Le patrimoine immobilier des collectivités locales SYNTHÈSE DES
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Le patrimoine immobilier des collectivités locales SYNTHÈSE DES
Synthèse des échanges Le patrimoine immobilier des collectivités locales Un enjeu crucial au service du développement des territoires urbains 19 mars 2015 Paris, 8 septembre 2015 SYNTHÈSE DES ÉCHANGES 22, rue Joubert 75009 Paris 1 TABLE DES MATIÈRES Ce document « synthèse des échanges » a été établi directement à partir de prises de notes effectuées lors de la journée de travail ; il ne saurait être assimilé à des actes. ........................................................................................ 2 Gestion active du patrimoine : retours d’expérience ................................9 L’IPROP – Identifier, Planifier, Responsabiliser, Optimiser, Piloter ......10 6. Ville de Toulouse .........................................................................................10 Quels patrimoines pour quelle valorisation ? Revue du champ des possibles 3 2. Le cadre juridique : le droit de propriété des personnes publiques ............. 3 De la souveraineté à la propriété ............................................................ 3 De la conservation à la valorisation ........................................................ 4 Les droits réels sur le domaine public .................................................... 5 Les déclassements ................................................................................. 5 Questions et échanges ........................................................................... 5 Une organisation pour une feuille de route claire ..................................10 Un Monopoly local .................................................................................11 Quand la valorisation immobilière n’est pas le cœur de métier ............11 Pas de recettes sans dépenses ............................................................12 7. Métropole du Grand Lyon ...........................................................................12 Une stratégie pour les biens affectés ....................................................13 Une autre stratégie pour le patrimoine privé .........................................13 Les DIA source de foncier…..................................................................14 3. Éclairage financier : des instruments financiers permettant une gestion plus souple et plus dynamique de la puissance publique locale. ............................ 5 8. Métropole de Nice .......................................................................................14 La stratégie immobilière est un levier de performance ........................... 6 Le DEA – Diagnostic, Évaluation, Arbitrage ........................................... 6 Questions et échanges ........................................................................... 7 4. Éclairage financier : la mise en pratique des outils du CG3P, retour d’expérience sur le cadre opérationnel ............................................................ 7 Les facteurs clés de succès d’une valorisation patrimoniale ..................9 5. Ville de Rennes .............................................................................................9 1. Introduction de la journée ............................................................................. 3 Les procédures d’investissement ........................................................... 7 L’inventaire.............................................................................................. 8 Planifier et sortir de la logique d’opportunité .......................................... 8 Accompagner pour préparer l’avenir ...................................................... 8 Différentes natures de patrimoine .........................................................14 Des coûts, des recettes… .....................................................................15 … et des économies ..............................................................................15 Questions et échanges ..........................................................................16 Ce document « synthèse des échanges » a été établi directement à partir de prises de notes effectuées lors de la journée de travail ; il ne saurait être assimilé à des actes. 2 Le patrimoine immobilier des collectivités locales QUELS PATRIMOINES POUR QUELLE VALORISATION CHAMP DES POSSIBLES 1. INTRODUCTION DE LA JOURNEE Olivier LANDEL, délégué général de l’Association des Communautés urbaines et Métropoles de France (ACUF), évoque en introduction les toutes prochaines noces de cette association avec l’Association des Maires des Grandes Villes de France : les deux associations n’en feront bientôt plus qu’une ! Il s’en réjouit et ajoute que cette journée a d’ores et déjà été conçue en commun. Il remercie à cette occasion tout particulièrement Eloïse FOUCAULT pour son travail de préparation, ainsi que PBB, et chacune des collectivités et institutions qui interviendront au cours de la journée. 2. LE CADRE JURIDIQUE PUBLIQUES ? REVUE DU : LE DROIT DE PROPRIETE DES PERSONNES Yves GAUDEMET, professeur agrégé de droit administratif à la faculté de Droit de l’Université Paris II Panthéon Assas, Membre de l’Institut de France est également contributeur au groupe de réflexion sur la codification du Code général de la propriété des personnes publiques (CG3P). Il propose un rapide retour historique pour introduire la question, avant d’aborder les problématiques plus spécifiques des droits réels puis des déclassements. Franck CLAEYS, directeur Economie et Finances Territoriales de l’Association des Maires des Grandes Villes de France (AMGVF), introduit cette journée de travail qui était dès le départ voulue comme particulièrement interactive. Elle s’inscrit dans l’esprit de la précédente réunion organisée sur le thème du mécénat et s’articulera autour d’exposés structurés sur des thèmes transverses généralement peu abordés lors des groupes de travail de l’AMGVF et de l’ACUF, suivis d’échanges éclairés par des expériences de terrain. Sous l’Ancien Régime déjà se pose la question des biens publics de l’État et ce droit se construira d’ailleurs, jusqu’à l’élaboration du Code, exclusivement autour des biens de l’État. Les « domanistes » publient beaucoup sur la « prescription » ; leur propos n’étant alors pas du tout la valorisation des biens, mais bien la construction d’un État moderne, avec, notamment, l’affirmation du principe d’inaliénabilité des biens de la Couronne. Arrive la Révolution et le propos change : on s’intéresse aux droits que l’État aura sur ces biens explicitement distingués du domaine de la Couronne. Ceci ne sera toutefois clarifié réellement qu’avec le Code de 2006 qui, confirmant la propriété publique, introduira notamment cet objectif – qui est vraisemblablement celui de l’assemblée réunie aujourd’hui : celui de la valorisation. En l’occurrence, les trois intervenants qui animeront la journée sont considérés comme « les meilleurs » experts dans leur domaine à savoir la gestion du patrimoine immobilier. Ils proposeront un décryptage de la boite à outils, en deux temps, juridique puis financier, avant d’aborder la mise en œuvre de ces outils. Après le déjeuner, quatre expériences seront abordées plus spécifiquement : celle de Rennes puis celles des métropoles de Toulouse, du Grand Lyon et de Nice. De la souveraineté à la propriété Dans un premier temps, l’objectif est de distinguer le patrimoine personnel du roi sans s’inquiéter du droit qui serait appliqué à ces biens. Le souverain n’est ainsi pas le propriétaire des biens, il en est le dépositaire et ne peut pas disposer comme il le souhaite du Domaine de la Couronne, un principe dirigé « contre le roi » pour affirmer cette indisponibilité. Les aliénations qu’il consentirait sont soumises à révocation et ce principe est alors constitutionnel, une loi fondamentale du Royaume, qui est même reprise dans le serment du sacre. Ainsi apparait l’État impersonnel, la « chose publique » distincte du souverain, qui, sans être propriétaire, a des responsabilités sur Dans le contexte actuel de l’exacerbation des contraintes financières, conséquence de la baisse de dotations et de l’effort de participation des collectivités aux redressements des finances publiques, les collectivités locales s’attachent à trouver des leviers pour pouvoir continuer d’agir dans ce nouveau paradigme financier. À cet égard, l’immobilier n’est pas un sujet neuf, mais les enjeux financiers lui procurent une dimension nouvelle. 3 Le patrimoine immobilier des collectivités locales De la conservation à la valorisation les biens. Il est souligné que ceci ne concerne alors que les biens de la Couronne et non pas ceux des bourgs, des collectivités, des corporations… Pendant longtemps, la notion de propriété n’est jamais affirmée dans une décision de principe ; elle se déduit de plusieurs décisions du Conseil d’État. Désormais toutefois l’article L1 du CG3P dit que tous les biens des personnes publiques sont objet de propriété et les régimes de domanialité publique ne sont pas une alternative au régime de propriété, mais un régime supplémentaire d’affectation qui s’applique à certains biens en raison de leur utilité publique. Toutefois, la réforme du Code se situant dans le cadre d’une loi d’habilitation, il n’a pas été possible d’aller aussi loin dans la clarification qu’il lui semble qu’il aurait fallu le faire. Et si Yves GAUDEMET appelle de ces vœux un acte 2 de cette évolution, la « propriété » est toutefois affirmée dans le titre du Code « général » qui, en tant que tel, pose les principes. À cet égard, il ajoute que le rapport au Président de la République, réalisé concomitamment, est un outil de pédagogie résolument « propriétariste ». Et cette propriété, désormais consacrée, va permettre d’aller vers la valorisation réelle du patrimoine. En 1790, le Code domanial ramène dans le domaine dit « de la Nation » les droits corporels. Les droits incorporels – qui (droits fiscaux, droits de péages, etc.) étaient l’essentiel du Domaine de la Couronne – passent dans la notion de « finances publiques ». En parallèle, dans la Déclaration des droits de 1789, apparait – articles 1 et 17 – la « propriété » comme un droit inviolable et sacré. Se pose alors une question nouvelle : quelle est la nature du droit que la Nation – anciennement le souverain, demain peut-être l’État – exerce sur ces biens ? Ce Code déconstitutionnalise la matière et le principe d’inaliénabilité devient législatif. Le Code civil, souvent sacralisé, et inchangé pendant deux siècles, définit le domaine public. L’article 538 commence par une énumération (chemins, routes, rivières…) récapitulée dans la formule « toutes les portions du territoire français qui ne sont pas susceptibles d’une propriété privée ». Avec ceci, le débat doctrinal change de voie. Puisqu’il y a désormais un « domaine public », il doit y avoir un domaine privé… Cette distinction apparait ainsi au début du XIXe siècle. Ce « domaine public » couvre des biens définis par leur nature, mais aussi, chose nouvelle, par leur affectation. M. Hauriou introduira une idée de « propriété administrative » ou publique, mais la thèse ne prospère pas, car le Conseil d’État ne se juge pas compétent. Or, sans recours contentieux possible devant le juge administratif, il n’y a pas de propriété publique. Encore aujourd’hui, les questions sur la propriété d’une personne publique sont renvoyées au juge judiciaire. La thèse – qui sera finalement consacrée en 2006 – est celle de la propriété, la même que celle des personnes privées avec toutefois le correctif suivant : dans le domaine public, un régime supplémentaire s’applique, lié à l’affectation de celui-ci à une utilité publique. Alors que dominait l’idée de « conservation », désormais règne le souci de « la valorisation » notamment parce que la grande richesse potentielle que sont certains biens est apparue. C’est le cas notamment de certaines des voies de passage, ports, etc. On estime ainsi que les seules collectivités territoriales sont propriétaires de biens estimés aux environs de 250 milliards d’euros. Or, si le gardien d’un bien n’est pas riche, le propriétaire l’est. Il peut l’aliéner, mener une gestion patrimoniale active, consentir des suretés comme support de financement, céder des droits réels démembrés, utiliser le créditbail, outre l’extension de la propriété par des théories civilistes comme l’accession et la disposition des actions possessoires et pétitoires. La propriété est ainsi l’outil qui permet d’aller vers une réelle valorisation des biens publics. Yves GAUDEMET conclut sur le fait que cette propriété publique, très proche de la propriété privée, a toutefois quelques particularités – qui n’en sont d’ailleurs peut-être pas toujours. Les biens publics ne peuvent être cédés à vil prix – mais depuis 1902 au moins, il est déjà interdit aux personnes publiques de faire des libéralités sous toutes leurs formes. Il précise que cela n’empêche pas, dans le cadre de politiques publiques, de faire des choix comme le « contrat à titre gratuit » ou « de bienfaisance », un contrat où Le Professeur GAUDEMET alerte à cette occasion sur le fait que l’utilisation continue d’un même vocabulaire au cours de ces trois siècles d’évolution du droit peut expliquer certaines des difficultés d’interprétation actuelles. Certains vocables changent ainsi radicalement de sens : l’imprescriptibilité, jadis constitutionnelle, est par exemple désormais dans la main du législateur et, de plus, confrontée à la Convention européenne des droits de l’homme. 4 Le patrimoine immobilier des collectivités locales anciens, d’aucuns considèrent que les « actes de déclassement » n’ayant pas été faits formellement, les biens et parcelles ne sont finalement jamais sortis du domaine public. Cette analyse n’est pas tenable : il faut en revenir à l’esprit du Code qui demande que le déclassement soit constaté par un acte sans qu’il s’agisse d’un acte obligatoirement intitulé « acte de déclassement » ; dans les opérations menées de bonne foi, ceci existe toujours. Il rappelle d’ailleurs à cette occasion que ce « déclassement » ne protège pas l’utilité publique puisqu’elle a cessé, mais protège le propriétaire public lui évitant de voir un bien passer dans le domaine privé sans qu’il s’en rende compte. En cas de vente, il est toutefois évident que la personne publique voulait se séparer du bien. Elle n’est donc pas prise par surprise… l’objet lui-même (d’intérêt général) est la contrepartie. L’insaisissabilité – récemment réaffirmée – est quant à elle une bizarrerie qui ne devrait pas tenir longtemps du point de vue du droit communautaire. Ces spécificités n’en sont donc pas réellement et ne sont, quoi qu’il en soit, pas plus importantes que celles qui distinguent les différents régimes de propriété que sont notamment la propriété commerciale ou intellectuelle ; les biens publics font donc bien l’objet d’une simple propriété. Les droits réels sur le domaine public Ces biens publics se distribuent en biens du domaine public et biens du domaine privé ; quant à la domanialité publique c’est un régime fonctionnel lié à l’affectation qui s’applique à certaines propriétés. Questions et échanges Le principe de propriété étant affirmé, la personne publique dispose de tous les attributs du propriétaire et notamment de la faculté de démembrer son droit de propriété et de consentir des droits réels à des tiers. Cela pouvait apparaitre comme contradictoire avec le principe d’inaliénabilité, mais n’était-il pas temps d’une réflexion de fonds sur le cadre et les limites des droits réels ? Yves GAUDEMET indique que le travail a abouti pour les servitudes (article L21 22-4) et ce, au moment même où le Conseil d’État réaffirmait l’impossibilité de la copropriété. Accorder des servitudes réelles a ainsi été très utile et utilisé pour formaliser de nombreuses situations. Mais concernant les droits réels de l’occupant, si le principe – repris de la loi de 1994 et de l’ordonnance de 2004 – est que pour les biens du domaine artificiel de l’État, sauf disposition contraire, le titre confère à l’occupant un droit réel, pour les biens des collectivités locales, le titre « peut » seulement conférer un droit réel à l’occupant et donc, sans affirmation de ce droit dans le titre, il n’y a pas de droit réel. Cet illogisme n’a pas été levé. Reste également que la question de l’inscription hypothécaire des droits réels n’a pu être résolue et il le regrette. Odile BASTIEN, de la mairie de Lille, confirme qu’il est arrivé que, trente ans après une vente, un notaire vienne demander la déclaration de déclassement qui n’est alors pas facile à trouver. Pourrait-on envisager une prescription sur ces questions ? Yves GAUDEMET précise qu’il est très défavorable à la solution qui consisterait à passer systématiquement par une loi de validation pour un cas particulier. Il propose plutôt de revenir à la réalité et de rappeler que le Code exige une « reconnaissance du déclassement » et non pas un « acte de déclassement ». Divers actes peuvent donc faire effet d’acte de déclassement. Il ajoute qu’il n’y aura vraisemblablement pas de procédure spécifique et, pour le reste, rappelle que le principe d’imprescriptibilité du domaine public sautera inévitablement devant la jurisprudence de la Cour européenne. 3. Les déclassements FINANCIER : DES INSTRUMENTS FINANCIERS PERMETTANT UNE GESTION PLUS SOUPLE ET PLUS DYNAMIQUE DE LA PUISSANCE PUBLIQUE LOCALE. Pour ce qui concerne les déclassements, il rappelle qu’on peut vendre un bien public s’il est désaffecté d’une utilité publique et si un acte de déclassement a constaté cette désaffectation. Cette condition était retenue par la jurisprudence, mais n’est toutefois une disposition écrite et exigée formellement que depuis le Code de 2006. Pourtant, sur des actes de vente Jean CHRISTOPHE, directeur général de la succursale française de la Banque allemande PBB et responsable Europe du Financement des Investissements Publics de PBB, précise que la banque est spécialisée dans le financement de grands projets immobiliers commerciaux et dans le 5 ÉCLAIRAGE Le patrimoine immobilier des collectivités locales mieux les céder ou les mettre à bail, plutôt que de vouloir continuer à entretenir des « danseuses » sans en avoir les moyens. Comme un patrimoine non-entretenu se dégrade vite et perd de la valeur, il est nécessaire de se livrer à une analyse – en toute transparence - de l’usage et du coût de chaque bâtiment. Valoriser le patrimoine permet en effet de connaitre le coût réel des bâtiments. Cela répond au désir grandissant de transparence exprimé par les citoyens. financement des investissements publics. La valorisation du patrimoine est à la croisée des chemins de ces deux métiers. La stratégie immobilière est un levier de performance Pour lui, la stratégie immobilière est un levier de performance. Cela permet de s’interroger sur le maintien dans le service public de bâtiments énergivores et dont le coût d’accessibilité serait trop élevé pour justifier un maintien dans le portefeuille de biens de la personne publique. Cela permet aussi de repenser la localisation des services aux publics dans des bâtiments neufs ou profondément rénovés afin d’améliorer les conditions d’accueil des usagers et de confort de travail des personnels Le DEA – Diagnostic, Évaluation, Arbitrage Il propose ensuite une méthodologie simple et rigoureuse pour s’atteler à la valorisation immobilière d’un bien traduite en termes financiers. Cela se ferait sous la forme d’un DEA (Diagnostic Évaluation Arbitrage). Il ajoute, qu’en France, les discussions avec les collectivités sont souvent très « budgétaires » et axées sur les capacités d’endettement et de remboursement, alors qu’ailleurs, et par exemple en Suisse, les collectivités travaillent sous l’angle du patrimoine, l’endettement étant alors contrebalancé par la valeur des actifs et des biens de la collectivité. Cet angle d’analyse est presque absent des discussions avec les collectivités françaises. Il ajoute aussi que pour les élus, la « valorisation du patrimoine » est plus souvent d’abord perçue comme « sa mise en lumière des richesses culturelles » plutôt que comme la valorisation d’un actif immobilier. Les Anglo-saxons ont d’ailleurs deux termes pour évoquer le patrimoine : Heritage pour ce qui est de la richesse culturelle et Asset qui désigne la richesse économique. - - La valorisation du patrimoine n’est pas un sujet neuf même si on l’évoque davantage depuis quelques années où l’on a vu des opérations emblématiques poser des questions autour de cette valorisation. Il cite ainsi l’exemple de la vente du TGI de Nantes devenu un hôtel Radisson, la location emphytéotique de l’Hôtel Dieu de Lyon dans le cadre d’une mise à bail de 99 ans ou encore la vente de prisons avec – par exemple - la reconversion du quartier de la prison St-Joseph de Lyon. - Les critiques liées au fait que l’État ou les collectivités vendent « des bijoux de famille » n’étant pas rares, il est nécessaire de tordre le cou à ces fausses idées : dans un contexte de baisse des dotations, le patrimoine public doit être bien géré. Il apparait ainsi que si certains biens ne peuvent plus être entretenus et rénovés dans des conditions budgétaires acceptables, il vaut 6 Le diagnostic se fait à trois niveaux et couvre le patrimoine propriété de la personne publique, mais aussi le patrimoine loué par elle. Après l’identification des biens ou « inventaire » (les entrées et sorties n’étant formellement suivies que depuis 1996), la mise en cohérence des systèmes d’information dans la collectivité est indispensable pour pouvoir consolider les données. Enfin, une analyse de l’usage de ces biens complète cette première étape. L’évaluation porte sur une dimension fonctionnelle : « Les biens remplissent-ils leur fonction ?, et sur une dimension technique : « Dans quel état sont-ils ?. L’arbitrage qui se fait généralement entre quatre options. Il est alors en effet possible de choisir entre 1/ Conserver, 2/ Rénover, 3/ Restructurer ou 4/ Céder les biens. C’est à partir de cette analyse « Diagnostic, Evaluation, Arbitrage » que les préconisations faites aux élus permettent de retenir la solution d’ingénierie financière la plus adaptée : Maitrise d’ouvrage publique, BEA, AOT, Bail à construction de 99 ans, Contrat « marché de partenariat », REM, CREM ou CPE, VEFA ou BEFA et, un outil de plus en plus utilisé par l’État : le crédit-bail financier, qui est particulièrement attractif dans un contexte de taux d’intérêt très bas. Le patrimoine immobilier des collectivités locales Questions et échanges publique, une comptabilité aux normes privées IFRS, ce qui a permis « une opération vérité », intégrant l’actif qui a rassuré les investisseurs et préteurs. Dans des situations où les collectivités voient leur capacité d’autofinancement baisser, la valorisation du patrimoine peut en effet être un outil performant pour préserver leur capacité d’investissement et de compétitivité. Bruno CORDAT, Brest Métropole Océane, demandant des précisions sur le BEFA, Jean CHRISTOPHE répond qu’il s’agit d’un Bail en État Futur d’Achèvement et que comme la VEFA, il a pour avantage de rendre des opérations possibles. Avec le BEFA, on introduit toutefois souvent un tiers : le promoteur-vendeur vend à l’investisseur-bailleur et la personne publique entre dans un bail plutôt que de devenir directement propriétaire. 4. ÉCLAIRAGE FINANCIER : LA MISE EN PRATIQUE DES OUTILS CG3P, RETOUR D’EXPERIENCE SUR LE CADRE OPERATIONNEL Olivier LANDEL insiste sur l’importance de faire un inventaire physique et non pas simplement comptable. Jean CHRISTOPHE confirme qu’il s’agit d’un exercice physique : il faut aller voir concrètement les bâtiments. Ceci permet non seulement d’agir ensuite en connaissance de cause, mais également de confronter valeur comptable et valeur de marché qui sont parfois bien éloignées l’une de l’autre, avec des écarts allant dans un sens comme dans l’autre d’ailleurs. DU Anabelle BILLY, senior manager au sein de l’ANAP (Agence Nationale d’Appui à la Performance des établissements de santé et médico-sociaux) a accompagné une vingtaine d’établissements hospitaliers dans leur gestion et valorisation dynamique de leur patrimoine. L’agence pluridisciplinaire a été créée en 2009 par fusion de trois structures de missions existant préalablement, donnant un statut pérenne, sous forme de GIP, à cette structure. Elle a pour mission d’aider au décloisonnement du secteur et d’améliorer la performance du système de santé, ceci toutefois sans interférer sur le geste médical, mais simplement en termes d’organisation. Son équipe est plus particulièrement tournée vers les questions immobilières. Yves GAUDEMET revenant sur la démarche « DEA » et notamment sur l’arbitrage souligne que bien souvent c’est une combinaison des différentes possibilités qui correspondra à une opération spécifique. Le contrat/marché de partenariat est alors un bel outil à mettre en œuvre même s’il est parfois décrié. Les procédures d’investissement Jean CHRISTOPHE confirme que c’est une voie riche et flexible qui fonctionne dans la plupart des cas. Il suggère même de réfléchir à mettre en place de véritables partenariats capitalistiques entre les personnes publiques et privées. La méthodologie employée par l’ANAP consiste à faire remonter dans un premier temps du terrain les problèmes et besoins des différents établissements ; des recommandations sont ensuite formulées, les bonnes pratiques sont partagées et puis certains établissements sont accompagnés plus spécifiquement, notamment vers la valorisation de leur patrimoine et parfois jusqu’au processus de mise en vente ou de mise à bail. Elle évoque un récent rapport d’évaluation sur les procédures d’investissement dans le champ sanitaire et médico-social – tous les documents évoqués sont disponibles et téléchargeables sur le site www.anap.fr. Ce rapport compare – à l’appui d’une petite centaine d’opérations – les trois grandes procédures utilisables, et leurs implications en termes de maitrise des coûts, des délais et de la qualité. Quelques enseignements et recommandations lui semblent pouvoir être utiles à ceux qui voudraient s’y pencher. Les PPP notamment se révèlent ainsi statistiquement le meilleur outil de maitrise des coûts et des délais. Arnaud MENGUY, DGA de la Métropole de Nice, évoque quant à lui les angoisses de certains qui examinent les ratios financiers de leur collectivité. Tout est fait pour les tenir, mais en effet, il n’y a pas de ratio en matière d’actifs. Par ailleurs, les écarts entre valeur comptable et valeur de marché peuvent également troubler. Quelle sont les perspectives pour mieux prendre en compte l’actif dans les indicateurs de santé financière et comment faire des progrès dans les calculs d’actifs ? Jean CHRISTOPHE évoque alors une expérience du Canton de Genève qui avait besoin de ressources externes et a publié, à côté de sa comptabilité 7 Le patrimoine immobilier des collectivités locales L’inventaire années avant de voir aboutir un dossier de valorisation. Elle ajoute qu’il est utile de s’entourer de compétences, car valoriser et vendre est un métier qui n’est pas celui de l’établissement. Elle ajoute que si les établissements et l’Agence travaillent de concert, elles collaborent également avec les collectivités, car il arrive que certaines ventes représentent impactent directement le territoire de la collectivité. En 2010, l’ANAP a participé à la conception d’un outil d’inventaire avec l’appui du ministère : OPHELIE. Celui-ci est mis en œuvre depuis 2014 et couvre un patrimoine de 930 établissements publics de santé, estimé à 60 millions de m² sachant qu’environ 50 % des établissements ont une DNA (dotation non affectée ou domaine privé). La valeur comptable des actifs est de plus de 60 milliards en 2015 et était de 40 milliards il y a trois ans ce qui reflète l’effort d’investissement important de ces dernières années. Ces dernières ont d’ailleurs davantage d’outils à leur disposition notamment en matière de négociation. Planifier et sortir de la logique d’opportunité Accompagner pour préparer l’avenir En termes de stratégie, au niveau national, il a semblé important de planifier désormais les investissements différemment. En 2013, un plan de cadrage général de la démarche a été fait au travers des SRIS (Schéma régional d’investissement en santé) produits par chaque région. En 2014, a suivi la mise en place de l’inventaire du patrimoine à travers OPHELIE, outil de pilotage et base de données. Celui-ci est désormais déployé sur tout le territoire pour faire un inventaire qui est loin de n’être que comptable. Accompagner et co-piloter des études de reconversion est finalement ce qui donne réellement de la valeur au projet. En effet, les discussions ne sont pas uniquement financières. On constate ainsi qu’il y a souvent des modifications de PLU à obtenir ou un bâti historique à caractère culturel fort à conserver. Ce sont des éléments qu’il convient de prendre en compte. Elle intervient aussi pour fiabiliser les produits de cession. Anabelle BILLY évoque quelques exemples de réussites d’appui à des sites. La valorisation des établissements de santé doit être réalisée dans le cadre particulier de leur activité première, celle du soin. En effet, si les actifs fonciers à valoriser sont particulièrement importants, il n’en demeure pas moins que les fonds issus de telles opérations seront ensuite injectés dans le budget de l’établissement et dédiés à l’offre de soin. - La stratégie immobilière d’un établissement de santé se décline alors dans un schéma directeur qui ne prend pour l’instant souvent en compte que le domaine public. Il faut dépasser cela et élargir la vision au domaine privé et aller jusqu’à imaginer ce qui se passerait si le domaine public changeait d’affectation. Cette vision, adossée au projet médical, permet alors d’arbitrer et d’aboutir parfois à ce que des éléments inutilisés soient tout de même conservés. Elle précise que les enjeux sont de taille, car, au cours des deux dernières années, les produits de cession ont avoisiné les 200 millions d’euros. - Dans la stratégie de valorisation, il lui semble important de tendre vers davantage de planification et de sortir de la logique d’opportunité. Elle rappelle que les cycles sont longs : il ne faut pas moins de trois ou quatre 8 À Lorient, en centre-ville, un site de plus de 7 hectares avec un PLU à modifier a conduit à un programme de logements familiaux avec une bonne densité après une étude de reconversion. La ville ne souhaitait pas acquérir le site. L’Établissement public foncier de Bretagne est intervenu pour l’acquérir et, très rapidement, en un an et demi, le projet a été mis en œuvre. Cette rapidité a permis de faire coïncider la libération des lieux et le nouveau projet sans création de friche et d’inquiétudes pour les riverains. L’Agence a par ailleurs joué un rôle rassurant auprès du directeur d’établissement sur le prix obtenu. À Saint-Nazaire, 7 hectares bien situés, proches du centre-ville et de l’estuaire de la Loire, faisaient l’objet d’un projet mené par la collectivité qui envisageait une programmation de 600 logements. Là où il était envisagé de reprendre le site pour un euro symbolique, les arguments de valorisation ont porté et le prix convenu a finalement été de 4 millions d’euros. Le patrimoine immobilier des collectivités locales - - - À Boulogne, pour rénover des unités de soin longue durée, il était envisagé de vendre une parcelle composée partiellement d’un beau site arboré et par ailleurs de logements en mauvais état qui n’étaient presque plus habités. En élargissant la consultation, un montant de cession de 20 millions d’euros a pu être obtenu ce qui permettra de financer 90 % des travaux de rénovation prévue. Enfin, à Lille, un bâtiment classé aux monuments historiques avec des façades datant du XIIIe siècle a été vendu pour réaliser un projet mixte de logements dans la partie historique et de création de logements familiaux et sociaux dans la partie arborée, avec une servitude qui oblige l’acquéreur à préserver un accès public au cloître, à la salle des malades ou encore à la chapelle. À Lyon, elle évoque non pas une vente, mais un bail. Cette solution a été choisie pour respecter une forte volonté politique. La direction des hospices civils de Lyon souhaitait en effet que les générations futures puissent éventuellement réutiliser ce lieu alors que la communauté de Lyon se faisait le porte-parole de la volonté des Lyonnais de voir ce bien rester dans le domaine public. Le projet multi-usages est constitué d’un hôtel, d’une cité internationale de la gastronomie, de bureaux, de commerces, d’un centre de convention et de quelques logements. Franck CLAEYS remercie les intervenants et se réjouit que la matinée ait d’ores et déjà pu être très concrète. Au cours de l’après-midi, des exemples locaux seront présentés. Il annonce ainsi après les présentations thématiques et transversales de la matinée des présentations monographiques. GESTION ACTIVE DU PATRIMOINE : RETOURS D’EXPERIENCE 5. VILLE DE RENNES Gilles SUIGNARD, Inspecteur général à la Ville et à la Métropole de Rennes s’est vu confier, il y a six mois, une mission sur le patrimoine de la Ville de Rennes par Mme la Maire à qui il a remis un rapport d’inspection en juillet. Avec son regard de généraliste et d’opérationnel, il rappelle que le patrimoine immobilier de la ville de Rennes est de 700 000 m². Il a le sentiment que cette mission lui a été confiée parce que le patrimoine devient une préoccupation de plus en plus importante pour tous. Ceci pour trois types de raisons principales : - Les facteurs clés de succès d’une valorisation patrimoniale - - - Une démarche partenariale doit être menée avec les collectivités locales qui ont un rôle clé à jouer dans la valorisation de ce patrimoine. Pour qu’un projet réussisse, il faut pouvoir s’appuyer sur une forte volonté de dynamiser le tissu local, car la seule vente et réhabilitation d’un patrimoine n’y suffira pas. Enfin, il faut des outils de valorisation stable. Les AOT simples et constitutives de droits réels sont à cet égard fréquemment utilisées. Anabelle BILLY regrette d’ailleurs la publication le 24 juillet de l’ordonnance « Marchés » n°2015-899 » avec une rédaction de son article 101 qui vise l’utilisation des BEA par les collectivités et des AOT constitutives de droits réels par les établissements…. Peut-être un front commun pourrait-il être mis en place pour viser son amendement ? - celles financières, déjà évoquées, les raisons environnementales, car l’état des anciens bâtiments interroge parfois sur leur obsolescence notamment pour cause de déperditions énergétiques, et puis enfin se pose la question de l’accessibilité. En effet à Rennes, ces dernières années, le patrimoine a été systématiquement maintenu alors que devrait peut-être se poser la question de sa cession pour démolition. La question de l’identification du patrimoine est majeure et si une ville comme celle de Rennes, bien gérée, connait évidemment son patrimoine, parfois c’est sans connaître suffisamment l’usage qui en est fait. C’est notamment le cas quand le patrimoine est mis à disposition des associations. Il propose alors une méthodologie pour compléter le DEA précédemment évoqué : l’IPROP. 9 Le patrimoine immobilier des collectivités locales L’IPROP – Identifier, Planifier, Responsabiliser, Optimiser, Piloter - - - - les questionnements sur la « localisation » du service immobilier : doit-il être rattaché aux services généraux, au service foncier, à l’urbanisme ? La question reste ouverte. Après l’inventaire qui permet d’identifier le patrimoine vient la nécessaire planification. En effet, les évolutions souhaitées doivent être planifiées pour que puisse se déployer une stratégie patrimoniale. Il pose ensuite clairement la question de la responsabilité et s’interroge de savoir si, dans toutes les collectivités, la question patrimoniale est débattue lors des discussions budgétaires comme cela se fait tout naturellement pour les autres leviers fonctionnels que sont notamment les ressources humaines. À Rennes par exemple, pour des raisons historiques, les tarifications accordées sont très favorables aux associations et l’enjeu est alors la transparence. Il lui semble important de veiller à ce que ressortent dans les discussions budgétaires les véritables flux financiers et non financiers. Le quatrième point est l’optimisation. Il évoque notamment l’utilisation d’un bâtiment dont la gestion a été confiée à une association qui a eu la capacité de mutualiser très fortement les salles de réunion et d’accueil mises à disposition des petites associations et activités locales. Il lui semble qu’il y a là un travail exemplaire qui mériterait peut-être d’être généralisé. Organiser une gestion mutualisée qui ne serait pas directement de la responsabilité de la Ville est une bonne manière d’optimiser l’usage d’un bâtiment. À cela s’ajoute la gestion de l’information, car le levier patrimonial est utilisé au bénéfice de politiques diverses, et si beaucoup de personnes disposent d’une partie de l’information, il manque très souvent un dispositif de collecte central de l’information qui permet d’avoir une vue d’ensemble, exhaustive et cohérente. Le dernier point est le pilotage, précisant qu’il est indispensable de distinguer pilotage politique et pilotage managérial. En effet, le pilotage politique est de la responsabilité des élus et leurs orientations doivent être connues pour permettre les arbitrages qui s’imposeront entre différents secteurs. L’administration demande donc une réelle clarification de la stratégie patrimoniale des élus, le patrimoine étant, il le rappelle, centre de coûts, mais également formidable potentiel à mettre en œuvre. Le pilotage managérial quant à lui interroge les questions de coûts, d’organisation, de délais, de tableaux de bord… une question qui s’incarne d’ailleurs parfois dans 6. VILLE DE TOULOUSE Eric BRESSAND, directeur du patrimoine de la ville de Toulouse, propose de revenir sur l’expérience toulousaine de la dernière année. La direction du patrimoine est une direction mutualisée avec trois grands domaines : l’immobilier et le foncier affectés aux institutionnels qui traite de la valorisation immobilière des locaux affectés aux collectivités ; l’immobilier affecté aux associations – étant souligné l’intérêt d’avoir un service qui centralise l’ensemble des conventions passées avec les associations ; et enfin, les entités affectées aux services privés. Le service support sert toutes ces préoccupations avec un service comptable, ou encore une base immobilière qui date de près de 25 ans. Même si elle a le mérite d’exister et si elle a été régulièrement mise à jour, cette base immobilière va être prochainement entièrement revue et refondue. « On repart à zéro » et la direction est en plein questionnement sur ces sujets. Une organisation pour une feuille de route claire Si la question « doit-on parler d’approche patrimoniale ou d’approche financière ? » se pose, la mairie de Toulouse répond, depuis un an du moins, avec une grande clarté : l’objectif est financier avec notamment une forte propension à vendre. Le foncier toulousain est de 2 300 hectares pour la ville de Toulouse dont presque 1 000 sont en zone inondable. Le patrimoine de la mairie couvre 1 900 bâtiments, la surface hors œuvre brute est de 1 454 000 m², d’après la base immobilière d’il y a 25 ans. Le foncier de la Métropole est de 4 270 hectares dont beaucoup ont été achetés récemment pour favoriser le développement du parc d’exposition et de la zone aéroportuaire. La collectivité était jeune, il y avait 336 bâtiments pour environ 616 000 m². Avec cette feuille de route financière simple (il faut vendre et dégager trois millions de recettes sur la durée du mandat !), il a fallu interroger la valeur 10 Le patrimoine immobilier des collectivités locales réelle du bien immobilier possédé. Une cellule a donc été dédiée pour faire cet examen. Les propriétés ont été recensées, et un comité de valorisation a été mis en place pour éviter les situations de blocage et valider les opérations et projets avant de lancer les études approfondies. Dans la pratique cela est très efficace. - Un Monopoly local Après avoir fait la liste de biens potentiellement vendables, après avoir enlevé les cas irréalisables, 150 études plus précises ont été faites et, à ce jour, après que quelques cas ont été recalés, une trentaine d’études se traduisent en opérations concrètes. Ceci se fait évidemment dans le temps, la consultation des directions gestionnaires ayant permis de vérifier préalablement s’il y avait risque de blocage pour cause d’éléments réservés par exemple. Le plus souvent la commande des élus, exprimée comme une volonté claire, permet de débloquer les situations. Ont été analysés en priorité les bâtiments inutilisés – heureusement peu nombreux –, les ensembles immobiliers coûteux et les opérations emblématiques d’ensembles immobiliers à forte valeur. Il évoque à cette occasion une forme « d’opération Monopoly » qui a consisté à estimer les différents biens en allant voir des interlocuteurs et agences immobilières locales et qui a pu conduire à envisager des scénarios alternatifs, par exemple de déplacer une crèche de quelques mètres ou quelques postes de travail pour pouvoir libérer et vendre un bâtiment que le simple tour dans une agence immobilière a fait apparaitre comme ayant potentiellement une forte valeur marchande. - - - La vente par appel à projets intervient sur des dossiers emblématiques le plus souvent pour des projets portés par la commune comme c’est par exemple actuellement le cas d’un ancien cinéma, en centre-ville qui pourrait être converti en centre hôtelier et de conférences. La valorisation n’est alors pas uniquement – et pas prioritairement – financière. Quand la valorisation immobilière n’est pas le cœur de métier La valorisation immobilière n’est souvent pas le cœur de métier du fonctionnaire, il a donc fallu se remettre au travail, et ce, différemment. Une valorisation efficace dépend en effet beaucoup de la structuration de la commune. À Toulouse, l’immobilier dépend de la direction générale des finances et des moyens généraux avec une direction « bâtiments » qui entretient et la direction du patrimoine qui gère les surfaces. Une récente évolution fait que les services gestionnaires gèrent désormais « leur » immobilier ce qui a été une révolution qui aboutira peut-être au fait que ces directions puissent bientôt déclarer combien vaut leur patrimoine et peut-être même aller vers une forme d’autogestion. Les opérations peuvent alors être réalisées sous forme de vente directe. Sollicitée par un voisin ou une personne intéressée par un bien, la collectivité vend le plus souvent directement et obtient, dans le cadre de la négociation, bien souvent un prix supérieur à ce qu’avaient estimé les Domaines. Cela se fait alors rarement avec une mise en concurrence. La procédure de vente aux enchères a été utilisée, il y a quelques années. Ceci fonctionne notamment pour des biens qui intéressent des marchands de biens ou de petits promoteurs immobiliers. La valorisation est alors également souvent supérieure à l’estimation initiale. Les biens achetés dans ce cadre par les particuliers se vendent quant à eux souvent au prix des Domaines. La vente par soumission cachetée est une solution pour mettre en concurrence les promoteurs immobiliers. Cette solution permet, dans la pratique, d’obtenir, si le bien intéresse, un bien meilleur prix que ce à quoi aurait pu aboutir une négociation directe. Récemment, un foncier estimé à 2 100 000 € par les Domaines est parti pour 4 millions €. Pour revenir sur la méthode, l’étude de faisabilité se fait avec les collègues de l’urbanisme, les prescriptions des directions gestionnaires sont intégrées et les actions de consultation sont lancées. Un peu de communication, pas toujours positive, accompagne ces opérations, mais le site internet de la ville a été augmenté d’une page spécifique qui explique pourquoi cette politique se fait et il sera même à terme possible d’aller y visiter virtuellement les biens en vente. 11 Le patrimoine immobilier des collectivités locales Pas de recettes sans dépenses Hervé RENUCCI rappelle que la Métropole est une nouvelle collectivité, créée récemment et qui vient de prendre son essor (au 1er janvier de l’année). Elle couvre l’ensemble des compétences de la communauté urbaine de Lyon sur l’agglomération lyonnaise et celle du Conseil Général du Rhône sur le même périmètre à savoir 1,3 million d’habitants et 59 communes. Le nouveau département – le nouveau Rhône – garde ses compétences, mais sur un périmètre extérieur à la métropole Il ajoute que pour espérer des recettes, il faut prévoir des dépenses. Ceci a été l’objet de négociations avec les élus. Il y a en effet des coûts liés notamment aux opérations de réaménagement ou de relocalisation (des associations qui sont dans les bâtiments par exemple). À ce jour, ceci se passe plutôt bien. Il ajoute que les opérations immobilières ne se font presque jamais sans relocalisation et cela ne va donc pas sans générer quelques coûts Le patrimoine évoqué est constitué de 555 bâtiments avec 73 collèges publics, un patrimoine privé de 73 000 parcelles, bâties ou non, et 1 300 habitats de tout type. À Lyon, contrairement à ce qui a été évoqué précédemment, le patrimoine est très peu affecté à des associations. Gilles SUIGNARD souligne qu’en matière de relocalisation, il est en effet important de sensibiliser les élus aux investissements qui s’imposent. Il ajoute à ce propos qu’il y a un nouvel acteur qu’il convient de ne pas négliger : les CRC (Chambres régionales des comptes) qui ont un œil très attentif sur ces opérations. Vincent ALLIX précise que le Conseil Général, anticipant la fusion avec la Métropole, avait déjà réalisé un plan de cession l’année précédente et a apporté beaucoup de patrimoine affecté et très peu de patrimoine privé. Celui-ci vient plutôt de la communauté urbaine qui était essentiellement une communauté de projet et qui a donc acheté du patrimoine privé en vue de projets d’aménagement. Il est par ailleurs étonné qu’on parle si souvent de vente et si rarement d’achat ; le plan d‘achat qui a pourtant des conséquences stratégiques et financières à très long terme mériterait, lui semble-t-il, au moins une égale attention. Hervé RENUCCI et Vincent ALLIX commentent l’organigramme de leur organisation précisant que la DLPB (direction de la logistique et du patrimoine et des bâtiments) est placée au sein du pôle ressources (ressources humaine, finances, etc.). La direction du foncier et de l’immobilier est rattachée à une délégation au développement urbain et cadre de vie. Elle agit en prestation de service pour les politiques publiques et se rapproche à 80 % de ses clients que sont les directions fonctionnelles qui travaillent à la construction et l’entretien de la ville. Il est précisé que toutes les ventes passent par cette direction centralisée qui est, pour tous, un centre de ressources et d’expertise sur ces sujets. Quant au pilotage, il lui semble que deux instances s’imposent : une instance stratégique avec une vision à long terme et un groupe plus opérationnel pour pouvoir aller vite dans la déclinaison des orientations stratégiques décidées. Anne DELAUNE, de Grenoble, s’interroge sur la nature de l’interface « point d’entrée » proposée pour mutualiser le lien avec les associations à Rennes, ce à quoi Gilles SUIGNARD répond qu’il s’agit d’une association constituée essentiellement d’institutionnels qui a, parmi ses missions, la coordination de la gestion des locaux (appartenant à la ville, mais aussi aux bailleurs sociaux) sous-loués aux petites associations. Hervé RENUCCI indique que les opérations portées vont du CIRC (Centre international de recherche sur le cancer), une opération de plus de 48 millions d’euros, à la réalisation d’une aire d’accueil pour les gens du voyage, mais sa direction assure aussi la maintenance du patrimoine, pilote la politique d’achat d’énergie et du suivi du bilan énergétique des bâtiments, mais aussi de la flotte automobile. 7. METROPOLE DU GRAND LYON L’intervention se fait à deux voix avec Hervé RENUCCI, directeur en charge de la logistique et du patrimoine et Vincent ALLIX, directeur du foncier. 12 Le patrimoine immobilier des collectivités locales Une stratégie pour les biens affectés quel point l’achat et la vente lui semblent préférables à la location qui est souvent un choix fait pour ne pas impacter la PPI, mais pour lequel le retour sur investissement est mauvais. Il précise que, vu le contexte général, la Métropole ayant choisi de continuer à investir autour de 400 millions par an, la stratégie de vente développée est un élément à ne pas négliger (avec notamment 5 millions de cessions sur le parc privé par an) tout comme il faut compter sur les démarches d’économies sur les loyers par exemple ou encore sur la conception du montage le plus adapté possible pour chaque projet. Il indique que la stratégie sur les biens affectés est en place depuis une dizaine d’années, que la motivation n’est pas avant tout financière et que tous les deux ans, le schéma de stratégie patrimoniale est revisité. La version 6 a intégré la stratégie de rationalisation énergétique des bâtiments qui était auparavant menée par ailleurs. L’objectif premier et affiché de cette stratégie patrimoniale est l’efficience des services. Vincent ALLIX précise le fonctionnement des deux directions : la direction du foncier DFI est « apporteur d’affaires », elle achète en fonction des besoins et signifie cela à la direction de la logistique et du patrimoine qui prévoit ensuite la gestion du bien en fonction notamment des durées de portage. Il précise que dans le dialogue de gestion, il a été clairement défini qu’une part des recettes issues du plan de cession est réinvestie et affectée à la réserve foncière. Une autre stratégie pour le patrimoine privé Vincent ALLIX aborde le patrimoine privé, hors patrimoine affecté, classifié en trois catégories : Hervé RENUCCI précise que le but premier étant d’optimiser le patrimoine immobilier pour qu’il réponde aux besoins des directions en terme de localisation ou encore d’adaptation des locaux, la valorisation a souvent pour conséquence de déplacer des services très bien situés en ville en deuxième couronne en proposant des locaux mieux adaptés, mieux configurés « au juste besoin » pour réduire les frais de fonctionnement, et participer au plan climat. Il insiste alors sur la mutualisation de la gestion qui doit pouvoir être opérée entre les 73 collèges qui fonctionnent aux mêmes horaires et aux mêmes dates et qui devraient pouvoir bénéficier des avancées permises par les technologies collaboratives notamment en termes de gestion d’énergie. La valorisation repose sur un programme écrit, résultat des rencontres avec les directions utilisatrices qui sont entendues trois fois par an afin que leurs besoins soient bien connus et qu’ils puissent être rationalisés, standardisés en fonction des normes en vigueur et validés. Le contexte socio-urbain est pris en compte notamment lorsqu’il y a libération d’espaces et relocalisation, ceci dans une approche pluridisciplinaire qui permet de calibrer les opérations en fonction des objectifs stratégiques, temporels et financiers. - les biens dits de la réserve foncière sur lesquels il convient de sensibiliser les élus et qu’il faut parfois préserver malgré l’ambiance plutôt « économe » ; - le patrimoine privé « en transition » qui représente environ 70 % du patrimoine et qui correspond à ce qui est acheté en vue de la réalisation d’un aménagent urbain. Le temps de portage est en moyenne de 7 à 8 ans. - Viennent ensuite – nouveauté du mandat – une liste de biens dits du « plan de cession » qui sont réputés orphelins de politique publique et qui n’ont pas d’intérêt en termes de réserve foncière. Ces biens ne sont malheureusement pas toujours ceux qui sont considérés comme « des bijoux de famille » et n’excitant pas toujours franchement les appétits et convoitises. La stratégie sur ce patrimoine se décline en cinq axes. - Il ajoute l’importance des performances financières qui, régulièrement analysées, permettent parfois de faire des choix et, il souligne d’ailleurs ici à 13 Il faut en premier lieu le connaitre. Il précise, si besoin était, que pour un vendeur il est particulièrement important de bien connaitre ce que l’on vend et l’inventaire doit donc être fiable et précis. Le patrimoine immobilier des collectivités locales - L’entretien et la sécurisation de ce patrimoine sont l’objet d’une gestion différenciée de la maintenance en fonction notamment des temps de portage. - La location de ce patrimoine n’est pas à négliger, car elle peut rapporter – en l’occurrence entre 7 et 8 millions d’euros de loyers par an. - Enfin, pour disposer de réserves demain, il faut créer des réserves foncières aujourd’hui. Le message est parfois difficile à faire entendre en temps de disette budgétaire, mais pour autant il est nécessaire de ne pas perdre de vue l’avenir et donc de continuer à acheter. Il cite quelques exemples de projets réalisés sur de la réserve foncière constituée au cours des années précédentes sans toujours qu’il y ait eu à l’époque d’objectif précis. Il souligne également que malgré les contraintes financières, la Métropole continue de donner la priorité aux politiques publiques, preuve en est la récente opération qui aurait, si elle avait abouti à un projet de logement, rapporté beaucoup d’argent et qui en coûte plutôt aujourd’hui, les élus ayant choisi d’en faire une zone permettant d’accueillir des artisans en centre-ville. Enfin, les 50 biens dits du plan de cession, des biens sans réelle sensibilité, feront l’objet de vente par adjudication ou de vente en ligne. Il insiste en conclusion sur l’intérêt du dialogue entre les deux directions présentées afin de réussir à maintenir le précieux équilibre qui consiste à dégager des recettes tout en préservant les politiques publiques, rappelant qu’un appui politique fort et cohérent est un réel atout pour faire aboutir ces stratégies à décliner. 8. METROPOLE DE NICE Arnaud MENGUY, DGA ressources financières de la Ville de Nice indique qu’il a le regard d’un financier qui convient, qu’évidemment la seule approche financière de ce type de problématique ne peut suffire. Différentes natures de patrimoine Dans une présentation empirique, il commence par préciser qu’à Nice, lorsqu’on parle « patrimoine », on pense « patrimoine mondial de l’Unesco », car Nice s’est engagée dans une démarche pour y faire inscrire la promenade des Anglais, un axe historique, touristique et un patrimoine immatériel universellement reconnu ! Cette notion immatérielle pose d’ailleurs la question de la valorisation, car à Nice le patrimoine peut rapporter gros, cela peut aussi coûter très cher… Les cessions se font par consultation d’opérateurs à 80 % ou par vente de gré à gré en cas de remembrement par exemple. Les DIA source de foncier…. Il rappelle que la Métropole Nice Cote d’Azur est à peine adolescente et a vécu son intégration à marche forcée. Le patrimoine transféré a ainsi dû être complété par de nombreuses acquisitions. La Ville a, quant à elle, conservé un patrimoine privé considérable de près de 900 logements. Le patrimoine est parfois d’exception, il est également très émietté. Donnant d’autres exemples de la mise au service des politiques publiques d’une politique foncière dynamique, il raconte qu’afin d’accompagner la production de logements sociaux dans les quartiers où cela n’émergerait pas « naturellement » a été développé un système de bail emphytéotique. Lorsqu’une DIA/préemption arrive, elle est étudiée et le cas échéant les bailleurs sont consultés pour aboutir à une opération avec un bail longue durée de 55 à 60 ans et un versement de 50 % du prix d’acquisition à la signature du bail. Le reste sera versé au cours des quinze dernières années du bail. Ainsi, les coûts du foncier ne grèvent pas la réhabilitation. Ce patrimoine immobilier ne coûte rien pendant 50 ans, et ce, avant de revenir à la Métropole. Le bien est ainsi utilisé tout en restant un actif. Précisant à quel point il est important d’anticiper et de préserver des marges de manœuvre, il évoque notamment la problématique à ne jamais oublier de la possible « reprise en régie » des délégations de service public. Cela a par exemple été le cas pour la restauration scolaire reprise par la ville qui nécessite à présent la réalisation d’une nouvelle cuisine centrale, aux normes. La Métropole a quant à elle repris en régie les transports urbains en 14 Le patrimoine immobilier des collectivités locales 2012 et la gestion de l’eau en 2014, cette dernière étant déléguée depuis 1864. - Des coûts, des recettes… - Évidemment, la gestion du patrimoine représente un coût important ; en revanche le patrimoine peut aussi rapporter. À Nice, les loyers rapportent 9 millions d’euros par an ce qui représente 1,6 % des recettes totales de fonctionnement et équivaut presque à la baisse de DGF. Les recettes proviennent évidemment également de cessions. Pour la Métropole, cela montera inéluctablement en puissance puisqu’une importante partie des réserves va être valorisée dans le cadre de l’opération d’intérêt national de valorisation de la plaine du Var. - Sur la Ville, 18 millions d’euros de ventes immobilières inscrites au budget 2015 sont le fruit d’une vraie stratégie de vente ; sur la métropole, la situation est plus contrastée avec l’optimisation d’un patrimoine à rationaliser au niveau des implantations. - … et des économies Au-delà de cet aspect budgétaire, il a interrogé le champ du patrimoine immobilier dans le cadre des recherches d’économie et de valorisation. - - Il évoque les apports de la loi NOTRe et plus précisément de son article 107 qui porte sur la transparence financière et que l’on peut voir comme apportant de nouvelles obligations, mais, aussi des opportunités et notamment d‘intéressants éléments de clarification. Ainsi, une obligation nouvelle conduira les instances délibérantes à présenter dorénavant les incidences, en fonctionnement des grands projets d’investissement. Ceci permettra d’examiner sur la durée le plan de financement d’un investissement. Les leviers activés par la Ville et la Métropole ont d’abord été organisationnels : une troisième direction des ressources, en l’occurrence « immobilières », a été créée après les élections de 2014. Précédemment l’immobilier, le patrimoine et la logistique étaient disséminés dans diverses structures. Il évoque la constitution - d’un SIG mutualisé qui est en cours de sécurisation, mais qui permet d’ores et déjà d’avoir une vision partagée du patrimoine immobilier. Ensuite, une démarche de relocalisation des équipes a été initiée, l’exercice est significatif et en cours. Enfin, à Nice, un comité stratégique est constitué avec les élus, l’opposition y étant associée au vu de la sensibilité de certains dossiers. Parmi le patrimoine – hétéroclite du fait de l’histoire –, la collectivité a d’abord vendu ce qui semblait facile à vendre. Ainsi, la ville s’est par exemple séparée d’un restaurant en zone touristique qu’elle possédait sans avoir la vocation d’en être propriétaire. Sur le logement social, le niveau de 12 % est insuffisant et l’investissement se poursuit à marche forcée. Le patrimoine est très régulièrement mobilisé pour contribuer à cette politique. Les ventes se font alors, en diffus ou de préférence par lots à des opérateurs sociaux. Plus généralement, le patrimoine permet le développement. Ainsi, le nouveau stade, inauguré il y a deux ans, porté par un contrat de partenariat, est construit sur une réserve foncière et devient le point de départ du projet évoqué sur la plaine du Var. Enfin, le patrimoine peut contribuer à réviser des politiques publiques. En jouant cartes sur table, connaitre et dévoiler l’état du patrimoine sur lequel s’exercent les politiques publiques peut avoir d’intéressantes conséquences. Ainsi, dans le domaine de la culture, en fermant une seule classe d’art plastique, la ville est capable de vider une villa qui va être vendue. La discussion n’est toutefois pas close sur « l’affectation » de la recette de cette vente… L’optimisation des coûts d’entretiens peut évidemment également contribuer aux économies. Ainsi, à Nice, la facture d’électricité annuelle est de 9 millions d’euros et le premier poste est celui d’un complexe sportif qui porte une patinoire et une piscine olympique, puis vient un théâtre. Un top 50 laisse apparaitre une liste d’équipements qui coûtent très cher (hors les frais de personnel)… Sa démarche empirique a des résultats concrets et il souligne le fait que des informations qui précédemment n’étaient pas disponibles permettent désormais d’agir et d’éclairer des possibilités d’arbitrage. 15 Le patrimoine immobilier des collectivités locales rarement vraiment en compte des éléments comme les travaux de valorisation à faire. Abordant la question des « bijoux de famille », il montre cinq exemples – qui sont également visibles sur le site internet de la ville. Une villa est en vente dans le quartier Gambetta pour 1,5 million d’euros. Elle abritait encore récemment des services municipaux. Un ancien logement de fonction est mis en vente à bon prix, car transformer ceci en équipement municipal efficient serait très cher. Une villa dégradée est mise en vente, mais aussi des biens diffus qui ont été identifiés grâce – là encore - à la démarche de SIG généralisée. Sont aussi vendus des biens moins prestigieux comme des stationnements qui correspondent à des délaissés de voiries notamment. Elle souligne par ailleurs combien lui semble intéressante l’idée de négocier en interne et en amont la réaffectation des produits de vente ce qui pourrait motiver et fluidifier de nombreux fonctionnements même si cela ne peut se faire formellement d’un point de vue comptable. Olivier LANDEL conclut en remerciant tous les intervenants et plus particulièrement PBB qui a participé au montage de la journée. Questions et échanges Il évoque ensuite des échanges ayant eu lieu au cours du déjeuner avec des participants qui souhaitaient continuer à travailler sur ces sujets au-delà de cette journée. Dans le cadre de la fusion à venir des associations, la tradition du travail en commun sera préservée en « mariant le meilleur des deux mondes » et des pratiques préalables. Il indique en l’occurrence qu’il sera heureux de recueillir les souhaits et propositions de participation des uns et des autres, ajoutant qu’il continuera d’être très vigilant à ce que les objectifs des groupes de travail soient toujours larges et servent – au-delà de l’échange de bonnes pratiques – à contribuer à des évolutions réglementaires qui seront finalement utiles à tous les membres et à toutes les collectivités. Florence LAVAUD, PBB, demande si dans le cadre de la constitution de la réserve foncière, il ne serait pas intéressant de passer par un EPF. Vincent ALLIX répond que la question se pose régulièrement, mais qu’aujourd’hui à Lyon la direction est très bien structurée. Les coûts de portage sont élevés, et l’EPF n’achète par ailleurs que pour un projet et ne constitue donc pas de réserve foncière. Il ajoute que créer un EPF revient à prendre le risque de ne pas garder entièrement la main sur ce qui se fait en matière de foncier. Cette modalité semble a priori plus intéressante pour des territoires périurbains ou moins bien structurés. Nathalie ROBIN, Nantes Métropole, évoque l’existence d’un EPF régional sans fiscalité spécifique qui peut faire du portage financier. Globalement, les échanges dans la salle conduisent à conclure que les situations sont diverses, il est donc difficile de généraliser la réponse. Sandrine VOISIN, DGA Ressources du Grand Nancy, s’étonne que France Domaine n’ait pas été évoqué alors qu’au quotidien leur intervention n’est pas neutre et ne semble pas toujours aller dans le sens du soutien à une gestion patrimoniale dynamique. Marie-Sylvie LEDDA, qui a en charge la valorisation patrimoniale en Seine Maritime, évoque la possibilité de nouer des partenariats avec France Domaine qui désormais ne fait plus uniquement des évaluations par comparaisons. Son expérience montre que la discussion est possible lorsque les biens sont bien connus par la collectivité même si France Domaine prend 16