1er Prix des Olympiades de philosophie du Lycée Joliot

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1er Prix des Olympiades de philosophie du Lycée Joliot
1er Prix des Olympiades de philosophie du Lycée Joliot-Curie
Younès ABDELLETIF
« Une loi injuste n’est pas une loi. » Augustin d’Hippone
Ici, on part du postulat qu’une loi s’inscrit nécessairement dans un cadre de justice. Mais pour
autant, pour peu qu’elle soit injuste, faut-il la répudier ? En effet, on entend « loi » de par son
caractère universel qui se doit être juste, mais pour autant la loi dans sa singularité se doit-elle
systématiquement être juste ?
En effet, si je m’intéresse à la loi dans son sens premier, au niveau général, la loi se doit d’être
juste puisqu’elle est éminemment indispensable et importante puisqu’elle régit les rapports
entre les hommes ; or là, un rapport fondé sur l’injustice ne peut pas être : la loi est
universelle.
Mais il y a des lois qui peuvent être injustes — mais ai-je le pouvoir, le droit de ne pas être
tenu de la respecter alors qu’elle a été adoptée, et acceptée par l’ensemble de la cité ? De sorte
qu’ici se pose la question de pouvoir qualifier « une loi d’injuste ». Si l’on prend l’exemple de
Socrate, je dois systématiquement me plier à la loi, même si je la considère, dans mon
individualité, comme injuste. Ainsi, il acceptera la mort injuste, juste pour rester dans le cadre
de la loi. Donc ici, le fait de se plier à la loi, indépendamment de sa qualité, est la loi.
Cependant cette idée peut être discutée car il y a des lois qui introduisent une inégalité entre
les hommes. Et de ce fait, je ne peux prendre cela pour une loi, tant au sens particulier qu’au
sens universel. Par exemple, si l’on remonte dans les années 30 et que l’on s’intéresse à la
légalité totalitaire, est-elle, doit-elle être prise pour une loi ? Car elle introduit un déséquilibre
dans le rapport à chaque homme. Le droit nazi en est l’exemple, puisque pour l’idéologie
national-socialiste, il existe une hiérarchie naturelle entre les hommes, ce qui légitime l’usage
d’une violence à l’encontre des populations qu’elle considère comme « inférieures ».
Cela, en tant qu’homme guidé par la raison, je ne peux l’accepter. Socrate pouvait-il dès lors
se plier à cette loi ?
Dans le problème d’une loi au sens général et particulier, le caractère juste d’une loi peut
changer d’une société, d’une civilisation à une autre. Ainsi le rapport entre hommes et
femmes peut changer de nature d’une société à une autre. En effet, certaines considèreront
légitime d’introduire une inégalité de fait entre eux alors que d’autres non. Il y a donc ici une
confrontation du particulier et du singulier car l’égalité entre hommes et femmes se doit d’être
une loi universelle. Dans les deux cas que nous venons de développer, une loi injuste ne peut
être tenue pour une loi.
La loi injuste ne peut être qualifiée et prise comme loi. Effectivement du point de vue
universel, devant tant d’inéquité, je ne peux me soumettre et obéir objectivement à cette loi.
Mais dans son sens particulier et singulier, la loi peut être « injuste ». Entendons-nous bien
sur le sens que je donne ici à l’injuste, il s’agit du fait qu’elle ne corresponde pas à la totalité
du peuple et qu’ainsi elle ne convient pas à l’intérêt particulier mais concourt à l’intérêt
général, je puis dire qu’elle est juste pour la cité, et je dois m’y plier même si pour mon intérêt
particulier elle est mauvaise, j’en veux pour preuve le monarque qui abandonne son pouvoir
au bénéfice du peuple, par exemple.