Sarkozy se projette déjà dans l`après-grèves

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Sarkozy se projette déjà dans l`après-grèves
www.lemonde.fr
Mercredi 21 novembre 2007
63e Année - N˚19541 - 1,30 ¤ - France métropolitaine ---
Sarkozy se projette déjà
dans l’après-grèves
Réformes L’Elysée prépare des annonces sur le pouvoir d’achat
Fondateur : Hubert Beuve-Méry - Directeur : Eric Fottorino
La crise bancaire s’aggrave
et s’étend aux assurances
a crise bancaire continue à s’aggraver aux Etats-Unis, provoquant de
fortes turbulences sur les places boursières internationales. L’indice Dow Jones
de la Bourse de New York a reculé de
1,66 %, lundi 19 novembre, entraîné par le
plongeon de 5,88 % du titre Citigroup. Le
premier groupe bancaire mondial, dont le
président Charles Prince a démissionné
début novembre, pourrait enregistrer
15 milliards de dollars de pertes supplémentaires au cours des prochains mois.
La facture des dégâts provoqués par la
crise des crédits immobiliers à risques
américains – subprimes – ne cesse de
s’alourdir. Cet été, la Réserve fédérale
américaine l’avait estimée à 100 milliards de dollars. Les experts ont ensuite
évoqué un montant de 200 milliards,
puis de 400 milliards de dollars. La banque américaine Goldman Sachs avance
aujourd’hui une somme de 2 000 milliards de dollars, soit plus que le produit
intérieur brut (PIB) de l’Italie.
Limitée d’abord au seul compartiment des subprimes, la crise s’étend
désormais à l’ensemble des marchés du
crédit. Les pertes subies par les banques
sur le secteur des produits structurés
– des instruments financiers très comple-
L
Décrochage
ACTION CITIGROUP À LA BOURSE
DE NEW YORK, en dollars
55
50
45
40
32,0
35
30
21 mai 2007
19 novembre 2007
Source : Bloomberg
xes – sont sans cesse révisées à la hausse.
Les compagnies d’assurances, qui
avaient été jusqu’à présent épargnées,
sont à leur tour touchées. Le numéro un
mondial de la réassurance, le groupe helvétique Swiss Re, a annoncé lundi une
perte de 1,2 milliard de francs suisses liée
à la crise des subprimes. Et l’inquiétude
grandit, outre-Atlantique, quant à la solidité des sociétés spécialisées dans la
garantie d’emprunts obligataires. a
Lire page 13
Le plan américain pour lutter
contre la « talibanisation » du Pakistan
ace à la « talibanisation » de l’Afghanistan et du Pakistan, l’armée américaine va proposer à l’administration
Bush un « plan » pour s’allier des tribus
rebelles pakistanaises, a confirmé, lundi
19 novembre, le Pentagone. Conçu par
l’amiral Eric Olson, chef du commandement des opérations spéciales, ce projet
consisterait à « acheter » des chefs de
clan dans les « zones tribales » pakistanaises, à la lisière de l’Afghanistan, et à
les inciter à mener des « opérations contreinsurrectionnelles ». Washington débloquerait 350 millions de dollars sur
cinq ans. L’armée américaine éviterait un
engagement direct, tout en se réservant la
possibilité de faire intervenir « dans certains cas » ses commandos d’élite.
F
près la grève, la réforme continuera. Nicolas Sarkozy entend poursuivre sa marche en avant en menant
de front tous les chantiers engagés, persuadé d’avoir été compris des Français.
Alors que les syndicat des transports
devaient rencontrer, mercredi 21 novembre, la direction de la SNCF et de la RATP
au lendemain d’une nouvelle journée de
grève à laquelle se sont joints les agents
des services publics, le chef de l’Etat semble prendre acte d’une sortie de crise à
son avantage et d’un retour à la normale
A
PAGE TROIS
L’oligarque
de Donetsk
espéré pour la fin de la semaine.
C’est le moment qu’il a choisi pour
intervenir devant les Français, jeudi ou
vendredi, pour annoncer des mesures, en
cours d’élaboration, en faveur du pouvoir
d’achat des fonctionnaires et des salariés
du privé. Il en profitera pour maintenir
son cap. Désormais persuadé que la réforme des régimes spéciaux « va passer », il
souhaite faire « passer les autres » (fusion
ANPE-Unedic, rapprochement DST-Renseignements généraux, carte judiciaire,
carte hospitalière, contrat de travail,
etc.), au risque de nouveaux conflits.
Aucune ne se fera sans douleur ni contestation, juge le chef de l’Etat.
Pour M. Sarkozy, ce long conflit a
démontré le bien-fondé de sa méthode de
fermeté et de dialogue, dont il entend faire sa marque. Malgré plusieurs reculs
dans les sondages, il ne renonce pas à son
credo volontariste : les Français l’ont élu
pour changer la France, et, quels que
soient les obstacles inévitables, il le fera. a
Lire pages 9 à 11, Débats page 19
et l’éditorial page 2
Lire page 4
« Beowulf », légende ancestrale Justice
et film mutant sans prises de vue La controverse
de la carte
« Rachida Dati a le courage
de s’attaquer à une réforme
de la carte judiciaire.
Ce n’est pas facile. Mais je
désapprouve sa méthode »,
déclare au Monde
la socialiste Elisabeth
Guigou, elle-même
ancienne ministre
de la justice. Page 11
L’Ukrainien Rinat
Akhmetov a bâti
sa fortune sur les ruines
du communisme. Son
empire : les mines et la
métallurgie. Il a échappé
à deux tentatives
d’assassinat. Une seule
passion le fait sortir
de sa réserve : son club
de football, le Chaktior
Donetsk.
et Focus page 22
Enquête
Police sous
surveillance
Sciences
Le déluge
et l’agriculture
L’effondrement d’une
calotte glaciaire, il y a
8 200 ans, aurait provoqué
un brutal afflux d’eau
douce en Méditerranée.
Des populations qui
maîtrisaient l’agriculture
au Proche-Orient
auraient alors migré
vers l’Europe. Page 7
Le plan de l’amiral Olson s’inspire de
l’expérience de la lutte contre la guérilla
sunnite irakienne dans la province d’AlAnbar, à l’ouest de Bagdad. Grâce à une
phase de contacts secrets avec les chefs
de tribu, menés par l’ex-ambassadeur
américain Zalmay Khalilzad et les services de renseignement, puis au recrutement de 70 000 miliciens, Washington a
trouvé des alliés dans la lutte contre les
mouvements djihadistes qui s’inspirent
d’Al-Qaida. Ces trois derniers mois, la violence a diminué de moitié dans cette
zone. Mais le Pakistan n’est pas l’Irak. Et
des experts américains mettent en garde
contre cette stratégie d’armement de tribus ennemies des Etats-Unis. a
Ray Winstone. PARAMOUNT PICTURES
vec son film Beowulf, qui
sort sur les écrans mercredi
21 novembre, le cinéaste
américain Robert Zemeckis s’empare d’un des plus vieux textes de
la littérature européenne. Mais
cette épopée ancestrale et sanglante est aussi une saga digitale
qui préfigure le cinéma de
demain.
A
Les acteurs, notamment Ray
Winstone, Anthony Hopkins et
Angelina Jolie, n’ont pas été filmés.
Ils ont joué leurs scènes sur un plateau, sans décors et sans costumes,
alors que des capteurs installés sur
leurs corps et leurs visages enregistraient chaque geste, aussitôt stocké sous forme numérique. a
Lire page 25
Le mouvement Copwatch
est né à Berkeley, en
Californie, il y a quelques
années. Ses membres
suivent les policiers la
nuit, les filment, prennent
des notes. Leur but :
dénoncer les exactions
des forces de l’ordre
contre les sans-domicilefixe ou les membres
des minorités noire ou
latino. Pages 20-21
D E
L
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E X C E P T I O N
L A
R E G L E
L’ABUS D’ALCOOL EST DANGEREUX POUR LA SANTÉ. A CONSOMMER AVEC MODÉRATION.
Algérie 60 DA, Allemagne 1,90 ¤, Antilles-Guyane 1,90 ¤, Autriche 2,00 ¤, Belgique 1.30 ¤, Cameroun 1 400 F CFA, Canada 3,25 $, Côte d’Ivoire 1 400 F CFA, Croatie 18,50 Kn, Danemark 20 KRD, Espagne 2,00 ¤, Finlande 2,50 ¤, Gabon 1 400 F CFA, Grande-Bretagne 1,20 £, Grèce 2,00 ¤, Hongrie 595 HUF, Irlande 2,00 ¤, Italie 2,00 ¤, Luxembourg 1,30 ¤, Maroc 10 DH, Norvège 22 KRN, Pays-Bas 2,00 ¤,
Portugal cont. 2,00 ¤, Réunion 1,90 ¤, Sénégal 1 400 F CFA, Slovénie 2,20 ¤, Suède 25 KRS, Suisse 2,80 FS, Tunisie 1,8 DT, USA 3,00 $, Afrique CFA autres 1 400 F CFA,
2
0123
Editorial
YouTube, le tam-tam planétaire
Limites du volontarisme
A
lors que ses conseillers affirment qu’il suit
les conflits sociaux sur les régimes spéciaux
« minute par minute », Nicolas Sarkozy
feint de considérer ceux-ci comme quasi
résolus. Le président de la République a
déjà ouvert le dossier suivant : le pouvoir d’achat.
Les fonctionnaires qui ont placé ce sujet en tête de
leurs revendications, mardi 20 novembre, ne sont pas
les seuls à se plaindre de l’insuffisance de leurs revenus. La perte – réelle ou ressentie – du pouvoir d’achat
est l’une des principales préoccupations des Français,
notamment dans les classes moyennes. En homme politique expérimenté, Nicolas Sarkozy l’avait compris très
tôt. Tandis que la droite affirmait encore qu’il n’y avait
pas de baisse du pouvoir d’achat et que l’augmentation
des prix liée à l’euro résultait en partie d’un effet d’optique, le candidat à l’Elysée avait affirmé vouloir être « le
président du pouvoir d’achat ».
Mais, en économie de marché, l’augmentation du
pouvoir d’achat ne dépend que très partiellement du
pouvoir politique. Celui-ci a abattu, dès cet été, la seule
carte à sa disposition – les prélèvements fiscaux et
sociaux – en exonérant les heures supplémentaires ainsi que les intérêts d’emprunts immobiliers. Mais le
volontarisme a ses limites. Contraintes budgétaires
obligent, ce que le gouvernement a accordé d’un côté, il
l’a repris en partie de l’autre en instaurant une franchise sur les dépenses médicales qui va toucher les foyers
les plus modestes.
A part ces mesures, le gouvernement a, jusqu’à présent, surtout fait de la gesticulation. Convoquer les
pétroliers à Bercy, par exemple, ou organiser une conférence sur le pouvoir d’achat et l’emploi. Deux initiatives qui n’ont, comme cela était prévisible, débouché
sur aucune mesure concrète. Peut-il aller au-delà ?
C’est peu probable. Le gouvernement ne peut agir qu’à
la marge sur les prix de l’énergie, sur ceux des biens alimentaires et sur ceux des logements, les trois secteurs
les plus inflationnistes aux yeux de l’opinion.
Au-delà de réponses ponctuelles, comme la réforme
des relations entre la grande distribution et les industriels, le seul moyen d’augmenter significativement et
durablement le pouvoir d’achat des Français est de
favoriser la croissance économique. L’un ne va pas
sans l’autre. Cela passe par des mesures à long terme,
comme la réforme du marché du travail (bien au-delà
de la fusion entre l’Unedic et l’ANPE), la réforme de
l’Etat et l’investissement dans la formation et l’innovation. Cela nécessite du courage et également une certaine patience. En principe, le chef de l’Etat devrait être le
premier pédagogue en la matière. En calant sa communication sur les sondages d’opinion, Nicolas Sarkozy
risque d’aboutir au résultat inverse : laisser croire que
lui-même doute de la politique mise en œuvre. a
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0123
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T
apez www.youtube.com et regardez
les vidéos que des millions d’internautes y mettent en ligne. L’expérience est
passionnante. Bric-à-brac planétaire,
miroir déformant d’une époque submergée par le numérique, YouTube et ses semblables (DailyMotion, Metacafe…) bouleversent les
modes de communication, en incitant les internautes à exhiber à chaque instant leurs vérités et
leurs passions.
De tout un peu, dans un désordre déconcertant : un clip sur les Spice Girls ; des dirigeants de
Google discutant du futur système d’exploitation
pour téléphone mobile Android ; les meilleurs
buts de Maradona ; trois adolescents, « Thomas,
Lucien et Nessim », en luge sur la neige, filmés par
« Olivier » ; la campagne présidentielle américaine sous toutes ses coutures… En France, quelque
7 millions d’internautes regardent chaque mois
YouTube, et ils sont 67 millions dans le monde.
Médias de masse, médias alternatifs, YouTube et
ses clones sont désormais ancrés dans la réalité
sociale. Que signifie leur spectaculaire essor ?
1. La fin de la télé de papa. Les grands-messes
façon « 20 heures » ont vécu. Place aux contenus
générés directement par les utilisateurs. Non seulement les internautes produisent leurs propres
« émissions », mais, dans le fatras des vidéos disponibles sur YouTube, ils visionnent quoi bon
leur semble. Insensiblement, la fonction « programmation », dont les grandes chaînes avaient
le monopole, est passée entre les mains des internautes. Ce n’est pas pour rien que, en 2006, Google a acquis YouTube. A un prix à première vue
exorbitant : 1,65 milliard de dollars en actions
Mercredi 21 novembre 2007
(1,17 milliard d’euros). Google compte faire de
YouTube la chaîne du futur, une télévision à la
demande, accessible sur de multiples supports,
du portable traditionnel aux téléphones mobiles
intelligents.
Analyse
Bertrand Le Gendre
Les télévisions installées, CBS, la BBC ou TF1,
vont devoir évoluer. Sinon, elles perdront leurs
téléspectateurs, particulièrement les plus jeunes,
au profit de ces sites de partage. Certaines ont déjà
passé des accords avec YouTube pour y mettre
quelques-unes de leurs émissions en ligne. Mais
elles hésitent à aller plus loin, de peur de perdre la
maîtrise de leurs contenus, leur raison d’être.
2. La mort lente du copyright. On trouve tout,
rayon musiques, sur YouTube : Miles Davis en
concert et Karajan dirigeant la Cinquième Symphonie de Beethoven, les clips des Beatles et ceux du
« DJ » David Guetta. On y trouve aussi des séries
télévisées et des films. En toute illégalité.
YouTube est dans le collimateur des majors du
disque et des grandes chaînes de télévision, qui
lui réclament des dommages et intérêts colossaux
pour ces violations répétées du droit d’auteur. A
elle seule, Viacom (MTV, Paramount Pictures…)
exige 1 million de dollars de YouTube, qui est
poursuivi en France par la Ligue de football professionnel et la Fédération de tennis pour avoir
diffusé en ligne des matches « piratés ».
Réception par Pessin
YouTube argue de sa bonne foi : il n’est qu’un
hébergeur. Ce n’est pas lui le fautif, mais les internautes qui mettent en ligne ces contenus protégés
par la loi. Devant l’orage qui gronde, YouTube et
DailyMotion s’emploient à retirer de leurs sites
les séries américaines, films et clips musicaux qui
ne devraient pas s’y trouver. En même temps, les
outils de filtrage dont ils disposent sont encore
embryonnaires. Surtout, la tâche est colossale. En
pratique, ni YouTube, ni DailyMotion, ni Metacafe ne sont capables de supprimer en temps réel les
contenus litigieux dont ils sont bombardés. S’ils y
parvenaient, ils seraient beaucoup moins
attrayants. Sans l’avouer, ils prospèrent sur la
mort annoncée du copyright.
3. La politique revisitée. Si l’on tape « Sarkozy » dans la boîte « Rechercher » de YouTube, on
tombe sur une vidéo intitulée « Le vrai Sarkozy »,
qui accable, sur une musique de thriller, le président de la République : « Populiste, ultralibéraliste, sécuritaire… » Une autre vidéo le montre hilare
au sommet du G8 en Allemagne, cherchant ses
mots devant des journalistes interloqués. Accompagnée d’une légende prétendant que le président était saoul (il ne boit pas d’alcool), cette
vidéo a fait le tour du monde. Apparemment, les
internautes ne s’en lassent pas.
Que fait le service communication de l’Elysée ?
Pourquoi n’a-t-il pas installé sur YouTube, cette
agora sans frontières, des séquences favorables
au président ? Il y en a, mais dans les profondeurs
du site. Sur la même page « Sarkozy » de YouTube, Tony Blair donne une leçon de cyber-savoirfaire au président français. C’est sur YouTube que
le « premier » britannique a choisi, en juin, de
féliciter le nouvel élu. La vidéo y est toujours.
Les élites américaines, elles aussi, ont compris
le parti qu’elles pouvaient tirer des sites de partage. En collaboration avec YouTube, CNN a
retransmis au printemps un débat opposant les
candidats démocrates à la Maison Blanche.
Contrairement à la tonalité dominante des
médias américains, les internautes leur ont posé
beaucoup moins de questions sur l’Irak que sur le
changement climatique, la protection sociale ou
les droits des homosexuels. A quelques mois des
primaires, ces préoccupations, jaillies des profondeurs de YouTube, n’ont échappé ni à la presse
traditionnelle ni aux candidats.
4. Une caisse de résonance planétaire.
Vingt-quatre heures sur vingt-quatre, YouTube
agrège des contenus « postés » du monde entier.
Le hit-parade des vidéos les plus regardées change constamment mais il est très parlant. L’une
des plus fameuses montre un comédien en jean et
tee-shirt se déhanchant sur Hound Dog, d’Elvis
Presley, puis sur YMCA, des Village People, sur
d’autres tubes encore. Intitulé « Evolution dance », ce clip de six minutes a été vu… 64 millions
de fois.
YouTube est un tremplin où n’importe quel
artiste amateur a sa chance. Une formidable caisse de résonance, qu’aucune entreprise « communicante » ne peut ignorer. Renault-F1 a été l’un
des premiers à en tirer les conclusions en y installant un clip à la gloire d’Alonso après la victoire
de celui-ci en championnat du monde l’année
dernière.
Naviguer sur YouTube c’est aussi toucher du
doigt, jour après jour, le « clash » des civilisations. L’une des vidéos les plus en vogue en ce
moment a pour titre « La vérité sur l’islam, par
une ex-musulmane ». Les yeux fixés sur la caméra, une dame arabe y dénonce l’« arriération » de
cette religion. Les réactions pleuvent : plus de
200 000 commentaires à ce jour pour 1,6 million
d’internautes qui l’ont vue. a
Nouveau duo à Berlin
L
a grande coalition des chrétiens-démocrates et des sociaux-démocrates en Allemagne traverse des jours agités, alors
que, en principe, il lui reste encore deux
ans à tenir. La chancelière Angela Merkel vient de perdre son interlocuteur privilégié
chez ses partenaires du SPD. Le ministre du travail et vice-chancelier, Franz Müntefering, a
démissionné pour des raisons familiales. Il veut
se consacrer à la convalescence de sa femme, opérée d’un cancer pour la cinquième fois.
La charge de vice-chancelier a échu au ministre
des affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier.
On est ainsi revenu à une tradition non écrite
datant des années 1960, selon laquelle le chef de
la diplomatie est le numéro deux du gouvernement fédéral. M. Steinmeier est un des ministres
les plus populaires de la grande coalition, mais, là
encore, la tradition est respectée. Peut-être parce
qu’il ne porte pas directement la responsabilité
des décisions, souvent impopulaires, de politique
intérieure, le titulaire des affaires étrangères est
généralement une personnalité appréciée du
public allemand.
La cohabitation avec Mme Merkel s’annonce
délicate. M. Steinmeier a fait le plus clair de sa carrière, en tant que conseiller, dans l’ombre de l’ancien chancelier Gerhard Schröder. Son ascension
dans le Parti social-démocrate est récente mais ful-
gurante. Ministre sans jamais avoir été député
– ce qui, dans la République parlementaire
d’outre-Rhin, n’est pas courant –, il a eu une élection de maréchal à la vice-présidence de son parti
avant d’avoir occupé le moindre poste dans l’appareil. Il lui reste à s’y tailler un fief. Ce ne sera pas
facile pour ce modéré, alors que le SPD a tendance
à se durcir sous la pression de la gauche radicale.
Chef de la chancellerie au temps de la coalition
rouge-verte, M. Steinmeier a supervisé les réformes sociales mises en œuvre par le deuxième gouvernement Schröder (2002-2005) et poursuivies
Chronique
International Daniel Vernet
par Mme Merkel. Il vient de s’adjoindre un nouveau secrétaire d’Etat spécialement chargé de
coordonner l’action des ministres sociaux-démocrates. Comme l’union, la grande coalition est en
effet un combat. Chacun des deux partenaires
essaie de se placer dans la situation la plus favorable en vue des prochaines élections. La concurrence va donc aller croissant d’ici à 2009. Et, avec
elle, les conflits qui devraient entraîner une paralysie du gouvernement. Chrétiens-démocrates et
sociaux-démocrates ne sont plus guère d’accord
que pour distribuer la manne issue du redressement des finances publiques.
Toutefois, c’est dans le domaine extérieur que
la rivalité entre les deux têtes de la coalition risque
d’être la plus forte. M. Steinmeier n’apprécie guère l’inflexion « droit-de-l’hommiste » donnée par
Mme Merkel à la politique étrangère allemande,
notamment vis-à-vis de la Russie et de la Chine.
Devant le Forum européen organisé les 16 et
17 novembre à Berlin par la Fondation
BMW Quandt, il a laissé entendre que la chancelière confondait les louanges de la presse avec l’efficacité diplomatique. Il ne va certes pas aussi loin
que son mentor, M. Schröder, qui, en véritable
commis voyageur de la Russie poutinienne, attribue le souci manifesté par Mme Merkel pour le respect des droits de l’homme à la « sensiblerie »
d’une ressortissante de l’ancienne RDA. Mais il
plaide pour le « pragmatisme », comme il regrette
que la récente réception du dalaï-lama à la chancellerie ait troublé les relations avec Pékin.
Cette rivalité entre un chef de gouvernement
qui découvre les délices du grand large et son
ministre des affaires étrangères n’est pas une nouveauté. Elle a existé dans toutes les coalitions précédentes. Elle prend cependant une autre dimension si les deux protagonistes se préparent à
concourir pour rester, ou devenir, le numéro un. a
Page trois Ukraine
0123
²Mercredi 21 novembre 2007
3
Aussi riche, influent que secret, l’Ukrainien Rinat Akhmetov règne sur un empire qui emploie
150 000 personnes et sur l’équipe de football de Donetsk dont il veut faire la championne d’Europe
Un rêve d’oligarque au pays des mineurs
DONETSK (Ukraine)
ENVOYÉ SPÉCIAL
E
n Ukraine, cet homme est une
légende, et vouloir l’approcher
une idée jugée insensée. Rinat
Akhmetov, le personnage le plus
riche et le plus influent du pays,
préfère l’ombre à la compagnie des journalistes. Seul le football – qui voit s’affronter
l’Ukraine et la France en match éliminatoire de l’Euro 2008 à Kiev, mercredi
21 novembre –, de temps à autre, l’amène à
sortir de sa réserve.
C’est donc au bord d’un terrain, celui du
centre d’entraînement de son club, le
Chakhtior Donetsk, qu’il nous a accordé à
l’improviste un quart d’heure d’audience.
Derrière lui, bras croisés, un garde du
corps veille au grain. D’autres, quelques
mètres plus loin, équipés d’oreillettes discrètes, complètent le ballet millimétré du
dispositif de sécurité. Le milliardaire est
prudent : il a déjà été la cible d’au moins
deux tentatives d’attentats, l’une au pistolet-mitrailleur, l’autre au lance-roquettes.
La poignée de main de cet homme de
40 ans est ferme, ses traits sont légèrement asiatiques, ses yeux bleus, fixes et
impénétrables. D’une voix onctueuse, il aligne quelques formules passe-partout sur
son amour du ballon rond et celui de sa
province, le Donbass, près de la frontière
russe : « Je dépense beaucoup d’argent dans
mon club, pour faire plaisir aux supporteurs.
Pour que chaque habitant puisse être fier de
son équipe, de sa région. »
Le fief de Rinat Akhmetov, Donetsk, est
un rude bassin houiller. Chakhtior signifie
d’ailleurs « mineur » en russe. Pendant
longtemps, le nom de la cité n’a traversé
les frontières qu’à l’occasion de décomptes macabres des vies englouties par les
galeries. Dimanche 18 novembre, un nouveau coup de grisou a trouvé sa place dans
les titres de la presse internationale.
Pourtant, aujourd’hui, l’oligarque – il
refuse ce terme, trop péjoratif –, dont l’empire emploie 150 000 personnes en Ukraine, principalement dans les secteurs du
charbon et de la métallurgie, souhaite
développer une autre image, tournée vers
l’avenir. Avec, en étendard, son club de
football. Sa holding, System Capital Management (SCM), s’est aussi diversifiée dans
les médias, la banque, les télécommunications, l’assurance, l’hôtellerie…
Au centre de Donetsk, son Donbass
Palace Hotel, où l’on peut déguster un
excellent espresso en lisant Le Monde ou
El Pais, est réputé être l’établissement le
plus chic du pays. La galaxie de cet homme orchestre compte même une école de
journalisme.
A l’entrée de la ville s’élève un stade
ultramoderne de béton, d’acier et de verre,
improbable objet architectural dans un
paysage barré de cheminées industrielles,
où les collines sont autant de terrils. Cette
enceinte, qui doit être terminée au printemps 2008, est le grand projet de l’homme d’affaires : une vitrine à 300 millions
de dollars, à faire pâlir d’envie n’importe
quel club de football français.
Edifié à quelques mètres d’une imposan-
Les joueurs du Chakhtior de Donetsk font un triomphe à Rinat Akhmetov, patron de leur club, après la victoire de leur équipe contre le Dynamo de Kiev, le 14 mai 2006. REUTERS/GLEB GARANICH
te statue élevée du temps de l’Union soviétique en l’honneur des jeunes travailleurs
léninistes du Komsomol, le stade répond
aux dernières normes des instances dirigeantes du football et pourra postuler
pour accueillir les finales de Coupe d’Europe. Cela tombe bien : l’objectif affiché du
Chakhtior est d’en gagner une. En attendant, en 2012, l’édifice est déjà assuré d’accueillir des rencontres de l’Euro, organisé
conjointement par la Pologne et l’Ukraine.
Rien n’est trop beau, aux yeux de Rinat
Akhmetov, pour son équipe. Il a attiré
dans son « far east » ukrainien des entraîneurs réputés, en déliant généreusement
les cordons de sa bourse. Ainsi, Bernd
Schuster, l’actuel coach du prestigieux
Real Madrid, a-t-il officié à Donetsk lors
de la saison 2003-2004. L’Allemand a
cédé sa place au Roumain Mircea Lucescu, qui se dit « plus en phase avec la mentalité de l’Est ».
Pour monter son centre de formation,
Rinat Akhmetov a fait venir un ancien responsable de celui de l’Ajax d’Amsterdam,
la plus cotée des pépinières à champions.
Pour son centre médical, il s’est tourné
vers l’Espagnol Paco Biosca, ancien prési-
dent de la Société internationale de chirur- ment, un soir de match. Une bombe avait
gie orthopédique. « M. Akhmetov a trouvé été placée sous son siège, au stade. Depuis,
mon nom sur Internet, raconte ce dernier. tout s’est accéléré. L’oligarque, dont la bioJe lui ai dit que je pouvais lui conseiller des graphie reste floue – La Mafia de Donetsk,
collègues. Il m’a dit “non, c’est vous le prési- un livre de Sergueï Kouzine, a été interdit
dent, c’est vous le meilleur, c’est vous que je en novembre 2006 –, a accumulé une
richesse qui fait de lui, selon le baromètre
veux” », raconte-t-il.
Sur le terrain, la même ouverture à l’in- 2007 du magazine américain Forbes, la
ternational, mais pas de stars. L’expérien- 214e fortune mondiale, avec 4 milliards de
ce a prouvé qu’elles ne sont pas
dollars. Il est aussi entré officielprêtes pour la vie au Donbass.
lement en politique en 2006, élu
Le monde de
Des jeunes Brésiliens, Serbes,
député dans les rangs du Parti
Rinat Akhmetov
Polonais, Mexicains, côtoient,
des régions, conservateur, dont
est paradoxal :
entre autres, dans l’équipe, quelil serait le principal financeur.
une sorte
ques-uns des meilleurs joueurs
La révolution orange de
d’archaïsme
ukrainiens. Cinq d’entre eux
2004 l’a incité à franchir ce pas.
futuriste
viennent de rejoindre les rangs
En 2005, Rinat Akhmetov, sans
de la sélection nationale pour
soutiens, a dû fuir le pays, pouraffronter la France, mercredi 21 novem- suivi par la justice, qui se penchait sur les
bre, lors du dernier match des éliminatoi- modalités des privatisations réalisées
res pour l’Euro 2008. Les résultats sui- entre « amis » dans les années 1990, sur
vent : le Chakhtior a détrôné le rival de la lesquelles il a assis son pactole. Il a finalecapitale, le Dynamo Kiev, en 2005 et 2006, ment évité la condamnation et a pu reveet est en tête de l’actuel championnat nir dans son cher Donbass.
ukrainien.
Mais son exil lui a, dit-on, fait comprenRinat Akhmetov tient les rênes du club dre la nécessité de s’ouvrir vers l’Occident
depuis plus de dix ans. Il a pris la succes- et de polir ses aspérités. « Le football est
sion d’Akhtem Braghine, mort tragique- excellent pour l’image de Donetsk en Europe,
Deuil à la houillère de Zasiadko
DONETSK (Ukraine)
ENVOYÉ SPÉCIAL
A l’entrée de la houillère de Zasiadko, au cœur de l’agglomération de
Donetsk, des familles attendent
toujours, en cette fin d’après-midi.
Une journée et demi a passé,
depuis l’explosion qui a ébranlé la
galerie dans laquelle travaillaient
leur mari, leur fils, ou leur frère, à
plus de 1 000 mètres de profondeur. Le dernier bilan fait état de
80 morts et 20 disparus. L’accident pourrait être le plus meurtrier de l’histoire minière de
l’Ukraine.
C’est « très, très dur », constate
un homme, qui ne concède que ces
trois mots. « Je ne sais plus quoi
penser », dit un autre, le tour des
yeux noirci par le charbon, avant
de tourner les talons. « Est-ce que
quelqu’un peut seulement changer
les choses ? », demande une femme. Avant de souffler que la mine
a déjà englouti deux personnes de
sa famille, avant le drame de ce
dimanche 18 novembre. Rare
épanchement : à Zasiadko, le deuil
est silencieux. Ces dernières
années, cette mine a déjà coûté la
vie a des dizaines de personnes. Sa
profondeur fait que le méthane, à
l’origine des coups de grisou, y est
présent en plus grande quantité.
Un dispositif exploite même cette
particularité : le gaz produit par
les forages est réutilisé par l’industrie de la région.
La parole d’Ekaterina Furmanjuk tranche avec la retenue des
mineurs et de leurs proches. Cette
journaliste a débuté sa carrière à
Zasiadko, où elle s’occupait de la
radio de la mine. Il y a un an, son
journal, Gromadska Pravda (« la
vérité publique »), a relaté un accident qui eu lieu dans la même galerie que celle du récent drame. Etait
alors pointée l’insuffisante évacuation des gaz : creuser des conduits
prend trop de temps pour des gens
payés au rendement, dont les salaires dépassent rarement les
500 euros mensuels. « L’endroit
où a eu lieu le drame avait été fermé
en 1983, jugé trop dangereux. Il a
rouvert l’année passée », expli-
que-t-elle, « indignée ». L’enquête
a valu à ses auteurs une convocation devant la justice. Dans la
mine, rien n’a changé.
« Il n’y a même pas de colère,
constate, dépité, Anatoli Akimotchkin, le chef adjoint du Syndicat
indépendant des mineurs. Je n’ai
rien vu de tel sur les visages, ils sont
résignés. » « Les mineurs sont dans
l’état de condamnés à morts », renchérit Ekaterina Furmanjuk.
Pour Anatoli Akimotchkin, la
responsabilité des oligarques, qui
usent de l’appareil industriel soviétique sans le moderniser tout en
améliorant sans cesse son rendement, est réelle. Le soir du drame,
l’oligarque Rinat Akhmetov a promis que le Chakhtior et sa fondation allaient verser 10 millions de
grivnas (1,3 million d’euros) pour
aider les familles des victimes, bien
que cette mine ne lui appartienne
pas. « M. Akhmetov est de ceux qui
veulent soigner la tuberculose, mais
sans en supprimer la cause, la pauvreté », ironise le syndicaliste. a
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se réjouit Guennadi Tchijikov, le président
de la chambre de commerce et d’industrie
de la ville. Le nom de notre ville est trop associée au charbon. Il faut renvoyer une image
plus positive aux investisseurs étrangers. Le
football est un pont. »
Le monde de Rinat Akhmetov est paradoxal : une sorte d’archaïsme futuriste. Le
Chakhtior lui ressemble. Cette « œuvre
sociale », selon les mots de Mircea Lucescu, fleure bon le patron paternaliste : le
club va chercher ses futurs supporteurs
dans les écoles, en offrant tee-shirts et places gratuites, et vend toujours des billets à
1 euro les soirs de championnat. Le nom
du président y est chaleureusement acclamé lors de la présentation des équipes.
Mais le tout est enrobé d’un emballage dernier cri.
Le football, parfois, ne rejoint-il pas la
politique ? « Ce sont deux choses différentes,
même si le football est dépendant de la politique, qui doit lui apporter la stabilité nécessaire à sa prospérité », affirme l’oligarque à
contre-pied, avant de se fondre dans sa garde rapprochée, en direction de sa Mercedes noire blindée.a
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Mercredi 21 novembre 2007
Etats-Unis Washington réfléchit à des « opérations contre-insurrectionnelles » à la frontière afghano-pakistanaise
Le plan de l’armée
américaine pour
s’allier des tribus
rebelles du Pakistan
NEW YORK
CORRESPONDANT
’alliance avec des tribus sunnites
dans la province irakienne d’AlAnbar peut-elle servir de modèle à
la « guerre contre le terrorisme » dans
les zones tribales du Pakistan, à la lisière
de l’Afghanistan ? Une région où de sanglants affrontements se déroulent, et où
les talibans pakistanais et afghans jouissent d’un sanctuaire.
L’amiral Eric Olson, le chef du Commandement des opérations spéciales,
le pense. Une de ses équipes a élaboré
un « plan » en ce sens, qui sera bientôt
soumis aux plus hautes autorités militaires et politiques américaines. Le Pentagone a confirmé son existence, lundi
19 novembre.
L
KHAR
Jalalabad
Kaboul
MOHMAND
KHYBER
Peshawar
KHURRAM
AFGHANISTAN
ORAKZAI
Islamabad
NORD-WAZIRISTAN
SUD-WAZIRISTAN
PAKISTAN
Limite des sept districts
de la zone tribale
100 km
Faisalabad
Ce plan consiste, comme en Irak, à
gagner des chefs tribaux locaux à la
« guerre contre le terrorisme » et à former et équiper les gardes-frontières
pakistanais (85 000 hommes) présents
sur le terrain pour qu’ils mènent des
« opérations contre-insurrectionnelles ».
Jusqu’à présent, la frontière montagneuse afghano-pakistanaise est restée
extrêmement poreuse, et ces forces se
sont montrées incapables de mettre fin
aux violences dans les zones tribales.
Washington débloquerait 350 millions
de dollars sur cinq ans à cet effet, qui
s’ajouteraient aux 750 millions de dollars destinés à la lutte antiterroriste et à
aider les tribus ralliées sur les plans éducatif, sanitaire, etc.
Le plan induit d’augmenter de manière importante la présence militaire américaine au Pakistan, aujourd’hui limitée à
50 conseillers. Il ne propose pas une participation directe dans les affrontements
armés interpakistanais, mais « dans certains cas » des commandos d’élite américains seraient appelés à intervenir.
Des experts sont sceptiques sur cette
stratégie. Spécialiste du sous-continent
indo-pakistanais à l’Institut Brookings,
Stephen Cohen considère qu’elle n’est
« cohérente » que si elle bénéficie d’un
soutien au Pakistan. Ce dont il doute.
« L’armée pakistanaise a, de façon informelle, soutenu des groupes talibans. Y renoncera-t-elle ? se demande-t-il. Pour l’emporter, elle devrait s’allier au parti national laïque pachtoune Awami. Or elle y répugne. Et
Une fabrique d’armes dans un petit village de la province de Swat, à l’est des zones tribales. BERTRAND MEUNIER
ces Pachtouns, mécontents de la domina- ne pouvons pas nous passer d’elle. Or les
tion de l’ethnie penjabie sur l’Etat, ont une Pakistanais sont très sourcilleux sur leur
souveraineté. Sauf à passer pour une
propension séparatiste prononcée. »
M. Cohen s’inquiète d’une augmenta- marionnette de Washington, aucun gouvertion du nombre des militaires américains nement n’y acceptera que nos forces combatsur le terrain et de leur éventuelle partici- tent à la place de son armée. C’est une très
pation à des affrontements. Elle serait, mauvaise idée. »
En Irak, les Etats-Unis troujuge-t-il, « contre-productive »,
vent des chefs tribaux alliés.
vu l’état général de l’opinion
Le plan induit
Mais, dans les zones tribales
pakistanaise vis-à-vis des
d’augmenter
pakistanaises, « des mollahs
Etats-Unis.
de manière
radicaux ont supplanté les notaAnalyste du dossier Pakisimportante la
bles », poursuit M. Weinbaum.
tan-Afghanistan au départeprésence militaire Imaginer y « acheter » des
ment d’Etat de 1999 à 2003,
américaine
chefs tribaux, c’est « prendre
Marvin Weinbaum est encore
ses désirs pour la réalité ». « Si
plus sévère. L’option de l’amiral Olson lui semble « inepte » : « Le c’était le cas, il y a longtemps que nous
Waziristan n’est pas Al-Anbar, et le Pakis- aurions capturé Ben Laden ! » Pire : chertan n’est pas l’Irak. Il a un Etat constitué et cher des appuis dans les tribus « ne
une véritable armée, et il faut dire que nous résout pas le problème, cela le renforce ».
en Irak, qui entreprit un dialogue secret
avec des groupes armés de la guérilla
sunnite dite « nationaliste ». Aujourd’hui, l’Armée islamique en Irak et les
Brigades de la révolution (antibritannique) de 1920, essentiellement consti-
Eclairage
Patrice Claude
tuées d’anciens soldats de Saddam Hussein, sont discrètement alliées à l’Amérique dans sa lutte contre les extrémistes
irakiens qui se réclament de l’idéologie
djihadiste d’Al-Qaida.
C’est dans ce contexte que des cheikhs
de tribus de la province d’Al-Anbar,
dans l’ouest du pays, ont commencé à
approcher l’occupant américain pour
qu’il les aide, moyennant argent et
armes, à « nettoyer » leurs zones des
Sylvain Cypel
CHRONOLOGIE
Armer les tribus, un pari risqué
BIZARREMENT, alors que la pratique
qui consiste à payer les chefs de tribus
pour constituer des milices supplétives
ou pour avoir la paix dans une région
d’opération est en usage dans plusieurs
pays d’Afrique, d’Asie et du MoyenOrient, l’armée américaine, qui eut largement recours au « nerf de la guerre »
après le 11 septembre 2001 en Afghanistan, n’est pas l’initiatrice du « réveil des
tribus » arabes sunnites en Irak. C’est,
après tout, une dictature dominée par
les adeptes de cette confession musulmane – majoritaire à 80 % dans le monde
musulman, minoritaire en Irak – que le
corps expéditionnaire envoyé par Georges Bush en 2003 était venu renverser.
Les Arabes sunnites irakiens, qui
représentent 20 % de la population,
n’étaient plus en odeur de sainteté à Bagdad. La situation a commencé à changer
fin 2006 sous la houlette d’un Américain
d’origine afghane (sunnite), Zalmay Khalilzad, alors ambassadeur des Etats-Unis
« Au mieux, on donnera de l’argent à des
“chefs” qui le retourneront contre nous.
Nous, Américains, voulons croire que toute
opposition violente s’apparente à Al-Qaida. Or, dans les zones tribales, il ne s’agit
pas d’Al-Qaida, mais d’une insurrection
pachtoune, d’un Etat dans l’Etat. »
Au Pakistan, conclut M. Weinbaum,
Washington a « raté le coche » depuis
2001 par « manque total de sensibilité à
l’opinion publique et de compréhension de
la structure politique du pays ». Il estime
qu’il est désormais « trop tard ». A court
terme, le seul moyen d’empêcher que les
zones tribales constituent un refuge pour
les talibans est de sécuriser la frontière
du côté afghan. A plus long terme, c’est à
l’Etat pakistanais, dit-il, de « résoudre
son problème pachtoune ». a
bataillons djihadistes, en grande partie
irakiens mais aussi étrangers. Plusieurs
de ces petits chefs de clans, comme Sattar Abou Richa, initiateur du « Réveil
d’Anbar » au printemps 2007, puis assassiné en septembre, dix jours après avoir
serré la main de George Bush, justifièrent leur changement d’allégeance par
les « excès » des djihadistes. « Procès »
et exécutions sommaires, interdiction de
fumer, de danser, de se raser la barbe, de
boire de l’alcool, etc. Les cheikhs n’en
pouvaient plus, disaient-ils. Il y a quelques mois, l’Armée islamique alla jusqu’à rendre publique une plainte au
« frère Oussama » (Ben Laden) contre
ces hommes qui se réclament de lui en
Irak afin qu’il leur ordonne de « cesser
d’assassiner les frères ».
Confrontés à une insurrection meurtrière, éveillés à l’influence grandissante
que l’Iran exerce désormais sur un gouvernement irakien dominé par les chiites et alarmés par leurs puissants alliés
ÉTATS-UNIS
Plainte américaine contre
un photographe irakien d’AP
Le département
américain de la défense a déposé
plainte, lundi 19 novembre,
auprès d’un tribunal en Irak,
contre un photographe irakien
d’Associated Press (AP), l’accusant de terrorisme, a annoncé le
Pentagone. Le photographe,
Bilal Hussein, colauréat du prix
Pulitzer, est détenu depuis dixneuf mois en Irak par les Américains sans avoir été inculpé. Il est
accusé d’avoir « infiltré AP pour
le compte de terroristes », a indiqué le Pentagone, précisant qu’il
existait des preuves « irréfutables
que Bilal Hussein est une menace
pour la sécurité et la stabilité, en
tant que lien avec l’activité des
insurgés ». Une audience du tribunal irakien consacrée à ce dossier
est prévue à partir du 28 novembre. L’agence AP a exprimé ses
« craintes » que le photographe
« n’ait pas droit à un procès équitable ». – (AFP.)
WASHINGTON.
sunnites dans la région (Arabie saoudite, Jordanie, monarchies du Golfe), les
Américains ont commencé à recruter
dans les tribus. Aujourd’hui,
70 000 hommes sont financés, armés,
entraînés par eux à travers le pays. Avec
des résultats : depuis trois mois, il y a
deux fois moins de morts, civils et militaires, en Irak.
Reste une question alarmante pour
l’avenir du pays : que se passera-t-il le
jour où l’armée américaine se retirera ?
Ces miliciens pourraient-ils retourner
leurs armes américaines contre un pouvoir chiite légitime ? Les tribus, en
Afghanistan comme en Irak, ont le sens
de l’honneur, mais leur allégeance n’est
jamais garantie à vie. Saad Moutaleibi,
un conseiller du gouvernement de Bagdad, résume sa crainte : « Un jour, vous
adoptez un petit crocodile comme animal
domestique, mais ce n’en est pas un. Un
jour, il grandit et il devient un monstre
dans votre propre maison… » a
17 septembre 2006 : création, à Ramadi, d’un « Conseil de salut d’Al-Anbar ».
Une extension politique du Conseil, le
« Réveil d’Al-Anbar », dirigé par Sattar
Abou Richa, installe ses bureaux dans la
« zone verte » à Bagdad. Un conseil similaire tente de s’organiser dans la province de Diyala.
10 janvier 2007 : le président américain
George Bush annonce sa « nouvelle stratégie » en Irak, dont l’une des priorités
est la lutte contre Al-Qaida dans la province sunnite d’Al-Anbar.
6 avril : l’Armée islamique en Irak adresse une lettre au chef d’Al-Qaida, Oussama Ben Laden, le priant « de retirer ses
combattants d’Irak, car ils ont tué trente
de [leurs] combattants ».
10 juin : l’armée américaine se félicite
que « des responsables tribaux [ont]
signé un accord historique » à Tikrit (province de Salaheddine). Plus de 100
cheikhs auraient accepté de « défendre
la province contre Al-Qaida ».
13 septembre : assassinat de Sattar
Abou Richa, chef du « Réveil d’Al-Anbar »
PAKISTAN SCRUTIN PRÉSIDENTIEL DU 6 OCTOBRE
La Cour suprême valide l’élection de Musharraf
ISLAMABAD
CORRESPONDANTE
Remodelée avec des juges favorables au pouvoir, la Cour suprême a
rejeté, lundi 19 novembre, toutes
les pétitions contestant le droit du
président Pervez Musharraf à se
représenter pour un deuxième
mandat présidentiel, alors qu’il est
toujours chef de l’armée.
La dernière pétition liée à l’élection présidentielle que doit encore
examiner la Cour ne concerne pas
le général Musharraf, et les juges
devraient en décider jeudi. La commission électorale devrait donc
être en mesure, en fin de semaine,
de déclarer élu pour un deuxième
mandat de cinq ans le général Musharraf, qui a remporté, le 6 octobre, le scrutin présidentiel boycotté par l’opposition. Le général
Musharraf pourra alors, comme il
l’a affirmé à de multiples reprises,
renoncer à son poste de chef de l’armée et prêter serment en civil.
Les Etats-Unis accentuent leur
pression pour une reprise du dialogue entre le président pakistanais, à qui ils réclament la levée
de l’état d’urgence et la libération
de tous les opposants, et l’ancien
premier ministre Benazir Bhutto.
L’ambassadrice américaine au
Pakistan, Anne Patterson, s’est
entretenue, lundi à Karachi, avec
Mme Bhutto, qui n’a pas totalement exclu une reprise du dialogue avec le chef de l’Etat avec qui
elle avait négocié son retour.
L’autre ex-premier ministre en
exil à Djedda, Nawaz Sharif, a rejeté toute idée de rencontre avec le
général Musharraf qui devait se
rendre, mardi, en Arabie saoudite. Autre opposant notoire, l’exstar du cricket Imran Khan, détenu depuis quelques jours, a débu-
té une grève de la faim pour
demander la réinstallation des
juges et du premier d’entre eux,
Mohammad Iftikhar Chaudhry.
Sur le terrain, les combats qui
opposent, dans la zone tribale de
Kurram, frontalière de l’Afghanistan, des tribus sunnites à une tribu chiite, ont repris lundi. L’armée s’est déployée pour tenter de
séparer les combattants. Près de
107 personnes ont été tuées en
quatre jours d’affrontements.
L’armée accentue aussi sa pression, dans la région de Swat, sur
les islamistes fidèles au mollah
Fazlullah. Des renforts sont arrivés sur place alors que le directeur des opérations militaires, le
général Ahmed Shuja Pasha,
avait annoncé, samedi, une opération pour « débarrasser le district
des combattants islamistes ». a
Françoise Chipaux
International
0123
Mercredi 21 novembre 2007
5
VENEZUELA-FRANCE
A Caracas, une radio donne la parole
aux auditeurs des quartiers populaires
« Radar de los barrios »,
une émission animée par
un opposant, révèle la fracture
entre le pouvoir et le chavisme
des bases populaires,
où le mécontentement gronde
CARACAS
ENVOYÉE SPÉCIALE
Caricuao, un quartier populaire de
Caracas, les mères de famille réunies dans la cour de l’école publique José-Nuñez s’esclaffent à l’idée de
parler devant une caméra. Une brunette
refuse tout net : « On va encore se faire
insulter par les chavistes [les partisans du
président Hugo Chavez] du quartier. »
Mais Belti Molina se lance. « Il faut que
le gouvernement fasse quelque chose, l’école
va s’écrouler », dit-elle. Les 1 200 élèves du
centre scolaire restent chez eux depuis que
les pompiers ont conseillé d’évacuer les
bâtiments, humides et fissurés. Gina,
venue en renfort, s’indigne : « Je suis chaviste et membre du conseil communal, mais
je ne vais pas me gêner pour critiquer le gouvernement. Vous trouvez cela normal qu’un
pays plein de pétrole ne puisse pas faire répa-
A
rer les écoles ? » Jesus Torrealba, qui anime
le programme « Radar de los barrios »
(Radar des quartiers pauvres), range son
micro. RCR-Radio Caracas Radio, dit la
casquette sur sa tête. RCR est une filiale de
Radio Caracas Television (RCTV), la chaîne privée d’antenne par le gouvernement
Chavez, à la fin du mois de mai.
« Il faut bien admettre que la seule calamité pire que Chavez, c’est l’opposition vénézuélienne », ironise M. Torrealba, qui a longtemps milité dans ses rangs.
Journaliste, fils de syndicalistes communistes et antichaviste convaincu, il raconte :
« “Radar de los barrios” se veut
avant tout un réseau de leaders
locaux qui, dans leurs quartiers,
se soucient des problèmes des
gens. Peu importe leur couleur politique,
l’idée est qu’ils puissent parler de leurs problèmes, et le faire ensemble. »
Tous les matins, Jesus Torrealba leur
donne la parole. Les auditeurs peuvent
appeler. L’un proteste contre « la police
qui ne fait rien contre les délinquants » – un
jeune du quartier a été assassiné la veille
–, l’autre pour expliquer que sa rue est
inondée à chaque averse. Depuis trois
NÉPAL UN AN APRÈS L’ACCORD DE PAIX
L’élection de l’Assemblée
constituante népalaise reportée
ISLAMABAD
CORRESPONDANTE EN ASIE DU SUD
C’est dans l’incertitude et la frustration que les Népalais vont célébrer, mercredi 21 novembre, le
premier anniversaire de l’accord
de paix entre l’alliance des sept
partis d’opposition et la guérilla
maoïste qui leur avait donné tant
d’espoirs. Le report sine die de
l’élection de l’Assemblée constituante qui aurait dû rédiger une
nouvelle Constitution pour le
pays est le symbole des ratés d’un
processus qu’aucune des parties
ne veut toutefois abolir.
Sur le plan politique, les trois
grands partis, le Congrès népalais du premier ministre Girija
Prasad Koirala, les communistes
unis marxistes-léninistes et les
maoïstes sont en désaccord sur
l’abolition immédiate de la
monarchie par le Parlement intérimaire et sur le mode de scrutin,
à la proportionnelle intégrale
comme le veulent les maoïstes ou
avec un système mixte comme
cela avait été décidé.
La position des maoïstes, qui
ont quitté le gouvernement
devant le refus de celui-ci de déclarer immédiatement l’abolition de
la monarchie, s’explique pour
une part par la difficulté qu’ils ont
à faire accepter l’accord à leurs
cadres et la réalisation qu’ils n’obtiendront pas beaucoup de sou-
tien du côté des électeurs, ce qui
risque d’affaiblir sérieusement
leur capacité de négociation.
Insécurité dans le Sud
La crainte des Népalais vient
toutefois de la détérioration
sérieuse de la sécurité à travers le
pays, en particulier dans les plaines du Sud où les Madhesi, les
habitants originaux, revendiquent violemment leurs droits.
Plus de 20 groupes armés, dont
certains sont composés de criminels qui profitent de la situation,
opèrent dans cette région du
Terai où le roi Gyanendra garde
des soutiens.
Déjà, les populations originaires des collines installées dans
la plaine depuis des générations
quittent en masse le Terai, faisant craindre un nettoyage ethnique qui pourrait être contagieux dans un pays qui comporte plus d’une centaine d’ethnies
différentes.
La seule note positive d’un processus qui, selon le représentant
spécial du secrétaire général des
Nations unies, Ian Martin, « fait
face à de sérieuses difficultés », est
qu’aucune des parties ne veut
revenir en arrière et que les maoïstes n’envisagent en aucun cas la
reprise d’un conflit qui a fait près
de 14 000 morts en dix ans. a
Françoise Chipaux
AFRIQUE
ALGÉRIE
Le pape s’en prend
aux « agences de promotion
de l’avortement »
Un chef d’Al-Qaida arrêté
et 800 kg d’explosifs saisis
Recevant,
lundi
19 novembre, les évêques du
Kenya, Benoît XVI a déploré la
progression du sida en Afrique –
où près de 40 millions de personnes sont porteuses du VIH – qu’il
a attribuée à des « conceptions
désordonnées » du mariage et de
la famille, comme la « promiscuité » et la « polygamie ».
Il s’en est pris aux « agences de promotion de l’avortement » dans ce
continent, où « la culture laïque
mondialisée exerce une influence
croissante ». « Cette destruction de
vies innocentes ne peut trouver de
justification, quelles que soient les
circonstances », a-t-il dit. Le pape
n’a cité aucune organisation,
mais il y a quelques mois, soulevant un concert de protestations,
il avait critiqué Amnesty International pour sa défense, dans les
zones de guerre, notamment au
Darfour, du droit à l’avortement
en cas de viol ou de danger pour
la vie de la mère. – (AFP.)
algériennes ont arrêté, lundi
19 novembre, le chef d’Al-Qaida
pour le Maghreb islamique
(AQMI) à Alger, Bouderbala
Fateh, et saisi 800 kilogrammes
d’explosifs. Cet arsenal était prêt
à l’emploi et devait « être utilisé
sans discernement au cours du
mois sacré du ramadan » qui
avait commencé, en Algérie, le
13 septembre, a indiqué le chef
islamiste dans ses « aveux »
devant les forces de sécurité.
Bouderbala Fateh, aussi connu
sous le nom d’Abdelfatah Abou
Bassir, a appartenu à plusieurs
groupes armés depuis quatorze
ans, notamment au Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC). Le GSPC a prêté allégeance à Al-Qaida en janvier et
pris le nom d’Al-Qaida pour le
Maghreb islamique. L’AQMI a
revendiqué plusieurs attaques,
dont le triple attentat-suicide qui
a fait 33 morts à Alger le 11 avril.
– (Reuters.)
VATICAN.
ALGER. Les forces de sécurité
semaines, « Radar de los barrios » s’essaye à la télévision sur la chaîne d’opposition Globovision.
« Toutes les élections remportées par
Chavez ont montré une réalité que les opposants n’ont jamais su prendre en compte, à
savoir que la carte électorale recoupe très
étroitement celle des inégalités sociales »,
souligne M. Torrealba. Sur 26 millions
de Vénézuéliens, quatorze
vivent dans les barrios, quatre
dans des HLM. « Cela fait beaucoup de votes », note-t-il.
« Quand nous avons commencé à travailler dans ces barrios, nous avons découvert avec
surprise que la polarisation politique y est bien moins vive que
dans les quartiers aisés de Caracas. Ici, les gens n’ont que faire
de la “menace communiste” brandie par
l’opposition, comme ils n’ont que faire de la
“menace impérialiste” dénoncée par Chavez à longueur de discours. Ici, les gens ont
des problèmes très pratiques à résoudre »,
explique M. Torrealba, en montant l’escalier qui grimpe à flanc de montagne entre
les masures du barrio Machera.
Il voulait filmer la baraque de bois où,
pour survivre, Milvida – abandonnée par
son mari avec six enfants à nourrir – a
monté une petite association qui aide les
mères célibataires du quartier. Mais Milvida est à l’hôpital avec son fils, mordu par
un rat et atteint de leptospirose. Au pied de
l’escalier gît une benne à ordures pleine.
« Le gouvernement est corrompu et inefficace, mais Chavez a su rendre espoir aux
plus démunis. L’opposition, elle, reste complètement déconnectée des secteurs populaires », affirme M. Torrealba. Or, selon lui,
elle n’a d’autre avenir que de tirer profit
de « la fracture croissante entre le chavisme
bureaucratique et le chavisme des bases
populaires, où le mécontentement gronde ».
A ses yeux, la polarisation politique,
relancée par la réforme constitutionnelle
de M. Chavez et le référendum du
2 décembre, est un danger. Il explique :
« L’opposition réunit à la fois ce que la classe politique compte de plus lamentable et
des gens de gauche profondément démocratiques. Et, dans le chavisme, on trouve, aux
côtés de révolutionnaires opportunistes ou
corrompus et de militaires au passé obscur,
des militants et des démocrates sincères. »
Jesus Torrealba répète que « “Radar de
los barrios” ne fait pas de politique ». Sur ce
point, il ne convainc pas. a
Marie Delcas
Hugo Chavez reçu
par Nicolas Sarkozy
pour évoquer le sort
d’Ingrid Betancourt
LE PRÉSIDENT vénézuélien, Hugo Chavez, est arrivé à Paris, lundi 19 novembre
dans la soirée, pour sa première visite en
France depuis l’arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy. Cette visite de vingt-quatre
heures est centrée sur le sort d’Ingrid
Betancourt et des autres otages détenus
par les Forces armées révolutionnaires de
Colombie (FARC). Hugo Chavez devait
être reçu à déjeuner à l’Elysée, mardi, par
M. Sarkozy et s’entretenir ensuite avec la
famille Betancourt.
La sénatrice colombienne Piedad Cordoba, qui assiste le président vénézuélien
dans sa médiation avec les FARC, est arrivée lundi à Paris. Selon des proches de l’otage franco-colombienne, Mme Cordoba a
reçu deux lettres du numéro deux de la guérilla, Raul Reyes, et d’un autre dirigeant,
assurant qu’ils font tout pour que des preuves de vie d’Ingrid Betancourt « arrivent au
plus vite ». La dernière vidéo la montrant
en vie date de 2003. Le gouvernement
colombien a fixé au 31 décembre la limite
de la médiation de M. Chavez entreprise il y
a trois mois. Ce dernier a reçu à Caracas un
dirigeant des FARC, Ivan Marquez. a
International
6
0123
Mercredi 21 novembre 2007
Hébron, cité convoitée par les colons israéliens
ISRAËL-PALESTINE
Echec de la rencontre
entre MM. Olmert et
Abbas à une semaine
du sommet de la paix
Selon B’Tselem, depuis que des
colons ont investi un bâtiment
de la ville, les Palestiniens sont
victimes de « violences et
d’interdictions croissantes »
JÉRUSALEM
HÉBRON (Cisjordanie)
CORRESPONDANT
ENVOYÉ SPÉCIAL
« Ma maison m’a été volée », accuse-t-il. Il
a même passé six mois en prison car l’Autorité palestinienne l’avait soupçonné
d’avoir vendu à des colons. Ce qui est considéré comme un acte de collaboration.
Dimanche 18 novembre, l’enquête gouvernementale demandée par la Haute Cour a
conclu qu’effectivement, il n’avait pas vendu son bien et que, par conséquent, les
occupants devaient en être délogés.
Il semble bien que les colons aient acheté au même Jordanien, un certain Ayoub
Jaber, une propriété qu’il avait déjà vendue au garagiste. Le procureur de la Haute
Cour avait estimé qu’il y avait de « sérieux
doutes sur l’authenticité des documents présentés par les colons ». Il y a quelques mois,
le ministère de la défense avait ordonné
l’expulsion des colons. Un appel a été interjeté. Pour les colons, l’important est de
gagner du temps. Ils s’installent et créent
sur le terrain une situation de fait. « Nous
sommes chez nous et nous avons l’intention
d’acheter tout ce qu’il est possible d’acheter,
car Hébron, martèle M. Wilder, est un haut
lieu du judaïsme. » a
La rencontre, lundi 19 novembre, entre le
premier ministre israélien Ehoud Olmert
et le président de l’Autorité palestinienne
Mahmoud Abbas n’a pas permis de rédiger un texte commun avant la réunion
d’Annapolis (Maryland) prévue au début
de la semaine prochaine. Les deux équipes
de négociateurs continuent de travailler à
un consensus. En cas d’échec, ils envisagent de faire des déclarations séparées.
Ces difficultés augurent mal des pourparlers qui doivent être entrepris lors de ce
sommet de la paix, qui a pour but de jeter
les bases d’un futur Etat palestinien. Lors
du conseil des ministres, lundi, M. Olmert
s’est dit prêt à relâcher 441 prisonniers
palestiniens sur les quelque 11 000 actuellement incarcérés. Il a aussi fait part de son
intention de ne procéder à aucune nouvelle implantation en Cisjordanie et de
démanteler les colonies sauvages. Mais il a
refusé de stopper les constructions dans
les colonies existantes. « Le président
Abbas veut que la colonisation cesse à 100 %,
a déclaré Saëb Erakat, principal conseiller
de M. Abbas. Il veut la réouverture des
bureaux palestiniens à Jérusalem et le retour
des forces israéliennes à leurs positions
d’avant le 28 septembre 2000 ».
M. Olmert n’a pas caché l’existence de
désaccords et a conseillé « de ne pas exagérer l’importance d’Annapolis et de ne pas
créer d’attentes excessives ». Mardi, il s’est
rendu à Charm El-Cheikh, en Egypte, pour
rencontrer le président Hosni Moubarak,
afin de tester ses intentions concernant
Annapolis. Une réunion des ministres des
affaires étrangères de la Ligue arabe doit
se tenir jeudi, pour décider de la marche à
suivre concernant cette réunion. L’Arabie
saoudite et la Syrie n’ont pas encore annoncé leur participation. Mais les invitations
n’ont toujours pas été envoyées. a
Michel Bôle-Richard
M. B.-R.
our les colons, cela ne fait aucun
doute : l’endroit est stratégique.
Située sur une colline dominant
une petite vallée, l’énorme bâtisse permet de contrôler l’accès au cœur historique d’Hébron. Le bâtiment de quatre étages, d’une superficie totale de 3 500 m2,
est surtout une acquisition capitale dans
la conquête du territoire palestinien par
les colons pour établir un lien entre la
colonie de Kyriat Arba et le caveau des
Patriarches, lieu de culte important de
cette cité antique tant pour les juifs que
pour les musulmans.
C’est une nouvelle pièce d’un puzzle qui
se met en place pour évincer la population
palestinienne située entre les points d’implantation déjà établis dans la vieille ville
(600 à 700 personnes) et les deux colonies
de Kyriat Arba et de Givat HaAvo (8 000
habitants) à la périphérie. Le grand arc de
cercle serait ainsi complété, permettant de
reprendre en partie possession de ce que
David Wilder, porte-parole de la communauté juive, appelle « la première ville juive
ayant existé dans le monde ».
C’est pourquoi, le 19 mars, un groupe
de colons a investi cet immeuble, situé à
proximité d’une mosquée et d’un cimetière musulman, au milieu d’un quartier
palestinien. Depuis, pour ces habitants,
c’est un enfer. Cernés par les colons, ils
n’ont plus le droit d’utiliser la route et se
déplacent à pied ou avec des carrioles, que
les nouveaux barrages ne laissent pas toujours passer. La police et l’armée sont
omniprésentes. Un poste de surveillance a
été installé à proximité et sur le toit du bâtiment. En face, de l’autre côté du vallon,
une tour de guet. Une dizaine de familles y
sont installées, sous la haute protection
des forces de sécurité. L’entrée y est interdite à la presse.
P
Une dizaine de familles israéliennes se sont installées dans ce bâtiment à Hébron. Depuis, l’armée est omniprésente. HAZEM BADER/AFP
Les colons sont là pour rester et le font
savoir à leurs voisins, jugés indésirables.
Un rapport publié par B’Tselem indique
que l’immeuble a été connecté au réseau
électrique et que des travaux ont été entrepris pour l’installation de nouveaux
colons. Il dénonce « les abus et les violences
exercés par les colons et les forces de sécurité,
et les interdictions croissantes placées à la
liberté de mouvement des Palestiniens ».
B’Tselem énumère toutes les attaques qui
se sont produites depuis sept mois :
« Agressions physiques et verbales ; insultes ; malédictions ; jets de pierre, d’urine,
d’œufs, d’ordures, de bouteilles vides », sous
l’œil indifférent des forces de sécurité qui,
elles aussi, sont accusées de mauvais traitements et d’humiliations.
« Les colons ne cessent de nous attaquer.
Mon fils a été traîné dehors et battu, se
lamente Bassam Jaabari. Ils m’interdisent
d’apporter de la marchandise. Ils nous crachent dessus, nous lancent des poubelles. Ils
ne nous considèrent pas comme des
humains. Ils cherchent à nous faire partir à
tout prix. Mon frère est en prison depuis le
5 août avec six autres personnes accusées
d’avoir jeté des pierres. C’est devenu infernal ». Bassam Jaabari tient une petite boutique en contrebas du bâtiment des colons
qui a été baptisée « la maison de la paix ».
« C’est pour montrer que les Arabes et les
Juifs peuvent vivre en paix », dit, sans rire,
David Wilder. Il explique que les accusations de B’Tselem sont « une fabrication. Il
n’y a aucune preuve, pas une image. Les Juifs
veulent vivre à Hébron et lorsqu’il y a une propriété à acheter, il est normal de le faire ».
Faux actes de propriété
Contrairement à ce qu’affirme M. Wilder, les preuves de violences sont nombreuses. B’Tselem a fourni aux Palestiniens de
petites caméras qui leur ont permis de filmer plusieurs agressions. Quant à acheter,
les Palestiniens refusent de vendre, même
sous la pression. Fayez Al-Rajabi, le propriétaire, raconte qu’il n’a jamais vendu ce
bâtiment, dont il avait acheté le terrain, il y
a treize ans, à un Jordanien. Il avait entrepris d’y édifier une construction dont les
travaux ont été retardés à cause de l’Intifada. Pour ce garagiste, les documents de
propriété des colons sont « des faux ».
EX-YOUGOSLAVIE VICTOIRE DU PARTI DÉMOCRATIQUE DU KOSOVO AUX ÉLECTIONS LÉGISLATIVES
Appel à la « désobéissance
civile » contre le gouvernement
LA PAZ. Les gouverneurs de quatre
des neuf provinces de Bolivie, ont
lancé, lundi 19 novembre, un
appel à la « désobéissance civile »
contre le gouvernement de gauche du président bolivien Evo
Morales. Ces quatre provinces, les
plus prospères du pays, sont
contrôlées par l’opposition de droite. Les gouverneurs des provinces
agricoles de Beni et de Pando et
de celles, riches en gaz, de Tarija
et de Santa Cruz, s’opposent au
projet de M. Morales de réduire
leur budget pour financer une pension pour les retraités. La division
régionale entre les plaines de
l’Est, où se trouvent les principaux
gisements naturels et les montagnes déshéritées de l’Ouest, où
vivent les paysans aymaras et quechuas qui soutiennent le gouvernement, alimente depuis plusieurs
mois une crise politique et sociale
en Bolivie. – (AFP.)
Belgrade menace d’imposer l’embargo si l’indépendance du Kosovo est déclarée
PRISTINA
ENVOYÉ SPÉCIAL
Répondant spontanément à l’appel lancé par Belgrade ou bien victimes d’intimidations, les quelque 100 000 Serbes du Kosovo
ont massivement boycotté le scrutin législatif et municipal du
17 novembre.
Objets d’une campagne systématique d’expulsion après la
guerre, les Serbes avaient, depuis
des mois déjà, quitté toutes les instances communes (municipalités,
Parlement,
gouvernement…)
mises en place par la communauté
internationale qui administre la
province depuis 1999.
Après la victoire aux élections
de l’ancien chef de la guérilla albanaise indépendantiste (UCK) et
leader du Parti démocratique du
Kosovo (PDK), Hashim Thaci, Bel-
grade, par la voix du ministre en
charge du Kosovo, Slobodan
Samardzic, évoque maintenant la
possibilité « d’organiser des structures serbes de pouvoir parallèles [au
Kosovo] ». Comme les indépendantistes albanais l’avaient fait
durant le régime de Slobodan Milosevic pendant les années 1990.
L’opposition radicale du pouvoir serbe à l’indépendance de la
province, si elle reflète l’opinion
majoritaire des Kosovars serbes,
ne fait pourtant pas l’unanimité
au Kosovo. Slobodan Petrovic,
chef du petit Parti libéral indépendant, a ainsi dénoncé « les menaces » dont ont fait l’objet les Serbes désireux d’aller voter et de participer à un processus politique
kosovar commun plutôt que de ne
dépendre que de Belgrade.
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dirigeant de la Liste des Serbes du
Kosovo, craint que sa communauté ne « subisse les conséquences dramatiques du boycott ». Il estime
ainsi que cet appel montre que Belgrade « n’est pas le moins du monde intéressé par le sort de la minorité serbe du Kosovo ». « Que va-t-il
se passer si l’approvisionnement en
eau ou en énergie est coupé, s’il y a
des violences ? Qui sera à nos
côtés ? », demande-t-il.
Le risque d’une partition
« Les Serbes de Belgrade font ce
qu’ils veulent au Kosovo depuis le
début », regrette un diplomate
occidental en poste à Pristina.
« Ils boycottent les institutions communes et la Mission des Nations
unies pour le Kosovo [Minuk], qui
n’a jamais tapé du poing sur la
table, laisse pourrir la situation »,
ajoute-t-il.
Belgrade agite la menace d’une
partition du nord de cette province de Serbie, où vivent environ la
moitié des 100 000 Serbes demeurant encore au Kosovo. La Serbie a
également menacé d’imposer un
embargo commercial et de fermer
les frontières si les Albanais déclarent l’indépendance du Kosovo
après le 10 décembre, comme ils
semblent déterminés à le faire au
regard du manque de résultat des
négociations menées depuis des
mois entre Serbes et Albanais du
Kosovo sous les auspices de la
communauté internationale.
Réunis lundi 19 novembre à
Bruxelles, les ministres européens
des affaires étrangères ont ainsi
appelé le probable futur premier
ministre kosovar, l’ancien chef
politique de la guérilla indépendantiste Hashim Thaci, à la patience. « Il [Hashim Thaci] doit comprendre la différence qu’il y a entre
être un homme politique dans l’opposition et être un premier ministre responsable », a commenté le chef de
la diplomatie suédoise, Carl Bildt.
« Le Kosovo est de fait indépen-
dant de la Serbie, mais je ne crois pas
que le Kosovo veuille être indépendant de la communauté internationale », a-t-il ajouté, en référence
aux divisions existant au sein de
l’Union européenne, notamment à
propos de l’indépendance de cette
province de Serbie, peuplée à plus
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Mercredi 21 novembre 2007
7
L’effondrement d’une calotte glaciaire aurait
entraîné la diffusion de l’agriculture en Europe
Selon deux chercheurs,
une brutale montée des eaux
aurait provoqué, il y a
huit mille ans, le déplacement
de populations maîtrisant
les techniques agricoles
limatologues et préhistoriens ont
beaucoup à se dire. Car les mesures
des premiers permettent souvent
d’expliquer les observations des seconds.
Ainsi des travaux de Chris Turney (université d’Exeter, Royaume-Uni) et Heidi
Brown (université de Wollongong, Australie), publiés dans la dernière livraison
de la revue Quaternary Science Reviews,
selon lesquels l’introduction de l’agriculture en Europe (sa « néolithisation »)
depuis le Proche-Orient serait la conséquence de l’effondrement d’une calotte
glaciaire… en Amérique du Nord.
Comment ? Par une manière de réaction en chaîne. Les paléoclimatologues
s’accordent pour dire qu’un événement
climatique brutal a refroidi l’Europe il y a
environ 8 200 ans. Et l’étude de sédiments océaniques a donné aux océanographes la certitude qu’une quantité colossa-
C
le d’eau douce s’était alors déversée, en déluge cataclysmique se serait alors
très peu de temps, dans l’Atlantique nord. déversé par l’actuel Bosphore, inondant
La fonte, commencée il y a environ dix près de 73 000 km2 de terres côtières.
mille ans, de la calotte glaciaire laurentiLes auteurs estiment à environ
dienne – qui couvrait le Canada actuel – a 145 000 personnes l’effectif de la populaen effet donné naissance à un ou plu- tion qui aurait dû se mettre en quête de
sieurs immenses lacs de dégel dont les nouvelles terres. Cette migration vers
digues de glace ont, à un moment donné, l’ouest de peuples maîtrisant les technirompu. Cet afflux brutal d’eau douce a ques agricoles serait donc à l’origine de la
ralenti les courants océaniques
« néolithisation » de l’Europe,
de l’Atlantique nord, réduisant
alors encore peuplée de petits
La fonte de la
le flux de chaleur en provenangroupes nomades de chasseurscalotte glaciaire
ce de l’actuel golfe du Mexique,
cueilleurs.
qui couvrait le
d’où le refroidissement de l’EuLa thèse est élégante. Les
Canada actuel
rope du Nord.
auteurs se réfèrent notamment
aurait provoqué
Mais ce n’est pas tout. Selon
à des travaux de datation des
une élévation
Chris Turney et Heidi Brown,
différents sites néolithiques
d’environ 1,4 m
cet afflux d’eau douce dans le
exhumés au Proche-Orient et
du niveau moyen en Europe. Cette répartition se
système océanique aurait prodes mers
voqué une élévation d’environ
déplace brutalement vers
1,4 m du niveau moyen des
l’ouest à partir de 6 000 avant
mers. La Méditerranée n’y aurait pas J.-C. environ, soit à peu près au moment
échappé : environ 4 000 km2 de ses riva- où la calotte glaciaire laurentidienne s’efges auraient été submergés, selon les esti- fondre. De même, le modèle explique très
naturellement l’importation en Europe
mations des auteurs.
Autre conséquence : la mer Noire, des langues aujourd’hui qualifiées d’indoqui n’était alors qu’un lac, aurait vu le européennes, selon un schéma proposé
« verrou » de sédiments qui la séparait par le philologue britannique Colin Rende la Méditerranée céder sous l’éléva- frew (Le Monde du 28 novembre 2003).
Il y a, pourtant, un hic : « Le consensus
tion du niveau de cette dernière. Un
CRYPTOLOGIE « BUG » ET « PORTE DÉROBÉE »
Deux experts mettent en garde
sur la sécurité sur Internet
COUP sur coup, deux spécialistes
mondiaux de la cryptologie – la
science des codes secrets – viennent de lancer des mises en garde
concernant la sécurité des systèmes d’information. La stature des
deux personnages rend leurs avertissements – distincts – parfaitement crédibles.
Le premier est Adi Shamir, le
« S » de RSA, un système de cryptographie à clé publique – garantissant la sécurité des transactions en
ligne – parmi les plus utilisés dans
le monde. Il y a quelques jours, ce
chercheur du Weizmann Institute
(Israël) a diffusé auprès de ses collègues une note intitulée « Les
bugs des microprocesseurs peuvent être des désastres pour la sécurité ».
Il y décrit la façon dont de petites
erreurs dans la réalisation de
calculs élémentaires au sein des
puces électroniques pourraient
être exploitées pour déchiffrer les
clés de chiffrement censées assurer la sécurité des échanges en
ligne. « Une simple anomalie (innocente ou intentionnelle) pourrait
conduire à un immense désastre de
sécurité, qui pourrait être exploité
secrètement, de façon indétectable,
par une organisation d’espionnage
sophistiquée », conclut Adi Shamir.
La seconde alarme vient de Bruce Schneier, qui, le 15 novembre,
sur son blog, a déconseillé l’usage
d’un générateur de nombres aléatoires – une brique de base de la
cryptographie moderne – approuvé par le département du commerce américain. L’algorithme en
question « comprend une faiblesse
qui ne peut être décrite que comme
une porte dérobée » permettant l’accès aux données protégées, écrit-il.
Or ce programme a été fortement
soutenu par la National Security
Agency (NSA), l’agence américai-
ne spécialisée dans la surveillance
des communications.
Interrogé par le New York Times
sur l’attaque qu’il décrit, Adi Shamir a admis qu’il n’avait aucune
preuve qu’elle soit actuellement
mise en œuvre par quiconque.
Mais la complexité croissante des
microprocesseurs et le secret qui
entoure leur mise au point ne permet pas d’exclure le fait qu’ils
contiennent de telles failles : au
milieu des années 1990, le microprocesseur Pentium d’Intel avait
présenté des problèmes dans la réalisation de divisions, rappelle le
chercheur.
Chez le fabricant de processeurs
Intel, on souligne que la menace
découverte par Adi Shamir est
« théorique », mais que des vulnérabilités de ce type, régulièrement
rendues publiques, font l’objet
d’une surveillance attentive.
SANTÉ
CLIMAT
Un deuxième foyer de grippe
aviaire en Grande-Bretagne
La fertilisation des océans
trop risquée, selon l’UICN
Le virus H5N1 hautement pathogène de la grippe aviaire a été
détecté dans un deuxième élevage avicole de l’est de l’Angleterre,
a annoncé, lundi 19 novembre, le
ministère britannique de l’environnement. « Des analyses en
laboratoire ont confirmé la présence du virus H5N1 de la grippe
aviaire parmi des dindes » d’une
des quatre exploitations identifiées comme ayant eu des
« contacts dangereux » avec la ferme où la présence du H5N1 avait
été confirmée le 13 novembre, a
précisé le ministère. – (AFP.)
La fertilisation des océans pour
encourager la croissance du
plancton, afin d’accroître les
capacités d’absorption du CO2,
reste une technologie trop risquée, selon l’Union mondiale
pour la nature (UICN). « De nombreux scientifiques critiquent cette
technologie qui repose sur des études loin de prouver un quelconque
potentiel de séquestration [du CO2,
le principal gaz à effet de serre]
à long terme mais présentant des
risques élevés pour l’environnement marin », a estimé, lundi
19 novembre, l’UICN. – (AFP.)
Contre-mesures
« Une contre-mesure consiste à
vérifier tous les calculs cryptographiques pour envoyer sans risque les
résultats de ceux d’entre eux utilisant les secrets qui pourraient être
compromis, souligne Jean-Jacques
Quisquater (Université catholique
de Louvain, Belgique). Mais, dans
certains cas, la vérification coûte
plus cher [en calcul] que l’exécution
même de l’algorithme cryptographique. »
A court terme, estime le chercheur, le problème évoqué par Bruce Schneier est « certainement plus
dangereux ». Les deux annonces
sont en tout cas propres à nourrir
une théorie de la conspiration,
convient Jean-Jacques Quisquater.
« Mais n’est-ce pas toujours le cas
lorsqu’on évoque le nom de la NSA,
s’interroge-t-il. Ses agents ne sontils pas payés pour espionner ? » a
Hervé Morin
est de dire que la mer Noire, qui était alors
un lac, a été noyée par la Méditerranée,
explique Edouard Bard, professeur au Collège de France (Cerege-CNRS). Mais il y a
un débat pour savoir si cette submersion
s’est faite de manière graduelle et progressive ou si, au contraire, elle s’est faite de manière catastrophique. »
Emise pour la première fois en 1997,
l’hypothèse selon laquelle cette jonction
se serait faite de manière brutale pourrait
expliquer, selon certains, le mythe du
Déluge. Plusieurs travaux récents laissent
au contraire entendre que le « remplissage » de la mer Noire par la Méditerranée
se serait opéré sur plusieurs siècles. Ce
qui fragilise la thèse de Chris Turney et
Heidi Brown.
« En outre, leur modèle est très déterministe, trop sans doute. Il n’explique pas, par
exemple, pourquoi il y a eu deux grandes
voies de “néolithisation” de l’Europe, la première remontant le Danube, la seconde suivant les côtes de la Méditerranée, tempère le
géographe et géoarchéologue Eric Fouache, professeur à l’université Paris-XII. Il
est vraisemblable que des événements climatiques ont joué un rôle, mais ils n’ont sans doute pas été les seuls éléments déclenchants. » a
Stéphane Foucart
CLIMAT GAZ À EFFET DE SERRE
Gordon Brown prêt
à revoir à la hausse
l’objectif de réduction
des émissions
À L’OCCASION de son premier grand
discours sur l’environnement, le premier
ministre britannique, Gordon Brown,
s’est engagé, lundi 19 novembre, à renforcer la lutte contre le réchauffement climatique. Il a notamment annoncé la création d’un comité d’experts chargé de se
prononcer sur l’hypothèse d’un passage
de 60 % à 80 % de l’objectif de réduction
des gaz à effet de serre pour le RoyaumeUni d’ici à 2050. Le gouvernement a déjà
déposé un projet de loi fixant un objectif
contraignant de 60 % d’ici à 2050, présenté comme le plus exigeant au monde.
Pour y parvenir, « d’ici quarante ans,
chaque livre sterling du produit intérieur
brut devra produire entre un sixième et un
douzième de CO2 par rapport à aujourd’hui », a souligné le premier ministre.
« Cela signifie un changement important
dans notre économie énergétique, a-t-il
poursuivi. En fait, je pense que cela nécessitera rien moins qu’une quatrième révolution technologique. » Selon Gordon
Brown, celle-ci serait susceptible de générer un million d’emplois en Grande-Bretagne d’ici vingt ans. – (AFP.)
Europe
8
0123
Mercredi 21 novembre 2007
ESPAGNE LÉGISLATIVES
La Commission refuse
une directive cadre
sur les services publics
La droite espagnole
promet d’exonérer
d’impôt sur le revenu
sept millions de foyers
MADRID
globale qui précise les principes applicables aux services publics et énonce les
domaines dans lesquels ces principes doivent être mis en œuvre.
Les domaines retenus sont au nombre
de six : l’énergie, les transports, les communications électroniques, les services postaux, la santé, les services sociaux. Des
a Confédération européenne des mesures ont déjà été prises dans ces secsyndicats a remis au président de la teurs, d’autres le seront à l’avenir, explique
Commission européenne, José la Commission, qui souligne que l’accès
Manuel Barroso, lundi 19 novembre, une aux services d’intérêt économique général
pétition de plus de cinq cent mille signa- est reconnu comme un droit par la Charte
tures en faveur d’une directive visant à des droits fondamentaux de l’Union.
La Commission renvoie également au
protéger les services publics « contre les
protocole sur les services d’intéforces du marché ».
rêt général annexé au futur traiCette initiative intervient à la
L’énergie,
té de Lisbonne, qui constitue,
veille de l’adoption par la Comles transports,
selon elle, « un pas décisif » vers
mission, mardi, d’une commules services postaux,
l’établissement d’« un cadre
nication affirmant « un nouvel
les communications
européen transparent et sûr ». Ce
engagement européen » en
électroniques,
protocole, dont la valeur juridifaveur des services d’intérêt
la santé, les services
que est équivalente à celle du
général – jugés « essentiels à la
sociaux sont
traité lui-même, souligne « l’imvie quotidienne des citoyens et des
concernés
portance des services d’intérêt
entreprises », qu’ils soient gérés
général ». Il note que ceux-ci doidirectement par l’Etat ou délégués à des opérateurs privés. Mais cette vent assurer « un niveau élevé de qualité, de
communication ne retient pas le principe sécurité et d’accessibilité », garantir « l’égalid’une directive générale, qui s’applique- té de traitement », favoriser « la promotion
de l’accès universel et des droits des utilisarait à l’ensemble des services publics.
La défense des services publics avait teurs ». La Commission déclare que, sur la
été, en 2005, en France, au cœur des base du protocole, elle continuera à
débats sur la Constitution européenne, « consolider le cadre européen applicable
accusée par ses adversaires de « graver aux services d’intérêt général ». Elle affirme
dans le marbre » la libéralisation des politi- que son approche est « essentiellement
pragmatique » et respecte notamment la
ques communautaires.
La Commission propose une approche diversité des services, dans lesquels elle
différenciée selon les domaines afin de n’entend intervenir que s’il y a « une claire
tenir compte de la situation spécifique de valeur ajoutée européenne ».
La communication rappelle que le traichacun d’entre eux. Elle a déjà exprimé cette position dans le passé, mais c’est la pre- té crée une nouvelle base juridique pour
mière fois qu’elle présente une politique permettre à l’Union de légiférer dans ce
Bruxelles estime le nouveau
traité suffisant pour permettre
« un nouvel engagement
européen » en matière d’accès
aux services d’intérêt général
CORRESPONDANTE
L
domaine. Elle estime que les services d’intérêt général « reflètent le modèle de société
de l’Europe » et « jouent un rôle majeur
pour assurer la cohésion sociale, économique
et territoriale à travers l’Union ». Elle distingue toutefois les services d’intérêt économique général (énergie, transports, télécommunications et autres industries de
réseaux), qui sont soumis, selon des moda-
lités spécifiques, aux règles du marché intérieur et de la concurrence, des services non
économiques (police ou justice, par exemple), qui n’en dépendent pas. Les services
sociaux (régimes de protection sociale,
aides aux personnes et aux familles, logement social) appartiennent, selon les cas, à
l’une ou à l’autre catégorie. a
Thomas Ferenczi
POLITIQUE AGRICOLE COMMUNE 23 505 EXPLOITANTS VERRAIENT LEURS VERSEMENTS RÉDUITS EN EUROPE
Bruxelles veut réduire les aides agricoles aux gros bénéficiaires de la PAC
C’EST l’une des mesures les plus emblématiques du « bilan de santé » proposé par la
commissaire chargée de l’agriculture :
Mariann Fischer-Boel devait suggérer,
mardi 20 novembre, de plafonner les paiements versés aux plus importantes exploitations dans le cadre de la politique agricole commune (PAC). Son projet entend
amplifier les précédentes réformes.
La Commission propose d’adopter
une formule progressive pour réduire les
aides de 10 % entre 100 000 et
200 000 euros, de 25 % entre 200 000 et
300 000 euros, et de 45 % au-delà. Un tel
dispositif toucherait 23 505 exploitants,
soit 0,3 % des bénéficiaires de la PAC. Il
permettrait une économie annuelle de
554 millions d’euros (1,7 % des paiements), selon l’organisation non gouvernementale Farmsubsidy.org.
L’impact est faible, mais cette question
sensible risque de relancer un vif débat
entre les Etats membres. En 2003 déjà,
une proposition similaire, qui entendait
limiter les aides à 300 000 euros par exploitant, avait été enterrée après un refus caté-
gorique de l’Allemagne et du RoyaumeUni, les principaux pays concernés. Sur les
2 800 exploitations ayant perçu plus de
300 000 euros en 2005, 1 660 sont situées
en Allemagne, 420 au Royaume-Uni, 290
en Italie, contre seulement 40 en France, le
pays qui bénéficie le plus de la PAC.
La situation française s’explique par le
modèle d’exploitation familial, alors qu’en
Allemagne les grandes exploitations sont
issues des anciennes fermes collectives
d’ex-RDA. Quant à la Grande-Bretagne,
LES POINTS CLÉS DU PROJET
Renforcement du découplage entre
aides et niveau de production. La réforme de 2003 avait introduit un découplage partiel.
Fin des jachères, afin de relancer la
production céréalière.
Sortie des quotas laitiers.
Augmentation de 5 % à 13 % sur la
période 2010-2013 de la proportion des
aides directes vers le « développement » des zones rurales.
Les débats 0123
La Gauche :
comment sortir
de l’impasse ?
avec
Ségolène Royal
Lundi 3 décembre à 20 h 30
au Théâtre du Rond-Point
en partenariat avec
Réservations : 01.44.95.98.21
elle a depuis longtemps restructuré son
agriculture au profit de grandes exploitations. La reine est l’un des principaux bénéficiaires des subventions européennes.
Chasse au gaspillage
Cette fois, Mme Fischer-Boel se veut plus
prudente. Tout en espérant l’adoption du
bilan de santé au second semestre 2008,
sous présidence française de l’Union, elle
assure que la mesure, si elle est retenue, ne
devra pas « désavantager » les exploitations détenues par plusieurs personnes.
Elle propose par ailleurs de limiter vers le
bas les paiements les plus modestes, afin
qu’ils ne profitent qu’aux « véritables agriculteurs ».
La question de la limitation des aides
s’inscrit dans un souci de légitimité et d’efficacité de la PAC, d’autant plus fort dans
un contexte de hausse des cours des céréales et de futur débat sur le budget communautaire. La semaine dernière, un rapport
de la Cour de comptes européenne a épinglé, dans différents pays, le versement de
subventions agricoles à des gestionnaires
de golf ou de club hippique. Dans un passé
récent, des révélations ont été faites sur les
montants importants touchés par des
familles royales, des hommes politiques
ou encore des multinationales.
Pour faire avancer sa cause, la Commission a longtemps plaidé pour davantage
de transparence, afin de faire la chasse au
gaspillage et aux inégalités. « Tout cela a
eu un effet bénéfique en mettant sous les projecteurs le système de distribution des aides et
joué un rôle certain dans les propositions
actuelles de limitation », explique Pierre
Boulanger, chercheur au groupe d’économie mondiale de Sciences Po.
Le Danemark, la Grande-Bretagne ou
encore la Suède ont publié des listes nominatives de bénéficiaires de la PAC plus ou
moins exhaustives. La France a longtemps
résisté (à l’exception de la publication de
vingt noms en 2005). Elle sera contrainte à
moins d’opacité en 2009 en vertu d’une
décision prise en octobre par les ministres
européens de l’agriculture. a
Laetitia Clavreul
et Philippe Ricard (à Bruxelles)
Les conservateurs espagnols proposent
de baisser les impôts des contribuables
aux revenus les plus faibles. Le président
du Parti populaire (PP), Mariano Rajoy,
a annoncé, dimanche 18 novembre,
qu’en cas de victoire de son camp aux
élections législatives de mars 2008, il
exempterait d’impôt sur le revenu les personnes déclarant moins de 16 000 euros
bruts annuels.
Aujourd’hui, sont exonérés les revenus
allant jusqu’à 9 000 euros bruts, soit
environ trois millions et demi de foyers
fiscaux. Dix-sept millions de contribuables espagnols remplissent une déclaration d’impôt.
Selon les calculs du chef de l’opposition, sept millions de foyers fiscaux supplémentaires seraient exemptés, au premier rang desquels des retraités et ceux
qu’on appelle les « milleuristes »,
c’est-à-dire les salariés gagnant moins de
mille euros par mois. C’est le cas de beaucoup de jeunes qui ont des emplois précaires et de diplômés qui ne trouvent pas
d’emplois qualifiés.
M. Rajoy a justifié cette mesure par la
nécessité de renforcer le pouvoir d’achat
de ces catégories, particulièrement touchées par la hausse des prix. Il n’en a pas
évalué le coût. Les femmes qui travaillent
auraient en outre une réduction spécifique d’impôt, afin d’encourager leur
entrée sur le marché du travail.
Ces deux mesures s’ajouteraient aux
réductions d’impôt sur le revenu annoncées par le chef du PP en juillet. M. Rajoy
avait alors promis une baisse générale de
l’impôt sur le revenu passant par une
réduction de 43 % à 40 % de la tranche
supérieure, une baisse de 24 % à 12 % du
taux inférieur et des avantages pour les
familles avec enfants.
Le PP s’est aussi prononcé pour une
baisse de dix points de l’impôt sur les
sociétés, qui passerait à 25 % pour les
grandes entreprises et à 20 % pour les
PME, et pour la suppression de l’impôt
sur le patrimoine.
Compétition fiscale
Les baisses d’impôts promettent d’être
l’un des leitmotive de la campagne. En
octobre, le président socialiste du gouvernement, José Luis Rodríguez Zapatero, a
confirmé que, s’il obtient un second mandat, « la politique de baisse d’impôt continuera ».
Cette année, les socialistes ont réduit
l’impôt sur le revenu et, de cinq points,
celui sur les sociétés. La forte croissance
et l’augmentation du revenu par habitant
ont fait progresser le rendement des
diverses taxes au point que, à taux d’imposition constant, la pression fiscale a
augmenté de deux points entre 2004 et
2006, passant de 34,53 % à 36,52 % du
produit intérieur brut (PIB).
Cette compétition fiscale a lieu alors
que l’on ignore encore quelle sera l’ampleur du ralentissement de la croissance
économique, amorcé au troisième trimestre. a
Elizabeth II célèbre les premières noces
de diamant de la royauté britannique
oyenne des têtes couronnées européennes, la reine
Elizabeth II est devenue le
20 novembre le premier souverain britannique régnant à atteindre ses noces de diamant. L’écho
rencontré par la célébration, la
veille, à l’abbaye de Westminster,
du soixantième anniversaire de
son mariage avec le prince Philip
souligne combien le couple royal
incarne toute l’histoire contemporaine du Royaume-Uni.
Cette union, le 20 novembre
1947, en la même abbaye de Westminster, était paradoxale. Philip,
membre de la famille royale grecque, était de sang royal, Elizabeth,
future reine, était aristocrate de
naissance, petite-bourgeoise dans
ses goûts. Certains évoquaient un
mariage arrangé par l’oncle de
Philip, Lord Mountbatten, pour
D
rétablir le nom de sa famille dans
la lignée Windsor.
Pourtant, ce partenariat – l’expression est du fils cadet, le prince
Andrew – a tenu, à l’inverse des
mariages dilués de trois des quatre enfants royaux.
Il s’agit incontestablement
d’un mariage d’amour. Elizabeth
épousait le premier homme de sa
vie, qu’elle avait rencontré en
1939 alors qu’il faisait ses études
au collège naval de Darmouth. Ce
fut également le cas de Philip malgré les rumeurs – jamais prouvées – d’infidélités conjugales, en
particulier dans les années 1950.
C’est aussi une union très anglaise où chacun garde son
quant-à-soi tout en respectant
celui de l’autre. Philip est aussi le
seul à pouvoir parler franchement
à la reine, entourée de courtisans.
C’est aussi l’attirance des
contraires : elle est sérieuse, timide, introvertie. Il est extraverti,
aime les gens ainsi que les relations sociales et est très drôle.
Bien qu’écarté des décisions régaliennes, cet homme intelligent,
ambitieux et autoritaire a accepté
d’abandonner sa carrière dans la
marine et de s’effacer devant son
épouse. En tant que chef de
famille, Philip s’est vu confier la
charge de l’éducation des enfants
et de l’organisation de la maison
royale, dont les finances privées.
Le couple n’aurait pas duré si
longtemps s’il ne partageait pas
des valeurs, traditionnelles : sens
du devoir, piété, amour de la campagne et respect de la hiérarchie
sociale. a
Marc Roche
(Londres, correspondant)
Cécile Chambraud
FINLANDE
Les infirmières finlandaises
obtiennent entre 22 %
et 28 % d’augmentation
de salaire
La menace de démission collective des personnels soignants des
hôpitaux finlandais a été levée,
lundi 19 novembre, après la
signature d’un accord qui octroie
entre 22 % et 28 % d’augmentation de salaire sur quatre ans aux
125 000 membres du syndicat
Tehy. La mesure concerne 94 %
de femmes, infirmières, laborantines, physiothérapeutes, sagesfemmes ou encore manipulatrices en radiologie. La hausse
représente un coup de pouce de
350 à 650 euros par mois en fonction de l’ancienneté, du niveau
de formation et de responsabilité. les municipalités, qui les
emploient, avaient proposé en
septembre 11,6 % d’augmentation, Tehy exigeait 24 %, pour
atteindre un salaire minimum de
1 990 euros à 2 420 euros. –
(AFP.)
France Conflitssociaux
0123
Mercredi 21 novembre 2007
9
Social Le chef de l’Etat prévoit de s’adresser aux Français, jeudi 22 ou vendredi 23 novembre
Contre la grogne, M. Sarkozy mise sur le pouvoir d’achat
ix jours de silence, c’est beaucoup
pour Nicolas Sarkozy. Après être
intervenu trois fois pour afficher sa
fermeté, Le chef de l’Etat, muet depuis le
13 novembre, prévoit de s’adresser aux
Français, jeudi 22 ou vendredi 23, avant
son départ pour la Chine, samedi. Cette
intervention, dont il rode l’argumentaire
devant les interlocuteurs qu’il reçoit, ne
devrait pas se limiter au conflit social
qu’il affronte. Pour reprendre l’initiative,
il souhaite annoncer une série de mesures en faveur du pouvoir d’achat dont il
avait fait, grâce à son slogan « Travailler
plus pour gagner plus », le leitmotiv de
sa campagne présidentielle.
Six mois après son élection, le sujet reste la préoccupation numéro un des Français confrontés à la hausse du pétrole et
des matières premières. L’ensemble de
ces mesures fait encore l’objet de travail
au sein du gouvernement et à l’Elysée
mais le résultat, selon l’entourage du président, devrait être vaste. Il concerne le
secteur public, dont les agents étaient en
grève mardi, comme le secteur privé.
Toutefois, M. Sarkozy suit avec attention les grèves à la SNCF et à la RATP.
Suivant heure par heure le conflit, il s’im-
D
plique lui même dans sa résolution. bien les syndicats pour les avoir affrontés
« Sarko fait tout, comme d’hab », s’amuse lors de l’ouverture du capital d’EDF comme de la fusion GDF-Suez, alors qu’il
un de ses conseillers.
Le président de la République rejette était ministre des finances, la CGT s’est
l’accusation, formulée par François Ché- montrée courageuse en acceptant de
rèque, d’être « un coproducteur » du négocier. Un dialogue dur mais réaliste
conflit. Selon lui, les grèves étaient inévi- est en cours. Il ne s’agit plus de revenir
tables parce que les salariés des régimes sur les principes de la réforme (les quaspéciaux doivent accepter des conces- rante ans de cotisation, l’alignement des
sions lourdes : deux ans et demi de tra- pensions sur les prix et une décote pour
vail en plus avant de pouvoir faire valoir les salariés qui n’ont pas fait le plein des
trimestres de cotisations),
leurs droits à la retraite assormais d’en discuter de façon
tis d’un alignement des penNicolas Sarkozy
ouverte les modalités.
sions sur les prix et non plus
souhaite
Tel devrait être le cas, espèsur les salaires. Ce qui se trafaire
re-t-il, à partir du mercredi
duit, au fil du temps, par une
de ce conflit
21 novembre à la SNCF et la
baisse importante de revenu.
l’illustration
RATP. Mais le chef de l’Etat se
En 2003, rappelle l’Elysée, les
de sa méthode
veut réaliste. Il ne s’attend pas
cheminots avaient fait grève
à ce que la CGT reconnaisse la
dix-sept jours. Il était donc
impossible d’éviter une épreuve de force, nécessité du passage à quarante ans de
quelle que soit la manière dont le gouver- cotisation, mais qu’elle mesure les
concessions faites par l’exécutif sur la
nement pouvait s’y prendre.
Dans ce contexte, M. Sarkozy juge que pénibilité, sur les salaires, sur les retrailes choses ne se passent pas si mal. Deux tes complémentaires… et accepte de
entreprises sont déjà sorties du conflit : reprendre le travail. L’Elysée souligne
EDF et GDF. Les syndicats, dont la CGT, que la grève est désormais minoritaire
ont accepté de s’asseoir à la table de négo- chez les cheminots comme chez les
ciations. Pour M. Sarkozy, qui connaît agents de la RATP. La base est pour la
Le « travailler plus pour gagner
plus » tarde à se concrétiser
THÈME majeur de la campagne
présidentielle et sujet d’inquiétude croissante depuis une rentrée
délicate sur le plan économique
et social, la question du pouvoir
d’achat revêt de jour en jour un
enjeu plus politique. Pierre
Méhaignerie, le président (UMP)
de la commission des affaires
sociales de l’Assemblée nationale, est allé jusqu’à prophétiser,
dans Les Echos du 16 novembre,
que la majorité pouvait « chuter » sur ce dossier aux élections
municipales de mars 2008.
« Le choc de confiance et de
croissance » cher au candidat
Sarkozy se fait toujours attendre.
Le fameux « travailler plus pour
gagner plus » peine à devenir réalité. « La circulaire d’application
[de la détaxation des heures
supplémentaires] est illisible pour
beaucoup de chefs d’entreprise »,
déplore Jean-François Bernardin, président de l’Assemblée des
chambres françaises de commerce et d’industrie (ACFCI), mardi
20 novembre, dans La Croix. Et
le gouvernement s’est lié les
mains jusqu’en 2012 avec la loi
sur le travail, l’emploi et le pouvoir d’achat (TEPA), d’un coût
budgétaire annuel de quelque
14 milliards, qui fait la part belle
aux ménages aisés, principaux
bénéficiaires des baisses d’impôt.
Pour Nicolas Sarkozy, qui voulait être « le président du pouvoir
d’achat » et se trouve confronté à
un regain d’inflation, il y a donc
une certaine urgence à agir. Parmi les mesures sur lesquelles
l’Elysée et Matignon travaillent,
figurent celles de donner aux
entreprises la possibilité d’accorder un treizième mois de salaire
Plafonnement des frais
bancaires dans six mois
Le décret plafonnant les frais bancaires en cas d’incident de paiement a été publié au Journal officiel du 16 novembre. Il limite les
frais perçus par les banques à
30 euros en cas de rejet d’un chèque inférieur à 50 euros et à
50 euros pour un montant supérieur. Cette limitation avait été
votée par les députés à l’unanimité, en février, à la suite d’un amendement au projet de loi sur le
droit au logement opposable. En
cas de rejet d’un virement ou
d’un prélèvement, le montant des
frais ne peut excéder celui de l’ordre de paiement pour une somme
inférieure à 20 euros et est plafonné à 20 euros au-delà.
Ces dispositions entreront en
vigueur en mai, six mois après
leur publication.
sans charges sociales et la relance de grands chantiers. Après le
doublement de la prime à la cuve
pour les personnes non imposables qui se chauffent au fioul
domestique, l’exécutif réfléchit
aux moyens d’alléger les dépenses contraintes des ménages les
plus modestes, qui représentent
jusqu’aux trois-quarts de leur
budget. Il entend aussi faire pression sur les producteurs et les distributeurs pour obtenir une baisse des prix.
Mesures « grand public »
Tel est l’un des objectifs principaux du projet de loi « pour le développement de la concurrence au service des consommateurs » présenté à
partir du 21 novembre par Luc
Chatel, secrétaire d’Etat à la
consommation. Avec ce texte est
notamment une nouvelle fois
posée la pratique des marges arrière des grandes surfaces, ces sommes facturées par les distributeurs
à leurs fournisseurs en échange de
prestations commerciales, qui n’a
cessé de se développer :
entre 1998 et 2004, leur taux
moyen est passé de 22 % à
33,5 % ; elles représenteraient
aujourd’hui 37 % du prix de vente
au consommateur, leur volume global s’élevant à 35 milliards d’euros
sur les seuls achats faits en France.
En septembre, Nicolas Sarkozy
s’était dit prêt à « supprimer les
marges arrière pour aller chercher le
pouvoir d’achat ». La rupture n’ira
pas jusque-là. Tout au mieux cette
perspective est-elle renvoyée au
futur projet de loi sur la modernisation de l’économie qui devrait être
présenté au printemps 2008. Le
gouvernement a préféré une
démarche par étapes à une remise
en cause radicale de l’organisation
actuelle. Le projet de loi prévoit
seulement d’intégrer l’intégralité
des marges arrière dans le calcul
du seuil de revente à perte et d’apporter un peu plus de transparence dans les relations commerciales
en instaurant un « contrat unique
de coopération commerciale ».
Le gouvernement a également
introduit dans son projet des mesures « grand public » de protection
du consommateur, notamment
sur la durée des forfaits de téléphone mobile. M. Chatel a renoncé à
revenir sur la durée d’engagement
de vingt-quatre mois qu’imposent
les opérateurs mais devrait donner
son feu vert à un amendement permettant au client de résilier son
forfait dès le 13e mois en n’acquittant au maximum qu’un tiers des
échéances dues. a
Claire Guélaud
et Patrick Roger
négociation, dans ces deux entreprises.
M. Sarkozy, qui a demandé l’évacuation par la police de neuf dépôts bloqués
par des actions violentes de grévistes,
n’acceptera pas qu’une minorité empêche la majorité des salariés de reprendre
le travail. Soulignant que l’Etat doit
mieux s’occuper des relations sociales
dans les entreprises dont il est propriétaire, il regrette – et se glorifie – d’être le premier président à s’être rendu dans un
dépôt de SNCF pour discuter avec les cheminots.
Une fois la grève passée, il promet de
se soucier directement de ce problème.
En revanche, il dit ne pas comprendre le
mouvement de contestation de la loi
Pécresse dans les universités, où les étudiants n’arrivent même pas à définir un
mot d’ordre compréhensible, selon lui, et
où les blocages restent très minoritaires.
Nicolas Sarkozy souhaite aussi faire
de ce conflit l’illustration de sa méthode.
Partant du principe que l’opinion a compris les réformes et qu’elle les souhaite, il
se réjouit – malgré sa baisse de popularité dans les sondages – du jugement plutôt positif porté sur la crise actuelle.
Selon lui, le double impératif de fermeté
et de dialogue a été entendu. Une manière de rassurer sa majorité sur sa détermination à conduire la suite de son programme. Cette réforme va passer, il faudra faire passer les autres, explique-t-il,
persuadé qu’aucune ne se fera sans douleur ni contestation : hormis la réforme
des régimes spéciaux, l’Elysée entend
mener à bien celle de la fusion de l’ANPEUnedic, de la direction des impôts, du
rapprochement DST-Renseignements
généraux, et celle de la carte judiciaire.
Au-delà, les chantiers ouverts sur la
Constitution, suite aux travaux de la commission Balladur, la carte et la gouvernance hospitalière, la défense et l’industrie
d’armement, le droit social, la démocratie
sociale (le financement et la représentativité des syndicats) sont jugés tout aussi
lourds par le chef de l’Etat. Malgré le
ralentissement de la croissance, M. Sarkozy entend accélérer. Son raisonnement : il
n’aurait pas été plus facile de réformer
avec 3 % de croissance au lieu des 2 %
aujourd’hui. Et le président de s’en tenir à
son credo : Les Français l’ont élu pour
changer la France ; quels que soient les
obstacles inévitables, il le fera. a
Eric Le Boucher
France Conflitssociaux
10
0123
Mercredi 21 novembre 2007
Un fonctionnaire
sur deux se dit inquiet
de l’évolution
de son statut
moyens humains (20 %) et les conditions de travail (18 %). Une indication
confirmée dans les témoignages
recueillis dans différents secteurs de la
fonction publique.
Josepha Guarinos, 38 ans, infirmière aux urgences du centre hospitalier d’Aix-en-Provence
« J’ai choisi de devenir infirmière des
hôpitaux, il y a dix-sept ans, pour particientrée sur le pouvoir d’achat et l’em- per au service public de la santé, soigner
ploi, la journée de grève nationale tous ceux qui en avaient besoin. Le statut
lancée mardi 20 novembre, à l’initia- de fonctionnaire m’intéressait pour la
tive des huit fédérations de fonctionnai- sécurité de l’emploi et les perspectives
res des administrations de l’Etat, des col- d’évolution de carrière, qui me semlectivités locales et des hôpitaux, mar- blaient intéressantes.
Si la grille indiciaire évolue assez vite,
quait le pic de la mobilisation déclenchée
par les syndicats de la SNCF et de la elle se bloque aussi très rapidement.
RATP contre la réforme des régimes spé- Dans quatre ans, j’aurai atteint le dernier
ciaux de retraite et la contestation étu- échelon de mon grade, et je n’aurai plus
diante contre la loi d’autonomie des uni- de possibilité d’être augmentée jusqu’à
ma retraite. On dit souvent que
versités.
nous, soignants, faisons un traCette journée d’action tra« Les gens ont
vail fabuleux, mais nous n’en
duit un malaise profond chez
conscience de ce
voyons jamais la reconnaissanles 5,2 millions de fonctionnaiqu’est le service
ce. Nos conditions de travail se
res. Selon un sondage réalisé
public. Ce serait
sont dégradées depuis 5 ou
par Ipsos pour l’Observatoire
une erreur
6 ans. L’humanisation des
de la fonction publique, publié
d’opposer les
soins, dont on parlait beaumardi, près d’un agent sur
salariés les uns
coup au début de ma carrière,
deux (49 %) se déclare inquiet
aux autres »
est presque devenue un vain
sur l’évolution de la fonction
mot. La pénibilité du travail est
publique. Quelque 71 % des
agents reconnaissent la nécessité d’un importante, l’épuisement est réel et les
changement, mais 50 % n’en ont pas per- collègues quittent l’hôpital pour traçu de significatif ces derniers mois et vailler dans le privé.
Compte tenu des difficultés de recrute30 % ont même perçu une dégradation
ment, on est en sous-nombre, et de plus
de la situation à court terme.
La rémunération reste la préoccupa- en plus réquisitionnés pendant nos
tion prioritaire (30 %), bien avant les temps de repos. »
La journée de grève nationale
lancée par les huit fédérations
de fonctionnaires, sur la défense
du pouvoir d’achat et de
l’emploi, traduit un malaise
profond. Témoignages
C
Roger Marteau, 51 ans, contrôleur
principal des douanes
« J’animais, ces dernières années, une
équipe qui contrôlait les navires de commerce à Marseille. Avec les réformes de
la fonction publique et l’explosion des
échanges de biens, la charge de travail et
le stress ont augmenté ; les conditions de
travail se sont dégradées. Nous sommes
en première ligne en matière de mondialisation. Et nous ne savons pas vraiment ce
que la société attend de nous. Veut-elle
que nous soyons plus répressifs pour
assurer une sécurité aux consommateurs ? Ou veut-elle que nous facilitions
la fluidité des échanges ? Comme tous
mes collègues, je suis souvent tiraillé
entre ces deux exigences. Mardi, je fais
donc grève, pour défendre mon pouvoir
d’achat, mais aussi pour “un vrai service
public qui aurait des moyens”. »
Jean-François Percept, 48 ans,
administrateur civil hors classe,
ministère des finances
« Je comprends qu’on puisse avoir
honte d’être fonctionnaire. Beaucoup de
mes amis travaillent dans le privé. Ils
font au moins 50 % d’heures de présence
de plus en gagnant moins. Ils sont exaspérés par la situation actuelle des fonctionnaires.
Dans l’informatique, ils travaillent
facilement plus de 50 heures par semaine, c’est difficile de leur expliquer qu’on
fait 35 heures et que l’on gagne davantage, avec la sécurité de l’emploi en plus.
Le plus gênant, c’est pour les fonctionnaires moyens. La plupart des pays (Suède, Pays-Bas, Canada) ont fait des réformes drastiques, en réduisant de 20 % à
30 % les effectifs de la fonction publique. »
Dominique Régnier, 44 ans, services
techniques de la mairie de Limoges
« Je suis entré comme jardinier à la
mairie de Limoges en 1983. Ce qui me
frappe, c’est la “smicardisation” d’un
grand nombre d’agents, en particulier les
ouvriers et employés à temps partiel ou en
contrat temporaire. Ils subissent de plein
fouet l’augmentation du coût de la vie. Vu
leur niveau de qualification, les possibilités d’évolution restent faibles. Comme
secrétaire du comité des œuvres sociales,
je suis de plus en plus sollicité pour subvenir à des besoins exceptionnels, alimentaires, de loyer ou de crédit. Est-ce cela
qu’on appelle des privilèges ? Dans les villes et les collectivités locales, les habitants
ont conscience de ce qu’est le service
public. Ce serait une erreur d’opposer les
salariés les uns aux autres. » a
Service France
Deux syndicats lycéens veulent lancer
une forte mobilisation contre la loi Pécresse
DES ASSEMBLÉES générales et
blocages de lycées contre la loi
sur l’autonomie des universités
ont gagné, mardi 20 novembre,
de nouveaux établissements. Lundi, un lycée de Lille et quatre de
Basse-Normandie avaient été bloqués.
Selon le rectorat de Caen, de
petits groupes d’une cinquantaine de lycéens ont installé des barrages devant les entrées des établissements. Au ministère de
l’éducation
nationale,
un
conseiller de Xavier Darcos relativise ces incidents : « Il faut bien
garder en tête qu’il ne s’agit que de
cinq lycées sur un total de 2 600. »
Mardi après-midi, les deux organisations lycéennes, la FIDL
(Fédération indépendante et
démocratique lycéenne) et
l’UNL (Union nationale lycéenne) devaient manifester aux
côtés des agents de la fonction
publique et des étudiants contre
la loi Pécresse.
Dans la plupart des établissements, les militants ont organisé,
lundi, une journée de préparation
à la mobilisation. Selon la FIDL,
« 128 assemblées générales » se
seraient tenues, lundi, dans une
quarantaine de villes, parmi les-
quelles Paris, Lyon, Marseille,
Caen, Bordeaux, Rouen, Strasbourg ou Besançon. Le syndicat
demande désormais le retrait de
la loi Pécresse.
Selon Tristan Rouquier, son
président, « la préinscription
désormais obligatoire à l’université
est un premier pas vers la sélection
à l’entrée des universités ». Le leader lycéen dénonce une loi
« floue », « ultratechnique, qui
laisse des tas de portes ouvertes dangereuses ».
Sit-in et blocages
La FIDL se défend de tout lien
avec une organisation étudiante,
même si au moment de la mobilisation contre le contrat première
embauche (CPE), elle était apparue proche de la Confédération
étudiante. Le syndicat lycéen a
appelé à une nouvelle mobilisation, jeudi 22 novembre, jour de
la manifestation décidé, dimanche à Tours, par la coordination
nationale étudiante. Des assemblées générales, des sit-in, des
happenings, des manifestations
et des blocages sont prévus.
L’autre organisation lycéenne,
l’UNL, monte aussi au créneau
depuis quelques jours. Plutôt pro-
publications judiciaires
56, bd Mission Marchand 92411 Courbevoie cedex
Tél. 01 49 04 01 85 – Fax. 01 43 33 51 36
www.osp.fr – [email protected]
Par jugement en date du 24 mai 2007, le Tribunal
Correctionnel de Paris, chambre de la presse, a condamné
Patrick LE HYARIC, directeur de la publication du journal
L’HUMANITE, et Catherine LAFON, journaliste, pour
avoir publiquement diffamé Colette KERBER et la société
LES CAHIERS DE COLETTE, en publiant dans l’édition
du quotidien datée du 28 avril 2005, un article intitulé
“Discrimination dans le Marais”, les mettant en cause.
che de l’UNEF, elle tente de se
positionner entre abrogation et
modification de la loi Pécresse.
« Nous réclamons le retrait de la
préinscription obligatoire. Cette
solution, censée répondre à un taux
d’échec important en première
année, n’est pas la bonne », explique Floréale Mangin, la présidente de l’organisation, qui sera
reçue mercredi par Valérie Pécresse, ministre de l’enseignement
supérieur. L’UNL demande
notamment la mise en place d’un
« véritable service public d’orientation, doté des moyens nécessaires
pour dispenser une information de
qualité à tous les élèves avant leur
entrée dans le système universitaire », et « une amélioration de la
pédagogie au lycée » pour faciliter
la transition avec l’enseignement
supérieur.
L’UNL et la FIDL se retrouvent
sur la question des blocages. Sans
appeler à ce mode d’action, les
deux organisations ne les
condamnent pas pour autant.
Seul l’UNI-lycée (proche de
l’UMP) s’est insurgée, lundi,
contre les « blocages des lycées »
et « l’intrusion d’individus extérieurs aux lycées ». a
Catherine Rollot
Xavier Darcos tient au
service minimum
Dans une note adressée le de
adressée vendredi 16 novembre
aux recteurs et inspecteurs d’académie, en prévision de la grève du
mardi 20, le ministre de l’éducation nationale, Xavier Darcos a
demandé que soit organisé un
« service d’accueil au sein des établissements », « en lien avec les
collectivités volontaires ». M. Darcos avait indiqué, le 6 novembre,
qu’il travaillait en vue d’ouvrir des
discussions en 2008 sur le service minimum dans l’éducation
nationale. Un service qui, a-t-il
précisé, pourrait consister simplement à accueillir les élèves.
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0123
Mercredi 21 novembre 2007
Conflitssociaux
France
ENTRETIEN AVEC L’ANCIENNE GARDE DES SCEAUX SOCIALISTE
La base des cheminots lutte
pour peser dans les négociations
En assemblées générales,
les militants ont apporté leurs
précisions aux propositions des
syndicats pour la réunion tripartite,
prévue mercredi. Ils réaffirment
leur opposition à la réforme
n attendant la réunion « tripartite » qui doit rassembler, mercredi
21 novembre, la direction de la
SNCF, les syndicats et un représentant
de l’Etat, les assemblées générales de cheminots ont voté sans hésitation, lundi
19 novembre, la reconduction de la grève. Nombre d’entre elles ont insisté sur
leur opposition à la réforme des régimes
spéciaux en complétant les propositions
que leur avaient soumises les fédérations
syndicales dans la perspective de la table
ronde de mercredi.
De Marseille à Dieppe, en passant par
Melun et Paris Saint-Lazare, les AG, plus
suivies que la semaine précédente, ont
insisté sur le rejet de la réforme. « Nous
refusons l’alignement sur 40 annuités
pour une retraite à taux plein ; nous refusons le système de décote, véritable double
peine pour les salariés ; nous refusons l’indexation des pensions sur les prix », indique la motion de l’assemblée générale
« inter-services de Laroche-Migennes »,
une formule que l’on retrouve un peu partout.
Les militants à l’origine de ces
motions ont jugé trop vague le texte des
E
Mme Guigou : « Il ne m’est jamais venu à
l’idée de réduire la justice de proximité »
directions syndicales. « Si beaucoup de qu’il n’y a pas de rupture entre les syndicheminots font confiance à la CGT, il était cats et leur base. « Nous ne sommes pas
important de rappeler le préalable du refus dans une configuration de création de coldes 40 ans », explique Anne, militante lectifs », estime-t-il.
C’est jeudi matin que les choses vont
Sud à Villeneuve Saint-Georges.
Les AG ont aussi insisté sur leur volon- se jouer et que la suspension du mouveté de ne pas être tenues à l’écart des dis- ment sera défendue ou non par la CGT.
cussions. « Nous exigeons d’être consultés « Mardi, explique Patrick Delfosse, secrépour toute décision qui engagerait notre taire régional CGT des cheminots du
avenir et d’être informés du contenu des dis- Nord, on a senti une très forte volonté de
cussions à chaque étape », rappellent les poursuivre la grève jusqu’à jeudi. Les checheminots de Paris-Nord dans une minots décideront alors de suspendre le
mouvement en fonction du contemotion votée « à l’unaniminu de la discussion de mercredi
té ».
Les militants à
et du calendrier proposé. »
Dans certaines AG, la CGT
l’origine des
Lundi soir, après un échanaurait refusé que le texte soit
motions ont jugé
ge de mails entre les six fédéradiscuté, indiquent des militrop vague le texte tions à l’origine du texte de protants de SUD-Rail. « Dans
des directions
positions (CGT, FO, CFTC,
notre AG, raconte Tony, milisyndicales
SUD-ail, UNSA, CFE-CGC),
tant cégétiste à Paris-Austerseules quatre d’entre elles – à
litz, certains responsables CGT
ont expliqué que les 37,5 annuités n’étaient l’exception de FO et de SUD –, ont rédigé
pas une position syndicale et que le problè- un nouveau communiqué.
Elles indiquent que la réunion de merme était ailleurs. »
La consultation de la base est à double credi permettra de discuter du calendrier
tranchant, notamment pour la CGT. et de la méthode de travail, ainsi que
« En donnant toute la légitimité aux AG, d’examiner les « propositions concrètes
la CGT peut expliquer au gouvernement des organisations syndicales et de la direcque la reprise ne dépend pas d’elle, estime tion permettant d’améliorer, dans le resTony, mais elle ne peut pas nous ignorer et pect des principes d’harmonisation, la
ne pas prendre en compte notre refus de la situation et les droits des cheminots ». Un
réforme. Au risque de connaître de gros pro- texte jugé conciliant par SUD-Rail qui
blèmes si elle propose la reprise du mouve- insiste néanmoins, comme tous les syndiment sans que l’on n’ait rien obtenu sur le cats, sur la nécessité de préserver l’unité
du mouvement. a
cadrage général de la réforme. »
Pour l’heure, Eric Falempin, secrétaiRémi Barroux
re général de FO cheminots, veut croire
avec Philippe Allienne (à Lille)
Les cinq revendications soumises par les syndicats
IL AURA fallu plus de trois heures,
dimanche 18 novembre, aux organisations syndicales pour se mettre d’accord
sur le texte qu’elles soumettraient aux
assemblées générales. La tâche était délicate : demander aux cheminots encore
en grève de déterminer les revendications que les syndicats devront porter,
mercredi, lors de la première réunion
« tripartite » (direction de la SNCF, syndicats et représentant du gouvernement). Autre point délicat, le texte devait
permettre de maintenir le cadre unitaire
entre les six syndicats présents, CGT,
FO, CFTC, SUD-Rail, UNSA, CFE-CGC.
A l’arrivée, les « propositions soumises
aux cheminots réunis le lundi 19 novembre
en AG » comportent cinq points :
– « Une réponse à leurs revendications
concernant le cadrage de la réforme. » Cette première « exigence » a été ajoutée, à la
demande de FO et de SUD, au texte initial. Il s’agissait, selon Christian Mahieux
(SUD-Rail), de rappeler la volonté de discuter en premier du cadre général de la
réforme, et notamment des trois points
que le gouvernement dit ne pas vouloir
remettre en cause, l’alignement à quarante ans, la décote et l’indexation de la pension sur les prix.
– « La préservation du niveau des retraites (…) par un mécanisme permettant
l’amélioration du pouvoir d’achat des pensions directes et des pensions de réversion. »
11
– « La prise en compte des annuités
dans un autre régime, des années d’apprentissage, d’études, d’inactivité, de stages, des
avantages familiaux, des contraintes du service public, la reconnaissance de la pénibilité pour le calcul des annuités au régime
général. »
– « La prise en compte dans le salaire
liquidable des gratifications d’exploitation
et de vacances, des éléments variables de solde soumis à cotisations CSG et CRDS. »
– « L’augmentation générale des salaires, une nouvelle grille permettant l’amélioration du déroulement de carrière et de l’ancienneté, la création d’un véritable
13e mois. » a
R. Bx
Assemblée générale des cheminots de Caen, lundi 19 novembre. MYCHÈLE DANIAU/AFP
Le Parti socialiste organise une manifestation, mercredi 21 novembre,
devant le ministère de la justice pour
protester contre la réforme de la carte
judiciaire. Vous avez été garde des
sceaux, comment jugez-vous la réforme de Rachida Dati ?
Rachida Dati a le courage de s’attaquer
à une réforme de la carte judiciaire. Ce
n’est pas facile. Mais je désapprouve sa
méthode. Lorsque j’étais garde des
sceaux, j’ai supprimé, sans remous, 36 tribunaux de commerce, qui n’avaient
jamais été touchés depuis la Révolution.
Nous avions pensé à une réforme plus large, avec la même méthode de travail. Il
s’agissait de partir des territoires et de la
nature des contentieux.
Dans certains endroits, on manque de
tribunaux et de juges. Nous avions
réfléchi à des regroupements de contentieux spécialisés, Mme Dati veut le faire et
c’est une bonne chose. Mais il y a des
contentieux qu’il faut au contraire laisser
au plus près des gens.
Il ne m’est jamais venu à l’idée de
réduire la justice de proximité. Les tribunaux d’instance sont ceux qui marchent
le mieux. C’est la même majorité qui a
créé à grand bruit des juges de proximité
et qui supprime les tribunaux de proximité. C’est l’une des incohérences majeures
de cette réforme. Mme Dati fait fausse route. Les objectifs ne sont pas clairs, les décisions prises sans vraie concertation. La
sagesse consisterait à tout remettre à plat
et à repartir avec une méthode différente
après les municipales. Il restera quatre
ans pour mener à bien la réforme de l’organisation judiciaire, qui est nécessaire.
Le gouvernement veut créer une détention après la peine pour les délinquants
sexuels les plus dangereux. Qu’en pensez-vous ?
La meilleure solution, c’est de soigner
ces délinquants pendant qu’ils sont en
prison. Pour ceux qui restent dangereux
à l’issue de leur détention, on peut recou-
rir à une procédure qui existe déjà : l’internement administratif ordonné par le
préfet. Une personne qui a commis un crime doit payer sa dette en étant condamné, mais une fois la peine purgée, il ne
peut pas relever de la justice sauf nouveau délit ou crime. Je suis aussi très choquée à l’idée de juger des irresponsables
pénaux, c’est-à-dire des fous. On risque
de dévoyer la justice.
Vous aviez aussi lancé la réflexion sur
une loi pénitentiaire. Comment résoudre la surpopulation carcérale ?
En menant une politique pénale appropriée, sans être laxiste. Quand je suis arrivée à la chancellerie il y avait 55 000 détenus pour 48 000 places et quand je suis
partie, il n’y avait plus que 48 000 détenus. Nous avons encadré la détention provisoire et favorisé les aménagements de
peine et les libérations conditionnelles
qui sont le meilleur moyen de lutter
contre la récidive, en donnant des
moyens humains nécessaires.
Or, depuis six ans, la politique pénale a
radicalement changé : on veut faire croire
à l’opinion que la prison est la seule réponse. Résultat : 63 000 détenus pour
50 000 places. Et l’impossibilité de donner du sens à la peine par un travail de réinsertion dès le début de l’incarcération.
Rachida Dati s’est présentée comme la
chef des procureurs. Que pensez-vous
de cette conception du parquet ?
Je refuse l’autoritarisme et la soumission de la justice au pouvoir politique. Le
garde des sceaux ne doit pas donner d’instructions dans les affaires individuelles ni
passer outre l’avis du Conseil supérieur
de la magistrature pour la nomination
des procureurs. J’avais proposé une réforme qui prévoyait que les procureurs généraux ne soient plus nommés en conseil
des ministres mais par le CSM. En contrepartie de cette garantie d’indépendance
j’avais proposé un système augmentant
la responsabilité des magistrats. a
Propos recueillis par Alain Salles
Les maires UMP s’inquiètent
de la réforme de la carte judiciaire
DE NOMBREUX élus locaux craignent
que la réforme de la carte judiciaire ne
leur porte préjudice lors des municipales
de mars 2008. Lundi 19 novembre, le
90e congrès des maires de France s’est
ouvert à Paris. « Cette réforme traîne en
longueur, déplore un responsable de l’Association des maires de France (AMF).
Beaucoup de maires UMP de villes moyennes sont inquiets parce qu’elle se rapproche
dangereusement des élections. »
Des élus de tous bords dénoncent « le
manque de concertation » de la ministre
de la justice, Rachida Dati. C’est le cas,
en particulier, de Paul Durieu, maire
(UMP) de Camaret (Vaucluse) en charge des territoires ruraux à l’AMF. Il estime que l’Etat fait figure de « mauvais élève » en matière de maintien des services
publics en milieu rural et périurbain. Il
en veut pour preuve la charte sur l’organisation de l’offre des services publics,
signée entre l’AMF et plusieurs partenaires, dont l’Etat, en juin 2006.
Celle-ci stipule que « l’Etat s’engage à
informer le préfet, le président du conseil
général et celui de l’association des maires,
en amont, de toute intention de réorganiser un service public ». « La méthode est
écrite noir sur blanc, s’insurge l’élu UMP.
Elle n’a pas été appliquée en ce qui concerne la réforme de la carte judiciaire. Le tour
de France de la garde des sceaux s’apparente davantage à une annonce de décisions
qu’à une concertation. »
M. Durieu cite en modèle un contrat
pluriannuel signé, lundi, entre l’AMF et
La Poste. « Cette entreprise, pourtant sou-
mise aux règles de la concurrence, accepte
la concertation et ne passe pas en force. Les
élus ont ainsi obtenu une présence postale
dans les territoires ruraux. L’Etat devrait
donner l’exemple dans ses missions régaliennes. Or, c’est le contraire qui se produit. »
Jacques Pélissard, président de l’AMF
et maire (UMP) de Lons-le-Saunier
(Jura), se veut plus consensuel. S’il déplore le manque de concertation, il considère que la réforme est nécessaire. « Nous
sommes prêts à nous adapter, à condition
que le service public soit rendu de manière
satisfaisante. » Le président de l’AMF,
ancien avocat, estime que « la réforme
n’est pas contestée par la population. Elle
est surtout critiquée par les avocats et les
greffes des tribunaux. Soyons réalistes :
chaque Français à affaire, en moyenne,
une fois dans sa vie à la justice. S’il est prêt
à faire 50 km pour aller dans un hypermarché, il peut bien en faire autant pour un
TGI. Pour moi, le plus important est de
maintenir des lieux de proximité pour les
affaires familiales, telles que les divorces.
On peut imaginer pour cela des tribunaux
d’instance renforcés. »
La Fédération des maires de villes
moyennes, présidée par le maire (UMP)
de Châlons-en-Champagne, Bruno
Bourg-Broc, se montre plus incisive et
dénonce « une réforme unilatérale, purement mécanique et apparemment comptable » et réclame « des compensations » et
« une intervention rapide du premier
ministre ». a
EMPLOI
LOGEMENT
NOUVELLE-CALÉDONIE
ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
MUNICIPALES
Un nouveau campement
de sans-abri s’installe à Paris
Les indépendantistes calédoniens
créent un nouveau parti
Le Cercle des économistes soutient
la loi Pécresse sur les universités
Les trois-quarts de Français
satisfaits de l’action de leur maire
Une vingtaine de sans-abri ont planté
des tentes sous le pont Charles-de-Gaulle, dans le 13e arrondissement de Paris,
à l’appel de l’association Salauds de
pauvres, pour réclamer « des logements
durables ». Jacques Deroo, le fondateur
de l’association, a décidé d’installer le
campement après le décès d’un SDF,
samedi 17 novembre, à Marseille.
Depuis le début du mois, au moins quatre SDF sont morts en France à cause
du froid.
Le syndicat indépendantiste USTKE a
créé, le 18 novembre, un mouvement politique baptisé Parti travailliste, qui entend
dénoncer l’application de l’accord de Nouméa, signé en 1998 et qui prévoit une
émancipation progressive de la NouvelleCalédonie. « Nous voulons dénoncer la nonapplication volontaire de la partie intéressant
le peuple kanak », a déclaré Louis Kotra
Uregeï, président d’honneur de l’USTKE,
qui estime que le FLNKS, parti historique
kanak, s’est « institutionnalisé ». – (AFP.)
Le Cercle des économistes a demandé,
mardi 20 novembre, « la mise en œuvre
sans délai » de la loi Pécresse et « déplore
les tentatives de diversion et de blocage qui
ne feraient que retarder le progrès indispensable de notre enseignement supérieur ».
Pour cette association, la loi Pécresse
dotera les présidents d’université d’« instruments institutionnels adaptés à la réalisation d’authentiques projets de rénovation en matière scientifique, pédagogique,
de gestion et de vie universitaire ».
Près des trois quarts des Français sont
satisfaits du travail accompli par leur
maire depuis les dernières élections
municipales, indiquent deux sondages
rendus publics lundi 18 novembre. Selon
le sondage Ipsos pour La Gazette des communes, 70 % des personnes interrogées
se disent satisfaits, contre 26 % de
mécontents. Selon une autre enquête réalisée par Obea/infraforces, le taux de
satisfaction monte même à 75 % contre
18,3 %. – (AFP.)
Xavier Ternisien
Pour Mme Lagarde, la fusion
ANPE-Unedic n’entraînera aucune
suppression d’emploi
La ministre de l’économie et de l’emploi,
Christine Lagarde, a souhaité rassurer les
syndicats sur le fait « que la fusion des
réseaux [de l’ANPE et de l’Unedic] n’entraînera pas de réduction d’effectifs » et
qu’« aucune mobilité géographique ne sera
imposée ». A l’occasion de l’examen du
projet de loi par le Conseil supérieur de
l’emploi, les syndicats se sont inquiétés
lundi du « pouvoir fort laissé à l’Etat »,
selon les mots Stéphane Lardy (FO).
12
France
0123
Mercredi 21 novembre 2007
A Marseille, la gauche
veut forcer M. Gaudin
à faire campagne
Le maire UMP, Jean-Claude Gaudin,
rechigne à annoncer
sa candidature. Une majorité
de conseillers communistes a rallié
la liste de Jean-Noël Guérini (PS)
MARSEILLE
CORRESPONDANT
ontraindre le favori Jean-Claude
Gaudin (UMP) à entrer en campagne : tel est l’objectif que s’est fixé
son challenger, Jean-Noël Guérini, président du conseil général des Bouches-duRhône et candidat socialiste à la mairie
de Marseille.
Vendredi 16 novembre, M. Guérini a
inauguré son local de campagne avec le slogan « Faire gagner Marseille ». Pour provoquer le maire sortant, qui aurait souhaité
rester le plus longtemps possible dans son
rôle de gestionnaire de la ville, le candidat
socialiste lance des débats dans la presse
locale. Le premier a concerné l’avenir du
port de Marseille. Le candidat Guérini prépare un voyage à Barcelone, où il analysera l’évolution du grand port Catalan, pour
lester ses prises de position sur le sujet.
M. Guérini a préalablement pris soin de
mettre de l’ordre dans son camp. Onze des
douze conseillers municipaux communistes ont rallié sa liste, au grand dam du
secrétaire fédéral du PCF, qui réclame une
réunion officielle de concertation que le
candidat socialiste lui refuse. Pour la première fois depuis les élections municipales de 1989, il n’y aura donc pas de dissidence de gauche dans la campagne. Hormis de possibles listes d’extrême gauche
dans les huit secteurs municipaux, qui ne
devraient pas perturber l’unité retrouvée
C
de la gauche de gestion. En face, le candidat inavoué Jean-Claude Gaudin (UMP)
refuse de répondre aux questions des journalistes sur une campagne qu’il ne veut
pas démarrer avant mi-janvier 2008. Son
premier adjoint, Renaud Muselier, n’a pas
ces pudeurs. « Nicolas Sarkozy fait 56 %
sur la ville, nous avons six députés sur huit
depuis juin 2007 et, tous les sondages le
disent, le maire est très aimé des habitants »,
explique-t-il.
Dominique Tian, député UMP et maire
d’un secteur sud de la ville, affiche la
même confiance : « Notre bilan sur le
renouveau de la ville est incontestable et JeanClaude Gaudin a une grosse cote d’amour.
Nous proposerons un programme qui permettra à chacun de comprendre que nous
continuons notre action : les Marseillais
nous reconduiront. »
« Quand on publie les listes, on fait forcément des mécontents, surtout si on pratique
l’ouverture », ajoute Renaud Muselier
pour justifier leur publication le plus tard
possible. Tout en misant sur l’arrivée possible de l’ancien socialiste Philippe Sanmarco sur les listes de la majorité sortante.
Bloc contre bloc
Le candidat Guérini « souhaite aussi
l’ouverture », mais il insiste surtout sur
« la diversité » : ses listes devraient comprendre des jeunes femmes en bonne position et plusieurs noms arabes.
Divisé entre caciques de centre-droit
(Jacques Rocca-Serra) et ambitieux issus
des Verts (Jean-Luc Bennahmias), le
MoDem n’a à peu près aucune chance de
marquer des points lors de cette bataille,
qui se jouera bloc contre bloc, droite
contre gauche. a
Michel Samson
Le candidat PS aux municipales, Jean-Noël Guérini, dans sa permanence de campagne, vendredi 16 novembre. TSCHAEN/SIPA
Les municipales s’annoncent très difficiles pour le FN
MARSEILLE
CORRESPONDANT
Le Front national des Bouches du Rhône
aborde les municipales de mars 2008 en
fort mauvais état. Son secrétaire départemental, Jackie Blanc, reconnaît que la
scission mégrétiste de 1998 lui « a porté
un grand tort ». Les sections se sont
vidées de leurs adhérents.
A Marseille, outre un local presque
toujours désert, il ne reste que trois permanences épisodiquement ouvertes. La
plus dynamique d’entre elles se trouve
dans un secteur bourgeois de la ville,
quand les meilleurs scores viennent des
quartiers pauvres.
Optimiste, Jackie Blanc espère malgré
tout que son parti « atteindra à Marseille
les résultats de 1995 », quand neuf
conseillers nationalistes siégeaient au
conseil municipal, qui en compte 101. En
2001, ce sont les mégrétistes qui avaient
raflé la mise, même s’ils n’avaient obtenu que trois sièges au conseil municipal.
Stéphane Ravier, frontiste aux positions
radicales, sera chargé de conduire cette
campagne municipale. Il a été choisi par
Jean-Marie Le Pen, au grand dam d’un
autre postulant, Stéphane Durbec, qui
brigue la tête de liste pour le conseil
régional, où il siège depuis 1996.
L’échéance électorale de mars 2008
s’annonce donc très difficile pour le FN.
D’abord parce qu’il n’est pas exclu que
Bruno Mégret monte une liste. Et surtout parce que l’élection municipale a
toujours été délicate pour le FN à Marseille, qui n’y a obtenu que de piètres
résultats, alors qu’il triomphait localement dans des scrutins à portée nationale.
Le fait que la droite locale ait réussi à
siphonner deux tiers des voix frontistes
aux dernières législatives va rendre
l’épreuve encore plus dure pour les militants du FN qui, eux, ne tablent que sur
trois ou quatre conseillers municipaux.
La « résurrection du Front national » que
prédit Stéphane Durbec pour mars 2008
paraît bien improbable. a
M. Sn.
JUSTICE PROCÈS D’YVAN COLONNA
La polémique autour de la taille de l’assassin
du préfet Erignac avive les tensions du procès
LE DOCTEUR Paul Marcaggi a
été victime de son succès médiatique. Présenté comme l’auteur
d’un « coup de théâtre » au procès d’Yvan Colonna, après ses
déclarations à l’audience jeudi
15 novembre, selon lesquelles l’assassin du préfet devait être de
« haute stature » – or M. Colonna
mesure 1,72 m –, cet expert
médico-légal qui a réalisé l’autopsie de Claude Erignac, est apparu
en retrait, lors de sa nouvelle audition devant la cour d’assises spéciale de Paris, lundi 19 novembre.
« Il ne vous a pas échappé que
votre précédente déclaration a suscité quelques commentaires… », lui a
dit le président Dominique Coujard, en l’accueillant à la barre.
« Oui, j’ai lu cela dans la presse »,
a répondu sobrement l’expert, en
rappelant le contexte dans lequel
il avait été amené à tenir ces propos sur la « taille présumée » du
tireur. « C’est à la suite d’une ques-
tion de l’avocat général que j’ai
abordé ce sujet. D’une part, je n’ai
pas été formel, d’autre part cette
question ne correspond pas à ma
mission, mais à celle de l’expert
balistique », a-t-il précisé.
Accusation sous pression
La polémique s’est poursuivie
avec la diffusion des photos de l’expertise qui, contrairement aux
dires de l’expert, font apparaître
une trajectoire verticale du premier projectile – mortel – qui a
atteint le préfet. Cette vision, a
observé le docteur Marcaggi, doit
être nuancée par la difficulté à établir la position exacte de la victime
au moment du tir. Au terme d’une
longue explication technique, il
est surtout apparu que rien ne permettait d’en conclure un élément
décisif à la charge ou à la décharge
d’Yvan Colonna, d’autant que l’expert balistique n’a pas répondu à
la convocation de la cour.
Cet épisode est surtout significatif du climat particulier de ce procès où tout est susceptible de s’enflammer à chaque instant. Les premières déclarations de l’expert
médico-légal n’avaient en effet
suscité, à l’audience, aucun débat.
La défense a adroitement engrangé le succès foudroyant que les
phrases de l’expert remportaient
devant micros et caméras. Ce n’est
que le lendemain, constatant les
dégâts qu’ils avaient provoqués,
que l’avocat général Yves Jannier
a réagi avec virulence, en relançant du même coup une polémique qu’il voulait éteindre.
A l’arrivée, le match est nul
mais il révèle l’hypersusceptibilité
d’une accusation sous pression, la
promptitude de la défense à exploiter la moindre faille, et l’intérêt
que ce procès suscite, alors même
que l’on n’a pas encore abordé le
cœur du dossier. a
Pascale Robert-Diard
MÉDECINE UN LABORATOIRE AMÉRICAIN RECONNU RESPONSABLE
Victime des effets secondaires de son traitement,
un malade de Parkinson réclame 400 000 euros
NANTES
CORRESPONDANT
En février 2003, le traitement a
fait « l’effet d’un coup de fouet ».
« Le médicament m’a donné une
énergie folle. Du jour au lendemain,
j’ai commencé à faire un footing à
5 heures du matin », raconte
Didier Jambart, cadre de la Direction des constructions navales à
Indret, près de Nantes. Pour lutter
contre sa maladie de Parkinson,
son neurologue lui a alors prescrit
un médicament dopaminergique
fabriqué par un laboratoire américain.
Rapidement, le patient est pris
d’hypersexualité.
Puis,
à
l’été 2004, alors que son praticien
augmente la posologie, vient la pas-
sion du jeu sur Internet. « J’ai commencé par 10 euros et je suis monté
en flèche. Au mois de novembre, je
perdais 10 000 euros par mois. »
En un an, M. Jambart engloutit
« pas loin de 150 000 euros », dilapide économies et héritages, utilise frauduleusement les numéros
de cartes bancaires de ses proches : « Je ne pouvais plus résister à
mes envies. Je jouais pour jouer, pas
pour gagner. Toute mon euphorie
passait par là. J’ai même vendu des
jouets de mes enfants pour récupérer
de l’argent. »
Après trois tentatives de suicide,
Didier Jambart rencontre le professeur Philippe Damier. Le chef du
service de neurologie du CHU de
Nantes fait le lien entre ses déboi-
res et le médicament. Le traitement est modifié, les troubles s’estompent. « Le fabricant américain
avait minimisé les effets secondaires
néfastes sur la notice », indique
M. Jambart. En octobre 2006, le tribunal correctionnel de Nantes
déclare M. Jambart irresponsable
de la trentaine de vols qu’il a commis.
La Commission régionale de
conciliation et d’indemnisation
des accidents médicaux vient de
reconnaître la responsabilité du
laboratoire américain (à hauteur
de 80 %) et du neurologue. M. Jambart estime son préjudice à
400 000 euros. Son indemnisation sera fixée dans un mois. a
Yan Gauchard
Economie & Entreprises
0123
Mercredi 21 novembre 2007
13
Finance La banque d’affaires américaine Goldman Sachs révise en très forte hausse les pertes du secteur
européenne (BCE) à injecter de l’argent
pour rétablir la confiance – a surpris les
banquiers les plus expérimentés. Mais la
bonne santé des banques les rassure : la
crise intervient à un moment où celles-ci
ne sont jamais aussi bien portées. Au prix
d’importantes restructurations et de
fusions depuis dix ans, elles ont renforcé
leur capacité de résistance.
« La rentabilité des banques s’est encore
améliorée en 2006, notamment pour les
moyennes et les grandes », relève la BCE
dans un rapport sur la stabilité bancaire
paru le 14 novembre. Pour la BCE, « la
forte rentabilité des banques (…), ainsi que
le renforcement de leur solvabilité, feront
office d’amortisseurs face à d’éventuelles
pertes, prévues ou pas ».
« Subprimes » :
les banques pourraient
perdre 2 000 milliards
de dollars
J
usqu’où la facture de la crise financière
grimpera-t-elle pour le secteur bancaire mondial ? A mesure que la situation
se dégrade sur le marché du logement
américain – « un déclin sans précédent
depuis la Grande Dépression » de 1929, estime la banque américaine Wells Fargo –, les
banques révisent en hausse le montant de
leurs pertes. Celles-ci atteignent désormais
un montant cumulé de 65,3 milliards de
dollars (44,3 milliards d’euros), dont les
trois quarts pour les banques américaines
(48 milliards de dollars).
Pris dans la tourmente, le numéro un
mondial, Citigroup, a déjà dû rayer près de
16 milliards de dollars de valeur dans ses
livres. Il pourrait subir 15 milliards de dollars de dépréciations d’actifs supplémentaires, selon les calculs de sa rivale américaine Goldman Sachs.
Cette inflation arithmétique affole les
boussoles. Depuis quelques jours, les économistes employés par les grandes institutions financières revoient à la hausse leurs
prévisions du coût de la crise pour les
années à venir. Après l’estimation de
400 milliards de dollars calculée par la
Deutsche Bank fin octobre, un chiffre fondé
sur des hypothèses économiques déjà pessimistes, Goldman Sachs pousse aujourd’hui
le curseur à 2 000 milliards de dollars.
C’est plus que le produit national brut
(PNB) de l’Italie (1 724,9 milliards de dol-
lars en 2005) et presque autant que celui
de la France (2 177,7 milliards). Pour
mémoire, aux débuts de la crise financière,
cet été, la Réserve fédérale américaine
(Fed) en avait chiffré l’impact à 100 milliards de dollars.
Ces nouveaux chiffrages, bâtis sur des
scénarios catastrophes, s’efforcent d’anticiper au maximum les effets de la crise partie des Etats-Unis. Ils agrègent des pertes
directes (crédits immobiliers impayés) et
indirectes (importantes pertes de valeurs
sur des instruments financiers adossés à
ces crédits, activité bancaire au ralenti
etc.), déjà constatées comme à venir.
Un secteur fortement capitalisé
Ainsi, pour parvenir à son chiffrage de
2 000 milliards de dollars, Goldman
Sachs a considéré qu’une perte d’un dollar sur un crédit hypothécaire entraîne
une diminution de dix dollars sur la production de crédits nouveaux. Ce calcul
répond à une logique simple : moins les
banques gagnent d’argent, moins elles
en prêtent. Toute crise entraîne un effet
de rationnement du crédit.
Bien que ces chiffrages soient sujets à
caution – la plupart des modèles économiques des banques restant bâtis sur une
crise à 200 milliards de dollars –, ils
posent la question de la capacité de résistance du secteur bancaire mondial à une
crise financière violente et durable. Pourrait-il affronter un tel choc ? Quelles en
seraient les conséquences ?
D’un point de vue global, l’inquiétude
n’est pas de mise. Pour violente qu’elle
soit, la crise n’a altéré, à ce jour, que les
résultats des banques sans entamer leurs
fonds propres. Même si cela devait être le
cas, le niveau élevé de capitaux du secteur bancaire a de quoi rassurer.
Selon l’éditeur d’informations économiques Bureau van Dijck, qui développe
l’outil Bankscope, sur les 1 000 plus grandes banques mondiales, 467 possèdent
La propagation de la crise, notamment
aux assureurs, déprime les marchés boursiers
sée par les agences financières
Jeudi 15 novembre, une dépêche
de l’agence Bloomberg estimait
que « les abaissements de notations de MBIA et Ambac pourraient coûter 200 milliards de dollars ». « Il s’agit là d’un sujet très
sensible politiquement, puisqu’une
baisse de la notation des émetteurs
obligataires se traduirait par de
nouvelles ventes forcées et pourrait
couper purement et simplement
l’accès au marché pour certains
émetteurs, renforçant ainsi la probabilité d’une crise de crédit de très
grande envergure » estiment les
analystes de la Société générale
dans une note du 16 novembre.
La crise des subprimes touche
aussi le secteur de la réassurance.
Le numéro un mondial, Swiss Re
a estimé, le 19 novembre, que son
exposition à la crise du marché
américain du crédit hypothécaire
à risque allait lui coûter 1,2 milliard de francs suisses (730 millions d’euros). Cette perte est le
résultat de l’« exposition du groupe à deux dérivés de crédit » qui
ont subi « un abaissement de notation sans précédent et sévère de la
part des agences de notation en
octobre », écrit Swiss Re. Les
investissements dans les subprimes ont enregistré des dépréciations de 62 % par rapport à leur
valeur initiale. a
LES EFFETS de la crise des crédits immobiliers à risque (subprimes) sur le secteur financier tétanisent les investisseurs. La moindre mauvaise nouvelle fait plonger les marchés boursiers. Lundi
19 novembre, une nouvelle vague
de craintes a fait reculer la Bourse de New York. Le Dow Jones et
le Nasdaq ont cédé tous deux
1,66 %. L’angoisse liées aux subprimes touche aussi l’Europe. A
Londres, le FTSE a décroché lundi de 2,71 %, tandis qu’à Paris le
CAC 40 a baissé de 1,65 %.
L’origine de ces craintes tient
à l’incertitude concernant l’ampleur des pertes sur le secteur
financier. Au fur et à mesure de
l’aggravation de la crise, les analystes érigent des scénarios de
plus en plus pessimistes. Lundi,
les nouvelles estimations de la
banque d’affaires Goldman
Sachs concernant les dépréciations à venir du numéro un mondial, Citigroup, ont particulièrement inquiété.
Après les banques, ce sont
désormais certaines compagnies
d’assurances dites « monoline »
qui sont très touchées. Méconnus
du grand public, ces assureurs,
très bien notés par les agences
financières en raison de l’importance de leurs fonds propres,
accordent leur caution à des
émetteurs d’obligations pour
leur permettre de diminuer le
coût de leur emprunt et attirer
plus d’investisseurs. Ils s’engagent aussi à rembourser les
emprunts en cas de défaillance
de l’émetteur. Ces assureurs se
rémunèrent sur l’économie réalisée par les émetteurs qui ont
recours à leur service.
Lancée au début des années
1970 aux Etats-Unis, cette activité a rencontré un vif succès
auprès des collectivités locales et
des municipalités qui ont eu
recours à ces assureurs pour
emprunter dans les meilleures
conditions. Cela leur a permis
notamment d’éviter de faire des
crédits bancaires.
SIDÉRURGIE
CONSOMMATION
ÉNERGIE
BHP Billiton approche deux
géants sud-coréens de l’acier
Les Français achètent de plus
en plus en maxidiscompte
Les cours du pétrole
sont toujours soutenus
Le PDG de l’anglo-australien BHP
Billiton, Marius Kloppers, devait
rencontrer, mardi 20 novembre,
les patrons des sidérurgistes sudcoréens Posco et Hyundai Steel
en vue d’un rapprochement. La
première compagnie minière du
monde est un des grands fournisseurs en matières premières des
deux groupes. BHP vient d’essuyer un refus de la part de son
rival Rio Tinto qu’il veut racheter
pour 150 milliards de dollars.
Les ménages français achètent de
plus en plus leurs produits alimentaires dans les magasins à bas prix
(maxidiscompte), en particulier
les plus démunis, indique, mardi
20 novembre, une étude de l’Institut national de la statistique et des
études économiques (Insee). Leur
proportion est passée de 7 % en
2001 à 13 % en 2006. Les 20 % de
ménages ayant le niveau de vie le
plus bas y réalisent près de 20 %
de leurs dépenses d’alimentation.
Le cours du pétrole reculait légèrement, mardi 20 novembre (à
94,38 dollars le baril), dans les
échanges électroniques en Asie,
mais les courtiers estimaient que ce
repli est temporaire. Lundi, ils
étaient restés fermes à New York,
soutenus par les tensions au sein
de l’Organisation des pays exportateurs du pétrole (OPEP) sur la chute du dollar. Le baril pour livraison
en janvier avait gagné 80 cents, à
94,64 dollars.
Abaissements de notation
Progressivement les assureurs
« monoline » se sont intéressés à
produits plus sophistiqués comme les dérivés de crédits (CDOs,
Collaterised Debt Obligations). Ils
auraient garanti 1 000 milliards
de dollars (680 millions d’euros)
d’obligations municipales et de
dérivés de dette, selon Bloomberg.
L’inquiétude concerne l’ensemble du secteur dont les deux
leaders sont les groupes américains MBIA et Ambac dont les
cours ont plongé respectivement
de 71 % et 52 % depuis le début
de l’année et ont enregistré leurs
premières pertes trimestrielles.
Les analystes redoutent que ces
assureurs voient leur note abais-
Dominique Gallois
et Claire Gatinois
des données exploitables. Elles affichent
ensemble 4 427 milliards de dollars de
fonds propres, un confortable coussin de
sécurité face à une crise même coûteuse.
Cela, bien sûr, n’exclut pas des accidents
et des défaillances localisées, d’établissements spécialisés de taille modeste.
Les autorités bancaires européennes
sont sereines face à ce qu’elles ne qualifient pas encore de crise financière mais
de « correction significative des marchés ».
Certes, la brutalité avec laquelle la crise
de liquidités de l’été s’est manifestée en
Europe – obligeant la Banque centrale
Risques accrus
Ce discours n’empêche pas la BCE de
rester prudente. « Les risques à court terme se sont accrus (…), les interrogations des
marchés sur les prévisions de résultats aussi, avertit la BCE, ces problèmes pourraient
être aggravés par des développements inattendus sur le marché des crédits hypothécaires américains (…). »
La même analyse prévaut dans les
agences de notation. Tout en s’attendant
à « d’importantes fluctuations des résultats trimestriels » après des années
records, Arnaud de Toytot chez Standard
and Poor’s juge « les banques robustes »
et « leur capacité de résistance solide ».
S’agissant de la France, Stéphane
Le Priol de Moody’s voit les banques
« bien armées pour affronter une crise,
étant solidement capitalisées et dotées de
modèles d’activités équilibrés ». Il parle
d’« une crise gérable, en regard d’une exposition limitée aux risques, sauf si celle-ci
devait s’aggraver et s’étendre à d’autres
actifs ». Moody’s a soumis toutes les banques françaises à des « stress-tests » et,
rapporte M. Le Priol, « même dans le pire
des cas [si toutes les activités souffraient],
toutes retrouveraient, dès juin 2008,
c’est-à-dire en un an, leur niveau de solvabilité de juin 2007 ». a
Anne Michel
Economie & Entreprises
14
0123
Mercredi 21 novembre 2007
Prix de l’eau : les entreprises du secteur dénoncent
les « graves erreurs » de l’UFC-Que Choisir
L’association de consommateurs
avait dénoncé, fin octobre,
la surfacturation de l’eau
et les « bénéfices faramineux »
des principaux groupes français
spécialisés dans sa distribution
PRIX DE L’EAU EN 2007 (POTABLE + ASSAINISSEMENT), en euros par m3
Dans les cinq plus grandes villes de chaque pays
(Moyenne)
Dans les grandes villes d’Europe
7,6
L
5,6
5,7
5,1
3,9
3,8
4,4 4,3
4,1
3,4
2,9 2,66
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3,7 3,5
3,1
3,0 2,9 2,8
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n
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ar
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0,83
le
m
’enquête de l’association de consommateurs UFC-Que Choisir sur le prix
de l’eau, rendue publique le 29 octobre 2007 et qui a eu un considérable retentissement médiatique, comporte de graves
erreurs de calcul et ses résultats ne sont pas
crédibles », a dénoncé, lundi 19 novembre, lors d’une conférence de presse, Bernard Guirkinger, président de la Fédération professionnelle des entreprises de
l’eau (FP2E) et PDG de la Lyonnaise des
eaux (groupe Suez), qui estime que
« l’UFC a voulu jeter l’opprobre sur toute
la profession ».
La FP2E conteste la méthode consistant à calculer un prix de revient théorique du mètre cube (m3) d’eau, à partir de
données issues de rapports publics divers,
et à le comparer au prix facturé aux usagers, pour conclure que les écarts constatés aboutissent à des « bénéfices faramineux » de 43 % à Nancy, 56 % à Lyon,
61 % en Ile-de-France, 67 % à Marseille.
« Il est faux de prétendre qu’il s’agit de
bénéfices. Notre marge se situe plutôt
autour de 7 % », argumente M. Guirkinger : « L’UFC a sous-estimé nombre de
dépenses, notamment d’analyses de la qualité de l’eau, d’assurances, d’impôts et surtout de frais de personnels, qu’elle a carrément divisés par deux. Depuis la loi
Mazeaud du 8 février 1995, les comptes des
9 000 collectivités locales qui font appel à
nos entreprises sont publics et la plupart
d’entre elles font réaliser des audits de nos
prestations par des experts indépendants,
au moins tous les cinq ans, dans le cadre de
la clause de renégociation des contrats. »
« Tous les calculs sont consultables sur
notre site Internet et s’appuient sur des rapports publics », rétorque François Carlier,
directeur adjoint de l’UFC-Que Choisir,
chargé des études : « Ce sont effectivement des prix que nous avons reconstitués,
sans nous fier à ces fameux “comptes
annuels”, documents peu détaillés et qui
Plus chère au Danemark, l’eau est meilleur marché en Italie
Source : NUS Consulting
reprennent les sommes facturées par les distributeurs aux communes, celles-là mêmes
que nous contestons. »
« Incohérence »
Dans son enquête, l’UFC avait décerné
un satisfecit à quatre villes, ClermontFerrand, Annecy, Chambéry et Grenoble,
dont le taux de marge, selon ses calculs,
va de 10 % à 20 %, avec un prix de revient
théorique de 0,76 euro le m3. « Il est logique que l’eau soit moins chère dans ces vil-
les de montagne, où elle est abondante et
n’a pas besoin d’être traitée », fait remarquer Antoine Frerot, vice-président de la
FP2E, « tandis que les villes mal classées,
comme Lyon, Gennevilliers, Marseille et les
communes d’Ile-de-France, avec de prétendues marges supérieures à 50 %, arriveraient à un coût théorique de 0,57 euro le
m3, bien inférieur, alors qu’elles puisent,
elles, dans des rivières polluées, ce qui nécessite de coûteux traitements. Cela montre, à
notre avis, l’incohérence de cette étude. »
En France, un budget de 30 euros par mois et par famille
Le marché de l’eau, en France, représente 4,4 milliards de mètres cubes (m3) distribués et un chiffre d’affaires de 13 milliards d’euros, assuré à 57 % par des opérateurs privés, 33 % par les collectivités
locales et 10 % par l’Etat et les agences
de l’eau. Trois grands distributeurs dominent le marché : Veolia (ex-Générale des
Eaux), Lyonnaise des Eaux (Groupe
Suez) et la Saur, récemment acquise par
l’ingénierie Séché Environnement.
Les Français consacrent en moyenne
30 euros par mois et par famille à leur
facture d’eau, soit de 0,6 % à 0,8 % de
leur budget et paient le m3 en moyenne
2,92 euros TTC, soit beaucoup moins
que les Danois (5,63 euros) ou les Allemands (5,09 euros), mais un peu plus
que les Finlandais (2,84 euros) ou les
Suédois (2,66 euros) et beaucoup plus
que les Espagnols (1,56 euro) ou les Italiens (0,83 euro), en notant que ces deux
pays sont encore loin des normes d’assainissement réclamées par l’Europe, faute
d’équipement suffisant en stations
d’épuration.
L’UFC assure avoir tenu compte des
coûts de traitement de la ressource,
mais « plus que le coût du traitement des
eaux, ce qui est déterminant dans le prix
du m3, c’est la densité de l’habitat et l’entretien des 830 000 kilomètres de canalisations. Dans les zones rurales, comme l’Allier ou la Manche, il faut entretenir et réparer 25 à 30 mètres de canalisation par
habitant, contre seulement 2 à 3 mètres,
en ville », détaille M. Carlier : « C’est la
raison pour laquelle notre coût théorique
est moins élevé dans les zones urbaines »,
conclut-il.
L’UFC fait valoir qu’à la suite de l’enquête 2006, trois villes, Paris, Angers et
Annecy, ont ouvert leurs livres de comptes à ses enquêteurs et invite d’ailleurs
toutes les collectivités locales et leurs
partenaires à faire part, sur le site de l’association, de leurs remarques. Les distributeurs en appellent, eux, au ministre
de l’écologie et du développement durable pour organiser un débat sur le coût
de ce service public : « D’accord !
Confrontons nos chiffres », réplique
l’UFC-Que Choisir. a
servant ses marges, explique M. Amar.
En 2005, son entreprise a ainsi pris une
participation dans WHKS, fournisseur à
la Bourse aux fleurs hollandaise, « plaque tournante » du marché et a racheté,
en 2006, la centrale d’achat GDV.
La société doit aussi sa réussite à un
marketing intensif appliqué notamment
sur les boutiques « Happy », détenues à
30 % par le groupe. Cette chaîne de fleuristes au style épuré est qualifiée de
« hype discount ». Ces boutiques proposent des nouveautés comme des fleurs
tatouées ou le « nano-bouquet » (un bouquet à taille réduite), à très bas prix.
La vente par Internet n’a pas été
oubliée mais « n’est pas encore la priori-
LE TITRE du groupe de cosmétiques
français Clarins a touché son plus haut
niveau à la Bourse de Paris lundi
19 novembre. L’action a clôturé en hausse de 7,70 % à 64,51 euros après avoir
atteint, en cours de séance, un pic à
67,80 euros. Clarins a profité de rumeurs
autour de son rachat par le groupe de
luxe et de distribution PPR. Selon des
informations données par La lettre de
L’Expansion du 19 novembre, le groupe
de François-Henri Pinault aurait en effet
pour ambition de rapprocher Clarins de
sa filiale YSL Beauté. Une semaine plus
tôt, c’était L’Oréal qui était pressenti
pour racheter la marque.
Clarins, détenu à 70 % par la famille
Courtin-Clarins, serait sans doute plus
favorable à l’entrée au capital d’un partenaire, plutôt qu’à la vente complète de
ses titres. Les actionnaires familiaux
n’ont cependant donné aucun signe permettant d’anticiper cette cession. Tout
n’est que spéculations et suppositions, le
groupe refusant encore de communiquer
sur ces rumeurs dans la journée de lundi.
Même silence du côté de PPR.
té », ajoute M. Amar. Selon ce dernier, le
Net n’est pas encore assez utilisé par les
clients. Aujourd’hui environ 3 % des ventes de fleurs et plantes en France se font
sur la Toile.
Avec les fonds collectés en Bourse,
Monceau Fleurs compte racheter la totalité du capital de Happy et de WHKS. Par
un effet mécanique cette opération permettra à M. Amar d’augmenter sa participation dans le groupe, qui devrait atteindre entre 65 % et 70 %. L’entrée sur Alternext permettra aussi d’accélérer le développement de la société à l’international.
D’ici à 2009, Monceau Fleurs vise un
chiffre d’affaires de 50 millions d’euros. a
Claire Gatinois
Sylvie Chayette
Isabelle Rey-Lefebvre
Monceau Fleurs entre sur Alternext, la Bourse des PME
si démontrer la pertinence de sa stratégie.
Depuis 1985 et l’ouverture de la première
boutique, boulevard de Courcelles, à Paris
près du parc Monceau, sa société s’est
transformée en une petite multinationale.
Présent dans quatre pays, dont le
Japon, Monceau Fleurs réalise, via
144 points de vente – franchisés pour la
plupart –, 85 millions d’euros de chiffre
d’affaires dont 33,6 millions sont consolidés par la société. Ce volume de ventes,
alors qu’un client achète en moyenne en
France moins de 30 euros de fleurs par
an, est le fruit d’une politique de prix
agressive obtenue grâce à la maîtrise progressive de la chaîne de distribution. « Le
seul moyen de jouer sur les tarifs » en pré-
Le titre Clarins
flambe sur des
rumeurs de rachat
par PPR et L’Oréal
Un secteur très concurrentiel
En 2006, dans un secteur où la concurrence est particulièrement exacerbée, Clarins a dégagé 653 millions d’euros de chiffres d’affaires, sur les 967,2 millions
d’euros de vente réalisées par l’ensemble
du groupe. Mais des difficultés seraient
apparues avec la filiale américaine.
De plus, Patrick Bizot, membre du
directoire du groupe et président de la
marque, a démissionné soudainement, il
y a environ un mois. Ce départ précipité
est par ailleurs intervenu peu de temps
après un avertissement sur résultats du
groupe de cosmétiques. Mi-septembre,
Clarins avait en effet prévenu que sa marge d’exploitation allait reculer en 2007,
après une chute de ses bénéfices au premier semestre.
La liste des repreneurs potentiels de
Clarins est importante et variée. Elle comprend par exemple les firmes américaines Procter & Gamble (P & G) – le géant
mondial de la lessive et des produits d’hygiène personnelle – ou Estée Lauder, ainsi que le japonais Shiseido ou l’allemand
Beiersdorf.
Outre-Atlantique, le marché mise de
son côté plutôt sur une prochaine cession
d’Estée Lauder à P & G. Ce dernier ne
cache pas sa volonté de se développer sur
le créneau des cosmétiques haut de gamme. Premier signe : Fabrizio Freda, responsable de l’activité « snacks » chez
P & G a été nommé président et directeur
exécutif d’Estée Lauder, remplaçant l’héritier William Lauder. Il prendra ses fonctions en mars 2008.
William Lauder, interrogé par le Wall
Street Journal, a malgré tout démenti vouloir se séparer du groupe familial.
« Notre famille est impliquée dans la société et nous pensons que les intérêts de cette
compagnie seront mieux défendus si elle reste une société indépendante concentrée sur
le marché des cosmétiques de prestige »,
a-t-il assuré. a
MARCHÉS 30 MILLIONS D’EUROS DE LEVÉE DE FONDS
MONCEAU FLEURS, la chaîne des fleuristes du même nom et des enseignes
« Happy », a programmé son entrée en
Bourse. L’opération, prévue le 7 décembre sur Alternext, le marché dédié aux petites et moyennes entreprises (PME), permettra au groupe familial, détenu à 51 %
par Laurent Amar, fils et petit-fils des fondateurs, de récolter 30 millions d’euros.
Dans un premier temps l’offre sera réservée aux seuls investisseurs qualifiés mais
le grand public devrait aussi « prochainement » pouvoir acheter des actions. Cette
opération « se fera », promet M. Amar.
Pour ce dernier, l’entrée en Bourse est
une consécration. « Cela fait dix ans que
j’attends ça », glisse-t-il. M. Amar peut ain-
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HEWLETT-PACKARD (HP) creuse l’écart avec ses concurrents. Le
constructeur informatique californien, qui a ravi le leadership mondial sur le marché du PC au texan
Dell mi-2006, a rendu publics lundi 19 novembre, des résultats pour
son exercice annuel 2006-2007
supérieurs aux attentes.
Son chiffre d’affaires a progressé de 14 %, à 91,7 milliards de dollars (62,3 milliards d’euros) et
ses profits ont augmenté de 17 %,
à 7,3 milliards de dollars, en partie grâce au succès de ses ordinateurs portables dont les ventes
ont bondi de 49 % au dernier trimestre de son exercice.
Désormais l’institut d’études
IDC estime la part de marché
mondiale de HP (en terme d’unités vendues) à 19,5 % (contre
19,2 % à l’été 2007). Dell (qui n’a
pas encore communiqué ses résul-
tats du troisième trimestre 2007),
ne serait plus cet automne qu’à
15,1 % de parts de marché, contre
16 % cet été.
« Nous espérons que nos ventes de
PC vont encore croître de 30 % en
2008, en dépit d’une demande globale qui risque de diminuer », selon
Francesco Serafini, PDG Europe
de HP. Très optimiste, le constructeur prévoit, pour son prochain
exercice annuel, de dépasser le cap
des 100 milliards de dollars de revenus, à 111,5 milliards de dollars.
Si tel était le cas, HP fondé il y a
presque cinquante ans par les
ingénieurs Bill Hewlett et Dave
Packard, pourrait devenir la plus
grosse entreprise « high tech »
du monde, passant devant « Big
Blue » (IBM). Ce dernier est sorti
du marché du PC en 2004 pour se
recentrer sur les services informatiques et l’édition de logiciels.
HP revient de loin : réalisée en
2002, la fusion géante avec Compaq a mis du temps à porter ses
fruits. Ces difficultés ont coûté
son poste à Carleton Fiorina, la
pédégère de l’époque, qui a quitté
le groupe en 2005. Les analystes
saluent aujourd’hui les choix de
son remplaçant, Mark Hurd. Il a
taillé dans les effectifs (licenciant
environ 10 % des employés) et
mis l’accent sur le réseau de distribution du groupe. Sans pour
autant renoncer à son caractère
très diversifié : le groupe est toujours présent dans l’édition de
logiciels, le stockage de données
informatiques, la fabrication d’imprimantes et la photographie
numérique.
« Le constructeur doit faire attention à ne pas s’endormir sur ses lauriers. Dell travaille très dur pour
remonter la pente, avec une nouvelle
approche du marché. Le texan a les
ressources et les compétences requises pour revenir sur le devant de la
scène », prévient cependant David
Daoud, consultant chez IDC. Rappelé au début de cette année à la
tête de l’entreprise qu’il avait fondée en 1984, Michael Dell a rapidement mis en place un nouveau
mode de distribution pour ses
ordinateurs. Rompant avec une
distribution exclusivement sur
Internet, le groupe multiplie les
partenariats avec des réseaux de
revendeurs.
Le taïwanais Acer, récemment
devenu numéro trois mondial grâce au rachat de Gateway constitue
aussi une sérieuse menace. « C’est
un adversaire de poids, reconnaît
M. Serafini, mais il est encore très
concentré sur les ordinateurs à bas
coûts. » a
Cécile Ducourtieux
Economie & Finances
0123
Mercredi 21 novembre 2007
AGROALIMENTAIRE
La bataille judiciaire entre Nestlé
et Netcacao s’envenime
Netcacao, le repreneur de l’ancien site de
Nestlé à Saint-Menet (Bouches-du-Rhône), a annoncé, lundi 19 novembre, avoir
chargé son avocat de « porter une première
plainte pour pression sur la justice et une
autre pour dénonciation calomnieuse ». Cette décision fait suite à l’annonce par Nestlé
du dépôt d’une plainte pour chantage
contre Netcacao (Le Monde daté
18-19 novembre). Ce dernier avait assigné
au printemps Nestlé devant le tribunal de
commerce de Paris pour « dol » (tromperie), considérant n’avoir pas été correctement informé de l’état de l’usine. Le jugement sera rendu le 7 décembre.
TRANSPORT AÉRIEN
Le chiffres d’affaires d’Easyjet
progresse de 11 % en 2006-2007
EasyJet, la compagnie aérienne à bas
coûts britannique a annoncé, mardi
20 novembre, avoir réalisé en
2006-2007, un bénéfice net en hausse
de 61,8 % à 152,3 millions de livres
(212 millions d’euros) pour un chiffre
d’affaires en progression de 11 % à
1,79 milliard de livres(1,4 milliard
d’euros). La compagnie a transporté
37,2 millions de passagers, soit 13 % de
plus par rapport à l’exercice précédent.
FINANCE
La Poste est autorisée à vendre des
crédits à la consommation
La Banque Postale, la filiale bancaire de
La Poste, a été autorisée à élargir son activité aux crédits à la consommation, selon
l’annonce faite, lundi 19 novembre, par la
ministre de l’économie, Christine Lagarde. La Banque Postale lancera cette activité en partenariat avec un professionnel
du secteur, dans le cadre d’une coentreprise dont elle sera l’actionnaire majoritaire
(Le Monde du 25 octobre).
15
TABLEAU DE BORD
Dubaï veut utiliser le savoir-faire
français pour ses projets grandioses
D’Abu Dhabi, la capitale des Emirats
(EAU), en passant par l’arrogante Dubaï
jusqu’à la modeste ville de Ras
Al-Khaimah, les grues sont légion et les
milliards, issus des pétrodollars, prêts à
financer tous les projets. Une seule devise est d’or dans ce coin du Golfe persique,
celle de l’émir de Dubaï, Cheikh Mohammed bin Rashid Al-Maktoum : surpasser
New York et être le numéro un dans tous
les domaines.
Tous ces grands promoteurs immobiliers vont débarquer en force à Paris, du 21
au 24 novembre, au Carrousel du Louvre,
pour le 1er forum Partenariat France-Emirats arabes unis. Le but : appâter des investisseurs français afin de créer des alliances. « Nous avons l’argent, mais nous voulons les meilleurs, ceux qui ont un vrai savoirfaire », explique Masood Al-Awar, directeur marketing de Sorouh, un promoteur
immobilier d’Abu Dhabi. Ils souhaitent
aussi inciter les plus riches à venir passer
quelques jours dans leurs flamboyants
palaces, voire les pousser à s’y installer.
Les dirigeants politiques
et économiques des Emirats
arabes unis viendront à Paris,
fin novembre, pour nouer
des alliances dans les secteurs
de l’immobilier et du tourisme
ABU DHABI, DUBAÏ (Emirats arabes unis)
ENVOYÉ SPÉCIAL
u vingt-sixième étage de ce building de verre et de marbre, la vue
sur le centre-ville de Dubaï (Emirats arabes unis) est saisissante. Au loin,
des tours et encore des tours semblent prêtes à dévorer les rares nuages. « Et dire
qu’il y a dix ans, c’était le désert, lance Medhi Amjad, 42 ans. C’est fou ! » Fou ? Le
mot paraît faible quand on sait ce que prépare le PDG d’Omniyat Properties, promoteur immobilier. Cette jeune entreprise,
créée il y a deux ans, doit construire pour
2009 le « Pad ». Budget : 400 millions
d’euros. Cet immeuble high-tech permet,
par exemple, grâce à des caméras disséminées à travers la planète, de se réveiller
avec un lever de soleil… des Caraïbes.
Mais Omniyat est tout petit par rapport
à d’autres promoteurs comme Nakheel,
Emaar, Aldar ou Al-Qudra. Ces ogres du
béton préparent pour les années à venir
des complexes immobiliers démesurés
capables d’accueillir des centaines de milliers d’habitants : îles artificielles visibles
par satellite, création de villes à l’architecture futuriste et clinquante, marinas d’un
luxe inouï, centres commerciaux monumentaux, hôtels de 5 à 7 étoiles…
A
MONNAIES TENSION SUR LES RÉSERVES DE CHANGES
La baisse du dollar provoque
l’agacement et l’inquiétude de Pékin
LA CHUTE du billet vert irrite les
autorités
chinoises.
Lundi
19 novembre, à Singapour, le premier ministre chinois Wen Jiabao,
a jugé qu’il était de plus en plus difficile de gérer les 1 430 milliards de
dollars (970 milliards d’euros) de
réserves de change à cause de la
devise américaine. « Nous n’avons
jamais connu une pression aussi forte », a-t-il déclaré, selon l’agence
Reuters. « Nous sommes inquiets sur
la manière de préserver la valeur de
nos réserves », a-t-il ajouté. Depuis
janvier, le dollar a cédé plus de 5 %
face au yuan, à 7,42 yuans, mardi.
Ces déclarations font suite à celles, tenues ce week-end lors du
sommet des pays du G20, par le
gouverneur de la banque centrale
chinoise, Zhou Xiaochuan. Il a
déclaré que Pékin souhaitait un
dollar fort. Certains économistes
craignent que la Chine ne réduise
l’exposition en dollars de ses réserves de change, ce qui pourrait faire chuter davantage le billet vert.
M. Zhou a aussi indiqué que
son pays pourrait envisager d’élargir la bande de fluctuation du
yuan, qui peut varier chaque jour
de plus ou moins 0,5 % face au dollar, depuis que cet écart a été accru
le 18 mai. « En moyenne, le yuan
n’a fluctué que de 0,13 % par jour
depuis le 18 mai, constatent les analystes d’UBS. Le yuan n’a donc pas
été limité par l’étroitesse de sa marge de fluctuation. »
Les appels américains et européens enjoignant Pékin de libéraliser son système de change se heurtent à la volonté chinoise de faire
les réformes en douceur. Les autorités pourraient craindre une sortie massive de capitaux chinois
qui déséquilibrerait le marché des
changes si toutes les barrières
étaient levées. Selon les analystes
de Morgan Stanley, la Chine
détient 8 500 milliards de dollars
d’actifs financiers, dont 3 900 milliards sont aux mains des ménages et la plupart du reste dans les
entreprises. Et les actifs étrangers,
hors réserves de change, ne représentent que 2 % de la richesse
financière chinoise (contre 18 %
au Japon et 12 % en Corée). a
SICAV ET FCP
ATOUT EURO MONDED
ATOUT FRANCE C
ATOUT FRANCE D
ATOUT MODERATIONSC
ATOUT MONDE C
ATOUT VERT HORIZ C
ATOUT VIVACTIONS C
CAPITOP EUROBLIG C
CAPITOP EUROBLIG D
CAPITOP MONETAIREC
CAPITOP REVENUS D
ATOUT HORIZON DUO
Cécile Prudhomme
Mustapha Kessous
LES BOURSES DANS LE MONDE 20/11, 9h59
Indice
% var.
Maxi
2007
Mini
2007
CAC 40
5442,99 20/11
0,19
6168,15 1/6
5217,70 17/8
CAC Mid100
7534,18 20/11
0,00
8904,67 31/5
7517,91 17/8
CAC Small 90
SBF 250
DAX Index
ALLEMAGNE
ROYAUME UNI
SUISSE
ETATS-UNIS
8480,20 19/11 -2,31 10236,96 5/7
PER
13,50
8480,20 19/11
3835,52 19/11 -1,80
4395,34 1/6
3736,16 17/8
14,10
7553,87 20/11
8151,57 13/7
6437,25 5/3
13,60
12,20
0,56
FTSE 100 index
6120,20 20/11 -0,01
6754,10 13/7
5821,70 17/8
Swiss market
8203,62 20/11 -0,81
9548,09 4/6
8194,95 20/11 13,60
Dow Jones ind. 12958,44 19/11 -1,66 14198,10 11/10 11939,61 14/3
Nasdaq composite
JAPON
2593,38 19/11 -1,66
Nikkei 225 15211,52 20/11
2861,51 31/10
1,12 18300,39 26/2
2331,57 14/3
15,10
25,20
14751,27 20/11 15,70
PER - Price Earning Ratio (ou cours/bénéfice) : cours de Bourse divisé par le bénéfice par action estimé pour
l'exercice courant. PER : Jacques Chahine Finances ; données : la Cote Bleue.
n/d : valeur non disponible.
COURS DE L'EURO
Achat
OR
Vente
MARDI 20 NOVEMBRE 10h
Cours
% var.
dollar us ................................1,4745...........1,4750
yen .......................................162,5700 ......162,5900
ONCE D'OR EN DOLLAR.................788,50.......-0,22
couronne tchèque.............26,7060.........26,7260
PÉTROLE
couronne danoise ...............7,4516...........7,4518
livre sterling.........................0,7159...........0,7161
forint hongrois...............254,5400 ......255,5400
MARDI 20 NOVEMBRE 10h
Cours
% var.
LIGHT SWEET CRUDE.......................95,10 ........1,48
zloty polonais ......................3,6790...........3,6890
couronne suédoise ..............9,2858...........9,2878
couronne slovaque ..........33,1320.........33,2320
franc suisse ...........................1,6371...........1,6376
couronne norvég. ...............8,0486...........8,0526
TAUX
TAUX D'INTÉRÊT LE 20/11
rouble...................................35,9350.........36,0350
Russie
La population russe reculera de 12 %,
soit de 17 millions de personnes,
entre 2000 et 2025, selon un rapport
publié par la Banque mondiale (BM), lundi 19 novembre à Moscou. Selon Paloma
Anos Casero, économiste à la BM, les
dégâts économiques de ce choc démographique pourront être amortis par « des
réformes destinées à donner un coup de
fouet à la productivité et à contrôler les
dépenses liées à la santé et aux retraites ».
Zimbabwe
Le gouvernement zimbabwéen a
publié un projet de loi, lundi 19 novembre, obligeant les sociétés minières
étrangères à vendre 25 % de leurs
parts à l’Etat ou à des investisseurs
locaux. Une précédente loi prévoyant déjà
la cession de 15 % de leur capital, avait
échoué, les investisseurs locaux ne parvenant pas à réunir les fonds nécessaires.
OMC
La publication du texte de compromis
sur l’agriculture, en préparation à
l’Organisation mondiale du commerce, qui était prévue au mois de novembre, est repoussée au mois de février,
selon des sources diplomatiques. Une
première mouture avait été élaborée, en
juillet, et prévoyait la réduction des subventions et la baisse des droits de douane dans les pays développés. Il s’agit
d’un nouveau report dans la conclusion
du cycle de Doha, qui était initialement
prévue pour la fin 2004.
VALEURS DU CAC40
Dernier
cours
FRANCE
Les prix à la production ont progressé
de 0,4 % sur un mois en octobre en Allemagne, et de 1,7 % sur un an, selon des
chiffres publiés, mardi 20 novembre, par
l’Office fédéral des statistiques (Destatis).
logue Christine Lagarde) et des princes
héritiers, comme celui de Ras Al
Khaimah, Cheikh Saud bin Saqr Al-Qasimi. Ils vont jouer les « VRP » afin d’attirer des entreprises françaises pour qu’elles participent à la modernisation du
pays. Dans ces villes-Etats, où la croissance est à deux chiffres, le gouvernement
émirati ne lésine pas sur les budgets
alloués aux routes, aux tramways, aux
métros… Ainsi, la ville la plus riche du
monde, Abu Dhabi, compte débourser,
dans les quinze prochaines années,
40 milliards d’euros. « C’est une opportunité sans précédent, note un représentant
français aux EAU. Nos entreprises ne doivent pas louper les contrats. »
En 2006, les investissements des sociétés françaises aux EAU ont représenté
989 millions d’euros, soit plus du quart
des investissements français au MoyenOrient. Les importations vers les EAU
ont dépassé le milliard d’euros en 2006,
soit 49 % de croissance par rapport à
2005, tandis que les exportations depuis
les Emirats totalisaient 3,4 milliards
d’euros, soit 29 % de plus qu’en 2005.
Avec 4 milliards d’euros d’échanges, la
France est aujourd’hui le 7e partenaire
économique des EAU. Plus de 200 entreprises françaises sont d’ailleurs déjà
implantées sur place.
Pour ce pays, situé à mi-chemin entre
Londres et Singapour, le gouvernement
mise notamment sur des kilomètres de
zones franches, à quelques minutes des
centres-villes, où les sociétés ne paient ni
taxes, ni impôts. a
Opération séduction
Ainsi, les EAU misent abondamment
sur le tourisme de luxe. En 2006, plus de
6 millions de personnes ont choisi Dubaï
comme lieu de villégiature (34 % sont
des Arabes, 32 % des Européens, 23 %
des Asiatiques et seulement 4 % des Américains. L’émirat compte même dépasser
les 15 millions de visiteurs dès… 2010.
A cette opération séduction de ces promoteurs s’ajoute celle de la ministre de
l’économie des EAU, Cheikha Lubna
Al-Qasimi (qui sera reçue par son homo-
Pays
Allemagne
Taux
j.le j.
Taux
3 mois
Taux
10 ans
Taux
30 ans
livre turque...........................1,7557...........1,7658
france
4,06
4,62
4,18
4,49
dollar australien ................1,6581...........1,6591
royaume-uni
5,91
6,45
4,63
4,47
dollar canadien...................1,4432...........1,4442
italie
4,06
4,62
4,34
4,79
yuan chinois .......................10,9400.........10,9500
won sud-coréen ............1352,8000 ....1353,8000
allemagne
4,06
4,62
4,01
4,42
japon
0,59
0,91
1,51
2,31
dollar néo-zéland...............1,9328...........1,9428
états-unis
4,65
4,98
4,14
4,57
rand sud-africain................9,9126...........9,9226
suisse
2,23
2,75
2,91
3,16
Mardi 20 novembre 9h45
Valeur
Dernier
cours
Cours
préc.
% var. % var.
/préc. 31/12
Plus
haut
Plus
bas
ACCOR ............................◗
AIR FRANCE-KLM .............◗
AIR LIQUIDE ......................◗
ALCATEL-LUCENT .............◗
ALSTOM.............................◗
ARCELORMITTAL ..............◗
AXA....................................◗
BNP PARIBAS ....................◗
BOUYGUES........................◗
CAP GEMINI ......................◗
CARREFOUR ......................◗
CREDIT AGRICOLE ............◗
DANONE............................◗
DEXIA.................................◗
EADS ..................................◗
EDF .....................................◗
ESSILOR INTL.....................◗
FRANCE TELECOM ............◗
GAZ DE FRANCE................◗
LAFARGE............................◗
LAGARDERE ......................◗
L'OREAL .............................◗
LVMH MOET HEN.............◗
MICHELIN ..........................◗
PERNOD RICARD ..............◗
PEUGEOT ...........................◗
PPR .....................................◗
RENAULT ...........................◗
SAINT-GOBAIN.................◗
SANOFI-AVENTIS .............◗
SCHNEIDER ELECTRIC.......◗
SOCIETE GENERALE ..........◗
STMICROELECTRONICS ...◗
SUEZ...................................◗
TOTAL ................................◗
UNIBAIL-RODAMCO ........◗
VALLOUREC.......................◗
VEOLIA ENVIRON. ............◗
VINCI..................................◗
VIVENDI.............................◗
57,34
23,00
90,80
5,35
134,22
47,89
26,35
69,56
59,08
38,13
51,19
21,70
60,52
17,20
21,92
83,20
40,91
26,85
38,19
104,86
53,23
93,31
79,30
76,42
150,21
52,34
116,61
91,95
68,48
58,85
86,65
98,75
10,94
45,23
54,44
138,94
191,91
63,94
53,81
30,46
57,15
22,92
90,43
5,31
133,75
46,63
26,28
69,75
58,80
38,05
50,99
22,22
59,90
17,38
22,02
81,67
40,63
26,61
38,35
104,34
52,96
93,58
79,33
75,70
150,05
51,79
115,78
91,13
68,04
59,06
86,05
99,33
10,90
45,20
54,01
137,27
189,65
64,17
53,67
30,24
0,33 -2,32
0,35 -27,88
0,41 0,94
0,75 -50,92
0,35 30,69
2,70 0,38
0,27 -14,09
-0,27 -15,84
0,48 21,49
0,21 -19,81
0,39 11,43
-2,34 -30,78
1,04 5,44
-1,04 -17,11
-0,45 -16,02
1,87 50,72
0,69 0,45
0,90 28,16
-0,42 9,58
0,50 -6,96
0,51 -12,74
-0,29 22,94
-0,04 -0,81
0,95 5,41
0,11 3,63
1,06 4,26
0,72 3,01
0,90 1,04
0,65 7,59
-0,36 -15,87
0,70 4,18
-0,58 -23,21
0,37 -22,25
0,07 15,29
0,80 -0,38
1,22 -24,94
1,19 -12,89
-0,36 11,38
0,26 11,18
0,73 2,87
75,32
39,40
102,12
11,86
165,90
51,99
34,88
95,07
67,43
59,87
58,46
33,74
64,17
24,96
26,48
85,20
47,50
26,97
40,09
137,20
65,29
94,90
89,36
106,70
166,66
67,35
141,50
122,87
85,85
71,95
110,26
162,00
15,61
46,72
63,40
241,50
243,25
66,25
62,41
33,04
54,72
22,22
82,58
5,27
84,55
46,35
26,10
67,54
48,42
38,01
42,82
21,70
51,30
17,18
19,35
50,90
40,10
18,88
31,22
103,66
52,75
74,25
77,06
67,75
138,11
47,41
107,80
84,30
63,70
56,20
83,47
98,40
10,87
35,06
48,33
137,02
161,29
49,74
45,65
27,92
Divid.
net
2,95
0,48
4,00
0,16
0,80
n/d
1,06
3,10
1,20
0,70
1,03
1,15
2,00
0,61
0,10
1,16
1,10
1,20
1,10
3,00
1,20
1,18
1,10
1,45
1,26
1,35
3,00
3,10
1,70
1,75
3,00
5,20
0,19
1,20
1,00
1,70
4,00
1,05
1,80
1,20
T
T
T
T
T
T
T
T
T
T
T
T
T
T
T
T
T
T
T
T
T
S
T
S
T
T
T
T
T
T
T
T
T
A
A
S
T
S
T
Code
ISIN
FR0000120404
FR0000031122
FR0000120073
FR0000130007
FR0010220475
LU0323134006
FR0000120628
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BE0003796134
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FR0000120578
FR0000121972
FR0000130809
NL0000226223
FR0000120529
FR0000120271
FR0000124711
FR0000120354
FR0000124141
FR0000125486
FR0000127771
Cours en euros.
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Valeur
Cours
date
43,18 16/11
252,73 16/11
205,65 16/11
120,13 16/11
45,15 16/11
16,36 16/11
129,60 16/11
126,01 16/11
82,71 16/11
213,38 21/11
158,35 16/11
11,44 16/11
ECUR.1,2,3 FUTUR
ECUR.ACTS EUROPEC
ECUR.CAPIPREMIEREC
ECUR.CAPITAL.C
ECUR.DYNAMIQUE +D
ECUR.ENERGIE D
ECUR.EURIBOR
ECUR.EXPANSION C
ECUR.INVEST D
ECUR.MONEPRE.INSTC
ECUR.MONEPREMIEREC
ECUR.SECURIPREM.C
ECUREUIL SENSIPREM
ECUR.TRESORERIE C
ECUR.TRIMESTRIEL D
58,66 18/11
21,41 18/11
2615,49 18/11
53,76 18/11
46,12 18/11
50,07 18/11
1181,56 18/11
17353,89 18/11
63,12 18/11
111845,71 18/11
2284,15 18/11
2458,59 18/11
3184,60 18/11
63,46 18/11
256,27 18/11
ATOUT QUANTEURO D
CAAM ACTS EUROPE C
CAPITOP MONDOBLIG
132,05 16/11
383,70 16/11
66,90 16/11
Fonds communs de placements
ATOUT EUROLAND D
ATOUT EUROPE C
197,24 16/11
586,46 16/11
7,30 15/11
4,74 16/11
21,05 16/11
167,56 16/11
13,87 16/11
38,37 19/11
46,96 19/11
Multi-promoteurs
CM EUROPE ACTIONS
en euro valeur
Fonds communs de placements
CM-CIC ACTS USA
CM- CIC ACTS JAPON
CIC PROFILE EQUILI
CM-CIC TEMPERE
CIC PLAN BOURSE
CIC FRANCE D
CIC EUROLEADERS C
31,34 19/11
Fonds communs de placements
EURCO SOLIDARITE
MONELION JOUR C
MONELION JOUR D
SICAV 5000
SLIVAFRANCE
SLIVARENTE
SLIVINTER
TRILION
261,15 16/11
549,88 19/11
424,99 19/11
195,16 16/11
298,17 16/11
40,62 16/11
142,35 16/11
779,75 16/11
CM ACTIONS EURO C
CM SELECTION PEA
CM OBLIG CT C
CM MID ACTS EUROPE
CM-CIC TEMPERE
CM-CIC DYN.EUROPE
CM FRANCE ACTION C
CM MONDE ACTIONS
CM-CIC EQUILIBRE
CM MID-ACTS FRANCE
28,19 19/11
10,19 19/11
192,20 19/11
24,04 16/11
167,56 16/11
41,18 16/11
43,81 19/11
279,28 16/11
75,75 16/11
53,42 19/11
Fonds communs de placements
DYNALION EUROPE
EGERIS AC 25-65C
EGERIS AC 25-65D
EGERIS AC 55-100C
EGERIS AC 55-100D
EGERIS AC PEA25-65
EGERIS ACPEA55-100
EGERIS PRUDENT
INTERLION
EGERIS OBJ CAC7000
101,69 16/11
198,15 19/11
157,90 19/11
185,84 19/11
153,17 19/11
177,50 19/11
68,76 16/11
201,68 16/11
305,28 16/11
110,26 16/11
Fonds communs de placements
CM-CIC DYN.INTERN.
CIC OBLI C.T. D
CIC OBLIGATIONS D
CIC EURO OPPORTUNI
30,64 16/11
132,86 19/11
25,19 19/11
40,79 19/11
LBPAM ACTIONS PACIFIQUE D
LBPAM MONETAIRE 1 C
LBPAM MONETAIRE E
LBPAM MONETAIRE1D
LBPAM OBLI COURT TERME C
LBPAM OBLI COURT TERME D
LBPAM OBLI LONG TERME 1 C
LBPAM OBLI LONG TERME 1 D
LBPAM OBLI MOYEN TERME C
LBPAM OBLI MOYENTERME D
LBPAM OBLI MONDE C
LBPAM OBLI MONDE D
LBPAM OBLI REVENUS
LBPAM PROFIL 80 PEA D
LBPAM PROFIL 100 C
LBPAM PROFIL 100 D
LBPAM PROFIL 15 C
LBPAM PROFIL 15 D
LBPAM PROFIL 50 C
LBPAM PROFIL 50 D
LBPAM PROFIL 80 C
LBPAM PROFIL 80 D
LBPAM PROFIL 80 PEA C
LBPAM TRESORERIE 2 C
LBPAM TRESORERIE 2 D
19,05 16/11
121,96 18/11
55534,90 18/11
110,86 18/11
23,33 18/11
17,94 18/11
140,62 18/11
128,85 18/11
228,81 18/11
179,26 18/11
148,28 18/11
126,77 18/11
754,64 18/11
92,22 18/11
84,64 16/11
78,80 16/11
220,98 18/11
204,25 18/11
237,97 18/11
220,42 18/11
257,03 18/11
238,82 18/11
99,18 18/11
3023,10 19/11
2291,99 19/11
Fonds communs de placements
LBPAM ACTIONS AMERIQUE C
23,18 16/11
LBPAM ACTIONS AMERIQUE D
21,22 16/11
LBPAM ACTIONS DEVELDURABLE C 150,57 16/11
LBPAM ACTIONS DEVELDURABLE D 140,61 16/11
LBPAM ACTIONS EURO R
34,65 16/11
LBPAM ACTIONS FRANCE C
114,61 16/11
LBPAM ACTIONS FRANCE D
103,31 16/11
LBPAM ACTIONS INDICE FRANCE
45,56 16/11
LBPAM ACTIONS INDICE EURO
111,02 16/11
LBPAM ACTIONS MIDCAP C
134,13 16/11
LBPAM ACTIONS MIDCAP D
125,54 16/11
LBPAM ACTIONS MIDCAP E
10781,65 16/11
LBPAM ACTIONS MONDE C
221,32 16/11
LBPAM ACTIONS MONDE D
187,95 16/11
LBPAM ACTIONS PACIFIQUE C
21,43 16/11
LBPAM ACTIONS TELECOM
58,46 16/11
LBPAM 1ERE MOYEN TERME
11104,76 18/11
LBPAM 1ERE MONETAIRE E
8209,73 19/11
LBPAM ACTIONS EUROPE C
79,09 16/11
LBPAM ACTIONS FINANCE
92,92 16/11
LBPAM ACTIONS SANTE
106,06 16/11
LBPAM ACTIONS TECHNOLOGIE
25,91 16/11
LBPAM ACTIONS EUROPE D
77,06 16/11
LBPAM ALTERNA 10 R
118,52 18/11
LBPAM MONETAIRE I
587835,29 18/11
LBPAM OBLI CREDIT
128,15 18/11
LBPAM OBLI EUROPE C
115,47 18/11
LBPAM OBLI EUROPE D
103,45 18/11
FCP Multi-gestion
F&C ASIA PACIFIC DYNAMIC A
F&C ASIA PACIFIC DYNAMIC I
F&C ASIA PACIFIC DYNAMIC X
F&C COM GL EM MKTS HDG
F&C DIVERS.GR. X GBP
F&C EMERGING MKTS. BD A USD
F&C ENHALPHAUKEQ I GBP
F&C ENHALPHAUKEQ X GBP
F&C EUR INFLATION LINK BD A
F&C EUR INFLATION LINK BD B
F&C EUROPEAN CORPORATE BD A
F&C EURO HIGH YLD BD A
F&C EUROP SM CAP A
F&C EUROPEAN EQTY A
F&C GL .EMG. MKT. A USD
F&C GL CONV BD AH
F&G GLOBAL CONVERTIBLE BD A
F&C GL REAL ESTATE A
F&C GTAA ALPHA FUND A
F&C GTAA ALPHA FUND I
F&C JAPAN.EQTY A
F&C NORTH AMER EQ. A
F&C PACIFIC EQTY A
F&C STEWARDSHIP INT A
F&C STEWARDSHIP INT I
17,21 19/11
17,29 19/11
17,36 19/11
109,38 19/11
103,07 19/11
13,24 19/11
104,28 19/11
104,15 19/11
9,94 19/11
9,95 19/11
17,65 19/11
14,50 19/11
17,21 19/11
18,59 19/11
30,06 19/11
13,35 19/11
12,90 19/11
15,77 19/11
95,23 16/11
95,56 16/11
23,33 19/11
21,41 19/11
50,72 19/11
9,96 19/11
10,38 19/11
F&C US SMALL COMP A USD
83,83 19/11
F&C US SMALL COMP C USD
9,15 19/11
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Médias
16
0123
Mercredi 21 novembre 2007
TÉLÉVISION
La diversité
dans les médias a peu
progressé en 2007
Les Jeux olympiques tirent les
recettes de la télévision chinoise
Le deuxième rapport du club
Averroès épingle les chaînes de
la TNT et pointe des pratiques
discriminatoires au sein
du groupe France Télévisions
loin d’être la seule à adopter cette démarche.
Amirouche Laidi, président du club Averroes, donne ainsi « un mauvais point à toutes
les chaînes privées à cause de leurs fictions »,
principalement policières. Seul changement,
les acteurs issus des minorités ne jouent plus
que des voleurs mais aussi des « flics ».
a promotion des minorités visibles
dans les médias n’a guère progressé en
2007, déplore le club Averroes dans
son rapport 2007 sur « la diversité dans les
médias », qui va être publié dans les prochains jours. L’association, qui milite pour
une meilleure visibilité de ces populations,
« constate que l’année 2007 n’a enregistré que
quelques avancées peu significatives ». Surtout, l’année en cours fait suite au cru 2006
marqué par la nomination d’Harry Roselmack, premier présentateur noir au journal
de 20 heures de TF1, ou encore par l’arrivée
d’Aïda Touihri aux commandes de
« 66 minutes », le magazine dominical d’information de M6.
Cette année, l’état des lieux dressé par
Averroes n’est plus circonscrit aux télévisions hertziennes. Il s’étend aux chaînes gratuites de la TNT et aux radios. Il opère même
un rapide survol de la presse quotidienne. A
l’occasion de sa deuxième édition, le « bilan
2007 » décerne bons points et bonnets
d’âne. TF1, classée l’an passé parmi les
meilleurs élèves de la diversité, se fait cette
fois épingler. La chaîne privée paie notamment pour les insuffisances de son journal de
13 heures. « La diversité éditoriale qui rayonne dans le journal de 20 heures ne semble pas
irradier celui de 13 heures », s’étonne l’association. Autre programme dans le collimateur,
« Le droit de savoir », qui persisterait « dans
son approche exclusivement anxiogène de la
diversité ». A en croire l’association, TF1 est
France 24 citée en exemple
Les cancres de la saison 2007 sont « les
nouvelles chaînes de la TNT, à l’exception de
Direct 8, dénonce M. Laïdi. Toutes ces chaînes récentes ont recruté. Malheureusement,
elles n’ont pas effectué un recrutement à l’image de la diversité de la société française ». France 24 est, en revanche, citée en exemple. Le
président du Club Averroes note que la
direction de France 24 « a tenu compte de
nos remarques. Elle a embauché du personnel
d’encadrement issu de la diversité ».
Ce ne serait pas le cas d’Arte. La chaîne
franco-allemande, plutôt irréprochable
PUBLICITÉ
Aïda Touihri présente depuis octobre 2006 le magazine d’actualité « 66 Minutes »
sur M6. MARIANNE ROSENSTIEHL/M6
suis issue de l’école de la République, j’ai
encore la naïveté de croire en l’égalité. Je
n’ai jamais eu le sentiment d’être un portedrapeau, mais il est vrai que depuis que je
fais de la télévision je me rends compte
que pour certaines personnes mes origines ont de l’importance. Comme si je représentais quelque chose pour elles. Cela me
touche. Toutefois, je ne vois pas pourquoi
nous devrions en faire plus que les autres
journalistes. Je n’ai pas plus de droits ou
de devoirs que n’importe qui ! Je suis
contre la discrimination positive, car elle
ne fait que créer du communautarisme. a
véritable surprise », avec « des actions sans
commune mesure avec les années précédentes », notamment à France 2. France 3 est
aussi distinguée comme étant « très certainement la seule chaîne du PAF où l’on peut croiser quotidiennement à l’antenne des présentateurs, des animateurs et chroniqueurs issus des
minorités visibles ». Par contre, Averroes
déplore « la situation de salariés de France
Télévisions actuellement en procès pour discrimination. (…) Pour seul dialogue, ces salariés
se retrouvent face à des avocats payés par l’argent du service public ».
Averroes s’est d’ailleurs procuré un audit
qui aurait été mené à l’initiative de France
Télévisions. Intitulée « Représentations et
stéréotypes au sein d’une chaîne de télévisions », l’étude dénonce les infractions dans
les « pratiques de recrutement » comme les
manquements concernant l’égalité de traitement entre les salariés. L’audit stigmatise
aussi « des pratiques de cooptation et des sytèmes de préférence » qui produisent « des
effets discriminatoires ». Des infractions qui
pourraient exposer le groupe public à des
poursuites pénales. a
Propos recueillis par G. D.
Guy Dutheil
quant au contenu de ses émissions, ferait
pâle figure côté animation. « La diversité est
pratiquement absente dans l’organigramme,
et sur l’antenne, même constat : les minorités
se résument à un animateur noir sur une émission d’été », s’indigne Averroes.
Cette année, France Télévisions est « la
QUESTION À... AÏDA TOUIHRI
« Je suis journaliste tout court ! »
AÏDA TOUIHRI est la nouvelle sensation
de la télévision. Cette journaliste d’origine
tunisienne présente « 66 minutes » le
dimanche sur M6 et réuni plus de 4 millions de téléspectateurs.
Vous considérez-vous comme une journaliste issue des minorités visibles ?
Je suis journaliste tout court ! Ensuite
mon nom parle pour moi. Je ne me vois
pas comme quelqu’un d’à part dans la
société. Je ne me suis jamais posé la question de savoir si mes origines me servaient
ou me desservaient. Je n’ai jamais eu à en
souffrir ni a en bénéficier. Pour moi qui
Publicité anticholestérol :
l’UFC-Que choisir déboutée en appel
L’association UFC-Que choisir, qui avait
assigné la MAAF et Unilever pour publicité trompeuse en faveur de la gamme de
produits anticholestérol Proactiv, a été
déboutée en appel. Les deux entreprises,
qui ont confirmé l’information dévoilée
par l’Agence France-Presse lundi
19 novembre, avaient lancé en novembre 2005 une offre de remboursement
d’une partie du montant de l’assurance
des clients de la MAAF contre l’achat de
produits de la gamme Proactiv d’Unilever.
PRESSE
Les salariés de « La Tribune »
demandent des garanties à
Christine Lagarde
Les membres du comité d’entreprise de
La Tribune ont envoyé, lundi 19 novembre, un courrier à Christine Lagarde,
ministre de l’économie et des finances,
pour lui demander « de contrôler le processus de cession de La Tribune ». Les salariés demandent à être reçus par la ministre mais aussi par la DGCCRF. Ils s’inquiètent du périmètre de cession du titre
et du projet d’Alain Weill, entré en négociation exclusive pour la reprise du quotidien économique le 7 novembre.
PRESSE APRÈS LE DÉPART DE NICOLAS BEYTOUT POUR LE PÔLE MÉDIAS DE LVMH
Aux « Echos » et au « Figaro », les journalistes
attendent des garanties sur leur indépendance
QUE FAIRE APRÈS LE BAC ?
PASSATION de pouvoirs au
Figaro. Mardi 20 novembre, lors
de la conférence de rédaction de
11 heures, Nicolas Beytout, actuel
directeur de la rédaction et en partance pour diriger le pôle médias
de LVMH, nouveau propriétaire
du groupe Les Echos, devait passer le relais à Etienne Mougeotte,
aujourd’hui en charge du Figaro
Magazine.
Lundi, M. Beytout a annoncé
son départ aux salariés du journal. Réunis en assemblée générale l’après-midi, les journalistes du
Figaro ont exprimé leurs interrogations dans cette période de transition. « Nous attendons de savoir
ce que va faire Etienne Mougeotte
et nous attendons des garanties sur
Guide
Ma vie après le bac
TD
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Comment choisir votre créneau, faculté ou école ?
Un guide indispensable à tous les lycéens et à leurs parents.
E
2008
EN
tion se déclare « choquée que son
nom ait été évoqué par le président
de la République avant même l’annonce officielle de sa nomination ».
Selon les salariés, « cette intrusion de Nicolas Sarkozy confirme
les menaces qui pèsent sur leur indépendance éditoriale avec le rachat
des Echos par LVMH ». Après
cinq mois de combat, ils affirment « plus que jamais leur détermination à défendre leur indépendance éditoriale ».
De son côté, le syndicat SNJCGT a dénoncé la « proximité amicale de Bernard Arnault [PDG de
LVMH] et de Nicolas Beytout avec
le président de la République ». a
Guillaume Fraissard
(avec AFP)
Les ONG en guerre contre l’« écoblanchiment »
AÎ
édition
l’indépendance du titre vis-à-vis de
l’actionnaire et du pouvoir politique », résumait un membre de la
société des rédacteurs (SDR) à l’issue de l’assemblée générale.
Les journalistes attendent également de connaître la nouvelle
architecture de la rédaction et le
rôle qu’occupera Jean-Michel Salvator, actuel adjoint de M. Beytout. Des représentants de la SDR
devaient rencontrer M. Mougeotte mardi pour évoquer toutes ces
questions.
Aux Echos, les journalistes ont
pris « acte de la nomination » de
Nicolas Beytout à la présidence
de DI Group, le pôle médias de
LVMH. Dans un communiqué
publié le 19 novembre, la rédac-
PUBLICITÉ LA CRÉATION D’UN CONSEIL SUPÉRIEUR EST RÉCLAMÉE
Université ou filières sélectives,
en alternance ou non, en France
ou à l’étranger: tout ce qu’il faut
savoir pour faire les bons choix
VI
L
Les JO de Pékin vont permettre à la télévision nationale chinoise d’engranger
des recettes publicitaires records de
80 milliards de yuans (7,3 milliards
d’euros), a indiqué la presse officielle
hier, une information reprise par La Lettre de l’audiovisuel. Cette somme, atteinte dimanche lors de l’attribution aux
enchères des espaces publicitaires 2008
sur le petit écran, serait en hausse de
20 % sur un an. Le nombre de firmes
chinoises et étrangères ayant participé à
ces enchères était en hausse de 30 % par
rapport à l’année précédente. L’un des
espaces les plus convoités en août 2008,
le prime time après le journal du soir, a
été attribué à Air China pour plus de
3,41 millions d’euros.
PAS QUESTION de relâcher la
pression à l’issue du Grenelle de
l’environnement. Des ONG environnementales ont décidé de
relancer le débat sur les dérives
publicitaires des marques, coupables à leurs yeux d’abuser des
arguments écologiques et de pratiquer ainsi l’« écoblanchiment ». Réunies lundi 19 novembre à la mairie du 2e arrondissement de Paris, elles ont reformulé
leurs propositions et évoqué les
risques de recours judiciaires.
« Lors du Grenelle de l’environnement, il a été décidé d’encadrer plus
strictement la publicité au regard
du développement durable et de
l’environnement, et de faire évoluer
la logique d’autorégulation de la
publicité vers une logique de corégulation », a rappelé Jacques-Olivier Barthes, du WWF.
Des comités de suivi se réunissent cette semaine pour évoquer
la suite à donner à ces lignes de
conduite. Les ONG environnementales souhaitent que le renfor-
cement du contrôle publicitaire
se fasse sur la base de la norme
Iso 14 021 afin que le consommateur soit mieux informé de l’empreinte écologique des produits.
Droit de saisine
Les associations réclament aussi la création d’un Conseil supérieur de la publicité en lieu et place du Bureau de vérification de la
publicité (BVP), émanation de la
profession publicitaire. Cette instance serait gérée par un conseil
tripartite formé par des représentants des pouvoirs publics, des
membres de la profession et des
associations. Financé par une
taxe prélevée sur les investissements publicitaires, ce conseil
aurait en charge le contrôle a priori des campagnes publicitaires diffusées en télévision et par affichage. Il bénéficierait d’un droit de
saisine et pourrait sanctionner
agences, régies ou annonceurs en
cas de manquement avéré.
Cette perspective est bien sûr
rejetée par le BVP mais aussi par
les annonceurs et certaines agences publicitaires. L’Union des
annonceurs (UDA) devrait répliquer début décembre avec la
publication de la « charte d’engagements des annonceurs pour une
communication responsable ».
Certaines entreprises sont attaquées pour publicités mensongères ou trompeuses. L’avocat
Alexandre Faro a évoqué le cas de
Monsanto, condamné suite à une
plainte déposée par l’association
Eaux et rivières de Bretagne. L’entreprise a fait appel. Mais aussi la
plainte déposée par Eaux de Paris
contre la société Cristalline qui
avait dénigré dans une publicité
l’eau du robinet.
Au niveau européen, les Amis
de la Terre ont porté plainte
contre Shell aux Pays-Bas, au
Royaume-Uni, en Belgique et en
Allemagne, et un député européen a attaqué Saab en Belgique. a
Laurence Girard
Sports
0123
Mercredi 21 novembre 2007
17
Le golf français se structure pour
mieux détecter les jeunes talents
La Fédération française de golf
projette de créer un pôle
professionnel et d’élargir la base
de recrutement des jeunes
joueurs en s’appuyant sur les
clubs et les ligues régionales
euf golfeurs français tentaient jusqu’au 20 novembre de décrocher
leur carte d’accès au circuit européen sur les parcours de San Roque
(Andalousie). Après la sélection opérée
au bout de quatre tours – sur les
156 joueurs au départ, les 70 premiers
disputent les deux derniers tours –, seuls
quatre d’entre eux restaient en course.
Encore leur faut-il finir au pire à la trentième place du classement final, mardi,
pour intégrer le Tour européen.
Réunis pour cette occasion, ces quatre
mousquetaires – Renaud Guillard,
Benoît Teilleria, Olivier David et François Delamontagne – affichent une
moyenne d’âge de plus de 31 ans, ce qui
n’est pas particulièrement réjouissant
pour la Fédération française de golf
(FFG). On peut certes évoluer avec succès au plus haut niveau international
entre 30 et 40 ans, comme le démontrent
les meilleurs golfeurs français actuels,
mais l’absence de « jeunes pousses » lors
des deux dernières journées à San Roque
n’est pas sans inquiéter sur la difficulté
d’engendrer de la relève.
Cet état de fait ne rend que plus pertinentes et urgentes les nouvelles orientations de la FFG. « Notre ambition est bien
sûr de placer un maximum de joueurs aux
cartes européennes, mais il est difficile d’envisager actuellement d’avoir plus de 15 golfeurs sur le circuit européen, constate François Illouz, président de la commission
sportive de haut niveau. C’est la raison
des deux directions prises par la fédération,
N
d’une part la détection et d’autre part la
création d’un pôle professionnel destiné
aux néophytes. »
« Notre feuille de route est d’élargir la
détection au niveau des ligues et des
régions, bien sûr, mais aussi de chercher
parmi une clientèle différente de celle des
enfants de golfeurs, explique François
Illouz, qui cite en exemple le succès du
basket dans les banlieues. Le but est de disposer à terme d’une forte densité en élargissant la base de recrutement. Aujourd’hui,
nous avons plus de qualitatif que de quantitatif mais les premiers résultats de notre
démarche ne se feront sentir que dans cinq
ou six ans, et cela demande d’abord la mise
en place de clubs pilotes. »
Le président de la commission sportive
de haut niveau reste persuadé que « le
club est le creuset des champions », mais
pense que les ligues régionales doivent
mieux « jouer leur rôle de catalyseur entre
clubs et fédération », notamment en faisant « remonter » les informations, mais
aussi en renforçant la cohérence de la for-
Dubaï investit massivement
dans le golf européen
Le circuit européen a annoncé, lundi
19 novembre, un partenariat avec Leisurecorp, une compagnie de Dubaï, qui
prendra effet le 19 novembre 2009 avec
l’organisation du Dubaï World Championship, un tournoi présenté comme le
mieux doté de la planète, avec 10 millions
de dollars de dotation totale, dont 1,6 au
vainqueur. Cette épreuve devrait prendre la place de l’actuel Volvo Masters.
L’accord entre les deux parties prévoit
une collaboration de cinq ans, renouvelable. A partir de la saison 2009, l’Ordre du
mérite européen sera rebaptisé « The
Race to Dubai » et offrira au premier de
ce classement une bourse supplémentaire de 2 millions de dollars.
mation des joueurs au niveau des différents échelons, des clubs aux équipes de
France. Ce travail échoira particulièrement au responsable haut niveau de chaque ligue, « chargé d’animer un réseau d’experts ».
Le projet de François Illouz porte également sur la nature de l’enseignement en
direction des jeunes qui, à ses yeux, n’est
souvent pas assez ludique. « Leur faire
passer tout leur temps sur un practice d’entraînement revient sensiblement au même
que d’obliger des enfants à ne faire que du
solfège pendant plusieurs années avant
qu’ils aient le droit de toucher à un instrument : c’est souvent un très bon moyen pour
les décourager », déplore-t-il.
De quoi vivre décemment
Les inséparables Adrien Bernadet et
Romain Bechu, 22 ans chacun, ont
franchi avec succès ces écueils puisqu’ils
brillent depuis quelques années dans les
rangs amateurs. Tous deux faisaient partie de l’équipe de France qui a pris la
2e place du championnat d’Europe,
début juillet en Ecosse, et de l’équipe du
golf de La Boulie championne d’Europe
des clubs, début novembre, en Grèce.
Tous deux ont déchiré leur carte de
joueur amateur le 14 novembre pour
épouser la cause professionnelle.
Selon le Dictionnaire absurde du golf
(éditions Prolongations), un professionnel est un « être d’exception doté d’un driving de mammouth, d’un petit jeu de
velours et de nerfs d’acier, entouré d’êtres
d’exception dotés d’un driving de mammouth, d’un petit jeu de velours et de nerfs
d’acier, également convaincus de gagner un
jour décemment leur vie en jouant au golf ».
Une chose est en effet de parvenir au plus
haut niveau, une autre de s’y maintenir,
bon an mal an, autrement qu’en gagnant
à peine de quoi vivre décemment.
Aucun jeune joueur ne souhaite évidem-
Benoît Teilleria, qui participe pour la treizième fois aux cartes européennes,
n’a jamais réussi à s’installer durablement sur le Tour européen. ALEXIS ORLOFF
ment vivre la même expérience que Benoît
Teilleria. Ce dernier vit actuellement son
treizième passage par les cartes, dont il
n’est sorti pour le moment que trois fois
avec succès, avec beaucoup d’humour :
« C’est au pied du mur, dit-il, que l’on voit le
mieux le mur. » Raison de plus, pour Fran-
çois Illouz, de créer un pôle professionnel
dans la continuité du pôle France consacré
avec succès aux amateurs, pour permettre
aux néophytes de vivre ce passage sans
choc en attendant de créer leur propre
structure. a
Jean-Louis Aragon
PROFIL FRANÇOIS ILLOUZ, AVOCAT ET GOLFEUR AMATEUR DE HAUT NIVEAU
PEU DE JOUEURS sont aussi
bien placés que François Illouz
pour asséner une de ces vérités
que certains pédagogues reçoivent comme un coup de driver
derrière la tête : « Gagner, ça s’apprend ! » balance le président de
la commission de haut niveau de
la Fédération française de golf.
Avocat de métier, François
Illouz est l’un des meilleurs golfeurs amateurs français. Depuis
1976 et un titre de champion de
France cadet, il collectionne les
victoires françaises et internationales. A 47 ans, il figure aujourd’hui à la 25e place de l’ordre du
mérite amateur français, dont il
était 11e en 2006.
Pourquoi un tel surdoué, à ce
jour le seul joueur continental à
être devenu champion international d’Ecosse, en 1989, et qui a
pris la 64e place du Trophée Lancôme – épreuve professionnelle
– en 2002, n’est-il jamais passé
professionnel ? « J’ai hésité, mais
c’est un choix personnel », répond
sobrement l’intéressé, avant de
mentionner la succession de son
avocat de père. Cela s’est sans
doute joué à peu de chose : après
son année passée à UCLA (University of California, Los Angeles), en 1982, François Illouz a
refusé une proposition de contrat
de Mark McCormack, agent de
Jack Nicklaus et fondateur
d’IMG.
L’avocat golfeur assure n’avoir
jamais regretté sa décision. Un
seul petit doute le chatouille de
temps en temps, concède-t-il
avec une certaine perplexité : il
aimerait bien pouvoir se mesurer
et s’évaluer par rapport à des
joueurs qu’il fréquentait dans ses
jeunes années et qui sont maintenant installés sur le circuit américain ou européen. Corey Pavin,
FOOTBALL VIOLENCES
Laurent est un homme chanceux...
J.-L. Ar.
DOPAGE
La Ligue italienne ferme
la tribune nord de Bergame
LA LIGUE italienne de football a
annoncé, lundi 19 novembre, que
le match de Série A entre l’Atalanta et le Milan AC, arrêté le
11 novembre à cause de débordements de supporters, serait rejoué
à huis clos.
La Ligue, qui n’a pas indiqué de
date, a en revanche précisé que la
tribune nord du stade de Bergame
serait fermée jusqu’au 31 mars
2008.
Le match avait été interrompu
après sept minutes de jeu parce
que des supporters tentaient de
pénétrer sur la pelouse. Ce mouvement de foule était intervenu quelques heures après la mort d’un
supporter de la Lazio de Rome,
tué par un policier sur une aire
d’autoroute près d’Arezzo, en Toscane, au cours d’une rixe avec des
tifosis de la Juventus Turin (Le
Monde du 13 novembre). Une
flambée de violence contre les for-
par exemple, dont il partageait la
chambre à l’université californienne, vainqueur de quinze tournois sur le PGA Tour, dont l’US
Open en 1995.
Ses incertitudes pourraient
être dissipées dans trois ans : à
50 ans, François Illouz aura
atteint l’âge requis pour jouer
dans les rangs seniors et n’écarte
pas l’éventualité de passer alors
professionnel, sur un circuit où
se retrouvent certaines gloires du
monde professionnel. En attendant, celui qui tape ses coups de
golf plus vite que son ombre
déplore que certains des
meilleurs amateurs français passent professionnels trop jeunes,
sans avoir pris le temps de
s’aguerrir en engrangeant suffisamment de victoires puisque,
c’est une évidence, gagner, ça
s’apprend. a
TBWA\CORPORATE\NON PROFIT - © Ronan Guillou
La victoire, ça s’apprend
ces de l’ordre s’était alors propagée autour de plusieurs stades et
devant le comité national olympique italien (CONI).
Le week-end dernier, alors que
la sélection italienne arrachait sa
qualification pour l’Euro 2008 en
s’imposant en Ecosse (2-1), la
fédération avait annulé les rencontres de deuxième et troisième
divisions.
« Pour combattre la violence,
nous avons besoin de davantage de
témoins, mais beaucoup moins de
donneurs de leçons, a déclaré le président de la fédération italienne,
Giancarlo Abete, lundi. Beaucoup
de gens, y compris des hommes politiques, parlent de solutions miracle.
Mais nous avons suffisamment
d’expérience pour savoir qu’une victoire de l’équipe nationale ne sera
pas suffisante pour résoudre tous
nos problèmes. » a
St. M. (avec AFP)
Jan Ullrich accusé de
s’être dopé pour remporter
le Tour de France 1997
Selon l’hebdomadaire allemand
Focus de lundi 19 novembre, Jan
Ullrich aurait utilisé des produits
dopants lors de son Tour de France victorieux de 1997. Le magazine reproduit les enregistrements
de conversations entre l’ex-mentor du coureur, Rudy Pevenage,
et un ancien soigneur de l’équipe
T-Mobile, Jef d’Hont, qui avait
révélé au printemps que l’utilisation de l’érythropoïétine (EPO)
était généralisée dans la formation allemande dans les années
1990.
« C’est aussi comme cela qu’il a
gagné le Tour, non ? », demande
Jef d’Hont à Rudy Pevenage
dans une conversation enregistrée à l’insu du manager belge
en mars. « C’est clair », lui
répond Rudy Pevenage, dont les
enregistrements mettent également en avant son rôle pour
organiser le dopage à base
d’EPO dans les années 1990,
puis par transfusion sanguine
dans les années 2000.
… partout dans le monde, nous sommes à ses côtés.
L’Institut Pasteur a déjà permis de préserver des millions de vies dans le monde.
Identifier des virus et des bactéries, prévenir ou traiter des maladies infectieuses
comme la tuberculose, la diphtérie, la fièvre jaune… Autant de progrès majeurs
issus de nos recherches.
Aujourd’hui, nous redoublons d’efforts contre le sida, le paludisme, les méningites,
la grippe aviaire, la dengue… Mais sans vos dons, il n’y a pas de recherche.
Donnez sur www.pasteur.fr
ou Service dons, 28 rue du Docteur Roux, 75015 Paris
18
Décryptages
0123
Mercredi 21 novembre 2007
Portrait
Nassim Nicholas Taleb
Le sauvage
de la
PARCOURS
1960
Naissance près d’Amioun
(nord du Liban).
1975
Début de la guerre
du Liban. Un an d’exil
en France.
finance
1984
Courtier à Wall Street
avant de monter sa
propre société de gestion.
2002
Sortie de son deuxième
ouvrage aux Etats-Unis,
« Le Hasard sauvage ».
2004
Se consacre à l’écriture
et à l’enseignement.
cer ceux qui se vantent de dompter l’avenir
grâce à des modèles de probabilités sophistiqués. « Au cœur de ces modèles il y a des
mathématiques élégantes, mais la vie n’est
pas élégante », insiste-t-il.
Nassim garde en mémoire la guerre du
Liban en 1975 : « Un choc. » Il avait 15 ans
à l’époque et devra s’exiler en France une
année, avant de reprendre ses études au
lycée français de Beyrouth. Sa famille, tissée d’anciennes éminences politiques (son
grand-père et son arrière-grand-père
maternels ont été vice-premier ministre
au Liban), restera marquée. De ce traumatisme, Taleb retiendra que les crises, quelles qu’elles soient, sont le lot de l’histoire.
Laisser croire qu’on peut empêcher ou
maîtriser une catastrophe, c’est « mépriser
l’histoire », estime-t-il.
L’ancien trader
new-yorkais
bouscule à plaisir
les méthodes
de ses ex-collègues.
Pour ce descendant
d’une famille
de notables libanais,
la richesse
doit plus au hasard
qu’au talent
J
ean mal coupé. Chemise
débraillée. Barbe approximative.
Installé dans un petit restaurant
libanais de Manhattan, Nassim
Nicholas Taleb détonne dans le
milieu des golden boys new-yorkais. « Je ne me souviens pas
l’avoir jamais vu porter un costume », confirme Carl Bareiro, son ami et
ancien collègue au sein de la banque d’affaires Crédit suisse First Boston. « Je suis
toujours habillé comme ça », confirme l’intéressé. « Ça choque parfois », concède-t-il.
Nassim Nicholas Taleb, 47 ans, est
assez diplômé (master de finances à l’université de Wharton, aux Etats-Unis, doctorat d’économie à l’université Paris-IX-Dauphine…), polyglotte (il assure parler
sept langues et en lire dix, dont l’arabe,
l’hébreu, le grec…) et n’en est pas à sa première incartade dans le milieu convenu de
la finance. Choquer fait même partie de
son fonds de commerce. Depuis qu’il a
publié son deuxième ouvrage, en 2005,
Fooled by Randomness, traduit en français
par Le Hasard sauvage (Les Belles Lettres,
21 euros), cet expert du hasard, détracteur
des probabilités financières, suscite les
polémiques, voire les encourage. Son premier livre était consacré à la technique
financière.
Ses écrits sont des best-sellers qui
dépassent les 200 000 exemplaires aux
Etats-Unis. Ils cherchent à démonter les
modèles statistiques des financiers, utilisés par les fonds spéculatifs (hedge
funds), pour engranger un maximum de
profits. Nassim Nicholas Taleb est luimême familier desdits modèles. « J’ai été
trader pendant dix-huit ans. Je sais que ça
ne marche pas », tranche-t-il aujourd’hui.
Il en fait la démonstration dans ses livres
et depuis neuf ans dans les universités les
plus prestigieuses, New York, Massachusetts, London Business School. « Je donne des cours de logique et de finance. J’explique aux élèves que ce qu’on leur apprend est
faux », lâche-t-il.
Cette apparente contradiction n’est
pas sans effet secondaire. « Si Nassim
Nicholas Taleb avait été contemporain de
Socrate, il eût certainement été condamné à
mort par ses pairs pour les critiques acerbes
et fort justes dont il les abreuve », estime
2007
Sortie de « Black Swann »
(« Le Cygne noir »), dont la
traduction est en cours.
Au cœur de ces modèles,
il y a des mathématiques
élégantes, mais la vie
n’est pas élégante
sans ironie sa traductrice dans la préface
du dernier ouvrage.
A défaut de mise à mort, les requins de
la finance ont tenté de le discréditer. Nassim Taleb gère aujourd’hui son propre hedge fund à New York. « Certains ont fait courir le bruit que j’avais accumulé des pertes de
près de 1 milliard de dollars. C’est totalement faux », grommelle-t-il. Mais, pour
certains, Taleb joue aussi de la critique
dont il fait l’objet. « Il prend parfois une posture un peu christique. Il est assez critiqué,
mais c’est aussi une forme de marketing »,
explique un trader à New York.
Habitué des médias et des studios de
télévision aux Etats-Unis, ce trublion
n’hésite pas à quitter un plateau, même
prestigieux, dès qu’il s’estime persécuté
ou incompris. Tout en se prêtant assez
facilement au jeu de l’interview. « Nassim énerve beaucoup de gens, ce qui l’amuse, car plus que tout il veut débattre », atteste l’un de ses amis.
Débattre, mais aussi faire entendre
« sa » vérité. Nassim Nicholas Taleb se
pose en Robin des bois de la finance. Et
pioche ses arguments dans la philosophie
ou les sciences cognitives plus que dans
les manuels d’économie. « Ma bibliothèque contient presque autant de livres que celle d’Umberto Eco », assure-t-il avec
orgueil. Il admire des penseurs plus ou
moins connus : Pierre Bayle (1647-1706),
Simon Foucher (1644-1696), PierreDaniel Huet (1630-1721), ou encore le spécialiste des sceptiques grecs Victor Brochard (1848-1907). Il cite aussi Montaigne « pour son humilité épistémologique et
son habileté à savoir gérer sa vie en fonction
de ce qu’il ne sait pas ».
Son combat : l’« éthique ». Sa bête noire : les financiers qui s’enrichissent en
dupant les investisseurs sur leur prétendu sens des affaires. Pour lui, les traders
sont la plupart du temps « des nigauds
chanceux ». Le Hasard sauvage débute
ainsi par le récit de la réussite d’un financier riche et audacieux, John. « Un bref
échange professionnel aurait révélé qu’il
avait la profondeur intellectuelle d’un professeur d’aérobic », écrit-il. Chez les courtiers, le parallèle irrite.
Mais Taleb persiste. « Le monde de la
finance est dominé par les événements
rares », estime-t-il. La richesse est donc le
fruit du hasard, d’une roulette russe, et
non d’un talent quelconque. Et de dénon-
Pour les experts, la pilule est dure à avaler. Nicole El Karoui, normalienne, professeur à l’Ecole polytechnique et à Dauphine, où son master « Probabilités et finance » forme les futurs cracks de la finance,
balaie rapidement le « sujet Nassim » :
« Ce qu’il dit est très pertinent, mais ce n’est
pas un mathématicien, c’est un gestionnaire. » « Et un provocateur », ajoute-t-elle.
Nassim Nicholas Taleb a parfois des
allures de savant fou. Il ne répond pas au
téléphone. « Le bruit me déconcentre »,
explique-t-il. Mais si sa démonstration est
effrontée, les événements lui donnent raison. Le krach boursier de 1987 a fait péricliter les premiers systèmes électroniques,
les « program trading », utilisés par les traders à l’époque. Cet été, la crise financière
due aux déboires des crédits immobiliers à
risque aux Etats-Unis, les fameux subprimes, a encore chahuté les modèles statistiques financiers.
Nassim Taleb espère donc que son
ouvrage finira par rencontrer un écho planétaire. « Le Hasard sauvage a été traduit
en vingt-trois langues », se réjouit-il. Mais,
en France, son œuvre est passée inaperçue. « Les Français ont toujours mis du
temps à m’aimer », regrette-t-il. En attendant la reconnaissance hexagonale, il parcourt le monde pour développer sa thèse
dans les colloques.
Philosophe. Prêcheur. Nassim Nicholas
Taleb est alors subitement rattrapé par
son profil de financier. « Pour mes interventions, je suis presque aussi bien payé qu’Alan
Greenspan [l’ancien président de la Réserve fédérale américaine] », glisse-t-il. Et de
montrer avec fierté le chiffre de
100 000 dollars qui doit être viré prochainement sur son compte en banque. a
Claire Gatinois
Photo Philippe Bollo pour « Le Monde »
0123
Mercredi 21 novembre 2007
Débats
19
Lelivre
dujour
La décentralisation en panne
Ces Français
nés ailleurs
Une politique solidaire et efficace d’aménagement du territoire est possible. La droite fait l’inverse
O
n peut vivre en France, aimer la
France, se sentir pleinement
français, vibrer pour l’Equipe de
France, même si cette communauté nationale n’est pas et ne saurait être
l’unique, ni forcément la principale de ses
appartenances. Du journaliste Rachid
Arhab à la secrétaire d’Etat Rama Yade en
passant par la médaillée olympique Roxana Maracineanu, les témoignages de
vingt personnalités recueillis par Jacqueline Rémy en attestent tous à leur façon : la
modernité c’est la pluralité des identités.
La « transculturation », pour reprendre
l’expression de l’une d’entre elles, n’interdit pas d’embrasser la nationalité française. Même si on est devenu français « sous
la pression », ou pour sortir de « l’enfer »
du renouvellement de sa carte de séjour,
même si le jour dit on a eu ce « sentiment
de devoir faire allégeance, de se rabaisser »,
même s’il n’est jamais simple d’épouser
un pays qui a dominé celui de ses ancêtres.
Justement parce qu’ils ont cheminé, parfois lentement, vers la France, parce qu’ils
ont dû essuyer des refus avant d’obtenir
une nationalité désirée, ces Français nés
ailleurs savent sans doute mieux que les
autres ce qu’est cette identité française
qu’ils ont endossée, adoptée, qu’ils critiquent, aiment, parfois jusqu’à la caricature. Certains en deviennent plus cocardiers
que les Français dit de souche. Même passés par des tribulations, des « je t’aime moi
non plus avec la France », c’est avec pasComment je suis devenu français
Jacqueline Rémy
Seuil, 252 p., 17,50 ¤
sion et parfois véhémence qu’ils parlent de
la France. Ils ont l’optimisme de ceux qui
ont changé de langue, de pays, d’amis et
savent donc que les changements les plus
radicaux sont à portée de main, de ceux
qui, « passés par une telle souffrance, ont
pris confiance en soi », comme en témoigne
la chercheuse Marcela Iacub, qui tire de
vivre dans un pays qui n’est pas le sien
« une vraie foi dans le changement ».
Il ne saurait cependant être question
d’assimilation. Marcela Iacub comme
Rachid Arhab se souviendront toujours de
l’humiliation, même s’ils n’ont pas obtempéré, du moment où on leur a demandé de
changer de nom. « Rayer d’un trait de plume », renoncer à son passé, à l’histoire de
sa famille, aucun ne le pourrait. « Surtout
quand, ici, on vous signifie sans cesse que
vous n’êtes pas tout à fait comme les
autres », relève Rachid Arhab.
Renoncer, nier son passé est non seulement impossible, mais ce serait aussi se
priver d’une richesse. Vivre avec une double culture est un « plus », donne une distance, une liberté de pensée. C’est « agréable d’avoir connu autre chose, de ne pas se
sentir enfermé, comme les Français nés ici,
dans la culture française », dit le dessinateur Enki Bilal. « Quand on naît dans une
seule culture, on pense que les choses vont de
soi. Quand on en adopte une deuxième, on
découvre qu’il y a d’autres façons de faire, de
vivre, ou de penser le monde », abonde le
patron des Frères Tang, Bounmy Rattanavan. Leur origine étrangère, leur passé
agit comme « un ressort ». « Etre
d’ailleurs oblige », assure l’actrice et chanteuse Jane Birkin. Oblige à se dépasser. Il
n’y a pas meilleur ressort que d’être
« dedans dehors » pour progresser, conforte la publicitaire Mercedes Erra, convaincue que l’énergie de la France lui vient de
ses immigrés, de ses minorités agissantes.
L’académicien François Cheng exhorte
tous les jeunes de banlieue à se saisir de ce
ressort, mais il appelle aussi la société française à cesser de considérer ces citoyens
comme des « Français à soixante-dix, quatre-vingts pour cent ».
Pour tous, la force de l’identité française est de s’être construite « à force de superposition », « d’être la résultante de multiples interactions, quelque chose qui bouge
sans cesse sous l’influence de gens venus
d’ailleurs ».
De ce livre aux voix multiples, on
retient que la diversité de la France n’est
pas qu’une source de problèmes ou de violences, mais qu’elle est aussi, comme le
souligne Jacqueline Rémy, une « chance »
dans la mondialisation et le dialogue des
cultures. Une réalité qu’il faut normaliser. a
Laetitia Van Eeckhout
N
icolas Sarkozy a-t-il une
politique d’aménagement
du territoire ? Quelle est sa
vision de l’évolution des
collectivités locales ? La
décentralisation est-elle
compatible avec la culture
de concentration des pouvoirs du chef de
l’Etat ? Ces questions se posent d’autant
plus légitimement que les annonces dispersées des ministres montrent l’absence
de politique cohérente du territoire.
Lors de la campagne électorale, le candidat Sarkozy avait estimé que, compte
tenu du rôle du service public pour l’égalité des chances, il était « essentiel d’assurer
leur présence dans les quartiers en difficulté,
en milieu rural, outre-mer ». Or depuis six
mois les décisions du gouvernement s’appliquent méthodiquement à démentir cette promesse de campagne : carte judiciaire, fermeture des bureaux de poste ou des
gares de fret ou des hôpitaux ruraux. En
réalité, c’est la cohérence d’une politique
d’aménagement du territoire qui fait
défaut. Ce défaut de cohérence remonte,
pour partie, à la complexité des réformes
2002-2003, textes votés de manière confuse et sans réflexion d’ensemble, qui font
que nos concitoyens se méfient désormais
de la décentralisation.
Face à cet embrouillamini, la droite
avance masquée. Il ne s’agit ni plus ni
moins que de supprimer un niveau de collectivité locale. « A terme », veut-on nous
rassurer. Mais, si les élections locales de
mars 2008 voient le succès de la gauche,
on peut craindre que l’avenir du département, qui est dans la ligne de mire, ne soit
précipité. Dans un premier temps, la droite a imaginé fondre les élections départementales et régionales pour enclencher
un processus de fusion à long terme des
deux collectivités, comme l’écrivait en
2006 M. Fillon.
Plus insidieusement, le rapport Lam-
Jean-Pierre Bel
Président du groupe socialiste du Sénat
bert, dans le cadre de la révision générale
des politiques publiques, s’interroge sur
l’opportunité de « confier aux départements et aux régions des compétences spéciales à la place de la clause générale de compétence », afin de les assigner à une place
bien spécifique. Au nom de la libération
de la croissance, Jacques Attali s’est même
prononcé pour que les départements puissent devenir « la circonscription administrative de l’élection des conseillers régionaux », ce qui équivaudrait à terme à leur
suppression, que le secrétaire général de
l’UMP, Patrick Devedjian, juge d’ailleurs
« imaginable ». A la menace de l’avenir
des services publics dans les territoires
s’ajoute donc celle de l’avenir de ces derniers dans une carte administrative de la
France aux contours incertains.
Les socialistes estiment au contraire
nécessaire une remise en ordre préalable
à une relance de la décentralisation sous
trois angles : simplifier, démocratiser, partager. Simplifier, car l’avenir de la décentralisation ne peut se résumer à de petites
mesures d’ajustement, et encore moins à
se focaliser sur le faux problème de la suppression d’un échelon de collectivité. Comme on l’a vu, le département est, à droite,
constamment pointé du doigt, surtout
que, depuis 2004, une majorité de départements sont gérés par la gauche !
Compte tenu de l’importance qu’il a
acquise au fil des transferts de compétences, le département donne voix à des territoires qui sans lui n’auraient aucune
reconnaissance nationale. Il rend possible
la planification de nombreux projets
locaux. Il organise le champ de l’aide à la
personne, gérant la quasi-totalité des soli-
darités sociales et territoriales. Le supprimer serait une erreur politique. Parallèlement, les régions, les communes et les
intercommunalités doivent se voir confirmer dans leurs rôles respectifs. Les collectivités territoriales devraient pouvoir expérimenter des variantes dans la répartition
des compétences.
Démocratiser le local est le deuxième
enjeu. Afin de rapprocher élus et citoyens,
il convient de mettre fin au cumul entre la
présidence d’un exécutif local, y compris
d’une intercommunalité, et un mandat parlementaire. La démocratisation des assemblées locales passe par la participation des
étrangers aux élections locales, le renouvellement intégral en une fois des conseils
La cohérence d’une
politique d’aménagement
du territoire fait défaut
généraux, un redécoupage des cantons,
l’application du mode de scrutin avec prime majoritaire aux communes comptant
plus de 2 000 habitants et, surtout, l’élection au suffrage universel direct des représentants des grandes communautés d’agglomération et des communautés urbaines. Enfin, les citoyens doivent pouvoir participer davantage à l’élaboration des politiques locales et l’opposition locale doit se
voir reconnaître davantage de droits.
La démocratisation des territoires doit
être aussi celle du Sénat, qui doit ouvrir les
perspectives de l’alternance et permettre
de représenter équitablement les populations à travers les territoires, et donc rééquilibrer son corps électoral en faveur des
grandes villes. Mais que restera-t-il des
préconisations pleines de bon sens de la
commission Balladur sur ce point lorsque
la majorité sénatoriale aura exprimé son
conservatisme le plus archaïque ?
Il faut enfin partager, parce les transferts de compétences ne se sont pas accompagnés des réformes fiscales qui auraient
permis de les mettre effectivement en
œuvre. Au contraire même, les marges de
manœuvre des collectivités locales n’ont
cessé de diminuer. Le système financier
local est au bord de la surchauffe. Il apparaît indispensable de revoir le dispositif de
péréquation entre les collectivités pour
tendre vers une plus grande égalité
devant le service public. C’est pourquoi le
groupe socialiste du Sénat a préconisé le
renforcement de la solidarité financière
entre les territoires et la modernisation
des impôts locaux. Sans succès, faute
d’une politique ambitieuse et volontariste
de la majorité en direction des collectivités locales.
Il aura fallu attendre l’arrivée de la gauche au pouvoir avec François Mitterrand
pour que la décentralisation se traduise
enfin, en 1982, par une réforme de l’Etat
indispensable à la modernisation de la
France. Le constat était simple : la centralisation a historiquement permis de faire
la France ; la décentralisation lui évitera
de se défaire. Mais cela ne signifie, contrairement à la vision de la droite, ni « l’amaigrissement » de l’Etat, ni la mise en compétition des territoires. La décentralisation
suppose générosité et solidarité. Il faut
aller plus loin et restructurer les territoires
de la République de façon efficiente et
cohérente. La décentralisation, loin d’être
une faiblesse pour la France du XXIe siècle, constitue pour notre démocratie un
formidable « bol d’air ». a
Les enseignants, ces oubliés Olivier Besancenot : « Une partie
La vie universitaire est un parcours d’obstacles
de la gauche est nulle part »
D
ans le tohu-bohu actuel sur l’université et les réformes qui la
visent, l’enseignant-chercheur
est oublié, voire calomnié.
Quand on l’évoque, c’est pour
pointer les échecs pédagogiques qui lui
seraient imputables ou ses prétendus piètres résultats dans le domaine de la recherche. Que l’on nous permette de dépasser
ces clichés. Pour intégrer l’enseignement
supérieur, un très long parcours d’obstacles est à suivre : huit années d’études supérieures au minimum, ponctuées de diverses barrières hyper-sélectives (souvent
l’agrégation, puis le concours de recrutement dans l’université offrant un poste).
Le postulant doit aussi, outre sa thèse,
avoir déjà fait parler de lui, en publiant
notamment des articles dans des revues
savantes. Seuls 5 % environ des doctorants bénéficiant d’une (maigre) allocation, les autres se débrouillent comme ils
peuvent.
Au terme de ces épreuves, que découvre
alors le maître de conférences fraîchement
émoulu ? Des locaux effrayants : salles de
classe crasseuses ; amphithéâtres lugubres ; bureaux quand ils existent, à partager à plusieurs, non équipés (même d’un
téléphone, ne parlons pas d’ordinateur…)
et mal chauffés. Cet inconfort affiche visiblement un mépris pour le savoir, pour
ceux qui en assurent la diffusion comme
pour ceux qui le reçoivent.
Le sentiment d’être traité avec indignité
est confirmé par sa première feuille de
paie : 1 600 euros net. Mais ce n’est qu’une
question de patience : tous les deux ans et
dix mois, très exactement, il prendra un
échelon qui lui permettra, à coups d’une
centaine d’euros, de gravir petit à petit
l’échelle salariale, jusqu’à atteindre 2 500
euros nets dans la quarantaine. Si, au prix
d’une nouvelle thèse et d’un nouveau
concours, le maître de conférences parvient
à accéder au rang de professeur des universités, et à condition qu’un poste soit offert
dans sa spécialité, il pourra compter sur
quelques centaines d’euros supplémentaires. On le voit, la personne la plus diplômée
de France peut être qualifiée de nantie. De
ce traitement, il faut souvent défalquer les
transports nécessaires pour se rendre sur le
lieu d’enseignement. Bon nombre d’universitaires traversent en effet le pays deux ou
trois fois par semaine, à leurs frais, pour
aller travailler. Tous les enseignants des universités devraient se voir allouer une indemnité, non forfaitaire, calculée sur les frais
réels engagés par l’exercice de leur profession : déplacements, équipement informatique, achats d’ouvrages, etc.
Quant à la charge de travail des universitaires, le malentendu est total : les 192 heures d’enseignement requises (soit davantage qu’aux Etats-Unis ou au Canada, puisque les comparaisons avec l’étranger sont
de saison) sont à comprendre comme du
face-à-face. Elles n’incluent évidemment
pas les très longues heures de préparation,
de très lourdes corrections (par centaines
de copies), ou de lecture de mémoires et
thèses (par dizaines), de rendez-vous avec
les étudiants, en master et doctorat notamment ; elles ne comptabilisent pas la présence aux jurys d’examen et de soutenance
ni aux réunions pédagogiques proliférantes ; elles ignorent aussi bien le temps passé à l’exercice de responsabilités administratives, de plus en plus envahissantes.
Ces lourdes tâches rendent la mission
de chercheur presque optionnelle,
d’autant qu’elle est peu reconnue et notoirement sous-dotée (la « prime de recherche », d’environ 1 000 euros annuels n’a
pas augmenté depuis vingt ans). On peut
d’ailleurs s’étonner que cette obligation de
production soit globalement si bien remplie en France, dans ces conditions d’indigence et d’indifférence. Aujourd’hui, l’habituelle lassitude cède la place à une forme
de révolte, face à la dégradation d’une
condition déjà en soi inacceptable et qui
s’accompagne d’un inquiétant discours de
mépris. A moins qu’on ne considère que
« la République n’a pas besoin de
savants ». a
Nathalie Barberger, Florence de
Chalonge, Claude Habib, Anne Richardot,
Nelly Wolf, sont maîtres de conférences ou
professeurs des universités à Lille-III
« Le Franc-Parler »
France Inter b i-TÉLÉ b « Le Monde »
Olivier Besancenot, porte-parole de la
Ligue communiste révolutionnaire
Le gouvernement refusait de négocier
en pleine grève, il évoque maintenant
« une dynamique de reprise de travail »
pour ouvrir la discussion. Est-ce à vos
yeux un premier pas ?
Il a été obligé de le faire. Sur la forme,
cela prouve que le rapport de force commence à payer vu cette première réunion.
Reste le fond. Or, juste après avoir fait
une petite concession sur la forme, nous
avons un gouvernement qui, par la bouche de M. Fillon aujourd’hui, nous dit
qu’il ne lâchera rien sur les principes. Le
gouvernement nous refait le coup de la
gonflette vingt-quatre heures avant la
journée de demain qui s’annonce un succès d’un point de vue interprofessionnel.
Le patron de la CGT Bernard Thibault
est malmené par sa propre base. A-t-il
tort de vouloir négocier ?
Ce mouvement a décidé de contrôler
sa propre mobilisation par la base, en
assemblée générale où il n’y a pas que des
militants de SUD ou de la CGT, mais aussi de Force ouvrière, de la CFDT, de l’UNSA qui depuis longtemps ont dit qu’il fallait arrêter le mouvement (…). On va prouver que les cheminots ne sont pas seuls
par rapport à leur conflit qui ne touche
pas simplement la question des régimes
spéciaux, des retraites, mais qui touche
en filigrane la question du pouvoir
d’achat.
Vous vouliez dès le départ la jonction de
la grève des cheminots avec celle des
fonctionnaires ?
C’est évident, mais ce n’était pas le cas
du côté des directions syndicales. Car certaines ne voulaient surtout pas qu’il n’y
ait qu’une seule manifestation. Je ne fais
jamais la politique du pire car je sais ce
que c’est que de faire grève. Si vendredi,
les cheminots avaient gagné, je leur
aurais dit bravo (…). Je me souviens de
2003, face à toutes les tentatives de divi-
sion des directions syndicales qui à l’époque nous ont trimbalé de journée d’action sans lendemain, on a vu éclore dans
le mouvement spontanément des collectifs interprofessionnels de plus en plus
massifs. Des salariés qui allaient à la rencontre d’autres salariés sans passer par
aucune direction syndicale ou politique.
Nous aurions eu tellement besoin de ces
collectifs interprofessionnels dès le début
de ce mouvement pour gagner…
La SNCF propose des contreparties,
notamment 90 millions d’euros sur quinze
ans. Plusieurs syndicats y sont sensibles…
Et probablement même des cheminotes et des cheminots. J’en suis bien
conscient. Ce sont eux qui diront si ce système de compensation qui touche aux
décotes ou aux salaires sera vécu comme
une victoire ou pas. La situation politique
et sociale ne sera pas la même si ce sont
les cheminots qui ont le sentiment de
gagner quelque chose ou si c’est Nicolas
Sarkozy qui a le sentiment de gagner quelque chose. Mais ce serait bien que les
bénéfices de cette entreprise servent
d’abord à faire fonctionner le service
public.
Pourquoi le Parti socialiste est-il inaudible ?
Le Parti socialiste est tombé dans le
panneau de critiquer le gouvernement
sur la forme. On attendait plutôt la gauche pour nous expliquer en quoi c’était
des mauvaises réformes et surtout comment on pouvait les combattre (…). La
vraie force de la droite, ce n’est pas qu’elle
est partout, c’est qu’une partie de la gauche est nulle part (…). Le pilier fondamental pour proposer quelque chose de neuf à
gauche, c’est de savoir si l’on s’inscrit ou
pas dans la démarche sociale-libérale du
Parti socialiste. Si on accepte ou pas de se
laisser satelliser par le projet politique
qui est cohérent de la direction du PS et
qui est plutôt d’accord avec une partie du
fond des réformes du gouvernement
actuel. Car concrètement, ils pensent que
le libéralisme est inéluctable. a
Propos recueillis par
Raphaëlle Bacqué, Thomas Hugues
et Stéphane Paoli.
Enquête
20
0123
Mercredi 21 novembre 2007
Andrea Prichett a fondé le premier groupe de « copwatchers » à Berkeley (Californie). Il s’agissait alors de dénoncer les exactions contre les SDF, puis contre les minorités. PHOTOS HECTOR MATA POUR « LE MONDE »
Copwatch
Un œil
sur
la
police
E
ntassés dans leur petit
bureau encombré de
dossiers et d’ordinateurs, une dizaine de
militants de l’association Copwatch se préparent pour une
patrouille de nuit. Ils
vérifient que les caméras fonctionnent bien et que la radio scanner installée sur l’armoire balaie l’ensemble des fréquences utilisées par la police,
afin d’intercepter les communications
entre les voitures de police et les différents commissariats.
Andrea Pritchett, une blonde mince et
énergique de 44 ans, professeure d’histoire dans un collège et patronne incontestée des « copwatchers » de la région, tente d’organiser les équipes au milieu
d’une joyeuse pagaille. On décide que
Bram et son amie Gaili, étudiants à l’université, patrouilleront ensemble en voiture. De son côté, Jacob Crawford, 29 ans,
réalisateur vidéo et vétéran du « copwatching », fera sa tournée en vélo, avec sa
caméra autour du cou, en compagnie de
deux nouvelles recrues, des adolescents à
l’allure très sportive. Andrea décide de faire sa tournée à pied, avec un autre
copwatcher expérimenté, Andy, jardinier
et ouvrier à temps partiel dans une usine
de savon.
Jake, un jeune homme hirsute et
jovial, restera au bureau pour écouter la
radio scanner. Quand les policiers reçoivent l’ordre d’intervenir quelque part,
Jake est au courant en même temps
qu’eux. Il appelle aussitôt les copwatchers sur leurs téléphones mobiles pour
leur donner l’adresse : « Avec un peu de
chance, explique Bram, nous arrivons sur
les lieux avant les flics, ou juste après. Pour
être un bon copwatcher, il faut connaître
tous les raccourcis. »
Dans sa version high-tech, le copwat-
ching a été inventé ici, à Berkeley, il y a
quelques années, par des militants déterminés à dénoncer les exactions policières
contre les SDF, puis contre les minorités
noire et latino. Il consiste à suivre les policiers un peu partout, à filmer leurs activités et à prendre des notes sur un formulaire, pour établir un rapport de chaque incident : « Notre but est de rendre les policiers
responsables de leurs actes, explique
Andrea, de mettre fin à l’impunité de ceux
qui commettent des bavures, et ils sont nombreux – la violence policière est une tradition bien établie dans ce pays. Nous les habituons peu à peu à travailler dans la transparence, sous la surveillance des citoyens. »
Il ne s’agit pas de filmer la police à son
insu, au contraire : « Nous sommes aussi
visibles que possible, et nous voulons que
notre présence soit apaisante. Quand les
policiers s’aperçoivent qu’ils sont filmés, ils
ont tendance à mieux respecter la procédure, à être moins brutaux avec les personnes
interpellées, plus polis. »
Pendant cinq heures, les trois équipes
vont sillonner la ville, guidées par Jake au
téléphone, ou circulant au hasard. Ils quadrillent les quartiers sud et ouest de la ville, les plus pauvres, où la police est très
présente. Ils s’aventurent aussi à
Oakland, le grand port industriel voisin,
qui compte plus de 400 000 habitants,
dont 60 % de Noirs et de Latinos et
connaît de graves problèmes de criminalité et de répression.
Fin septembre, un Noir de 20 ans a été
tué de deux balles dans le dos par un poli-
Ils suivent les policiers des nuits entières dans les rues, les filment,
prennent des notes. Leur mouvement est né en Californie.
Ce sont les « copwatchers », « cop » comme flic, « watchers »
Yves Eudes, Berkeley (Californie), envoyé spécial
comme surveillants
les numéros de leurs voitucier sur un parking d’Oakland, alors qu’il
res. Puis elle va parler aux
ne commettait aucun délit. C’était la troisième fois en cinq ans que ce même poli- personnes arrêtées. Elle leur donne un
cier abattait un jeune homme en pleine petit livret résumant leurs droits et leurs
rue. La communauté noire s’est mobili- obligations pendant la garde à vue et les
sée pour que l’auteur des coups de feu exhorte à téléphoner à Copwatch après
soit expulsé de la police et inculpé, mais leur libération, si elles ont à se plaindre
après deux semaines de congés, il a de la façon dont elles ont été traitées.
Ce soir, les premiers policiers accostés
repris son service. Depuis, dans les quartiers noirs d’Oakland, l’ambiance est exé- font semblant de ne pas voir les copwatchers et partent en silence.
crable. Dans ce contexte,
Les suivants répondent aux
pour les copwatchers, toute
« Tous les flics
questions en pesant chaque
intervention est bonne à filmot, avec des sourires figés
mer, depuis l’assaut d’une de la ville savent
qui laissent délibérément
maison occupée par un gang que je possède
jusqu’au simple contrôle rou- des images d’eux transparaître leur exaspération. Mais d’autres les
tier. Bram redouble de vigiaccueillent aimablement.
lance : « N’importe quelle en train de bien
Ils semblent avoir admis
situation peut déraper à tout faire et de mal
que ces étranges cameramoment. Notre rôle est de faire. C’est
men font désormais partie
noter le comportement habidu paysage urbain.
tuel de la police en toutes cir- une protection
pour moi »
En fin de nuit, face à un
constances. »
attroupement de 8 voitures
Dès que Bram et Gaili
de police bouclant une rue
repèrent un gyrophare, ils se Jacob Crawford,
suite à une agression sangarent, descendent de voitu- « vidéo-cycliste »
glante, Gaili et Bram ont du
re et s’avancent lentement, à Berkeley
mal à s’imposer. En les
bien en vue des policiers :
« Il ne faut pas arriver par-derrière, ils voyant, une policière blonde et musclée
pourraient avoir l’impression que quel- arrive en courant et leur ordonne de recuqu’un se faufile dans leur dos pour les atta- ler. Un dialogue de sourds s’engage : « La
quer. Il faut aussi bien montrer sa caméra. loi autorise les citoyens à se réunir librement
Et surtout, ne jamais s’interposer entre un sur la voie publique, récite Gaili sur un ton
flic et sa voiture, ça le rend nerveux. » Tan- neutre. Nous ne vous gênerons pas dans
dis que Bram filme en restant à distance, votre travail. » La policière reste inflexiGaili va voir les policiers et note soigneu- ble : « Il y a une blessée, et un homme intersement leurs noms, leurs matricules et pellé, en vous approchant vous risqueriez de
perturber une scène de crime, ce serait un
délit. » Bram fait remarquer que la police
laisse les badauds passer juste à côté du
suspect menotté et que seuls les copwatchers sont bloqués de l’autre côté de la
rue : « Je ne suis pas au courant, riposte la
policière, je n’ai pas le droit de regarder derrière moi, j’ai reçu l’ordre de ne pas vous quitter des yeux. » Bram appelle alors Jake et
ses cyclistes pour qu’une deuxième caméra filme ses démêlés avec la policière.
L’action de Copwatch ne se limite pas
aux patrouilles. Toutes les vidéos sont
stockées et indexées. La plupart sont anodines, mais il y a aussi une collection
d’images chocs : arrestations ultraviolentes, passages à tabac en pleine rue, voitures de police renversant des passants,
enfants tenus en joue avec des fusils à
pompe… Andrea Pritchett fait un bilan
en demi-teinte de leur impact : « Nous
avons réussi à innocenter des prévenus accusés à tort d’avoir frappé les policiers lors de
leur arrestation. Et qui sait, un jour nous
réussirons peut-être à faire condamner un
policier pour faux témoignage, ou violence
abusive. »
Tous les rapports écrits sont saisis dans
une base de données, qui sera bientôt
publiée sur Internet. Grâce à cet outil, les
militants de Copwatch font émerger des
types de comportement policier, par
patrouille, par quartier ou par catégorie
d’infraction : « Si certains contrôlent tous
les automobilistes noirs alors qu’ils laissent
les Blancs tranquilles, nous pourrons le
prouver statistiquement. » Autre exemple :
0123
21
Mercredi 21 novembre 2007
Des agents effectuent un contrôle. L’intervention se fait sous la surveillance
d’une équipe de patrouilleurs. Ceux-ci ne travaillent jamais à l’insu de la police.
Jacob Crawford (en haut), 29 ans, un des vétérans du « copwatching », fait sa tournée à vélo, caméra au cou, mobile
en poche. Au moindre appel, il se rend sur les lieux d’une intervention de police. Les militants parlent aux personnes
arrêtées, leur indiquent leurs droits et leur proposent d’appeler Copwatch après leur libération.
« Si un policier malmène un suspect un
soir, ce n’est pas forcément grave, mais
nous vérifions dans notre base pour voir si
c’est récurrent. »
Jacob Crawford, le « vidéo cycliste »
infatigable, a opté pour un mode d’action
plus médiatique. A partir des centaines
d’heures d’images en sa possession, il a
réalisé un documentaire didactique, qu’il
distribue en DVD. Il diffuse aussi quelques vidéos via Internet, sur des blogs
politiques et sur YouTube, site très populaire auprès de la jeunesse américaine.
Jacob est bien connu de la police, et
parfois il se sent un peu traqué, mais il
refuse de s’inquiéter : « Tous les flics de la
ville savent que je possède des images d’eux
en train de bien faire et de mal faire. C’est
une protection pour moi. Mes archives sont
stockées dans des lieux secrets et je les change de cachette régulièrement. »
L
a seconde mission de
Copwatch-Berkeley
est
d’aider les militants d’autres
villes à monter leur propre
association. Tous les lundis,
Andrea et ses militants organisent un cours juridique et pratique pour
les étudiants de l’université de Berkeley,
souvent originaires d’autres régions des
Etats-Unis : à la fin de leurs études, loin
d’ici, certains implanteront des Copwatch
dans leur ville. Andrea participe aussi à
des conférences dans toute la Californie.
En juillet, elle a organisé à Berkeley la première convention nationale des copwatchers. De son côté, Jacob Crawford va
entreprendre une tournée des Etats-Unis
pour réaliser un nouveau documentaire
sur les copwatchers. Il a recensé une
soixantaine d’associations : « Certaines
ont du mal à décoller, mais d’autres sont très
actives. A Reedley [Californie], c’est un
ancien flic qui a organisé le copwatch. A Denver, dans le Colorado, des dames retraitées
ont rejoint les jeunes copwatchers, ça fonctionne. »
A Petaluma, ville moyenne à une heure
au nord de San Francisco, Copwatch a été
créée par une douzaine d’adolescents
sages et bien élevés. La chef de la bande,
Karin Adams, une rouquine espiègle,
vient d’avoir 21 ans, et travaille dans un
laboratoire d’analyse médicale. Ses équipiers sont des lycéens de 17 ou 18 ans qui
habitent encore avec leur famille. Ils racontent en riant que leurs parents sont fous de
rage ou morts d’inquiétude mais que rien
ne les empêchera de continuer.
Au départ, ils étaient en rébellion
contre le paternalisme envahissant de la
police, qui les empêchait de s’amuser à
leur guise le samedi soir. Puis leur action a
pris une tournure plus sérieuse : « Ça a
l’air calme ici, explique Karin, mais dans ce
comté, la police a tué huit personnes au
cours des sept derniers mois. » Tous les
week-ends, à partir de 21 heures, les jeunes copwatchers de Petaluma parcourent
les immenses avenues désertes de la ville,
dans des voitures empruntées à des
copains un peu plus âgés. Pour pister la
police, ils ont adopté la radio scanner,
mais comme ils n’ont pas de bureau, l’appareil est installé dans la chambre à coucher de Karin. Ils filment les policiers
contrôlant des jeunes à la sortie d’une discothèque, entrant de force dans une maison pour interrompre une fête, ou harcelant les bandes de jeunes Noirs venus des
cités voisines, indésirables dans cette ville
blanche : « Ils s’acharnent sur les filles, ils
les fouillent et les frappent. Notre caméra les
calme un peu. »
Karin est fière du chemin parcouru en
quelques mois : « Les flics ont d’abord été
surpris, puis ils sont devenus agressifs. Ensuite, ils se sont mis à nous appeler par nos
noms, pour bien montrer que nous étions
repérés. » Un soir, une copwatcher de
17 ans est arrêtée et conduite au poste
sous un vague prétexte. Ses amis contreattaquent aussitôt : « Nous avons trouvé
un avocat, puis nous sommes allés voir le
maire de la ville, et nous avons écrit une lettre ouverte au chef de la police locale. Nous
avons même reçu le soutien de certains de
nos profs. Depuis, les flics nous laissent tranquilles. » Karin et ses amis n’ont pas encore diffusé leurs vidéos, mais ils réalisent
des montages et les mettent à l’abri en les
stockant sur un serveur en ligne.
La situation est encore plus rude dans
l’immense agglomération de Los Angeles.
Dans les quartiers défavorisés du centreville de Santa Ana et de Long Beach, des
jeunes Noirs et Latinos issus de la mouvance hip-hop essaient tant bien que mal de
se lancer dans le copwatching. Sherman,
24 ans, rapper et leader des copwatchers
de Long Beach, explique en riant qu’il n’a
pas besoin de radio scanner pour trouver
des policiers : « Autour de chez moi, ils sont
sans arrêt en action, on ne voit qu’eux. »
Mais l’hostilité de la police de Long Beach
contre cette nouvelle pratique est si forte
que beaucoup de militants ont renoncé.
Même les plus déterminés espacent leurs
patrouilles. Miguel, 19 ans, qui fait des études pour devenir travailleur social, hésite
à continuer. Un soir, alors qu’il essayait de
filmer une arrestation musclée, des policiers se sont rués sur lui en hurlant, revolver au poing. Il s’est enfui et ils ne l’ont pas
poursuivi, « mais ça fait réfléchir ».
En fait, les vidéos des copwatchers de
Los Angeles montrent surtout les harcèlements dont ils sont eux-mêmes victimes.
Pour disposer de bureaux permanents, ils
ont dû se rapprocher d’associations plus
traditionnelles, notamment la Coalition
du 22 octobre, qui apporte une aide matérielle et juridique aux victimes de violences policières et à leurs familles.
Installée dans un vieil entrepôt transformé en bureau, Alegra Padilla, responsable de la Coalition, explique qu’elle a
initié une stratégie alternative : « Quand
un citoyen tourne par hasard une vidéo
montrant des violences policières, et qu’il ne
sait pas quoi en faire, il nous l’apporte,
nous nous chargeons de la diffuser sur Internet, et si possible dans les grands médias. »
Elle invite aussi les copwatchers aux meetings et aux concerts organisés par la
Coalition : « Ils expliquent au public que
tout le monde devrait observer le comportement de la police, quand l’occasion se présente. » Elle-même a commencé à appliquer cette nouvelle consigne : « Si je vais
faire des courses et que je vois des policiers
arrêter quelqu’un dans la rue, je m’approche, je pose des questions, je prends des
notes, avec ou sans caméra. La solution, ici,
c’est que chaque citoyen devienne un
copwatcher occasionnel. » a
Des policiers diffusent aussi des vidéos sur Internet
LORSQU’ON demande aux policiers californiens ce qu’ils pensent des « copwatchers », ils donnent généralement la
même réponse, comme apprise par
cœur : « Nous faisons notre boulot et ils
font le leur. Tant qu’ils ne pénètrent pas
dans des propriétés privées, pas de problème. » Les gradés se contentent de citer
une vieille note de service conseillant
aux policiers de « mettre le moins de restrictions possible » à l’observation de
leurs activités par les citoyens. Pour en
savoir plus, il faut s’adresser aux juristes.
Harry Sterns est avocat spécialisé
dans la défense des policiers ayant des
démêlés avec leur hiérarchie ou avec la
justice. Dans sa jeunesse, il fut lui-même
policier pendant sept ans, ce qui lui
confère un statut de porte-parole informel des forces de l’ordre de la région de
San Francisco. D’emblée, il reconnaît
que, de nos jours, les policiers doivent
s’habituer à travailler dans la transparence, et qu’aucune loi n’interdit de les
observer et de les filmer dans la rue
– sauf bien sûr si les copwatchers
gênent le bon déroulement de l’intervention ou si leur présence crée un danger
pour eux-mêmes ou pour autrui. Ces restrictions, vagues et générales, peuvent
être invoquées dans un grand nombre
de circonstances : « Dans certaines affaires délicates, explique M. Stern, un policier sera moins efficace s’il est obligé
d’avoir une discussion intime avec un
témoin ou une victime devant une caméra.
Il pourra légitimement demander au cameraman de s’éloigner. »
M. Sterns reproche à certains militants d’agir de façon partisane : « Des
copwatchers ont diffusé sur Internet des
vidéos montées de façon tendancieuse. Ils
avaient conservé les passages montrant la
police en train de faire usage de la force
pour arrêter quelqu’un, et supprimé la
séquence précédente, montrant la personne
en question en train d’agresser violemment
un policier. Dans d’autres cas, les copwatchers étaient de bonne foi, mais ils sont
arrivés sur les lieux trop tard pour voir que
les policiers ne faisaient que se défendre. »
L’avocat affirme n’avoir aucune animosité à l’encontre des copwatchers,
mais il s’interroge sur leurs motivations : « Il y a quand même de meilleurs
moyens d’aider la société. Ils pourraient
par exemple suivre les gangs et les filmer
pour les empêcher de nuire. Mais ce serait
plus risqué. » Depuis peu, des policiers
utilisent à leur tour Internet, pour diffuser des vidéos montrant des collègues
écrasés par des chauffards ou tués par
des truands.
La police a récemment remporté une
victoire juridique importante sur les militants. La Cour suprême de Californie a
décidé que les commissions locales chargées d’examiner les affaires de violence
policière ou de délinquance au sein de la
police se réuniraient désormais à huis
clos : « Les policiers accusés peuvent ainsi
préserver la confidentialité de leurs dossiers personnels, se félicite M. Sterns, et
protéger leurs familles contre d’éventuelles
représailles. » Selon lui, quand les séances étaient publiques, elles dégénéraient
régulièrement en affrontements : « Des
gauchistes excités venaient uniquement
pour se défouler, ils hurlaient des slogans
et insultaient la police. C’était grotesque. »
Une coalition d’associations de défense des droits civiques a essayé de présenter devant l’Assemblée de l’Etat un projet de loi visant à rétablir la publicité des
débats de ces commissions. Mais les syndicats de policiers ont fait pression sur
les législateurs et ont réussi à empêcher
que le vote ait lieu. a
Focus
22
0123
Mercredi 21 novembre 2007
La nouvelle géographie des tribunaux
Clichy
St-Ouen
Asnières-sur-Seine
St-Denis
Courbevoie
Neuilly- Puteaux
sur-Seine
LevalloisPerret
9
BoulogneBillancourt
16
7e
Le Raincy
Pantin
Montreuil
15e
Vincennes
Nogent-sur-Marne
Vanves
Créteil
Antony
14e
Pont-Audemer
Falaise
Flers
Mortain
Domfront
Dinan
Loudéac
MontfortPontivy
sur-Meu
Fougères
Ploërmel
Vannes
Mamers
Segré
Châteaubriant
St-Nazaire
Nantes
Plaimbœuf
St-Calais
Loches
TI
limite de sa zone de compétence
Fontenay- Parthenay
Les Sables- le-Comte
d’Olonne
TGI et TI
La Rochelle
Les suppressions
Rochefort
POITIERS
Marennes
Cognac
St-AmandMontrond
BoulayMoselle
Hayange
METZ
Châlons-enChampagne
Forbach
Sarreguemines
St-Avold
Wissembourg
Saverne Haguenau
La Châtre
Guéret
LIMOGES
Troyes
Epinal
Bar-sur-Seine
Luxeuil-les-Bains
Joigny
Tonnerre
Châtillonsur-Seine
Montbard
Langres
COLMAR
Remiremont
Guebwiller
Thann
Lure
Belfort
Mulhouse
Auxerre
Altkirch
Gray Vesoul
Clamecy Avallon
Montbéliard
SemurCosneDIJON
en-Auxois
Baume-les-Dames
CoursDole
Châteausur-Loire
BESANÇON
Chinon
Beaune
Autun
Nevers
Pontarlier
Huningue
Arbois
Le Creusot
Chalon- Louhans
MontceauLons-le-Saunier
sur-Saône
les-Mines
St-Caude
Mâcon
Bourg-enThonon-les-Bains
Montluçon
Charolles
Bresse
Annemasse
Cusset
Nantua
VillefrancheGannat
Bonneville
sur-Saône
Vichy
St-Julien-en Genevois
Trévoux
Roanne
Annecy
Riom
Belley
Bellac
Angoulême
Saintes
BOURGES
Le Blanc
Civray
Melle
St-Jeand’Angély Ruffec Confolens
Tribunal d’instance (TI) supprimé
Zone de compétence
de TI supprimée
Châteauroux
Châtellerault
Montmorillon
Niort
Gien
Issoudun
Loudun
La Roche-sur-Yon
Briey
Verdun
REIMS
Sens
Sancerre
Vierzon
Bressuire
limite de sa zone de compétence
ORLÉANS
Tours
Chinon
Rethel
Epernay
Montargis
RomorantinLanthenay
Baugé
Cholet
Etampes
Longwy
Thionville
Vouziers
Pithiviers
Vendôme
Blois
Saumur
TGI
Châteaudun
La Flèche
ANGERS
Cour d’appel
limite de sa zone de compétence
Le Mans
Château-Gontier
Redon
Sedan
Meaux
ChâteauBrumath
St-Mihiel NANCY Salins
Schiltigheim
LagnyCoulommiers Vitry-le-François
Sarrebourg
Bar-le-Duc Toul
sur-Marne
Lunéville
Dreux
Strasbourg
Molsheim
Provins
St-Dizier
Illkirch-Graffenstaden
Melun
Chartres
Nogent-sur-Seine
St-Dié-des-Vosges
Sélestat
MontereauNeufchâteau
Fontainebleau
Bar-sur-Aube
Fault-Yonne
Ribeauvillé
Nogent-le-Rotrou
Chaumont Mirecourt
Alençon
Laval
Evry
Charleville-Mézières
Laon
Senlis ChâteauThierry
Louviers
Mortagneau-Perche
Vitré
Avesnes-sur-Helpe
Rocroi
Compiègne Soissons
Créteil
Palaiseau
Juvisy-sur-Orge
Rambouillet
Longjumeau
Clermont
Les Andelys
PARIS
VERSAILLES
Vervins
Bernay Evreux
PARIS
VERSAILLES
Argentan
Mayenne
RENNES
Elbeuf
Bobigny
St-Quentin
AMIENS Péronne
Beauvais
ROUEN
Lisieux
Avranches
St-Brieuc
Auray
Pontl’Evêque
St-Lô
St-Malo
Quimperlé
Pontivy
Neufchâtelen-Bray
Montdidier
CAEN
Vire
Lannion
Guingamp
Lorient
Doullens
Le Havre
Bayeux
Brest
Quimper
Cambrai
13e
Valognes
Coutances
Châteaulin
12e
Yvetot
Boissy-St-Léger
Carvin
Montreuil Houdain
Valenciennes
Liévin Lens
St-Pol-surMaubeuge
DOUAI
Abbeville
Ternoise
Arras
Cherbourg
Charenton-le-Pont
Ivry-sur-Seine
Morlaix
5e
Montmorency
Ecouen
Sannois
Gonesse
Mantesla-Jolie Poissy Nanterre
St-Germain-en-Laye
Tourcoing
Roubaix
Lille
Béthune
e
Dieppe
St-Maur-des-Fossés
Villejuif
20
e
4e 11
6e
Hazebrouck
Boulogne-sur-Mer
e
10
8e er 2e 3e
1
e
Bobigny
PARIS
Pontoise
St-Omer
19e
e
Aulnay-sous-Bois
Nanterre
18e
17e
Aubervilliers
Colombes
Dunkerque
Calais
Bourganeuf
Aubusson
Rochechouart
St-Yrieix-la-Perche
Moulins
RIOM
Thiers Montbrison
ClermontFerrand
Ambert
Aix-les-Bains
Villeurbanne
LYON
CHAMBÉRY
Albertville
St-Etienne
Moûtiers
BourgoinLe ChambonVienne Jallieu
Feugerolles
St-Jean-de-Maurienne
Tribunal de grande instance
Annonay
St-Marcellin
Périgueux
LesparreYssingeaux
(TGI) supprimé et son transfert
Brioude
Mauriac
Murat
Blaye
Ribérac
Médoc
Tulle vers un autre TGI
Romans- GRENOBLE
Brive-la-Gaillarde
Tournon
sur-Isère
(lesTGI supprimés deviennent des TI)
Libourne Bergerac
Le
Puy-en-Velay
St-Flour
Briançon
Valence La Mure
SarlatBORDEAUX
Aurillac
Privas
la-Canéda Gourdon
Die
Marmande
Marvejols
Aubenas
La Réole
Gap
Arcachon
Espalion
Figeac
Montélimar
VilleneuveVillefrancheRodez
Mende
Largentière
sur-Lot
TI dont la zone de compétence
Bazas
Nyons
AGEN
Barcelonnette
Cahors de-Rouergue
a été modifiée (hors rattachement d’un TI)
Moissac
Florac
Carpentras
Orange
Digne-les-Bains
Alès
Millau
Zone de compétence de TI
Montauban
Mont-de-Marsan
Nérac
Le Vigan
Forcalquier
Uzès
Avignon
Albi
dont le siège a changé
Castelsarrasin
Condom
Apt
St-Affrique
Manosque
Lectoure
Grasse Nice Menton
Dax
Gaillac
Tarascon Le Pertuis
NÎMES
TOULOUSE
Lodève
TGI dont la zone de compétence
St-Sever
Auch
Draguignan
Lavaur
Cagnes-sur-Mer
Cannes
Arles Salon-dea été modifiée (hors rattachement d’un TGI) Bayonne
Villefranche- Castres
Antibes
AIX-ENProvence
St-Pons-deMONTPELLIER
de-Lauragais
PROVENCE Brignolles
Mirande
Fréjus
Orthez
Thomières
Biarritz
Martigues
Muret
Sète
Aubagne
Castelnaudary
St-Palais
PAU
Tarbes
Hyères
Béziers
St-Gaudens
Marseille
L’Ile-Rousse
Oloron
Carcasonne
Montbard
Toulon
Pamiers
Nouveau TI (7 créations au total)
Narbonne
Ste-Marie Lourdes BagnèresBASTIA
Limoux
de-Bigorre
St-Girons
Corte
Foix
Création d’un pôle d’instruction
Jonzac
Barbezieux- Nontron
St-Hilaire
Tulle
Ussel
Issoire
Les modifications
Les créations
Perpignan
Prades Céret
Source : ministère de la justice
Ajaccio
23 tribunaux de grande instance supprimés
176 tribunaux d’instance supprimés
76 pôles d’instruction créés
• Il juge les conflits entre particuliers portant sur des sommes
supérieures à 10 000 euros et les litiges concernant la famille,
l’état civil, la nationalité ou l’immobilier.
• Lorsqu’il juge des délits (peine encourue inférieure ou égale
à 10 ans), il prend le nom de tribunal correctionnel.
• Il abrite également le tribunal des affaires de la sécurité
sociale et, pour certains, la cour d’assises du département,
qui juge les crimes.
• Les fermetures commenceront en 2010.
• Il juge les conflits entre particuliers dont le montant
est compris entre 4 000 et 10 000 euros.
• Le juge d'instance exerce aussi les fonctions de juge des
tutelles.
• Il héberge également le tribunal de police, qui statue sur les
contraventions les plus graves, et les juges de promixité (affaires
portant sur moins de 40 000 euros et petites contraventions).
• Il abrite également le tribunal des affaires de la sécurité.
• Les fermetures commenceront en 2009.
La réforme de la procédure pénale de mars 2007, engagée
après le scandale d'Outreau, prévoit la création de pôles
d'instruction, pour mettre fin à l'isolement ce ces juges.
A partir du mois de mars 2008, des formations collégiales
de deux juges d'instruction seront en charge des crimes et
des délits les plus graves ou les plus complexes. A partir du
1er janvier 2010, des formations collégiales de trois juges
d'instruction s'occuperont de toutes les affaires soumises
à l'instruction, qui représentent moins de 5 % des affaires pénales.
Carte judiciaire Une réforme
importante... et inachevée
A
u pas de charge,
Rachida Dati a procédé à la plus importante réforme de la carte
judiciaire
depuis
1958. Son but, « améliorer la qualité de la
justice » en tenant
compte de « la réalité
des territoires », s’appuie sur une modernisation et une informatisation de la justice.
La refonte de la carte judiciaire touche
surtout les tribunaux d’instance (TI),
notamment ceux de zones rurales, ce qui
fait craindre à de nombreux élus la création de « déserts judiciaires ». Plus d’un
tiers des 476 TI sont supprimés. Le chiffre
est en léger retrait par rapport aux prévisions initiales de la chancellerie, qui supprime un peu plus de tribunaux de grande
instance (TGI). Mais ce résultat reste proche des projets élaborés par la chancellerie
(Le Monde du 20 septembre), avant que ne
soient examinés les rapports élaborés par
les chefs de cour d’appel et après l’organisation de concertations locales.
Vingt-trois TGI sont supprimés sur un
total de 181. L’implantation déséquilibrée
des TGI s’explique par les situations géographiques, des raisons historiques et le
poids politique des élus. La nouvelle carte
ne corrige pas ce déséquilibre : des dépar-
tements comme la Somme ou les Côtesd’Armor voient leurs trois TGI réduits à
un, d’autres comme l’Aisne ou la SeineMaritime en gardent trois. L’absence de
lisibilité des critères des choix a nourri les
mécontentements des élus et des milieux
judiciaires, qui soulignent un manque de
concertation.
Les ressorts des cours d’appel, qui
remontent à la Révolution, n’ont pas été
touchés, alors que le programme de Nicolas Sarkozy préconisait une cour d’appel
par région et un TGI par département (ce
qui est plus difficilement réalisable).
Mme Dati a poursuivi la réforme des tribunaux de commerce entamée par Elisabeth
Sartène
Infographie Le Monde
Cour d’appel
Elle examine les affaires
déjà jugées par le tribunal
d'instance, de grande
instance, de commerce,
de police, des baux ruraux,
le tribunal correctionnel
et le conseil des
prud'hommes.
Un tribunal d’instance supprimé
sur trois, un tribunal de grande
instance sur huit. La refonte de la carte
judiciaire de Rachida Dati suscite
les craintes de « déserts judiciaires ».
Mais ce n’est qu’une première étape
vers d’autres redéfinitions
Guigou en 1998. Cinquante-cinq sont supprimés, et cinq sont créés.
La réforme de Mme Dati laisse un goût
d’inachevé, mais il était sans doute difficile
d’aller plus loin avant les élections municipales. La ministre s’oriente vers une redéfinition des contentieux : certains, comme
l’amiante, le droit de la presse ou l’environnement, devraient être traités par des juridictions spécialisées. Inversement, les
affaires familiales pourraient faire partie
du contentieux de proximité. Pour les
détracteurs de la méthode, cette réflexion
sur l’évolution des contentieux aurait dû
être un préalable à une réforme. a
Alain Salles
CONSEILS DE PRUD’HOMMES
Le gouvernement a annoncé la création
d’un conseil de prud’hommes dans le ressort de Douai, à Avesnes-sur-Helpe, et la
suppression de 63 autres (sur 271) : dans
la zone de la cour d’appel d’Agen (1),
d’Aix (3), d’Amiens (4), d’Angers (1), de
Besançon (1), de Bordeaux (1), de Bourges (2), de Caen (3), de Chambéry (1), de
Colmar (4), de Dijon (5), de Douai (6), de
Grenoble (4), de Lyon (3), de Metz (2), de
Montpellier (3), de Nancy (3), de Nîmes
(2), de Orléans (1), de Paris (1), de Pau (1),
de Poitiers (1), de Reims (2), de Rennes
(2), de Riom (1), de Rouen (3), de Toulouse (1), de Versailles (1).
Carnet
0123
Mercredi 21 novembre 2007
Sir Lindsay Owen-Jones,
président de L'Oréal,
Jean-Paul Agon,
directeur général,
Le conseil d'administration,
Les vice-présidents
Et l'ensemble du personnel de L'Oréal,
Le Carnet
Deux mois
d’abonnement
au Monde offerts*
ont la profonde tristesse de faire part du
décès de
M. André BETTENCOURT,
pour toute annonce
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de naissance ou mariage.
ancien vice-président
du conseil d'administration.
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La fondation Bettencourt Schueller,
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AU CARNET DU «MONDE»
Naissances
A la une aujourd'hui,
ont la très grande tristesse de faire part du
décès de
son fondateur et vice-président ,
Caroline et Yassine JELOUALI
ont la joie d'annoncer l'arrivée du plus
beau bébé franco-tunisien,
M. André BETTENCOURT,
ancien ministre,
membre de l'Institut,
23
Les présidents,
Les administrateurs,
La direction et le personnel de
INTERBEV
l'Interprofession bétail et viandes
CIV
Centre d'information des viandes
la FNB
Fédération nationale bovine
l'Office de l'Élevage,
ont la tristesse de faire part du décès de
leur ancien président,
Marcel BRUEL,
commandeur de la Légion d'honneur,
à l'âge de quatre-vingt-cinq ans
et présentent leurs sincères condoléances
à sa famille et à ses proches.
Marwan,
survenu à Neuilly-sur-Seine,
le 19 novembre 2007.
né le 17 novembre 2007, à Antony.
Décès
Vazgain AVANISSIAN,
dit AZIK,
s'est éteint le 16 novembre 2007, à
Strasbourg.
M. Pierre Schoendoerffer,
président,
M. Arnaud d'Hauterives,
secrétaire perpétuel
Et tous les membres de
l'Académie des Beaux-Arts,
ont la tristesse de faire part du décès de
leur confrère,
André BETTENCOURT,
Neuilly. Saint-Maurice d'Etelan.
membre de la section
des Membres Libres
de l'Académie des Beaux-Arts,
de l'Institut de France,
chevalier de la Légion d'honneur,
croix de guerre 1939 - 1945,
rosette de la Résistance,
Mme André
Bettencourt,
née Liliane Schueller,
Mme Françoise Bettencourt Meyers,
sa fille,
M. Jean-Pierre Meyers,
son gendre
et leurs enfants, Jean-Victor et Nicolas,
survenu le lundi 19 novembre 2007,
dans sa quatre-vingt-neuvième année,
à Neuilly-sur-Seine.
M. l'Abbé Jacques-Henry Bettencourt,
M. et Mme Jean-Baptiste Bettencourt
et leurs enfants,
Mlle Béatrice Gosselin,
M. et Mme Bertrand Mulhauser
et leurs enfants,
Le comte de Chalendar,
ses enfants et petits-enfants,
L'Abbé Xavier de Chalendar,
Le comte et la comtesse
Michel de Chalendar,
leurs enfants et petits-enfants,
Académie des Beaux-Arts,
23, quai de Conti,
75270 Paris cedex 06.
Blois (Loir-et-Cher).
Marian Billeau,
son épouse,
Christine, Isabelle et Jacques,
ses enfants,
Marylou et Léo,
ses petits-enfants
Et toute la famille,
ont la profonde tristesse de faire part du
décès de
ont la tristesse de faire part du décès de
Jean BILLEAU,
M. André BETTENCOURT,
professeur agrégé d'anglais,
chevalier de la Légion d'honneur,
croix de guerre avec palmes 39 - 45,
médaille de la Résistance avec rosette,
membre de l'Institut de France,
ancien député et sénateur,
ancien ministre,
survenu le 16 novembre 2007, à l'âge de
quatre-vingt-huit ans.
La cérémonie d'adieu aura lieu le
mercredi 21 novembre, à 14 h 30, au
temple de Blois, 30, rue des Minimes.
Ni fleurs ni couronnes.
survenu le lundi 19 novembre 2007, à son
domicile.
Les obsèques auront lieu le jeudi 22
novembre, à 15 heures, en l'église SaintPierre de Neuilly, 90, avenue du Roule.
Des dons peuvent être adressés à
l'APAJH, 6 bis, quai Saint-Jean, 41000
Blois
5, rue de Touraine,
41000 Blois.
Centre Georges Pompidou
Les terrorismes
contre la guerre
Colloque organisé par lʼAssociation Recherches Mimétiques
Dimanche
25 novembre
PETITE SALLE, NIVEAU -1
14. 30 - 16. 30
Conférences
Paul Dumouchel : Le terrorisme islamiste, un nouveau rapport à la mort
Frédéric Gros : Lʼextension du champ de la sécurité : quels enjeux ?
17. 00-19. 00
Table ronde animée par Paul Dumouchel
Avec Mark Anspach , Maria Stella Barberi ,
Jean-Michel Oughourlian, Simon Simonse et Stefano Tomelleri.
Les obsèques seront célébrées en
l'église de Capdenac-Gare, le mercredi 21
novembre, à 15 heures.
Marcelle Charlemagne-Kennel,
son épouse,
Daniel et Joëlle Charlemagne,
leurs enfants et petits-enfants,
Jean-Pierre et Martine Charlemagne,
leurs enfants et petits-enfants,
Marie-Elizabeth
et
Ernest
Nussbaumer,
leurs enfants et petits-enfants,
ont la tristesse de faire part du décès du
pasteur
Raymond CHARLEMAGNE,
survenu le 16 novembre 2007, à Montpellier,
dans sa quatre-vingt-treizième année.
Il repose dans l'espérance de la
Résurrection, à Boucq (Meurthe-etMoselle).
Résidence Hotelia,
662, avenue de la Pompignane,
34000 Montpellier.
Conférence
Boris Cyrulnik : Les enfants de la guerre : comment fabrique-t-on des terroristes ?
Lundi
26 novembre
GRANDE SALLE, NIVEAU -1
14. 30-17. 30
Conférences
Jean-Pierre Dupuy : De Hiroshima à Ben Laden
René Girard : La genèse clausewitzienne du terrorisme
Michel Serres : La fin des guerres
17. 30-19. 00
Table-ronde animée par Frédéric Gros
Avec Alain Finkielkraut,
Antoine Garapon et Frédéric Worms.
Sylvie Sonnenberg, née Sommer,
son épouse,
Anniversaires de décès
Notre fils bien aimé,
Patrice et Carole Sonnenberg,
Isabelle Sonnenberg,
ses enfants,
Thierry VEDRINE
ont la douleur de faire part du décès de
M. Philippe GHESQUIÈRES,
survenu le 16 novembre 2007,
à l'âge de soixante-dix ans.
est décédé le 21 novembre 1995.
Audrey Sonnenberg,
sa petite-fille,
Marcel et Jacqueline Vedrine.
Philippe et Dominique Lazar,
son beau-frère et sa belle-sœur,
La cérémonie religieuse sera célébrée
le mardi 20 novembre, à 15 heures, en
l'église Saint-Pierre de Royan (CharenteMaritime), suivie de l'inhumation au
cimetière Montperrier.
Souvenirs
Anne-Emmanuelle Lazar et Olivier
Castillon,
Benjamin Lazar,
Hélène Ovtchinnikov,
ses nièce, neveux et petite-nièce,
Hossegor.
ont la douleur de faire part du décès de
Jean et Mary-Annick,
Bernard et Hélène,
Anne et Dante,
ses enfants,
Ses petits-enfants,
Ses arrière-petits-enfants,
M. Paul SONNENBERG,
chevalier de la Légion d'honneur,
rosette de la Résistance,
survenu le 8 novembre 2007, dans sa
quatre-vingt-septième année.
font part du décès de
Mme Denise MOREL,
survenu le 15 novembre 2007, à l'âge de
quatre-vingt-quatorze ans.
Ses obsèques ont eu lieu le lundi 19
novembre, à Hossegor (Landes), dans la
plus stricte intimité familiale.
Cet avis tient lieu de faire-part.
« La Huchette »,
112, avenue de la Côte d'Argent,
40150 Hossegor.
Saint-Quentin-Fallavier
Coligny (Ain).
(Isère).
Mme Béatrice Perret-Ballu,
son épouse,
Matthieu et Delphine,
ses enfants
et leurs compagnons, Lucie et Tian,
Pierre et Rachel Perret,
Josette et Michel Basset,
Jacques et Paule Perret,
Leurs enfants et petits-enfants,
Les familles Perret, Ballu,
Parents et amis,
ont le grand chagrin de faire part du
décès de
Nathalie GRUMBACH-GOMEZ,
qui nous a quittés le dimanche
18 novembre 2007.
Elle sera inhumée le mercredi 21
novembre, à 15 h 30, au cimetière Ancien
de Neuilly, 3, rue Victor Noir, (Hauts-deSeine).
A la vie !
Nadaillac-de-Rouge.
Edmond et Marcelle Jouve,
Nadine et Guy Jourdhas,
Jean-Pierre et Marie-Odile Jouve,
ses enfants,
Dominique et Isabelle,
Vincent et Laurence,
Isabelle et Xavier,
Sylvie et Claude,
Philippe et Cynthia,
Laurent et Delphine,
Evelyne, Florence,
ses petits-enfants,
David, Jonathan, Margaux, Philippe,
Manon, Justine, Camille, Héloïse,
Thomas, Clément, Lucas, Sylvain,
Valentine et Maya,
ses arrière-petits-enfants
Et toute sa famille,
M. Jean PERRET.
Nous vous invitons à la cérémonie en
l'église de Saint-Quentin-Fallavier, le
mercredi 21 novembre 2007, à 10 heures.
Nous vous proposons ensuite de nous
rejoindre à Valresson, Coligny (Ain), à 15
heures, pour nous réunir et disperser ses
cendres ensemble.
La famille remercie toutes les
personnes qui garderont sa mémoire
vivante.
Ni fleurs ni plaques, des dons seront
recueillis ce jour-là au profit
d'associations.
Condoléances sur registre.
Visites à l'espace funéraire Boudrier,
31, rue Lavoisier, à Bourgoin-Jallieu.
Il est vivant,
Christ est ressuscité !
Saint-Cloud. Bougival.
Mme Georges Samelson,
née Claude Pellous,
son épouse,
Eric et Laurence Samelson,
Laurent Samelson (†),
Frank Samelson,
Anne Samelson,
ses enfants,
Elodie, Florian, Aurélien,
Laura,
ses petits-enfants,
ont la tristesse de faire part du retour à
Dieu de
Georges SAMELSON,
née ESPITALIE,
corps franc Vengeur
secteur Dordogne Sud
réseau Buck Master,
ancien des Forces françaises intérieures,
croix du combattant,
croix du combattant volontaire
de la Résistance,
croix du combattant volontaire
1939 - 1945,
survenu, à son domicile, le 19 novembre
2007, dans sa quatre-vingt-dix-neuvième
année.
Vous faites donc partie des valeureux.
Extrait de la lettre que lui a adressée
Maurice Druon, le 18 septembre 1998,
Mme Hélène JOUVE,
Elle a rejoint son époux
Marcel,
past-président
du Rotary-Club Saint-Cloud,
Paul Harris Fellow,
3, rue Marié Davy,
75014 Paris.
[email protected]
46300 Payrignac.
Cassagne - 46350 Nadaillac-de-Rouge.
1, rue du Mont-Valérien,
92210 Saint-Cloud.
a gagné sa nouvelle demeure dans le beau
jardin du Montparnasse,
« Au rendez-vous des amis »,
division 7, ligne 5 nord, 11 ouest.
[email protected]
[email protected]
[email protected]
Hommages
Nous avons appris dans la douleur, la
disparition prématurée de notre ami,
Cet avis tient lieu de faire-part.
20, rue Condorcet,
75009 Paris.
Gérard CATHELINEAU
et tenons à exprimer à Béryl, sa femme
notre tendresse et notre affection.
Romilly-sur-Seine. Troyes.
La famille Ter-Davtian
fait part du décès du
docteur
Pierre-Marc TER-DAVTIAN,
survenu le jeudi 15 novembre 2007.
Ses obsèques civiles auront lieu le
jeudi 22 novembre, à 12 h 15, au
crématorium de Rosières-près-Troyes
(Aube).
Personnalité d'exception, médecin
émérite, Gérard, un vendéen accroché à
ses racines terriennes, revendiquait avec
force la prééminence de l'esprit et les
valeurs d'une France éternelle.
Grand lettré, il assumait avec panache
l'hobereau que nous avons aimé.
Notre gratitude est à la mesure de ce
que nous lui devons.
Lise D.
Ni fleurs ni plaques.
Un registre à signatures tiendra lieu de
condoléances.
L'urne sera déposée dans le caveau
familial, le vendredi 23 novembre, à 11
heures, au cimetière du Montparnasse,
Paris 14e.
Cet avis tient lieu de faire-part et de
remerciements.
Colloques
Deuxièmes entretiens de l'ESG
en partenariat avec
Le Meilleur des Mondes
et Les Dossiers européens
Iran, le Temps des Menaces
Nucléaire, Régime, Société,
Droits de l'Homme
Avec Khatar Abou-Diab, Brenda Abrar,
Alexandre Adler, Chahla Chafiq, Frédéric
Encel, François Heisbourg, Yves Lacoste,
Emmanuel Lempert, Mohamed Sifaoui,
Bruno Tertrais, François Thual
Famille Ter-Davtian,
14, rue de Lancry,
75010 Paris.
M. et Mme Georges Wojakowski,
Mme Simone Birnholz,
Mme Lucie Optyker,
ses enfants,
Toute la famille,
Les amis de Lask,
Les FFDJF,
Jeudi 22 novembre 2007,
de 13 h 30 à 18 h 30.
École supérieure de Gestion
25, rue Saint-Ambroise, Paris 11e
Entrée libre.
Communications diverses
ont la douleur de faire part du décès de
Mme Berthe WOJAKOWSKI,
née KORMANN,
survenu le 18 novembre 2007, en son
domicile, à l'âge de cent un ans.
Les obsèques auront lieu le mercredi
21 novembre.
On se réunira à 15 heures, à la porte
principale du cimetière parisien de
Pantin.
Au CBL, 10, rue Saint-Claude, Paris 3e,
jeudi 22 novembre, à 20 h 30 : « Théo
Klein, juif, français, israélien. » Télédocument et débat avec l'auteur de « Une
manière d'être juif » (Fayard).
Tél. : 01 42 71 68 19.
3e rencontres cinématographiques
Proche-Orient : Que peut le cinéma ?
21 au 27 novembre 2007
Au cinéma : Les 3 Luxembourg,
67, rue Monsieur Le Prince, Paris 6e.
Le 20, à 20 h 30, conférence :
Leila Chahid, Michel Warschawski,
Dominique Vidal.
Le 22, à 20 h 30, conférence : Gaza.
Ni fleurs ni couronnes.
8, boulevard de la Madeleine,
75009 Paris.
Mme Doris Woliner,
son épouse,
Ses enfants, ses petits-enfants,
Ses arrière-petits-enfants,
Parents, alliés et amis,
Distinctions
ont la douleur de faire part du décès de
Le mercredi 21 novembre 2007, les
insignes de
M. Henri WOLINER,
engagé dans les Forces françaises libres,
ancien consul général
de France à Florence,
chevalier de la Légion d'honneur,
survenu en son domicile de Châteauneuf,
le 19 octobre 2007, à l'âge de quatrevingt-quinze ans.
commandeur de la Légion d'honneur
seront remis, dans les salons du ministère,
à
M. Gabriel COSCAS,
professeur d'ophtalmologie émérite
des Universités de France,
Cet avis tient lieu de faire-part.
615, chemin de la Brague.
06740 Châteauneuf.
par M me Roselyne Bachelot-Narquin,
ministre de la Santé, de la Jeunesse et des
Sports.
CAPTIVA
endormi dans l'espérance de la
Résurrection, le 18 novembre 2007, à
l'âge de quatre-vingt-un ans, muni des
sacrements de l'Église.
La messe d'adieu sera célébrée le
vendredi 23 novembre, à 14 h 15, en
l'église Saint-Clodoald, place Charles de
Gaulle, à Saint-Cloud.
(1948 - 2006)
L'inhumation a eu lieu dans l'intimité
familiale.
décédé le 5 janvier 1971.
La cérémonie religieuse aura lieu le
jeudi 22 novembre, à 10 heures, en
l'église Saint-Pierre de Nadaillac-deRouge, elle sera suivie de l'inhumation
dans le caveau de famille.
Pierre STROBEL,
Vous ne pouvez pas vous tromper, c'est
face au soleil exactement.
font part du décès de
Nelson Gomez,
son mari,
Hélène-Rose Kinsey-Grumbach,
sa fille,
Tiennot Grumbach,
son père,
Elisabeth Lagache,
sa mère,
Che, Isabelle, Julie, Amélie,
ses frères et sœurs, leurs conjoints
et enfants,
Didier Grumbach,
Sylvie Grumbach,
Françoise Picq,
Michel, Joan, Tristan,
Margot Mendès France,
Kamel Berahou,
ont la douleur de faire part du décès de
20. 30
Frère Denis-Marie, David et Hervé
Ghesquières,
Françoise,
Sa famille
Et ses amis,
Essence ou diesel
5 et 7 places
JEAN CHARLES
AUTOMOBILES
50, av. de NEW YORK Paris 16e
01 47 20 00 40
24
Culture&vous
0123
Mercredi 21 novembre 2007
Actualités
Budget Le président Nicolas Sarkozy interpellé sur la chute des crédits
Les employeurs du spectacle vivant, public
et privé, veulent un « Grenelle de la culture »
Expositions
Succès parisien pour
Courbet, Giacometti
et Arcimboldo
Les grandes expositions monographiques parisiennes tournent
à plein régime. Ouverte depuis le
13 octobre, la rétrospective Gusta-
ve Courbet a accueilli en un mois
130 000 visiteurs, soit une
moyenne de 5 000 entrées par
jour. Pour faire face à cette
affluence digne des impressionnistes, les horaires d’accès ont
été aménagés : l’exposition est
désormais ouverte jusqu’à
AUREL
patrimoine, les signataires rappellent que les mesures en faveur
de l’accès à la culture (publics les
plus éloignés de la culture…) chutent de 17,9 % dans le projet de
budget 2008, chiffre que ne
conteste pas le cabinet de la
ministre de la culture, Christine
Albanel – en revanche, les crédits
pour l’action artistique et culturelle augmentent de 6,1 %. Quant
au budget création, il est en baisse de 0,5 %, dénoncent les signataires.
C’est la guerre des chiffres. A
plusieurs reprises, Mme Albanel a
nié que les crédits alloués au spec-
tacle vivant soient en baisse, tout
en reconnaissant que le budget
2008 de la rue de Valois est « un
budget contraint, d’austérité »,
lors de son audition devant les
députés, le 30 octobre. Plus
récemment, la ministre a tenté
d’éteindre la polémique sur le
financement des opéras en affirmant que « le soutien que l’Etat
apporte aux opéras en région représente depuis plusieurs années environ 10 % de leur budget ».
Mme Albanel reproche aux professionnels du secteur de « crier
avant d’avoir mal ». « Ce qui nous
navre, c’est que la ministre de la
culture nie la réalité. La mise en
réserve de 6 % des crédits va nous
être notifiée comme des baisses »,
explique François Le Pillouër,
président du Syndeac. A titre
d’exemple, le directeur du Théâtre national de Bretagne (TNB)
souligne que « les centres dramatiques nationaux perdraient entre
300 000 et 500 000 euros ». Le
TNB aurait « un manque à
gagner de 120 000 euros », tandis
que la MC2 de Grenoble, la plus
dotée des scènes nationales, accuserait une chute de 6 % des crédits. a
22 heures les lundis, mercredis,
vendredis, samedis et dimanches. Au Centre Pompidou,
« L’Atelier d’Alberto Giacometti » fait à peine moins bien :
110 877 visiteurs entre le 17 octobre et le 12 novembre, soit plus
de 4 800 personnes par jour.
Quant à Arcimboldo, au Musée
du Luxembourg, il continue sa
brillante carrière : 230 000
entrées en deux mois depuis le
15 septembre avec une pointe de
6 500 visiteurs le dimanche
18 septembre. Seule incertitude :
les grèves des transports publics,
qui pourraient faire baisser la
moyenne du mois de novembre.
ve des scénaristes à Hollywood,
rapporte, lundi 19 novembre, le
quotidien spécialisé Variety. Le
studio United Artists a pris cette
décision car Oliver Stone et le scénariste du film étaient dans l’impossibilité d’apporter des
modifications au scénario en raison de la grève déclenchée le
5 novembre. Les scénaristes hollywoodiens réclament notamment une augmentation de leurs
droits d’auteur sur les nouveaux
supports numériques. Le syndicat des producteurs, Alliance of
Motion Picture and Television
Producers (AMPTP), a rejeté ces
demandes. Les négociations doivent reprendre le 26 novembre.
Le 16 novembre, le studio Sony
avait annoncé qu’il retardait le
tournage et la sortie d’un film à
gros budget avec Tom Hanks,
Anges et démons. Plusieurs séries
télévisées dont « Desperate Housewives » et « 24 heures
chrono » sont aussi affectées par
la grève. – (AFP.)
AGAT Films & Cie présente
Michel Piccoli
Prix d’interprétation masculine
Festival de Locarno 2007
Crédits non contrctuels
Apaisement entre
Le Caire et Berlin
à propos du prêt du buste
de Néfertiti
Le patron des antiquités égyptiennes, Zahi Hawass, a joué dimanche 18 novembre la carte de
l’apaisement au sujet du prêt du
buste de Néfertiti, par l’Altes
Museum de Berlin, où ce chefd’œuvre de l’art pharaonique, est
conservé. Il a affirmé avoir reçu
de Berlin la proposition d’établir
un comité allemand et un comité
égyptien pour déterminer si cette
pièce, jugée fragile, pouvait voyager et être présentée en Egypte.
« Mon opinion est que le buste est
en très bonne condition et doit
venir en 2009 », a précisé
M. Hawass, disant vouloir le présenter temporairement lors de
l’ouverture du Musée Akhenaton, à Minya, en Haute-Egypte.
Le Caire s’était violemment offusqué en début d’année de ce que le
musée allemand refusait de prêter pour trois mois cette pièce,
accusant l’Allemagne de l’avoir
acquise illégalement au début du
XXe siècle. – (AFP.)
un film de Hiner Saleem
Avec Michel Piccoli • Mylène Demongeot • Maurice Bénichou • Marie Kremer
ACTUELLEMENT AU CINEMA
www.diaphana.fr
Faire son film
sur la Toile
L
L
a chose est assez rare : c’est l’ensemble des arts vivants
les employeurs du spec- qui entre en contestation : théâtacle vivant, public et tre, danse, cirque, orchestres lyriprivé, parlent d’une seu- ques, musiques actuelles, cabale voix et interpellent le rets, etc.
« Le projet préparé par le minisprésident de la République sur le
budget alloué au théâtre, à la tre du budget interdit à la ministre
de la culture de mettre en place la
musique, à la danse, etc.
Dans une lettre ouverte à Nico- politique que vous souhaitez »,
las Sarkozy, rendue publique lun- écrivent les signataires. Si les crédi 19 novembre, une quinzaine dits restaient en l’état, « des coud’organisations
patronales pes claires devraient être faites
demandent l’organisation d’un dans les programmations, mais
« Grenelle de la culture » avant encore, des dédits coûteux et de
juin 2008. Autour d’une même nombreux licenciements seraient
table, les collectivités territoria- inéluctables, entraînant une fragiles, les professionnels du specta- lisation accrue de l’emploi dans
cle vivant et quelques ministères nos professions et la disparition de
(éducation, affaires étrangères, bon nombre de structures légères,
santé, justice…) essaieraient de donc plus fragiles. »
Les employeurs du spectacle
« répondre aux questions récurrentes posées à nos professions depuis vivant mettent en regard les engagements de M. Sarkozy
de
nombreuses
et les dernières annonannées », proposent les
La ministre
ces budgétaires. « Il
auteurs de la lettre
de la culture
m’apparaît essentiel de
ouverte.
reproche aux
donner au ministère de
Autres revendicaprofessionnels
la culture les moyens lui
tions, le dégel des crédu secteur
permettant d’assumer
dits pour l’année 2007,
de « crier avant
pleinement ses missions,
une hausse de 50 mild’avoir mal »
notamment celle du soulions d’euros du budtien à la création », écriget du spectacle vivant
(639,7 millions d’euros de crédits vait le candidat Sarkozy, avant le
de paiement pour 2008) et, enfin, premier tour de l’élection présil’annulation de la « mise en réser- dentielle. « Votre soutien et votre
ve » de 6 % des crédits de la Rue confiance me sont, plus que jamais,
indispensables et précieux pour
de Valois annoncée pour 2008.
A travers la signature notam- mener cette mission », ajoutait-il à
ment de la Fédération des l’attention de quelques personnaemployeurs du spectacle vivant lités du spectacle vivant.
Ce n’est pas gagné. Alors que
privé et public (FEPS), du Syndicat national des entreprises artis- la « démocratisation culturelle »
tiques et culturelles (Syndeac) ou figure parmi les trois priorités du
du Prodiss (Producteurs, diffu- chef de l'Etat, avec le « soutien à
seurs et salles de spectacles), la création » et « l’entretien » du
Ici&
ailleurs
Cinéma
Le tournage du film
d’Oliver Stone suspendu
à cause de la grève des
scénaristes à Hollywood
Le tournage de Pinkville, film
d’Oliver Stone sur la guerre du
Vietnam, qui devait débuter en
Asie du Sud-Est en décembre, a
été suspendu en raison de la grè-
Clarisse Fabre
Musique
La direction de la Scala
cherche une issue
au conflit
Le conseil d’administration de la
Scala de Milan a demandé, lundi
19 novembre, au ministère italien
de la culture de négocier directement avec les salariés du théâtre
leurs conditions de salaire et de
travail afin de mettre fin au
conflit social qui a déjà donné
lieu à deux jours de grève, les 9 et
17 novembre. Le personnel proteste contre le non-renouvellement de leur convention collective. La direction craint pour
l’ouverture de la saison, le
7 décembre, avec Tristan et Isolde, de Richard Wagner, dirigé
par Daniel Barenboim dans une
mise en scène de Patrice Chéreau. – (AFP.)
es visiteurs de l’exposition
« Correspondances », qui
présente au Centre Pompidou, jusqu’au 7 janvier 2008, les
cinéastes Victor Erice et Abbas
Kiarostami, ont accès aux images
de leurs films sur les ordinateurs
disposés à la sortie. Mais le Centre Pompidou et notamment Bernard Stiegler, directeur de l’institut de la recherche et de l’innovation (IRI), ont voulu aller plus
loin en développant le logiciel
Lignes de temps.
Au moyen du site de l’IRI
(http://web.iri.centrepompidou.fr/), l’internaute peut proposer sa propre vision des films en
s’appuyant sur un montage personnel de l’œuvre commentée. Il
suffit, grâce à un important travail préalable d’indexation, de
sélectionner certains plans ou
séquences et de les « poser » sur
une ligne de temps vierge.
Ce clip constitué d’extraits choisis par l’internaute peut être
accompagné d’un commentaire
écrit ou oral.
Un moyen ludique et efficace de
dégager certains thèmes, d’exprimer, images à l’appui, son goût
ou ses réserves pour une œuvre.
En quelques clics, chacun peut
réaliser ce qui était réservé aux
seules émissions de télévision sur
le cinéma, au temps où elles existaient. Avec ce logiciel, les internautes les plus éclairés peuvent
même mettre leur érudition à la
portée du plus grand nombre –
les cinéphiles confrontant leurs
opinions dans une sorte de blog
multimédia. Le cinéma n’est pas
seul concerné. Des enregistrements vidéo de spectacles peuvent faire l’objet du même traitement.
Mais la première démonstration
publique s’est heurtée à un problème de droits d’auteur. Aussi les
internautes, après l’ouverture de
l’exposition, n’ont-ils pas pu se
lancer dans leur propre montage
de films de Kiarostami ou d’Erice.
Les internautes doivent se contenter des « Regards signés »,
c’est-à-dire d’entretiens et de parcours virtuels réalisés par des professionnels et des personnalités
comme le cinéaste Jean-Louis
Comolli ou le critique Alain Bergala.
L’expérimentation de Lignes de
temps, limitée aujourd’hui au
seul film Nosferatu, de F. W. Murnau (1922), ne sera complètement possible qu’au début de
2008, lorsque les annotations des
internautes pourront être sauvegardées et partagées.
Bernard Stiegler rêve de voir naître ainsi une nouvelle forme de
critique populaire au moyen de ce
moyen d’expression. De quoi
créer des « communautés d’amateurs », comme le dit Bernard Stiegler. Des critiques qui s’appuient
sur leur objet et qui s’échangent,
se répondent, se confrontent. Un
arrêt sur image pour tous, en somme, mais qui, faute de droits, reste pour l’instant privé d’images. a
Michel Alberganti
0123
Des Livres
chaque jeudi avec
0123
DATÉ VENDREDI
0123
Mercredi 21 novembre 2007
Cinéma
b b b excellent
b b b à voir
25
b b b pourquoi pas
b b b on peut éviter
Saga numérique des âges sombres
Le film de Zemeckis, inspiré du plus ancien texte écrit de la littérature anglaise, annonce un cinéma à venir
Beowulf
de Robert Zemeckis
bbb
I
l y a quelque chose de superbe et d’outrancier dans le geste : se saisir de l’un des plus
vieux textes de la littérature
européenne pour en faire un
film si moderne qu’il s’est passé de
prises de vues. Saga numérique,
dont les personnages – humains
et démons – sont des images calculées à partir de mouvements exécutés par les acteurs bardés de capteurs, Beowulf est un objet qui passe d’un âge des ténèbres à l’autre –
qui ressemble tour à tour à une prémonition inquiétante et excitante
d’un cinéma à venir et au toutvenant des jeux pour console.
C’est le deuxième film que
Robert Zemeckis réalise en utilisant une version particulièrement
sophistiquée de la capture de mouvements qu’il a baptisée performance capture. Le premier, Polar
Express, était un conte de Noël. La
neige est toujours là, mais ce n’est
plus la houppelande du Père Noël
qui la rougit. Beowulf est une épopée sanglante qui est pour les
Anglais ce que La Chanson de
Roland est aux Français : le plus
ancien texte écrit qui nous soit parvenu (le manuscrit de Beowulf
date du XIe siècle, sa composition
lui est antérieure de deux ou trois
cents ans), une histoire dont on
entend parler sur les bancs d’école
sans jamais la lire vraiment.
Coécrit par deux auteurs qui, a
priori, n’avaient rien à voir l’un
avec l’autre – l’Américain Roger
Avary, spécialiste en ironie sanglante postmoderne (Pulp Fiction,
Killing Zoe) et le Britannique Neil
Gaiman, auteur de comics et de
romans fantastiques – le scénario
de Beowulf témoigne d’une saine
familiarité avec le matériau original tout en s’autorisant de très
grandes libertés.
Le guerrier Beowulf (Ray Winstone) débarque un jour de son
drakkar dans le royaume d’Hrothgar (Anthony Hopkins). Le
vieux souverain a promis un trésor
au guerrier qui vaincra le démon
Grindel (Crispin Glover), qui vient
Une image de « Beowulf » tourné par Robert Zemeckis selon la méthode du « performance capture ». PARAMOUNT PICTURES AND SHANGRI-LA ENTERTAINMENT, LLC
de massacrer ses hommes et de
mettre à sac son palais.
A cet instant, il faut redéfinir un
usage ancien dans la critique de
cinéma. Quand on fait suivre le
nom d’un personnage par celui
d’un acteur entre parenthèses, le
lecteur s’attend à découvrir à
l’écran l’image d’un être familier.
Or le quinquagénaire bedonnant
Ray Winstone, qui a promené son
physique de truand cockney dans
nombre de films britanniques,
apparaît ici sous l’apparence d’un
guerrier blond, musclé comme un
jeune Schwarzenegger.
Pourtant, Winstone n’a pas fait
que prêter sa voix, on reconnaît
ses mimiques et sa capacité à irradier la menace physique, tout comme on discerne la séduction frelatée d’Anthony Hopkins sous l’enveloppe bouffie du roi Hrothgar.
L’effet tient du tour de magie.
Quand il est réussi, il donne aux
personnages la présence à la fois
imposante et fugace d’un spectre
évoqué par un sortilège et
convient mieux à la noirceur glaciale d’une saga qui titube entre
paganisme et christianisme qu’à
la chaleur convenue d’un conte saisonnier. Il arrive aussi que la
méthode tombe à plat. Les personnages féminins sont moins
convaincants, à l’exception d’Angelina Jolie, déjà familière, par
Lara Croft interposée, des allers et
retours entre mondes organique
et numérique.
Une version 3D
Les scènes de foule rappellent
par trop les batailles rangées que
les stratèges en chambre organisent sur l’écran de leur ordinateur.
Les effets destinés à la version 3D
(une dizaine de copies, destinées à
être vues à travers des lunettes idoines seront distribuées en France)
sont particulièrement agressifs,
avec leurs épieux faits pour clouer
le spectateur sur son fauteuil.
Beowulf force aussi à reconnaître
que le regard que nous portons sur
les corps et leur affrontement a
changé justement à cause des jeux
vidéo. Le très déplaisant 300, inspiré de la bataille des Thermopyles,
procédait déjà de ce métissage,
même si les acteurs, qui guerroyaient devant des paysages
numériques, avaient été filmés par
des caméras.
Dans Beowulf, la magie digitale
fait que les corps, les objets et le
point de vue sont affranchis des
lois de la physique sans que l’œil
s’en étonne. Dans le dossier de
presse, Zemeckis explique qu’il a
voulu garder l’empreinte des
contraintes de la prise de vues, et
de fait sa mise en scène respecte la
division en plans et n’utilise
qu’avec parcimonie les effets vertigineux (glissades, changement
d’échelle).
Cette retenue (relative) contraste avec la brutalité des personnages, des dialogues. Scénaristes et
metteur en scène, protégés par
leur talisman numérique, s’autorisent des libertés, des paillardises
qui – en prises de vues réelles –
leur auraient valu, aux Etats-Unis
en tout cas, quelques soucis avec la
0123
Eclairage
Thomas Sotinel
l’autre bout du spectre, on trouve
des installations d’artistes, des
documentaires, des longs métrages (mais que veut dire long
métrage quand il n’y a plus de pellicule, il faudrait sans doute dire
gros fichier). Tous ont en commun de remettre en cause les fondations sur lesquelles s’est
construit l’art du cinéma.
Pendant son premier week-end
d’exploitation aux Etats-Unis,
Beowulf a démontré la validité économique de cette nouvelle façon
de faire un film. Exploité dans
3 153 salles, le film a rapporté
28,2 millions de dollars en trois
jours. Selon Variety, la publication
professionnelle hollywoodienne,
40 % de cette somme sont venus
de copies exploitées en 3D.
Enorme entreprise
A partir de ces données, l’interprète de Beowulf, Ray Winstone, a
changé de morphologie. Pour sa
part, Anthony Hopkins a pris quelques ans et quelques dizaines de
kilos. Il faudra encore quelques
années pour déterminer la compatibilité entre la performance capture et le star system, mais pour l’instant tout se passe à merveille : les
acteurs passent beaucoup moins
de temps sur le plateau et sont
quand même reconnaissables lors
de la promotion du film.
A première vue, cette énorme
entreprise (le film aurait coûté
150 millions de dollars) n’a rien à
voir avec les travaux des francstireurs du cinéma qui utilisent les
petites caméras numériques. On
peut quand même distinguer une
caractéristique commune à toutes
ces pratiques : le brouillage des
frontières. On vient de voir comment Beowulf n’est ni un dessin
animé ni un film en prises de vues
réelles.
En une semaine, du 21 au
27 novembre au MK2 Bibiothèque, la programmation des
Cahiers présente un éventail très
large d’œuvres, de Miami Vice,
de Michael Mann, à l’installation Zidane, de Parreno et Douglas, et c’est la limite entre cinéma et art contemporain qui
devient poreuse.
En ouverture, on verra Redacted, de Brian De Palma, un film
sur l’Irak qui utilise la grammaire brute des images collectées
par les propriétaires d’appareils
de prises de vues digitales –
caméra, appareil photo, téléphone –, familière depuis Abou
Ghraib. Cette fois, le cinéaste fait
semblant de ne pas exister puisque les images envoyées depuis
l’Irak sont nées sans l’intervention d’un cinéaste. Après l’effacement des comédiens, voici l’effacement du metteur en scène. a
Film américain. Avec Ray Winstone,
Anthony Hopkins, Angelina Jolie.
(1 h 53.)
vous invite…
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MK2 PRÉSENTE
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LE KID
LA RUÉE VERS L’OR
LE CIRQUE
de Charles
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valable pour
deux personnes,
CADOR © PHOTO ROY EXPORT COMPANY ESTABLISHMENT
L
Pour les techniciens du marketing de la Paramount, qui distribue le film en Amérique du Nord,
la preuve est faite que le film s’est
affranchi de son étiquette de dessin animé et a attiré la foule des
adolescents mâles qui a fait la fortune de 300. En 2004, au moment
de la sortie de Polar Express,
Robert Zemeckis expliquait (Le
Monde du 1er décembre 2004) tous
les avantages qu’il trouvait à la
technique de la performance capture. Et il prédisait qu’il pourrait un
jour réaliser un film dont l’action
s’étendrait sur un demi-siècle
sans avoir besoin de grimer ses
comédiens ou d’en changer.
Beowulf réalise cette prophétie
et quelques autres. Les comédiens, tous de renom, ont joué
leurs scènes sans costumes, sur
plateau. Il n’y avait pas de caméra
pour les observer ni de projecteurs pour les éclairer. Seulement
des capteurs sur leur corps et leur
visage qui enregistraient chaque
geste, chaque changement d’expression, aussitôt stockés sous forme numérique.
Thomas Sotinel
... au cinéma pour découvrir pour la
Dans le chaos du cinéma digital
a coïncidence entre la sortie
de Beowulf et le début de la
programmation que nos
confrères des Cahiers du cinéma
consacrent au cinéma numérique
relève plus du symptôme que du
hasard.
Le film de Zemeckis est la mise
en œuvre systématique de la révolution industrielle et artistique
que permet l’emploi de techniques numériques développées et
utilisées par des multinationales,
en l’occurrence Sony et Warner. A
censure. Cette accumulation de
contradictions technologiques et
artistiques fait de Beowulf un film
hybride au modernisme un peu
monstrueux. Et c’est un récit venu
du fond des âges qui assure au
film sa cohérence et sa force dramatique. a
téléphonez au
0 892 690 700
AU CINEMA LE 21 NOVEMBRE
VERSIONS
RESTAURÉES
EN HAUTE
DÉFINITION
(0,34 €/mn, hors surcoût éventuel opérateur)
le mercredi 21 novembre, à partir de 15 heures.
*50 invitations offertes aux premiers appelants, conformément au règlement du jeu.
Offre gratuite, sans obligation d’achat, jusqu’à concurrence du nombre de places disponibles. Le règlement du jeu déposé chez Me Augel huissier
de justice à Paris, est adressé gratuitement sur demande à : Jeu Les Offres Culturelles du Monde - 80, boulevard Auguste-Blanqui - 75013 Paris.
Les demandes de remboursement des frais de participation (selon modalités définies dans le règlement) doivent parvenir à la même adresse.
Les informations recueillies à cette occasion sont exclusivement destinées au Monde et à ses partenaires.
Vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et de suppression des données vous concernant (art. 27 de la loi informatique et libertés).
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b b b à voir
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Mercredi 21 novembre 2007
Piccoli, magnifique
tragédien du quotidien
Descente aux enfers
pour une une quête d’identité
Dans le rôle d’un vieux parisien solitaire,
Tourné de nuit, en DVet noir et blanc, « Frozen Days » révèle un cinéaste, Danny Lerner l’acteur habite « Sous les toits de Paris »
Sous les toits de Paris
d’Hiner Saleem
bbb
L
Anat Klausner (Meow) dans « Frozen Days ». DR
Frozen Days
de Danny Lerner
bbb
E
ntièrement tourné de
nuit, en DV et en noir et
blanc, avec une jeune
comédienne qui ne quitte pas l’écran, ce premier film révèle un réalisateur
doué, manifestement marqué par
Répulsion et Le Locataire, de
Roman Polanski.
Belle et solitaire, flirtant avec
le danger, l’héroïne erre dans les
rues et les discothèques de TelAviv, vend des drogues psychédéliques, et dialogue avec des hommes sur Internet. Cela lui vaut
quelques mésaventures (scooter
volé, chantage d’un acheteur
d’acide) et des quiproquos, comme lorsqu’elle confond le vigile
d’une galerie commerciale avec le
mystérieux Alex qui, sur le Web,
lui a arraché un rendez-vous.
A l’atmosphère ténébreuse, surréelle et plutôt bien filmée, dans
laquelle Danny Lerner s’attache à
nous plonger, s’ajoute une subtile
construction scénaristique. Entre
ombres et lumières artificielles,
Frozen Days révèle lors d’un
retournement de situation final
que la chronologie de l’intrigue
était un leurre et que le défilé
d’images dans lequel nous étions
entraînés était le symptôme
d’une personnalité schizophrénique, celle de cette brune en pleine
dérive et qui finira par se raser les
cheveux.
Thriller mental, donc, autant
que prétendu suspense ponctué
de scènes qui se reproduisent à
l’identique et de cauchemars faussement prémonitoires, le film
joue sur le trouble, le double et
l’obscurité dans lesquels se débat
l’héroïne, à la fois au niveau physique et au niveau psychologique.
Accordant à l’invisible Alex un
rendez-vous chez lui, elle ne le
voit pas à cause d’une panne de
courant. Lui proposant de le
retrouver dans une boîte de nuit,
elle le rate encore à cause d’un
attentat. Et, culpabilisée, lui rendant visite à l’hôpital, elle est
confrontée à un corps brûlé, entièrement enveloppé de bandelettes,
dans le coma.
L’odeur de ses chemises
S’opère alors, chez elle, une sorte de métamorphose. Elle va
squatter l’appartement d’Alex, se
faire passer pour la locataire du
lieu, revêtir ses habits et porter
ses lunettes, lire son courrier, respirer l’odeur de ses chemises et
passer en boucle le message d’ac-
cueil de son répondeur afin
d’écouter sa voix. Elle s’apercevra
que, pour exercer son métier, il
porte un uniforme. Elle se coltinera avec la police alertée par l’attentat, avec une voisine de palier
inquisitrice, avec la petite amie
d’Alex qui lui demande des comptes.
Cette descente aux enfers, dont
on ne dévoilera pas la révélation
ultime, est évidemment une quête d’identité, celle d’une fille
désespérément en marge du réel,
sans but, sans nom, qui en viendra à douter de l’existence d’Alex
et à courir après quelqu’un qui
n’est autre qu’elle-même. A propos de Danny Lerner, on peut aussi parler de révélation. a
Jean-Luc Douin
Film israélien. Avec Anat Klausner, Pini
Tabger, Sandra Sade. (1 h 30.)
Un film de famille autour d’une figure absente
Arnaud Desplechin a tourné un documentaire dans sa ville natale, Roubaix
e zinc des toits de la capitale
n’a pas beaucoup changé
depuis que Coupeau le posait
pendant que Gervaise lavait le linge des riches. Mais sous le zinc,
dans les mansardes, les bonnes et
les rapins du folklore parisien se
sont envolés pour laisser la place à
une misère tout à fait moderne.
Hiner Saleem, cinéaste d’origine kurde, a installé son film au sixième étage d’un immeuble parisien,
sur les contreforts de Montmartre.
Sous les toits de Paris est avant tout
l’histoire de Marcel, un vieil homme seul. Et, comme Marcel est
incarné (et rarement terme aura
été aussi proche de son acception
originelle) par Michel Piccoli, le
film est autant celui de l’acteur que
celui du metteur en scène. A cette
histoire banale à pleurer, Piccoli
confère une grandeur tragique.
Non qu’il ait organisé un
putsch. Au contraire, il est tout à
fait respectueux des partis pris très
affirmés de son réalisateur. Saleem
limite les dialogues au minimum,
s’attache à faire bouger les corps
plus qu’à traquer les expressions
des visages, et confère à son décor
sinistre des propriétés magiques.
Piccoli fait sienne les règles de son
hôte et transforme Marcel en une
figure plus grande que nature, à la
fois simple miséreux et héros de
tout un peuple de solitaires.
Sous les toits de Paris commence
au milieu de la canicule, Marcel
coule des jours paisibles. Son voisin de palier, Amar (Maurice Bénichou), l’emmène toutes les semaines à la piscine. Ensemble, ils déjeunent au café du coin où Thérèse
(Mylène Demongeot), la serveuse,
témoigne un intérêt certain au
beau vieillard. Au sixième, il y a aussi un junkie étranger (Birol Ünel,
que l’on avait vu dans Head On) et
son amie Julie (Marie Kremer). Et
bbb
E
ntre Rois et reine (2004),
son dernier succès tournant autour de la folie familiale, et Conte de Noël, sa prochai-
de
Roland Dubillard
ne fiction annoncée comme une
histoire de famille tournée à Roubaix avec notamment Catherine
Deneuve, Arnaud Desplechin
signe un film dont le genre ne lui
est pas coutumier. L’Aimée est en
effet un documentaire tourné
dans sa ville natale, Roubaix juste-
mise en scène
Anne Bourgeois
du 21 novembre au 31 décembre, 18h30
résa au 0 892 701 603 et sur www.theatredurondpoint.fr
0,34¤/min
ment, à l’occasion de la vente, par
son père, de la maison familiale.
S’agissant d’un cinéaste de cette
trempe, sans doute le plus romanesque et subtil de sa génération,
il s’en faut de beaucoup que
L’Aimée ressemble à un film de
famille comme les autres, quand
bien même il le paraîtrait de prime abord.
Sous le coup de la mort d’une
amie chère dont on ne saura guère davantage que la tonalité d’absence et de déploration sous les
auspices de laquelle elle place le
film, le cinéaste s’en va à Roubaix
filmer les derniers instants d’une
famille réunie autour de la maison dont elle se sépare. Desplechin y filme son père, son frère,
ses neveux.
Brefs dialogues, frôlements,
moments comme volés aux
adieux auxquels chacun, dans
une secrète mélancolie, se prépare. Cartons, correspondances jaunies, objets insolites, photographies longuement contemplées à
travers le mystère du temps qui
s’y dépose, pièces bruissantes du
silence qui prend possession de la
demeure : tout annonce ici la vie
qui s’en va, le souvenir qui d’ores
et déjà la brouille et la dévore.
Tout l’annonce d’autant plus fort
que le film se centre peu à peu
autour d’une figure absente : celle de la grand-mère du cinéaste,
Thérèse, morte alors que son père
n’avait que 18 mois.
Les motifs et les questions qui
se dégagent de ce film très simple
et très émouvant – l’absence, la
présence des morts, la question
du double, les femmes qui ne cessent de manquer aux hommes, la
filiation et la transmission – ne
peuvent manquer alors de faire
penser à ce qui taraude le cinéma
de Desplechin depuis son premier moyen métrage, La Vie des
morts. Les histoires de famille y
deviennent des histoires de cinéma qui se révèlent à leur tour des
histoires de famille, la réalité et le
fantasme étant cousus ensemble,
à la manière d’une étoffe et de sa
doublure.
L’Aimée est en ce sens un hommage explicite à Vertigo, de Hitchcock, qui a sans doute aidé un
jour un adolescent de Roubaix à
comprendre quelque chose à la
cruauté du monde et aux mirages
apaisants de l’art.a
Jacques Mandelbaum
Film documentaire français. (1 h 10.)
Au Cinéma du Panthéon, 13, rue VictorCousin, Paris-5e. Mo Luxembourg. Tél. :
01-40-46-01-21. Le week-end, à 11 heures et à 12 h 30.
Regard apitoyé
Né en Orient, dans une société
où l’on ne vit pas si vieux que chez
nous, et où les familles se défont
sous les coups de la guerre ou des
catastrophes et non pas au fil ordinaire de la vie, Saleem pose un
regard faussement étonné mais
vraiment apitoyé sur le monde qui
laisse Marcel vivre seul. Et c’est
sans doute son étrangeté qui permet au cinéaste de filmer Paris de
façon si particulière, en allant chercher dans les rues les vestiges vivaces de la ville d’antan, d’avant les
magasins franchisés et les restaurants normalisés.
C’est la singularité et la beauté
de Sous les toits de Paris que d’être
un film à thèse dont le propos n’est
jamais énoncé. Tout passe dans
une espèce de chorégraphie des
derniers jours de la vie, un lent trajet vers le néant ponctué de
moments de grâce. a
T. S.
Film français. Avec Michel Piccoli, Maurice Bénichou, Mylène Demongeot.
(1 h 38.)
Au tableau avec
le professeur Redford
L’acteur réalise un film moralisateur et pesant
Lions et agneaux
de Robert Redford
bbb
L’Aimée
d’Arnaud Desplechin
puis, absent, mais omniprésent, le
propriétaire, qui veut récupérer les
mansardes pour en faire des appartements.
Le monde de Marcel se défait
peu à peu. Amar accomplit la prophétie maintes fois réitérée de son
retour au pays. Le café ferme ses
portes. Le junkie se pique une fois
de trop. La seule personne avec
laquelle Marcel a envie de parler,
son fils, ne comprend rien à ce que
son père lui dit. A la débâcle sociale
répond la débâcle du corps. Celui
de Marcel se fait de plus en plus
traître et Michel Piccoli investit
dans la représentation de cette
maladie ordinaire des ressources
que l’on réserve d’habitude à des
situations plus nobles. Et c’est justement le spectacle d’un grand
artiste au travail qui rend la vision
de ce malheur supportable.
T
rois fils narratifs forment cette tresse très stressante, faite
pour donner mauvaise
conscience aux clients des multiplexes américains, attirés par la
présence au générique de Tom
Cruise. Après Dans la vallée d’Elah,
avant le Redacted, de Brian De Palma, Lions et agneaux veut ajouter
son grain de sel à la lutte d’Hollywood contre les guerres entreprises après le 11 septembre 2001.
Tom Cruise joue avec une
conviction remarquable un jeune
sénateur républicain qui tente de
convaincre une journaliste chevronnée (Meryl Streep) du bienfondé d’une nouvelle stratégie en
Afghanistan. Cette opération est
mise en scène (avec d’assez pauvres moyens) afin de démontrer
qu’elle met en danger la vie de
deux jeunes engagés, l’un afroaméricain, l’autre latino. Et ceux-ci
(la tresse est tressée) sont justement les anciens élèves d’un professeur californien (Robert Redford
en personne) qui tente de convaincre un brillant jeune homme de suivre ses études avec sérieux.
La journaliste revendra-t-elle à
ses spectateurs le discours mensonger du sénateur ? L’armée américaine réussira-t-elle à sauver les
jeunes gens qu’elle a mis en péril ?
Le brillant jeune homme fera-t-il
ses devoirs ? Redford martèle ses
questions avec toute la rigueur professorale qu’il prête au personnage
qu’il s’est réservé. Les dialogues,
bavards, ne laissent rien à l’imagination, chaque question – la responsabilité individuelle et collective, les rapports qui les unissent,
l’indépendance des médias, la validité de la démocratie représentative – est posée encore et encore.
L’ennui vient très vite
On a du mal à imaginer un baptiste républicain de Géorgie prenant son ticket pour aller voir Lions
et agneaux, encore moins qu’il ressorte de la salle en se disant :
« Quel salaud ce George Bush ! J’adhère à MoveOn.org. » En revanche,
les spectateurs vivant en dehors
des frontières de l’Union sont une
nouvelle fois invités à contempler
la paille dans l’œil de la superpuissance. Ce qui ne suffit pas à compenser l’ennui qui vient très vite,
dès que Tom Cruise et Meryl
Streep ne sont plus à l’écran.
Au moins ces deux-là ont-ils
l’air de s’amuser à incarner l’un
son jeune loup cynique, l’autre sa
vieille journaliste désabusée. Le
reste du film est d’une pauvreté qui
pourrait faire oublier que Redford
a réalisé jadis quelques films
dignes de ce nom. a
T. S.
Film américain. Avec Robert Redford,
Tom Cruise, Meryl Streep. (1 h 30.)
0123
Mercredi 21 novembre 2007
Cinéma
b b b excellent
b b b à voir
27
b b b pourquoi pas
b b b on peut éviter
« Je sais très bien quels sont mes
films de catégorie A, B et même C »
Lesfilmsdelasemaine
4
b Lire notre critique
bbb
vit sous le joug d’une sorte de
Minotaure assoiffé de leur sang.
Un bond dans le 11e arrondissement de Paris, et l’on découvre
un restaurateur de tableaux
(Benoît Poelvoorde) menant une
petite existence rangée. Le jour
où sa vie s’effondre, il se retrouve
happé dans ce monde parallèle,
forcé d’endosser le rôle de « sauveur ». Les moments de comédie
réussis restent cantonnés à la partie parisienne de ce film, dont on
sort avec une impression de
gâchis. I. R.
à voir
4
b Beowulf
Entretien avec le cinéaste américain Jerry Schatzberg, auteur de « L’Epouvantail »
Film américain de Robert
Zemeckis (1 h 53).
4
b Frozen Days
P
hotographe pour les
magazines Vogue, Glamour, Harper’s Bazaar
dans les années 1960,
Jerry Schatzberg a
immortalisé les plus grandes
stars du cinéma, de la musique et
de la scène artistique de l’époque.
Cinéaste à partir des années 1970,
il a réalisé une quinzaine de films.
L’Epouvantail (Palme d’or à Cannes en 1979) est ressorti en salles
le 14 novembre et Panique à Needle Park ressort le 21. Jerry Schatzberg était aussi l’invité des Rencontres internationales de SeineSaint-Denis (du 9 au 18 novembre), qui ont programmé son premier et plus beau film, Portrait
d’une enfant déchue, et de l’Ecole
Louis-Lumière à Lyon, le
17 novembre.
Film israélien de Danny Lerner
(1 h 30).
4
b L’Aimée
Film documentaire français
d’Arnaud Desplechin (1 h 10).
4
b Sous les toits
de Paris
Film français d’Hiner Saleem
(1 h 38).
Film français de Serge Bozon
(1 h 42).
bbb
pourquoi pas
Nous, les vivants
Film suédois de Roy Andersson
(1 h 34).
Une succession de scènes déconcertantes, entre l’absurde et l’humour noir, pour suggérer la
condition humaine. Roy
Andersson a un univers maîtrisé,
parfois onirique, mais sa mosaïque laisse un peu perplexe. On en
retient quelques gags, de belles
visions poétiques. J.-L. D.
Comment passe-t-on de la photographie de mode à la réalisation de films indépendants à la
tonalité très sombre ?
Je suis devenu photographe de
mode à 27 ans. Je travaillais dans
l’entreprise de fourrure de mes
parents dans le Bronx, et je détestais cela. J’ai répondu à une
annonce pour être assistant de
photographe, sans savoir ce que
c’était. C’était si mal payé que je
n’ai pas pu accepter, mais la
découverte du studio, tout ce noir
et ce blanc, m’a émerveillé. Après
un temps, je suis devenu l’assistant de Bill Helburn. Je travaillais
18 heures par jour, et j’adorais
cela. Je n’ai jamais eu de problème avec la mode.
A quarante ans, j’ai fait mon
premier film, Portrait d’une
enfant déchue, parce que je voulais raconter l’histoire d’une mannequin avec qui j’étais devenu
très ami, une fille qui m’a beaucoup aidé, très généreusement. A
travers elle, et d’autres, j’ai pris
conscience de la manière dont ce
business jetait les gens quand ils
n’étaient plus assez rentables.
Je n’avais aucune intention de
devenir cinéaste. Je voulais faire
ce film, c’est tout. J’étais ami avec
Faye Dunaway depuis que je
l’avais photographiée pour le
magazine Esquire, lors de son premier film. Mon histoire l’a emballée. J’ai fait le film avec elle et grâce à elle. Faye Dunaway venait de
tourner Bonnie and Clyde : tout le
monde cherchait à lui faire plaisir.
Souffle
Jerry Schatzberg au 22e Festival de cinéma d’Alès, en mars 2004. PATRICE TERRAZ/SIGNATURES
Le film est construit comme un
collage de longues séquences.
Comment vous est venue cette
idée ?
Lorsque j’ai présenté le film au
festival de San Francisco, et que
l’on m’a demandé quels étaient
mes cinéastes préférés, j’ai répondu que je ne pouvais pas en citer
un, parce que je les copiais tous !
Cela dit, je sais que j’ai pensé à
des scènes d’Antonioni. Mais je
ne suis pas un cinéaste, au sens
où le sont Spielberg, Coppola,
Scorsese ou Tavernier. Je suis
incapable de citer comme eux des
scènes précises, de réciter des dialogues… Le cinéma chez moi est
d’abord une affaire d’instinct.
Comment s’est fait « Panique à
Needle Park », votre film sur la
drogue ?
Un agent, qui cherchait un réalisateur pour ce script, m’a mis en
contact avec le producteur après
avoir vu mon premier film. J’ai
d’abord refusé, rebuté par l’aspect « film à sujet ». Mon manager m’a ensuite informé qu’Al
Pacino voulait le rôle. Il n’avait
encore jamais fait de cinéma,
mais je l’avais vu trois ans auparavant au théâtre, et j’avais été frappé par sa puissance. Je m’étais dit
à l’époque que si, un jour, je faisais un film, ce serait avec lui. J’ai
relu le scénario, et soudain j’ai vu
le film. Quand on voit un acteur,
on voit le personnage.
Une des forces de vos films tient
justement aux acteurs, qui sont
à la fois magnifiés par votre
regard de photographe et plus
vrais que nature.
Une chose que j’aime faire,
c’est de laisser tourner la caméra
après la fin des scènes. Celle du
dîner dans L’Epouvantail se termine par une blague totalement
hors scénario de Gene Hackman,
qui demande à la serveuse un
doughnut au chocolat et une bière, ce qui fait éclater de rire Al
Pacino. Evidemment, je l’ai gardée. Je cherche à faire advenir des
situations improbables, mais pas
impossibles. C’est ce que je faisais
aussi quand je photographiais
pour Vogue un couple en tenue de
soirée, au petit matin, dans le marché de Fulton.
On a l’impression que vos personnages se nourrissent de la
personnalité de vos acteurs…
On pense à Pacino dans « Panique à Needle Park » et dans
« L’Epouvantail ».
Sans doute… Et c’était sans
doute possible parce que c’étaient
ses premiers films ; il ne m’impressionnait pas. Ce n’était pas le
monstre qu’il allait devenir après
Le Parrain. On a traîné ensemble
pendant un mois, on a assisté à
des séminaires pour toxicomanes, nous faisant nous-mêmes
passer pour des toxicos. Une expérience assez dure, et forte. En
règle générale, je passe du temps
avec les acteurs, pour les connaître le mieux possible. Et je pense
avoir un don pour repérer quelqu’un qui peut jouer.
Quel impact a eu la Palme d’or
sur votre carrière ?
Tout de suite, j’ai signé un
contrat de deux ans avec Warner
Bros, et je pense que cela a été une
de mes plus grandes erreurs. Ils
ont refusé trois des projets que je
leur ai soumis. Ensuite, j’ai tourné Vol à la tire pour la MGM, un
film de série B correct je suppose,
mais que j’ai fait en désespoir de
cause, parce que j’avais vraiment
besoin d’argent à l’époque. J’ai
fait ensuite La Vie privée d’un sénateur, un bon film commercial.
J’aime beaucoup cette maxime de
Tarantino qui dit : « Il n’y a pas de
mauvais films. Il y a des films de
catégorie A, des films de catégorie
B, des films de catégorie C… » Je
sais très bien quels sont mes A,
quels sont mes B, et même mes C,
je pense. a
Propos recueillis
par Isabelle Regnier
Les Deux Mondes
Film français de Daniel Cohen.
Avec Benoît Poelvoorde, Natacha
Lindinger, Michel Duchaussoy
(1 h 45).
Un paysage de jungle et de montagnes où un peuple archaïque
bbb
C
hef de file d’un petit groupe
de dandys cinéphiles, Serge
Bozon fut remarqué pour
son premier film, Mods, variation
raffinée sur les codes vestimentaires et musicaux d’un mouvement
de jeunes Anglais de la fin des
années 1960, les Mods. Le voilà de
retour sur le terrain rugueux et
froid de la première guerre mondiale, cadre peu propice à première vue à ses divagations pop, mais
qu’il transforme, à la faveur d’une
mise en scène fantaisiste et distanciée, en un espace de liberté fertile, une aire de jeux mélodiques et
picturaux
extraordinairement
inventifs.
Conçu dans un esprit minimaliste qui contraste avec la démesure du conflit, le film est tout entier
nimbé d’une étrange douceur, dès
son premier plan, apparition dans
la brume matinale d’une longue
ligne de filles dévalant une colline.
Comme tous les jours, elles y
étaient montées, dans l’espoir de
voir le front, et s’en étaient allées
sans avoir rien vu. Sans nouvelle
d’un mari follement aimé, l’une
d’elles, Camille, refuse alors ce
sort passif et frustré auquel l’assigne son sexe. En quelques coups
de ciseaux, elle règle son compte à
sa chevelure, en trois tours de bande fait disparaître ses seins, et la
voilà devenue garçon, prête à prendre la route pour retrouver l’homme qu’elle aime.
Brindille androgyne tendue par
la force de sa passion, formidablement incarnée par la trouble Sylvie Testud, Camille s’invente une
identité d’orphelin brûlant de se
battre pour son pays et convainc
ainsi le chef d’un bataillon (Pascal
Greggory) de l’adopter et de la
conduire jusqu’à la ligne de front.
Sans doute greffe n’aurait-elle pas
pris avec d’autres. Mais les soldats
de Serge Bozon sont des rêveurs,
qui se donnent du courage en récitant des passages de L’Atlantide,
et qui, sous couvert d’avancer vers
le front, s’en éloignent le plus possible, dans l’espoir d’échapper à
une guerre dont le film ne montrera à peu près rien.
Scellant une rencontre entre
une poignée d’idéalistes, la nais-
sance d’une communauté d’élus,
La France suit son errance à travers la grisaille d’une campagne
désolée. Mais, chaque fois que les
soldats s’arrêtent, le film s’interrompt avec eux et s’échappe dans
un ailleurs indéterminé, entre le
songe et la fantaisie pure.
Brouillage identitaire
Les hommes s’immobilisent
dans des tableaux vivants qui colorent soudain le cadre d’une poésie acidulée. Ils sortent leurs instruments de fortune, assemblages de morceaux de bois, de boîtes de conserve et de tout ce qui
leur tombe sous la main – comme
en concevaient certains poilus
pendant la guerre – et entonnent
des chant d’amour dont les paroles, dans ces bouches viriles, participent pleinement de l’entreprise
de brouillage identitaire du film.
Sensuelles et mélancoliques,
mais surtout terriblement subversives en temps de guerre, celles-ci
racontent, sur des airs de pop
anglo-saxonne délicieusement
anachronique, les complaintes
amoureuses d’une « fille aveugle », que le « petit lord anglais
I. R.
Film français. Avec Sylvie Testud, Pascal Greggory, Guillaume Depardieu.
(1 h 42.)
Film français de Sandrine Veysset
(1 h 18).
Ce film très court voudrait être
tant de choses qu’il finit par en
éclater : le conte merveilleux de
l’enfant qui rencontre son double
devenu adulte fait peur sans émerveiller, l’étude des rapports familiaux a déjà été ressassée maintes
fois. On sort d’autant plus frustré
que l’on retrouve parfois l’univers
âpre et enchanté du premier film
de Sandrine Veysset, Y aura-t-il
de la neige à Noël ? T. S.
nous n’avons pas
pu voir
Dead Silence
Film américain de James Wan
(1 h 30).
Nombre
d’entrées (1)
Nombre
d’écrans
Évolution
par rapport
à la semaine
précédente
Total
depuis
la sortie
1
405 309
379 4
192 877
518 +2%
1 493 876
2
156 052
282 – 41 %
465 895
Les rois de la glisse
4
130 925
616 – 24 %
1 318 561
Faut que ça danse !
1
99 484
186 Dans la vallée d'Elah
2
82 902
324 – 48 %
De l'autre cote
1
81 129
161 81 129
La chambre
des morts
1
70 603
323 70 603
Un jour sur terre
6
64 258
427 – 19 %
1 112 890
L'heure zéro
3
57 525
328 – 48 %
434 119
American Gangster
caressait (…) toutes les nuits »,
mais qui avait aussi un « amant
allemand », qui voudrait aussi
que « la France soit envahie par la
Pologne »… Camille joue si bien
son rôle qu’elle devient véritablement soldat, n’hésitant pas, pour
rester crédible, à s’exposer au feu,
ou à tuer de sang-froid un soldat
allemand.
Dans l’ordre gris et régressif de
la guerre, où être une femme hors
de son foyer conduit inéluctablement au viol, où être un homme
mène tout droit à la mort, l’union
de ces électrons libres engendre
un espace protecteur, une bulle
de chaleur et de liberté où l’imaginaire règne en maître. Naviguer
entre les identités devient ici un
acte politique, un mot d’ordre
qui, à l’instar des chansons du
film, déborde largement son
cadre temporel et confère à celuici, au-delà de son esthétique pop
anachronique, une dimension
très actuelle. a
Il sera une fois
Les meilleures entrées en France
Nombre de
semaines
d’exploitation
Quand la première guerre mondiale rencontre la pop anglo-saxonne
Film français d’Olivier Baroux
(1 h 24).
Réalisé par une moitié du célèbre
tandem comique Kad et Olivier,
cette comédie sentimentale est
inspirée de la bande dessinée
Monsieur Jean, de Dupuy et Berberian. Faute d’une seule idée de
mise en scène qui ne relève pas
du cliché, il ne reste plus grandchose de la légèreté rêveuse de
l’original. J. M.
Film coréen de Kim Ki-duk
(1 h 24).
Délaissée par son mari, une femme rend visite en prison à un
condamné à mort qui multiplie
les tentatives de suicide pour
retarder son exécution. Et, tentant d’enchanter son quotidien,
finit par vivre avec lui une histoire d’amour… dont se délecte le
bbb on peut éviter
directeur de la prison qui les
observe grâce aux caméras de sur- 4
b Lions et agneaux
veillance. Etres en mal de comFilm américain de Robert Redford
préhension dans un univers
(1 h 30).
froid, truffé de signes. J.-L. D.
Saw 4
Film américain de Darren Lynn
Les paumes blanches
Film hongrois de Szabolcs Hajdu
Bousman (1 h 30).
(1 h 41).
Quatrième volet d’une série qui
fonctionne principalement sur
Un ex-enfant prodige de la gymnastique hongroise, détruit par
l’invention de méthodes de tortules méthodes brutales de son
res diverses auxquelles sont souentraîneur, se retrouve au Canamis de falots personnages. L’éclada pour entraîner un jeune cham- tement temporel et l’éparpillepion rétif. Le film oscille entre
ment de situation font que, ici,
réminiscences du passé et deson n’y comprend plus rien.
cription du présent, mais ne pasRetrouvez l’intégralité
se pas la barre de leur intelligendes critiques de ces films sur
ce dialectique. J. M.
www.lemonde.fr/cinema
Errance entre le songe et la fantaisie pure
La France
de Serge Bozon
Ce soir je dors chez toi
4
b La France
Le coeur
des hommes 2
Les promesses
de l'ombre
405 309
99 484
268 860
AP : Avant-première
* Estimation
Source : Ecran Total
(1) Période du 14 au 18 novembre inclus
Une fois de plus, le crime paie. La semaine dernière, c’était le trafic
d’êtres humains entre la Russie et Londres qui rapportait gros.
Aujourd’hui le commerce de l’héroïne entre le Triangle d’or et Harlem fait encore mieux : American Gangster se classe sans peine à la
première place et approche le score réalisé par le film de David Cronenberg, Les Promesses de l’ombre, en deux semaines. La moyenne
de spectateurs par salle du film de Ridley Scott, 1 019, est le double
de celle des autres grandes sorties de la semaine : Faut que ça danse, De l’autre côté ou L’Homme sans âge. Le film de Coppola est quatorzième de classement avec 44 680 entrées. La modestie du chiffre s’explique par la retenue de son distributeur, Pathé, qui n’a mis
en circulation que 80 copies. On note l’accueil glacial réservé à La
Chambre des morts, qui démontre que le cinéma de genre reste un
domaine périlleux pour le cinéma français.
28
&vous
Lundi
Mardi
Mercredi
Jeudi
Vendredi
Roues libres
Santé&forme
A table
A la maison
En voyage
0123
Mercredi 21 novembre 2007
Cancer : le rôle des aliments
Le livre de David Servan-Schreiber rejoint les conclusions du Fonds mondial de recherche contre le cancer
J
’ai appris énormément de
choses avec ce livre. Et vous
voulez que je vous dise un
secret : j’ai changé mon alimentation et j’ai déjà perdu
six kilos. » Ce n’est pas un
lecteur lambda, fan du nouveau
best-seller de David ServanSchreiber, qui parle ainsi. Mais le
professeur Jean-Marie Andrieu,
chef du service d’oncologie médicale à l’hôpital européen GeorgesPompidou. Jeudi 15 novembre, ce
cancérologue était sur la scène de
la Mutualité, à Paris, aux côtés du
psychiatre venu promouvoir sa
méthode Anticancer : prévenir et
lutter grâce à nos défenses naturelles (éditions Robert Laffont,
360 p., 21 euros), déjà vendu à
plus de 250 000 exemplaires en
un mois.
Anonymes touchés par la maladie qui disent « retrouver espoir »
grâce à cet ouvrage, mais aussi
artistes – le comédien Bernard
Giraudeau – et personnalités du
monde médical – le professeur
Jean-Marc Cosset, chef de service
honoraire de radiothérapie à l’Institut Curie –, il y avait foule pour
écouter une heure durant la conférence du charismatique docteur
Servan-Schreiber. Il a beau ne
« pas être l’un des leurs », l’auteur
du célèbre Guérir, surnommé
« D2S », est parvenu à convaincre
plusieurs cancérologues sur le
volet alimentation de sa méthode.
« Avant le mois de juillet, je ne le
connaissais pas. Il m’a fait lire les
épreuves de son livre, nous avons
échangé des mails tout au long de
l’été, et je trouve qu’il a fait tout
seul, assez convenablement, le travail du Fonds mondial de recherche
contre le cancer », raconte le professeur Andrieu. Hasard inespéré, ce
fonds a publié début novembre un
conséquent rapport sur le lien
entre alimentation et cancer
(Le Monde du 7 novembre), dont
bon nombre de résultats rejoignent ceux de David ServanSchreiber. « J’ai une chance
incroyable », reconnaît le psychiatre, qui reprend largement les
conclusions des chercheurs internationaux sur son nouveau site
Internet anticancer.fr
« Oui, l’alimentation est le lit du
cancer, c’est d’une clarté infernale,
mais cela fout les jetons, car vous
voyez changer vos habitudes alimentaires », résume le professeur
Andrieu. Augmentation fulgurante de la consommation de sucre
raffiné, déséquilibre entre oméga-6 et oméga-3, sédentarité : ce
trio infernal aurait, depuis cinquante ans, une large part de responsabilité dans la prolifération
de cancers qui touche les pays
BORIS SEMENIAKO
riches. « Notre mode de vie est une
forme d’engrais pour le cancer »,
insiste le psychiatre. Trop de viande rouge, trop de sucre, pas assez
de légumes et de fruits : tout
serait à revoir dans nos habitudes
alimentaires si l’on veut « renforcer nos mécanismes naturels de
défense contre le cancer ».
Dans son ouvrage, David Servan-Schreiber révèle qu’il a luimême été touché par la maladie.
Une tumeur au cerveau, il y a quinze ans. Opération, chimiothérapie : « Les traitements conventionnels m’ont sauvé la vie », précise-t-il. Mais il n’a pas voulu en rester là et s’est mis à éplucher la littérature et à découvrir que « l’on
peut aider son corps à lutter contre
l’inflammation qui nourrit les cellules cancéreuses ».
« Nous assistons à une révolution – illustrée par le succès de ce
livre : les Français s’intéressent à la
prévention », estime Dominique
Maraninchi, président de l’Institut national du cancer (INCA).
« Alors il faut y aller, avec fermeté,
il faut que les médecins s’y collent,
mais il faut développer une prévention globale, car cela ne sert à rien
de mieux manger si on continue à
fumer ou à boire », insiste-t-il. « Il
est logiquement temps de mener une
campagne grand public sur alimen-
tation et cancer », considère David
Khayat. Ce devrait être chose faite
courant 2008. « Nous allons sortir,
avec la direction générale de la santé, un document “Vérités et mensonges sur alimentation et cancer” à
l’attention du grand public », promet le professeur Maraninchi.
Un dossier sur ce sujet, élaboré
dans le cadre du Programme
national nutrition santé (PNNS),
existe déjà depuis 2003, mais il
« Le frein principal est le manque de connaissances
des médecins en matière de nutrition »
Entretien
Philippe Legrand
Dans son livre, David ServanSchreiber met en avant
le label Bleu-blanc-cœur.
Vous avez participé à une expérimentation pour mesurer l’intérêt qu’il y aurait à introduire des
graines de lin dans la nourriture
des animaux. Pourquoi avoir
mené cette étude et quels en
sont les résultats ?
Les oméga-3 et les oméga-6
sont des familles de nutriments
essentiels au même titre que les
vitamines. Actuellement, les
Français ne consomment pas
assez d’oméga-3 et beaucoup
trop d’oméga-6. On trouve le précurseur oméga-3 dans les végétaux (l’herbe et surtout le colza et
le lin), et les dérivés oméga-3
dans les poissons et, ancienne-
ment, dans les produits animaux
(viande, beurre, lait, œufs, etc.)
quand ils mangeaient de l’herbe.
L’intuition a été de dire : et si
nous donnions du lin aux animaux qui ne mangent plus beaucoup d’herbe afin de réutiliser le
vecteur animal pour augmenter
naturellement l’apport en oméga-3. L’expérimentation menée a
montré qu’un apport de seulement 5 % en graines de lin dans
l’alimentation animale a des
répercussions dans nos assiettes.
Donc l’animal ainsi nourri, comme cela le serait avec l’herbe,
devient un bon vecteur d’oméga-3 pour l’homme. Pour l’heure, la filière Bleu-blanc-cœur est
assez confidentielle, mais elle
montre une voie d’amélioration
naturelle de la nutrition animale
dans un sens favorable à la santé
publique.
Quels conseils peut-on donner
pour améliorer nos apports en
oméga-3 ?
Il faut privilégier l’huile de colza et de noix pour l’assaisonnement à la place des huiles de tournesol et de maïs, manger deux à
trois fois par semaine du poisson,
et améliorer la nutrition animale
en faveur de l’herbe et du lin.
Quel regard portez-vous sur le
livre de David Servan-Schreiber ?
Sur la partie nutrition, David
Servan-Schreiber est un homme
d’observation et d’intuition. Il dit
souvent tout haut en France ce
que beaucoup de monde pense
dans la communauté internationale. Mais Servan-Schreiber est
aussi parfois maladroit quand il
fait des listes du « bon et du mauvais », quand il oublie le colza ou
quand il dit faussement que les
oméga-6 sont toxiques. La priori-
té actuellement, c’est de rééquilibrer nos apports en oméga-3 et
oméga-6. Il serait important qu’il
y ait davantage de nutrition dans
la médecine.
Quels sont les freins au niveau
médical ?
Le frein principal est le manque de connaissances des médecins, car la nutrition est une discipline insuffisamment reconnue
et peu enseignée. Le deuxième
frein est la quasi-absence de prévention dans la culture médicale
française. Les chercheurs démontrent très généralement que les
mécanismes cellulaires sont communs entre les médicaments –
très actifs et rapides et paradoxalement très souvent issus de l’imitation de molécules naturelles ! –
et les nutriments – naturels, beaucoup moins actifs mais quasiment sans effets secondaires. En
nutrition, la connaissance scientifique démontre ainsi qu’il y a un
continuum souhaitable entre la
prévention et la thérapeutique.
Ce n’est pas l’une ou l’autre, c’est
l’une puis l’autre. Un troisième
frein est évidemment l’aspect économique, avec la puissance des
industries pharmaceutiques et de
certains groupes agroalimentaires, qui limitent forcément la
place et le contenu scientifique en
nutrition dans la formation continue des praticiens. Il faudrait
peut-être que les facultés de pharmacie s’emparent de l’enseignement de la nutrition laissé vacant
par les facultés de médecine. a
Propos recueillis par S. Bl.
Philippe Legrand est professeur
et directeur du laboratoire de biochimie
et de nutrition humaine à l’INRA
de Rennes (Ille-et-Vilaine).
faut beaucoup de perspicacité
pour le dénicher sur le site Internet du ministère de la santé.
David Servan-Schreiber, lui, a pris
les devants et met à disposition,
gratuitement, sur son site Internet, un petit cahier illustré de 16
pages sur « les réflexes anticancer
au quotidien ».
Finalement, relativise David
Khayat, professeur de cancérologie et ancien président de l’INCA,
« le message de Servan-Schreiber
est frappé au coin du bon sens : mangez mieux, bougez, évitez le stress,
soyez plutôt heureux. Ce n’est pas
un livre dangereux ».
Ces cancérologues relèvent
néanmoins quelques excès ou raccourcis dans la méthode anticancer du psychiatre. L’analogie
entre le romarin et l’anticancéreux Glivec ou encore l’affirmation selon laquelle le thé vert bloquerait l’invasion des tumeurs
font sursauter le professeur Maraninchi. Sans parler de la question
des compléments alimentaires,
sur laquelle le Fonds mondial de
recherche contre le cancer a clairement indiqué qu’ils n’étaient pas
recommandés.
Sur son site Internet, David Servan-Schreiber livre, en images, sa
recette de petit déjeuner « anticancer ». Une pomme bio, un
yaourt nature au soja « sans sucre
ajouté et sans huile hydrogénée »,
un filet de sirop d’agave, des graines de lin broyées et du gingembre, parce que, assure-t-il, « la
molécule comprise dans cette racine
contribue directement à la mort des
cellules cancéreuses »… a
Sandrine Blanchard
0123
Mercredi 21 novembre 2007
&vous
29
Super Mario,
la tête dans les étoiles
Super Mario prend de la hauteur. Pour sa troisième aventure en 3D,
la première sur la Wii, le petit plombier le plus célèbre du monde du
jeu vidéo s’offre un voyage intersidéral à la recherche – une fois de
plus – de la princesse Peach, enlevée par l’affreux
Bowser. On peut évidemment se gausser de ce
sempiternel scénario très enfantin qui soustend les aventures de Mario depuis son apparition dans les années 1980 sur les consoles
Nintendo. Mais, comme les précédents,
Super Mario Galaxy excèle par la qualité graphique et l’inventivité de ses univers – ici une
myriade de planètes et de galaxies – et
surtout par une jouabilité sans fausse
note. Et si le père de Mario, Shigeru
Miyamato, a pris un peu de recul
dans l’élaboration du titre, la saga garde encore et toujours son pouvoir de séduction, avec des trouvailles ludiques à tous
les niveaux. a G. F.
(PHOTOS : DR)
Super Mario Galaxy, Nintendo Wii, 49 ¤.
Le téléphérique
comme transport
en commun
Plusieurs villes ont choisi ou envisagent
d’installer ce mode de déplacement
L
e téléphérique essaie de se station de ski de Chamrousse, via
hisser au rang des trans- la commune périurbaine de Saintports en commun. Et les sta- Martin-d’Uriage, s’est heurté à
tions de montagne ne sont plus l’opposition de l’association Les
Pieds sur terre et aux réserves du
les seules à s’y intéresser.
Le projet le plus avancé est conseil général. Car le transport
celui défendu par la mairie d’Issy- en cabine suscite de nombreuses
les-Moulineaux (Hauts-de-Sei- inquiétudes, notamment de la
ne). Un câble de 800 mètres de part des riverains. A Issy-les-Moulong devrait relier, d’ici à 2011, la lineaux, l’association Touche pas
mairie d’Issy, terminus de la à mon ciel craint les nuisances
ligne 12 du métro parisien, à l’an- sonores et les regards indiscrets
cien fort militaire situé 60 mètres des passagers dans leurs apparteplus haut et bientôt transformé ments.
« Le matériel s’est beaucoup
en complexe de 1 200 logements.
Le trajet, effectué en deux minu- modernisé depuis les accidents qui
tes et demie, permettra de trans- se sont produits dans les années
1990. Le seul bruit peut provenir
porter 480 personnes par heure.
Dans le monde, plusieurs villes du sifflement de l’air sur les cabiont déjà opté pour ce mode de nes, et encore. Les bennes subissent,
transport. A Medellín (Colom- aujourd’hui, des essais en soufflebie), les cabines, qui fonctionnent rie, et dans une cabine on ne voit les
dix-neuf heures par jour, trans- habitations que de loin », soutient
M. Jaussaud. Les défenportent 75 000 personseurs du téléphérique
nes par jour. D’autres
En une heure,
le jugent par ailleurs
câbles urbains ont été
4 800 passagers
compétitif. « Il en coûte
installés à Hongkong,
peuvent prendre
10 millions d’euros au
Taïpeh ou Alger.
place dans
kilomètre, contre 20 à
A Paris, le funiculailes téléphériques 30 millions pour le tramre de Montmartre transdernier cri
way », indique Franporte deux millions de
çois Gruffaz, directeur
personnes par an, parmi lesquelles un bon nombre de du service du ministère du dévetouristes, mais aussi de person- loppement durable consacré aux
nels des restaurants. Laon remontées mécaniques. En une
(Aisne) dispose également depuis heure, 4 800 passagers peuvent
1989 d’un funiculaire qui dessert prendre place dans les téléphérila ville historique. Un élu de ques débrayables, dernier cri de
Givors (Rhône), soutenu par la la technologie en la matière. En
région, plaide pour la construc- comparaison, le tramway peut en
tion d’un téléphérique destiné à transporter 9 000, à condition
relier la gare ferroviaire au quar- que les rames se succèdent toutes
tier de Montrond, situé sur un pla- les deux minutes.
Les concepteurs devront touteteau. Le projet « permettrait aux
salariés de gagner Lyon par le train fois, si le téléphérique se développlutôt que d’emprunter l’autorou- pe comme transport urbain, adapte », assure le consultant greno- ter leurs produits au nouveau
mode d’utilisation. Certaines des
blois Pierre Jaussaud.
D’autres projets ont toutefois bennes les plus récentes comporété momentanément abandon- tent ainsi vingt places assises et
nés. Ainsi, celui du maire de Gras- vingt places debout. Les collectivise (Alpes-Maritimes), qui voulait tés devront aussi protéger le matéainsi relier la gare et le centre his- riel contre les tags, des dégradatorique, situé cent mètres plus tions dont les actuels usagers des
téléphériques, les amateurs de
haut.
Dans l’agglomération greno- ski, ne sont pas vraiment coutubloise, le projet d’un téléphérique miers. a
reliant Gières, dans la vallée, à la
Olivier Razemon
Sondage
Les Français
et leur dentiste
Selon une étude réalisée par
l’IFOP à l’initiative de l’Association dentaire française, qui tient
son congrès annuel du 20 au
24 novembre à Paris, 68 % des
Français consultent un chirurgien-dentiste au moins une fois
par an. Les femmes (72 %),
les cadres et professions libérales
(76 %), les jeunes (80 %) sont
plus assidus que les employés,
les ouvriers (67 %) et les seniors
(61 %). On consulte d’abord
pour des pathologies (caries,
gencives, remplacement des
dents absentes, détartrage),
puis pour des raisons esthétiques
(orthodontie, blanchiment).
Les jeunes sont plus nombreux
que leurs aînés à considérer
le détartrage et le remplacement
des dents perdues comme
des opérations esthétiques.
Aujourd’hui
Blade Runner :
le mouchard
et le collector
D
ernière incongruité sur Internet : une doudoune, équipée d’un GPS qui permet de localiser son enfant et de connaître l’historique de
ses mouvements sur des mois. Quand le chérubin
franchit un périmètre non autorisé, un coup de fil prévient ses parents. Ce blouson-mouchard est vendu
250 livres par le britannique Blade Runner, un cybermarchand, spécialiste des vêtements de sécurité.
On préférera glisser sous le sapin de Noël l’ultime
édition du film mythique Blade Runner, avec Harri-
son Ford en chasseur d’androïdes. Il arrivera en France dans les bacs le 5 décembre (et le 18 décembre
2007 aux Etats-Unis). Pour les 25 ans de son bébé, le
réalisateur Ridley Scott a revu et corrigé l’original,
rajouté des scènes et amélioré ses effets spéciaux.
Cette édition restaurée et remastérisée s’appelle
The Final Cut, car, a expliqué M. Scott, après sept ans
de travail, « j’en ai maintenant le cœur net, voilà bien
le montage définitif de mon film ». (Le coffret aux cinq
DVD, 39,90 euros prix Fnac.) a V. L.
Météo & Jeux
30
Mercredi 21 novembre 2007
Lille
Lille
Fortes pluies sur les
9°
40 km/h
12°
Alpes du Sud
7°
12°
55 km/h
8°
13°
Rouen
8°
13°
Caen
8°
13°
7°
12°
3°
15°
7°
12°
Orléans
9°
14°
6°
13°
6°
Dijon
Besançon
6°
12°
Poitiers
8°
14°
5°
12°
Chamonix
ClermontFerrand
Limoges
2°
9°
Lyon 10°
14°
10°
15°
9°
13°
60 km/h
Metz
3°
8°
Nantes
Grenoble
Toulouse
50 km/h
11°
17°
12°
15°
14°
17°
5 à 10°
0 à 5°
10 à 15° 15 à 20° 20 à 25° 25 à 30° 30 à 35° >35°
LEVER: 08h08
COUCHER: 17h02
PARIS
ST-DIMITRI
COEFF. DE MARÉE: 69
LEVER: 14h59
COUCHER: 03h49
PARIS
Mercredi, la dépression responsable du temps perturbé et plus doux de ces derniers jours
va rester positionnée sur le proche Atlantique. De nouvelles pluies sont donc prévues,
cette fois-ci surtout sur la façade est, entre le pourtour méditerranéen et l’Alsace, avec des
cumuls parfois abondants comme sur les Cévennes et les Alpes du Sud. Le vent du sud
faiblira en revanche. Un régime instable se mettra en place sur la Bretagne avec des
giboulées orageuses et encore de la grêle par moments. Ailleurs, entre ces deux zones, le
temps sera plus variable et calme, avec quelques grisailles sur l'Aquitaine...
Région
6°
11°
6°
10°
7°
14°
9°
14°
10°
13°
7°
13°
9°
14°
13°
15°
12°
19°
Vendredi
Samedi
102 Reykjavik
0 Reykjavik
A
1005
2
3
4
Vancouver
3°
5°
Dublin
Los Angeles
14°
23°
21°
26°
Cumul pluviométrique
le 21.11.2007
Dimanche
Chicago
5°
8°
Miami
Moscou
1025
A
Varsovie
Prague
Kiev
Munich
Paris
Vienne
Budapest
Berne
Odessa
D 1000
Zagreb
Milan
Belgrade
Bucarest
A
Sofia
Rome
Barcelone
Istanbul
Madrid
5
102
Lisbonne
Séville
A
< -10°
Anticyclone
Alger
D
Front chaud
Front froid
Occlusion
Thalweg
-10 à -5° - 5 à 0°
1
10
Dépression
Rabat
Ankara
1015
Athènes
Tunis
5
D
Beyrouth
Tripoli
Jérusalem
5 à 10° 10 à 15° 15 à 20° 20 à 25° 25 à 30° 30 à 35° >35°
0 à 5°
Lima
17°
16°
5-15 mm
1-5 mm
Santiago du Chili
Ile-de-France
7°
11°
3°
9°
3°
8°
(1,34 € l’appel + 0,34 € la minute)
7 jours/7 de 6h30-18h
Nord-Est
8°
10°
4°
9°
5°
7°
Service proposé par MeteoNews
en partenariat avec Le Monde
Sud-Ouest
8°
13°
4°
12°
4°
11°
Sud-Est
10°
16°
6°
13°
5°
12°
http://www.meteonews.fr
Omsk
Paris 9°
13°
Barcelone
16°
20°
Marrakech
15°
25°
Abidjan
17°
32°
> 50 mm
15-50 mm
Météorologue en direct
au 0899 700 703
8
St-Pétersbourg
Minsk
Berlin
Bruxelles
Caracas
22°
32°
5°
11°
7
1020
Copenhague
Amsterdam
20°
25°
Managua
23°
28°
3°
10°
6
D
Edimbourg
Londres
Québec
-4°
0°
4°
11°
5
Helsinki
Stockholm
Riga
Ankara
6°
8°
Bagdad
19°
Tripoli
27°
16°
Riyad
23°
10°
30°
Khartoum
16°
38°
Yaoundé
19°
30°
La Paz
5°
6° Rio de Janeiro
23°
30°
19°
28°
Le Caire
Kaboul
Irkoutsk
-7°
-6°
-10°
-6°
2°
15°
Vladivostock
-20°
-10°
Shanghai
8°
13°
Hanoi
17°
26°
Karachi
20°
32°
Kuala Lumpur
24°
29°
Port Moresby
25°
28°
Antananarivo
13°
23°
Alice Springs
13°
37°
Le Cap 15°
20°
470 E
Auckland
Auckland
12°
21°
T TC*
Montréal
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SCRABBLE N˚560
Solution du no 633
SUDOKU Nº 634
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1
1015
Oslo
A
Nord-Ouest
MOTS
Nº 07 - 277 N° 07 - 277
MOTS CROISÉS
CROISÉS PROBLÈME
995
1005
D
A
< 1 mm
Jours suivants
8°
11°
A
St-Pétersbourg
-2°
-3°
-4°
0°
En France
8°
13°
ensoleillé
14 25
7 Alger
éclaircies
8 18
13 Amman
ensoleillé
19 30
5 Bangkok
violents
orages
16
19
Beyrouth
5
ensoleillé
20 30
4 Brasilia
13 29
5 Buenos Aires beau temps
ensoleillé
24 31
10 Dakar
25
10
averses
éparses
24
31
Djakarta
6
beau temps
22 30
4 Dubai
15 22
7 Hongkong beau temps
1015
7 17
11 Jérusalem fortes averses
pluvieux
24
29
Kinshasa
8
éclaircies
9 21
-1 Le Caire
éclaircies
8 18
12 Mexico
très nuageux
-3 3
1 Montréal
averses
éparses
15
23
Nairobi
18
20
141026
11702 New Delhi beau temps
5
très nuageux
-2 6
6 New York
beau temps
0 8
10 Pékin
éclaircies
18 29
7 Pretoria
orageux
17 24
14 Rabat
averses de neige -6 2
-1 Séoul
19 Singapour averses modérées 23 28
averses éparses 15 29
Sydney
3
averses éparses 8 16
4 Téhéran
éclaircies
5 16
3 Tokyo
ensoleillé
10 21
5 Tunis
averses
éparses
3
17
Washington
12
3
4 OUTREMER
beau temps1020 24 29
0 Cayenne
23 29
12 Fort-de-Fr. éclaircies
éclaircies
19 26
5 Nouméa
éclaircies
24 28
5 Papeete
24 29
1 Pte-à-Pitre ensoleillé
beau temps
21 26
1 St-Denis
Anchorage
11°
20°
Honolulu
Jeudi
1
7
-2
-2
1
-2
4
0
0
0
8
6
-5
10
-6
12
15
-5
9
4
11
1
16
-1
-5
5
3
3
-1
0
0
-1
-5
-3
-2
-4
21.11.2007 12h TU
Dans le monde Pluies et vents violents entre les îles Salomon et Vanuatu
65 km/h Ajaccio
15°
16°
-10 à -5° - 5 à 0°
11°
14°
Marseille
Perpignan
D
Nice
Montpellier
11°
15°
Biarritz
0
9°
13°
D
En Europe
DANS LE MONDE
Amsterdam pluie éparse
Athènes
averses éparses
Belgrade
beau temps
Berlin
ensoleillé
Berne
faible pluie
Bratislava beau temps
Bruxelles
pluvieux
Budapest beau temps
Bucarest
éclaircies
Copenhague ensoleillé
Dublin
pluvieux
Edimbourg pluie éparse
Helsinki
éclaircies
Istanbul
pluvieux
Kiev
ensoleillé
La Valette beau temps
Lisbonne
éclaircies
Ljubljana
ensoleillé
Londres
pluvieux
Luxembourg faible pluie
Madrid
pluvieux
Moscou
couvert
Nicosie
orageux
Oslo
ensoleillé
Prague
ensoleillé
Reykjavik averses éparses
Riga
éclaircies
Rome
beau temps
Sofia
éclaircies
Stockholm beau temps
Tallin
éclaircies
Tirana
beau temps
Varsovie
beau temps
Vienne
ensoleillé
Vilnius
éclaircies
Zagreb
ensoleillé
0
10
9°
13°
Bordeaux
Bordeaux
< -10°
Températures
à l’aube
et l’après-midi
13°
Rennes
D
EN EUROPE
PARIS
Châlons- 10°
9° en-Champagne
Strasbourg
6°
13°
Brest
Le 21.11.2007
Amiens
Cherbourg
0123
Mercredi 21 novembre 2007
9
9 10 1 1 12
I
7
6
7
4
5
1
9
II
III
1
IV
4
V
8
VI
VII
8
5
3
4
1
1
2
9
5
5
8
3
9
6
2
4
9
3
4
5
6
8
1
7
6
8
4
1
7
2
5
9
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8
3
6
2
1
4
9
7
5
1
7
2
9
6
5
3
4
8
4
5
9
3
8
7
1
6
2
5
4
1
6
2
8
7
3
9
9
6
7
5
4
3
2
8
1
3
2
8
7
9
1
4
5
6
Complétez toute la
grille avec des chiffres
allant de 1 à 9.
Chaque chiffre ne doit
être utilisé qu’une
seule fois par ligne,
par colonne et par
carré de neuf cases.
4
3
1
2
Facile
3
6
7
Réalisé par Koalog (http://sudoku.koalog.com)
VIII
IX
X
HORIZONTALEMENT
VERTICALEMENT
I. Excelle dans les manœuvres
les plus douteuses. II. Fait la
peau au loup. A peine fini, il
recommence. III. Des cailloux
et du sable. Pas bien malin. IV.
Fait rire les uns mais exploser
les autres. Vu mais pas pris. V.
Cours espagnol. Passé à l’huile.
Fleuve côtier. VI. Négation. Fait
passer le temps. VII. Iles sous
les Tropiques. Propos picard.
VIII. Epreuve éliminatoire. A
mis sa Marseillaise sur l’Arc de
Triomphe. IX. Genre musical.
Possessif. A perdu tout éclat. X.
Permet à la couvée de s’épanouir. Cubes.
1. Ne travaille jamais pour rien.
2. Mordant. Bout d’aluminium.
3. Supposer. Grande partie du
monde. 4. Dans le noir. Pourra
être retournée une fois ramassée. 5. Os. Assure la grande distribution. 6. Sujet. Ses titres
sont sans valeur. 7. Remplace
un gros verre. 8. Personnel.
Belle Serbe. Métal dur. 9.
Cherche la petite bête. Dieu. 10.
Mises en avant. Echange de
coups. 11. Pour les amateurs de
chaudes sensations. A creuser si
elle est bonne. 12. Difficilement
contrôlables.
Philippe Dupuis
Solution du n° 07 - 276
Horizontalement
Verticalement
I. Fracassantes. - II. Lavement. Art.
- III. Ego. Bi. Hissa. - IV. Moulinée.
Met. - V. Mue. Bêta. - VI. Atelier.
Dnef (fend). - VII. Râ. Lovés. Ici. VIII. DNA. Ne. Opéré. - IX.
Etrennais. Ie. - X. Secrétariats.
1. Flemmardes. - 2. Ragoûtante.
- 3. Avouée. Arc. - 4. Ce. Ll. Er. 5. Ambitionne. - 6. Sein. Event. 7. Sn. Ebre. Aa. - 8. Athée. Soir. 9. Td. Psi. - 10. Tasmanie. - 11.
Erse. Ecrit. - 12. Statufiées.
UN CHARLES PEUT EN
CACHER TROIS AUTRES
Parmi les mots latins en -US, on
trouve CAROLUS, monnaie à l’effigie de Charles VIII. Par ailleurs,
CAROLIN, E fait référence à Charlemagne (mais les Caroline du
Nord et du Sud doivent leur nom à
Charles Ier d’Angleterre). Enfin
CAROLO est l’apocope de CAROLOREGIEN, de Charleroi, ville fondée par Charles II d’Espagne.
Le titre de notre chronique précédente était de Baudelaire (Le
Voyage).
Tirage : ADEILSU
a) Trouvez 3 sept-lettres et placez-en 2. En 4 endroits différents,
placez 2 huit-lettres et 2 neuf-lettres. Ecrivez sur la grille le meilleur
huit-lettres, donné ci-dessous.
Tirage suivant : ACEEELS
b) En 3 endroits différents, placez un six-lettres de 35, un sept-lettres de 74 et un huit-lettres de 93.
Ecrivez sur la grille ce dernier, donné ci-dessous.
Solution de a) : dualisez, 12 A,
97.
Tirage suivant : EILRSTY
c) En 3 endroits différents, placez 3 mots de 104, 72 et 60.
Solution de b) : oléacées, 8 H,
93.
Préparation de la grille de la
semaine prochaine.
d) Tirage : EEINPX ?. Trouvez
3 sept-lettres. Ce tirage s’appuie,
entre autres, sur R (2 sol.) et
C. Trouvez les 3 huit-lettres.
Solutions dans Le Monde du
28 novembre.
Solutions du problème paru
dans Le Monde du 14 novembre.
Chaque solution est localisée sur
la grille par une référence se rapportant à sa première lettre. Lorsque la
référence commence par une lettre, le
mot est horizontal ; lorsqu’elle commence par un chiffre, le mot est vertical.
a) DIONEES, 14 C, 78, faisant
AZUREEN, ou l’anagramme
DENOIES (une mine).
b) CODEINES, A 8, 86 – DODINEES, dodelinées, C 6, 74 – INFEODES, 4 F, 74 – ANODISEE, B 8, 72
– MENDOISE, D 8, 72, ou l’anagramme DOMINEES – INONDEES, 7 G, 65.
c) SURDORE et SOURDRE –
ROIDEURS, RETORDUS ou TORDEURS.
Michel Charlemagne
Un jeu pour chaque jour
Le Loto
Lundi daté mardi Affaire de logique
Mardi daté mercredi Scrabble
Mercredi daté jeudi Bridge
Vendredi daté Samedi L’art en question
Samedi daté dimanche-lundi Echecs
Les résultats sont
publiés dans cette page
dans nos éditions datées
dimanche-lundi, mardi
et vendredi
Ecrans
0123
Mercredi 21 novembre 2007
Télévision
L’hiver avec Charlot
Pour les trente ans de la disparition, le 25 décembre 1977, de
Charlie Chaplin, et à l’occasion
du retour en salles de La Ruée
vers l’or, du Kid et du Cirque,
dans les salles MK2, Cinecinema
Classic propose à ses abonnés de
redécouvrir, à partir du
30 novembre, tous les longs
métrages du cinéaste. Onze documentaires où s’expriment de
grands noms du cinéma contemporain compléteront cette programmation, à laquelle Serge
Bromberg apportera sa contribution à travers cinq « Retour de
flamme » exceptionnels retraçant, à l’aide de films qu’il a restaurés, les premières années de la
carrière de Charlie Chaplin.
Hommages à Pierre
Granier-Deferre
France 2 et France 3 modifient
leurs programmes pour rendre
hommage au cinéaste
Pierre Granier-Deferre, décédé
vendredi 16 novembre à l’âge de
80 ans. France 3 diffuse mardi
20 novembre, à 23 h 30, à la place du magazine « Ce soir ou
jamais », La Horse, film réalisé
en 1970, avec Jean Gabin, Eléonor Hirt et Pierre Dux, tandis que
France 2 programmera samedi 24 à 15 heures un des trois épisodes de la série « Maigret » que
le réalisateur avait tournés avec
Bruno Crémer.
31
Artistes et scientifiques dispensent Vu&commenté
des cours de « rire de résistance »
Internet Les conférences drolatiques données au Théâtre
« Qu’est-ce
du Rond-Point sont retransmises en direct sur une Web-TV
qu’on va faire de toi ? »
P
eut-on être cartésien et fervent adepte de l’absurde ? A
en croire le comédien et philosophe Pierre Cleitman, ce mariage intellectuel n’est pas celui de la
carpe et du lapin. Démonstration
est faite avec la conférence donnée
par cet exégète loufoque le mercredi 21 novembre au Théâtre du
Rond-Point (Paris) à 19 h 30 : « Le
sens de l’humour chez Descartes ».
Vis comica passée – convenons-en
– inaperçue mais, semble-t-il,
« bonifiée par plus de trois siècles de
méconnaissance quasi unanime ».
Tous les jours jusqu’au
27 novembre, se tient en fin de journée la première session d’une université atypique, « une Sorbonne
drolatique » placée sous l’égide du
« Rire de résistance ». Comptant
parmi ses membres des artistes,
des scientifiques, des psychanalystes et quelques sociologues, docteurs honoris causa de mauvais
esprit, tous contempteurs des intégrismes de tout poil, ce cénacle
dépareillé ne délivre aucun diplôme. Juste des brevets d’insolence.
Objectif revendiqué : « Résister à
toutes les dictatures de la réalité et à
l’hégémonie du sérieux. Ce sérieux
qui solidifie les idées, que la morale
fortifie et que le bon goût engraisse »,
assure Jean-Michel Ribes, directeur du Théâtre du Rond-Point.
Arme de libération
C’est Marjane Satrapi, auteur
de bandes dessinées et du film Persépolis primé à Cannes qui a ouvert
le ban, le 8 novembre, par un hommage liminaire à sa grand-mère,
« la personne la moins morale et la
plus éthique du monde – c’est pour
ça que je l’admirais ». Lors de son
exposé à bâtons rompus, l’artiste
d’origine iranienne a confié combien l’humour avait été pour elle
une méthode de survie sous la dictature des mollahs et contre la
dépression.
Le lendemain, le cinéaste JeanPierre Mocky ne cachait pas son
évident plaisir à « mettre les pieds
dans le plat ». Le 13 novembre,
l’éthologue et psychanalyste Boris
Cyrulnik se fendait d’un exposé
extravagant sur la « narapoïa »,
« psychose très grave où le malade
délire tellement qu’il est convaincu
que tout le monde lui veut du bien ».
Le 14 novembre, le linguiste Alain
Rey auscultait les facéties de la langue. Le 17, Philippe Val, directeur
de la publication de Charlie Hebdo,
exprimait sans détour sa détestation de la gouaille franchouillarde,
du « rire de horde », celui, prédateur, qui s’exerce aux dépens du
plus faible. Bref, de « l’humour collabo ». Mardi 20, le généticien
Axel Khan entendait démontrer
combien la plaisanterie peut
constituer une redoutable arme de
libération pour les minorités.
Payantes au théâtre, ces conférences sont retransmises gratis et
en direct sur Internet pendant
toute la durée de la programmation. Quelques causeries sont également réécoutables sur le site de
France Culture (rubrique « Les
sentiers de la création »). a
Macha Séry
http://theatretilder.empreinte.com/
Mardi 20 novembre
TF1
France 2
France 3
Canal +
Arte
M6
20.50
20.50
20.50
20.50
20.40
20.50
Les Visiteurs 2,
les couloirs du temps
Film Jean-Marie Poiré. Avec
Christian Clavier, Jean Reno,
Muriel Robin, Marie-Anne
Chazel, Claire Nadeau
(France, 1998) d.
Suite opportuniste et inutile.
Guerre et paix.
Téléfilm. Robert Dornhelm.
Avec Clémence Poésy,
Malcolm MacDowell, Alexander
Beyer, Alessio Boni. [3/4].
(Fr. - It. - All., 2006) d.
Natacha s’enfuit avec Anatole
mais regrette presque tout
de suite sa décision.
Le Maître de guerre a a
Film Clint Eastwood. Avec
Clint Eastwood, Marsha Mason
(Etats-Unis, 1986) d 0.
Un sous-officier de carrière
mal noté entraîne des recrues
avant de participer à l’invasion
des îles de la Grenade.
Le Labyrinthe de Pan a
Film Guillermo del Toro. Avec
Ivana Baquero, Sergi Lopez,
Maribel Verdu, Ariadna Gil
(Esp. - Mex., 2006) d 2.
A la fin de la guerre d’Espagne,
une petite fille s’évade
dans un monde imaginaire.
Incroyable talent.
Divertissement présenté
par Alessandra Sublet.
Le jury assiste à des numéros
plus étonnants les uns que
les autres.
23.05
22.50
Pascal, le grand frère.
Magazine 0.
22.35
Soir 3.
L’Hebdo.
23.30
0.25
22.45
Fargas.
Fashion Victim Série.
Christophe Douchand. Avec
Guy Marchand, Pierre Laplace,
Gabrielle Forest (France,
2003, 105 min) d.
Faites entrer l’accusé.
Jean-Pierre Deulin : pour
quelques centimètres de plus
Magazine d.
La Horse
Film Pierre Granier-Deferre.
Avec Jean Gabin, Eléonore
Hirt (Fr. - It. - All., 1969) 2.
Michael Moore :
polémique système a
Film Rick Caine et Debbie
Melnyk (Canada, 2007) d.
Thema.
Où va l'Afghanistan ?
20.45 Les Barons de la drogue
Documentaire. Mehran
Bozorgnia (All., 2007) d.
21.35 Afghanistan, terre
de conflits Documentaire.
Armin Paul-Hampel (All., 2007).
21.45 Débat.
22.10 Afghanistan, mon pays,
ma patrie Documentaire.
Kathy Gannon (All., 2007).
22.55
0.05
Journal (15 min).
0.50
NYPD Blue. Série. Casse
et cassettes (45 min) d.
0.05
Terreur sur la ligne
Film Simon West. Avec
Camilla Belle, Tommy Flanagan
(EU, 2006, v.o., 80 min) d 2.
22.45
Ravages.
Téléfilm. Christophe Lamotte.
Avec Laurie Lefret, Marie Kremer,
Iris Vincent (France, 2007,
95 min) d.
22.55
T’empêches tout
le monde de dormir.
Présenté par Marc-Olivier Fogiel.
Invités : Kad et Olivier,
Sheryfa Luna, Stanislas,
Mélissa Mars, Julien Dray.
France 2
France 3
Canal +
Zone interdite.
Crime passionnel : au cœur
d’un procès d’assises
Magazine (125 min) 0d.
Arte
M6
20.20
20.50
20.50
20.50
20.40
20.50
Football.
Ukraine - France Euro 2008
(éliminatoires, groupe B).
20.45 Coup d’envoi en direct
de Kiev (Ukraine).
Une rencontre sans enjeu
depuis la victoire italienne en
Ecosse, samedi 17 novembre,
qui a qualifié la France et l’Italie.
Hommage
à Michel Berger.
Tous... pour la musique
Invités : France Gall, Johnny
Hallyday, Vanessa Paradis,
Mathieu Chedid, Céline Dion,
Diam’s, Christophe Maé,
Christophe, Françoise Hardy,
Laurent Voulzy, Michel Jonasz,
Alain Chamfort, Calogero,
Roch Voisine, Louis Chedid...
Des racines et des ailes.
L’Art de la déco d’hier
et d’aujourd’hui Magazine
présenté par Louis Laforge d.
Les Mercredis
de l’Histoire.
La Comtesse et la Révolution
russe Documentaire (2007) d.
Keno.
L’Ecole pour tous
Film Eric Rochant. Avec
Arié Elmaleh, Elodie Navarre,
Vincent Desagnat (2006) d.
Un délinquant prend la place
d’un prof de collège.
22.55 et 23.25
22.30
22.20
Ce soir (ou jamais !).
Magazine présenté par
Frédéric Taddeï.
Le Dessous des cartes.
Migrations : les fausses
menaces Magazine.
23.10
Soir 3.
Presto.
0.45
Pusher a a
Film Nicolas Winding Refn.
Avec Kim Bodnia, Zlatko Buric,
Laura Drasbak (1996) 6 d.
Un narcotrafiquant endetté
cherche à échapper à la pègre.
Adriana et moi.
Téléfilm. Williams Crépin.
Avec Adriana Karembeu,
Bernard Yerlès, Nicolas
Gabion (France, 2007) d.
Bien que tout les oppose,
un fleuriste et une jolie ambassadrice de la Croix-Rouge
tombent amoureux.
23.15
NYPD Blue.
Feux rouges
Série (saison 4, 15/22).
Avec Dennis Franz, Jimmy
Smits (45 min) d.
22.30
Esprits criminels.
Morts anonymes 2.
Le Retour de Frank 2.
Traque sans merci 0 Série
(S2, 22 et 23/23 ; S1, 11/23).
Avec Paget Brewster, Mandy
Patinkin, Thomas Gibson
(2007, 155 min) d.
Ça se discute.
Voisins : amour, haine
et trahison Présenté par
Jean-Luc Delarue (134 min).
FRANCE 5
22.50
23.00
0.15
The Queen a
Film Stephen Frears. Avec
Helen Mirren, Michael Sheen
(2006, v.o., 95 min) d.
21.35
Zoom Europa.
22.30
22.35
Stanley Kubrick,
une vie en images.
Documentaire (GB, 2001, v.o.).
The Unit/
commando d’élite.
Guet-apens. Le Médaillon
Série (S2, 17-18/23) 0 d.
0.50
0.15
Le Baiser du tueur a a
Film Stanley Kubrik (EU,
1955, N, v.o., 65 min).
Enquête exclusive.
Corse : une île sous haute
tension Magazine (70 min).
TMC
NT 1
20.40
20.45
20.45
20.25
Question maison d.
Au-delà du réel, l’aventure continue.
Le Point de rupture. L’amour est aveugle Série
(saison 6, 5 et 6/22). Avec Rick Roberts.
Le Temps de penser.
22.25
L.A. Dragnet.
Portées disparues 2 Des filles dans le coup 0
La mort ne tient qu’à un fil 0 Série (S2, 10 et
1/10 ; S1, 8/12). Avec Ed O’Neill, Eva Longoria.
L’arrestation d’un voleur à l’étalage conduit Friday
et McCarron à enquêter sur la disparition d’une
femme et sur un trafic d’armes et de munitions.
C dans l’air.
22.55
23.35
Extreme Makeover Home Edition :
Les Maçons du cœur.
Documentaire (180 min).
21.25
Silence, ça pousse ! d.
21.55
C’est notre affaire.
Le Marché des animaux de compagnie Magazine.
Les Escapades de Petitrenaud.
Caen Magazine (25 min) d.
FRANCE 4
DIRECT 8
LCP-AN/PUBLIC SÉNAT
insoumis
CE WEEK-END, AVEC « LE MONDE » DU VENDREDI DATÉ SAMEDI
La sélection radio
MERCREDI 21 NOVEMBRE
22.15
Concerts éphémères
La Tête au carré
Cops Uncut 0.
22.00
16.00 France Musique François-
14.05 France Inter L’art
22.45
Bouge la France !
Football.
Euro 2008 Eliminatoires (groupe F) : Espagne Irlande du Nord, à Gran Canaria.
22.45
de vieillir, avec Thérèse Clerc,
cofondatrice d’un projet pilote :
la maison des Babayagas.
0.25
23.30
Journal (15 min).
Questions d’info (30 min).
André Danican Philidor (air
d’Ernelinde, princesse de Norvège),
Jean-François Lesueur (air de
La Caverne), Ferdinando Paër
(air du Maître de Chapelle), PierreAlexandre Monsigny (air du
Déserteur), François-Joseph
Gossec (Suite de Sabinus) et
Antonio Sacchini (ouverture de
Dardanus). Pierre-Yves Pruvot,
baryton. Les Agrémens dirigés
par Guy van Waas. Enregistré
le 29 septembre à la chapelle
royale du château de Versailles.
W9
Face à nous.
Invité : Jacques Pélissard.
I-TELE
20.45
19.45 et 21.45, 0.34
Le Censeur du lycée d’Epinal.
Téléfilm. Marc Rivière. Avec Jean-François Balmer,
Patrick Chesnais, Laure Duthilleul (Fr., 1996) d.
Enquête d’action.
Chirurgie esthétique : tout le monde s’y met !
Magazine présenté par François Pécheux 0
N’ayons pas peur des mots.
Avec J.-L. Mélenchon, F. d'Almeida, Yves Thréard.
22.15
22.25
C’est arrivé sur la 8.
Sans interdit.
Invité : François Hollande.
22.25
Football.
Euro 2008 Eliminatoires (gr. E) : Angleterre Croatie, au stade de Wembley, à Londres.
L’Homme de minuit.
Téléfilm. Jim McBride. Avec Timothy Hutton,
Suzy Amis, John Glover, Max Wright, Grant
Heslov (Etats-Unis, 1997) d 0
Morandini ! (60 min).
le général
MARDI 20 NOVEMBRE
20.35
0.30
Leclerc,
Ça vous regarde.
Jusqu'où le secret défense ?
Doctor Who.
La Cheminée des temps. Le Règne des Cybermen
Série (saison 2, 4 et 5/13). Avec David Tennant,
Billie Piper, Sophia Myles, Jessica Atkins (2006).
Le docteur se projette à Versailles, au XVIIIe siècle,
pour venir en aide à la marquise de Pompadour.
Ultimate Force.
Les Soldats d’Avalon. Opération Omega. Mission
secrète Série (S2, 3 et 5/6 ; S3, 2/4). Avec
Ross Kemp, Jamie Draven (157 min) 2
ARCHIVES
21.00
20.45
22.40
L
a télévision aime beaucoup
se regarder dans la glace.
Mireille Dumas recevait
lundi 19 novembre « l’incontournable Michel Drucker » dans
« Vie privée, vie publique » sur
France 3. Voilà un animateur qui
a réussi le prodige de ne pas quitter l’écran depuis près de quarante ans. Sa recette est connue :
mettre en valeur ses invités, ne
rien dire qui blesse ou qui fâche.
« Il n’y a pas de honte à être bienveillant. Je n’ai pas envie d’être
malveillant avec des gens qui font
un métier terrible », dit-il. Complaisant, lui ? Allons bon ! Mais
non, admiratif, quoi qu’il arrive,
du travail des artistes. Le portrait
de l’intéressé obéissait au même
principe. Quel type épatant ! On
avait droit à Michel à la campagne, Michel avec son chien,
Michel avec sa femme. On le
voyait serrer gentiment la main
d’inconnus, pressés derrière une
barrière, avant le début d’une
émission. Tout cela aurait fini
par être un peu lassant s’il n’y
avait eu cette confidence sur le
ressort secret de toute sa carrière.
« Mais qu’est-ce qu’on va faire de
toi ? », lui répétait son père. Ce
dernier était médecin de campagne en Normandie et ne croyait
qu’aux études. Michel était le cancre de la famille, une position
d’autant plus douloureuse que
son frère aîné était premier en
tout. La libération, pour lui, a
consisté à prendre un jour le
train pour Paris et à tâter de
petits métiers. L’entrée à la télévision a été le début de la vraie vie,
encore que son père ait failli tout
gâcher. Après son premier passage à l’antenne, ce dernier décroche son téléphone pour appeler
son patron. « Je suis le docteur
Drucker. J’ai vu hier cet inconscient de Michel à la télévision. Il
n’a pas de diplôme. C’est un instable. Il ne peut pas se concentrer. Il
n’a aucune culture. Vous courez à
la catastrophe. Je vous demande de
ne plus jamais le mettre devant
une caméra », lui dit-il. « J’étais
assommé », se souvient l’animateur.
Depuis quarante ans, il essaye de
démontrer à son père qu’il avait
tort. La mort de ce dernier n’a
rien changé à l’affaire.
Michel Drucker continue à vouloir lui prouver qu’il est capable
de réussir quelque chose, contrairement au diagnostic initial qu’il
avait porté sur lui. En racontant
cette anecdote, l’animateur ne
souriait pas. Il avait le visage grave, comme fermé. Obtenir l’approbation paternelle est manifestement la grande affaire de sa
vie. Et, pour cela, il n’y a rien en
dehors de la télévision. Pas question de retraite, évidemment. « Il
n’y aura pas de vie après la télévision. Il y aura la mort », dit-il.
C’était dit sans emphase, mais
sans hésitation non plus. L’animateur le plus célèbre de France
venait de se débarrasser de son
image un peu trop lisse. C’était
un de ces moments d’émotion
comme les aime Mireille Dumas
et c’était plutôt réussi. a
1.10
Mercredi 21 novembre
TF1
Dominique Dhombres
20.15
20.45
Sur les docks
16.00 France Culture Toute la
semaine, un bilan provisoire de
la justice pénale internationale.
Aujourd’hui, « Un chef d’Etat à
la barre : Charles Taylor devant
le tribunal spécial pour le Sierra
Leone ». Avec un avocat et
un journaliste sierra-léonais,
et des responsables du tribunal.
Journal de l’économie, i Bourse.
21.15
Martine Barrat
Accents d’Europe
0.05
Journal de l’international.
Tendances.
Magazine (90 min).
22.00
20.00 France Culture Martine
21.10 RFI Regards croisés : les
Barrat, photographe. Son premier appareil photo : le cadeau
d'un Leica par le chauffeur de
son inventeur à New York.
nouveaux squatteurs. A Londres
comme à Lodz, des jeunes actifs
élisent domicile dans des bâtiments industriels abandonnés.
Info soir (120 min).
Les codes du CSA 0 Déconseillé aux moins de 10 ans 2 Déconseillé aux moins de 12 ans 6 Déconseillé aux moins de 16 ans 8 Déconseillé aux moins de 18 ans.
Les cotes des films a On peut voir a a A ne pas manquer a a a Chef-d’œuvre ou classique. Sous-titrage spécial pour les sourds et malentendants d.
0123
32
Ecofrictions
Une dérogation qui part en fumée
Billet
Robert Solé
Livre blanc
LES AMÉRICAINS ne risquent pas de
devenir des rats de bibliothèque. Ils
lisent de moins en moins, selon une
vaste étude conduite aux Etats-Unis
par le National Endowment for the
Arts (NEA). Chez les adolescents de
17 ans, par exemple, le nombre de nonlecteurs a doublé en deux décennies.
Mais le problème n’est pas seulement
quantitatif. Les compatriotes d’Hemingway, Faulkner, Steinbeck, Mailer, Auster et Roth lisent de moins en moins
bien, si l’on croit la même étude, qui s’appuie sur une quarantaine d’autres enquêtes. La baisse de niveau n’épargne aucune catégorie de population. Parmi les
adultes ayant fait des études universitaires, le pourcentage de bonnes notes en
lecture a chuté de dix points en dix ans.
Les jeunes ont particulièrement retenu l’attention des enquêteurs. Chaque
jour en moyenne, les 15-24 ans passent
deux heures devant la télévision et sept
minutes à lire.
Ce sont des chiffres assez étonnants.
Sept minutes suffisent-elles vraiment
pour lire les programmes de télévision ?
a
L’actualité
P
lusieurs milliers de marchands
de tabac seront dans la rue, mercredi 21 novembre. Pas par solidarité avec les fonctionnaires, les
cheminots ou les agents de la RATP mais
pour demander un aménagement du
décret d’interdiction de fumer qui doit
entrer en application le 1er janvier 2008.
Les bars et les restaurants ont bénéficié
d’un sursis d’un an : l’interdiction de
fumer dans les lieux affectés à un usage
collectif est en effet appliquée en France
depuis le 1er février 2007.
Xavier Bertrand, ministre du travail, a
réaffirmé, dimanche 18 novembre, que le
décret entrerait en vigueur « sans retard,
sans dérogation, sans délai (…) ».
Les buralistes – 30 000 points de vente
– rappellent les propos de Nicolas Sarkozy
quand il n’était encore que candidat à la présidence de la République. En juin 2006,
lors d’un débat sur la santé au cours d’une
convention UMP, il avait déclaré : « On
pourrait dire : on ne fume pas dans les lieux
publics sauf exception et pour l’exception on
pourrait retenir les bars-tabac, c’est-à-dire les
lieux où l’on vend du tabac. » Lors d’un
déplacement, il s’était aussi interrogé :
Portrait
2 Editorial. Limites
18 Nassim Nicholas Taleb.
du volontarisme.
Analyse. YouTube,
le tam-tam planétaire.
Par Bertrand Legendre.
Chronique. Nouveau duo
à Berlin. Par Daniel Vernet.
Le sauvage de la finance.
3 Ukraine. Un rêve d’oligarque
au pays des mineurs.
International
4 Etats-Unis. Les opérations à la
frontière afghano-pakistanaise.
6 Reportage. Hébron, convoitée
par les colons israéliens.
Sciences
7 Environnement. Les
conséquences de l’effondrement
d’une calotte glaciaire.
Europe
8 Services publics.
Une directive jugée inutile.
Politique
12 Marseille. La gauche veut for-
Les buralistes s’appuient
sur un sondage TNS Sofres
réalisé, selon lequel 63 %
des Français sont favorables
à une dérogation
« Interdire de fumer dans les endroits où on
vend du tabac, c’est quand même curieux. »
Les buralistes s’appuient sur un sondage TNS Sofres réalisé en septembre 2007
selon lequel 63 % des Français sont favorables à une dérogation. Ils veulent pouvoir
installer des pièces avec extracteurs d’air,
militent pour que les petits établissements
dans les zones rurales, souvent derniers
lieux de convivialité, puissent choisir s’ils
veulent être fumeurs ou non et que l’on
puisse fumer sur les terrasses couvertes et
ouvertes d’un côté, comme en Italie par
exemple.
Déjà, les buralistes anticipent une chute
du chiffre d’affaires de 30 % sur la vente de
café, de sandwichs ou de boissons. Et prennent pour exemple l’Irlande, où depuis l’interdiction de fumer dans les pubs entrée
en application en avril 2004, le chiffre d’affaires est retombé au niveau de 2002.
Pourtant, selon un rapport du Sénat de
2006, aucun impact négatif sur le chiffre
d’affaires des restaurants n’a été avéré
dans les pays qui ont mis en place l’interdiction de fumer. « A New York, où la loi est
en vigueur depuis 2003, les recettes générées
par les bars et les restaurants sont en hausse.
Sur 21 études chargées d’évaluer les effets de
l’interdiction du tabac dans les cafés, aucune
n’a identifié un impact négatif de l’interdiction sur le chiffre d’affaires », écrivent les
sénateurs.
En Ecosse les pubs ont enregistré une
envolée de la fréquentation et de la consommation. Dans certains pays, la créativité
redouble pour contourner la loi. Au Danemark par exemple, des patrons de bar ont
profité de l’exemption qui touche les débits
de boisson de moins de 40 m2 pour créer
des vestiaires de 30 m2 dans des lieux qui
mesuraient auparavant 70 m2… a
Nathalie Brafman
Chiffres
250 000
Le nombre de mormons
en Afrique. L’Eglise de Jésus-Christ
des saints des derniers jours
se développe rapidement en Afrique.
Jusqu’en 1978, la consécration
de prêtres noirs était interdite chez
les mormons. D’après une enquête
du Washington Post, qui livre ces données, plus de la moitié habitent au
Nigeria. D’autres « nouvelles » Eglises, notamment évangéliques, développent la musique et la danse.
Les prescriptions des mormons
requièrent la chasteté et interdisent
l’alcool. On compte 13 millions de
mormons dans le monde, dont plus
de la moitié (7 millions) ne sont pas
américains. Un fidèle, Mitt Romney,
est candidat (conservateur) à la présidence américaine en 2008. En France, leur nombre est estimé à 33 000.
La construction d’un temple mormon
à Villepreux (Yvelines) avait été
refusée en 2006. a
Décryptages
Editorial & Analyses
Page trois
Mercredi 21 novembre 2007
Enquête
20-21 Etats-Unis.
Copwatch, un œil sur la police.
Colas fait prendre à la route de nouvelles voies
Focus
22 Carte judiciaire.
Une réforme importante…
et inachevée.
Culture & vous
Politique
24 Budget. Les partisans
d’un « Grenelle de la culture ».
Cinéma
25 « Beowulf »,
de Robert Zemeckis.
Saga numérique.
26 « Frozen Days »,
de Danny Lerner.
Rendez-vous
28 Cancer. Le rôle des aliments.
cer M. Gaudin à faire campagne.
Economie
13 Banques. Jusqu’où
la facture de la crise financière
grimpera-t-elle ?
Médias
16 Rapport. La diversité dans les
médias a peu progressé en 2007.
Sports
17 Golf.
Mieux détecter les jeunes talents.
0123.fr
Régimes spéciaux : comment
le gouvernement négocie-t-il ?
Débat en direct avec Christophe
Jakubyszyn, journaliste
au « Monde », le 21 novembre,
à 10 h 30.
Chronologie : retour sur
une semaine de conflit social.
Repères : les organisations
étudiantes à la loupe.
IL Y A 50 ANS DANS « LE MONDE »
Hommage à Pasteur
Avec Colas, la route avance… durablement.
(21 novembre 1957.)
a Tirage du Monde daté mardi 20 novembre 2007 : 434 697 exemplaires.
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Colas donne autant d’importance aux réalités environnementales qu’aux enjeux humains.
La qualité de vie des riverains s’en trouve préservée, le confort des automobilistes amélioré
et les conditions de travail des collaborateurs optimisées.
De nombreuses innovations soutiennent ce développement durable. Par exemple,
la route se fait silence avec Nanosoft, devient nature avec Végécol, réduit la consommation
énergétique avec les enrobés 3E et limite les émissions de gaz à effet de serre avec Végéflux.
Ainsi Colas ouvre de nouvelles perspectives à la route :
plus respectueuse de la Nature et plus respectueuse de l’Homme.
Avec Colas, la route avance… naturellement.
aressy.com - 11/07 - 3828
PLUS de huit cents savants vont se réunir à New York pour célébrer le
centième anniversaire de la découverte par Pasteur du mécanisme de
la fermentation lactique.
Cette découverte est à l’origine de tous les antibiotiques, et c’est
pourquoi les spécialistes venus aux Etats-Unis pour participer à un
congrès sur la fermentation chimique et les antibiotiques ont décidé
de donner le maximum d’éclat à cet anniversaire.
Le professeur Pasteur Vallery-Radot, petit-fils de Pasteur, ouvrira
jeudi matin le congrès en prononçant un discours dans lequel il analysera les raisonnements qui menèrent celui-ci à sa découverte.
« Le génie de Pasteur est un mélange d’intuition et de méthode, a
déclaré le professeur dans une interview accordée à l’agence FrancePresse lors de son arrivée aux Etats-Unis. C’est une leçon que nous ne
devons pas oublier et qui reste actuelle pour les chercheurs modernes. Il
est également très intéressant de constater que les Etats-Unis se rendent
compte de la date importante que fut 1857 pour l’avenir d’une science
où ils brillent au premier rang. »
« II faut voir dans cette cérémonie un hommage à la science française, a conclu le professeur. La présence d’hommes de premier plan comme le docteur Dubos, l’un des pionniers des antibiotiques, ou le professeur Florey, qui fut le premier à apercevoir les applications de la pénicilline en thérapeutique humaine, est garante de l’intérêt scientifique du
congrès qui accompagne la cérémonie d’anniversaire. » a
www.colas.com
La route avance