Panisse - WueCampus2
Transcription
Panisse - WueCampus2
Panisse texte précédent à répéter *0999* ----- (Chanson « Dans le port de *1000* ----- (Fanny vient à la porte du café, Marseille » pour familiariser le public avec la pièce, s'appuie à un montant paresseusement et regarde sur la musique de « Dans le port d'Amsterdam » de Marius.) Jacques Brel) *1094* CÉSAR. « On vous sert deux bons cafés ? » *1095* M. BRUN. « Non, pas pour moi. Je viens de déguster ….. » *1096* PANISSE. « Moi non plus. » *1101* CÉSAR. « Alors, dites, ce Paris, ça vaut la peine d'être vu ? » *1102* M. BRUN. « Ah ! Oui. C'est impressionnant. » *1103* PANISSE. « Dis donc, il est monté sur la tourifèle. » *1105* M. BRUN. (M. Brun rit, avec un peu de condescendance.) « Peut-être, mais c'est au moins cinq fois plus haut. » *1111* M. BRUN. « Qui est-ce, Landolfi ? » *1112* CÉSAR. « Un vieil ami ….. » *1116* CÉSAR. « Allons, vous l'avez sûrement remarqué. » *1117* M. BRUN. « Eh non ! Je n'ai pas vu Landolfi. » *1119* M. BRUN. « Tous les soirs. » *1120* CÉSAR. « Alors il est mort. » *1125* M. BRUN. « Allons-donc ! Paris est grand ….. On n'y connnaît pas tout le monde, comme ici. » *1126* CÉSAR. « Oui, c'est grand, bien entendu, c'est grand. » *1128* M. BRUN. (ironique) « Je crains que le double ne soit pas assez dire ….. J'ai vu au moins trente Canebières ! » *1132* ----- (la sirène des docks siffle. César regarde la pendule.) *1133* CÉSAR. « O coquin de sort ! Midi et demi ! » (César sort brusquement en courant.) *1137* MARIUS. (confidentiel) « Le lundi, à midi et demi, mon père va voir ses amours. » *1138* PANISSE. « Une italienne, tout ce qu'il y a de beau : une femme comme ça ! » *1143* M. BRUN. « Pourtant, ce n'est pas un crime d'avoir une maîtresse quand on est veuf. » *1144* PANISSE. (dans un cri douloureux) « Veuf ! Ah ! Veuf ! Ah ! pas ce mot devant moi, M. Brun ! » *1145* M. BRUN. « Pourquoi pas ? » *1146* PANISSE. « Vous n'avez pas su mon malheur ? Tenez, Mr. Brun. » *1147* M. BRUN. « Quoi, Mme Panisse ? » *1148* PANISSE. « Oui, M. Brun ! Il y aura trois mois demain ! Elle si forte, si gaillarde ….. » *1149* M. BRUN. « Oh ! Mon pauvre ami ! » *1106* PANISSE. (Panisse montre qu'il est ennemi de la tourifèle.) « Ça vous ne l'avez pas mesuré ! » *1113* PANISSE. « Il avait un petit magasin de tailleur sur le quai ….. » *1118* PANISSE. « Et vous alliez vous promener tous les soirs ? » *1121* PANISSE. « Peuchère ! » *1127* PANISSE. « C'est plus du double de Marseille ! » *1129* ----- (César et Panisse éclatent d'un rire joyeux.) *1134* PANISSE. (surpris) « Où va-t-il ? » *1138* PANISSE. « Une italienne, tout ce qu'il y a de beau : une femme comme ça ! » *1139* ----- (En écartant ses deux mains ouvertes devant sa poitrine, Panisse donne à entendre qu'elle a des seins comme des pastèques.) *1144* PANISSE. (dans un cri douloureux) « Veuf ! Ah ! Veuf ! Ah ! pas ce mot devant moi, M. Brun ! » *1146* PANISSE. « Vous n'avez pas su mon malheur ? Tenez, Mr. Brun. » *1148* PANISSE. « Oui, M. Brun ! Il y aura trois mois demain ! Elle si forte, si gaillarde ….. » *1150* PANISSE. « A ce qu'il paraît qu'elle avait une maladie de cœur ….. Ces choses-là frappent d'un seul coup ….. lâchement. » Panisse texte précédent *1150* PANISSE. « A ce qu'il paraît qu'elle avait une maladie de cœur ….. Ces choses-là frappent d'un seul coup ….. lâchement. » *1151* PANISSE. « Le vendredi, elle avait encore mangé un aïoli du tonnaire de Dieu, avec des escargots et la morue ….. Et le dimanche matin, dernière soupir. » *1152* M. BRUN. « Si vite ! Quelle catastrophe ! » à répéter *1151* PANISSE. « Le vendredi, elle avait encore mangé un aïoli du tonnaire de Dieu, avec des escargots et la morue ….. Et le dimanche matin, dernière soupir. » *1153* PANISSE. « Oui oui ….. Vous me direz tout ce que vous voudrez, mais il y a des fois que le bon Dieu n'est pas gentil. » *1153* PANISSE. « Oui oui ….. Vous me direz tout ce que vous voudrez, mais il y a des fois que le bon Dieu n'est pas gentil. » *1154* PANISSE. « Une brave femme, si dévouée, si travailleuse, qui faisait marcher les ouvrières comme pas une ….. » *1155* PANISSE. « Et avec ça, dans l'intimité, elle était gaie et rieuse ….. Il lui fallait tout le temps des taquineries et des jeux ….. » *1154* PANISSE. « Une brave femme, si dévouée, si travailleuse, qui faisait marcher les ouvrières comme pas une ….. » *1155* PANISSE. « Et avec ça, dans l'intimité, elle était gaie et rieuse ….. Il lui fallait tout le temps des taquineries et des jeux ….. » *1156* PANISSE. « Le matin, quand elle était en chemise, je m'amusais à lui courir après autour de la table de la salle à manger. » *1157* PANISSE. « Je lui donnais de petites *1156* PANISSE. « Le matin, quand elle était en tapes, je lui tirais des pinces ….. gentiment pour chemise, je m'amusais à lui courir après autour de rire, et alors, pour se venger, elle me faisait des la table de la salle à manger. » chatouilles. » (Panisse étouffe un sanglot.) *1158* M. BRUN. « Ne remuez pas vos souvenirs, Panisse, ça vous fait du mal ….. » *1159* PANISSE. « Oui, quand on pense que tout ça ne reviendra plus! A quoi ça me sert, maintenant, d'être juge au tribunal des prud'hommes ? » *1159* PANISSE. « Oui, quand on pense que tout ça ne reviendra plus! A quoi ça me sert, maintenant, d'être juge au tribunal des prud'hommes ? » *1160* PANISSE. « Et ce petit cotre que je venais d'acheter pour allez au cabanon, le dimanche, qu'est-ce que vous voulez que j'en fasse ? » (Panisse pleure.) *1161* M. BRUN. « Evidemment, c'est un coup terrible ….. Mais il faut réagier. Il faut vous dire que nous sommes tous mortels, il faut vous faire une raisin. « *1162* PANISSE. (violent) « Et quand on ne peut pas ? » *1162* PANISSE. (violent) « Et quand on ne peut pas ? » *1163* M. BRUN. « Le temps vous aidera, sans doute. » *1164* PANISSE. « Le temps ? Allons donc ! ….. Plus ça va, plus je descends ….. Je passe mes nuits à pleurer ….. Voyons monsieur Brun, est-ce que cela peut durer ? » *1164* PANISSE. « Le temps ? Allons donc ! ….. Plus ça va, plus je descends ….. Je passe mes *1166* PANISSE. (sombre) « Oh ! Je le sais nuits à pleurer ….. Voyons monsieur Brun, est-ce bien, allez. » que cela peut durer ? » *1165* M. BRUN. « Que faire, pourtant ? » *1166* PANISSE. (sombre) « Oh ! Je le sais *1168* PANISSE. « C'est facile à dire, voyons bien, allez. » ….. J'ai bien réfléchi, et c'est tout vu. Des solutions, *1167* M. BRUN. (inquiet) « Voyons, Panisse ? » il n'y en a pas deux. » *1168* PANISSE. « C'est facile à dire, voyons ….. J'ai bien réfléchi, et c'est tout vu. Des solutions, il n'y en a pas deux. » *1169* PANISSE. « Quand on commence à se tromper dans les factures, et même à les perdre, on n'a plus le droit d'hésiter ….. » *1169* PANISSE. « Quand on commence à se tromper dans les factures, et même à les perdre, on n'a plus le droit d'hésiter ….. » *1170* PANISSE. « Je n'ai pas d'enfant, je suis orphelin, ce qui est bien naturel à mon âge ….. Ça ne fera de tort à personne. » Panisse texte précédent à répéter *1171* M. BRUN. (M. Brun met la main sur l'épaule de Panisse.) « Allons, allons, pas de *1172* PANISSE. « Non, non, non. » (Un temps.) bêtises ….. Attendez encore un peu, et vous verrez « Je préfère me remarier tout de suite. » ….. » *1174* PANISSE. « Le plus tôt possible, mon *1173* M. BRUN. (interloqué) « Vous préférez bon. C'est bête de rester toujours seul à se faire du vous remarier ? » mauvais sang. » *1174* PANISSE. « Le plus tôt possible, mon *1175* PANISSE. « Elle est morte ? Elle est bon. C'est bête de rester toujours seul à se faire du morte. Ce n'est pas en maigrissant que je pourrai la mauvais sang. » ressusciter, pas vrai ! » *1175* PANISSE. « Elle est morte ? Elle est *1177* PANISSE. « Il y en a peut-être qui morte. Ce n'est pas en maigrissant que je pourrai la trouveront que je n'ai pas attendu assez longtemps, ressusciter, pas vrai ! » mais j'ai la conscience tranquille ….. » *1176* M. BRUN. « Bien sûr ! » *1177* PANISSE. « Il y en a peut-être qui *1178* PANISSE. « Parce que moi, je l'ai pleurée trouveront que je n'ai pas attendu assez longtemps, bien plus qu'un autre en cinq ans. » mais j'ai la conscience tranquille ….. » *1178* PANISSE. « Parce que moi, je l'ai pleurée *1179* ----- (Panisse montre le bout de son bien plus qu'un autre en cinq ans. » pouce pour montrer la grosseur de ses larmes.) *1180* PANISSE. « Des larmes comme ça, *1179* ----- (Panisse montre le bout de son monsieur Brun ….. et de cris terribles ….. Je me pouce pour montrer la grosseur de ses larmes.) demande comment j'ai fait pour tenir le coup ! » *1180* PANISSE. « Des larmes comme ça, *1182* PANISSE. « Ah ! Oui, je suis bien à monsieur Brun ….. et de cris terribles ….. Je me pleindre. » (Ils trinquent.) « A la vôtre ….. Qu'est-ce demande comment j'ai fait pour tenir le coup ! » que vous en pensez ? » *1181* M. BRUN. « Pauvre Panisse ! » *1183* M. BRUN. (narquois) « Je ne serais pas *1184* PANISSE. « Oh ! Pour ça, oui, étonné si vous me disiez que vous avez déjà choisi naturellement, et je vais présenter ma demande ces votre nouvelle femme. » jours-ci, à la première occasion. » *1184* PANISSE. « Oh ! Pour ça, oui, *1186* PANISSE. (rigolard) « Je ne peux pas naturellement, et je vais présenter ma demande ces encore vous le dire. Mais je vous retiens pour la jours-ci, à la première occasion. » noce, qué ! » *1185* M. BRUN. (coquin) « Qui est-ce ? » *1186* PANISSE. (rigolard) « Je ne peux pas encore vous le dire. Mais je vous retiens pour la noce, qué ! » *1187* M. BRUN. « J'y compte bien. » *1188* PANISSE. « Je louerai des autos pour tous les invités. Il y aura les prud'hommes, ttous mes clients, tous mes amis ….. » *1188* PANISSE. « Je louerai des autos pour tous les invités. Il y aura les prud'hommes, ttous mes clients, tous mes amis ….. » *1189* PANISSE. « Il n'y manquera qu'une seule personne, mais elle manquera bien, allez ! Ma pauvre Félicité, peuchère, elle qui aimait tant les fêtes ! » *1189* PANISSE. « Il n'y manquera qu'une seule *1190* PANISSE. « Mais quoi, le bon Dieu ne l'a personne, mais elle manquera bien, allez ! Ma pas voulu ! Que faire ? Elle nous verra de là-haut, pauvre Félicité, peuchère, elle qui aimait tant les où elle est sûrement plus heureuse que nous. » fêtes ! » *1190* PANISSE. « Mais quoi, le bon Dieu ne l'a pas voulu ! Que faire ? Elle nous verra de là-haut, où elle est sûrement plus heureuse que nous. » *1191* ----- (On entend au dehors une voix qui crie « Panisse ! ») *1192* PANISSE. « Que voulez-vous, quand on n'est pas rentier, le travail c'est le travail. » (Panisse se lève, vide son verre et sort.) *1192* PANISSE. « Que voulez-vous, quand on n'est pas rentier, le travail c'est le travail. » (Panisse *1194* ----- (Marius + M. Brun restent au café, se lève, vide son verre et sort.) Honorine arrive?) *1193* ----- (comment nous continuons?) Panisse texte précédent *1300* ----- (comment nous arrivons ici?) *1301* ----- (en dehors du café, au stand d'Honorine - ou dans le café ?) *1303* HONORINE. « Soixante-huit et neuf ? Septante-sept. Et huit ? Quatre-vingt-cinq. Et six ? Nonante et un. » *1304* ----- (Panisse arrive sur scène.) *1306* HONORINE. « Comme d'habitude. J'ai fait sept kilos de rougets, un peu de baudroie, des daurades et un beau fiala ….. Nonante et un et cinq ? Nonante-six ….. » *1308* HONORINE. « Oui, il y aura du rouget ….. » (Elle inscrit encore un chiffre, puis elle referme le carnet.) *1310* HONORINE. « Au cabanon ? Oh ! Dites, Panisse, ça fera deux fois en quinze jours ! » *1312* HONORINE. « Ça ne me déplaît pas, au contraire. Le bon air, un fin dîner, une bonne bouteille ….. Mais ça fait parler les gens. » *1314* HONORINE. (brusquement sérieuse) « Panisse, depuis quelque temps, je vous vois venir. Mais si la chose n'est pas sérieuse, il vaut mieux l'arrêter tout de suite. » *1317* HONORINE. « Mais sur les autres femmes de ma famille, personne ne peut dire ça. » (Ongle sur la dent.) « Alors, si ce n'est pas pour le mariage, dites-le-moi ! » à répéter *1302* ----- (Honorine fait ses comptes avec application.) *1305* PANISSE. « Bonjour, Norine. Ça a marché ce matin ? » *1307* PANISSE. (désinvolté) « Ce matin, le mistral s'est tué. Demain la pêche sera bonne. » *1309* PANISSE. (un peu hésitant) « Dites, Norine, vous viendrez encore au cabanon, dimanche ? » *1311* PANISSE. (galant) « Si ça vous déplaît, c'est deux fois de trop. Mais si ça vous amuse, ce n'est pas assez. » *1313* PANISSE. « Vous savez, Norine, quoi qu'on fasse, les gens parlent toujours. » *1315* PANISSE. « Qu'est-ce que vous appelez sérieuse ? » *1318* PANISSE. « Honorine, vous savez bien que je pense au mariage. Ç a toujours été mon idée ….. » *1318* PANISSE. « Honorine, vous savez bien *1320* PANISSE. « Si vous venez au cabanon que je pense au mariage. Ç a toujours été mon idée dimanche, nous serons bien à l'aise pour discuter ….. » tous les détails. » *1319* HONORINE. « Alors, c'est tout différent. » *1322* HONORINE. « J'aurai même pas besoin de lui dire où je suis allée. » *1324* HONORINE. « Nous serons plus tranquilles pour discuter. » *1323* PANISSE. (surpris) « Elle ne viendra pas avec nous ? » *1325* PANISSE. (perplexe) « Oui, nous serons plus tranquilles. Mais vous auriez pu l'amener tout de même. » *1325* PANISSE. (perplexe) « Oui, nous serons plus tranquilles. Mais vous auriez pu l'amener tout de même. » *1326* HONORINE. (confuse) « La vérité, c'est que j'ai un peu honte devant elle ….. » *1327* PANISSE. « Honte de quoi ? » *1329* HONORINE. « Qui m'aurait dit, quand vous faisiez la partie des boules avec mon pauvre frisé, qu'un jour vous m'emmèneriez au cabanon toute seule ….. » *1330* PANISSE. (inquiet) « Dites, Norine, je ne sais pas si nous sommes d'accord. » *1331* HONORINE. « Si nous ne sommes pas d'accord, nous pourrons toujours nous expliquer. Il n'y a qu'une chose que je discuterai, c'est la communauté. Je veux la communauté. » *1333* HONORINE. « Comment, si je crois ? Vous ne venez pas de me le dire ? » *1332* PANISSE. « Pour ça, on s'entendra toujours. Mais il me semble qu'il y a une erreur de votre part ….. Vous croyez peut-être que c'est vous que je veux ? » *1334* PANISSE. « Mais non, je ne vous ai jamais dit ça ! Vous n'êtes pas seule dans votre famille. » Panisse texte précédent *1336* HONORINE. (ajouté par Mme Zlota?) « La petite. La petite. Ma petite ? Fanny ! Ma fille, oh mon Dieu, ma fille avec un vieux de cinquante ans ! » *1339* HONORINE. « Et il faut s'entendre dire ça par un vieux polichinelle que les dents lui bougent ! » *1341* HONORINE. « Vous ne vous êtes pas regardé ! Si mes racasses n'étaient pas plus fraîches que vous, je n'en vendrais guère. » *1343* HONORINE. (au comble de l'indignation) « La petite ! Qui pourrait imaginer une chose pareille ! ….. Vous n'en avez pas assez porté avec votre première ? » *1345* HONORINE. « Si on vous avait mis une voile entre les cornes, il aurait fallu une brave quille pour vous tenir d'aplomb. » à répéter *1337* PANISSE. « Voyons, Norine ! Vous ne pensez pas qu'à votre âge ….. » *1340* PANISSE. « Voyons, ma belle, vous savez bien ….. » *1342* PANISSE. (condilliant) « Vaï, ne parlons pas de vos racasses ….. Il s'agit de la petite ! » *1344* PANISSE. « Comment, assez porté ? » *1346* PANISSE. (furieux, se lève) « Vous, qui parlez tant des autres, vous devriez un peu nous dire ce que vous alliez faire, le soir, dans l'entrepôt de maître Barbentane, avec Nestor, le premier trombone de l'Opéra ? » *1348* HONORINE. « Mon mari était mort depuis *1349* PANISSE. « Oui, ça les gênerait pour deux ans, et je vous apprendrai qu'au ciel, il n'y a mettre l'auréole ….. Allez, zou, Norine, c'est bête de pas de cocus. » (Honorine fait un signe de croix.) nous disputer pour un malentendu. Ecoutez-moi. » *1350* HONORINE. (Honorine ricane) « La petite ! Quel toupet ! Fanny ! » *1352* HONORINE. (dans un éclat de rire méprisant) « Cent mille francs ! » (Un ton plus bas, avec un sourire de mépris) « Cent mille francs ! » (Sérieusement, d'un ton interrogateur) « Cent mille francs ? » *1353* PANISSE. « Oui, je lui constituerais une dot ….. » *1354* HONORINE. (intéressée) « Allez, vaï, ne plaisentez pas. » *1351* PANISSE. (après un temps) « J'aurais donné cent mille francs à la petite comme dot. » *1353* PANISSE. « Oui, je lui constituerais une dot ….. » *1355* PANISSE. (Panisse fait assoir Honorine.) « Honorine, ma belle, venez vous assoir ici, que je vous dise bien la chose. » *1356* PANISSE. « Si vous me donnez la petite, *1355* PANISSE. (Panisse fait assoir Honorine.) je lui fais une dot de cent mille francs, et une « Honorine, ma belle, venez vous assoir ici, que je pension de quatre cents francs par mois pour sa vous dise bien la chose. » mère. » *1359* PANISSE. (pas très enchanté) « Pour ça, *1358* HONORINE. « Je ne demande qu'habiter on s'entendra toujours. Elle aura une bonne. Et je avec vous, voilà tout. » lui laisserai tout par testament. » *1359* PANISSE. (pas très enchanté) « Pour ça, *1360* ----- (Un temps. Honorine réfléchit. on s'entendra toujours. Elle aura une bonne. Et je Panisse attend, souriant.) lui laisserai tout par testament. » *1361* HONORINE. « Panisse, la petite ne *1362* PANISSE. « Si elle voulait, qu'est-ce que voudra jamais. » vous diriez ? » *1363* HONORINE. « Naturellement, je ne l'empêcherais pas de faire sa vie, mais elle ne *1364* PANISSE. « Je lui en ai déjà parlé. » voudra pas. » *1366* PANISSE. « Dimanche dernier, au *1364* PANISSE. « Je lui en ai déjà parlé. » cabanon. Pendant que vous faisiez la *1365* HONORINE. « Quand ? » bouillabaisse. » Panisse texte précédent *1366* PANISSE. « Dimanche dernier, au cabanon. Pendant que vous faisiez la bouillabaisse. » *1367* HONORINE. « Qu'est-ce qu'elle vous a dit ? » *1369* HONORINE. « Quelle petite masque ! Elle m'a bien trompée celle-là! Vous lui avez parlé des cent mille francs ? » *1371* HONORINE. (avec fierté) « Elle est magnifique, cette petite. » *1373* HONORINE. « Dites, Panisse, parlons peu mais parlons bien. Vous avez bien réfléchi à la chose ? » *1375* HONORINE. « Vous avez vu qu'elle a trente ans de moins que vous ? » *1376* PANISSE. (avec un grand bon sens) « Eh ! Oui, mais ce n'est pas de ma faute. » *1377* HONORINE. « Vous savez ce qui arrivera ? » *1379* HONORINE. (Honorine secoue la tête d'un air plein de doute) « Je le sais ! Vous êtes un brave homme. Mais il ne faudrait pas qu'il lui manque le principal. » *1380* PANISSE. « Quel principal ? » *1381* HONORINE. « Je me comprends. » *1383* HONORINE. « Je sais qu'il n'y a rien de plus beau que l'amour. » *1385* HONORINE. « Mais il vaut mieux avoir dix-huit ans. » *1386* PANISSE. (même jeu) « Eh bien, la petite a dix-huit ans. » *1387* HONORINE. « Et vous, cinquante. » *1391* HONORINE. « Mais quand je pense à ça et que je vous regarde, je vous vois une paire de cornes qui va trouer le plafond. » *1393* HONORINE. « Eh bien, je vais lui en parler. Je vous répondrai dans quelques jours. » *1395* HONORINE. « Seulement, je voudrais bien regarder les comptes de votre magasin. Ce n'est pas la curiosité, Panisse. C'est l'amour maternel. » *1397* HONORINE. « Oui, demain, aprèsdemain, je ne suis pas pressée. J'ai confiance. Mais, té, je vois Fanny qui arrive. Nous pourrons y aller tout de suite ? » à répéter *1368* PANISSE. « De m'adresser à sa mère. Ça veut dire qu'elle accepte. » *1370* PANISSE. « Non. C'est elle qui m'en a parlé. » *1372* PANISSE. « Et je vous signerai des papiers dès que vous aurez dit oui. » *1374* PANISSE. « Oui. J'ai réfléchi. » *1376* PANISSE. (avec un grand bon sens) « Eh ! Oui, mais ce n'est pas de ma faute. » *1378* PANISSE. « Mais elle aura tout ce qu'elle voudra. De l'argent, des robes, des bijoux ….. » *1380* PANISSE. « Quel principal ? » *1382* PANISSE. (Panisse sourit avantageusement, se dedresse et frise ses moustaches.) « Allons, Norine ….. Parlez pas de ce que vous ignorez ! » *1384* PANISSE. (même jeu) « Mais je suis bien de votre avis. » *1386* PANISSE. (même jeu) « Eh bien, la petite a dix-huit ans. » *1388* PANISSE. (malin) « Seulement, j'ai six cents mille francs. » *1392* PANISSE. (vexé) « Encore ! Vous vous trompez, voilà tout. Tout ce que je vous demande, c'est de me dire oui. Le reste, je m'en charge. » *1394* PANISSE. « Bon. Dans quelques jours. J'attendrai. » *1396* PANISSE. « Venez demain matin, je vous expliquerai tout. » *1398* PANISSE. (bon enfant) « Si vous voulez ! » *1403* PANISSE. (à mi-voix) « Dites, vous ne *1402* MARIUS. (en coulisse) « Bon ! Je viens. » croyez pas que Fanny et Marius, il y a entre eux un certain sentiment ? » *1404* HONORINE. « Ah ! Pour ça, c'est sûr ! Et *1405* PANISSE. « Pourquoi ? » c'est naturel ! » Panisse texte précédent *1406* HONORINE. (froidement) « Parce que, le samedi soir, au cabanon, ils on souvent couché ensemble. » *1408* HONORINE. « Eh ! Oui ! Au cabanon, il n'y avait qu'un berceau. » *1410* HONORINE. « Allons, venez, mon gendre. » *1410* HONORINE. « Allons, venez, mon gendre. » *1411* PANISSE. « Je vous suis, maman. » à répéter *1407* PANISSE. (épouvanté) « Ils ont ….. Honorine, qu'est-ce que vous dites ? » *1409* PANISSE. (en sortant) « Oh ! Coquin de sort que vous m'avez fait peur ! » *1411* PANISSE. « Je vous suis, maman. » *1412* ----- (Panisse et Honorine sortent, Marius entre, Fanny entre un peu après. Elle s'approche lentement en chantant.) *1513* FANNY. « Tais-toi, le voilà. » *1515* PANISSE. (galant) « Eh bien, ma jolie, tu *1514* ----- (Panisse paraît sur la porte, guilleret.) te reposes ? » *1516* FANNY. « Je reste un peu au frais en attendant les client. » *1517* PANISSE. « Tu as bien raison. » (il déclame) « Le soleil est le lieu du jour. Mais cachez-lui ce frais visage. » *1517* PANISSE. « Tu as bien raison. » (il déclame) « Le soleil est le lieu du jour. Mais cachez-lui ce frais visage. » *1518* PANISSE. « Car il pourrait br1uler, dans son ardeur sauvage, les douces roses et l'amour. » *1519* MARIUS. « Hé ! Hé ! Panisse, c'est bien envoyé, ça ! » *1520* PANISSE. (très à son aise) « C'est ma spécialité, mon cher. Filer le madrigal. Les dames en sont friandes ….. et il n'y a rien de tel que quatre petits vers. » *1521* FANNY. « C'est vous qui les avez faits ? » *1522* PANISSE. « Je te dirais oui si j'étais menteur et si je n'étais pas certain que tu les verras sur un pot de pommade dans la vitrine du bureau de tabac qui fait le coin de la rue Victor-Gelu. » *1522* PANISSE. « Je te dirais oui si j'étais *1523* PANISSE. « D'aillerus, le plus grand menteur et si je n'étais pas certain que tu les verras mérite d'une poésie, c'est d'1etre bien placée dans sur un pot de pommade dans la vitrine du bureau la conversation. Marius, deux anisettes. » de tabac qui fait le coin de la rue Victor-Gelu. » *1523* PANISSE. « D'aillerus, le plus grand mérite d'une poésie, c'est d'1etre bien placée dans la conversation. Marius, deux anisettes. » *1524* FANNY. « Il y en a une pour moi ? » *1525* PANISSE. « Et pour qui serait-elle ? Viens un peu t'asseoir ici. Viens ! » *1525* PANISSE. « Et pour qui serait-elle ? Viens un peu t'asseoir ici. Viens ! » *1526* ----- (Panisse et Fanny vont s'asseoir assez loin du comptoir, sur la banquette. Panisse parle en baissant le ton pendant que Marius prépare la bouteille et les verres.) *1527* PANISSE. « Je viens de parler à ta mère. Elle est en train de regarder ma comptabilié. Et je crois que nous serons d'accord si tu dis oui. » *1528* FANNY. « Je vous ai demandé quelques jours, Panisse. » *1529* PANISSE. « Et tu as bien fait ….. Il n'est pas mauvais de faire attendre une réponse : ton oui me fera plus plaisir encore. » *1531* FANNY. (Fanny parle pour que Marius l'entende.) « Dites, Panisse, combien c'est que vous en avez, d'ouvrières ? » *1534* FANNY. « Oh ! Menteur ! *1537* ----- (Marius achève de remplir les verres et fait déborder l'anisette dans les soucoupes.) *1532* PANISSE. « Vingt-trois, et j'en cherche trois autres, parce que j'ai un commande importante. » (A Marius) « Eh ! Petit, remplis bien les verres ! » *1535* PANISSE. « Tu comptes ça deux francs vingt-cinq, et il y manque au moins les sentimes. » *1538* PANISSE. « Fais attention, tu verses à côté ! » Panisse texte précédent *1540* ----- (Marius ne dit rien. Il rebouche sa bouteille et retourne au comptoir. Pendant le répliques suivantes. Panisse prend son verre d'une main, sa soucoupe de l'autre et boit la liqueur que Marius a répandue dans la soucoupe.) à répéter *1541* PANISSE. (très gentleman) « Vraiment, ce ne sont pas des manières. » *1541* PANISSE. (très gentleman) « Vraiment, ce ne sont pas des manières. » *1542* ----- (Panisse a bourré sa pipe et il fouille ses poches depuis un moment.) *1543* PANISSE. « Coquin de sort ! J'ai oublié mes allumettes ! » *1545* ----- (Fanny prend le pyrophore sur la table voisine. Elle allume l'allumette et la tient ellem1eme au-dessus du fourneau de la pipe. Marius, qui n'a pas perdu un mot de la conversation, regarde ce tableau avec une inquiétude grandissante.) *1546* PANISSE. « C'est gentil, ce que tu viens de faire. Une allumette tenue par une aussi jolie main. » *1547* FANNY. « Oh ! Panisse, ne dites pas que j'ai de jolie mains ! » *1548* PANISSE. « Elles sont petites comme tout ! » *1549* ----- (Panisse prend la main de Fanny et la regarde.) *1550* PANISSE. « Elles sont fines, elles sont chaudes ….. Et tu as une bien belle bague ….. » *1551* FANNY. « Elle vous plaît ? » *1553* FANNY. « Je ne crois pas. Je l'ai trouvé dans une pochette-surprise. » *1554* PANISSE. « Alors, elle est en cuivre ! » *1555* FANNY. « Tant pis ! » *1556* PANISSE. « Tu n'as jamais eu une bague en or ? » *1557* FANNY. « Non. » *1548* PANISSE. « Elles sont petites comme tout ! » *1550* PANISSE. « Elles sont fines, elles sont chaudes ….. Et tu as une bien belle bague ….. » *1552* PANISSE. « Elle fait très bien. Elle est en or ?! *1554* PANISSE. « Alors, elle est en cuivre ! » *1556* PANISSE. « Tu n'as jamais eu une bague en or ? » *1558* PANISSE. « Et ton collier, il est en or ? » *1559* FANNY. « Oh ! Mon collier, oui. C'est ma tante Zoé qui me l'a donné pour ma communion. » *1560* PANISSE. « Il est joli ….. » *1560* PANISSE. « Il est joli ….. » *1561* ----- (Panisse prend le collier du bout de ses gros doigts et se raproche peu à peu, sous prétexte de l'examiner.) *1562* PANISSE. « Il est très joli ….. Il y a une médaille au bout ? » *1562* PANISSE. « Il est très joli ….. Il y a une médaille au bout ? » *1563* ----- (Panisse touche légèrement la peau de Fanny pour faire sortir la médaille qui est entre les seins.) *1564* FANNY. (Fanny recule) « Oui ….. attendez ….. Je vais la sortir. » *1565* ----- (Panisse prend la médaille et se penche pour lire.) *1566* PANISSE. « Qu'est-ce qu'il y a d'écrit ? » *1567* FANNY. « C'est ma date de naissance. » *1569* MARIUS. « Hum ! Ahum ! Humhum ! » *1571* MARIUS. « Fanny ! Ta mère te crie ! » *1572* FANNY. « J'ai pas entendu ! » *1568* ----- (Panisse se penche, respire fortement. Marius s'agite de plus en plus et soudain tousse très fort.) *1570* ----- (Panisse ne l'a pas entendu. Il est perdu dans sa contemplation oblique. Alors Marius qui n'y tient plus, parle brusquement.) *1573* ----- (Panisse lève la tête. Il est tout rouge.) Panisse texte précédent *1574* MARIUS. « Je te dis que ta mère t'appelle. Ça fait trois fois. » *1575* FANNY. « Tu as des rêves ! » à répéter *1576* PANISSE. « En tout cas, si elle a besoin de toi, elle sait où tu es. » *1576* PANISSE. « En tout cas, si elle a besoin de toi, elle sait où tu es. » *1577* ----- (Marius se tait, fort agité. Il fait milles gestes incohérentes pour changer de place diverses bouteilles.) *1578* PANISSE. « Parlons un peu sérieusement. Avec ta mère, nous avons discuté des chiffres ….. Nous sommes allé chez moi et puis ….. » *1578* PANISSE. « Parlons un peu sérieusement. Avec ta mère, nous avons discuté des chiffres ….. Nous sommes allé chez moi et puis ….. » *1579* ----- (Panisse baisse la voix parce que Marius écoute. On n'entend plus rien. Panisse et Fanny restent assis sans parler. De temps à autre, elle jette un regard sur Marius pour voir les effets de son jeu. Marius s'approche d'eux, sous prétexte d'essuyer la table voisine.) *1580* MARIUS. (aggresif) « C'est moi qui vous empêche de parler ? » *1581* PANISSE. « Non. » *1585* FANNY. « Des saletés, dis, grossier ! » *1586* PANISSE. (avec une grande noblesse) « Marius, fait un peu attention à qui tu t'adresses. » *1587* MARIUS. « Je m'adresse à vous, et je vous dit que ça me fait mal au cœur de vous voir. » *1589* MARIUS. « Et puis, je n'aime pas qu'on me regarde d'un air sur deux airs ! » *1591* FANNY. « Tu deviens fou, mon pauvre Marius ! » *1593* MARIUS. « Faites attention ! Il y a des fous dangereux, et j'en connais un que la main lui démange de vous envoyer un pastisson ! » *1594* FANNY. « Marius ! » *1596* MARIUS. « Sortez un peu de la banquette, avancez-vous, si vous êtes un homme ! » *1588* PANISSE. « Tu n'as qu'à tourner l'œil de l'autre côté. » *1590* PANISSE. « Moi, je te regarde d'un air sur deux airs ? » *1592* PANISSE. « Un pauvre fou ! » *1595* PANISSE. « A moi, un pastisson ! » (Avec une commisération infinie.) « O pauvre petit ! » *1597* PANISSE. « Si on te pressez le nez, il en sortirait du lait ! » *1599* MARIUS. (tend son nez à Panisse). « Eh bien, essayez donc ! Tenez, le voilà mon nez ! Vous *1601* PANISSE. (avec le calme qui précède les avez peur, hein ? » tempêtes) « Marius, fais bien attention, tu ne me *1600* ----- (Marius est penché sur Panisse et le connais pas ! » regarde dans les yeu, à trois centimètres.) *1603* PANISSE. (en se levant brusquement) *1602* MARIUS. « Eh bien, faites-vous connaître « Malheureux ! C'est à moi que tu dis ….. C'est le moment ! Malheureux ! » malheureux ? » *1603* PANISSE. (en se levant brusquement) « Malheureux ! C'est à moi que tu dis malheureux ? » *1604* FANNY. (en se levant pour retenir Panisse) « Panisse ! » *1605* PANISSE. « Laisse. C'est une affaire entre hommes ….. Tiens-moi le chapeau. » *1605* PANISSE. « Laisse. C'est une affaire entre hommes ….. Tiens-moi le chapeau. » *1606* ----- (Panisse donne son chapeau à Fanny. Il s'approche de Marius jusqu'à le toucher. Tous deux se regardent sous le nez.) *1606* ----- (Panisse donne son chapeau à Fanny. Il s'approche de Marius jusqu'à le toucher. Tous deux se regardent sous le nez.) *1607* MARIUS. « Pressez-le-moi un peu le nez ! » *1608* PANISSE. « Pauvre petit ! » *1609* MARIUS. « Malheureux ! » *1608* PANISSE. « Pauvre petit ! » *1610* PANISSE. (avec plus de force) « Pauvre petit ! » Panisse texte précédent *1610* PANISSE. (avec plus de force) « Pauvre petit ! » *1611* MARIUS. (de même) « Commerçant ! » *1613* MARIUS. « Vous faites beaucoup de menaces, mais rien d'autre ! » *1615* MARIUS. « Ah ! Si vous n'aviez pas de cheveux gris ! » à répéter *1612* PANISSE. « Tu parles, tu parles, mais tu n'oses pas commencer ! » *1614* PANISSE. (avec une fureur soudaine) « Oh ! Si je ne me retenais pas ! » *1616* PANISSE. « Tu veux peut-être que je me les arrache pour te faire plaisir ? » *1616* PANISSE. « Tu veux peut-être que je me les arrache pour te faire plaisir ? » *1617* ----- (A ce moment, une voix à la *1618* PANISSE. « Vouei ! » cantonade appelle : « Panisse ! ». Sans bouger, les yeux toujours fixés sur ceux de Marius, Panisse, d'une vois de tonnere répond.) *1618* PANISSE. « Vouei ! » *1619* ----- (La voix : « Il y a du monde au magasin ! » *1620* PANISSE. « Je suis occupé ! » *1621* ----- (Panisse quitte son attitude belliqueuse. Il remonte son pantalon à deux mains et dit simplement) *1620* PANISSE. « Je suis occupé ! » *1622* PANISSE. « Tu as de la chance ! » *1622* PANISSE. « Tu as de la chance ! » *1623* ----- (Panisse recule d'un pas.) *1624* PANISSE. « Fanny, je te quitte, puisque mes affaires l'exigent. Est-ce que tu me feras le plaisir de venir goûter chez moi, tout à l'heure ? » *1624* PANISSE. « Fanny, je te quitte, puisque mes affaires l'exigent. Est-ce que tu me feras le plaisir de venir goûter chez moi, tout à l'heure ? » *1625* FANNY. « Pourquoi pas ici ? » *1626* PANISSE. « Parce que je refuserai, désormais, de mettre le pieds dans une maison, où les gens ne savent pas se tenir à leur place. » *1627* MARIUS. « Vous avez beau prendre l'accent parisien, ça ne m'impressionne pas. » *1628* PANISSE. (Comme s'il n'avait pas entendu) « Alors, Fanny, à tout à l'heure, je t'attends là-bas. » *1629* PANISSE. (A Marius) « Deux anisettes à deux francs vingt-cinq font quatre francs cinquante. Tenez : gardez tout, garçon. » *1681* FANNY. « Pourquoi dis-tu une bêtise pareille ? » *1682* MARIUS. « Oh ! Ce n'est pas une bêtise ! C'est la vérité ! » *1628* PANISSE. (Comme s'il n'avait pas entendu) « Alors, Fanny, à tout à l'heure, je t'attends là-bas. » *1629* PANISSE. (A Marius) « Deux anisettes à deux francs vingt-cinq font quatre francs cinquante. Tenez : gardez tout, garçon. » *1630* ----- (Panisse sort, laissant Marius pétrifié. Fanny sourit. Un temps de silence assez lourd.) *1683* ----- (comment est-ce qu'on continue ? C'est quoi, la fin pour applaudir?)