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10 www.agefiactifs.com semaine du 22 au 28 mars 2013 - n°582 Spécial Anacofi T Les CGPI ont une carte à jouer avec leurs sites internet ous les conseillers en gestion de patrimoine indépendants (CGPI) ne sont pas convaincus de l’utilité d’exister sur le web. Si l’on se base sur les derniers chiffres délivrés par la société Aprédia (Livre blanc 2013), un peu plus de deux tiers d’entre eux (67,2 %) déclarent disposer d’un site internet. Sans surprise, ces cabinets équipés sont un peu plus jeunes que la moyenne (9,7 années d’existence, contre 10,4 années en moyenne). Un tiers des cabinets absents du net. Un tiers des cabinets indépendants seraient ainsi absents d’internet, ce qui peut paraître beaucoup en 2013 au regard de la dimension commerciale évidente de l’activité de conseil patrimonial. « Les conseillers en gestion de patrimoine indépendants (CGPI) qui entendent conserver un modèle artisanal peuvent peut-être se passer du web à partir du moment où ils ne souhaitent pas axer leur démarche sur la conquête de prospects. Pour les autres, en revanche, une non-visibilité sur internet risque de poser des problèmes de crédibilité et devenir pénalisante dans un monde où le consommateur a acquis l’automatisme du ‘www’ pour chercher ou vérifier toute forme d’information », affirme le président de la société de consulting Cap Ouest, Thierry Scheur. Choisir un site… A supposer que l’on ne refuse pas, par principe, le progrès, il reste à choisir un outil fiable pour se procurer une vitrine web, voire plus selon les moyens et la stratégie entrepreneuriale du cabinet patrimonial. Pour fabriquer des sites, de multiples canaux sont possibles, pour des coûts très variés allant de quelques centaines d’euros à plusieurs dizaines de milliers. Des fournisseurs, comme Generali Patrimoine, aident les indépendants dans leur démarche en proposant des produits clés en main. L'assureur indique avoir aidé à la mise en place de « 800 boutiques virtuelles actives en version standard personnalisables. Ces boutiques drainent 7.000 consultations de contrats par jour, 16.000 visiteurs uniques par mois et 150.000 actes en ligne par an ». v Les vitrines en ligne sont devenues incontournables en avançant non seulement une présence, mais aussi des outils de développement v Panorama des grands types de solutions existantes, des aspects à ne pas négliger et des coûts induits, à travers l’expérience de plusieurs cabinets Ceux qui veulent commencer seul trouveront sur internet des sociétés spécialisées dans la conception et la maintenance de sites, tous Les cabinets indépendants sont secteurs professionnels confondus, équipés d'un site internet à des degrés y compris celui du conseil patridivers, selon leur appétence à évoluer monial. Un exemple : la société sur le web. 1&1 propose son « site web à concevoir soi-même sans effort » De nombreux prestataires avec un onglet identifié pour les proposent leurs services à des coûts gestionnaires de patrimoine. Trois plus ou moins importants. packs y sont disponibles proposant Pour fonctionner, un site doit des fonctionnalités plus ou moins être vivant, suivre les évolutions importantes - standard, confort et technologiques et produire du premium - pour des prix respeccontenu. tifs de 9,99 euros HT, 19,99 euros Du site vitrine au site marchand, HT et 29,99 euros HT, soit le prix chacun doit définir sa stratégie en ligne d’un abonnement à un téléphone dans le respect de la réglementation. portable, et encore parmi les moins Internet et approche chers. patrimoniale classique Autre exemple : le site Clic and personnalisée peuvent aujourd’hui Web, qui propose des vitrines web parfaitement cohabiter. à partir de 500 euros avec une possibilité pour les CGPI qui le désirent « d’administrer eux-mêmes leur site pour modifier les contenus en textes, images et liens de leurs pages web », précise le responsable. points clés … parmi de multiples prestataires. Adeptes du sur mesure pour leurs clients, bon nombre de CGPI auront certainement envie de travailler à partir de formules plus sophistiquées. Dans cette optique, leur reflexe pourra être de se rapprocher d’éditeurs de logiciels, comme l’entreprise FVI, partenaire de La Revue Fiduciaire (lire l'encadré), ou encore de sociétés spécialisées qui L’entretien avec Isabelle Renard, avocat associée, cabinet Racine Les contenus des sites doivent être libres de droit L’Agefi Actifs. - Quels sont les points à surveiller sur un plan juridique lors de la création d’un site internet ? Isabelle Renard. - La première question à se poser est de savoir si le site impliquera un « traitement de données personnelles » au sens de la loi Informatique et Libertés, par exemple le traitement de questionnaires d'information remplis par des internautes pour des simulations. Si tel est le cas, il est impératif de ne pas débuter son activité sans l’accord préalable de la Cnil, sous peine de sanctions pénales. Il est indispensable également d’être en règle avec l’utilisation des noms commerciaux, logos et marques, par exemple celles des fournisseurs pour les cabinets de CGPI afin d’éviter les poursuites en contrefaçons prévues par le Code de la propriété intellectuelle. Un autre point important porte sur le contrat avec la web agency qui sera en charge de réaliser le contenu créatif. A ce niveau, il convient de bien vérifier que ce contenu est cédé au propriétaire du site. Il est important aussi de faire préciser contractuellement que le design conçu par l’agence ne soit pas réutilisé par d’autres sociétés, notamment des concurrents. Comment délivrer du contenu éditorial sans danger ? - La législation n’est pas simple en la matière. Schématiquement, avant de reprendre un contenu, le professionnel doit toujours mentionner la source et s’interroger si ce contenu est libre de droit. C’est le cas typiquement des articles de presse sur internet. En revanche, il est interdit de réaliser des copier-coller d’articles sans aucune source et de délivrer alors l’information sur son propre site. A noter que pour les cabinets de CGP qui veulent aller plus loin et vendre en ligne, il faudra veiller à respecter les règles en matière de commerce électronique et de vente en ligne prévues par le Code de la consommation, et en particulier la procédure « double click » , qui se double de la nécessité éventuelle de mettre en œuvre une signature électronique. Le sujet n'est pas simple et nous avons à connaître au cabinet de nombreuses questions dans ce domaine. « Une non-visibilité sur internet risque de poser des problèmes de crédibilité et devenir pénalisante dans un monde où le consommateur a acquis l’automatisme du ‘www’ pour chercher ou vérifier toute forme d’information » www.agefiactifs.com semaine du 22 au 28 mars 2013 - n°582 11 Spécial Anacofi ont cette fois développé une expertise sur le conseil patrimonial comme Actusite (lire l'avis d'expert). Les plus patients se rapprocheront de la « web agency » pour personnaliser leur site au maximum. Ils doivent garder à l’esprit qu’ils devront consacrer des budgets bien plus importants que les quelques centaines d'euros qu’ils auraient affectés aux solutions d’entrée de gamme. Retours d’expériences. Beaucoup de cabinets ont tenté des expériences diverses avant de réviser leur stratégie internet. Ainsi, Olivier Dupas, gérant du cabinet Altessia Finance dans l’Oise et membre du groupement de la Financière du Carrousel, explique qu’il a détenu un site boutique conçu par un fournisseur mais qu’il l'a abandonné compte tenu de l’information jugée trop axée sur les solutions de ce dernier. « Après, j’ai commencé à bâtir un site avec une personne de mon cabinet, mais les coûts devenaient très élevés, sans compter que nous passions un temps trop important centré sur la technologie », ajoute le conseiller. « Nous avons travaillé pendant deux ans avec un outil provenant d’un logiciel acheté 300 euros dans un grand magasin », admet le gérant d’Haussmann Patrimoine, Emmanuel Narrat. Depuis, sa société a changé de braquet pour asseoir aujourd’hui une réelle présence sur internet. Composée d’une dizaine de personnes, Haussmann Patrimoine compte à présent un informaticien qui consacre plus de 50 % de son temps au site pour intégrer chaque semaine de nouvelles fonctionnalités. « Sur internet, tout dépend du niveau d’exigence que Pour dépasser le stade du site vitrine et se diriger vers du sur mesure, avec notamment la mise en ligne d’offres produits dans le respect des exigences réglementaires, il est nécessaire de prévoir des budgets. Le coût peut grimper très vite, jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros par an » Emmanuel Narrat, gérant, Haussmann Patrimoine l’on souhaite. Pour dépasser le stade du site vitrine et se diriger vers du sur mesure, avec notamment la mise en ligne d’offres produits dans le respect des exigences réglementaires, il est nécessaire de prévoir des budgets. Le coût peut grimper très vite, jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’euros par an. Il convient en outre de maîtriser les liens avec les logiciels de gestion clients et de ne pas oublier de donner les moyens au marketing et à la publicité. Aujourd’hui, nous consacrons 25 % de notre chiffre d’affaires pour faire vivre correctement le site web », explique Emmanuel Narrat…, bien loin des offres à 500 euros. Site d’information ou site marchand ? Avant d’investir le net, plusieurs dimensions doivent être prises en compte par le CGPI : « Veut-il un site vitrine, pour délivrer de l’information, un site donnant des fonctionnalités, comme les consultations de compte ou des arbitrages, ou bien un site de transactions pour Passer par un éditeur de logiciel : l’exemple de FVI avec La Revue Fiduciaire et juridique avec, en complément, Depuis trois ans, la société des indices et des agendas, et en partie montpelliéraine FVI propose un dispositif fermée, c'est-à-dire réservée aux clients de communication et d’information du cabinet pour du contenu à plus forte accompagné, en option, de la création valeur ajoutée (flash actualité, focus d’un site internet. et fiches pratiques) accessible à partir « Lorsque les cabinets déjà dotés de sites de codes personnalisés. internet souhaitent disposer de contenus Cette offre dénommée Pack Votre CGP, éditoriaux, nous leur proposons est proposée au tarif de 900 euros HT une newsletter mensuelle d’actualité par an dans la limite de 100 clients, ainsi qu’une base documentaire anne-fleur avec 7,5 euros d’abonnement par client en ligne, les deux solutions étant malbos, supplémentaire. produites par La Revue Fiduciaire », responsable commercial Elle peut être complétée par la création explique Anne-Fleur Malbos, et marketing, FVI d’un site internet pour un coût responsable commercial et marketing. de 495 euros HT à partir des modèles pré-établis La newsletter est personnalisée à l’image (du cabinet), là aussi conçus par La Revue Fiduciaire. du cabinet. Quant à la base documentaire, Cette dernière commercialise l’ensemble elle est en partie librement accessible afin de délivrer de cette offre en direct aussi. aux internautes un fil d’actualité patrimoniale Internet est une aventure exigeante un contrat d'assurance vie en ligne En 1999, j’ai lancé un site internet à frais à zéro. discount sur la distribution Internet est une aventure passionnante, de l’assurance vie pour en finir mais épuisante. On travaille avec les discussions des compagnies énormément pour innover, puis on est autour de leur part incompressible copié très vite. Pour que le système de frais. J’avais développé fonctionne, il faut être clair : un système dans lequel la compagnie les clients doivent acheter gardait son incompressible comme dans un libre service. et où je prenais 1 % de frais J’ai toujours refusé pour ma part sur versements d'une dizaine Pierre Arraou, de donner du conseil. En 2006, de contrats. A l’époque, j’étais président, cabinet Arraou a débuté la vague réglementaire considéré comme un « vendu » à Pau que nous connaissons fondée autour et j’ai eu à gérer pas mal de la connaissance client et des préconisations de problèmes avec mes confrères écrites. qui m’accusaient de casser le marché. J’ai vendu cette société en 2008 pour lui donner J’ai eu aussi à faire face à des pressions fortes les moyens de se développer. Un indépendant de la part de fournisseurs, des menaces de ruptures ne peut pas lutter contre les acteurs de ce marché. de conventions, des blocages de commissions. La société existe toujours. En 2004, j’ai décidé de créer Kapital Direct, souscrire en ligne ? Le problème est la mise en adéquation des besoins clients avec les ressources du cabinet », estime Thierry Scheur. Pour le président de l’Anacofi, David Charlet, « de vraies questions naissent autour des sites aujourd’hui. Des cabinets se sont fourvoyés complètement, d’autres dressent un bilan décevant. Beaucoup de CGPI ont conçu un site vitrine mais constatent que celui-ci apporte un courant d’affaires assez maigre. Quelques-uns pourtant affichent de formidables réussites en étant parvenus à développer des marques sur internet. Certains ont drainé un tel nombre de clients qu’ils ont à présent du mal à les traiter et sont prêts à travailler avec leurs confrères. » Le coût du référencement. Installé depuis septembre 2012 dans le bassin d’Arcachon (et disposant d’une autre structure à Annemasse), Denis Bourbon, CGPI à la tête du cabinet Eden Patrimoine et membre de La Financière du Carrousel, était auparavant installé sur Paris avec trois structures : une de courtage de prêt, une autre de prêt sur gage et une autre de conseil en gestion de patrimoine classique. « Notre site monté avec un ami webmaster avait pour ambition d’attirer les clients. L’abonnement de mise à jour du site comprenant aussi des achats d'e-mailings m’a couté 800 euros par mois au cours de la phase de test d’un an. Seulement quatre personnes ont été captées... », témoigne Denis Bourbon. « Créer du trafic pour trouver des clients et les renvoyer vers des personnes physiques suppose d’être présent sur Google. Reste que ce type de prestations coûte cher, référencement, addwords, publicité ou pop-up pour une visibilité minimale sur la toile pouvant atteindre 25.000 à 35.000 euros par an », rappelle Thierry Scheur. « Afin d'être visibles, nous avons fait une étude pour être référencés sérieusement sur Google. Le coût se montait à 12.000 euros par an, ce qui était trop élevé au regard de mon chiffre d’affaires de 250.000 euros », illustre Olivier Dupas. Vitrine. Face à de tels budgets, les cabinets traditionnels seront tentés de se fabriquer des stratégies plus raisonnables selon leurs moyens, et peut-être plus en phase avec la réalité de leur métier. Pour Olivier Dupas, « lorsqu'un internaute ouvre un site, il doit découvrir un contenu en phase avec ce qu’il recherche et qui se différencie des autres. Pour ma part, je pense qu’il faut revenir au principe du site carte de visite avec une déclinaison thématique pour faire en sorte que les prospects aient envie d’ouvrir la porte. L’objectif est d’expliquer la spécialité du cabinet. Pour ce qui me concerne, ce sera les modes de détention et les stratégies d’allocations d’actifs, en sachant que mes portefeuilles sont composés à 95 % en unités de compte, ce qui suppose d’alimenter le site avec de l’actualité ciblée et opérationnelle. Quant au développement, je crois au maillage avec les réseaux sociaux, notamment Linkedin et Viadeo. » Olivier Dupas ne souhaite pas développer de site marchand, tout comme Denis Bourbon : « Je ne pense pas me lancer dans un site transactionnel car cela nécessite des moyens humains pour le faire fonctionner correctement. J’ai aussi quelques réticences avec les sites où le client réalise lui-même ses arbitrages. En revanche, j’envisage de monter une offre immobilière avec un site qui permette aux internautes de consulter les programmes en ligne », complète ce dernier. Utiliser la technologie sur un plan commercial… Un outil internet puissant ouvert au dialogue entre l’internaute et le CGPI n’est pas incompatible avec l’accompagnement humain qui caractérise la gestion traditionnelle de la relation client. Cette approche est facilitée lorsque le cabinet sort du modèle artisanal pour devenir une entreprise et dispose, cela va sans dire, de u 12 www.agefiactifs.com semaine du 22 au 28 mars 2013 - n°582 Spécial Anacofi Lorsqu'un internaute ouvre un site, il doit découvrir un contenu en phase avec ce qu’il recherche et qui se différencie des autres. Pour ma part, je pense qu’il faut revenir au principe du site carte de visite avec une déclinaison thématique pour faire en sorte que les prospects aient envie d’ouvrir la porte » quelques moyens. « Certains affirment : je préfère 10 clients à 10.000 euros qui ne me demandent rien, plutôt que 1 client à 100.000 euros qui risque de me faire perdre mon temps. Nous ne partageons pas cet avis. Voilà pourquoi nous restons dans un environnement 'click and mortar', dans lequel la relation n’est pas déshumanisée. Nous voulons un point d’entrée, même téléphonique, et nous privilégions toujours la présence physique à chaque fois que c’est possible », soutient Emmanuel Narrat. Dans ce schéma de fonctionnement, le site est un moyen de rentrer en contact et de gérer les flux d’informations. A ce niveau, Haussmann Patrimoine peut par exemple qualifier si l’internaute qui sollicite le cabinet est un prospect ou un client afin de lui adresser les bons documents. Ainsi, une personne non connue recevra un mail de présentation et une personne qui demande de la documentation sur un contrat d’assurance vie recevra une lettre de mission. « Automatisation ne veut pas dire standardisation. Si un client est recensé comme détenant un profil averti au sens de l’Autorité des marchés financiers, nous pourrons lui adresser une information sur un produit risqué, ce que nous ne ferons pas pour un profil non reconnu. Internet couplé à un bon outil de gestion de la relation client peut aussi apporter ce type de service », note Emmanuel Narrat. Olivier Dupas, gérant, Altessia Finance Vautel. « Nous ne sommes pas là pour vendre des fonds en euros dédiés dans une stratégie d’acquisition clients à n’importe quel prix », admet-il. Hedios a élaboré une charte bien précise avec deux options : la première, pour un coût de 30 euros par mois, permet un accès privilégié à des solutions d’investissements. La dernière en date prend la forme d’un groupement foncier viticole. A ce niveau, l’adhérent se voit proposer un droit d’accès prioritaire à des offres limitées en quantité et dispose d’une période de précommercialisation. L’adhérent peut aussi, dans le cadre de cette option, demander à obtenir des recherches de produits ciblés. … tout en gardant le contrôle de la gestion. Au-delà, les schémas traditionnels reprennent la main. La gestion et les arbitrages ne peuvent se faire sans le visa du conseiller patrimonial. Même chose pour la consultation des comptes pour laquelle l’entreprise a développé son propre outil. Quant à l’agrégation des données clients, Haussmann Patrimoine indique qu’elle avance avec prudence sur ce sujet. « Nous travaillons avec un nombre de partenaires important - une vingtaine de compagnies d’assurances - et nous commercialisons une cinquantaine de FCPI-FIP. Nous souhaitons pour le moment que les envois soient vérifiés. De plus, nous sommes en train de faire évoluer notre back-office en interne pour être capables de restituer nos propres états de compte », conclut Emmanuel Narrat. … puis équiper par le conseil. La deuxième option comprend la première et intègre un accompagnement patrimonial. Ce service a été lancé il y a six mois. Il s’inscrit dans une démarche de conseil en investissements financiers qui permet aux clients de rencontrer physiquement, s’il le souhaite, un conseiller. Une fois la lettre de mission acceptée, la société s’engage à réaliser sous trente jours une proposition de stratégie patrimoniale et, chaque année, un bilan est remis en complément de plusieurs services trimestriels de suivi. « Nous ne faisons pas de démarchage pour ce service. Il s’adresse avant tout aux membres du club Hedios qui souhaitent tester nos capacités d’accompagnement en ingénierie patrimoniale et financière. Cette approche est conforme à notre volonté d’équiper nos clients. » Hedios compte à ce jour 35 personnes. Julien Vautel affirme que son modèle est rentable depuis cinq ans et qu’il réinvestit, pour l’heure, tous les résultats dans l'entreprise en précisant « qu’il reste encore deux à trois ans à la société pour sortir de la phase d’investissement ». Miser sur la valeur ajoutée de la sélection produit... Chez Hedios, la valeur ajoutée se situe au niveau du produit. La société, qui se définit comme un cabinet de gestion de patrimoine à distance attire une clientèle aguerrie au web, une communauté composée de 40.000 membres, selon elle. « La sélection de produits, c’est ce que les clients investisseurs - ils sont 10.000 cette fois - viennent rechercher », revendique son responsable Julien L’entretien avec Georges de la Taille, directeur associé, Actusite Le retard de mise à jour des sites est pénalisant L’Agefi Actifs. - Quel panorama dressez-vous des sites internet des cabinets indépendants ? Georges de la Taille. - Schématiquement, nous pouvons constater sur le marché trois typologies de cabinets faisant jeu à part égale. Les premiers qui disposent d’un site internet de bonne qualité, les deuxièmes qui ont développé un site, mais qui a vieilli, et les troisièmes qui sont à évangéliser dans la mesure où ils ne disposent pas encore de site. Deux tiers des CGPI ont ainsi besoin d’être accompagnés. La consultation sur internet d’une société étant devenue de nos jours un reflexe quasi primaire du consommateur, il est donc impératif pour tout professionnel de posséder un site, mais aussi de faire en sorte que celui-ci soit à jour. Nombreux sont les cabinets qui font appel à une « web agency », souvent choisie dans leur cercle relationnel. Pour des budgets de l’ordre de 3.000 à 5.000 euros, il est possible aujourd’hui de construire par leur intermédiaire des sites intéressants à condition d’y consacrer du temps. Mais ces sites seront compliqués à mettre à jour autant d’un point graphisme que d’un point de vue contenu. Ils ne reprendront pas les dernières évolutions patrimoniales, juridiques ou fiscales et risquent au contraire en 2013 de toujours faire référence à la loi de Finances pour 2011. Ce retard de mise à jour est peu rassurant pour le prospect ou client consultant le site. Quel est le contenu de votre offre ? - Nous proposons aux CGPI, mais aussi aux courtiers et agents généraux, de les équiper de sites internet clés en main. L’indépendant choisit parmi cinq formes de sites, puis nous le personnalisons avec ses couleurs, images, contenus (société, offre, expertise, partenaires…) de manière illimitée. Toutes ces informations sont modifiables en temps réel via un back-office. Le site est complété par des actualités patrimoniales mises à jour quotidiennement. Nos clients choisissent, parmi 47 catégories, les familles de contenus qui les intéressent et dès qu’un article est publié dans une catégorie choisie, il est automatiquement mis en ligne sur leur site. Nous proposons aussi de relayer ces contenus dans des newsletters d’actualités du marché, envoyées automatiquement aux couleurs de l’indépendant à ses clients et prospects avec un édito personnalisable. L’offre que nous proposons inclut aussi l’hébergement, la maintenance, les différentes évolutions et l’accompagnement. Par exemple, nous lançons tous les neuf mois une nouvelle forme de site. Nos clients peuvent nous solliciter pour toute modification. L’ensemble est disponible pour un coût de 150 euros HT par mois sans frais de mise en place et incluant tout de manière illimité, y compris l’accompagnement. Nous équipons aujourd’hui plus de 150 cabinets de CGPI, mais aussi de courtage et d’agents généraux. Nous avons aussi lancé une offre pour le marché immobilier et avons enregistré l’ouverture de plus de 70 sites en six mois. Nous allons, dans les prochaines semaines, continuer à améliorer notre offre en lançant des sites mobiles et en annonçant un très gros partenariat pour améliorer le référencement sur Google. Le courtage en ligne. Aller plus loin sur internet suppose de franchir le cap du site marchand évoluant en parallèle avec le cabinet traditionnel. Pierre Arraou a été un des pionnier dans ce domaine (lire l'encadré p. 11). D’autres tentent l’aventure dans son sillage avec des concepts un peu différents. Il y a un an, Nathalie Pillet et Patricia Troussi lançaient leur site Patrimoine au Féminin à partir d’une société distincte du cabinet de conseil en gestion de patrimoine NP Conseil dont Nathalie Pillet est par ailleurs présidente. Il s’agit ni plus ni moins que d’une société de courtage en ligne délivrant une information sur les différents produits, accessibles auprès de plusieurs partenaires fournisseurs. Le prospect peut obtenir un conseiller soit par téléphone, soit par visioconférence Skype. Certains contrats peuvent même être souscrits en ligne. « Quatre téléconseillères salariées assurent les entretiens clients, toutes diplômées en gestion de patrimoine, précisait Nathalie Pillet à L’Agefi Actifs en novembre dernier (L’Agefi Actifs n°562, p. 3). En moyenne, le site reçoit 250 visites et trois demandes d'information par jour. Depuis septembre, il a permis de capter une trentaine de nouveaux clients. » Site vitrine, site transactionnel, site marchand : les relations des CGPI avec internet ne sont pas simples. La nature du métier y est pour beaucoup dans cette méfiance que l’on note encore souvent chez les indépendants. Reste que le marché n’attend pas et que la jeune génération de conseillers aura forcément une approche différente de celle de ses aînés : « Un site carte de visite, c’est utile bien entendu, mais il faudrait peut être tenter d’aller plus loin. L'e-commerce se développe et notre domaine d’activité ne pourra pas rester à distance de ce phénomène très longtemps », estime Julie Panhaleux, responsable de la stratégie d'allocations d'actifs dans le cabinet Altessia Finance. Conseil patrimonial personnalisé, informations sur internet et vente à distance : le mélange doit prendre… Jean-Charles Naimi