Missa pro defunctis
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Missa pro defunctis
Jean DUCHAMP éd. Université Lumière–Lyon 2 – Musique et Musicologie – Coll. « Inédits » – Série « Jacques Moderne » Missa pro defunctis – Giovanni Pierluigi da Palestrina – Université Lumière Lyon 2 Faculté des Lettres, Sciences du langage et Arts Giovanni Pierluigi da Palestrina Missa pro defunctis À quatre voix d’hommes d’après le manuscrit de Ferrare, Ariostea CL II 476 Restitution et transcription de Jean DUCHAMP Publications Inédits – Jacques Moderne Missa pro defunctis À quatre voix d’hommes d’après le manuscrit de Ferrare, Ariostea CL II 476 Collection « Inédits » Série Jacques Moderne Créée par Jean Duchamp et Gérard Streletski Jean Duchamp éd., Giovanni Pierluigi da Palestrina, Missa pro défunctis Déjà paru : Collection « Études » Créée par Denis Le Touzé et Gérard Streletski D. Le Touzé et G. Streletski éds, Hyacinthe Jadin et le classicisme européen, Lyon : université Lumière–Lyon 2, 2001 ; P. Saby éd., Rousseau et la musique, Jean-Jacques et l’opéra…, Lyon : université Lumière–Lyon 2, 2006 ; G. Le Vot et G. Streletski éds., Bruit et Musique, Lyon : université Lumière–Lyon 2, 2009. Série « CIMCL », sous la direction de Gérard Streletski : Le Trio avec piano. Histoire, langages et perspectives, Lyon : Symétrie, 2005 ; Le Quintette de cuivres. Aspects historiques et actualité, Lyon : Symétrie, 2006 ; Aspects de la mélodie française, Lyon : Symétrie, 2008 ; Le Duo violon–piano. Mémoire et présence d’un genre, Lyon : université Lumière–Lyon 2, 2010. Responsable de la publication : Gérard Streletski Illustration de couverture : Baptiste Duchamp, Premier envol, 2009 Relecture Denis Le Touzé Département Musique et Musicologie Université Lumière–Lyon 2, 18 quai Claude-Bernard 69365 Lyon Cedex 07 I. S. B. N. 13 : 978-2-9527-1373-3 Achevé d’imprimer par RIME – Lumière–Lyon 2 : novembre 2011. Dépôt légal : 4e trimestre 2011. Université Lumière Lyon 2 Faculté des Lettres, Sciences du langage et Arts Giovanni Pierluigi da Palestrina Missa pro defunctis À quatre voix d’hommes d’après le manuscrit de Ferrare, Ariostea CL II 476 Restituée et transcrite par Jean DUCHAMP Publications Inédits – Jacques Moderne Introduction Le manuscrit CL II 476 de la bibliothèque Ariostea de Ferrare 1, entièrement consacré à la liturgie des défunts, comporte les psaumes, répons et litanie des morts en plusieurs versions ; il renferme aussi trois messes de requiem : une messe basse anonyme, un requiem attribué à Jachet 2 et un autre à « Palestina ». Ferrare, Bibliothèque Ariostea, CL II 476, Tenor, fol. 13 Cf. DUCHAMP (Jean), « Un manuscrit musical pour la liturgie des morts et ses Requiem inconnus de Palestrina et Jachet » in : Revue de musicologie, tome 96/ 2, Société française de musicologie, 2010, p. 271–319. 1 Rien n’indique quel patronyme ajouter au prénom Jachet : Jachet de Mantoue, Jachet Berchem, Jachet Brumel ou d’autres ? 2 ii Parmi les nombreuses variantes orthographiques du patronyme de Giovanni Pierluigi da Palestrina, celle de « Palestina » est assez fréquente. On la trouve par exemple apposée à l’édition que réalise Pierre Phalèse, en 1583, du célèbre madrigal Vestiva i colli 3 ainsi que sur le manuscrit C 103a des messes mantouanes, conservé à Milan : Milano, Conservatorio Giuseppe Verdi, fondo « Santa Barbara », ms. C 103a Il reste que la messe que nous présentons ici ne semble pas posséder de traits stylistiques étrangers au maître de la Capella Giulia ; bien au contraire, la façon dont le plain-chant est traité, l’approche de la dissonance et la recherche de la juste accentuation du texte constitueraient autant de traits qui lui sont propres. Le manuscrit est formé de quatre volumes (Superius, Contratenor, Tenor, Bassus) de 169 mm x 239 mm comportant une vingtaine de folios. Aucune indication ne permet de le dater, bien que l’étude matérielle de son papier et de ses filigranes indique une origine d’Italie du Nord (Émilie Romagne ou Lombardie — région de Mantoue —), et une datation entre 1556 et 1589. Par ailleurs, le fonds des manuscrits ayant appartenu à la basilique Santa Barbara de Mantoue 4 contient un volume (no 164) où sont copiés plusieurs mouvements de la messe de Jachet présentés anonymement, mais le Christe, l’offertoire, le Sanctus, le Benedictus et l’Agnus Dei ont été changés. Le changement le plus notable concerne l’offertoire au-dessus duquel attribution est faite à « Iaches Wert ». Ce livre, copié en 1587, apporte un argument permettant de penser que le recueil de Ferrare est antérieur à cette date. Il en irait évidemment de même de la messe de Palestrina. Toutefois, remarquons que, bien que le maître de chapelle de la Capella Giulia ait entretenu une correspondance RISM 158315 : Musica Divina di XIX. Autori Illustri, a IIII V. VI. et VII Voci… Anvers : Pierre Phalèse, 1583. 4 Le fonds « Santa Barbara » est à présent conservé à la bibliothèque du Conservatoire G. Verdi de Milan (Santa Barbara, SB 164). 3 iii avec le duc Guglielmo Gonzagua de Mantoue dès 1568, allant jusqu’à lui fournir, entre 1578 et mars 1579, neuf messes relevant de la liturgie spécifique que ce dernier entendait fixer dans son duché, Palestrina n’a pas placé dans le groupe des messes mantouanes de messe de Requiem. La polyphonie paraphrase ici la messe grégorienne dont la mélodie se trouve placée, au Ténor, dans l’Introït et le Kyrie et, au Superius, dans le Dies irae. Dans l’offertoire et la communion celle-ci est portée par toutes les voix, paraphrasant les principales modulations selon les principes du contrepoint imitatif. Dans le Sanctus et l’Agnus, Palestrina revient à une citation plus stricte du plainchant à la voix d’Altus. Ce requiem est écrit pour un ensemble de voix d’hommes dont la partie Superius n’excède pas le si 3. Comme le tableau ci-dessous le montre, l’ambitus des voix est serré dans le grave pour les deux premières pièces pour s’élever dans le medium pour les deux pièces centrales, et enfin revenir aux sonorités les plus graves dans les trois dernières parties. Introït Kyrie Dies iræ Offertorium Sanctus Agnus Communio Superius ut4 ut4 ut2 ut2 ut3 ut3 ut4 Altus ut4 ut 4 ut 4 ut3 ut4 ut4 ut4 Tenor ut4 ut4 ut 4 ut3 ut4 ut4 ut4 Bassus fa4 fa4 fa4 ut4 fa4 fa4 fa4 Les sonorités ainsi recherchées par Palestrina, assez originales dans sa production, conduisent à penser que cette messe a été commanditée par une institution particulière qui avait pour vocation de chanter les messes de iv funérailles, comme celle de l’Academià della morte de Ferrare ou l’Academia della buona morte de Finale Emilia 5. Cette messe a été copiée par un seul copiste. Celui-ci semble musicien car il s’attache à distribuer très précisément les syllabes sous la musique, suivant d’ailleurs scrupuleusement les indications du compositeur qui plaça à cet effet de nombreuses ligatures. Cependant, certaines règles concernant la lecture rythmique de ces ligatures lui sont étrangères, voire archaïques, puisqu’il inverse indifféremment le sens des hampes placé à gauche des neumes, transformant ainsi des semi-brèves en brèves ou des brèves en longues. Ces erreurs démontrent peut-être un usage nonprofessionnel du manuscrit qui, bien que visiblement utilisé (traces de bougies) n’a pas été corrigé… Ces hypothèses, présentées dans l’article précité, ont été en partie suggérées par Adriano Cavicchi : « Una sconosciuta messa funebre di probabile attribuzione palestriniana », in : Atti del convegno di studi palestriniani (28 septembre–2 octobre 1975), Rome : éd. Francesco Luisi, 1977, p. 413–414. 5 v Principes de transcription Le plain-chant cité dans la source a été transcrit de façon plane. Les parties de plain-chant ajoutées ont été transcrites d’après le manuscrit des archives capitulaires de Ferrare. Les clefs ont été ramenées aux seules clefs de sol, clef de sol octaviée et fa. Les hauteurs d’origine sont conservées. Les rythmes sont réduits selon le ratio : brève = ronde. Les indications de répartition du texte sous la musique ont généralement été conservées, d’autant plus qu’elles sont rarement en contradiction avec les sources théoriques sur ce problème. Nous avons développé les répétitions d’incises que nous séparons par une virgule mais aucune autre ponctuation n’a été ajoutée. Sous la musique, l’orthographe d’origine a été conservée comme : ire pour Dies iræ. En outre, dans un souci d’uniformisation du texte, des majuscules ont été ajoutées au début de chacun des vers de la séquence. Gerbey, avril 2011. Jean Duchamp. Table des abréviations L : Longue B : Brève SB : Semibrève M : Minime SM : Semiminime F : Fuse Prix : 10,50 € I. S. B. N. : 978-2-9527-1373- 3