Les effets du changement climatique sur l`eau en Espagne et la
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Les effets du changement climatique sur l`eau en Espagne et la
Les effets du changement climatique sur l’eau en Espagne et la planification hydrologique ecologistas en acción ecologistas en acción Santiago Martín Barajas y Erika González Briz Área de Agua de Ecologistas en Acción Ecologistas en Acción Marqués de Leganés 12 - 28004 Madrid Telefono: 915 31 27 39 www.ecologistasenaccion.org/agua Ecologistas en Acción vous remercie pour la reproduction de ce rapport, tant que les sources seront citées. Ce rapport peut être consulté et téléchargé sur www.ecologistasenaccion.org/article7593.html Novembre 2015 2 Ecologistas en Acción Introduction des sur les effets que pourrait générer le changement climatique sur les ressources en eau et les masses d’eau. L es effets sur l’environnement du futur changement climatique peuvent être très variables, suivant les caractéristiques propres à chaque zone, mais aussi suivant la capacité d’adaptation aux modifications du climat des différentes espèces animales et végétales. De la même façon, les altérations du milieu humain peuvent être assez différentes d’un point de vue socio-économique, en fonction de multiples facteurs. Un des éléments environnementaux qui peut le plus se voir altérer par l’action du changement climatique, et qui exerce de plus une grande influence sur le milieu humain, est les écosystèmes aquatiques. Leurs effets peuvent s’avérer particulièrement significatifs en Espagne, où les demandes en eau dérivées des activités économiques sont très importantes, en prenant en compte que les ressources en eau existantes ne sont pas particulièrement abondantes dans la majeure partie du territoire. Dans ce document, nous allons analyser quelle est l’influence du changement climatique en cours sur les ressources en eau en Espagne, les prévisions données pour le futur, et les attitudes qu’adoptent les différentes administrations publiques responsables de la gestion de l’eau face à cette situation. Enfin, nous incluons une série de propositions d’Ecologistas en Acción à mettre en œuvre pour atteindre une gestion durable des ressources en eau, dans le cadre du nouveau scénario généré par le changement climatique. Prévisions C es dernières années, le Centre des Etudes et de l’Expérimentation des Travaux Publics (CEDEX), à la demande du Ministère de l’Environnement, a mené à bien diverses étu- Selon l’une de ces études, présentée en décembre 2010, dans laquelle on évalue l’impact du changement climatique sur les ressources en eau en milieu naturel (soit les ressources disponibles et utilisables), une réduction de ces dernières est prévue dans les années à venir. Cette étude se base sur les projections climatiques régionalisées élaborées par l’Agence Nationale de Météorologie (AEMET). Ces prévisions combinent les résultats de modèles de simulation du comportement de l’atmosphère et de l’océan, réalisés par différents organismes internationaux, sur différentes hypothèses d’émission de gaz à effet de serre, auxquelles on applique un processus d’adaptation régional afin d’améliorer sa précision à une échelle locale. Les scénarios d’émission choisis sont appelés A2 et B2, et font partie de l’ensemble des projections d’émission de gaz à effet de serre établis en 2000 par le Panel Intergouvernemental sur le Changement Climatique (IPC). Le A2 correspond à un scénario dans lequel les mesures de contrôle des émissions ne sont pas adoptées, alors que le B2 correspond à un développement plus durable. Ces deux scénarios sélectionnés par l’AEMET, le plus optimiste et le plus pessimiste de ceux envisagés, prennent donc en compte une ample marge de variation et nous les considérons par conséquent suffisamment représentatifs de l’ensemble des scénarios. Les prévisions climatiques sont composées des données de précipitation et de température divisées en quatre périodes, de 30 ans chacune, comme le prescrit la norme de l’Organisation Météorologique Mondiale: 1961-1990, 20112040, 2041-2070 et 2071-2100. Les résultats obtenus par le CEDEX pour les deux scénarios sélectionnés sont les suivants: Les effets du changement climatique sur l’eau en Espagne 3 Précipitation Tableau 4. Diminution prévue du ruissellement Les deux scénarios prévoient une réduction généralisée des précipitations moyennes. Tableau 1. Réduction prévue des précipitations Scénarios 2011-2040 2041-2070 2071-2100 A2 -5 % -9 % -17 % B2 -5 % -8 % -9 % Source: CEDEX Evapotranspiration Selon l’AEMET, une augmentation de la température, et de là de l’évapotranspiration, est aussi prévue dans les prochaines années. Périodes 2011-2040 2041-2070 2071-2100 A2 3% 6% 12 % B2 5% 6% 7% Source: CEDEX Recharge souterraine Bien que les estimations sur la recharge souterraine soient soumises à de nombreuses incertitudes, les valeurs moyennes estimées prévoient une diminution généralisée en Espagne, à mesure que les précipitations baissent, les zones calcaires et détritiques étant plus vulnérables comparées à la moindre vulnérabilité des silices. Tableau 3. Diminution prévue de la recharge souterraine Périodes 2011-2040 2041-2070 2071-2100 A2 -8 % -15 % -27 % B2 -8 % -12 % -16 % Source: CEDEX Ruissellement des eaux On prévoit une diminution du ruissellement, comme conséquence de la réduction des précipitations et de l’augmentation des températures. 4 Ecologistas en Acción 2011-2040 2041-2070 2071-2100 A2 -8 % -16 % -28 % B2 -8 % -11 % -14 % Notre pays est à prévoir dans les prochaines décennies. Comme nous pouvons l’observer, une diminution généralisée du ruissellement des eaux est prévue, autant pour le scénario A2 que pour le B2. Cependant, cette diminution reste assez inégale selon les zones, elle est plus importante dans les districts Cantabriques, les cours supérieurs de l’Ebre et du Duero, le sud-est péninsulaire et les Canaries, et plus atténuée sur la côte méditerranéenne. Pour le scénario B2, un adoucissement des baisses est prévu pour la dernière phase du XXIème siècle, comparé à celles du scénario A2. Tableau 2. Augmentation prévue de l’évapotranspiration Scénarios Périodes Source: CEDEX Périodes Scénarios Scénarios Les résultats de l’étude réalisée par le CEDEX restent malgré tout une prévision du futur basée sur l’interaction prévue de différents facteurs. Cependant, nous pouvons en conclure qu’une diminution généralisée des ressources en eau disponibles dans. Toutefois, comme nous pourrons l’apprécier dans les sections suivantes, on observe déjà les effets du changement climatique dans notre pays, principalement ces 2/3 dernières décennies. Augmentation des températures C omme nous l’avons déjà indiqué précédemment, une cause directe de la réduction des ressources en eau disponibles se trouve dans la hausse des températures. Selon l’Agence Nationale de Météorologie (AEMET), sur la période 1973-2005, elles ont subies une augmentation considérable, tant au niveau des températures moyennes que des maximales et minimales. Sur la période 1980-2006, l’AEMET a élaboré une série de température moyenne annuelle de l’Espagne péninsulaire et des Baléares, à partir des données d’environ 40 stations. Cette série montre une tendance croissante de 3,7ºC/100 ans. Les 5 années les plus chaudes de cette période ont été- la température moyenne estimée est entre parenthèse: 2006 (15,87ºC), 1995 (15,81ºC), 1997 (15,75ºC), 2003 (15,73ºC) et 1989 (15,65ºC). ture moyenne de la superficie de la planète a été de 0,69º supérieure à la moyenne du XXème siècle. Graphique 1. Indice de la température globale de la terre et de la mer Tableau 5. Hausses annuelles et saisonnières des températures journalières. Période 1973-2005 (en ºC/ décennie) Périodes Annuel Hiver Printemps Eté Automne Températures maximales journalières Températures minimales journalières Températures moyennes journalières 0,51 0,47 0,48 0,35 0,06 0,27 0,82 0,66 0,77 0,73 0,62 0,67 0,13 0,43 0,29 Source: AEMET Le tableau reflète que les plus fortes augmentations de température se sont produites pendant les mois de printemps, époque de l’année durant laquelle se concentre une part importante des précipitations que reçoit le pays sur l’année, et de plus période durant laquelle la consommation d’eau venant de la majorité des usines est la plus forte. Ainsi, avec l’augmentation des pertes par la croissance de l’évaporation directe et de l’évapotranspiration, il est prévisible que les températures soient plus élevées qu’à d’autres moments de l’année. De plus, l’augmentation des températures s’accentue toujours plus ces dernières années. Ainsi, l’année la plus chaude en Espagne jamais enregistrée a été 2011, avec une température moyenne estimée de 16ºC, suivie de 2014, pendant laquelle la température moyenne a été de 15,96ºC. En fin de compte, ce mois de juillet dernier en Espagne a été le plus chaud de toute l’histoire, depuis que nous disposons de données de mesure fiables. Source: NASA GISS (Goddard Institute for Space Studies). En définitive, un des facteurs qui a le plus d’incidence sur les ressources en eau disponibles, la hausse des températures, s’accentue de façon particulièrement sensible ces dernières années. Réduction des apports D ans l’étude réalisée par le CEDEX à laquelle nous nous sommes référés, comme conséquence de la réduction des précipitations et de la hausse des températures, une réduction des apports en eau aux rivières est prévue dans les années à venir. Cependant, ce processus se note déjà depuis ces deux dernières décennies et, de plus, dans tous les districts hydrographiques. Carte 1. Districts hydrographiques Au niveau mondial, la tendance est plus ou moins similaire. 2014 a été l’année la plus chaude depuis que les registres historiques ont été mis en place en 1880, selon deux analyses indépendantes de la NASA et de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (NOAA). La tempéra- Les effets du changement climatique sur l’eau en Espagne 5 Dans le tableau suivant (tableau 6) on compare, par district hydrographique, les apports moyens en eau aux lits produits sur la période 1940/41– 1995/96 et les apports moyens annuels pendant la période 1996/97-2005/2006. Tableau 6. Apports moyens annuels (hm3/an) District Apport moyen, période1940/41 - 1995/96 Apport moyen, période 1995/96 2005/06 Réduction des apports sur la période 1996/972005/06, par rapport à la période 1940/41 - 1995/96 Nord 43.494 38.573 -11,3 % Duero 13.861 11.729 - 15,5 % Tage 10.533 9.012 -14,4 % Guadiana 5.464 4.391 -19,6 % Guadalquivir 8.770 8.113 -7,5 % Bassins Méditerranéens de l’Andalousie 2.446 2.101 -14,1 % Segura 817 505 -38,2 % Júcar 3.493 3.057 -12,5 % Ebro 17.189 13.555 -21,1 % Bassins Internes de la Catalogne 2.742 2.196 -19,9 % 108.809 93.232 -14,3 % Total Source: Ministerio de Medio Ambiente Comme nous pouvons l’apprécier, il s’est produit une réduction généralisée des apports sur tous les districts sur la période 1940/41-1995/96, de 14,3% pour l’ensemble du pays. Elles se sont produites de façon inégale tant pour les districts, que pour l’intérieur même des bassins. La réduction a été particulièrement importante sur le district du Segura, proche de 40%, et aussi sur celui du Guadiana, notamment sur son cours supérieur, mais aussi l’Ebre et les Bassins Internes de la Catalogne, qui ont perdu en 10 ans environ un cinquième de leurs apports. Il se trouve que durant la période 1996-2005 les précipitations se situaient au-delà de la moyenne et elles sont donc interprétées comme une période de sécheresse d’une durée de deux ans. A l’inverse, la période 1940-1995 comprend les deux sécheresses les plus importantes qu’a souffert notre pays pendant le XXème siècle, celles de 19401945 et 1990-1995. 6 Ecologistas en Acción Il est vrai qu’une période de dix ans est finalement relativement courte, mais il semble évident qu’une tendance très préoccupante s’inscrive, si on fait référence aux disponibilités en eau. Pour pouvoir manipuler et analyser des données plus récentes, nous avons eu recours aux informations des plans hydrologiques des districts hydrographiques sur la période 2015-2021. Les données tirées de ces documents de planification hydrologique s’avèrent disparates. La dernière année prise en compte est 2011/12, ce que nous reconnaissons déjà comme insuffisant, les années 2012/13 et 2013/14 n’ayant pas été considérées, étant donné que les plans vont se dérouler entre 2015 et 2021. Cependant, dans certains plans, les conditions sont encore plus pénibles, et la dernière année ainsi considérée était 2007/08, voir même 2005/06, comme c’est arrivé sur un district hydrographique important comme celui de l’Ebre. De plus, sur les plans où les apports sont pris en compte jusqu’en 2011/12, comparées ce qu’on appelle la série courte, qui va de 1980/81 à 2011/12 avec la série longue, qui va de 1940/41 à 2011/12. Ce qui fait que les réductions sur les apports des deux dernières décennies sont ainsi partialement masquées ou au moins atténuées car sont comparées des séries qui ne comptent que 15 années communes. D’autre part, dans la majorité des plans, les apports annuels ne sont pas fournis, ce qui permettrait de réaliser les comparaisons appropriées. De plus, certains des résultats apportés semblent particulièrement surprenants et peu crédibles. Par exemple, dans le cas du District du Guadalquivir, la série 1940/41-2011/12 donne un apport moyen supérieur à celui de la série 1940/41-2005/06, d’un 23,25%, ce qui semble totalement impossible, car cela ne se rapproche même pas des données de précipitations pour la période 2005/06-2011/12 que rapportent les principales stations météorologiques du District. Cela se reproduit aussi, bien que de forme plus modérée, dans les plans hydrologiques de d’autres districts. Nous supposons que cela est dû à une modification de la méthodologie appliquée pour la détermination des apports ces dernières années. Cependant, nous y percevons aussi une intention sous-jacente de la part des administrations hydrauliques de minimiser la donnée qui reflète la réduction des ressources hydriques disponibles ces dernières années. D’ailleurs, dans les plans hydrologiques mêmes est envisagée une réduction des ressources en eau dans les années à venir à cause du changement climatique. Toutefois, les chiffres de la réduction établis dans ces derniers sont très inférieurs à ceux attendus, ils sont même très en deçà des réductions qui se sont déjà produites dans les ressources en eau disponibles sur la période 1996/97-2005/06, par rapport à la période 1940/41-1995/96. Par conséquent, on planifie et on compte sur de l’eau pour satisfaire les demandes actuelles et futures qui n’existe tout simplement pas. Dans tous les cas, avec les données disponibles, nous pouvons affirmer que ces deux dernières décennies est déjà survenue une réduction significative des apports en milieu naturel, et donc des ressources en eau disponibles, dans tous les districts hydrographiques. De plus, cette réduction coïncide dans le temps avec les modifications climatiques qui se produisent, et qui sont attribuées à un niveau international et déjà de forme généralisée, au changement climatique. Enfin, nous souhaitons signaler que tout tend à croire que cette tendance va se poursuivre ou même s’accentuer dans les années à venir. lations et la consommation industrielle. De plus, alors que l’approvisionnement a un retour approximatif de 80%, pour l’irrigation il est seulement de 10%. Ainsi, si nous déduisons les retours, on se retrouve avec une consommation de l’irrigation qui dépasse largement 90% de la consommation totale de l’eau en Espagne. Les objectifs des administrations publiques pour les demandes en eau dans les prochaines années sont définis dans les Plans Hydrologiques des Districts Hydrographiques 2015-2021. Nous passons ensuite à l’analyse des différents districts et des différents usages. Usage urbain Dans le tableau suivant (tableau 7), les demandes actuelles de l’approvisionnement urbain sont reprises dans les différents districts hydrographiques, ainsi que l’évolution prévue de celle-ci dans les plans hydrologiques. Tableau 7. Approvisionnement aux populations District Demande actuelle (hm3/an) Evolution des demandes prévues (hm3/an) (2021) Miño-Sil 91,5 -10 Cantabrie Occidentale 246,5 0 Cantabrie Orientale 233,8 -6,5 Tage 741,3 123 Ebre 358,9 26,6 Duero 287,1 -24 166 0,6 Guadiana Guadalquivir 379,5 20 Ceuta 8,56 0,54 Melilla 9,91 -0,58 Júcar 524,7 -48 Segura 189 5 Galicia Costa 226,7 -6 ous verrons ensuite, dans le scénario actuel de réduction généralisée des ressources en eau disponibles, comment il est prévu qu’évoluent les demandes en eau dans notre pays ces prochaines années. Bassins Internes de la Catalogne 571,6 -41,1 Bassins Méditerranéens 352,3 24,13 Guadalate-Barbate 108 15 Tinto-Odiel y Piedras 50,6 7,7 Actuellement en Espagne, la consommation d’eau (usage consomptif ) se distribue approximativement de la façon suivante : 82% environ va à l’irrigation, alors que les 18% restants se répartissent entre l’approvisionnement aux popu- Baléares 131,3 14,7 4.677,3 101,1 Prévision de l’évolution des demandes N Total Source: Plans hydrologiques des districts hydrographiques 2015-2021 De ces données il ressort que, dans l’ensemble des Les effets du changement climatique sur l’eau en Espagne 7 plans hydrologiques, pour l’approvisionnement aux populations uniquement on prévoit une croissance globale de la consommation, pour l’horizon 2021, d’approximativement 100 hm3 annuels, chiffre que nous pouvons qualifier de modéré, d’autant plus que le retour sur l’approvisionnement urbain est de 80%. De plus, cette augmentation des demandes tire son origine d’une prévision totalement incorrecte tirée du Plan Hydrologique du District Hydrographique du Tage, dans lequel une importante hausse de la consommation est prévue, due en majorité à la prévision d’une croissance de la consommation de l’approvisionnement urbain de la communauté de Madrid dans les prochaines années. Cependant, cette prévision est totalement contredite par l’évolution de la consommation de cette Région durant ces dernières années. La consommation actuelle d’eau dans la communauté de Madrid se situe à approximativement 500 hm3 annuels, face à 600 hm3 en 2003 (607,63 hm3). Et cela en dépit du fait que la population approvisionnée actuellement en 2015 soit supérieure de plus de 700.000 habitants à celle de 2003. En définitive, la consommation par habitant dans la Communauté de Madrid s’est vue réduite substantiellement ces dernières années. Cela est dû à une augmentation de l’efficacité dans le service, ainsi qu’aux campagnes successives de sensibilisation citoyenne qui ont été mises en œuvre. Et cette tendance est celle qui semble vouloir se poursuivre dans la majorité des districts. Par conséquent, en ce qui concerne l’approvisionnement de la part des administrations publiques, il semble que nous puissions prévoir un maintien stable dans les prochaines années. ques, une importante augmentation de la superficie d’irrigation est prévue pour les deux prochaines décennies. Tableau 8. Zones d’irrigation existantes et planification de nouvelles demandes District Superficie actuelle d’irrigation (ha) Nouvelles superficies d’irrigation prévues à la création dans les deux prochaines décennies (ha) Miño-Sil 18.673 0 Cantabrie Occidentale 5.587 0 0 0 Tage 217.534 14.627 Ebre 965.698 445.000 Duero 547.780 93.060 Guadiana 463.231 69.972 Guadalquivir 856.429 29.260 Ceuta 0 0 Melilla 0 0 Júcar 389.812 0 Segura 261.010 600 Galicia Costa 4.237 -28 Bassins Internes de la Catalogne 66.568 0 Bassins Méditerranéens 167.168 -4.503 Guadalete-Barbate 61.942 0 Tinto-Odiel y Piedras 32.647 39.698 Baleares 15.338 0 4.073.654 687.686 Cantabrie Orientale Total Source: Plans hydrologiques des districts hydrographiques 2015-2021 Usage agraire Concrètement, il est prévu la création de près de 700.000 nouveaux hectares (ha) dans les prochaines années sur l’ensemble du pays, ce qui suppose une augmentation de 16,9% par rapport à la superficie d’irrigation actuellement existante. Toutefois, il en va différemment de la consommation d’eau dans le secteur agricole qui, comme indiqué auparavant, est actuellement le principal consommateur, et de loin, en Espagne. La distribution des nouvelles zones irriguées est inégale, la majeure partie est située dans le district de l’Ebre (445.000 ha), suivie de celui du Duero (93.060 ha) et de celui du Guadiana (69.972 ha). Comme nous pouvons l’apprécier dans le tableau suivant (tableau 8), dans l’ensemble des plans hydrologiques des districts hydrographi- 8 Ecologistas en Acción On prétend obtenir une partie des ressources en eau envisagées pour les nouvelles zones irriguées à partir des ressources libérées par la modernisa- tion des zones irriguées existantes. Néanmoins, la modernisation d’une bonne partie des zones irriguées existantes susceptibles d’y participer a déjà été menée à bien ces dernières années, les ressources qui pourraient encore être obtenues via de nouvelles modernisations ne couvriraient par conséquent qu’une partie des nouvelles demandes que les zones irriguées généreraient. Ainsi, nous estimons que les nouvelles zones irriguées impliqueraient une consommation additionnelle d’eau par rapport à la situation actuelle de, au moins, 3.000 hm3 annuels pour l’ensemble du pays, ce qui induirait une augmentation nette d’approximativement 10% de la consommation d’eau totale actuelle. Usage industriel Concernant la consommation industrielle, les données disponibles doivent s’envisager avec une certaine prudence, car elles peuvent varier relativement en fonction de considérations diverse (typologie de l’industrie, caractère consomptif de la consommation, etc.). D’ailleurs dans les plans hydrologiques eux-mêmes, nous rencontrons des chiffres disparates. D’entrée de jeu, nous allons exclure les volumes d’eau utilisés dans la production d’énergie, s’agissant de consommation ou d’usage non consomptifs. Dans tous les cas, les données de consommation que nous manipulerons seront toujours un peu inférieures à la consommation réelle, car une partie des industries, particulièrement la petite industrie, est connectée directement au réseau d’approvisionnement, et dans la majorité des plans hydrologiques elles ne sont pas différenciées de l’usage urbain, et elles sont inclues directement dans la partie approvisionnement aux populations. Par exemple, dans le plan hydrologique du district hydrographique des Bassins Internes de la Catalogne, on distingue “usages industriels” (96 hm3) et “industrie connectée au réseau d’approvisionnement” (119 hm3). Tableau 9. Consommation industrielle non énergétique District Demande actuelle (hm3/an) Miño-Sil 17,28 Cantabrie Occidentale 128 Cantabrie Orientale 35,6 Tage 42,54 Ebre 147,3 Duero 45,78 Guadiana 49 Guadalquivir 43,4 Ceuta 1,31 Melilla 3,05 Júcar 123,37 Segura 8,9 Galicia Costa Bassins Internes de la Catalogne 96 Bassins Méditerranéens 18,04 Guadalate-Barbate 14,38 Tinto-Odiel y Piedras 41,72 Baléares 2,72 Total 818,39 Source: Plans hydrologiques des districts hydrographiques 2015-2021 La disparité existante entre les chiffres, à l’intérieur même des plans hydrologiques y compris, rend difficile l’évaluation adéquate de l’évolution de la demande dans les prochaines années. En moyenne dans l’ensemble des plans, on prévoit une augmentation de la consommation industrielle pour l’année 2021 de 24% par rapport à la consommation actuelle. Cependant, tout semble indiquer que ces fortes augmentations dans la consommation industrielle sont avancées de façon un peu arbitraire et prévoyante, avec comme objectif de garantir la ressource dans le futur pour le secteur, et en profitant du fait que la consommation totale industrielle soit réduite (inférieure à 3%) par rapport à l’ensemble des usages consomptifs. En définitive, l’irrigation concentre actuellement la majeure partie de la consommation de l’eau en Les effets du changement climatique sur l’eau en Espagne 9 Espagne et, malgré cela, dans les plans hydrologiques des districts hydrographiques, il est prévu d’augmenter encore plus la superficie irriguée, ce qui supposerait une croissance de la consommation totale d’eau de 10% par rapport à la consommation actuelle. A l’inverse, l’usage urbain restera probablement stable et, bien qu’il soit prévu qu’il croisse, il semble plus que douteux que cela arrive, et dans tous les cas, quantitativement cela serait peu important. Scénario C omme nous l’avons vu dans les parties précédentes, tout tend vers un scénario pour 2021 avec approximativement 20% en moins de ressources en eau qu’il n’y en avait de disponibles au début des années 90, à cause du changement climatique, ainsi que vers une augmentation des demandes actuelles d’environ 10%. De plus, tant dans la réduction des ressources disponibles que dans la croissance des demandes, cela se produira de façon très inégale sur tout le territoire, rendant prévisible l’apparition dans les prochaines années de nombreuses situations de stress hydrique dans d’importantes zones du pays. Ainsi, alors qu’on affirmait en 2000 que la Segura était l’unique district hydrographique avec un déficit structurel (1), il est à prévoir que, avec la réduction des ressources en eau qui voit le jour et l’augmentation des demandes prévues, la situation change. Dans les prochaines deux décennies pourront aussi passer à cette situation de déficit structurel les districts hydrographiques du Júcar, du Guadiana, du Guadalquivir, des Bassins Internes de la Catalogne, du Guadalete-Barbate et des Bassins Méditerranéen, et une partie de ceux du Tage et de l’Ebre, approximativement la moitié de la superficie péninsulaire. Tout cela conduit nécessairement à une situation de non viabilité complète et d’authentique effondrement hydrique et environnemental d’ici à quelques années dans une bonne partie du pays. 10 1. Est défini comme déficit structurel lorsque l´ensemble des demandes est supérieur aux apports naturels, les ressources renouvelables. Ecologistas en Acción Propositions population espagnole seraient pleinement garanties, une partie importante de la production étant destinée à l’exportation. E cologistas en Acción considère que la solution au problème ne passe pas uniquement par un frein à la croissance de la demande, mais aussi par une réduction de la demande actuelle de façon importante. C’est pour cette raison qu’il sera nécessaire d’agir principalement sur l’irrigation, qui concentre plus de 80% de la consommation actuelle, et qui correspond à un poste dont l’on prétend augmenter principalement la demande. En conséquence, pas un hectare de zone irriguée de plus ne devrait être aménagé en Espagne, et le travail d’amélioration de l’efficacité dans l’utilisation de l’eau doit être poursuivit autant que faire se peut (modernisation de l’irrigation, réutilisation des eaux résiduelles épurées, etc.), tout comme l’encouragement de la substitution de cultures par d’autres moins consommatrices d’eau. Cependant, l’adoption de ces mesures va être insuffisante pour récupérer un certain équilibre hydrique, il faudrait donc initier une réduction progressive de la superficie d’irrigation actuelle, de plus de 4.000.000 hectares (ha) jusqu’à atteindre un maximum pour l’ensemble du pays de 3.000.000 – 3.200.000 hectares irrigués. Les chiffres définitifs dépendraient des ressources qui pourraient être obtenues des actions d’amélioration de l’efficacité réalisées, et même de l’utilisation ponctuelle de sources non conventionnelles. Avec cette réduction de la superficie d’irrigation, et avec l’adoption des mesures mentionnées auparavant, il serait possible de diminuer la consommation à un volume approximativement équivalent à la réduction des ressources en eau en cours causée par le changement climatique. De plus, avec une superficie irriguée de 3.000.000-3.200.000 ha, les demandes actuelles et futures des produits alimentaires pour la Il serait aussi nécessaire d’établir des mesures restrictives sur l’augmentation de la consommation dans le secteur urbanistique et touristique sur la côte méditerranéenne, qui bien que freinée dans son développement ces dernières années par la crise immobilière, continue d’être à une échelle locale et même régionale, un grand consommateur et destructeur des ressources naturelles, parmi lesquelles on compte l’eau (de plus, le retour dans le secteur touristique est en moyenne de seulement 50%, face aux 80% des noyaux urbains conventionnels, à cause des jardins, piscines, camps de golf, etc.). Nous sommes conscients du grand impact économique et social que supposerait la réduction de la superficie actuelle de zones irriguées à l’échelle proposée, et nous considérons d’ailleurs que devrait s’effectuer une reconversion du secteur agricole de façon progressive, avec le soutien des administrations publiques, afin que l’affection sociale soit minime. Pour cela, nous comprenons qu’il faut commencer le plus tôt possible cette reconversion, avant que la réduction même des ressources en eau ne l’impose d’ici à quelques années de façon beaucoup plus brutale et traumatique. De cette façon, et étant donné que la cause de cette réduction dans les ressources en eau disponibles tire son origine du changement climatique généré par l’activité humaine, nous comprenons que les administrations publiques devraient agir sur la racine du problème, en mettant immédiatement en pratique toutes les mesures nécessaires pour freiner ce changement climatique en cours, car si la réduction des ressources en eau disponibles se poursuit ou même s’accentue avec le temps, il en découlera nécessairement de grands dommages environnementaux, sociaux et économiques pour l’ensemble du pays. Les effets du changement climatique sur l’eau en Espagne 11 ecologistas en acción Andalucía: 954 90 39 84 [email protected] Aragón: 629 13 96 09 - 629 13 96 80 [email protected] Asturies: 985 36 52 24 [email protected] Canarias: 928 36 22 33 - 922 31 54 75 [email protected] Cantabria: 608 95 25 14 [email protected] Castilla y León: 983 21 09 70 [email protected] Castilla-La Mancha: 608 82 31 10 [email protected] Catalunya: 648 76 11 99 [email protected] Ceuta: 956 50 32 64 [email protected] Comunidad de Madrid: 915 31 23 89 [email protected] Euskal Herria: 944 79 01 19 [email protected] Extremadura: 927 57 75 41 - 622 12 86 91 [email protected] La Rioja: 941 24 51 14 - 616 38 71 56 [email protected] Melilla: 951 40 08 73 [email protected] Navarra: 626 67 91 91 [email protected] País Valencià: 965 25 52 70 [email protected] Región Murciana: 968 28 15 32 - 629 85 06 58 [email protected] 12 Ecologistas en Acción