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www.agefiactifs.com
semaine du 22 au 28 mars 2013 - n°582
Spécial Anacofi
T
Les CGPI ont une carte à jouer
avec leurs sites internet
ous les conseillers en gestion de patrimoine indépendants
(CGPI) ne sont pas convaincus de l’utilité d’exister sur le web.
Si l’on se base sur les derniers chiffres délivrés par la société
Aprédia (Livre blanc 2013), un peu plus de deux tiers d’entre
eux (67,2 %) déclarent disposer d’un site internet. Sans
surprise, ces cabinets équipés sont un peu plus jeunes que la moyenne
(9,7 années d’existence, contre 10,4 années en moyenne).
Un tiers des cabinets absents du net. Un tiers des cabinets indépendants seraient ainsi absents d’internet, ce qui peut paraître beaucoup
en 2013 au regard de la dimension commerciale évidente de l’activité de
conseil patrimonial. « Les conseillers en gestion de patrimoine indépendants
(CGPI) qui entendent conserver un modèle artisanal peuvent peut-être se passer
du web à partir du moment où ils ne souhaitent pas axer leur démarche sur
la conquête de prospects. Pour les autres, en revanche, une non-visibilité sur
internet risque de poser des problèmes de crédibilité et devenir pénalisante dans
un monde où le consommateur a acquis l’automatisme du ‘www’ pour chercher
ou vérifier toute forme d’information », affirme le président de la société de
consulting Cap Ouest, Thierry Scheur.
Choisir un site… A supposer que l’on ne refuse pas, par principe, le
progrès, il reste à choisir un outil fiable pour se procurer une vitrine web,
voire plus selon les moyens et la stratégie entrepreneuriale du cabinet
patrimonial.
Pour fabriquer des sites, de multiples canaux sont possibles, pour des
coûts très variés allant de quelques centaines d’euros à plusieurs dizaines de
milliers. Des fournisseurs, comme Generali Patrimoine, aident les indépendants dans leur démarche en proposant des produits clés en main. L'assureur
indique avoir aidé à la mise en place de « 800 boutiques virtuelles actives en
version standard personnalisables. Ces boutiques drainent 7.000 consultations
de contrats par jour, 16.000 visiteurs uniques par mois et 150.000 actes en ligne
par an ».
v Les vitrines
en ligne sont
devenues
incontournables
en avançant
non seulement
une présence,
mais aussi
des outils
de développement
v Panorama
des grands types
de solutions
existantes,
des aspects
à ne pas négliger
et des coûts
induits, à travers
l’expérience de
plusieurs cabinets
Ceux qui veulent commencer
seul trouveront sur internet des
sociétés spécialisées dans la conception et la maintenance de sites, tous
Les cabinets indépendants sont
secteurs professionnels confondus,
équipés d'un site internet à des degrés
y compris celui du conseil patridivers, selon leur appétence à évoluer
monial. Un exemple : la société
sur le web.
1&1 propose son « site web à
concevoir soi-même sans effort »
De nombreux prestataires
avec un onglet identifié pour les
proposent leurs services à des coûts
gestionnaires de patrimoine. Trois
plus ou moins importants.
packs y sont disponibles proposant
Pour fonctionner, un site doit
des fonctionnalités plus ou moins
être vivant, suivre les évolutions
importantes - standard, confort et
technologiques et produire du
premium - pour des prix respeccontenu.
tifs de 9,99 euros HT, 19,99 euros
Du
site vitrine au site marchand,
HT et 29,99 euros HT, soit le prix
chacun
doit définir sa stratégie en ligne
d’un abonnement à un téléphone
dans
le
respect
de la réglementation.
portable, et encore parmi les moins
Internet
et
approche
chers.
patrimoniale classique
Autre exemple : le site Clic and
personnalisée peuvent aujourd’hui
Web, qui propose des vitrines web
parfaitement cohabiter.
à partir de 500 euros avec une
possibilité pour les CGPI qui le
désirent « d’administrer eux-mêmes leur site pour modifier les contenus en textes,
images et liens de leurs pages web », précise le responsable.
points clés
… parmi de multiples prestataires. Adeptes du sur mesure pour leurs
clients, bon nombre de CGPI auront certainement envie de travailler à partir
de formules plus sophistiquées. Dans cette optique, leur reflexe pourra être
de se rapprocher d’éditeurs de logiciels, comme l’entreprise FVI, partenaire
de La Revue Fiduciaire (lire l'encadré), ou encore de sociétés spécialisées qui
L’entretien avec Isabelle Renard, avocat associée, cabinet Racine
Les contenus des sites doivent être libres de droit
L’Agefi Actifs. - Quels
sont les points à surveiller
sur un plan juridique
lors de la création
d’un site internet ?
Isabelle Renard.
- La première question
à se poser est de savoir
si le site impliquera
un « traitement de données
personnelles » au sens
de la loi Informatique et Libertés,
par exemple le traitement de
questionnaires d'information remplis
par des internautes pour des simulations.
Si tel est le cas, il est impératif de ne pas
débuter son activité sans l’accord préalable
de la Cnil, sous peine de sanctions pénales.
Il est indispensable également d’être
en règle avec l’utilisation des noms
commerciaux, logos et marques,
par exemple celles des fournisseurs
pour les cabinets de CGPI
afin d’éviter les poursuites
en contrefaçons prévues
par le Code de la propriété
intellectuelle.
Un autre point important
porte sur le contrat avec la web
agency qui sera en charge
de réaliser le contenu créatif.
A ce niveau, il convient
de bien vérifier
que ce contenu est cédé au propriétaire
du site. Il est important aussi de faire
préciser contractuellement que le design
conçu par l’agence ne soit pas réutilisé
par d’autres sociétés, notamment
des concurrents.
Comment délivrer du contenu
éditorial sans danger ?
- La législation n’est pas simple
en la matière. Schématiquement,
avant de reprendre un contenu,
le professionnel doit toujours mentionner
la source et s’interroger si ce contenu
est libre de droit. C’est le cas typiquement
des articles de presse sur internet.
En revanche, il est interdit de réaliser
des copier-coller d’articles sans aucune
source et de délivrer alors l’information
sur son propre site.
A noter que pour les cabinets de CGP
qui veulent aller plus loin et vendre
en ligne, il faudra veiller à respecter
les règles en matière de commerce
électronique et de vente en ligne prévues
par le Code de la consommation,
et en particulier la procédure « double
click » , qui se double de la nécessité
éventuelle de mettre en œuvre
une signature électronique.
Le sujet n'est pas simple et nous avons
à connaître au cabinet de nombreuses
questions dans ce domaine.
« Une non-visibilité
sur internet
risque de poser
des problèmes
de crédibilité
et devenir pénalisante
dans un monde
où le consommateur
a acquis l’automatisme
du ‘www’ pour chercher
ou vérifier toute forme
d’information »
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ont cette fois développé une expertise sur le conseil patrimonial comme
Actusite (lire l'avis d'expert). Les plus patients se rapprocheront de la « web
agency » pour personnaliser leur site au maximum. Ils doivent garder à
l’esprit qu’ils devront consacrer des budgets bien plus importants que les
quelques centaines d'euros qu’ils auraient affectés aux solutions d’entrée
de gamme.
Retours d’expériences. Beaucoup de cabinets ont tenté des expériences
diverses avant de réviser leur stratégie internet. Ainsi, Olivier Dupas, gérant
du cabinet Altessia Finance dans l’Oise et membre du groupement de la
Financière du Carrousel, explique qu’il a détenu un site boutique conçu par
un fournisseur mais qu’il l'a abandonné compte tenu de l’information jugée
trop axée sur les solutions de ce dernier. « Après, j’ai commencé à bâtir un
site avec une personne de mon cabinet, mais les coûts devenaient très élevés, sans
compter que nous passions un temps trop important centré sur la technologie »,
ajoute le conseiller.
« Nous avons travaillé pendant deux ans avec un outil provenant d’un logiciel acheté 300 euros dans un grand magasin », admet le gérant d’Haussmann
Patrimoine, Emmanuel Narrat. Depuis, sa société a changé de braquet pour
asseoir aujourd’hui une réelle présence sur internet. Composée d’une dizaine
de personnes, Haussmann Patrimoine compte à présent un informaticien qui
consacre plus de 50 % de son temps au site pour intégrer chaque semaine de
nouvelles fonctionnalités. « Sur internet, tout dépend du niveau d’exigence que
Pour dépasser le stade du site vitrine
et se diriger vers du sur mesure,
avec notamment la mise en ligne d’offres
produits dans le respect des exigences
réglementaires, il est nécessaire
de prévoir des budgets. Le coût peut
grimper très vite, jusqu’à plusieurs
centaines de milliers d’euros par an »
Emmanuel Narrat,
gérant, Haussmann Patrimoine
l’on souhaite. Pour dépasser le stade du site vitrine et se diriger vers du sur mesure,
avec notamment la mise en ligne d’offres produits dans le respect des exigences
réglementaires, il est nécessaire de prévoir des budgets. Le coût peut grimper très
vite, jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros par an. Il convient en outre de
maîtriser les liens avec les logiciels de gestion clients et de ne pas oublier de donner
les moyens au marketing et à la publicité. Aujourd’hui, nous consacrons 25 %
de notre chiffre d’affaires pour faire vivre correctement le site web », explique
Emmanuel Narrat…, bien loin des offres à 500 euros.
Site d’information ou site marchand ? Avant d’investir le net, plusieurs dimensions doivent être prises en compte par le CGPI : « Veut-il un site
vitrine, pour délivrer de l’information, un site donnant des fonctionnalités, comme
les consultations de compte ou des arbitrages, ou bien un site de transactions pour
Passer par un éditeur de logiciel : l’exemple
de FVI avec La Revue Fiduciaire
et juridique avec, en complément,
Depuis trois ans, la société
des indices et des agendas, et en partie
montpelliéraine FVI propose un dispositif
fermée, c'est-à-dire réservée aux clients
de communication et d’information
du cabinet pour du contenu à plus forte
accompagné, en option, de la création
valeur ajoutée (flash actualité, focus
d’un site internet.
et fiches pratiques) accessible à partir
« Lorsque les cabinets déjà dotés de sites
de codes personnalisés.
internet souhaitent disposer de contenus
Cette offre dénommée Pack Votre CGP,
éditoriaux, nous leur proposons
est proposée au tarif de 900 euros HT
une newsletter mensuelle d’actualité
par an dans la limite de 100 clients,
ainsi qu’une base documentaire
anne-fleur
avec 7,5 euros d’abonnement par client
en ligne, les deux solutions étant
malbos,
supplémentaire.
produites par La Revue Fiduciaire »,
responsable commercial
Elle peut être complétée par la création
explique Anne-Fleur Malbos,
et marketing, FVI
d’un site internet pour un coût
responsable commercial et marketing.
de 495 euros HT à partir des modèles pré-établis
La newsletter est personnalisée à l’image
(du cabinet), là aussi conçus par La Revue Fiduciaire.
du cabinet. Quant à la base documentaire,
Cette dernière commercialise l’ensemble
elle est en partie librement accessible afin de délivrer
de cette offre en direct aussi.
aux internautes un fil d’actualité patrimoniale
Internet est une aventure exigeante
un contrat d'assurance vie en ligne
En 1999, j’ai lancé un site internet
à frais à zéro.
discount sur la distribution
Internet est une aventure passionnante,
de l’assurance vie pour en finir
mais épuisante. On travaille
avec les discussions des compagnies
énormément pour innover, puis on est
autour de leur part incompressible
copié très vite. Pour que le système
de frais. J’avais développé
fonctionne, il faut être clair :
un système dans lequel la compagnie
les clients doivent acheter
gardait son incompressible
comme dans un libre service.
et où je prenais 1 % de frais
J’ai toujours refusé pour ma part
sur versements d'une dizaine
Pierre Arraou,
de donner du conseil. En 2006,
de contrats. A l’époque, j’étais
président, cabinet Arraou
a débuté la vague réglementaire
considéré comme un « vendu »
à Pau
que nous connaissons fondée autour
et j’ai eu à gérer pas mal
de la connaissance client et des préconisations
de problèmes avec mes confrères
écrites.
qui m’accusaient de casser le marché.
J’ai vendu cette société en 2008 pour lui donner
J’ai eu aussi à faire face à des pressions fortes
les moyens de se développer. Un indépendant
de la part de fournisseurs, des menaces de ruptures
ne peut pas lutter contre les acteurs de ce marché.
de conventions, des blocages de commissions.
La société existe toujours.
En 2004, j’ai décidé de créer Kapital Direct,
souscrire en ligne ? Le problème est la mise en adéquation des besoins clients avec
les ressources du cabinet », estime Thierry Scheur.
Pour le président de l’Anacofi, David Charlet, « de vraies questions naissent
autour des sites aujourd’hui. Des cabinets se sont fourvoyés complètement, d’autres
dressent un bilan décevant. Beaucoup de CGPI ont conçu un site vitrine mais
constatent que celui-ci apporte un courant d’affaires assez maigre. Quelques-uns
pourtant affichent de formidables réussites en étant parvenus à développer des
marques sur internet. Certains ont drainé un tel nombre de clients qu’ils ont à
présent du mal à les traiter et sont prêts à travailler avec leurs confrères. »
Le coût du référencement. Installé depuis septembre 2012 dans le bassin
d’Arcachon (et disposant d’une autre structure à Annemasse), Denis Bourbon,
CGPI à la tête du cabinet Eden Patrimoine et membre de La Financière du
Carrousel, était auparavant installé sur Paris avec trois structures : une de
courtage de prêt, une autre de prêt sur gage et une autre de conseil en gestion
de patrimoine classique. « Notre site monté avec un ami webmaster avait pour
ambition d’attirer les clients. L’abonnement de mise à jour du site comprenant aussi
des achats d'e-mailings m’a couté 800 euros par mois au cours de la phase de test
d’un an. Seulement quatre personnes ont été captées... », témoigne Denis Bourbon.
« Créer du trafic pour trouver des clients et les renvoyer vers des personnes
physiques suppose d’être présent sur Google. Reste que ce type de prestations coûte
cher, référencement, addwords, publicité ou pop-up pour une visibilité minimale
sur la toile pouvant atteindre 25.000 à 35.000 euros par an », rappelle Thierry
Scheur. « Afin d'être visibles, nous avons fait une étude pour être référencés sérieusement sur Google. Le coût se montait à 12.000 euros par an, ce qui était trop élevé
au regard de mon chiffre d’affaires de 250.000 euros », illustre Olivier Dupas.
Vitrine. Face à de tels budgets, les cabinets traditionnels seront tentés de se
fabriquer des stratégies plus raisonnables selon leurs moyens, et peut-être
plus en phase avec la réalité de leur métier.
Pour Olivier Dupas, « lorsqu'un internaute ouvre un site, il doit découvrir
un contenu en phase avec ce qu’il recherche et qui se différencie des autres. Pour
ma part, je pense qu’il faut revenir au principe du site carte de visite avec une
déclinaison thématique pour faire en sorte que les prospects aient envie d’ouvrir la
porte. L’objectif est d’expliquer la spécialité du cabinet. Pour ce qui me concerne,
ce sera les modes de détention et les stratégies d’allocations d’actifs, en sachant que
mes portefeuilles sont composés à 95 % en unités de compte, ce qui suppose d’alimenter le site avec de l’actualité ciblée et opérationnelle. Quant au développement,
je crois au maillage avec les réseaux sociaux, notamment Linkedin et Viadeo. »
Olivier Dupas ne souhaite pas développer de site marchand, tout comme
Denis Bourbon : « Je ne pense pas me lancer dans un site transactionnel car cela
nécessite des moyens humains pour le faire fonctionner correctement. J’ai aussi
quelques réticences avec les sites où le client réalise lui-même ses arbitrages. En
revanche, j’envisage de monter une offre immobilière avec un site qui permette
aux internautes de consulter les programmes en ligne », complète ce dernier.
Utiliser la technologie sur un plan commercial… Un outil internet
puissant ouvert au dialogue entre l’internaute et le CGPI n’est pas incompatible avec l’accompagnement humain qui caractérise la gestion traditionnelle
de la relation client. Cette approche est facilitée lorsque le cabinet sort du
modèle artisanal pour devenir une entreprise et dispose, cela va sans dire, de u
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Lorsqu'un internaute ouvre un site,
il doit découvrir un contenu en phase
avec ce qu’il recherche et qui se différencie
des autres. Pour ma part, je pense
qu’il faut revenir au principe du site
carte de visite avec une déclinaison
thématique pour faire en sorte
que les prospects aient envie d’ouvrir
la porte »
quelques moyens. « Certains affirment : je préfère 10 clients à 10.000 euros qui ne
me demandent rien, plutôt que 1 client à 100.000 euros qui risque de me faire perdre
mon temps. Nous ne partageons pas cet avis. Voilà pourquoi nous restons dans un
environnement 'click and mortar', dans lequel la relation n’est pas déshumanisée.
Nous voulons un point d’entrée, même téléphonique, et nous privilégions toujours
la présence physique à chaque fois que c’est possible », soutient Emmanuel Narrat.
Dans ce schéma de fonctionnement, le site est un moyen de rentrer en
contact et de gérer les flux d’informations. A ce niveau, Haussmann Patrimoine
peut par exemple qualifier si l’internaute qui sollicite le cabinet est un prospect
ou un client afin de lui adresser les bons documents. Ainsi, une personne non
connue recevra un mail de présentation et une personne qui demande de la
documentation sur un contrat d’assurance vie recevra une lettre de mission.
« Automatisation ne veut pas dire standardisation. Si un client est recensé comme
détenant un profil averti au sens de l’Autorité des marchés financiers, nous pourrons lui adresser une information sur un produit risqué, ce que nous ne ferons
pas pour un profil non reconnu. Internet couplé à un bon outil de gestion de la
relation client peut aussi apporter ce type de service », note Emmanuel Narrat.
Olivier Dupas,
gérant, Altessia Finance
Vautel. « Nous ne sommes pas là pour vendre des fonds en euros dédiés dans une
stratégie d’acquisition clients à n’importe quel prix », admet-il.
Hedios a élaboré une charte bien précise avec deux options : la première,
pour un coût de 30 euros par mois, permet un accès privilégié à des solutions
d’investissements. La dernière en date prend la forme d’un groupement foncier
viticole. A ce niveau, l’adhérent se voit proposer un droit d’accès prioritaire à
des offres limitées en quantité et dispose d’une période de précommercialisation. L’adhérent peut aussi, dans le cadre de cette option, demander à obtenir
des recherches de produits ciblés.
… tout en gardant le contrôle de la gestion. Au-delà, les schémas
traditionnels reprennent la main. La gestion et les arbitrages ne peuvent se
faire sans le visa du conseiller patrimonial. Même chose pour la consultation des comptes pour laquelle l’entreprise a développé son propre outil.
Quant à l’agrégation des données clients, Haussmann Patrimoine indique
qu’elle avance avec prudence sur ce sujet. « Nous travaillons avec un nombre
de partenaires important - une vingtaine de compagnies d’assurances - et nous
commercialisons une cinquantaine de FCPI-FIP. Nous souhaitons pour le moment
que les envois soient vérifiés. De plus, nous sommes en train de faire évoluer notre
back-office en interne pour être capables de restituer nos propres états de compte »,
conclut Emmanuel Narrat.
… puis équiper par le conseil. La deuxième option comprend la première et intègre un accompagnement patrimonial. Ce service a été lancé il
y a six mois. Il s’inscrit dans une démarche de conseil en investissements
financiers qui permet aux clients de rencontrer physiquement, s’il le souhaite,
un conseiller. Une fois la lettre de mission acceptée, la société s’engage à
réaliser sous trente jours une proposition de stratégie patrimoniale et, chaque
année, un bilan est remis en complément de plusieurs services trimestriels
de suivi. « Nous ne faisons pas de démarchage pour ce service. Il s’adresse avant
tout aux membres du club Hedios qui souhaitent tester nos capacités d’accompagnement en ingénierie patrimoniale et financière. Cette approche est conforme à
notre volonté d’équiper nos clients. »
Hedios compte à ce jour 35 personnes. Julien Vautel affirme que son modèle
est rentable depuis cinq ans et qu’il réinvestit, pour l’heure, tous les résultats
dans l'entreprise en précisant « qu’il reste encore deux à trois ans à la société
pour sortir de la phase d’investissement ».
Miser sur la valeur ajoutée de la sélection produit... Chez Hedios,
la valeur ajoutée se situe au niveau du produit. La société, qui se définit
comme un cabinet de gestion de patrimoine à distance attire une clientèle aguerrie au web, une communauté composée de 40.000 membres,
selon elle. « La sélection de produits, c’est ce que les clients investisseurs - ils sont
10.000 cette fois - viennent rechercher », revendique son responsable Julien
L’entretien avec Georges de la Taille, directeur associé, Actusite
Le retard de mise à jour des sites est pénalisant
L’Agefi Actifs. - Quel
panorama dressez-vous
des sites internet
des cabinets
indépendants ?
Georges de la Taille.
- Schématiquement,
nous pouvons constater
sur le marché trois typologies
de cabinets faisant jeu
à part égale. Les premiers
qui disposent d’un site internet de bonne
qualité, les deuxièmes qui ont développé
un site, mais qui a vieilli, et les troisièmes
qui sont à évangéliser dans la mesure
où ils ne disposent pas encore de site.
Deux tiers des CGPI ont ainsi besoin
d’être accompagnés. La consultation
sur internet d’une société étant devenue
de nos jours un reflexe quasi primaire
du consommateur, il est donc impératif
pour tout professionnel de posséder un site,
mais aussi de faire en sorte que celui-ci
soit à jour.
Nombreux sont les cabinets qui font appel
à une « web agency », souvent choisie
dans leur cercle relationnel.
Pour des budgets de l’ordre de 3.000 à
5.000 euros, il est possible aujourd’hui de
construire par leur intermédiaire
des sites intéressants à condition
d’y consacrer du temps.
Mais ces sites seront compliqués
à mettre à jour autant d’un point
graphisme que d’un point
de vue contenu. Ils ne reprendront
pas les dernières évolutions
patrimoniales, juridiques
ou fiscales et risquent au contraire
en 2013 de toujours faire
référence à la loi de Finances pour 2011.
Ce retard de mise à jour est peu rassurant
pour le prospect ou client consultant le site.
Quel est le contenu de votre offre ?
- Nous proposons aux CGPI, mais aussi
aux courtiers et agents généraux,
de les équiper de sites internet clés en main.
L’indépendant choisit parmi cinq formes
de sites, puis nous le personnalisons
avec ses couleurs, images, contenus
(société, offre, expertise, partenaires…)
de manière illimitée. Toutes ces informations
sont modifiables en temps réel
via un back-office. Le site est complété
par des actualités patrimoniales mises à jour
quotidiennement. Nos clients choisissent,
parmi 47 catégories, les familles de contenus
qui les intéressent et dès qu’un article
est publié dans une catégorie choisie,
il est automatiquement mis en ligne
sur leur site. Nous proposons aussi
de relayer ces contenus dans des newsletters
d’actualités du marché, envoyées
automatiquement aux couleurs
de l’indépendant à ses clients et prospects
avec un édito personnalisable.
L’offre que nous proposons inclut aussi
l’hébergement, la maintenance, les différentes
évolutions et l’accompagnement.
Par exemple, nous lançons tous les neuf mois
une nouvelle forme de site. Nos clients
peuvent nous solliciter pour toute
modification. L’ensemble est disponible pour
un coût de 150 euros HT par mois sans frais
de mise en place et incluant tout de manière
illimité, y compris l’accompagnement. Nous
équipons aujourd’hui plus de 150 cabinets
de CGPI, mais aussi de courtage et d’agents
généraux. Nous avons aussi lancé
une offre pour le marché immobilier et avons
enregistré l’ouverture de plus de 70 sites en
six mois. Nous allons, dans les prochaines
semaines, continuer à améliorer notre offre
en lançant des sites mobiles et en annonçant
un très gros partenariat pour améliorer
le référencement sur Google.
Le courtage en ligne. Aller plus loin sur internet
suppose de franchir le cap du site marchand évoluant en
parallèle avec le cabinet traditionnel. Pierre Arraou a été un
des pionnier dans ce domaine (lire l'encadré p. 11). D’autres
tentent l’aventure dans son sillage avec des concepts un
peu différents. Il y a un an, Nathalie Pillet et Patricia
Troussi lançaient leur site Patrimoine au Féminin à partir
d’une société distincte du cabinet de conseil en gestion de
patrimoine NP Conseil dont Nathalie Pillet est par ailleurs
présidente. Il s’agit ni plus ni moins que d’une société de
courtage en ligne délivrant une information sur les différents produits, accessibles auprès de plusieurs partenaires
fournisseurs. Le prospect peut obtenir un conseiller soit
par téléphone, soit par visioconférence Skype. Certains
contrats peuvent même être souscrits en ligne. « Quatre
téléconseillères salariées assurent les entretiens clients, toutes
diplômées en gestion de patrimoine, précisait Nathalie Pillet
à L’Agefi Actifs en novembre dernier (L’Agefi Actifs n°562,
p. 3). En moyenne, le site reçoit 250 visites et trois demandes
d'information par jour. Depuis septembre, il a permis de capter
une trentaine de nouveaux clients. »
Site vitrine, site transactionnel, site marchand : les relations des CGPI avec internet ne sont pas simples. La nature
du métier y est pour beaucoup dans cette méfiance que l’on
note encore souvent chez les indépendants. Reste que le
marché n’attend pas et que la jeune génération de conseillers aura forcément une approche différente de celle de
ses aînés : « Un site carte de visite, c’est utile bien entendu,
mais il faudrait peut être tenter d’aller plus loin. L'e-commerce
se développe et notre domaine d’activité ne pourra pas rester
à distance de ce phénomène très longtemps », estime Julie
Panhaleux, responsable de la stratégie d'allocations d'actifs
dans le cabinet Altessia Finance.
Conseil patrimonial personnalisé, informations sur
internet et vente à distance : le mélange doit prendre…
Jean-Charles Naimi