;CapitaineRipert;Marc,directeurduJardindesPlantes,
etc.
M.Oberthürsouhaitadanslestermessuivantslabienvenueauxmycologistes.
Mesdames,Messieurs,
Nousvousremercionsd’avoirbienvouluvousrendreànotreinvitationpourl’ouverture
delaSessionmycologiquedel’Ouest.
Votreprésenceici,MesdamesetMessieurs,estpournousunprécieuxencouragement.
Tout d’abord, nous poursuivons un but scientifique. Il s’agit d’étudier ensemble les
diversesespècesdechampignonsquisedéveloppentdansnosbois,deconnaîtreleslocalités,
que préfère chaque espèce et de réunir des matériaux, en vue de dresser l’inventaire de
touteslesespècesdechampignonsdenotrerégion.
Nous avons aussi l’intention de rendre à nos concitoyens un service pratique, en leur
apprenantàdistinguerleschampignonscomestiblesdeschampignonsvénéneux.
Combiendepromeneurspassentdédaigneux;àcôtéd’espècesexcellentes,parcequ’ils
enignorentlemérite.
Pourtantlarecherchedeschampignonsdonnelieuàdesexcursionspleinesd’attraits.De
plus,larécolted’espècescomestiblesfournitàlatableunmetsnouveau,généralementtrès
apprécié.
Mesdames et Messieurs, voici maintenant les premiers jours de l’automne avec leur
charmesidoux.
Puisse le soleil rester notre fidèle compagnon dans toutes les promenades auxquelles
nousvousconvions.
Nousnoussommesefforcés,mestrèsdévouéscollègues,MM.Lucien,DanieletVuillet,
et moi-même, de pourvoir à l’organisation des moyens de transport et des repas pour les
différentesexcursionsquifigurentànotreprogramme.
Malgré toute notre volonté de vous satisfaire amplement, nous vous réclamons,
MesdamesetMessieurs,votreplusbienveillanteindulgence.
Pourrendreplusfacilel’exploration,delaforêtdePaimpont,nousenavons,ilyatrois
jours,parcouruleslignesoùleschampignonsabondent.
Il en est certainement de même à la forêt de Haute-Sève, où nous nous rendrons
vendredi,etàlaforêtdeRennes,quiseral’objetdenotrepremièrevisiteaujourd’huimême.
APaimpont,nousétionscharmésparlespaysagesvariésquis’offraientànosyeux.Près
desForges,lesfutaiesseréfléchissaientdélicieusementdanslemiroirdeseaux,etçàetlà,sur
leshauteursd’oùl’ondécouvredevasteshorizons,lesajoncsmarins(Ulexnanus),aumilieu
desrocherscouvertsdelichens,mêlaienttrèsagréablementleursfleursd’orauxtigesroses
ou violacées des quatre espèces de bruyères (Erica ciliaris, tetralix, cinerea et Calluna
vulgaris).
Mesdames et Messieurs, les curieux de la nature, dans les champs et dans les bois, ne
jouissentpasseulementdesatisfactionsscientifiquesetartistiquestrèshautes.Ilsontencore
unautreavantage.
Unis par un même sentiment et par la conformité des goûts, ils ne tardent guère à
s’appréciermutuellement,às’estimeretàs’affectionnerlesunslesautres.
Quelle que soit la spécialité à laquelle on se soit adonné dans les sciences naturelles,
l’étudedelaNatureatoujoursleprivilègedefairenaîtrelesamitiésfidèlesdontlecommerce
estsiréconfortantetsiprécieux.
Laviesetrouveainsiembellieetennoblie.Tousceuxquisesontvouésàl’étudedela
Nature y ont trouvé le remède à bien des mécomptes, la compensation de bien des
déceptionsetl’apaisementàbiendesdouleurs.
Arrachons-nous donc, si vous le voulez bien, pendant quelques heures, aux soucis
ordinaires de chaque jour, et, en compagnie des maîtres si savants et si expérimentés que
nousconnaissonstous,allonsexplorer,avantquelesprochainsfrimasnejonchentlesolde
feuillesmortes,lesforêtsdeRennes,dePaimpontetdeConcise,leslandesrocheusesetles
sitesagrestesdeBourg-des-ComptesetdePléchâtel.
Entre temps, Mesdames et Messieurs, nous profiterons ensemble des conférences qui
serontfaitespournousàlaFacultédesSciencesdimancheparM.Souché,mercrediparMM.
DanieletEugèneBodin.
Permettez-nousmaintenant,pourrendreplusfacileslesquestionsdetransportsetdes
repas de vous demander de vouloir bien nous faire connaître vos intentions, d’abord pour
Haute-Sèvevendredi,puispourPaimpontsamedi.
M. Lucien Daniel, secrétaire de la Session mycologique, et M. André Vuillet, trésorier,
auront l’obligeance de vous fournir tous les renseignements particuliers que vous pourriez
désireretderecueillirvosadhésions,commevouslejugerezàpropos.
Enterminant,j’accomplisleplusagréableetleplusjustedesdevoirsquiestd’exprimer
ennotrenomàtous,laplusvivegratitudeàM.lePréfet,àM.leRecteurdel’Académie,àM.
le Maire de Rennes, qui nous a permis de mettre la Session mycologique sous leur haut
patronageetquiontbienvouluaccepterd’êtrenosprésidentsd’honneur.
Lorsque les applaudissements eurent cessé, M. Daniel, secrétaire de la Session, donna
desrenseignementssurlapartiematérielledesexcursions,lesheuresdudépartetduretour.
Il fit part des réductions très aimablement consenties aux Congressistes par la
Compagnie de l’Ouest et la Compagnie des Tramways à vapeur d’Ille-et-Vilaine. La Société
bretonnedeBotaniqueestheureusedesaisircetteoccasionpourremercierMM.Roger,chef
de division à la gare de l’Ouest et Guittet, directeur des Tramways, pour leur constante
bienveillanceàsonégard.
*
* *
ExcursionàlaForêtdeRennes(Mi-Forêt)
L’excursiondeMi-Forêtestl’unedesplusfaciles.Entempsconvenable,elleesttoujours
fructueuse,carlesessencesd’arbresysontvariéesainsiquelanaturedusoletl’humidité.Le
trajet classique de Mi-Forêt à Fouillard par la ligne des eaux (1) est suivi par le mycologue
comme par les professionnels de la cueillette qui viennent vendre leurs récoltes à Rennes.
C’est dire qu’on y trouve à la fois en grand nombre les espèces comestibles, les espèces
communesetlesespècesraresdontunesuffitàpayerlafatiguedunaturaliste.
Les excursionnistes étaient très nombreux. Citons parmi les membres de la Session
mycologique, MM. Labbé et Docteur Pénélet, des Mayenne-Sciences; Lefas, député de
Fougères;JulesGlatigny,Blin,deNantes,Bost,etc.,etdenombreusesdamesqu’untrajetun
peulongn’avaitpaseffrayées.
———————
(1)Onsaitque,lesconduitesamenantl’eaupotableàRennespassentautraversdela
forêtdeRennes.
Larécoltefut,cettepremièrejournée,oùl’humiditédespluiesprécédentesn’avaitpas
encoredisparu,assezabondante,sansêtretoutefoiscequenousaurionspuespérer.Voicila
listedesespècesrécoltées:
Amanitamuscaria,citrina,mappa,pantherina,rubescens,spissa,vaginata.
Lepiotaamiantina.
Armillariamellea,mucida.
Tricholomacolumbetta,rutilans,saponaceum,aggregatum,sejunctum,acerbum.
Mycenagalericulata,pura,galopus.
Collybiabutyracea,maculata,grammocephala,dryophila,tuberosa,fusipes,radicata.
Laccarialaccataetsesdiversesvariétés.
Clitocybeinfundibuliformis.
Marasmiusurens,epiphyllus,rotula.
Omphaliafibula,umbellifera
Cantharelluscibarius.
Lactariussubdulcis,pallidus,theiogalus,vellereus,controversus,piperatus,deliciosus,uvidus,
blennius.
Russulacyanoxantha,fragilis,lepida,virescens,emetica,nigricans,adusta,queletii.
Claudopusvariabilis.
Entolomanidorosum,lividum.
Clitopilusorcella.
Pholiotaaurea,radicosa,caperata,mutabilis.
Cortinariuscinnamomeus,violaceus,anomalus,alboviolaceus,hæmatochelis,elatior.
Gomphidiusroseus.
Hebelomacrustuliniforme.
Flammulalenta.
Strophariaæruginosa.
Psalliotaarvensis,sylvatica.
Coprinusmicaceus,atramentarius,picaceus,plicatilis,comatus.
Hypholomafasciculare,hydrophilum,sublateritium,lacrymabundum.
Paxillusinvolutus.
Polyporusversicolor,applanatus,betulinus,acanthoïdes.
Trametespini.
Boletus scaber, et ses variétés, aurantiacus, luteus, duriusculus, Boletus erythropus, edulis,
æreus,flavus,luteus,variegatus,calopus,chrysentheron,bovinus.
Hydnumrepandum,imbricatum,zonatum.
Clavariabyssiseda,cinerea.
Thelephoraterrestris.
Stereumpurpureum,hirsutum.
Phalluscaninusenabondance.
Pezizaaurantia,onotica.
*
* *
ExcursionàlaForêtdeHaute-Sève
LaforêtdeHaute-Sève,auxsitessivariésetsipittoresques,esttroppeuconnue;elle
présentepourlebotanisteunintérêtparticulierencesensqu’ellerenfermeunlambeaude
calcaire riche en plantes rares. C’est là qu’en effet se trouvent avec un tapis très étendu
d’Isopyrum thalictroïdes, Paris quadrifolia, Helleborus, viridis, Neottia nidus avis, et
autresraretés.LeMuguets’yrencontreaussiengrandeabondanceendiverspoints.
Les tranchées creusées dans certaines parties de la forêt voisines du hameau de la
Tressardièreoffrentenoutreunevégétationdeplantesherbacéespoussantsouslesfutaieset
très remarquables par la longueur des entrenœuds et la forme anormale des feuilles qui
caractérisentlesplantesvivantdanslalumièreatténuée.
Dans ce coin relativement humide s’agite, au moment des beaux jours, un monde
bourdonnantd’insectes,quiferaitlebonheurdel’entomologiste,maisquiestunpeuagaçant
pourl’amateurdeplantes.
L’excursion, du fait du calcaire, est intéressante même pour le mycologue qui peut
espérerytrouvercertainesespècescalcicoles.D’unautrecôté,laforêttoucheàl’étangetaux
landes d’Ouée, où poussent certaines formes de champignons particulières aux prairies et à
noslandestourbeusesdel’Ouest.
Pour mieux explorer la forêt, les excursionnistes se partagèrent en deux groupes. Le
premier,sousladirectionducapitaineRipert,partitdèslematin,descenditàGosné,visitala
lande d’Ouée et la partie voisine de la forêt pour venir retrouver le deuxième groupe à la
Tressardière où un excellent déjeuner avait été préparé; le menu ci-contre, où les
champignonsrécoltéstinrentunebonneplace,entémoigneéloquemment.
Acedéjeuner,lesmembresdelaSessionMycologiquefurentagréablementsurprisde
recevoir chacun un menu dessiné d’une façon très artistique par M. le Dr Savouré, chef des
travaux à la Faculté des Sciences. C’est lui qui dessina également les menus des autres
excursions.Nousleprionsdebienvouloiragréerlesremerciementsdetouspouravoirainsi
contribuéausuccèsdenosherborisations.
Le retour à Gosné se fit par une soirée splendide, trop belle au gré du mycologue,
quelque peu déçu par le petit nombre des espèces récoltées ce jour-là dans une station
particulièrement riche. C’est que la forêt de Haute-Sève offre cette particularité de se
desséchervitesurtoutsurleshauteurs,cequiempêcheleschampignonsdedurersilapluie
cessebrusquement.
Voicilesprincipalesespècesrécoltéesdanscettejournée:
Amanitamuscaria,rubescens,citrina,mappa,pantherina.
Lepiotaprocera,amiantina.
Armillariamellea.
Tricholomacolumbetta,saponaceum,striatum,russula,acerbum.
Collybiabutyracea,fusipes,dryophila.
Laccarialaccata.
Lactariusdeliciosus,controversus,theiogalus.
Russulacyanoxantha,emetica,fragilis.
Cantharelluscibarius.
Panusstypticus.
Entolomanidorosum,sericeum.
Clitopilusorcella.
Cortinariuselatior,collinitus,anomalus.
Hebelomecrustuliniformis.
Hypholomafasciculare,lacrymabundum,hydrophilum.
Paxillusinvolutus.
Inocybegeophila.
Polyporusversicolor,schweinitzi.
Boletusedulis,scaber,aurantiacus,luteus.
Hydnumrepandum.
Sparassiscrispa.
Clavariacinerea,formosa.
Craterelluscornucopioïdes.
Phalluscaninus.
Pezizaæruginosa.
*
* *
ExcursionàlaforêtdePaimpont
La forêt de Paimpont, où vécurent, d’après la légende, la fée Viviane et l’enchanteur
Merlin,estbienconnuedecertainsRennais,maisellemériteàtouségardsdel’êtredetous
noscompatriotesetdestouristesétrangers.
Les étangs, entourés d’arbres de haute futaie, ont grande allure, et la vallée où coule
l’Affnemanquecertespasdepittoresque.
Toute la région voisine est d’ailleurs fort remarquable et la route que nous avons
parcourue avec M. Ch. Oberthür, par Saint-Thurial, Monterfil, Paimpont et les confins du
Morbihan,auncachetdegrandeuretdesauvagerieparticuliers.Onestsurprisqu’ellenesoit
pasplusconnuedesétrangersquivontsouventfortloinvisiterdessitesquinevalentpasles
collinesdeschisterouge,àvégétationsispéciale,deSaint-Thurial,Monterfil,Coëtquidan,et
surtout les hauteurs où se dresse le moulin de Rollo. De ce point, on voit, paraît-il, l’Océan
quand le temps est clair. Le panorama y est très étendu; même par un temps légèrement
couvert.
L’ontrouverasûrementdanscetterégion,trèspeuexploréeencore,des raretésdans
toutes les branches de la botanique. N’est-ce pas là que se sont localisées Ranunculus
nodiflorus,Gladiolusillyricus,Trigonellaornithopioïdes,etc.
Il est fort probable que les Cryptogames fourniront aux spécialistes un contingent
sérieux d’espèces intéressantes et je ne saurais trop les engager à faire des collines et des
valléesdeSaint-Thurial,Monterfiletautreslocalitésvoisinesuneexplorationméthodique et
prolongée.Ilsneperdrontnileurtemps,nileurpeines.
CequifrappeenarrivantdanslaforêtdePaimpont,c’estlavivacitéetlapuretédel’air
qu’onyrespire.C’estunesensationquirappellesousplusd’unpointcellequel’onéprouveen
approchant de la mer. Plélan et les environs doivent à cet air pur de voir chaque année les
Rennais,parmilesquelsnotresympathiqueconfrèreM.EdouardAubrée,s’installerdansleur
régionpourypasseragréablementlesmoisdel’été.
L’excursiondePaimpont,dirigéeparM.Ch.Oberthürquiconnaîtadmirablementcette
région(1),futsanscontreditlaplusintéressantedetoutes.Al’arrivéedutramway,àPlélan,
desvoituresattendaientnotrecaravaneetlaconduisirentàlacantinedesforgesdePaimpont
où devait avoir lieu le déjeuner. Dès l’arrivée, les excursionnistes se fractionnèrent en
plusieursgroupes.Lesunsexplorèrentlesenvironsdesétangs,lesautrespoussèrentplusloin.
———————
(1)M.Ch.Oberthüraétépendant33ans,mairedeMonterfil.
Larécoltefutbonne.Lesespècescomestiblesquieurentleshonneursdelatablefurent
lesChanterelles,leCollybiafusipes etlaTrompettedesMorts.Ilfautavouerquesilesdeux
premierschampignonseurentunsuccèsméritéprèsdesexcursionnistes,onn’ensauraitdire
autantdelaTrompettedesMorts.Cetteespèceestcependantbonne,malgrésonaspectpeu
engageant et son nom funèbre; mais elle avait été mal arrangée et l’on sait quel rôle
importantjouedanslaqualitéd’unplatdechampignonslafaçondelesapprêter.LeLactaire
délicieuxquiméritelargementsonnompréparéàlapolonaise,commenousleserviten1905
M.deKierniowsky(1),estplutôtdésagréableapprêtéd’uneautremanière.
Ledéjeunern’enfutpasmoinsplantureuxetlesexcellentsvinsqu’avaitgénéreusement
apportésnotrePrésidentfurentappréciésàtoutleurmérite.
M.Ch.Oberthür,audessert,dansunecharmantecauserie,nousdittoutleplaisirqu’il
éprouvaitàsetrouveraumilieudenousparcettebellejournéed’automne,combienilétait
agréableetreposantdefairedel’histoirenaturelleentregenspartageantlesmêmesgoûts.Et
il montra tout l’intérêt que présenteraient des excursions étendues, non pas seulement à la
botanique,maisàl’entomologieparexemple,cesdeuxsciencespouvantmarcherdepairet
serendredemutuelsservices.Ilterminaparuncomplimentméritéauxdamesprésentesqui
avaientbienvoulupartagernostravauxetavaientcontribuéausuccèsdenotrepetitefêtede
famille.
M.DanielfitensuiteressortirquelaSociétébretonnedeBotaniqueétaittoutacquiseà
l’idéedegrouperlesbonnesvolontésentomologiquesetbotaniques,maisqu’unseulhomme
lui paraissait capable de réaliser ce groupement en lui faisant rendre le maximum d’effets
utilesàlasciencerennaise.CethommeétaitM.Ch.Oberthür.Aussiproposa-t-ilauxmembres
présentsdebienvouloirl’élirecommeprésidentdelaSociétébretonnedeBotanique,cequi
futfaitparacclamation.M.Ch.Oberthürvoulutbienacceptercettefonction,cedonttousnos
Sociétairesluisaurontgréetseféliciteront.
Il n’est si bonne société qui ne se quitte, dit le proverbe. Nous nous arrachâmes aux
délicesdelatablepourrecommencernospérégrinationsdanslaforêt.Etnosrécoltesfurent
encorebonnes,étantdonnéeslesconditionsclimatologiquesdéfavorables;ellesauraientété
meilleuresencoresinousn’avionspasétélimitésparletemps.
Envoicilaliste:
Amanitamuscaria,pantherina,rubescens,citrina,mappa,vaginata,junquillea.
Lepiotapudica,amiantina.
Armillariamellea,mucida.
Tricholomarutilans,sulfureum,chrysentheron,columbetta,striatum,sejunctum,saponaceum,
terreum,acerbum,aggregatum.
Collybia erythropus, dryophila, butyracea, grammocephala, conigena, fusipes, radicata,
tuberosa.
Laccarialaccataetsesvariétésproximaetamethystina.
Clitocybenebularis,infundibuliformis,viridis.
Mycenagalericulata,pura.
Hygrophorusvirgineus,psittacinus,obrusseus,coccineus.
Cantharelluscibarius,aurantiacus,tubæformis.
Lactariuscontroversus,piperatus,pallidus,torminosus,sudulcis,azonites,deliciosus,blennius,
uvidus,plumbeus.
Russulacyanoxantha,adusta,delica,lepida,emetica,queletii,virescens,nigricans.
Marasmiusoreades,rotula,pilosus,ramealis,urens.
Panusstypticus.
Pluteuscervinus.
Entolomasericeum.
Clitopilusprunulus.
Claudopusvariabilis.
Leptoniachalybeum.
Ecciliacarneoalba.
Pholiotaradicosa,squammosa,aurea,caperata.
Cortinarius purpurascens, collinitus, elatior, anomalus, alboviolaceus, hæmatochelis,
hinnuleus,sublanatus,cinnamomeus,miltinus.
Inocybegeophila,rimosa.
Hebelomacrustuliniformis.
Tubariafurfuracea.
Strophariaæruginosa,coronilla.
Hypholomahydrophilum,sublateritium,fasciculare,lacrymabundum.
Psilocybesemilanceata.
Panaeolusfimiputris,papilionaceus,campanulatus.
Coprinusmicaceus.
Lenzitesflaccida.
Daedaleaquercina,unicolor,biennis.
Trametesgibbosa.
Polyporusperennis,versicolor,amorphus,adustus,applanatus,rubriporus,nigricans,hispidus,
intybaceus.
Boletusluteus,edulis,scaberetsesvariétés,luridus,pachypus,bovinus.
Hydnumrepandum.
Clavariarugosa,cristata,byssiseda,cinerea,acroporphyreo,vermicularis,fusiformis,inequalis.
Craterelluscornucopioïdes.
Stereumhirsutum,purpureum.
Lycoperdongemmatum,excipuliforme.
Bovistaplumbea.
Xylariahypoxylon.
*
* *
Expositiondudimanche4octobre
Grâceaudévouementdesmembresdelasessionetdediverssociétairesparmilesquels
MM.RenéOberthür,CapitaineRipert,DidierDelaunay,delaPlesse,Seyot,etc.,nouspûmes,
ledimanche4octobre,présenteraupublicuneexpositionsuffisanted’espèces.
M.Moreau,doyendelaFacultédesSciences,avaitmisaimablementànotredisposition
la salle des manipulations du P.C.N., qui, merveilleusement éclairée, est tout indiquée pour
uneexpositiondecegenre.
Des supports en bois, garnis de pointes, permettaient de placer facilement les divers
échantillons d’un même champignon à divers âges et d’en faire ensuite le classement. Ces
supports, qui sont faits au laboratoire de Botanique appliquée, sont des plus commodes et
nouslesrecommandonsauxmycologuespourleursexpositions.Nousenavonscrééplusieurs
types: pour les grosses et les petites espèces; pour les espèces qui poussent verticalement
surlesoloulesboisetpourcellesquisontappliquéeshorizontalementsurlestroncscomme
certainsPolypores.
Des piquets, placés de distance en distance sur les tables de la salle, portent à leur
sommet les étiquettes des familles ou des genres, de façon à ce que la classification
apparaissedesuiteàl’œilduvisiteur.
Les espèces comestibles et les espèces vénéneuses avec lesquelles on peut les
confondresontprésentéesennombreuxéchantillons.
LetravaildelaclassificationfutfaitparMM.Souché,Bellivier,Houlbert,Seyot,Daniel,
et l’exposition put ouvrir à l’heure dite. A dix heures et demie, M. Souché, président de la
SociétébotaniquedesDeux-Sèvres,pritlaparoleetdansunepromenade-causerie,ilfit,avec
une simplicité charmante, connaître au public nombreux qui se pressait pour l’écouter les
principales espèces de champignons comestibles et vénéneux. Il insista sur les dangers que
présentelaconsommationdecertainesespècescommelesAmanitesetmitlesmycophages
en garde contre les procédés empiriques en usage pour reconnaître les bons et les mauvais
champignons:pièced’argent,etc.
DevifsapplaudissementssaluèrentlafindelaconférencedeM.Souché,àlafoissavant
etvulgarisateurintéressant,quin’avaitpashésitéàsurmonterlesfatiguesd’unlongvoyageet
d’herborisationsrépétéespourfaireplaisiràsesauditeursetvulgariserpoureuxdesnotions
arides.Illefitd’ailleursavecuntalentauquelnoussommesheureuxderendrehommage.
Ajoutons que les étiquettes avaient été écrites par M. le Dr Savouré, chef des travaux
pratiques de Zoologie, dont la belle écriture fut aussi appréciée que ses talents d’artiste à
proposdesmenuscomposésspécialementpournosherborisations.
Ilfautsignalerencoreuneinnovationintéressante:
LeLyonRépublicain nousavaitadressédebeauxtableauxencouleurreprésentantles
principalesespècesdechampignonscomestiblesetvénéneux.
M. Malbrand, libraire à Rennes, exposait aussi des traités et des atlas qui eurent
beaucoupdesuccèsprèsdesvisiteurs.
Un nombreux public se pressa pendant toute la journée du dimanche devant les
espèces exposées et commenta les déterminations en prenant des notes ou en demandant
desrenseignementsàceuxdessociétairesquisetenaientàceteffetenpermanencedansla
salle.
On pouvait une fois de plus faire la remarque que la science mycologique n’intéresse
pas seulement, comme on pourrait le croire, le public rennais fortuné ou instruit. Très
nombreuxsontlesouvriersdenotrevillequiprofitentdeleurreposhebdomadairepouraller
àlacampagnecueillirunenourrituresaine,agréableetpaschère,toutenprenantlegrandair
quileurestsinécessaireaprèsunesemainedelabeuràl’atelier.Etnousavonsétéheureuxde
constater;danscetteexpositioncommeànosexpositionsdesannéesprécédentes,quedes
travailleursdetoutesprofessionssepressaientautourdesespècescomestiblesetvénéneuses
etétaientlespremiersàposerdesquestionsauProfesseurouauxSociétairessurtelleoutelle
espèce comestible qu’ils n’auraient pas osé jusqu’ici récolter. Le laboratoire de botanique
appliquée est ouvert à tous ceux qui ont besoin d’une vérification ou d’une détermination
gratuites; ils sont certains d’y trouver bon accueil; beaucoup le savent et en ont pris le
cheminchaqueannéeaumomentdelasaisonpropiceàlacueillettedesespècescomestibles.
*
* *
ExcursiondeLaval
Le lundi 5 octobre eut lieu l’excursion de Laval. Les excursionnistes de Rennes et des
Deux-Sèvres furent reçus à la gare par le président et une délégation de «MayenneSciences».
IlseurentleplaisirdetrouveràlagareMM.l’abbéHy,professeuràl’Institutcatholique
d’Angers,etBouvet,conservateurdel’herbierLlyod,deuxferventsbotanistesdontlestravaux
surlafloreangevinesontbienconnus.
IlsserendirentdirectementauMuséumd’Histoirenaturelleoùilsfurentcordialement
accueillisparletrèsaimableConservateurduMusée,M.Œhlert,membrecorrespondantde
l’Institut, revenu de voyage exprès pour cette occasion. Ils purent admirer les belles
collections zoologiques et paléontologiques et consulter en même temps la collection de
champignons en terre cuite qui figure au milieu des richesses que M. Œhlert a ramassées
pourlaplupart(1).
A 11 heures, eut lieu le déjeuner à l’hôtel du Dauphin, où les menus du Dr Savouré
eurentunlégitimesuccès.
Audessert,destoastsfurentportés:
1° Par M. Labbé, président de Mayenne-Sciences, qui très aimablement souhaita la
bienvenue aux membres des diverses Sociétés présentes et émit le vœu de voir se fonder
bientôt une Fédération des Sociétés de province dans le but de favoriser des réunions
régionales.
2° Par M. Houlbert, qui excusa MM. Oberthür et Daniel, retenus à Rennes par
l’organisationdel’expositionfinale.
3°ParM.Souché,présidentdelaSociétébotaniquedesDeux-Sèvres,quiexcusaMM.
Maire,Peltereau,etc.,retenusàl’étrangerpardestravauximportants.
———————
(1)C’estàM.Œhlert,undenossavantsfrançaislesplusdistingués,quel’ondoit,entreautres
travaux, les connaissances géologiques actuelles sur le département de la Mayenne qu’il a
exploréentoussens.
A midi et demi eut lieu le départ pour Pont-Alain (forêt de Concise) dans de grands
breaksd’excursion.Parmilesmembresde«Mayenne-Sciences»,citonsM.Labbé,président
etMadame;M.Masseron,vice-président;M.Méchin,secrétaire,avecunedizained’élèves
de1resciencesduLycée;DrL.Angot;DretMmePénelet;M.Lacoulonche;desinstituteurs
auxquelsM.LeBalle,letrèsaimableinspecteurd’académiedelaMayenne,avaitdonnécongé
pour la circonstance, etc. En tout, il y avait une soixantaine de personnes, joli chiffre qui
montre la vitalité de «Mayenne-Sciences» et l’intérêt que les Lavallois portent aujourd’hui
auxchampignons.
Au Pont-Alain les excursionnistes étaient attendus par M. le Comte de Montferré,
propriétairedesbois,quimitàleurdispositiondesgardesetdesplansdelaforêtdeConcise.
Ils se dispersèrent en trois groupes qui explorèrent méthodiquement celle-ci. Et à quatre
heures, les trois groupes étaient réunis à un carrefour où M. de Montferré, entouré de sa
familleetdequelquesamisleuroffritlechampagne.
Le président et les membres de la session mycologique, très touchés de la délicate
attentiondeM.leComtedeMontferré,luiadressentleursmeilleursremerciements.
LeretouràLavalsefitenvoitureetlesmembresrennaisdelasessionpurentprendrele
trainde5heuresavecuneabondantemoissond’espècesdontvoicilaliste:
Amanitamuscaria,citrina,rubescens.
Lepiotaprocera,amiantina.
Armillariamellea.
Tricholomarutilans,album,striatum,saponaceum,cartilaginum.
Collybiafusipes,dryophila,butyracea.
Laccarialaccataetamethystina.
Clitocybeinfundibuliformis.
Hygrophoruscoccineus,niveus.
Cantharelluscibarius,aurantiacus.
Lactariuscontroversus,piperatus,torminosus,rufus,theiogalus,uvidus,plumbeus.
Russulaadusta,lepida,emetica,queletii,foetens,virescens,cyanoxantha.
Marasmiusurens,rotula.
Clitopilusprunulus.
Octojugavariabilis.
Cortinariuselatior,hæmatochelis,miltinus.
Hebelomacrustuliniforme.
Paxillusinvolutus.
Hypholomafasciculare,sublateritium.
Panaeoluspapilionaceus.
Coprinusmicaceus.
Lenzitesflaccida.
Polyporusacanthoïdes,versicolor.
Boletusflavus,luteus,edulis,scaber,æreus.
Hydnumrepandum,fragile,floriforme.
Phallusimpudicus.
Cyathushirsutus.
Pezizaonotica.
Ajoutons que M. Corfec et divers membres lavallois de «Mayenne-Sciences», avaient
de leur côté, dans le bois de Gresse, près de la Chapelle-Anthenaise, cueilli pour notre
expositiondeRenneslesespècessuivantes,quifurentunappointprécieuxànosrécoltes:
Lepiotaamiantina.
Armillariamellea.
Tricholomasulfureum,album,terreum.
Collybiadryophila,butyracea,radicata.
Clitocybeinfundibuliforrmis,gymnopodia.
Mycenapura.
Hygrophorusconicus,psittacinus.
Cantharellusaurantiacus,cibarius,carbonarius.
Lactariuscontroversus,torminosus,rufus,theiogalus,uvidus.
Russulaemetica,rosea,queletii,cyanoxantha.
Marasmiusrotula.
Clitopilusprunulus.
Octojogavariabilis.
Cortinariuselatior,miltinus.
Hebelomacrustuliniformis,longicandus.
Paxillusinvolutus.
Psalliotaarvensis.
Strophariaæruginosa.
Hypholomafasciculare,sublateritium.
Lenzitesflaccida.
Daedaleaunicolor.
Polyporussquamosus,versicolor,lucidus,acanthoïdes.
Boletusscaber,erythropus,chrysenteron.
Hydnumrepandum,fragile,floriforme,velutinum.
Stereumhirsutum,cristulatum.
Craterelluscornucopioïdes.
ExcursionàBourg-les-ComptesetPléchâtel
Chaqueannée,nousavonsl’habituded’herboriserdeuxfoisàBourg-des-Comptesetà
Pléchâtel,auprintempsetàl’automne,etnousnerevenonsjamaislesmainsvides.
C’estquelesbordsdelaVilaineetlescollinesquibordentcetterivièresontrichesen
plantesrares,ainsiqu’onenpeutjugerparlescomptesrendusdenosherborisationsde1906
et1907.
Sinossociétairessontfamiliarisésaveccesrégionsetlesrevoienttoujoursavecplaisir,
cefutunevéritabledécouvertepourlesbotanistesétrangersquiignoraientcettepetiteSuisse
situéeauxportesdeRennes.
Hélas! notre excursion du matin ne fut pas fructueuse. Les collines et les prairies
bordant la Vilaine près de la gare de Bourg-des-Comptes ne nous fournirent aucun
champignoncomestibleenquantitéconvenable.Pourlapremièrefois,lemenududéjeuner
ne contint pas de champignons! Il n’en fut pas moins apprécié des congressistes dont la
promenadeavaitaiguisél’appétit.
L’après-midi, les mycologues explorèrent les bois de la Molière. Un petit nombre
d’espècescommunesyfurentrecueillies;aucunen’estdigned’êtrenotéeici.
Mais cette déception mycologique fut largement compensée par le plaisir
qu’éprouvèrent nos Congressistes en apercevant le magnifique panorama qui se déroula à
leursyeuxdusommetdelaMolièreetdeshauteursdePléchâtel.Lepaysageétaitrenduplus
beau encore par les teintes d’automne qu’avaient revêtues les bois environnants. Et les
botanistesétrangersnenouscachèrentpasleuradmirationpourcessitesremarquablesnon
seulementparleursbeautésnaturelles,maisencoreparlescréationsdel’homme.Lesjardins
delaMolièreetdelaFiolaissont,eneffet,dusàLeNôtre;c’estdirel’intérêtqu’ilspeuvent
présenter.
Un soleil radieux brilla pendant toute la soirée; chacun revint à la gare avec nos
modestescueillettes,enchantédesajournée.
*
* *
Expositiondumercredi7octobre
Une deuxième et dernière exposition des espèces récoltées à la forêt de Concise et à
Bourg-des-ComptesprécédaitlaclôturedelaSessionmycologiquedel’Ouest.
Les récoltes, sans être abondantes, étaient cependant meilleures qu’on eût pu le
supposeraprèshuitjoursdesécheresse.Descollecteurszélés,MmeRouault,MM.Houlbert,de
laPlesse,DidierDelaunay,Bossard,etc.,nousavaientenoutreapportédesespècesplusou
moins rares comme Clathrus cancellatus en superbes exemplaires, Psalliota sylvatica,
Boletuscalopus,Clavariapistillaris,Cyathusvernicosus,etc.
Maiscequinouspermitdecompléternosvides,cefurentlesenvoisdeMM.Dupain,
pharmacienàlaMotte-Saint-Héray,etBarbier,delaFacultédesSciencesdeDijon,àquinous
adressonsnosmeilleursremerciements.
M.Dupainnousavaitexpédiéles55espècessuivantes:
Amanitaspissa.
Tricholomaalbum,equestre,ustale,columbetta,acerbum.
Collybiasemitalis,grammocephala.
Clitocybeviridis.
Hygrophorussubradiatus.
Omphaliaumbellifera.
Cantharellussinuosus.
Lactariusazonites,mitissimus,quietus,pallidus,vietus,zonarius.
Russula adusta, violacea, amœna, graminicolor, fellea, fragilis, fallax, depallens, sardonia,
vesca,pectinata,lepidavar.alba.
Marasmiuscandidus,gelidus.
Pholiotaradicosa.
Cortinariusimpennis,variicolor,glaucopus,hinnuleus,fulmineus,cinnamomeus.
Inocybeasterospora,geophilaetsavar.lilacina.
Paxillusinvolutus.
Boletusaurantiacus,var.pâlevenantsouslepeupliertremble,castaneus.
Hydnumimbricatum.
Clavariapistillaris,acroporphyrea.
Phallusimpudicus.
Lycoperdonexcipuliforme,gemmatum,piriforme.
M.Barbieravaitexpédiéles20espècessuivantes:
Tricholomasaponaceum,pessundatum.
Amanitacitrina.
Armillariamellea.
Clitocybesuaveolens,gymnopodia.
Lactariusinsulsus,violaceus,azonites.
Pleurotuseryngii.
Pholiotaradicosa,mutabilis.
Cortinariuscalochrous,porphyropus,cucullatus.
Paxillusinvolutus.
Polyporusapplanatus.
Pezizaaurantia,etc.
A cette deuxième exposition figurait comme à la première, la splendide collection de
ChampignonspathogènesprésentéeparleDr E.Bodin,lespécialisterennaisbienconnudes
maladies de la peau. Des photographies figuraient les mycoses les plus caractéristiques
recueilliesdanssonserviceàl’Hôtel-DieudeRennes.
Cette collection, vraiment remarquable, fut le clou de nos deux expositions. M. le Dr
Bodinavaitbienvouluenoutrecommenterlesdocumentsqu’ilprésentaitainsiaupublic,etil
lefitdansunebrillanteimprovisation,oùilsutallierlaclarté,lefondsetlaforme,montrant
ainsiques’ilestunmaîtredansl’artdeguérir,ill’estégalementdansl’artdifficiledelaparole.
Ilabienvoulucedontnousnesaurionstropleremercier,rédigersaconférence,cequi
nouspermetdelareproduirein-extenso.Elleintéresseraànouveauceuxquil’ontentendue
etapplaudie; ceux qui n’ont pu y assister pourront juger de l’originalité des aperçus qu’elle
contientetdeshorizonsnouveauxqu’elleévoquepourlechercheur.
*
* *
Aperçusurl’étatactueldelaMycologieparasitairemédicale
LasessionmycologiqueorganiséeàRennesetdueàl’heureuseinitiativedelaSociété
bretonne de Botanique m’a permis de présenter au public des échantillons des principaux
parasitescryptogamiquesdel’hommeavecdesphotographiesdeslésionsqu’ilsdéterminent.
J’en suis doublement satisfait, car nulle occasion ne pouvait être meilleure pour faire
connaîtrecommeelleleméritelamycologieparasitairemédicaleetaussipourrapprocherles
unsdesautresdesmédecinsetdesmycologuesdeprofession.
A l’heure actuelle l’étude des champignons parasites est devenue une branche
importantedessciencesmédicales,soulevantdesproblèmesdélicatsetnombreuxqu’ilserait
téméraired’abordersansconnaissancesspécialesetvoilàpourquoijevoudraisl’unionlaplus
étroiteentrelamycologiepureetlaparasitologiemédicale.Pourenmontrerl’utilité,jecois
qu’il suffira d’un aperçu rapide sur l’évolution de la mycologie parasitaire et sur son état
actuel;jechercheraiàlaprésentericiaussisuccinctementetaussiclairementquepossible.
*
* *
D’abord il n’est pas sans intérêt de rappeler que parmi les parasites végétaux de
l’homme, ce sont les champignons qui ont été découverts les premiers, et c’est ainsi qu’en
médecinelamycologieestlapremièreendate,devançantetprécédantlabactériologiedont
le magnifique essor a fortement retenu l’attention du monde savant, mais qui ne doit
cependantpasfaireoubliersasœurainée.
Néedanslapremièremoitiédusiècledernier,enterrefrançaise,àParismême,celle-ci
débutait par la découverte de champignons dans deux teignes humaines, le favus et la
trichophytie,parGrubyquidémontraitégalementl’existenced’uncryptogamemicroscopique
dansuneautreaffectioncommunechezl’enfant,lemuguet.Maissinoussavonsaujourd’hui
quel hommage il convient de rendre à ce savant affirmant le premier le rôle spécifique de
végétaux microscopiques dans la genèse d’affections de l’homme, combien ce début était
modesteetcommeildevaitparaîtred’ordresecondaireàtousceuxquinesaventpass’élever
au-dessusdufaitparticulierpourendégagerlanotiongénéraleetplusélevéequ’ilcomporte.
Quoiqu’ilensoit,lesdécouvertesdeGrubyde1839à1844,lesrecherchesdeCharles
Robin sur le champignon du muguet quelques années plus tard semblaient alors de simples
curiositésscientifiques,etcelas’expliqueaisémentquandonsongeauxmoyensrudimentaires
et imparfaits que ces hommes éminents possédaient alors. Munis de microscopes suffisants
pourvoirleparasitedansseslésions,illeurmanquaitlatechniquepermettantdel’isoler,de
le cultiver artificiellement et de faire par l’inoculation expérimentale la preuve définitive de
sonactionpathogène.Cettetechnique,lemerveilleuxgéniedePasteurnousladonnait15ans
plustard,dotantlasciencedel’outilfécondauquelnousdevonstantderichesses.
IlestduresteassezremarquabledenoterquelapremièremaladieétudiéeparPasteur
futprécisémentunemaladieàchampignons:lamuscardineduveràsoie.
Avecl’èrepastoriennelamycologieparasitaireentredansunephasenouvelle:l’undes
premiers Duclaux eut l’idée d’appliquer à la culture des champignons parasitaires les
méthodes de son illustre maître et, avec Mégnin il cultiva le champignon d’une teigne de la
poule.
C’estlepointdedépartd’unesériederecherchesquisesontmultipliéesentouspays
dans les dernières années du XIXe siècle et qui ont fait de la mycologie parasitaire l’une des
brancheslesplusintéressantesdelamédecine.
Français, Anglais, Allemands, Italiens, Américains rivalisent alors, publiant d’incessants
et importants travaux dont la liste complète formerait à elle seule presque un ouvrage.
Citerai-jeicidesnoms?Jenel’osedanslacraintequemamémoirenesoitinfidèle,puisne
serait-cepasfaireunebibliographietoutàfaithorsdepropos,car,encettevued’ensemble
quejeveuxvousprésenter,c’estl’édificequiimporteetnonpaslesouvriersquil’élevèrent.
Or, tel qu’il est, cet édifice de la mycologie parasitaire humaine offre déjà de solides
fondementsetdesligneshardiesnettementtracées.Onpouvaitlepenserd’ailleurs,puisque
c’estàlaméthodeexpérimentaleetàlatechniquepastoriennequenousendevonslesassises
fondamentales.
*
* *
Un premier fait nous y frappera immédiatement, le nombre des affections humaines
causées par des champignons. Avec Gruby on avait reconnu la nature cryptogamique des
teignes faveuses et trichophytique, quelques années après, en 1856, Eichstedt décrivait le
champignon parasite d’une autre maladie cutanée, le Pityriasis versicolor, et un peu plus
tardBurchardttrouvaitaussiuncryptogamemicroscopiquedansleslésionsd’unedermatose
plusfréquentequel’onnepense,l’érythrasma.
A ces diverses dermatomycoses il faut joindre les teignes exotiques, les caratés de
Colombie, le tokelau, dont les parasites ont été étudiés par P. Manson, Tribondeau,
Jeanselme,MontoyayFlorez.Onyajouteraencorelapiedra,caractériséepardesnodosités
surlespoils,etdontBeigel,Behrend,Unna,Vuilleminontmontréslanaturecryptogamique.
Mais il ne s’agit jusqu’ici que d’affections de la peau et ce n’est pas seulement au
tégumentexternedel’hommeques’attaquentleschampignons.Voicieneffetl’actinomycose
qui atteint la peau et les tissus sous jacents et qui peut envahir les viscères. Les belles
recherchesdeBollingeretHarzdeIsraël,deBostrom,dePoncet,nousenontfaitconnaîtrele
parasite, l’Oospora bovis, rangé par Sauvageau et Radais dans un groupe spécial de
Mucédinées.
Trèsvoisindecechampignon,l’Oospora maduraeétudiéparVincent,détermineune
affectionquel’onobserveencertainesdenoscolonies,lepieddeMadura.
Voilà maintenant d’autres champignons, l’Aspergillus fumigatus, le Rhizo-mucor
parasiticus qui s’attaquent aux viscères les plus importants, aux poumons, et qui
occasionnentencesorganesdeslésionstuberculiformesressemblantdetrèsprèsàcellesque
créentlesBacillesdeKoch.Onnotealorschezlesmaladesdessymptômessimulantàtelpoint
latuberculoseordinairequelesclinicienslesplusexpérimentéspeuvents’ytromperetquele
diagnosticresteraitensuspenssil’onn’avaitdesméthodesderecherchecapablesdedéceler
leparasitedanslescrachats.Cesontdespseudo-tuberculosesquenousontfaitconnaîtreles
travauxdeLichthem,deChantemesse,deVidal,deRénon,deLucetetCostantin.
Etcen’estpastout,carilestencore,etenplusdumuguetsifréquentdel’enfance,des
anginesavecexsudatsblanchâtres,pseudo-membraneux,presquediphtéroïdes,quisontdus
à des levures. Il est même des néoplasmes, des tumeurs, dans lesquelles on a également
trouvédeslevures,ainsiqu’entémoignentlesobservationsdeCurtis.
Dernièrement enfin De Beurmann et Gougerot ont décrit une nouvelle mycose, la
sporotrichose,paraissantassezfréquenteetdontleslésionsontétéprisesjusqu’icipourdes
manifestations gommeuses de tuberculose ou de syphilis. Evidemment, je n’ai pas la
prétention d’indiquer en cette rapide énumération tous les cas et toutes les lésions qui
relèventduparasitismecryptogamique,jem’entiensauxfaitsprincipaux,auxaffectionsbien
définies. Ils suffisent pour montrer le rôle important des champignons dans la pathologie
humaineoùnousvoyonscesvégétauxs’attaquerauxtissusprofondsetauxviscèrescomme
aux couches cutanées superficielles et déterminer des maladies aussi variées que les
affectionsbactériennes.
*
* *
Déjà entendue puisqu’elle comporte de nombreuses espèces nosologiques, la
mycologie parasitaire se complique dès que l’on aborde l’étude des parasites avec la
techniquepastoriennedesculturespures.
Au début, en effet, on avait pensé que chaque mycose était due à une espèce
cryptogamique invariable et bien déterminée, cela tenait à l’imperfection des méthodes de
recherche qui ne permettaient alors pas autre chose que l’examen du parasite dans les
lésions. Avec l’isolement des champignons en cultures pures l’étude morphologique et
biologiquedesparasitesestdevenuepossibleetunvastechamps’estouvertauxtravailleurs.
Larécoltedesfaitsintéressantss’yestmontréerapidementfructueuse.
Dès les premières recherches, un fait capital est apparu, la pluralité des espèces
parasitairesdanschaquemycose,etpourcertainesdecesaffectionslacorrespondancetrès
nettedel’espèceparasitaireàlaformecliniquedelamaladie.Prenonsparexemplelateigne
trichophytique: elle revêt divers aspects cliniques et à chacune des principales variétés
objectives de trichophytie chez l’homme correspond une espèce particulière de
Trichophyton,chacundecesparasitesdéterminantsurlapeauhumainedeslésionsquisont
différentes les unes des autres au point de vue clinique. Ainsi la trichophytie vulgaire de
l’enfant,sifréquentedansnosécolessetraduitpardeplacardssecsetsquameuxauniveau
desquels les cheveux sont cassés au ras de la peau, reconnaît ordinairement comme agent
causalleTrichophyton crateriforme,tandisquelestrichophytiesdelabarberevêtantchez
l’hommel’alluredelésionsvégétantesetsuppuréessontduesàdesespècesparasitairestrès
différentes,leplussouventauTrychophytongypseum.
J’ai pris cet exemple à dessein, car c’est pour les trichophyties que ces faits ont été
démontrés pour la première fois, d’ailleurs la démonstration de cette pluralité parasitaire
pour chaque mycose n’a pas été admise d’emblée et sans discussion. Comme tout fait
nouveau,elleaeusespartisansetsesadversaires,etcen’estqu’aprèsuncertaintempsque
la réalité de ces faits est passée dans le domaine classique. Beaucoup ont travaillé à cette
œuvreparmilesquelsilfautciteraupremierrangdeuxnoms,celuideUnnadeHambourgqui
futl’undeschercheursdelapremièreheureetceluideSabouraudquiest,certainement,le
savantayantaujourd’huipousséleplusloinl’étudedesparasitesdesdermatoses.
Et bien, pour d’autres affections, pour le favus, pour les teignes exotiques, pour les
sporotrichoses,lapluralitédesespècesparasitairesestaussiàl’heureactuelleunfaitacquis
etl’onpeutdirequechacunedecesmaladiescomprendunevéritablefloredechampignons
variésdontnousconnaissonsdéjàuncertainnombre.Ilestprobablequedenouvellesétudes
nousenferontdécouvrirencored’autres,différentesdecellesquisontdécritesaujourd’hui.
*
* *
Intéressantenlui-même,puisqu’ilnousmontrequeleschosessontpluscomplexesque
nouslepensions,lefaitdelapluralitédesespècesparasitairesaconduitnaturellementaune
autrenotion.
Sil’oncherche,enétudiantlesdiversesespècescryptogamiquesisolésdeplusieurscas
d’une mycose, les caractères et l’origine de ces espèces, on s’aperçoit que les unes sont
proprement humaines et qu’elles ne se rencontrent que chez l’homme, comme certains
champignonsdesteignestrichophytiques,leTrichophytoncraterium,parexemple,auquelje
faisaisallusionprécédemment.D’autres,aucontraire,nesetrouventchezl’hommequed’une
manière accidentelle et leurs hôtes habituels sont des animaux. D’où une distinction
importante, fort bien mise en relief par Sabouraud dès ses premières recherches sur les
tichophyties, et qu’il convient d’établir entre les parasites d’un même groupe; les uns sont
des espèces humaines, les autres sont des espèces animales. Cela donne l’explication de
certains cas en apparence très obscurs que l’on ne savait autrefois comment interpréter.
Combien de fois par exemple ne trouve-t-on pas de malades porteurs de lésions teigneuses
sans qu’il soit possible de relever de contagion par une autre personne malade?
Fréquemment ces cas se produisent dans un milieu où les habitudes de propreté sont de
règles et dans lequel une affection cutanée de cette nature paraît au premier abord
impossible.Maisquel’onpoursuivel’enquêteavecsoin,etl’onverraqu’ilyaeucontactavec
desanimauxporteursdelésionscutanées:chiens,chats,oiseau,cheval,etc…Quelquefoisles
chosessontassezcompliquées;ainsij’ailesouvenird’unefilletteatteintedeteignefaveuse
etpourlaquellel’enquêteétiologiqueétaitrestéetotalementnégative:or,jetrouvaidansla
maison, grâce à un domestique, des souris faviques, et j’eus, par la culture comparée des
parasitesextraitsdeslésionsdelamaladeetdecellesdessouris,lapreuvedel’identitédeces
parasitesetparsuitedel’originemuridiennedecetteteignehumaine.
Ceciestàcoupsûrintéressantetc’estaussitrèsimportantaupointdevuepratique,car
déterminerainsil’originedesparasites,n’est-cepastracerlaprophylaxiedesmaladiesqu’ils
occasionnent.
Dans ce sens l’étude des espèces cryptogamiques parasitaires a conduit encore à une
autre notion plus complexe, celle de l’origine saprophytique des mycoses en certaines
circonstances.
Qu’est-ce que cette origine saprophytique? Ordinairement le parasite d’une maladie
provient d’un cas antérieur de cette affection, soit humain, soit animal: le parasite change
d’hôte dans la même espèce, ou passe d’une espèce à l’autre et ses conditions générales
d’existence restent en somme les mêmes, il ne cesse pas d’être parasite. Dans le cas de
l’originesaprophytique,ilenvatoutautrement,etcen’estplusd’uncasantérieurhumainou
animalqueprovientlechampignon;ilvientalorsdelanatureoùilsetrouvesurdesmatières
inertesousurdesvégétauxvivantsensaprophyte.C’estàlasuitedecirconstancesfortuites
quecechampignonsaprophytesetrouveamenéàvivredansunorganismevivant,humainou
animaletqu’ilpassealorsdelaviesaprophytiqueàlavieparasitaire.Pourquelquesmycoses
cette origine saprophytique est aujourd’hui bien établie en certains cas. Le champignon de
l’actinomycose, l’Oospora bovis, vit ordinairement sur des céréales et c’est de là qu’il
s’inoculeàl’hommeouàl’animaletc’estpourcelaquecetteaffectionestsifréquentechezle
bœuf au niveau des mâchoires et se rencontre surtout chez les personnes vivant à la
campagneetquiontcoutumedemettrefréquemmentdescéréalesoudesherbesdansleur
bouche.Mêmesfaitspourl’aspergillosedueauxpoussièresprovenantdesdiversesgrainessur
lesquellesvégètehabituellementl’Aspergillus fumigatus.J’ajouteraiqueSabouraudetmoi
nous avons montré également la possibilité de cette origine saprophytique pour certaines
teignesanimales.
On saisit immédiatement l’importance de ces faits qui complètent l’histoire des
mycoseshumainesetanimalesetdontl’intérêtdépasseleslimitesdecegroupedemaladies
etoffreuneportéeplusgranded’ordregénéral.
Nous touchons ici, en effet, à l’une des questions les plus passionnantes des sciences
médicales, celle de l’origine des maladies en général, et c’est ainsi que l’étude de quelques
espècescryptogamiquesparasitaireconduitnaturellementauxsujetsphilosophiqueslesplus
élevés.
*
* *
D’ailleurs, ce n’est pas la seule question de cet ordre à laquelle nous amènent ces
recherches.Pourpeuquel’onpoursuive,onenvoitsurgiruneautreforttroublante:celledu
polymorphisme des champignons, qui pose le problème de la réalité des espèces dans ce
mondedeschampignonsinférieurs.
Lescryptogamesparasitesdel’hommenenoussontconnusactuellementquesousleur
formeimparfaitedeMucédinées,cesontdesfungiimperfectiquenousclassonsd’aprèsleur
morphologie et d’après l’aspect de leurs cultures sur les milieux artificiels: pour chaque
espèce et pour un milieu déterminé, cet aspect est constant et permet à un observateur
exercé de faire la diagnose à la simple inspection de la culture. Ainsi le Trichophyton
crateriformedelatondantedel’enfant,donnesurlagélosepeptoniséeà1%etmaltoséeà3
%,uneculturejaunepoudreusedontlapartiecentraleestdépriméeenformedegodet,d’où
lenomdecratériformequeSabouraudluiajustementassigné.D’autrepart,leTrichophyton
gypseum isolé d’une teigne suppurée de la barbe, cultivé sur le même milieu peptonisé et
maltosé,donnerauneculturetrèsdifférenteavecunepetitehouppededuvetcentralettout
autour une zone blanche, plâtreuse, portant de fins et élégants rayons périphériques. Et
toujourssurlagélosepeptoniséeetmaltoséecesdeuxespècesaurontcetaspectquipermet
de les distinguer aisément. Mais il arrive que, dans certaines conditions, on voit au bout de
quelques temps naître en un point quelconque de ces cultures des formes nouvelles qui
ressemblent à un fin duvet de couleur blanche. On dit alors que les cultures se
pléomorphisentet,sil’onreprenddélicatementuneparcelledecesduvetsblancsnéssurles
cultures plâtreuses des Trichophyton et qu’on en fasse un ensemencement sur un milieu
approprié, on obtient une nouvelle culture uniformément blanche, duveteuse, absolument
comparableàunecouched’ouateétendueàlasurfacedumilieuetquidiffèretotalementde
lapremièreculturedontelleestissue.Danscertainesconditionsilestaiséd’obtenirainsides
formes duveteuses avec les cultures ordinaires des Trichophyton, mais une fois la forme
duveteuse isolée, il est impossible, du moins par les moyens que nous possédons
actuellement,dereveniràlaformepremièredontdérivelacultureduveteuse.
Telestleschémadupolymorphismedeschampignonsdesteignes.Cesontlàdesfaits
bien connus en mycologie où l’on sait qu’une même espèce peut revêtir plusieurs formes
différentes; je n’en citerai pour exemples que les recherches de Boulanger sur le
Sporotrichum vellereum, et celle de Matruchot sur l’Helicosporium lumbricoides et
l’Œdocephalumroseum.
Maisilsetrouveque,pourdiversesespècesdechampignonsdesteignesbiendistinctes
surunmêmemilieuartificiel,lesformesnouvellesduveteusesquedonnentceschampignons
offrentunaspectetunemorphologietellementsemblablesquel’onconfondraitsûrementces
formes les unes avec les autres si l’on n’avait la notion de leur origine, et cela pose un
problèmedélicat.
S’agit-il ici vraiment d’espèces différentes pouvant être communes, ou du moins très
analogues pour plusieurs espèces? Ou bien les champignons que nous isolons des diverses
teignes humaines ne sont-il que des formes dérivant d’une souche commune et qui se sont
différenciéesparsuitedesconditionsdiversesdanslesquellesellesontvécu,commetendrait
àlefairesupposerlepléomorphismedeplusieursespècesvoisinesaboutissantàdesformes
plussimples,paraissantidentiques?
Remarquonsqueceproblèmen’estqu’uncasparticulierdeceluiquiseposepourun
certain nombre de Mucédinées et dont la solution, fort éloignée encore, fait entrevoir une
simplification très grande de tout ce groupe. Et cela n’est-il pas une conséquence de la
faiblessedenotreespritquinepeutd’embléesaisirl’organisationgénéraledeschosesetqui
doitcommencerparuntravaild’analyseavantdepasserauxsynthèses?
Il est vrai que cette question si intéressante est pour le moment d’ordre scientifique
pur; aussi n’insisterai-je pas plus longuement et reviendrai-je à une partie plus médicale du
sujet.
*
* *
Nous venons de voir les champignons parasites dans leurs cultures artificielles, nous
avons appris, grâce à ces cultures, à en distinguer les espèces et à en connaître la biologie;
voyons-les maintenant aux prises avec leurs hôtes dans l’organisme vivant, et demandonsnouscommentilsaltèrentcetorganisme;cherchonsenunmotlemécanismedesmycoses.
En divers cas, par exemple dans les teignes tondantes de l’enfant dans le Pityriasis
versicolor, dans l’érythrasma, la genèse de la maladie paraît bien être uniquement
mécanique: le champignon végétant dans les poils ou dans les couches épidermiques
superficielles y produit des éléments qui infiltrent les cellules de l’organisme et les
traumatisent en les dissociant plus ou moins. Il s’en suit que les poils envahis deviennent
fragilesetsebrisent,quelacouchesuperficielledelapeautombeensquamesplusoumoins
abondantes.Celan’ariendecompliquéetilnes’agitensommequededésordreslocauxdus
àunmécanismetrèssimple.Iln’enestdéjàplusdemêmeavecd’autresteignes,notamment
aveccellesquidéterminentlasuppurationdufolliculepileuxetl’inflammationprofondedes
couches avoisinantes. Il n’en est plus de même surtout avec les mycoses viscérales, avec
l’actinomycoseetaveclespseudo-tuberculoses.
On trouve bien dans ces mycoses des désordres locaux dus au développement du
champignon,maisilyaautrechoseencoreetleparasitesembleagiralorsenunezoneplus
étendue que celle où il se développe, comme en font foi les lésions inflammatoires
périphériques. Ici les réactions de l’organisme sont parfois très vives; elles peuvent être
brutales et aboutir à la mortification des éléments cellulaires, donnant de véritables abcès:
ellespeuventaussiseproduiresurunmodedifférentetprendrel’alluredutubercule,caril
est certain qu’entre le tubercule dû au bacille de Koch et les tubercules d’actinomycose et
d’aspergillose,iln’yapasdedifférencesessentiellesdumoinsaupointdevueanatomique.
Par là les mycoses se rapprochent des maladies à bactéries dont elles paraissaient au
premier abord s’éloigner eu regard à leur mécanisme et comme les maladies bactériennes
nous les voyons revêtir en certains cas le type des réactions suppurées ou tuberculiformes.
L’analogieaveclesaffectionsbactériennesnes’arrêted’ailleurspaslà.Onsaitcombiensont
importantslesproduitstoxiquesélaborésparlesbactériesetquelrôlecespoisonsoutoxines
jouentdanslagenèsedemaladiesbactériennes.Jerappelleraiseulementàcesujet,quedans
la diphtérie, dans le tétanos, dans le choléra, les bacilles restent localisés dans les fausses
membranes, les plaies, ou l’intestin, sans envahir l’organisme et que ce sont les toxines
sécrétées par ces bacilles qui passent dans les humeurs, occasionnent les symptômes
générauxdecesmaladiesetdéterminentunevéritableintoxicationdel’organisme.
Or,jusqu’àcedernièresannées,onpensaitqu’iln’yavaitpasinterventiondeproduits
toxiques dans les maladies mycosiques et cela paraissait établir une différence nettement
tranchée entre les affections bactériennes et les mycoses. Voici que les recherches récentes
sontvenuesdémontrerqueleschampignonsparasitesélaborenteuxaussidespoisonsactifs
commelestoxinesbactériennes,complexescommeelles,dontlerôleestencoremalconnu
maisdontlaréaliténesauraitfaireaucundouteàl’heureactuelle.
C’est ainsi que Roger et Concetti ont découvert dans les cultures de champignon du
muguetdespoisonsquiprennentprobablementpartàlagenèsedecertainsaccidentsetqui
peuvent conduire à la vaccination chez l’animal du moins. Dernièrement, Céni et Besta en
Italie,Gauthieretmoiici,nousavonstrouvédanslesculturesdel’Aspergillusfumigatus,un
poison dont l’action convulsivante est extrêmement violente chez le lapin et chez divers
animaux.
Quel est exactement ce poison, à quelle famille de composés chimiques appartient-il,
quel est son rôle dans la pseudo-tuberculose aspergillaire et que pourra-t-on retirer de son
étude?
Autant de ques-tions auxquelles il est impossible de répondre pour le moment,
mais cela importe peu; le fait de la production de substances toxiques par certains
champignonsparasitesestdémontré.
Dansunordredefaitstrèsvoisin,nedoit-onpassignalerenfinlarécentedécouvertede
WidaletAbramiquiontmontrélapropriétéagglutinantedusérumdesmaladesatteintsde
sporotrichose pour les émulsions de spores de Sporotrichum et qui ont pu utiliser cette
propriété d’une manière très élégante pour le diagnostic de la maladie. On fait ainsi le
sérodiagnostic de la sporotrichose exactement comme on pratique la diagnose de la fièvre
typhoïdeenagglutinantlebacilled’Elberthparlesérumdumaladetyphique.N’est-cepaslà
une analogie de plus entre les maladies bactériennes et les affections à champignons,
montrantquedanslesunescommedanslesautres,iln’yapasqueleparasiteàinterveniret
qu’ilfautaussitenircomptedesproduitsdélicats,toxiquesounon,qu’ilélabore.
Evidemment, toutes ces questions sont encore très obscures et elles apparaissent si
complexesqu’ellesneserontprobablementpasrésoluesdesitôt.Maisn’est-cepasunpoint
important que de les poser nettement et n’est-ce pas un progrès appréciable que d’ouvrir
ainsiunevoienouvelleauxrecherchesmycologiques?
Quel’onreprennemaintenantdansunevued’ensembledesconquêtesdelamycologie
parasitaire et l’on verra qu’elles forment une œuvre vraiment imposante, dont les résultats
sontdèsaujourd’huinombreuxetremarquables,tantdansledomainedelasciencepureque
dans celui de la pratique médicale. Du reste, l’un et l’autre se relient intimement et c’est
toujoursparlaconnaissanceexactedelabiologiedesparasitesquel’onaboutitauxnotions
d’ordre pratique de la prophylaxie et de traitement. La mycologie parasitaire ne fait pas
exceptionàcetterègle.
Ce serait sortir du cadre de cet exposé que de m’étendre longuement sur un pareil
sujet,maisjedoisrappelerquenousdevonsàcesrecherchesdemycologie,dontj’aidonné
tout à l’heure un rapide aperçu, de savoir d’où viennent et comment se propagent les
mycoses et par suite d’en établir une prophylaxie rationnelle et efficace. Nous leur devons
encoredesméthodesdetraitementbaséessurlespropriétésdesparasites,leurmanièrede
secomportervis-à-visdesagentschimiquesetsurlemécanismedesmycoses,parexemple,le
traitementdel’actinomycoseetsurtoutdelasporotrichoseparl’ioduredepotassium,quiagit
d’unemanièresirapideetsipuissantesurleslésionsdecesmycosesetsuffitordinairement
pourenassurerlaguérison.
Ilfautajouterlamerveilleuseméthodedetraitementdesteignesdel’enfance,autrefois
silonguesetsidifficilesàguériretquel’onfaitactuellementdisparaîtreenquelquessemaines
sansdouleuretd’unefaçonquasimathématique,grâceàlaradiothérapiesimagistralement
appliquéeetréglementéeenFranceparSabouraud.
Voilà des résultats qui se passent de commentaires et qui montrent combien sont
importantes les études de mycologie parasitaire et combien ces études peuvent être
fécondes.Ellessontardues,ilestvrai,etparfoisd’unecomplexitéextrême,maiscenesont
paslà,jepense,desraisonscapablesdefairereculerlestravailleurs.Qu’ilss’unissent,etse
prêtentunmutuelappui!Quelesmycologuesetlesmédecinss’aidentlesunslesautres;ce
quiestdéjàacquisestunsûrgarantdecequelesrecherchesfuturespeuventleurdonner.
*
* *
Nousnousreprocherionsdeterminercecompterendudéjàlongsansparlerdesbelles
photographiesencouleurquenotreaimableethabileconfrèreM.Lenormand,professeurà
l’EcoledeMédecine,abienvoulufairedesprincipalesespècesdechampignonsfigurantaux
deuxexpositions.
Ces photographies sont destinées à former le fond d’une collection en vue de
l’Enseignement,pourlescoursdebotaniqueappliquée.Ceseraenoutreunesorted’Herbier
delaFloremycologiquedel’Ouest,lepremierdecegenre.Onvoitdesuitelesservicesqu’il
pourra rendre à l’amateur et à celui qui rédigera plus tard la flore mycologique de l’Ouest
comme à ceux qui voudront, par des conférences avec projections, vulgariser la mycologie
pratique.
M.Lenormandaparfaitementréussicespremièresphotographies,etnoustenonsàlui
exprimer sincèrement notre gratitude au nom de la Société bretonne de Botanique et du
Laboratoire de Botanique appliquée. Dans quelques années, cette collection complétée sera
suffisantepourrépondreàtouslesbesoins.
Voicilalistedesespècesainsiphotographiéesencouleuren1908.
Amanitacitrina,typeetsavariétéblanche,pantherina(1)
Lepiotaprocera.
Armillariamellea.
Collybiagrammocephala,maculata,fusipes,radicata.
Laccarialaccata,var.proxima.
Tricholomacolumbetta,rutilans,saponaceum,colossum.
Lactariustheiogalus,uvidus,deliciosus,controversus,piperatus.
Russulacyanoxantha,queletii,nigricans,delica,adusta,emetica.
Cantharellustubæformis.
Marasmiusoreades,urens.
NyctalisparasiticasurRussuladelica.
Pholiotaaurea.
Cortinariushæmatochelis.
Gomphidiusglutinosus.
Inocybeasterospora.
Hypholomasublateritium.
Psalliotasylvatica,flavescens.
Boletusscaber,typeetsavar.pâlesousleshêtres,aurantiacus,æreus,edulis.
Polyporusgiganteus,betulinus,versicolor,lucidus.
Fistulinahepatica.
Craterelluscornucopioïdes.
Phalluscaninus.
Clathruscancellatus.
Lycoperdonexcipuliforme.
Bovistagigantea.
Sclerodermaverrucosum.
Pezizaonotica.
Helvellalacunosa.
———————
(1)LavéritableOronge(Amanitacæsarea)aététrouvéecetteannéedanslaforêtde
Rennes, au cours de l’été. Il y en avait trois exemplaires. On sait que ce champignon est
particulièrementrareaunorddelaLoire.
*
* *
Clôturedelasessionmycologique
Immédiatement après la conférence du Dr Bodin, quand eurent cessé les
applaudissementsdupublicchoisiquiyavaitassisté,M.Ch.Oberthürpritunedernièrefoisla
parole.
Après avoir remercié chaleureusement les conférenciers et toutes les personnes qui
avaientcontribuéausuccèsdel’œuvrecommune,ilconstataquecelle-ciétaitnéeviableet
quelaSessionmycologiquedel’Ouestpouvaitêtreconsidéréecommedéfinitivementfondée.
Revenant sur une idée qui lui est chère, il exprima le désir de voir se faire à Rennes
d’autresréunionsanalogues,seplaçantàlafoissurleterrainbotaniqueetentomologique.Et
à ce dernier point de vue, il fit ressortir, avec sa haute autorité dans la matière, combien la
faune entomologique armoricaine est encore mal connue dans certains départements de la
Bretagneetcombienilyadedécouvertesintéressantesàfairedanscettebranchepourceux
quivoudraients’endonnerlapeine.
M. Ch. Oberthür fut très applaudi, bien qu’il eût oublié de faire ressortir la part si
considérable qui lui revenait légitimement dans le succès commun pour en reporter
modestementtoutleméritesursescollaborateurs.
Les désirs de notre Président ne sauraient manquer de se réaliser. Nous pouvons
annoncer à nos lecteurs que, entrant résolument dans la voie qu’il a tracée, la Société
bretonnedeBotaniquevaorganiser,pourledimancheetlelundidelaPentecôte1909,une
Expositiond’Orchidéesetdeplantesraresindigènesayantunevaleurornementale,bienque
négligéesjusqu’iciparleshorticulteursetlesamateurs.
M.RenéOberthür,depuislongtempspassémaîtredanslaculturedesOrchidées,abien
voulunouspromettresonconcours,cequiestsynonymedesuccès.
Nousfaisonsdèsmaintenantappel(1)auxpersonnesquivoudrontbiennousexpédier
desplantesvivantes,enmottes,pourcetteexpositionquinesauraitmanquerd’intéresserle
public nombreux des amateurs de la belle nature, comme tous ceux qui, à un titre
quelconque,s’intéressentàlabotaniqueetàsesapplications.
LucienDANIEL.
SecrétairedelaSessionmycologiquedel’Ouest.
———————
(1)Lespersonnesquivoudrontbiennousadresserainsidesplantesvivantesenfleurs
pourl’expositiondelaPentecôtesontpriéesdes’inscrireleplustôtpossibleauLaboratoire
deBotaniqueappliquéeàlaFacultédesSciencesdeRennes.
Journéesmycologiquesde1908:
quelquesbiographiesdemycologuesparticipants
Nousavonsrassembléquelquesbiographiesdemycologuesquiontparticipéréellement
auxjournéesou,dumoins,ontœuvréàlabonneorganisationdelasession(voirp.32et33).
Tous n’ont pas laissé une trace durable dans l’histoire de la mycologie française, aussi
trouverons-nousdesbiographiesd’importancevariable.
ALLANICE.:
PharmacienàBrest(Finistère),membredelaSociétéd’HorticulturedeBrest.
BELLIVIERJules(-1960):
Pharmacien à Parthenay (Deux-Sèvres). Membre de la SMF en 1904 et de la Société
Botanique des Deux-Sèvres en 1901. A la fois botaniste et mycologue. Il participe
régulièrement aux excursions organisées par la Société Botanique des Deux-Sèvres, souvent
en compagnie de Baptiste SOUCHÉ et de Victor DUPAIN. Président d’honneur de la session
SMFdeParis,en1951.Décèdeàl’âgede85ans.
BODINEugène(1868-1931):
Eugène BODIN naît à Rennes (Ille-et-Vilaine) le 18 février 1868. Son père est directeur
d’unefabriqued’instrumentsagricoles,laplusimportantedel’OuestdelaFrance.Aprèsdes
études de médecine dans sa ville natale se concluant par l’internat à l’Hôtel-Dieu, Eugène
BODIN est reçu interne des Hôpitaux de Paris (1891). A l’hôpital Saint-Louis, il étudie sous
l’autorité de BESNIER l’anatomie pathologique et la microbiologie des affections
dermatologiques.Ilcomplètesaformationcliniquepardescoursdemicrobiologieprofessés
par ROUX et DUCLAUX à l’Institut Pasteur. Il coopère alors avec SABOURAUD à l’étude des
teignes. En 1896, Eugène BODIN est de retour à Rennes et occupe un poste de professeur
suppléantàl’Ecoledemédecineetdepharmacie,chargédel’enseignementdel’hygiène,dela
bactériologieetdeladermato-vénérologie.Ilesttitulariséen1900danslachaired’anatomie
pathologique.Ilcréeàl’Hôtel-Dieulacliniquededermatologieetsyphiligraphie.Ilassumeen
même temps la direction de l’institut de bactériologie, le Service départemental de
bactériologieetleBureaud’hygiènedelavilledeRennes.
Sespremierstravauxsontdominéspardesétudessurlesmycosesaffectantlesanimaux,
dont le cheval, mais également celles parasitant l’Homme. Il s’intéresse par la suite aux
maladiesinfectieuses,enparticulierlatyphoïde.
Lors de la première session mycologique de l’Ouest (1908), BODIN présente une
collectiondephotographiesdemycoses.Illacomplèteparunexposésurl’état,durantcette
période,delamycologieparasitairemédicale.
Eugène BODIN décède le 29 mai 1931, deux ans après Louise (1877-1929), née
BERTHAUT,épouséeendeuxièmenoceen1897(ou1898).Parisienned’origine,LouiseBODIN
estunepersonnalitéoriginalepourl’époque.Féministe,pacifisteetécrivain,c’estunefemme
engagée politiquement, militant au parti socialiste avant de rejoindre les idées de
l’Internationale communiste. Ces contradicteurs la surnommeront «La Bolchévique aux
bijoux».LesépouxBODINaurontdeuxfilles.L’une,Marie-LouiseCHEVREL(1901-1971)sera
professeur d’anatomie pathologique et présidente de l’association française des femmes
médecins.BODINavaitétémembredelaSociétéMycologiquedeFranceàpartirde1900.
BOUVETGeorges(1850-1929):
Conservateurdel’herbierLLOYDàl’ArboretumGastonAllardd’Angers(Maine-et-Loire),
succédanten1903àAlbertGAILLARD.Ilreprendàpartirde1906leprinciped’uneexposition
mycologiqueannuelleàAngers.
CORBIÈRELouis(1850-1941):
FrançoisMatthieuLouisCORBIÈREnaîtle10mai1850,àChampsecret(Orne),villageen
borduredelaforêtd’Andaineoùsonpèreestgardeforestier.Douépourlesétudes,lejeune
CORBIÈRE est encouragé par son instituteur à poursuivre dans la voie de l’enseignement. Il
s’inscritdoncàl’Ecolenormaled’instituteursd’Alençon(Orne).Aucoursdesonpassagedans
cette ville, il fait la connaissance d’éminents naturalistes (Michel-Jacques LETELLIER, Casimir
GILLET, Henri BEAUDOUIN) et participe aux herborisations. Diplômé à 19 ans, en étant
premier de sa promotion, CORBIÈRE est nommé à Argentan (Orne) en 1869, après un court
séjour au collège de la ville voisine de Séez. En relation avec MORIERE, professeur de
Botanique à la Faculté des Sciences de Caen, CORBIÈRE se fait remarquer par ses
connaissances. Le professeur l’amène à passer une licence en sciences naturelles (il avait
auparavant passé une licence ès Lettres). En 1882, CORBIÈRE est nommé professeur de
Sciences naturelles au Collège municipal de Cherbourg (Manche) (devenu plus tard Lycée),
établissementauquelilresteattachéjusqu’àsaretraite,éveillantauxdisciplinesnaturalistes
plusieurs générations d’élèves. Certains parmi eux lui doivent l’accomplissement d’une
carrière professionnelle dans une discipline naturaliste. Tel est le cas d’Auguste CHEVALIER,
éminentbotaniste,avecquiilentretientdesrapportssuivis,ouduzoologisteFélixMESNIL.
Louis CORBIÈRE, très tôt, adhère à plusieurs sociétés savantes. Membre de la Société
LinnéennedeNormandiedepuis1878–ilenseralePrésidenten1916-ilestaussimembre
trèsactifdelarenomméesociétélocale,laSociétédesSciencesNaturellesetMathématiques
deCherbourg,dontildevientleSecrétaireperpétuelen1903aprèsenavoirétéSecrétaireen
1895; il est ensuite nommé Directeur perpétuel en 1920. CORBIÈRE occupe également les
fonctionsdeDirecteurduMuséemunicipald’Histoirenaturelleetd’Ethnographie.Cherbourg
luidoitlaréfectiondesserrestropicalesduParcLiais.
Louis CORBIÈRE se fait d’abord remarqué par ses connaissances phanérogamiques. Ses
nombreuses herborisations et les fructueux contacts qu’il entretient avec les botanistes
normandsaboutissentàlapublicationd’uneremarquablesynthèse,saluéecommemodèlede
floresrégionales[HEIM]:laNouvelleFloredeNormandie(1893),laquelleserasuiviededeux
suppléments. Pour l’ensemble de son œuvre phanérogamique, il reçoit le prix NOURY en
1932.L’éclectismedeCORBIÈREs’exprimepard’autrestravauxdegrandevaleurscientifique
et traitant de diverses disciplines naturalistes. Le fruit de ses recherches bryologiques est
exposédanslesMuscinéesdudépartementdelaManche(1889).Pourceremarquabletravail,
l’AcadémiedesSciencesluidécerneleprixTHOREen1893.
LouisCORBIÈREabordelamycologieforttardivement–à67ans–maisilfaitpreuved’un
réel enthousiasme pour cette discipline jusqu’alors un peu négligée dans son département.
Lestravauxmycologiquesoccupent,pendantles20dernièresannéesdesavie,l’essentielde
ses loisirs naturalistes. Sillonnant les alentours de Cherbourg, les dunes de Vauville et de
Biville, quelquefois accompagné du bryologue POTIER de la VARDE, de DEGUERNE, du
commandant GUINIER qu’il a amené à la mycologie, ou de MALENCON et HEIM, CORBIERE
consigne scrupuleusement ses récoltes. Il est aussi en relation avec d’autres spécialistes,
comme les abbés BRESADOLA et GRELET. Il réunit ses notes sur les Basidiomycètes en un
catalogue qui est publié dans les Mémoires de la Société des Sciences Naturelles et
Mathématiques de Cherbourg (1924-29). 1217 espèces sont décrites ou discutées. La
deuxièmepartieducatalogue,consacréeauxAscomycètes,estdiffuséeàtitreposthumepar
lessoinsdeRogerHEIMen1951.CORBIÈREpubliepeud’articlesmycologiquesendehorsdes
Mémoires de la Société cherbourgeoise. On lui doit cependant un «Catalogue des
MyxomycètesdelaManche»pourlesTravauxcryptogamiquesdédiésàLouisMangin(1931)
etunarticlesurunrareBolet,leBoletussphaerocephalus,parudansleBulletindelaSociété
MycologiquedeFrance,sociétédontilfaitpartiedepuis1919.
ChevalierdelaLégiond’Honneuren1923,honorépardenombreuxprix,LouisCORBIÈRE
décèdeàCherbourgle3janvier1941,laissantlesouvenird’unhommesimple,àl’espritvifet
d’unegrandecourtoisie.IlavaiteuladouleurdeperdresonfilsaînélorsdelaGrandeGuerre,
àCharleroi.
CORFECPierre(1870-1947)
PierreCORFECnaîten1870.Ilexercelemétierdepréparateurdanslapharmacied’Emile
LABBÉàLaval(Mayenne).Verslacinquantaine,ilchanged’orientationprofessionnellepourse
dirigerversl’horticulture.CORFECsepassionnetrèstôtpourlaMycologie.Ilpubliedès1903
uneNomenclaturedeschampignonsrécoltésauxenvironsdeLaval,fruitdesesherborisations
durant les années 1899 à 1902. En 1905, il adhère à la Société Mycologique de France (il y
publieradeuxarticles).Avecsonpatron-égalementpassionnéparleschampignons-etdont
ilestl’amietlecomplice,ilfondeen1906lasociétéMayenne-Sciences.EmileLABBÉenestle
premier président. CORFEC écrit de nombreux articles pour le bulletin de la société, sur les
espèces rares ou nouvelles pour le département, mais surtout, en l’espace d’une quarante
d’années, il y publie une Flore mycologique de la Mayenne, avec le soutien de nombreux
naturalistes [cf BMS 1940-41: 96]. En dehors des champignons, il s’intéresse également aux
LichensetauxCloportidesterrestres.
PierreCORFECdisparaîtàLavalle18mai1947.En1946,ildirigeaitencoreuneexcursion
mycologiquedeMayenne-Sciences.
DANIELLucien(1856-1940):
LucienDANIELnaîtle1ernovembre1856àlafermedesesparents,aulieu-ditLaDorée,
communedeLandivy(Mayenne).Romain,sonpère,exercesurl’avenirprofessionneldeson
filsunegrandeinfluence.Illuiinculquelesbasesdel’agricultureetluitransmetsonsensinné
del’observation.Aprèslaguerrede1870,LucienDANIELprendpartdurantcinqannéesàtous
lestravauxd’agriculturequ’exigel’exploitationdudomainefamilial.Attiréparl’enseignement,
il rentre à l’Ecole normale de Laval, où il reçoit ses premières notions d’horticulture et
d’arboriculture. Diplômé, il enseigne d’abord comme professeur de Sciences naturelles au
CollègedeChâteau-Gontieràpartirde1881,avantd’êtrenomméenoctobre1895auLycée
de Rennes. Entre temps il avait passé une thèse sous la direction de Gaston BONNIER, La
StructureetlaPhysiologiedesBractéesdel’involucredesComposées(1890).En1901,DANIEL
estappeléàlaFacultédesSciencespourenseignerlaBotaniqueappliquée(*).En1905,ilcrée
laSociétébretonnedeBotanique,àlaquelleilassocieunbulletinl’annéesuivante,laRevue
bretonnedeBotaniquepureetappliquée.Correspondantdel’Institut,ilterminesacarrièreà
la Faculté des Sciences de Rennes comme professeur honoraire de Botanique appliquée. A
l’occasiondeson80eanniversaire,l’UniversitédeRennesl’honoreenluirendantunhommage
regroupant 35 mémoires originaux écrits par ses collègues, anciens élèves ou amis. Les
MélangesdédiésauProfesseurL.DANIELsontpubliésen1936.
LucienDANIELdécèdele26décembre1940.Ilavaiteuunfilsunique,Jean,Docteurès
Sciencesnaturellesàtitreposthume,tuéenChampagnele24septembre1915etauquelétait
réservé un brillant avenir. Il avait publié, dans la Revue bretonne de Botanique pure et
appliquée,quelquesarticlessurleschampignonsdanslesenvironsd’Erquy(Côtes-d’Armor).
L’œuvrescientifiquedeLucienDANIELnecomptepasmoinsde350publications,surdes
sujets très variés, cependant dominés par la botanique, et l’horticulture en particulier. Il
dresse des listes de végétaux rencontrés lors d’herborisations dans la Mayenne, puis dans
l’Ille-et-Vilaine lorsqu’il est nommé dans ce département. DANIEL se passionne pour la
pomologie dès 1890 en créant un verger où il entame ses premières expérimentations,
notammentsurlesgreffes,maisaussisespremiersessaissurlescidres(dontquelques-unsse
feront en collaboration avec le botaniste-mycologue Léon DUFOUR). Mais ce sont ses
nombreuses recherches sur le greffage qui lui valent une grande notoriété. Certains voient
alors en lui le «Fondateur de l’Horticulture scientifique» [POPESCO in Mélanges …]. Le
résumédesestravauxestpubliéenquatrevolumesdansuneœuvreconsidérable,Etudessur
la greffe (1927-1930). La plupart de ses résultats font autorité, même si certains font à
l’époque débat comme celui concernant la transmission de caractères génétiques après
greffage (**). «Toute sa vie, L. DANIEL ne cessa d’affirmer l’action du milieu sur la forme
spécifique,l’héréditédescaractèresacquisetlapossibilitéd’unefusionasexuelledescellules,
comparableàlafusionsexuelleobtenueparhybridation»[DAVYdeVIRVILLE].
L’attirancedeLucienDANIELpourlaMycologieestprécoce.AvantdequitterlaMayenne
oùilvécutpendantenvironquaranteannées,ilpublieen1892(Bull.Soc.Et.Sc.Angers1891)
une importante liste de Basidiomycètes de ce département, augmentant de plus de 300
espècesl’inventaireétabliparsesprédécesseurs(DESPORTES,DUCLAUX,CRIÉ,HOULBERT).Il
yajouteunecentained’espècesdansquatresupplémentsparusentre1892et1896(inBull.
Soc.Sc.etméd.Ouest).Ilsignaleégalementdanssespublicationslalocalitédeprèsde150
Ascomycètes et Champignons inférieurs. Lorsqu’il s’installe en Bretagne, DANIEL continue à
pratiquerlaMycologie,enorganisantdessortiesetdesexpositionsàlaFacultédesSciences.
QuelquesarticlessontpubliéssurdesdécouvertesautourdeRennesoudanslesenvironsde
Erquy où il dispose d’une résidence secondaire. En 1907, lors de la session plus ou moins
avortédelaSociétéMycologiquedeFranceàRennes,LucienDANIELfaitlaconnaissancedu
petit groupe de Poitevins dont font partie Victor DUPAIN et Bernard SOUCHÉ. Ensemble, ils
projettent une rencontre mycologique d’envergure l’année suivante. Celle-ci, la première
sessionmycologiquedel’Ouest,alieuenoctobre1908etsedéroulesurdeuxdépartements:
l’Ille-et-VilaineetlaMayenne.Sousl’impulsiondeDANIEL,secrétairedelasession,etgrâceà
la participation de mycologues régionaux éminents, cette manifestation rencontre un grand
succès.Sil’œuvremycologiquedeLucienDANIELestsurtoutinventorialeettaxinomique,elle
est également marquée par ses recherches sur l’hybridation des végétaux. Il suppose ainsi
qu’il existe des «formes de passages», comme par exemple entre Amanita rubescens et
Amanitapantherina.
DUPAINVictor(1857-1940):
Victor DUPAIN naît le 15 septembre 1857 à la Mothe-Saint-Héray, village des DeuxSèvres.Ilpassed’abordsapetitescolaritédanssonvillagenatal,avantd’intégrerlecollègede
RomRiom???.Sesrésultatsscolairesl’autorisentàsuivredesétudesdepharmacieàPoitiers,
puisàParis.Diplôméle27septembre1884,ilrevients’installeràlaMothe-Saint-Hérayoùil
demeurerajusqu’àsadisparition.
Le pharmacien, surtout à cette époque, est très sollicité pour des avis touchant les
sciencesnaturelles.Iln’estalorspasétonnantderencontrerdenombreuxreprésentantsde
cette profession dans les sociétés naturalistes. Victor DUPAIN est un brillant exemple
d’investissement.Sansdoutesensibilisédèssonplusjeuneâgeparl’environnementforestier
de son village, comme ont pu l’être d’autres naturalistes contemporains locaux (SAUZÉ, O.
RICHARD, de LOYNES), il est attiré par la botanique. Aussi le trouve-t-on tout naturellement
parmi les membres fondateurs de la Société Botanique des Deux-Sèvres en 1888, société
créée sous l’impulsion de Baptiste SOUCHÉ. Très vite, ses qualités d’animateur sont
reconnues.DUPAINestdeplusenplusattiréparl’étudedeschampignons.En1893,iladhère
à la Société Mycologique de France. L’année suivante, il publie son premier article dans le
bulletin de la Société. DUPAIN a la chance d’être à proximité du bois du Fouilloux, véritable
sanctuaire pour les champignons [il le célèbre dans un poème publié dans le Bull. Soc. Bot.
Deux-Sèvres1927].Ilydécouvredenombreusesespèces,dontcertainessontnouvellespour
la science, comme Russula seperina. Emile BOUDIER, son interlocuteur privilégié, avec René
MAIRE,luidédieplusieurschampignons,dontunmagnifiqueBolet:Boletusdupainii.En1906,
DUPAINaleprivilègederécolterdanssonjardinletrèsrareQueletiamirabilis.
Ses connaissances, de plus en plus affirmées, sont mises à contribution lors des
herborisations organisées par la Société botanique des Deux-Sèvres. Il anime ainsi de
nombreuses sorties dans les Deux-Sèvres, mais également dans les départements voisins
(Vienne,Charente-Maritime,Vendée,Indre).En1903,DUPAINestl’undesartisansdusuccès
de la session de la SMF dans le Poitou. Ses qualités seront d’ailleurs reconnues quelques
annéesplustardlorsqu’ilseradésignéàlaprésidencedelasessionSMFenBretagne(1908).A
cetteoccasion,ladéfectiondesmycologuesparisiensseraatténuéeparl’investissementdela
poignéedemycologuespoitevins,DUPAINetSOUCHÉentête.
Lorsque,en1915,laSociétédesDeux-Sèvresperdsonprésident,BaptisteSOUCHÉ,bien
peupariesursonavenir.DUPAINserapourtantleprincipalartisandesonrenouveauen1924.
Soussaprésidence,lasociétéreprendsapublicationetsesactivités,dontdeplusnombreuses
sorties mycologiques, avec bien souvent à leur tête le président. DUPAIN reste très actif
jusqu’en1936,puissasantédécline.Ildémissionnedesesresponsabilitésprésidentiellesen
1939,remplacéparRALLET.
Le 15 février 1940, Victor DUPAIN s’éteint à son domicile. Cet homme, «exempt
d’ambition»,poèteàsesheures,bonbotaniste,auramarquédesonpassagel’histoiredela
Société botanique des Deux-Sèvres, devenue sous sa présidence la Société Botanique du
Centre-Ouest. Chacun garde de lui l’image d’un brillant mycologue, mais trop modeste pour
laisserunevolumineusetraceécrite,refletdesesconnaissances.
GADECEAUEmile(1845-1928):
Plusconnucommebotaniste.DiscipledeJamesLLOYD.
HOULBERTConstant(1857-1947):
ConstantHOULBERTnaîtàVoutré(Mayenne),le19juillet1857.Sesétudesleconduisent
à une licence ès sciences naturelles, puis à un doctorat ès sciences. D’abord professeur au
Collège d’Evron (Mayenne), il est plus tard professeur d’Histoire naturelle à l’Ecole de
Médecine et de pharmacie de Rennes, directeur de la Station entomologique près de la
faculté des Sciences de Rennes. Conservateur du Musée d’Histoire naturelle de Rennes à
partirde1931.CollègueetamideLucienDANIEL.D’abordbotaniste,ildeviendraavanttout
entomologiste,spécialistedesColéoptèresetdesLépidoptères.
IldécèdeàRennesle22décembre1947.
HYFélix-Charles(1853-1918):
Félix-CharlesHYnaîtle12mai1853àMouliherne,arrondissementdeBaugé(Maine-etLoire),d’unpèreinstituteur.HYétudieauCollègelibredeCombrée(Maine-et-Loire)oùilest
initiéauxdisciplinesnaturalistesparl’abbéRAVAIN,unexcellentbotaniste.Aprèsunelicence
passée à Rennes, Mgr FREPPEL, l’évêque d’Angers (et plus tard député), le sollicite pour
occuper en 1877 la chaire de Botanique à la Faculté libre des Sciences de l’Université
Catholiqued’Angersqu’ilvientdecréer.Toutestàorganiser(enseignement,jardinbotanique,
etc).L’abbéHYvas’atteleràlatâcheavecenthousiasme.Passionnéparl’enseignement(ses
étudiants le surnomment affectueusement «Erythrocephalus atropurpureus»), il occupe la
chaire de Botanique pendant quarante ans. A partir de 1907, sa santé est affectée par
plusieurs attaques de paralysie, lui occasionnant de lourdes difficultés pour herboriser. Il
décèdeen1918.
L’œuvrescientifiquedel’abbéHYestdense.Alafoishommedeterrainetdelaboratoire,
sesvastesconnaissancess’exercentdansdenombreuxdomaines.Silabotaniqueoccupeune
placeimportante,avecunecontributionnotableàl’inventairephanérogamiquedel’Anjouet
destravauxsurlesCharacéesdontilprécisel’organisationetleurplacedanslaclassification,
lacryptogamiead’abordlesfaveursdel’abbéHY.Trèstôt,ilsepassionnepourlesMousses.
En1884,ilpasseunethèsededoctoratàlaFacultédesSciencesdeParis,aveccommesujet
Recherches sur l’archégone et sur le développement du fruit des Muscinées. Puis l’abbé HY
étudie le lichens et les algues d’eau douce. La Société Botanique de France, dont il est
membre depuis 1882, lui confie plusieurs fois la charge de rédiger les comptes rendus des
excursions lichénologiques. Il n’en oublie pas pour autant les champignons. L’abbé HY est
d’ailleurs membre de la Société mycologique de France depuis 1887, tout comme il est
membredelaSociétéd’EtudesScientifiquesd’Angersoùsesconnaissancessontrecherchées
lorsdesexpositionsorganiséesàAngers.Ilconsacreàlamycologieplusieursétudes,avecune
attention particulière pour la comestibilité. Son «Indications pratiques sur les champignons
comestiblesdel’Anjou»publiéenplusieursarticlesdanslesMémoiresdelaSociéténationale
d’Agriculture, Sciences et Arts d’Angers (1889, 1894 et 1895), est un véritable traité de
mycologiepratique,avectableauxanalytiquesetsynoptiques.Danslemêmedomaine,onlui
doitlaréhabilitationdel’Amanitagemmata[cfBSMF1909].
LABBÉEmile(1873-1927):
Emile LABBÉ naît le 4 février 1873 à Laval, de père pharmacien. Après ses études
pharmaceutiques à Paris, il passe sa thèse de doctorat en 1904. Dans celle-ci, Du rôle des
microorganismes dans les phénomènes de digestion observés chez Drosera rotundifolia, il
montre que la digestion des insectes est due à l’action d’un ferment sécrété par les feuilles
«mais qui ne peut agir qu’à la faveur du milieu acide créé par la présence constante de
microorganismes et, en particulier, de moisissures dans le liquide sécrété» [DAVY de
VIRVILLE].Diplômé,LABBÉs’installedanssavillenataleoùsapharmaciedevientalorslelieu
derendez-vousdesnaturalistesdelarégion.Sonpréparateur,PierreCORFEC,estd’ailleursle
spécialistemayennaisdeschampignons.UntelentouragemotiveEmileLABBÉàcréeren1906
la société Mayenne-Sciences. A la présidence, il y impulse son dynamisme, en organisant de
nombreuses excursions, des expositions mycologiques, dont la première en 1908 est un
véritablesuccès.Lamêmeannée,ilparticipeàlasessionmycologiquedel’Ouesteninvitant
lesparticipantsàexcursionnerdanslaMayenne.Laguerrevientinterromprelesactivitésdela
société. Elles reprennent ensuite sous l’impulsion de son président. Emile LABBÉ disparaît
début décembre 1927. Il était membre de nombreuses sociétés, tant professionnelles que
naturalistes,dontlaSociétéMycologiquedeFrance(depuis1905).
Ses publications mycologiques, bien que peu nombreuses, concourent cependant à
l’inventairedeschampignonsdeMayenne.Ilestaussil’auteurd’uneintéressanteétudesurla
RouilleblancheduChêne(1908).
OBERTHÜRCharles(1845-1924):
CharlesOBERTHÜRnaîtàRennesle14septembre1845etmeurtdanslamêmevillele1er
juin 1924. Lithographe de formation, il succède à son père et prend la direction de
l’imprimeriefamiliale(spécialiséedansl’impressiondecalendriersetdebilletsdeloterie).Son
nom reste attaché à de nombreuses études sur les insectes, en particulier sur les
Lépidoptères.Iln’estl’auteurd’aucunepublicationmycologique.
PICQUENARDCharles-Armand(1872-1940):
NéàQuimper(Finistère)le14mars1872,CharlesPICQUENARDpassetoutesajeunesse
dans le Finistère. Il étudie la médecine à l’Ecole de Rennes, tout en suivant des cours à la
Faculté des Sciences. Il termine ses études de médecine à Paris et obtient son diplôme en
1900avecsathèseLavégétationdelaBretagneétudiéedanssesrapportsavecl’atmosphère
etaveclesol.Ilrevientalorss’installeràQuimper.
L’œuvre scientifique de PICQUENARD montre son éclectisme. Bien qu’il ait abordé la
Géologie, la Zoologie, l’Archéologie, la Botanique conserve une part prépondérante. Ses
travauxsurlaflorevasculairebretonnesontnombreuxmaissacontributionàlaconnaissance
desLichensdeBretagneestencoreplusimportante.PICQUENARDaététrèstôtattiréparla
Lichénologie, correspondant avec les plus grands lichénologues de son époque (HARMAND,
OLIVIER,HUEetmêmeNYLANDER).Plustard,ilherboriseraavecHenridesABBAYES,unautre
spécialiste breton des Lichens. Quant aux autres Cryptogames, il les étudie également, mais
dansunemoindremesure,lesChampignonsnereprésentantqu’unefaiblepartdesonactivité
naturaliste.PICQUENARDs’éteintle3janvier1940.Illaisselesouvenird’unefigureoriginale,
undesderniersreprésentantsdesnaturalistespolyvalents.Ilavaitétéunardentmilitantdela
cause bretonne, défendant en particulier sa langue et sa culture. Une autre facette de sa
personnalité s’était traduite par son engagement dans le scoutisme. Il fut Commissaire
régional des Scouts de France. «Presque toujours il excursionnait en costume scout» [Des
ABBAYES].
RIPERT:
De Rennes (Ille-et-Vilaine). Capitaine en retraite. Membre de la Société de Botanique
pureetappliquéeetdelaSociétébotaniquedesDeux-Sèvres.
SAVOURÉP.:
Chef des travaux pratiques de Zoologie à la faculté des sciences de Rennes [Rev. Bret.
Bot.1908].ParticipeàlapremièresessionmycologiquedeBretagne(1908).Sefaitremarquer
parsestalentsd’illustrateurpourlaconfectiondesmenusdistribuéslorsdecettesession.
SEYOTPierre(1876-1942):
PierreSEYOTnaîtàChasné(Ille-et-Vilaine)le3mai1876.IlfaitsesétudesàRennes,en
ayantenparticuliercommeprofesseurLucienDANIELpendantenvirondixans,puispoursuit
sa formation à l’Ecole supérieure de Pharmacie de Nancy où il obtient son diplôme de
pharmacienen1901.Toutenentreprenantdesétudesdemédecine,ilpasseen1908unthèse
pourlegradedeDocteurèsSciencesnaturellesEtudesMorphologiquesetPhysiologiquessur
leCerisier.Ilrevientsursaterrenatale,àRennes,d’abordcommeprofesseursuppléantpuis
comme titulaire à l’Ecole de médecine et de pharmacie. Après la guerre – il était mobilisé
comme médecin auxillaire – il est nommé en 1919 professeur d’Histoire naturelle à l’Ecole
supérieuredeNancy.Ilyenseignel’hygiène,labotaniqueetlamycologie.Ilesttitulairedela
chairejusqu’àsondécès,en1942.
MembredelaSociétéMycologiquedeFranceen1921,SEYOTs’investitbeaucoupdans
l’étude des champignons. L’ABC mycologique, son ouvrage d’initiation rencontre un grand
succès. Dans ses cours, la mycologie occupe une part importante. Dès 1927, il apporte son
soutienauxpremièresexpositionsmycologiquesorganiséesparlaSociétéd’Histoirenaturelle
de Moselle. Il figure parmi les principaux organisateurs de la session de la SMF de NancyLunéville-Metz(1933).Ilenestd’ailleursleprésidentdésigné.
SOUCHÉBaptiste(1846-1915):
BaptisteSOUCHÉnaîtle6septembre1846,àLoubigné,parExoudin,prèsdelaMotheSaint-Héray (Deux-Sèvres). Après des études à l’Ecole normale de Courbevoie, il est nommé
instituteur adjoint à Pamproux (Deux-Sèvres), puis titulaire à Loubigné, son village natal, et
enfintitulairederetouràPamproux.InitiéàlabotaniqueparMAILLARDetSAUZÉ,sesproches
voisins de la Mothe, auteurs de la Flore des Deux-Sèvres, il finit par céder à sa passion et
démissionne de l’enseignement en 1879. En 1888, il fonde la Société Botanique des DeuxSèvres, mais n’en prend la présidence qu’en 1895. Sous son impulsion et grâce à son
dynamisme, cette jeune société voit ses effectifs passer de 50 membres en 1889 à 366 en
1907,puisàprèsde600justeavantsadisparition.L’influencedelaSociétébotaniquedépasse
largement le cadre des Deux-Sèvres. Son président «caresse même un projet de fédération
entre les sociétés d’Histoire naturelle de province [BSMF 1908: XVI]. Sous le mandat de
SOUCHÉ,lasociétédevientlasociétébotaniquefrançaiselaplusimportanteaprèslaSociété
BotaniquedeFrance.Ladiffusiondesonbulletinannuelconcourtlargementàsapopularité.
Malgré la charge qu’il s’est imposée au sein de la Société botanique, SOUCHÉ compose une
FloreduHaut-Poitou.
Bien que la phanérogamie domine l’ensemble de son œuvre, la mycologie n’en est pas
pourautantabsente.Venutardàl’étudedeschampignons,ils’investitpleinementdansdes
herborisationsetdesexpositions.IlestaucôtédeVictorDUPAINpourl’organisation,en1903
delasessiondelaSMFenPoitou.MembredelaSociétéMycologiquedeFrancedepuis1902,
SOUCHÉadresserégulièrementàlaSociétédeschampignonsetcommenceàpublier,àpartir
de1901,quelquesarticlesdansl’organedecettesociété.LaSMFreconnaîtsesconnaissances
etsurtoutsondynamismeenlenommantvice-présidenten1908.
Le 11 octobre 1915, Baptiste SOUCHÉ décède dans sa soixante-dixième année, à son
domiciledePamproux.LaSociétéBotaniquedesDeux-Sèvresperdsonprincipalmoteur.Elle
nes’enremettraqu’en1924,grâceàsonsuccesseur,VictorDUPAIN.