Les effets du changement climatique sur l`eau en Espagne et la

Transcription

Les effets du changement climatique sur l`eau en Espagne et la
Les effets du changement
climatique sur l’eau en Espagne
et la planification hydrologique
ecologistas
en acción
ecologistas
en acción
Santiago Martín Barajas y Erika González Briz
Área de Agua de Ecologistas en Acción
Ecologistas en Acción
Marqués de Leganés 12 - 28004 Madrid
Telefono: 915 31 27 39
www.ecologistasenaccion.org/agua
Ecologistas en Acción vous remercie pour la reproduction de ce
rapport, tant que les sources seront citées.
Ce rapport peut être consulté et téléchargé sur
www.ecologistasenaccion.org/article7593.html
Novembre 2015
2
Ecologistas en Acción
Introduction
des sur les effets que pourrait générer le changement climatique sur les ressources en eau et
les masses d’eau.
L
es effets sur l’environnement du futur
changement climatique peuvent être très
variables, suivant les caractéristiques propres à chaque zone, mais aussi suivant la capacité d’adaptation aux modifications du climat des
différentes espèces animales et végétales. De la
même façon, les altérations du milieu humain
peuvent être assez différentes d’un point de vue
socio-économique, en fonction de multiples
facteurs.
Un des éléments environnementaux qui peut le
plus se voir altérer par l’action du changement
climatique, et qui exerce de plus une grande
influence sur le milieu humain, est les écosystèmes aquatiques. Leurs effets peuvent s’avérer
particulièrement significatifs en Espagne, où les
demandes en eau dérivées des activités économiques sont très importantes, en prenant en
compte que les ressources en eau existantes ne
sont pas particulièrement abondantes dans la
majeure partie du territoire.
Dans ce document, nous allons analyser quelle
est l’influence du changement climatique en
cours sur les ressources en eau en Espagne, les
prévisions données pour le futur, et les attitudes
qu’adoptent les différentes administrations publiques responsables de la gestion de l’eau face
à cette situation.
Enfin, nous incluons une série de propositions
d’Ecologistas en Acción à mettre en œuvre pour
atteindre une gestion durable des ressources en
eau, dans le cadre du nouveau scénario généré
par le changement climatique.
Prévisions
C
es dernières années, le Centre des Etudes
et de l’Expérimentation des Travaux Publics (CEDEX), à la demande du Ministère
de l’Environnement, a mené à bien diverses étu-
Selon l’une de ces études, présentée en décembre 2010, dans laquelle on évalue l’impact du
changement climatique sur les ressources en
eau en milieu naturel (soit les ressources disponibles et utilisables), une réduction de ces dernières est prévue dans les années à venir.
Cette étude se base sur les projections climatiques régionalisées élaborées par l’Agence
Nationale de Météorologie (AEMET). Ces prévisions combinent les résultats de modèles de
simulation du comportement de l’atmosphère
et de l’océan, réalisés par différents organismes internationaux, sur différentes hypothèses
d’émission de gaz à effet de serre, auxquelles
on applique un processus d’adaptation régional
afin d’améliorer sa précision à une échelle locale. Les scénarios d’émission choisis sont appelés
A2 et B2, et font partie de l’ensemble des projections d’émission de gaz à effet de serre établis
en 2000 par le Panel Intergouvernemental sur le
Changement Climatique (IPC).
Le A2 correspond à un scénario dans lequel les
mesures de contrôle des émissions ne sont pas
adoptées, alors que le B2 correspond à un développement plus durable. Ces deux scénarios
sélectionnés par l’AEMET, le plus optimiste et
le plus pessimiste de ceux envisagés, prennent
donc en compte une ample marge de variation
et nous les considérons par conséquent suffisamment représentatifs de l’ensemble des scénarios.
Les prévisions climatiques sont composées des
données de précipitation et de température divisées en quatre périodes, de 30 ans chacune,
comme le prescrit la norme de l’Organisation
Météorologique Mondiale: 1961-1990, 20112040, 2041-2070 et 2071-2100.
Les résultats obtenus par le CEDEX pour les deux
scénarios sélectionnés sont les suivants:
Les effets du changement climatique sur l’eau en Espagne
3
Précipitation
Tableau 4. Diminution prévue du ruissellement
Les deux scénarios prévoient une réduction généralisée des précipitations moyennes.
Tableau 1. Réduction prévue des précipitations
Scénarios
2011-2040
2041-2070
2071-2100
A2
-5 %
-9 %
-17 %
B2
-5 %
-8 %
-9 %
Source: CEDEX
Evapotranspiration
Selon l’AEMET, une augmentation de la température, et de là de l’évapotranspiration, est aussi
prévue dans les prochaines années.
Périodes
2011-2040
2041-2070
2071-2100
A2
3%
6%
12 %
B2
5%
6%
7%
Source: CEDEX
Recharge souterraine
Bien que les estimations sur la recharge souterraine soient soumises à de nombreuses incertitudes,
les valeurs moyennes estimées prévoient une diminution généralisée en Espagne, à mesure que
les précipitations baissent, les zones calcaires et
détritiques étant plus vulnérables comparées à la
moindre vulnérabilité des silices.
Tableau 3. Diminution prévue de la recharge
souterraine
Périodes
2011-2040
2041-2070
2071-2100
A2
-8 %
-15 %
-27 %
B2
-8 %
-12 %
-16 %
Source: CEDEX
Ruissellement des eaux
On prévoit une diminution du ruissellement,
comme conséquence de la réduction des précipitations et de l’augmentation des températures.
4
Ecologistas en Acción
2011-2040
2041-2070
2071-2100
A2
-8 %
-16 %
-28 %
B2
-8 %
-11 %
-14 %
Notre pays est à prévoir dans les prochaines décennies. Comme nous pouvons l’observer, une diminution généralisée du ruissellement des eaux est
prévue, autant pour le scénario A2 que pour le B2.
Cependant, cette diminution reste assez inégale selon les zones, elle est plus importante dans les districts Cantabriques, les cours supérieurs de l’Ebre et
du Duero, le sud-est péninsulaire et les Canaries, et
plus atténuée sur la côte méditerranéenne.
Pour le scénario B2, un adoucissement des baisses est prévu pour la dernière phase du XXIème
siècle, comparé à celles du scénario A2.
Tableau 2. Augmentation prévue de
l’évapotranspiration
Scénarios
Périodes
Source: CEDEX
Périodes
Scénarios
Scénarios
Les résultats de l’étude réalisée par le CEDEX restent malgré tout une prévision du futur basée
sur l’interaction prévue de différents facteurs.
Cependant, nous pouvons en conclure qu’une diminution généralisée des ressources en eau disponibles dans.
Toutefois, comme nous pourrons l’apprécier dans
les sections suivantes, on observe déjà les effets
du changement climatique dans notre pays, principalement ces 2/3 dernières décennies.
Augmentation des
températures
C
omme nous l’avons déjà indiqué précédemment, une cause directe de la réduction des
ressources en eau disponibles se trouve
dans la hausse des températures. Selon l’Agence
Nationale de Météorologie (AEMET), sur la période 1973-2005, elles ont subies une augmentation
considérable, tant au niveau des températures
moyennes que des maximales et minimales.
Sur la période 1980-2006, l’AEMET a élaboré
une série de température moyenne annuelle de
l’Espagne péninsulaire et des Baléares, à partir
des données d’environ 40 stations. Cette série
montre une tendance croissante de 3,7ºC/100
ans. Les 5 années les plus chaudes de cette période ont été- la température moyenne estimée est
entre parenthèse: 2006 (15,87ºC), 1995 (15,81ºC),
1997 (15,75ºC), 2003 (15,73ºC) et 1989 (15,65ºC).
ture moyenne de la superficie de la planète a été
de 0,69º supérieure à la moyenne du XXème siècle.
Graphique 1. Indice de la température globale de
la terre et de la mer
Tableau 5. Hausses annuelles et saisonnières des
températures journalières. Période 1973-2005 (en ºC/
décennie)
Périodes
Annuel
Hiver
Printemps
Eté
Automne
Températures
maximales
journalières
Températures
minimales
journalières
Températures
moyennes
journalières
0,51
0,47
0,48
0,35
0,06
0,27
0,82
0,66
0,77
0,73
0,62
0,67
0,13
0,43
0,29
Source: AEMET
Le tableau reflète que les plus fortes augmentations de température se sont produites pendant
les mois de printemps, époque de l’année durant
laquelle se concentre une part importante des précipitations que reçoit le pays sur l’année, et de plus
période durant laquelle la consommation d’eau venant de la majorité des usines est la plus forte. Ainsi, avec l’augmentation des pertes par la croissance
de l’évaporation directe et de l’évapotranspiration,
il est prévisible que les températures soient plus
élevées qu’à d’autres moments de l’année.
De plus, l’augmentation des températures
s’accentue toujours plus ces dernières années. Ainsi, l’année la plus chaude en Espagne jamais enregistrée a été 2011, avec une température moyenne
estimée de 16ºC, suivie de 2014, pendant laquelle
la température moyenne a été de 15,96ºC. En fin
de compte, ce mois de juillet dernier en Espagne
a été le plus chaud de toute l’histoire, depuis que
nous disposons de données de mesure fiables.
Source: NASA GISS (Goddard Institute for Space Studies).
En définitive, un des facteurs qui a le plus
d’incidence sur les ressources en eau disponibles,
la hausse des températures, s’accentue de façon
particulièrement sensible ces dernières années.
Réduction des apports
D
ans l’étude réalisée par le CEDEX à laquelle nous nous sommes référés, comme
conséquence de la réduction des précipitations et de la hausse des températures, une
réduction des apports en eau aux rivières est prévue dans les années à venir.
Cependant, ce processus se note déjà depuis ces
deux dernières décennies et, de plus, dans tous
les districts hydrographiques.
Carte 1. Districts hydrographiques
Au niveau mondial, la tendance est plus ou moins
similaire. 2014 a été l’année la plus chaude depuis
que les registres historiques ont été mis en place
en 1880, selon deux analyses indépendantes de
la NASA et de l’Agence américaine d’observation
océanique et atmosphérique (NOAA). La tempéra-
Les effets du changement climatique sur l’eau en Espagne
5
Dans le tableau suivant (tableau 6) on compare,
par district hydrographique, les apports moyens
en eau aux lits produits sur la période 1940/41–
1995/96 et les apports moyens annuels pendant
la période 1996/97-2005/2006.
Tableau 6. Apports moyens annuels (hm3/an)
District
Apport moyen,
période1940/41
- 1995/96
Apport moyen,
période 1995/96 2005/06
Réduction des
apports sur la
période 1996/972005/06, par
rapport à la période
1940/41 - 1995/96
Nord
43.494
38.573
-11,3 %
Duero
13.861
11.729
- 15,5 %
Tage
10.533
9.012
-14,4 %
Guadiana
5.464
4.391
-19,6 %
Guadalquivir
8.770
8.113
-7,5 %
Bassins
Méditerranéens
de l’Andalousie
2.446
2.101
-14,1 %
Segura
817
505
-38,2 %
Júcar
3.493
3.057
-12,5 %
Ebro
17.189
13.555
-21,1 %
Bassins
Internes de la
Catalogne
2.742
2.196
-19,9 %
108.809
93.232
-14,3 %
Total
Source: Ministerio de Medio Ambiente
Comme nous pouvons l’apprécier, il s’est produit
une réduction généralisée des apports sur tous les
districts sur la période 1940/41-1995/96, de 14,3%
pour l’ensemble du pays. Elles se sont produites
de façon inégale tant pour les districts, que pour
l’intérieur même des bassins. La réduction a été
particulièrement importante sur le district du Segura, proche de 40%, et aussi sur celui du Guadiana, notamment sur son cours supérieur, mais aussi
l’Ebre et les Bassins Internes de la Catalogne, qui
ont perdu en 10 ans environ un cinquième de leurs
apports.
Il se trouve que durant la période 1996-2005 les
précipitations se situaient au-delà de la moyenne
et elles sont donc interprétées comme une période de sécheresse d’une durée de deux ans. A
l’inverse, la période 1940-1995 comprend les deux
sécheresses les plus importantes qu’a souffert notre pays pendant le XXème siècle, celles de 19401945 et 1990-1995.
6
Ecologistas en Acción
Il est vrai qu’une période de dix ans est finalement
relativement courte, mais il semble évident qu’une
tendance très préoccupante s’inscrive, si on fait référence aux disponibilités en eau.
Pour pouvoir manipuler et analyser des données
plus récentes, nous avons eu recours aux informations des plans hydrologiques des districts hydrographiques sur la période 2015-2021.
Les données tirées de ces documents de planification hydrologique s’avèrent disparates. La dernière
année prise en compte est 2011/12, ce que nous
reconnaissons déjà comme insuffisant, les années
2012/13 et 2013/14 n’ayant pas été considérées,
étant donné que les plans vont se dérouler entre
2015 et 2021. Cependant, dans certains plans, les
conditions sont encore plus pénibles, et la dernière année ainsi considérée était 2007/08, voir
même 2005/06, comme c’est arrivé sur un district
hydrographique important comme celui de l’Ebre.
De plus, sur les plans où les apports sont pris en
compte jusqu’en 2011/12, comparées ce qu’on appelle la série courte, qui va de 1980/81 à 2011/12
avec la série longue, qui va de 1940/41 à 2011/12.
Ce qui fait que les réductions sur les apports des
deux dernières décennies sont ainsi partialement
masquées ou au moins atténuées car sont comparées des séries qui ne comptent que 15 années
communes.
D’autre part, dans la majorité des plans, les apports annuels ne sont pas fournis, ce qui permettrait de réaliser les comparaisons appropriées. De
plus, certains des résultats apportés semblent
particulièrement surprenants et peu crédibles. Par
exemple, dans le cas du District du Guadalquivir,
la série 1940/41-2011/12 donne un apport moyen
supérieur à celui de la série 1940/41-2005/06, d’un
23,25%, ce qui semble totalement impossible, car
cela ne se rapproche même pas des données de
précipitations pour la période 2005/06-2011/12
que rapportent les principales stations météorologiques du District. Cela se reproduit aussi, bien
que de forme plus modérée, dans les plans hydrologiques de d’autres districts. Nous supposons que
cela est dû à une modification de la méthodologie
appliquée pour la détermination des apports ces
dernières années. Cependant, nous y percevons
aussi une intention sous-jacente de la part des
administrations hydrauliques de minimiser la donnée qui reflète la réduction des ressources hydriques disponibles ces dernières années.
D’ailleurs, dans les plans hydrologiques mêmes est
envisagée une réduction des ressources en eau
dans les années à venir à cause du changement climatique. Toutefois, les chiffres de la réduction établis dans ces derniers sont très inférieurs à ceux attendus, ils sont même très en deçà des réductions
qui se sont déjà produites dans les ressources en
eau disponibles sur la période 1996/97-2005/06,
par rapport à la période 1940/41-1995/96. Par
conséquent, on planifie et on compte sur de l’eau
pour satisfaire les demandes actuelles et futures
qui n’existe tout simplement pas.
Dans tous les cas, avec les données disponibles,
nous pouvons affirmer que ces deux dernières
décennies est déjà survenue une réduction significative des apports en milieu naturel, et donc des
ressources en eau disponibles, dans tous les districts hydrographiques. De plus, cette réduction
coïncide dans le temps avec les modifications climatiques qui se produisent, et qui sont attribuées
à un niveau international et déjà de forme généralisée, au changement climatique. Enfin, nous souhaitons signaler que tout tend à croire que cette
tendance va se poursuivre ou même s’accentuer
dans les années à venir.
lations et la consommation industrielle. De plus,
alors que l’approvisionnement a un retour approximatif de 80%, pour l’irrigation il est seulement
de 10%. Ainsi, si nous déduisons les retours, on se
retrouve avec une consommation de l’irrigation
qui dépasse largement 90% de la consommation
totale de l’eau en Espagne.
Les objectifs des administrations publiques pour
les demandes en eau dans les prochaines années
sont définis dans les Plans Hydrologiques des Districts Hydrographiques 2015-2021.
Nous passons ensuite à l’analyse des différents
districts et des différents usages.
Usage urbain
Dans le tableau suivant (tableau 7), les demandes actuelles de l’approvisionnement urbain sont
reprises dans les différents districts hydrographiques, ainsi que l’évolution prévue de celle-ci dans
les plans hydrologiques.
Tableau 7. Approvisionnement aux populations
District
Demande
actuelle (hm3/an)
Evolution des demandes
prévues (hm3/an) (2021)
Miño-Sil
91,5
-10
Cantabrie Occidentale
246,5
0
Cantabrie Orientale
233,8
-6,5
Tage
741,3
123
Ebre
358,9
26,6
Duero
287,1
-24
166
0,6
Guadiana
Guadalquivir
379,5
20
Ceuta
8,56
0,54
Melilla
9,91
-0,58
Júcar
524,7
-48
Segura
189
5
Galicia Costa
226,7
-6
ous verrons ensuite, dans le scénario actuel de réduction généralisée des ressources en eau disponibles, comment il est
prévu qu’évoluent les demandes en eau dans notre pays ces prochaines années.
Bassins Internes de la
Catalogne
571,6
-41,1
Bassins Méditerranéens
352,3
24,13
Guadalate-Barbate
108
15
Tinto-Odiel y Piedras
50,6
7,7
Actuellement en Espagne, la consommation
d’eau (usage consomptif ) se distribue approximativement de la façon suivante : 82% environ
va à l’irrigation, alors que les 18% restants se répartissent entre l’approvisionnement aux popu-
Baléares
131,3
14,7
4.677,3
101,1
Prévision de l’évolution
des demandes
N
Total
Source: Plans hydrologiques des districts hydrographiques 2015-2021
De ces données il ressort que, dans l’ensemble des
Les effets du changement climatique sur l’eau en Espagne
7
plans hydrologiques, pour l’approvisionnement
aux populations uniquement on prévoit une
croissance globale de la consommation, pour
l’horizon 2021, d’approximativement 100
hm3 annuels, chiffre que nous pouvons qualifier de modéré, d’autant plus que le retour sur
l’approvisionnement urbain est de 80%.
De plus, cette augmentation des demandes tire son
origine d’une prévision totalement incorrecte tirée
du Plan Hydrologique du District Hydrographique
du Tage, dans lequel une importante hausse de la
consommation est prévue, due en majorité à la
prévision d’une croissance de la consommation de
l’approvisionnement urbain de la communauté de
Madrid dans les prochaines années.
Cependant, cette prévision est totalement contredite par l’évolution de la consommation de cette
Région durant ces dernières années. La consommation actuelle d’eau dans la communauté de
Madrid se situe à approximativement 500 hm3 annuels, face à 600 hm3 en 2003 (607,63 hm3). Et cela
en dépit du fait que la population approvisionnée
actuellement en 2015 soit supérieure de plus de
700.000 habitants à celle de 2003. En définitive, la
consommation par habitant dans la Communauté
de Madrid s’est vue réduite substantiellement ces
dernières années. Cela est dû à une augmentation
de l’efficacité dans le service, ainsi qu’aux campagnes successives de sensibilisation citoyenne qui
ont été mises en œuvre. Et cette tendance est celle
qui semble vouloir se poursuivre dans la majorité
des districts.
Par conséquent, en ce qui concerne l’approvisionnement de la part des administrations publiques,
il semble que nous puissions prévoir un maintien
stable dans les prochaines années.
ques, une importante augmentation de la superficie d’irrigation est prévue pour les deux
prochaines décennies.
Tableau 8. Zones d’irrigation existantes et
planification de nouvelles demandes
District
Superficie
actuelle
d’irrigation (ha)
Nouvelles superficies
d’irrigation prévues à la
création dans les deux
prochaines décennies (ha)
Miño-Sil
18.673
0
Cantabrie Occidentale
5.587
0
0
0
Tage
217.534
14.627
Ebre
965.698
445.000
Duero
547.780
93.060
Guadiana
463.231
69.972
Guadalquivir
856.429
29.260
Ceuta
0
0
Melilla
0
0
Júcar
389.812
0
Segura
261.010
600
Galicia Costa
4.237
-28
Bassins Internes de la
Catalogne
66.568
0
Bassins Méditerranéens
167.168
-4.503
Guadalete-Barbate
61.942
0
Tinto-Odiel y Piedras
32.647
39.698
Baleares
15.338
0
4.073.654
687.686
Cantabrie Orientale
Total
Source: Plans hydrologiques des districts hydrographiques 2015-2021
Usage agraire
Concrètement, il est prévu la création de près de
700.000 nouveaux hectares (ha) dans les prochaines années sur l’ensemble du pays, ce qui suppose une augmentation de 16,9% par rapport à la
superficie d’irrigation actuellement existante.
Toutefois, il en va différemment de la consommation d’eau dans le secteur agricole qui, comme indiqué auparavant, est actuellement le
principal consommateur, et de loin, en Espagne.
La distribution des nouvelles zones irriguées est
inégale, la majeure partie est située dans le district de l’Ebre (445.000 ha), suivie de celui du Duero (93.060 ha) et de celui du Guadiana (69.972 ha).
Comme nous pouvons l’apprécier dans le tableau suivant (tableau 8), dans l’ensemble des
plans hydrologiques des districts hydrographi-
8
Ecologistas en Acción
On prétend obtenir une partie des ressources en
eau envisagées pour les nouvelles zones irriguées
à partir des ressources libérées par la modernisa-
tion des zones irriguées existantes. Néanmoins,
la modernisation d’une bonne partie des zones
irriguées existantes susceptibles d’y participer a
déjà été menée à bien ces dernières années, les
ressources qui pourraient encore être obtenues
via de nouvelles modernisations ne couvriraient
par conséquent qu’une partie des nouvelles demandes que les zones irriguées généreraient.
Ainsi, nous estimons que les nouvelles zones irriguées impliqueraient une consommation additionnelle d’eau par rapport à la situation actuelle
de, au moins, 3.000 hm3 annuels pour l’ensemble
du pays, ce qui induirait une augmentation nette
d’approximativement 10% de la consommation
d’eau totale actuelle.
Usage industriel
Concernant la consommation industrielle, les
données disponibles doivent s’envisager avec
une certaine prudence, car elles peuvent varier relativement en fonction de considérations
diverse (typologie de l’industrie, caractère consomptif de la consommation, etc.). D’ailleurs
dans les plans hydrologiques eux-mêmes, nous
rencontrons des chiffres disparates.
D’entrée de jeu, nous allons exclure les volumes
d’eau utilisés dans la production d’énergie, s’agissant
de consommation ou d’usage non consomptifs.
Dans tous les cas, les données de consommation
que nous manipulerons seront toujours un peu
inférieures à la consommation réelle, car une
partie des industries, particulièrement la petite
industrie, est connectée directement au réseau
d’approvisionnement, et dans la majorité des
plans hydrologiques elles ne sont pas différenciées de l’usage urbain, et elles sont inclues directement dans la partie approvisionnement
aux populations. Par exemple, dans le plan hydrologique du district hydrographique des Bassins Internes de la Catalogne, on distingue “usages industriels” (96 hm3) et “industrie connectée
au réseau d’approvisionnement” (119 hm3).
Tableau 9. Consommation industrielle non
énergétique
District
Demande actuelle (hm3/an)
Miño-Sil
17,28
Cantabrie Occidentale
128
Cantabrie Orientale
35,6
Tage
42,54
Ebre
147,3
Duero
45,78
Guadiana
49
Guadalquivir
43,4
Ceuta
1,31
Melilla
3,05
Júcar
123,37
Segura
8,9
Galicia Costa
Bassins Internes de la Catalogne
96
Bassins Méditerranéens
18,04
Guadalate-Barbate
14,38
Tinto-Odiel y Piedras
41,72
Baléares
2,72
Total
818,39
Source: Plans hydrologiques des districts hydrographiques 2015-2021
La disparité existante entre les chiffres, à l’intérieur
même des plans hydrologiques y compris, rend
difficile l’évaluation adéquate de l’évolution de la
demande dans les prochaines années. En moyenne dans l’ensemble des plans, on prévoit une augmentation de la consommation industrielle pour
l’année 2021 de 24% par rapport à la consommation actuelle. Cependant, tout semble indiquer
que ces fortes augmentations dans la consommation industrielle sont avancées de façon un peu
arbitraire et prévoyante, avec comme objectif de
garantir la ressource dans le futur pour le secteur,
et en profitant du fait que la consommation totale
industrielle soit réduite (inférieure à 3%) par rapport à l’ensemble des usages consomptifs.
En définitive, l’irrigation concentre actuellement
la majeure partie de la consommation de l’eau en
Les effets du changement climatique sur l’eau en Espagne
9
Espagne et, malgré cela, dans les plans hydrologiques des districts hydrographiques, il est prévu
d’augmenter encore plus la superficie irriguée,
ce qui supposerait une croissance de la consommation totale d’eau de 10% par rapport à la consommation actuelle. A l’inverse, l’usage urbain
restera probablement stable et, bien qu’il soit
prévu qu’il croisse, il semble plus que douteux
que cela arrive, et dans tous les cas, quantitativement cela serait peu important.
Scénario
C
omme nous l’avons vu dans les parties précédentes, tout tend vers un scénario pour
2021 avec approximativement 20% en
moins de ressources en eau qu’il n’y en avait de
disponibles au début des années 90, à cause du
changement climatique, ainsi que vers une augmentation des demandes actuelles d’environ 10%.
De plus, tant dans la réduction des ressources disponibles que dans la croissance des demandes,
cela se produira de façon très inégale sur tout le
territoire, rendant prévisible l’apparition dans les
prochaines années de nombreuses situations de
stress hydrique dans d’importantes zones du pays.
Ainsi, alors qu’on affirmait en 2000 que la Segura était l’unique district hydrographique avec un
déficit structurel (1), il est à prévoir que, avec la
réduction des ressources en eau qui voit le jour et
l’augmentation des demandes prévues, la situation change. Dans les prochaines deux décennies
pourront aussi passer à cette situation de déficit
structurel les districts hydrographiques du Júcar,
du Guadiana, du Guadalquivir, des Bassins Internes de la Catalogne, du Guadalete-Barbate et des
Bassins Méditerranéen, et une partie de ceux du
Tage et de l’Ebre, approximativement la moitié de
la superficie péninsulaire.
Tout cela conduit nécessairement à une situation
de non viabilité complète et d’authentique effondrement hydrique et environnemental d’ici à
quelques années dans une bonne partie du pays.
10
1. Est défini comme déficit structurel lorsque l´ensemble des demandes
est supérieur aux apports naturels, les ressources renouvelables.
Ecologistas en Acción
Propositions
population espagnole seraient pleinement garanties, une partie importante de la production
étant destinée à l’exportation.
E
cologistas en Acción considère que la solution au problème ne passe pas uniquement par un frein à la croissance de la
demande, mais aussi par une réduction de la demande actuelle de façon importante. C’est pour
cette raison qu’il sera nécessaire d’agir principalement sur l’irrigation, qui concentre plus de
80% de la consommation actuelle, et qui correspond à un poste dont l’on prétend augmenter
principalement la demande.
En conséquence, pas un hectare de zone irriguée de plus ne devrait être aménagé en Espagne, et le travail d’amélioration de l’efficacité dans
l’utilisation de l’eau doit être poursuivit autant que
faire se peut (modernisation de l’irrigation, réutilisation des eaux résiduelles épurées, etc.), tout
comme l’encouragement de la substitution de cultures par d’autres moins consommatrices d’eau.
Cependant, l’adoption de ces mesures va être
insuffisante pour récupérer un certain équilibre
hydrique, il faudrait donc initier une réduction
progressive de la superficie d’irrigation actuelle,
de plus de 4.000.000 hectares (ha) jusqu’à atteindre un maximum pour l’ensemble du pays
de 3.000.000 – 3.200.000 hectares irrigués. Les
chiffres définitifs dépendraient des ressources qui pourraient être obtenues des actions
d’amélioration de l’efficacité réalisées, et même
de l’utilisation ponctuelle de sources non conventionnelles. Avec cette réduction de la superficie d’irrigation, et avec l’adoption des mesures
mentionnées auparavant, il serait possible de
diminuer la consommation à un volume approximativement équivalent à la réduction des ressources en eau en cours causée par le changement climatique.
De plus, avec une superficie irriguée de
3.000.000-3.200.000 ha, les demandes actuelles et futures des produits alimentaires pour la
Il serait aussi nécessaire d’établir des mesures
restrictives sur l’augmentation de la consommation dans le secteur urbanistique et touristique sur la côte méditerranéenne, qui bien que
freinée dans son développement ces dernières
années par la crise immobilière, continue d’être à
une échelle locale et même régionale, un grand
consommateur et destructeur des ressources
naturelles, parmi lesquelles on compte l’eau (de
plus, le retour dans le secteur touristique est en
moyenne de seulement 50%, face aux 80% des
noyaux urbains conventionnels, à cause des jardins, piscines, camps de golf, etc.).
Nous sommes conscients du grand impact économique et social que supposerait la réduction
de la superficie actuelle de zones irriguées à
l’échelle proposée, et nous considérons d’ailleurs
que devrait s’effectuer une reconversion du secteur agricole de façon progressive, avec le soutien des administrations publiques, afin que
l’affection sociale soit minime. Pour cela, nous
comprenons qu’il faut commencer le plus tôt
possible cette reconversion, avant que la réduction même des ressources en eau ne l’impose
d’ici à quelques années de façon beaucoup plus
brutale et traumatique.
De cette façon, et étant donné que la cause de
cette réduction dans les ressources en eau disponibles tire son origine du changement climatique
généré par l’activité humaine, nous comprenons
que les administrations publiques devraient agir
sur la racine du problème, en mettant immédiatement en pratique toutes les mesures nécessaires pour freiner ce changement climatique en
cours, car si la réduction des ressources en eau
disponibles se poursuit ou même s’accentue
avec le temps, il en découlera nécessairement de
grands dommages environnementaux, sociaux
et économiques pour l’ensemble du pays.
Les effets du changement climatique sur l’eau en Espagne
11
ecologistas
en acción
Andalucía: 954 90 39 84
[email protected]
Aragón: 629 13 96 09 - 629 13 96 80
[email protected]
Asturies: 985 36 52 24
[email protected]
Canarias: 928 36 22 33 - 922 31 54 75
[email protected]
Cantabria: 608 95 25 14
[email protected]
Castilla y León: 983 21 09 70
[email protected]
Castilla-La Mancha: 608 82 31 10
[email protected]
Catalunya: 648 76 11 99
[email protected]
Ceuta: 956 50 32 64
[email protected]
Comunidad de Madrid: 915 31 23 89
[email protected]
Euskal Herria: 944 79 01 19
[email protected]
Extremadura: 927 57 75 41 - 622 12 86 91
[email protected]
La Rioja: 941 24 51 14 - 616 38 71 56
[email protected]
Melilla: 951 40 08 73
[email protected]
Navarra: 626 67 91 91
[email protected]
País Valencià: 965 25 52 70
[email protected]
Región Murciana: 968 28 15 32 - 629 85 06 58
[email protected]
12
Ecologistas en Acción