katanga: la crise oubliée de la rdc
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KATANGA: LA CRISE OUBLIÉE DE LA RDC Rapport Afrique N°103 – 9 janvier 2006 TABLE DES MATIÈRES RÉSUMÉ ANALYTIQUE ET RECOMMANDATIONS.................................................... i. INTRODUCTION .......................................................................................................... 1 I. II. LA SÉCURITÉ ............................................................................................................... 2 A. B. C. LES MAÏ-MAÏ DU NORD KATANGA .......................................................................................2 1. La perte de contrôle ...................................................................................................2 2. Des vélos pour acheter la paix ...................................................................................3 3. La chasse de Gédéon..................................................................................................4 LA POLITIQUE IDENTITAIRE ..................................................................................................5 1. Le conflit entre les “originaires” et les “non-originaires” .........................................5 2. Les divisions entre le nord et le sud...........................................................................6 3. Les troubles urbains et la lutte électorale...................................................................7 LE KATANGA À L’HEURE DE KINSHASA: LE POSITIONNEMENT POLITIQUE À LA VEILLE DES ÉLECTIONS ............................................................................................................................9 1. La politique des mines ...............................................................................................9 2. L’incident de Kilwa .................................................................................................11 3. La tentative de sécession d’avril 2005.....................................................................12 III. LE MAINTIEN DE LA PAIX ..................................................................................... 13 1. 2. 3. L’intégration des groupes armés et la démobilisation des combattants...................13 Le déploiement de la MONUC et son mandat.........................................................15 La bonne gouvernance et l’abus de pouvoir ............................................................15 IV. CONCLUSION ............................................................................................................. 17 ANNEXES A. CARTE DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO ........................................................19 B. CARTE DE LA PROVINCE DU KATANGA ...................................................................................20 C. GLOSSAIRE ...............................................................................................................................21 D. À PROPOS DE L’INTERNATIONAL CRISIS GROUP .....................................................................23 E. RAPPORTS ET BRIEFINGS DE CRISIS GROUP SUR L’AFRIQUE...................................................24 F. LE CONSEIL D’ADMINISTRATION DE CRISIS GROUP................................................................26 Rapport Afrique n° 103 le 9 janvier 2006 KATANGA: LA CRISE OUBLIÉE DE LA RDC RÉSUMÉ ANALYTIQUE La province du Katanga est l’une des régions les plus violentes de la République démocratique du Congo (RDC) et, cependant, l’une des plus négligées. La plupart de ses problèmes sont identiques à ceux qui touchent le reste du pays. Cependant, elle a besoin d’une attention immédiate car elle constitue le coeur politique aussi bien que le poumon économique de la nation. C’est un moteur potentiel de croissance, dont les mines, à une certaine époque, rapportaient de 50 à 80 % du budget national. Si l’on souhaite que les élections de l’année 2006 aient une chance quelconque de se dérouler dans le calme et de produire un gouvernement stable et légitime, il est indispensable que les acteurs nationaux et internationaux prêtent une attention particulière à cette province clé dans les domaines suivants: l’intégration de l’armée, l’élimination des chaînes de commandement parallèles, ainsi que l’éradication de la corruption. Si les parties prenantes attendent la mise en place d’un nouveau gouvernement issu des élections pour s’atteler à ces problèmes, tel que semble le suggérer la donne internationale actuelle, elles risquent d’arriver trop tard. La province natale du président Joseph Kabila et de nombreux hommes politiques importants à Kinshasa est secouée par trois conflits: sudistes contre nordistes, “originaires” contre “non-originaires”, et milices Maï-Maï contre armée nationale. La compétition nord-sud s’est exacerbée depuis que Laurent Kabila, nordiste et père du président actuel, Joseph Kabila, a pris le pouvoir en mettant fin à la dictature de Mobutu en 1997. Le sud est l’une des zones minières les plus riches de tout le continent africain; ses immenses réserves de cuivre et de cobalt ont amené les hommes politiques du Katanga, essentiellement des nordistes, à entretenir des réseaux individuels parmi les effectifs des forces de sécurité locales afin de protéger leurs intérêts en tenant sous la menace leurs adversaires. Ayant le sentiment d’avoir été écartés dans le partage des richesses de leur propre province, les sudistes nourrissent une rancune affichée envers ces officiels du nord. Il faut signaler que cette rivalité a donné lieu à de nombreux épisodes violents. À titre d’exemple, en octobre 2004, pendant qu’elle combattait une rébellion dans la ville minière de Kilwa, l’armée a tué plus de 70 civils. Et, en mai 2005, alléguant d’un complot de sécession à Lubumbashi, l’État a arrêté et tenté d’intimider des hommes politiques et des officiers du Sud Katanga. Des acteurs de Kinshasa, soucieux de protéger leurs intérêts miniers et d’étouffer dans l’oeuf toute opposition, semblent être à la base des deux opérations. La campagne électorale a rallumé le vieux conflit entre les natifs du Katanga et les immigrés venus de la province du Kasaï. En effet, sous la tutelle belge, de nombreux Luba du Kasaï sont venus travailler dans les sociétés minières et les administrations publiques, créant des tensions; des politiciens ont manipulé ces tensions et, en 1992-1993, ont organisé des milices en vue d’une purification ethnique. Plus de 5,000 Luba ont été ainsi tués. L’Union des nationalistes et des fédéralistes du Congo (UNAFEC), un parti dirigé par certains des instigateurs de la violence au début des années 1990, utilise des bandes de jeunes pour intimider ses opposants, souvent des Luba. Les chefs de la jeunesse de ce parti ont exhorté leurs militants à soumettre leurs adversaires au supplice du collier en leur passant un pneu enflammé autour du cou. La violence au nord Katanga est étroitement liée à des acteurs politiques installés à Kinshasa. Pendant la guerre, Laurent Kabila a créé dans la région des milices Maï-Maï afin d’endiguer l’avancée des rebelles soutenus par le Rwanda. Ces milices, qui recevaient des armes de Kinshasa jusqu’en 2004, n’ont pas été intégrées dans l’armée nationale, et se battent souvent entre elles ou contre l’armée au sujet de taxes locales et de butins de braconnage. Il est plus que temps que les acteurs concernés s’attellent à ces problèmes. Il incombe au gouvernement de prendre la responsabilité du maintien de la sécurité dans la province. Ce dernier doit prendre des mesures concrètes en vue d’intégrer les milices Maï-Maï dans l’armée nationale, et d’arrêter les commandants coupables de crimes de guerre. Après avoir épuisé toutes les voies pacifiques, le gouvernement devrait déployer des brigades de l’armée intégrée au Katanga afin de démanteler les groupes armés récalcitrants. La Mission de l’Organisation des Nations Unies au Congo (MONUC) doit être associé à ces opérations. Elle a déjà prouvé son efficacité face à Katanga: la crise oubliée de la RDC Crisis Group Rapport Afrique N°103, le 9 janvier 2006 des milices similaires dans le district de l’Ituri, où elle a démobilisé 14,000 combattants; et les milices du Katanga ne sont pas aussi bien armées et organisées. Cependant, l’augmentation des effectifs pour la province (un bataillon de 800 hommes) autorisée fin 2005 par le Conseil de sécurité est largement insuffisante. La brigade de 2,590 hommes demandée par le Secrétaire général est indispensable. Enfin au Katanga, comme ailleurs dans le pays, la mauvaise gouvernance et l’impunité sont des parents proches de la violence. Des responsables utilisent des chaînes de commandement parallèles dans l’armée et l’administration pour protéger leurs intérêts propres et détourner les deniers publics. La justice est trop faible et trop politisée pour en venir à bout. Les niveaux actuels de corruption et d’abus de pouvoir sont en eux-mêmes des sources d’instabilité qui menacent la transition et pourraient compromettre les élections. De plus, des politiciens mécontents risquent de tirer profit de la faiblesse de l’État pour causer des troubles et contester les résultats des élections. Les bailleurs de fonds doivent dès à présent prendre une position plus ferme contre la corruption et l’impunité. Leur aide financière (plus de la moitié du budget national actuel) leur donne les moyens d’imposer une supervision plus stricte de la gestion des fonds, comme au Libéria. Les bailleurs de fonds doivent également apporter un appui plus ferme aux institutions congolaises chargées de la bonne gouvernance qui tentent actuellement de juguler la corruption, tels que les tribunaux et les commissions parlementaires. RECOMMENDATIONS Au Gouvernement de transition de la République démocratique du Congo: 1. 2. 3. Page ii 4. Discuter ouvertement au parlement du rapport de la Commission Lutundula sur les marchés, notamment les contrats miniers conclus pendant la guerre, et publier la liste de ceux impliqués; 5. En vue de prévenir la corruption dans le secteur minier, prendre les mesures suivantes: (a) bannir les contrats de complaisance telles que les concessions ou exonérations fiscales à l’exportation de minerais accordées à des sociétés par des représentants de l’État en échange de commissions ou d’autres avantages; (b) donner à l’Office des douanes et accises (OFIDA) des moyens lui permettant de tester les minerais, de former et de rémunérer suffisamment ses agents; 6. Promulguer des lois sur le financement des campagnes et des partis politiques afin de renforcer les perspectives d'élections libres et justes en mars 2006, et inclure dans la loi électorale des dispositions interdisant et punissant sévèrement les discours d’incitation à la haine, particulièrement ethnique; 7. Réaffirmer que la Commission nationale de désarmement, de démobilisation et de réinsertion (CONADER) est seule responsable de démobiliser les groupes armés au Katanga, et empêcher d’autres acteurs comme le Programme œcuménique de paix, de transformation des conflits et de réconciliation (PAREC) d’organiser des programmes parallèles. Au Conseil de sécurité des Nations Unies, au Secrétaire général et à la MONUC: 8. Arrêter les commandants militaires Maï-Maï et d’autres groupes armés du Katanga suspectés de violations des droits de l’homme, en réservant une attention spéciale aux présumés responsables des événements survenus à Ankoro en 2002, à Kilwa en octobre 2004, et des troubles en cours dans la zone Mitwaba-Pweto-Manono-Dubie; Comme demandé par le Secrétaire général des Nations Unies, augmenter de 2,590 hommes les troupes de la MONUC afin de déployer une brigade complète au nord Katanga et la doter d’une mission claire autorisant des opérations de ratissage et de démilitarisation, comme celles qui ont été menées dans l’Ituri; 9. Déployer des unités de l’armée nationale intégrée (FARDC) et de la MONUC dans le nord et le centre du Katanga afin d’amener les milices à intégrer l’armée ou à se démobiliser; Donner des instructions à la MONUC afin qu’elle s’acquitte de son mandat de surveillance de l’embargo sur les armes, en particulier dans les aéroports de Lubumbashi et de Kalemie; 10. Appuyer la formation d’un groupe de bailleurs de fonds qui se concentrerait sur la lutte contre la corruption et les malversations, et qui lierait l’assistance aux réformes politiques et administratives, tel que proposé par le Secrétaire général. Se conformer à l’Accord global et inclusif pour l’intégration totale des services de sécurité, de l’administration et du système judiciaire au Katanga afin que toutes les composantes du gouvernement de transition soient représentées dans ces organes; Katanga: la crise oubliée de la RDC Crisis Group Rapport Afrique N°103, le 9 janvier 2006 À l’Union Européenne et ses États membres, les États-Unis et d’autres bailleurs de fonds et membres du Comité international d’accompagnement de la transition (CIAT), la Banque mondiale et le Fonds monétaire international (FMI): 11. Lier l’aide des bailleurs de fonds aux réformes politiques et administratives, et mettre sur pied un groupe de suivi composé des principaux pays donateurs ainsi que de la Banque mondiale et du FMI, lequel garderait un œil sur la corruption et les malversations, en collaboration avec les institutions congolaises chargées de la bonne gouvernance. Au Katanga, ce groupe suivrait en particulier: (a) la corruption à l’OFIDA, dans le secteur des mines et les parastatales, notamment la Société nationale des chemins de fer du Congo (SNCC) et la Gécamines; (b) la création d’un mécanisme de contrôle efficace pour le test et l’exportation des minerais; (c) la fin des structures de commandement parallèles et l’intégration des services administratifs, judiciaires et militaires; Page iii 12. Appuyer la réforme de l’OFIDA et son équipement, entre autres avec des facilités de laboratoires permettant de tester les minerais destinés à l’exportation; 13. Prendre les mesures appropriées afin de s’assurer que les entreprises internationales opérant en RDC respectent les lois nationales et les normes internationales, et prévoir l’imposition de sanctions contre les sociétés nationales défaillantes. Aux sociétés et négociants internationaux du secteur des mines et à l’Organisation internationale du travail: 14. Convenir d’un code de bonne conduite se préoccupant des conditions de vie et de travail des employés, et se conformant aux réglementations congolaises ainsi qu’aux normes internationales; 15. En collaboration avec les associations locales des droits de l’homme, mettre sur pied un fonds fiduciaire pour appuyer la rémunération équitable, la réinstallation, les droits fonciers, les soins médicaux et la formation des mineurs artisanaux. Nairobi/Bruxelles, le 9 janvier 2006 Rapport Afrique N°103 9 janvier 2006 KATANGA: LA CRISE OUBLIÉE DE LA RDC I. INTRODUCTION1 La province du Katanga a un passé chargé en troubles civils. À l’époque coloniale, ses mines de cuivre, de cobalt et d’uranium constituaient les plus grandes sources de revenus du pays. Administrée par un Comité spécial du Katanga jusqu’en 1910, la province ne sera entièrement intégrée à la colonie belge qu’en 1933. Lors de l’indépendance en 1960, Patrice Lumumba est élu premier ministre et entreprend la création d’un gouvernement central fort, une démarche plutôt mal vue par les leaders katangais. Quelques semaines après l’indépendance, la Confédération nationale du Katanga (CONAKAT), le parti de Moïse Tshombe appuyé par des intérêts belges et américains, fait sécession engendrant un conflit entre Lumumba et les puissances occidentales. Ce conflit provoquera finalement la chute du premier ministre et à son assassinat. L’armée nationale congolaise, conduite par Joseph-Désiré Mobutu,2 et la mission de maintien de la paix des Nations unies seront dans l’incapacités de mater l’insurrection jusqu’en janvier 1963. Bien plus tard en 1977 et 1978, l’ancienne police (les “Gendarmes katangais”) de l’État de Tshombe, sous le commandement de Jean Nguz Karl-I-Bond et du général Mbumb Nathanael, attaqueront de nombreuses villes du sud Katanga à partir de bases angolaises. Ce n’est que grâce à l’aide de troupes étrangères que Mobutu viendra à bout des deux rébellions. L’élan séparatiste s’estompe au début des années 1990, lorsque Mobutu attise les tensions entre les immigrés Luba et les natifs du Katanga afin d’affaiblir son opposant le plus farouche, Etienne Tshisekedi, un Luba du Kasaï oriental. Mais déjà à cette époque, la parastatale 1 Pour les rapports les plus récents sur la RDC, voir Crisis Group Briefing Afrique n° 34, A Congo Action Plan, 19 octobre 2005; Crisis Group Briefing Afrique n° 25, The Congo: Solving the FDLR Problem Once and for All, 12 mai 2005; et Crisis Group Briefing Afrique n° 91, The Congo’s Transition is Failing: Crisis in the Kivus, 30 mars 2005. 2 Mobutu est chef d'état-major jusqu'en 1965, lorsqu’il se proclame premier ministre à la faveur d’un coup d’État. En 1972, il change son nom en Mobutu Sese Seko Kuku Ngbendu Wa Za Banga. Gécamines (Générale des carrières et des mines), qui loge et couvre les besoins sociaux de 33,000 travailleurs, s’effondre suite à une mauvaise gestion. Le chômage et la misère qui s’ensuivent constituent un terrain fertile pour le recrutement de jeunes sans autres perspectives économiques. Les alliés de Mobutu dans la province blâment la population urbaine des Luba d’avoir volé leurs emplois. C’est ainsi qu’en 1992-1993, des purges ethniques ont mené au massacre de 5,000 personnes et au déplacement forcé de quelques 1,350,000 individus. En 1997, la prise du pouvoir par Laurent-Desiré Kabila, un Luba du Nord Katanga et père du président actuel, occasionne de nouvelles tensions dans la politique agitée de la province. Les hommes politiques du nord de la province descendent dans la capitale provinciale et prennent les commandes des forces de sécurité et de l’administration, suscitant une rancoeur parmi les sudistes se sentant écartés du pouvoir et des richesses de leur région. Au lieu de promouvoir la réconciliation, l’État sévit avec des mesures de sécurité draconiennes. À deux reprises en 2005, les hommes autour du président Joseph Kabila ont évoqué la menace de sécession en vue d’arrêter et d’intimider des hommes politiques du sud. Si la guerre civile qui a ravagé la pays a pu mettre en veilleuse les tensions intercommunautaires katangaises, les élections présidentielles, législatives et provinciales prévues en Avril ou Mai 2006 les ont ravivées. L’Union des nationalistes et des fédéralistes du Congo (UNAFEC) a recruté de bandes de jeunes chargés d’intimider les opposants, lors de démonstrations de force qui ne sont pas sans évoquer les violences ethniques antérieures. Le président Kabila, qui utiliser l’UNAFEC pour mener sa campagne électorale au Katanga, endossant implicitement les actes d’intimidation et le discours incendiaire de ce parti. La guerre de 1998 a également militarisé le nord de la province. Laurent Kabila créa à l’époque des milices locales de Maï-Maï pour endiguer l’avancée des forces soutenues par le Rwanda. Tandis que la menace ennemie s’est estompée, les milices se sont enracinées, constituant aujourd’hui l’un des plus graves du pays. Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 II. LA SÉCURITÉ A. LES MAÏ-MAÏ DU NORD KATANGA Les Maï-Maï constituent la plus grande menace contre la sécurité du Katanga, et ils sont la principale cause du déplacement de 310,000 habitants dans la province. Il existe pas moins de dix-neuf chefs de guerre dans les territoires du nord et du centre, lesquels commandent des bandes (estimées par l’ONU compter entre 5,000 et 8,000 hommes) qui maltraitent la population locale3. Cette violence est étroitement liée à des membres du gouvernement de transition. Des responsables comme le général John Numbi, commandant de l’armée de l’air, et Aimé Ngoy Mukena, l’ancien gouverneur du Katanga ayant contribué à la création et l’approvisionnement de ces milices, semblent aujourd’hui incapables ou peu désireux de démanteler ces dernières. De leur côté, les commandants Maï-Maï sont peu désireux d’intégrer l’armée nationale abandonnant ainsi le contrôle des ressources locales. Ces Maï-Maï sont un phénomène relativement récent dans le Katanga.4 Tandis que, comme ailleurs dans l’est de la RDC, ils constituent une force de défense locale recrutée et organisée selon l’appartenance tribale, leur émergence au Katanga n’a pas été aussi spontanée que dans les Kivus. Pour Laurent Kabila, le Nord Katanga était stratégiquement significatif à l’ouverture des hostilités en 1998, car il voulait empêcher l’armée rwandaise d’atteindre la base militaire congolaise de Kamina ainsi que, la capitale provinciale, Lubumbashi, ce qui aurait isolé le président de sa région natale et d’importantes ressources minières. En réaction, il a mis sur pied des groupes armés, notamment les Forces d’autodéfense populaire (FAP), les Cœurs d’acier (Moyo wa Chuma) et les Maï-Maï. Des membres de haut rang de son gouvernement, notamment Mwenze Kongolo, Ngoy Mukena, John Numbi et Kyungu wa Kumwanza, y ont pris part en 1999.5 Les FAP, les plus notoires, Page 2 étaient souvent dirigées par des commandants proches de Laurent-Désiré Kabila. Kinshasa a distribué des armes légères et des munitions dans le Nord Katanga, sans former, ni intégrer les nouvelles milices dans l’armée nationale de l’époque, les Forces armées congolaises (FAC). Suite à la mort de son père début 2001, Joseph Kabila décide de dissoudre les FAP et ordonne leur intégration dans la police. Néanmoins, ses ordres sont largement ignorés, en particulier dans les campagnes. En effet, des autorités comme le gouverneur Aimé Ngoy Mukena et le commandant régional, le général John Numbi, arment d’autres groupes, en particulier au nord, dans la territorire Malemba Nkulu. Après que le Dialogue inter-Congolais ait commencé en 2001, la communauté internationale traite les groupes MaïMaï des régions du Kivu comme des acteurs indépendants dans la transition. Les accords de paix signés en 2002 à Sun City et à Prétoria leur octroient des postes au parlement, dans l’administration provinciale et l’armée.6 Les Maï-Maï du Katanga, cependant, ne bénéficient pas du même traitement. Les politiciens du nord recourent à 7 des relations familiales et des envois d’armes pour maintenir le contrôle sur les différents chefs militaires, entretenant ainsi une milice privée, laquelle pourrait s’avérer utile en cas d’échec de la transition. L’absence d’une chaine de commandement pour les Maï-Maï du Katanga et leur manque de représentation politique dans les institutions de transition compliquent les négociations. 1. La perte de contrôle À la fin de l’année 2002, les Maï-Maï sont déjà devenus une menace réelle pour la population locale et un casse-tête pour les responsables locaux qui les ont armés et semblent maintenant incapables de les contrôler. Les quelques dixneuf différents groupes, variant d’une centaine de combattants à plusieurs milliers, se battent tant entre eux que contre l’armée nationale pour les concessions minières, le contrôle des taxes et les opportunités de braconnage dans le parc national d'Upemba. 3 Entretien de Crisis Group avec un officiel de la MONUC, novembre 2005. 4 Le phénomène Maï-Maï remonte au moins à l’époque où Pierre Mulele et Gaston Soumialot, avec l’appui du jeune Laurent Kabila, ont pris la tête des premières rébellions MaïMaï contre le gouvernement, après l’assassinat de Patrice Lumumba en 1961. 5 Communication de Crisis Group avec un responsable de la MONUC, juin 2005. Mwenze Kongolo était ministre de la Justice sous Laurent Kabila; Ngoy Mukena est un ancien gouverneur du Katanga; John Numbi commandait la milice JUFERI avant qu’il ne devienne commandant militaire de la province, puis commandant de l’armée de l’air; Kyungu wa Kumwanza était gouverneur du Katanga sous Mobutu, et il est actuellement parlementaire. 6 Les postes qui sont réservés aux Maï-Maï sont notamment treize sièges au parlement, le ministère de l’environnement , la direction de la province du Katanga, et le commandement de la neuvième région militaire à Kisangani. Le gouvernement de Joseph Kabila a coopté la plupart de ces officiels. 7 Ngoy Mukena est l’oncle du commandant Maï-Maï Makabe; John Numbi est le cousin de ce dernier, et le commandant Chinja Chinja est son beau-frère. Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 En novembre 2002, les Maï-Maï, sous le commandement de Mukalay Jean “Deux-Mètres”, se brouillent avec des troupes de l’armée nationale à Ankoro, la ville natale de Laurent Kabila.8 Les deux camps se déchaînent s’attaquant à la population locale. Selon des organisations des droits de l’homme, plus de 100 civils sont tués, et 75,000 déplacés.9 Bien que ne constituant qu’un seul incident parmi tant d’autres dans la province, cet la violence de l’accrochage force les autorités nationales à prêter plus d’attention à la région. Les autorités provinciales et nationales envoient de nombreuses délégations pour négocier avec les Maï-Maï en 2002 et 2003, mais il s’avère difficile de désarmer ces derniers. Les commandants sont réticents à l’intégration dans l’armée nationale, laquelle pourrait les deployer en dehors de leur région natale. En outre, avec un niveau de formation et d’entraînement souvent faible, ils risquent d’être marginalisés. Le 15 septembre 2004, le nouveau gouverneur, Kisula Ngoy, organise à Kamina une table ronde avec les MaïMaï et les chefs traditionnels du nord. Cependant, craignant d’être arrêtés, les leaders Maï-Maï les plus importants refusent d’y participer10, envoyant seulement des représentants, voire une simple lettre. Comme on devait s’y attendre, les résolutions de la table ronde sont restées lettre morte. Par la suite, les relations avec le gouverneur se sont rapidement détériorées, lorsqu’il a rejeté les exigences quant aux grades dans l’armée, des postes dans la fonction publique et des subventions d’enseignement en faveur des combattants démobilisés. Par ailleurs, les autorités n’ont pas exercé tellement de pression militaire. Il est de notoriété publique que le général Numbi, le commandant de l’armée de l’air, a supervisé de grosses livraisons d’armes à l’aéroport de Lubumbashi jusqu’en mai 2004, 11 et il aurait bien pu en donner une partie aux Maï-Maï.12 Ceux-ci, ne voyant aucun avantage à la démobilisation, et en l’absence d’une Page 3 force les contraignant à le faire, ont continué à maltraiter la population. 2. Saisissant l’occasion, le pasteur Ngoy Mulunda, qui, à une certaine époque, était proche de Laurent Kabila, indiqua qu’il désarmerait et démobiliserait les groupes en leur offrant des vélos en échange de leurs fusils. Cependant, son organisation, le Programme oecuménique de paix, transformation des conflits et réconciliation (PAREC),13 a plutôt exacerbé les tensions entre les milices. En février 2005, Mulunda avait déjà distribué 1, 300 vélos dans le district du Haut-Lomami, et il affirmait avoir reçu 2,000 armes;14 mais très peu de ces dernières ont été vues ou remises aux autorités. Mulunda a commencé les négociations avec les commandants Maï-Maï Chinja Chinja et Bakanda Bakoka et, apparemment autorisé à parler au nom du gouvernement, leur a promis des grades au sein de l’armée. Le 8 février 2005, il a organisé une cérémonie publique à Lubumbashi avec les deux commandants. À cette occasion, il a affirmé avoir récupéré 540 mitrailleuses, 156 grenades et 20 flèches empoisonnées, contre 800 vélos. Tandis qu’il a récolté des succès dans les villes d’Ankoro et Bukama,15 Mulunda a été chassé de Kongolo et dénoncé par les Maï-Maï de Luena et Kamina, qui se sont plaints de ne pas avoir reçu leurs vélos. Les 14 et 15 mars, des Maï-Maï mécontents qui n’avaient pas reçu de vélos mirent à sac le village de Katala du centre de la province, tuant près de 30 personnes et en déplaçant 2,000 autres.16 Le 8 avril 2005, après une forte pression internationale, en particulier de la MONUC, Chinja Chinja a été arrêté à Kinshasa pour violation des droits de l’homme. Par la suite, l’activité des milices a largement cessé dans son territoire natal de Kitenge. Néanmoins, son arrestation a 13 8 Selon des sources locales, l’armée avait commencé à arrêter les Hutus rwandais, ce qui a suscité des tensions avec les Maï-Maï, leurs alliés d’hier. Le vase déborde lorsqu’un soldat abat un Maï-Maï. 9 Mark Dummett, “Congo government troops kill 100 civilians”, Reuters, 21 novembre 2002. Une enquête de la MONUC des mois plus tard confirme au moins 70 victimes et précise qu’il pourrait y en avoir eu beaucoup plus. 10 Entretien de Crisis Group avec un officiel de la MONUC, juin 2005. 11 Rapport du groupe d’experts de l’ONU sur l’embargo contre les armes, document S/2004/551, 15 juillet 2004, p. 20. 12 Entretien téléphonique de Crisis Group avec des groupes des droits de l’homme, septembre 2005. Il a été signalé que les armées et les munitions ont disparu du camp de police Mutombo, à Lubumbashi. Des vélos pour acheter la paix Le pasteur Mulunda dit qu’il est le conseiller spirituel du président Kabila. Auparavant, il occupait une position élevée dans l’Église méthodiste en Tanzanie et au Kenya et était proche de Laurent Kabila pendant de nombreuses années. Il a par le passé utilisé son influence pour réconcilier Joseph Kabila avec d’anciens opposants comme Moïse Katumbi, et, plus récemment, il a aidé à résoudre un conflit entre deux sociétés minières, la CHEMAF et Anvil Mining, à Lubumbashi. L’ONG est affiliée à la Nouvelle Église apostolique qu’il a fondée, et ses actions seraient étroitement liées avec des efforts de conversion au nom de l’église. 14 Associated Press, 18 février 2005 et 5 mai 2005. 15 Entretien de Crisis Group avec une ONG internationale, Lubumbashi, juin 2005. 16 David Lewis, “Women attacked and mutilated in Congo attack”, Reuters, le 7 avril 2005; entretiens de Crisis Group avec des officiels humanitaires à Lubumbashi, juin 2005. Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 également compliqué la démobilisation, les autres chefs des milices refusant de discuter avec les autorités sous prétexte que les négociations renfermaient un piège. Tandis que le nouveau commandant régional, le général Widi Divioka, a commencé les pourparlers avec le général Maï-Maï Gédéon Kyungu en octobre 2005, la plupart des autres commandants évoluent encore en tant que chefs de guerre autonomes. Entre-temps, les actions de Mulunda ont compliqué les affaires pour la Commission nationale de démobilisation et de réinsertion (CONADER), laquelle est responsable de la démobilisation de tous les groupes armés congolais.17 La commission a trouvé sur le terrain un autre programme parallèle lorsqu’elle a débuté son activité au Katanga en début 2005. Malgré l’ouverture d’un site de démobilisation à Kamina le 15 août, aucun Maï-Maï n’avait été démobilisé à la fin de l’année 2005. Un groupe de 300 combattants patiente au centre de Kamina depuis trois mois, recevant peu de nourriture et de soins de santé. On indique qu’un autre groupe de 400 attend d’entrer dans le processus à Manono.18 La CONADER était supposée ouvrir des sites à Kalemie en juillet 2005 et à Lubumbashi en 2006, mais des problèmes de logistique ont entraîné des retards.19 17 Les FARDC, l’armée nationale congolaise, sont responsables du désarmement de tels groupes. 18 Entretien de Crisis Group avec la CONADER et des officiels de l’État, novembre 2005. 19 Un centre d’orientation mobile a été ouvert à Kalemie en août 2005. On donne aux anciens combattants le choix de retourner dans la vie civile ou de continuer dans la nouvelle armée intégrée. À la sortie du camp, les combattants démobilisés reçoivent 110 USD en liquides (50 USD pour le transport, 10 USD pour les rations, et 50 USD comme subvention). La CONADER fait également le suivi des combattants démobilisés, lesquels reçoivent une indemnité mensuelle de 25 USD pendant une année, ainsi qu’une formation professionnelle. Le centre est financé par le Programme multi-pays de démobilisation et de réinsertion (PMDR), une action menée conjointement par diverses agences, sous les auspices de la Banque mondiale, et qui appuie la démobilisation et la réinsertion des anciens combattants dans sept pays de la région des Grands-Lacs. En RDC, le programme a bénéficié de 200 millions USD et existe depuis novembre 2004; mais sa mise en œuvre a été plutôt lente. Le transport est souvent difficile à trouver, irrégulier ou carrément introuvable; en outre, il coûte substantiellement plus que les 50 USD versés. Ainsi, les anciens combattants passent souvent des jours, voire des semaines, sans abri ni nourriture (à moins que des ONG n’interviennent), dans des centres d’orientation supposés les accueillir pour une seule journée. Au Katanga, seul un des trois centres fixes est opérationnel; et seules deux agences ont été approuvées pour assurer la formation professionnelle des anciens combattants. La CONADER a également rencontré des difficultés dans le paiement de l’indemnité mensuelle; une fois qu’ils retournent à la campagne, les anciens combattants sont difficiles à localiser, et les infrastructures de paiement souvent n’existent pas. Des 1,200 combattants démobilisés jusqu’en 2005, seuls 827 Page 4 Alors que les problèmes de transport et de logistique handicapent la démobilisation dans le pays, les obstacles politiques sont également considérables. Les Maï-Maï du Katanga se plaignent que même si Laurent Kabila et ses associés leur ont réservé un traitement préférentiel pendant la guerre, il leur a été refusé des postes au sein de l'armée. Le gouverneur Ngoy, supposé avoir été nommé par les Maï-Maï, doit réellement sa position aux pressions du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) de Joseph Kabila. À la mi-novembre 2004, la sixième région militaire a offert aux groupes Maï-Maï l’occasion d’envoyer des combattants à la base militaire de Kitona afin de se joindre à la deuxième brigade intégrée de la nouvelle armée congolaise (FARDC). Les commandants ont accepté d’en envoyer 115, tout en refusant eux-mêmes de quitter la brousse, et depuis peu de choses ont changé sur le terrain. 3. La chasse de Gédéon Pendant la période pré-électorale, l’armée a commencé des opérations à l’est de la RDC contre les milices qui échappent toujours au contrôle du gouvernement. Après s’être attaquée contre le Mouvement révolutionnaire congolais (MRC) dans l’Ituri et les Maï-Maï dans les Kivus, elle s’en prit aux Maï-Maï du nord Katanga en novembre 2005. La première cible fut le commandant Gédéon, basé aux alentours de la ville de Dubié. À ce stade, les Maï-Maï n’étaient plus utiles à leurs anciens patrons, tandis que leurs abus rendaient certains leaders des Luba du Katanga (“Lubakat”) de Kinshasa, dont Joseph Kabila, impopulaires auprès de la population locale.. Des sources locales ont critiqué l’armée pour s’être déployée à Dubié alors que Gédéon est signalé 75 km de là, dans la localité de Kato. Le comportement des troupes a été également mis en cause. Un montant de 245,000 USD promis par l’état-major pour les soldes ne s’étant pas encore matérialisé début décembre, les soldats commencaient à harceler les habitants. Les opérations ont causé le déplacement de 49,000 personnes, s’ajoutant aux 70, 000 déplacés internes se trouvant dans cette zone, mais un commandant local affichait une indifférence totale envers le problème estimant que ‘l’on ne pouvait faire d’omelette sans casser des œufs’.20 Quant à la MONUC, occupée à préparer le référendum ont reçu l’indemnité mensuelle. Entretiens de Crisis Group avec des officiels de la CONADER en RDC, novembre 2005. 20 Entretien de Crisis Group avec un commandant local des FARDC, novembre 2005. Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 constitutionnel,21 elle manquait tant de moyens logistiques que de troupes pour intervenir. B. LA POLITIQUE IDENTITAIRE Dans la politique katangaise, l’identité est le moyen essentiel utilisé pour s’assurer du soutien des électeurs, et l’ethnicité sera une corde sensible pendant la campagne électorale. Il existe deux sources de divisions. 1. Le conflit entre les “originaires” et les “nonoriginaires” L’immigration majeure au Katanga a commencé avec l’établissement de l’industrie minière en 1906. La Belgique a importé de la main-d’oeuvre d’autres régions, en partie suite au manque de travailleurs locaux qualifiés, mais également dans l’espoir que les immigrés constitueraient une force plus docile. Des immigrants sont venus d’aussi loin que le Rwanda jusqu’à Kolwezi, Kambove, Likasi, Lubumbashi, Kipushi et Shinkolobwe.22 Cependant, la majorité provenait du groupe ethnique Luba du Kasaï, en particulier du sud-est pauvre et négligé de cette province. À l’indépendance, les Luba avaient en main une bonne partie de l’administration et des affaires de la province Katangaise, suscitant le mécontentement et l’antagonisme des autres communautés.23 Moïse Tshombe et son mouvement, la Confédération nationale du Katanga (CONAKAT), usèrent de ce mécontentement pour exiger plus de pouvoir pour les locaux dans l’administration. En outre, les tensions entre Tshombe et les Luba s’aggravèrent lors de l’indépendance, lorsque la communauté kasaïenne choisi le camp de Patrice Lumumba contre le sud sécessionniste. Le ministre de l’intérieur du Katanga, Godefroid Munongo, orchestra les premières opérations de purification ethnique contre les Luba, et l’ONU évacua de la province la majeure partie de la communauté.24 21 Les 18 et 19 décembre 2005, les électeurs congolais ont approuvé à plus de 80 pour cent une nouvelle constitution. La MONUC y a affecté une bonne partie de ses ressources, en particulier des troupes et des moyens de transport aérien, pour aider avec l’inscription des électeurs sur les listes électorales et le référendum lui-même. 22 Kabuya Lumuna Sando, Nord-Katanga 1960-1964, de la sécession à la guerre civile, le meurtre des chefs (Paris, 1992), p. 12. 23 Les Luba constituent aujourd’hui 20 pour cent de la population totale du Katanga, et 40 pour cent de celle de Lubumbashi. 24 Georges Nzongola-Ntalaja, “States, Borders and Nations”. Document présenté à la conférence annuelle, Centre of African Studies, University of Edinburgh, 19-20 mai 2004. Les forces onusiennes faisaient partie de l’Opération des Nations unies au Congo (ONUC). Page 5 La manipulation de l’ethnicité se poursuivit même après que Mobutu eut écrasé la sécession. Face à la faiblesse de l’État et du soutien populaire, l’identité devint l’un des cris de ralliement de son régime, lequel utilisa dans les années 1980 les clivages ethniques pour diviser l’opposition et augmenta le nombre de Kasaïens dans l’administration publique du Katanga, ainsi que dans l’armée et la police. L’essentiel de l’appareil répressif de l’État et les mines étant sous le contrôle de ces “étrangers”, les natifs du Katanga formèrent la Fondation katangaise, tandis que les communautés en provenance des autres provinces mirent sur pied leur propre Association culturelle de “non-originaires” afin de défendre leurs intérêts. Les divisions ethniques et régionales constituèrent la toile de fond de la violence des années 1990. L’autorité de Mobutu commençant à s’effriter et ses ressources financières à se tarir avec la perte des alliances de la guerre froide, il se vit obligé de faire des concessions envers le mouvement démocratique. L’opposition politique et les leaders de la société civile participèrent à la Conférence nationale souveraine (CNS) en 1991-1992, laquelle devait guider la transition. Le principal adversaire de Mobutu était Etienne Tshisekedi, le leader kasaïen de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Afin de diviser l’opposition, Mobutu attira le Katangais Jean Nguz Karl-I-Bond hors de la coalition de Tshisekedi, le nomma premier ministre en 1991 et désigna son associé, Gabriel Kyungu wa Kumwanza, gouverneur du Katanga. Ensemble, le premier ministre et le gouverneur entreprirent alors de recruter les jeunes Katangais sans emploi dans leur nouveau parti politique, l’Union des fédéralistes et des républicains indépendants (UFERI), et sa milice de jeunes, la JUFERI. À la fin des années 1980, l’économie du Katanga tomba en dépression après l’effondrement de la Gécamines, qui créa des milliers de chômeurs. Une telle situation constitua un terrain fertile pour le recrutement de la JUFERI. Lorsque la CNS élit Tshisekedi premier ministre en 1992, l’UFERI adopta une politique explicite de purification ethnique contre les Luba dans les principales villes minières du Katanga, Kolwezi en particulier. Le gouverneur Kyungu prit la tête de la campagne, accusant les Luba d’être la cause des problèmes économiques de la province, et les soupconnant de vouloir usurper le pouvoir au Katanga après avoir fait la même chose à Kinshasa. Selon l’ONU, les milices de la JUFERI tuèrent plus de 5,000 personnes et en déplacèrent 1,350,000 de plus en 1992 et 1993.25 Les forces de sécurité provinciales détinrent 75,000 personnes dans des conditions 25 Rapport sur la situation des droits de l’homme au Zaïre présenté par Roberto Garreton, rapporteur spécial de l’ONU, décembre 1994, document ONU n° E/CN.4/1995/67, principalement les sections 107 et 108. Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 inhumaines jusqu’à ce que des organisations humanitaires les évacuèrent vers le Kasaï, où la plupart d’entre elles n'avaient jamais mis les pieds. Ces dernières années, les tensions se sont estompées et de nombreux Kasaïens sont revenus à Lubumbashi et à Likasi, mais pas à Kolwezi où la plupart des tueries eurent lieu. Néanmoins, l’on ne manque pas de noter qu’il y a très peu de débat public au sujet de la violence. De nombreux Katangais “natifs” croient que même si les attaques contre les Kasaïens furent terribles, elles leur permirent de reprendre contrôle de l’économie provinciale. Les Kasaïens, en particulier ceux qui ont connu la purification ethnique, abordent la campagne électorale avec prudence, mais la nouvelle génération prend mal l’exclusion politique de sa communauté dans la province, et beaucoup de jeunes kasaïens ont adhéré à l’UDPS. Les tensions entre les Katangais de souche et les Kasaïens se sont maintenant cristallisées au sein d’une rivalité de plus en plus violente entre les partis de l’UDPS et de l’UNAFEC. 2. Les divisions entre le nord et le sud Dans l’imaginaire politique katangais, la province est divisée en deux: le Nord (les districts du Tanganyika et du Haut-Lomami) et le Sud (districts de Kolwezi, du Haut-Katanga et de Lualaba).26 Il existe des différences ethniques entre les deux régions: le Nord est à prédominance Lubakat et Hemba, tandis que le Sud est peuplé essentiellement des tribus Lunda, Bemba et Songwe. Les régions sont également distinctes économiquement. L’économie du nord est presque entièrement agricole; et cette région est parfois appelée par dérision “le Katanga inutile” par les sudistes. Par contre, les mines de cuivre et de cobalt donnent au sud plus de sources de revenus.27 Les sudistes acceptent mal la prédominance des nordistes aussi bien dans l’arène provinciale que nationale, et ils sont persuadés que leurs richesses minières leur donnent droit à une plus grande représentativité à Lubumbashi et à Kinshasa. Ces différences politiques font leur apparaissent en 1960, lorsque les membres nordistes de l’assemblée provinciale choisissent le camp du premier chef de gouvernement du Congo, le nationaliste Patrice Lumumba, contre les sécessionnistes sudistes. Après que Tshombe ait lancé son mouvement d’indépendance, les hommes politiques nordistes créent une milice, la “Jeunesse des Baluba du Katanga” (JEBAKAT).28 Lorsque le Katanga fait 26 Kabuya Lumuna, op.cit., p. 23. Les exceptions notables sont une cimenterie à Kabimba et des mines de cassitérite autour de la ville de Manono. 28 Eric Kennes et Munkana N’ge, Essai bibliographique sur Laurent-Désiré Kabila (Paris, 2003), p. 54. 27 Page 6 sécession, le nord constitue une République populaire de Lualaba, indépendante, à laquelle les troupes de Tshombe mettent fin en mars 1961, en s’emparant de Manono, sa capitale.29 Tandis que les tensions nord-sud s’estompent sous Mobutu, elles refont surface avec Laurent Kabila. Le père de celui-ci vient du nord, et sa mère du sud; mais luimême et son fils Joseph favorisent les nordistes dans leurs gouvernements respectifs. En effet, des six gouverneurs passés du Katanga, un seul, Katumba Mwanke, est sudiste, tandis que les cinq autres sont des Lubakat.30 Et seuls sept sur 45 directeurs des appareils de l’administration, de la justice et de la sécurité du gouvernement provincial viennent du sud. Lorsque Laurent Kabila prend le pouvoir en 1997, une large partie de ses troupes sont des Katangais du sud, ceux qu’on appelle les “Tigres katangais”, des descendants des forces de Tshombe ayant fui la province après l’échec de la sécession.31 Environ 2,000 d’entre eux prennent part à l’insurrection contre Mobutu. Cependant, dès le départ, des conflits surgissent entre eux et Laurent Kabila. En 1997, pendant que ses rebelles approchent de Kinshasa, Kabila arrête Jean Delphin Muland, un commandant katangais de haut niveau, ainsi que vingt autres officiers à Lubumbashi, pour ‘indiscipline’. Craignant de perdre le pouvoir au profit de ce groupe, le Président écarte les Tigres lorsqu’il forme son gouvernement. Certains de ces commandants prennent mal le fait qu’après s'être battus pour le régime de Kinshasa pendant sept ans, ils ont maintenant moins de pouvoir que les politiciens. Tandis que ces troupes constituent une grande partie de la garde présidentielle, Joseph Kabila redoute un coup d’État et marginalise davantage les officiers du sud du Katanga. Par exemple, les Katangais du sud sont en partie tenus pour responsables de l’assassinat de Laurent Kabila en 2001: Eddy Kapend, un ancien Tigre katangais, est toujours en prison, accusé d’être le cerveau du complot. Célestin Kifwa, le Sud Katangais et chef de la garde présidentielle, est suspendu en 2004 après une tentative de 29 Ibid, p. 79. Kyungu wa Kumwanza, Gaëtan Kakudji, Thadée Ngoie Mulume, Aimé Ngoie Mukena et Kisula Ngoie. 31 De nombreuses générations de sudistes servent dans l’armée angolaise après que les Gendarmes katangais de Tshombe aient pris le chemin de l’exil en 1964 et en 1965, et elles seront rejointes par des jeunes mécontents de Mobutu. Elles sont utilisées par les Portugais pour combattre l’indépendance de l’Angola, mais elles choisissent bientôt le camp du MPLA contre l’UNITA et le FNLA appuyés par Mobutu. Elles sont formées par l’armée angolaise et reçoivent plus tard un appui rudimentaire leur permettant de lancer leurs attaques au Zaïre en 1977 et 1978. 30 Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 coup d’État avortée à Kinshasa.32 L’incident de Kilwa en octobre 2004 et une tentative de sécession alléguée au Katanga en avril 2005, tous deux décrits plus bas, fournissent autant de prétextes pour l’arrestation d’autres Sudistes. La plupart des Sudistes jugent que les prochaines élections sont une occasion unique d’avoir une plus grande représentativité politique. Pendant un programme télévisé de la RTNC/Katanga en mai 2004, un groupe d’hommes politiques du Sud a dénoncé la nomination du gouverneur Ngoy car il est Lubakat.33 Lorsque Joseph Kabila visite Lubumbashi à la suite du complot de sécession allégué d’avril 2005, des hommes politiques du Sud lui soumettent des griefs similaires. Tandis que ces tensions ne sont que peu répandues parmi la population en général, elles font néanmoins partie de la rhétorique des politiciens katangais, qui l’utilise pour semer la peur et se rallier des soutiens. Les autorités à Kinshasa et à Lubumbashi instrumentalisent aussi en partie la question NordSud à l’orée des élections.34 3. Les troubles urbains et la lutte électorale Les divers conflits prévalant dans la province annoncent une saison électorale tendue. Tandis que tous les grands partis congolais sont représentés au Katanga, seuls quelques-uns jouissent d’un soutien significatif. Les protagonistes dans les élections présidentielles seront l’UNAFEC, qui appuiera probablement Kabila, ainsi que l’UDPS et le PPRD. Les deux autres anciens belligérants, le Mouvement pour la libération du Congo (MLC) et le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), sont 35 relativement faibles au Katanga. Des partis provinciaux 32 La plupart des observateurs ont conclu que la tentative, menée par le major Eric Lenge, un commandant de la garde présidentielle, et de nombreuses douzaines de soldats, était juste un montage ou visait seulement à faire peur au président. On a plus tard donné à Kifwa un poste différent. 33 Le programme a été télévisé le 24 mai 2004. “Sécession du Katanga, premier mai 2005”, Action Contre l’Impunité pour les Droits Humains, p. 7. 34 Entretiens de Crisis Group avec des diplomates et des autorités congolaises, Kinshasa, juin et juillet 2005. 35 Le MLC est le parti d’anciens hommes politiques de l’UFERI qui se sont rangés du côté de l’ancien premier ministre Nguz Karl I Bond contre Kyungu, lorsque le parti s’est scindé en deux en 1996. En conséquence, et même si le MLC cherche à attirer les électeurs Luba modérés de Kamina, il compte essentiellement sur les supporters de Lualaba, le district natal de son leader actuel, Jacques Mudib Nguz. Le responsable du RCD au Katanga est Banza Mukalay. Ce parti est considéré comme étant pour les Banyamulenge du haut plateau du nord. Sa réputation a été ternie par des crimes commis pendant la Page 7 plus petits tels que la Confédération nationale congolaise (CONACO)36 et l’Union nationale des démocrates fédéralistes (UNADEF) pourraient recueillir des voix lors des élections législatives et locales, mais ils risquent d’être submergés par les ressources des grands partis. Toutefois, il reste possible que de petits partis du sud forment une coalition contre Kabila, avec l’appui de groupes de la société civile tels que Solidarité katangaise. La seule divergence de taille entre les trois principaux partis au Katanga porte sur la Constitution: l’UDPS et l’UNAFEC sont pour un système politique fédéraliste, tandis que le PPRD appuie le modèle d’un État unitaire contenu dans la Constitution qui a été approuvée en 37 décembre 2005 par référendum. Comme ailleurs dans le pays, la campagne sera basée sur l’ethnicité et la remise en question de la moralité des adversaires. Il est probable que ce type de discours, spécialement entre des partis ayant une forte assise ethnique comme l’UNAFEC et l’UDPS, donne lieu à des épisodes violents. L’on se rappellera que l’UNAFEC fut créée en 2001, pendant les négociations de Sun City; elle est dirigée dans la province par Gabriel Kyungu wa Kumwanza, un populiste, et au niveau national par Honorius Kisimba Ngoy, le ministre de la Justice plus modéré. Certains membres de premier plan de l’UNAFEC étaient également membres de l’UFERI pendant les purges ethniques du début des années 1990. Le parti jouit d’un soutien majoritaire parmi les groupes ethniques Balubakat et Bahemba, lesquels constituent 30 pour cent de la population katangaise. Sa formation pour la jeunesse, la JUNAFEC, utilisée pour rallier des soutiens, assurer la sécurité pendant les démonstrations et intimider les adversaires, est constituée de neuf groupes, qui, selon leurs chefs, totalisent environ 4,500 membres dans la province.38 N’ayant pas été reconduit dans ces fonctions de gouverneur en Mai 2004, Kyungu annonça qu’il se présenterait aux guerre et sa tendance pro-rwandaise. À Lubumbashi, ses militants sont essentiellement des activistes qui n’ont aucune autre option, ou des opportunistes qui ont adhéré au parti en 2003 en vue de s’assurer d’une position dans le parlement de transition. 36 La CONACO est dirigée par André Tshombe, et elle est similaire aussi bien dans ses politiques que dans son discours au parti de son père, Moïse Tshombe. L’UNADEF est dirigé par Christian Mwando et a une certaine assise électorale dans le sud de la province. 37 Ce fait a été constaté en décembre 2004, lorsqu’une délégation de sénateurs est venue à Lubumbashi mener des consultations sur l’élaboration d’un projet de nouvelle constitution. 38 Ces groupes sont notamment la Brigade des Martyrs, les Zoulous, les GSS, les Enfants perdus, la Brigade Rouge, les Invisibles, les Amazones et les Scorpions. Entretien de Crisis Group avec Jean Umba, président de la JUNAFEC, Lubumbashi, juin 2005. Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 présidentielles contre Joseph Kabila. Pendant de nombreux mois, les militants de l’UNAFEC accusèrent régulièrement Kabila et les membres du PPRD à Kinshasa d’avoir trahi les intérêts katangais. Cependant, en septembre 2004, Kyungu annonça qu’il dirigerait la campagne de Kabila au Katanga.39 Le parti fera toutefois campagne séparément et contre le PPRD dans les élections législatives et locales. Cette approche disjointe irrite considérablement de nombreux membres du PPRD, qui désapprouvent le style et le discours incendiaire de Kyungu. En septembre 2005, les militants des deux partis se sont affrontés lors de funérailles à Lubumbashi.40 Néanmoins, le risque de violence est plus grand entre l’UNAFEC et deux autres groupes: l’UDPS, représentant les intérêts de la plupart des Kasaïens dans la province, ainsi que Solidarité katangaise, qui bien que formellement une ONG et non un parti politique, se positionne comme un acteur politique de taille ralliant les intérêts du sud. Bien qu’il n’y ait pas eu de sondages faisant autorité dans le Katanga, la rivalité serrée de l’UDPS et du PPRD à Kinshasa (dans la plupart des sondages nationaux, Tshisekedi devance Kabila)41 s’est transposée dans la province natale du président. L’UDPS dispose lui aussi d’un groupe de “combattants” chargé d’organiser les démonstrations et de protéger les leaders. Au cours des années 2004 et 2005, les groupes de la JUNAFEC ont souvent interrompu les meetings de l’UDPS et ont affrontés les membres de cette dernière. Lors d’un incident de juin 2005 à Lubumbashi, un membre des services de sécurité congolais, qui a attaqué les bureaux de l’UDPS appartenait également à la JUNAFEC, ce qui tend à confirmer la complicité de certaines autorités locales dans ces accrochages.42 Accusant le gouvernement de mauvaise gestion de la transition et de truquage du processus électoral, Tshisekedi insiste qu’il ne prendra pas part aux élections de mars. Mais qu’il participe ou non, la rivalité UDPS-UNAFEC sera à coup sûr une source de tension dans la province. La seconde cible de l’UNAFEC est Solidarité katangaise, une ONG s’occupant principalement d’éducation civique et de développement, et qui ces derniers temps a acquis une grande visibilité. Elle est dirigée par le bâtonnier du barreau 39 Entretiens de Crisis Group avec la société civile à Lubumbashi, juin 2005. 40 “Bagarre autour des funérailles d’un proche du PPRD et celui de l’UNAFEC”, Radio Okapi, le 13 septembre 2005. 41 Selon un sondage effectué par Facilitas Consulting dans diverses provinces du pays en août 2005, Tshisekedi gagnerait 26 pour cent des voix dans les élections présidentielles, suivi de Joseph Kabila avec 17 pour cent, tandis que 30 pour cent des électeurs étaient indécis. Dans les élections législatives, l’UDPS gagnerait 32 pour cent, suivi du PPRD avec 20 pour cent. 42 Crisis Group fut témoin de cet événement le 25 juin 2005. Page 8 de Lubumbashi, Jean-Claude Muyambo,43 et revendique des milliers de membres.44 Tandis qu’elle est plus active dans le sud (Muyambo dirige également Sempya, l’association culturelle des groupes ethniques Babemba, Balamba et Balala), elle a entrepris en 2005 des projets de développement et des programmes d’enseignement dans des régions du centre et du nord. Certaines autorités katangaises redoutent que Muyambo utilisera son organisation pour rallier des soutiens lors des élections, et ont tenté de l’intimider à plusieurs reprises.45 En juin 2005, le cabinet du gouverneur a suspendu le statut d’ONG de Solidarité katangaise, accusant Muyambo d’engagement politique. Et le 17 août 2005, des jeunes de la JUNAFEC appartenant au groupe Zoulous tentèrent de mettre le feu au bureau de Solidarité à Lubumbashi, avant que la police ne les disperse. Plus s’accroît l’appui dont bénéficie Muyambo, plus il devient menaçant pour l’UNAFEC et Kabila. Son importance a été rehaussée quand il a accueilli Olivier Kamitatu, président de l'assemblée nationale et un acteur important des élections, lors d’une visite d'octobre 2005.46 Les déclarations de l’UNAFEC sont devenues de plus en plus hostiles à son égard ces derniers mois. En octobre 2005, lors de l’inauguration d’un nouveau bureau à Lubumbashi, un leader de la jeunesse du parti, Juvénal Kitungwa, dénonça à la télévision locale ceux qui voulaient diviser les Katangais. 47 Il se moqua des” albinos”, une référence tacite à Muyambo, qui est moitié Néerlandais, et affirma que c’étaient des “serpents”. Il ajouta que son groupe, les Brigades des Martyrs, avait l’obligation de les attraper et de les brûler avec un pneu enflammé autour du cou. Son collègue, Umba Lungange, dénonça à son tour Muyambo comme étant une chauvesouris, moitié oiseau, moitié souris, et se demanda comment un être pareil pouvait donner un conseil à qui que ce soit. Il précisa aux téléspectateurs que s’ils voyaient passer une “chauve-souris”, il fallait l’attraper, la brûler et la manger. Il conclut en disant que la province ne pouvait être dirigée que par ceux qu’il appelait des “fils du 43 Muyambo est le co-fondateur du Centre pour les droits de l’homme, à Lubumbashi. Il a été également conseiller juridique au ministère des Mines, sous Laurent Kabila. 44 Entretien de Crisis Group avec Me Jean-Claude Muyambo, Lubumbashi, juin 2005. 45 Entretiens de Crisis Group avec une ONG locale, Lubumbashi, juin 2005. 46 Kamitatu est un membre important du MLC, mais en novembre 2005, il courrait des rumeurs qu’il était en train de se préparer pour quitter le parti et former une alliance avec de nombreuses autres personnalités, notamment Muyambo. 47 Juvénal Kitungwa est le président provincial de la JUNAFEC, tandis que Umba Lungange est le président provincial intérimaire de l’UNAFEC. Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 Katanga”.48 On notera que même si Solidarité katangaise n’a pas annoncé son intention de soutenir des candidats lors des élections, l’UNAFEC se sent manifestement menacée par la popularité de ce mouvement. La mollesse de la réaction des autorités envers un tel discours de haine fait planer le doute quant à leur éventuelle complicités. Il est vrai qu’après l’indignation de la MONUC et de diplomates basés à Lubumbashi, le gouverneur provincial dénonça ce discours, tandis que le ministre de la Justice Ngoy, lequel est également président de l’UNAFEC, demanda qu’une enquête soit menée. Mais il parlait en qualité de président de parti, et ne demanda pas au procureur de la République de se saisir du cas.49 Même si Kitungwa et Lungange sont temporairement interdits d’antenne, ils restent membres de la JUNAFEC et accusent la MONUC d’avoir gonflé l’affaire. L’institution nationale chargée de la régulation des médias ferma la chaîne de télévision (RTIV) qui avait fait passer l’intervention pendant quinze jours, une période jugée insuffisante par de nombreux diplomates et les ONG locales. À titre de comparaison, presque à la même période, l’organe en question interdit pendant trois mois deux journaux de Kinshasa pour avoir publié une information affirmant que le président Kabila avait fait un don en espèces à des écoles tanzaniennes.50 Les déclarations des responsables de la JUNAFEC rappellent étrangement le discours que tenait l’UFERI pendant la purification ethnique du début des années 1990. Mais il n’y a pas de quoi s’en étonner outre mesure: certains anciens leaders de ce mouvement sont aujourd’hui à la tête de l’UNAFEC, notamment Kyungu wa Kumwanza et le général John Numbi. S’il est peu probable que l’UNAFEC puisse s’adonner à une violence similaire, il y a lieu de suivre de près ses actions et son discours afin de prévenir l’escalade. C. LE KATANGA À L’HEURE DE KINSHASA: LE POSITIONNEMENT POLITIQUE À LA VEILLE DES ÉLECTIONS 1. La politique des mines Le Katanga est potentiellement la province la plus riche de la RDC: elle renferme 34% des réserves mondiales du cobalt, et 10% de celles du cuivre. Sous le régime de Mobutu, la Gécamines contrôlait les mines et employait 48 Intervention télédiffusée par la radio-télévision Inter Viens et Vois le 8 octobre 2005. 49 Entretien téléphonique de Crisis Group avec des diplomates, Kinshasa et Lubumbashi, 12 novembre 2005. 50 Ibid. Page 9 plus de 33,000 personnes,51 mais depuis 1993, son infrastructure s’est presque complètement effondrée, et la production du cuivre et du cobalt ne constitue plus qu’une infime partie du volume antérieur.52 Même si certaines grandes sociétés internationales reviennent progressivement, l’exploitation minière reste en grande partie artisanale.53 L’effondrement de la Gécamines a forcé l’entreprise à conclure des partenariats avec de petits entrepreneurs, parfois douteux, ce qui a ouvert le secteur minier aux rackets. Après l’arrivée au pouvoir de Laurent Kabila en 1997, les relations politiques à Kinshasa déterminèrent dans une grande mesure l’accès aux contrats miniers. Ayant au départ autorisé l’exploitation artisanale, le Président donna au gouvernement du Zimbabwe l’accès à la Gécamines par le canal d’intermédiaires, en échange d’un soutien militaire dans la guerre contre le Rwanda et les rebelles du RCD. Le Zimbabwe, représenté par Billy Rautenbach (nommé directeur de la Gécamines in 1999), ne put tirer profit de la société paraétatique presque moribonde, et le gouvernement de Kabila commença à s’engager dans des joint-ventures avec de petites sociétés étrangères. Les trois rapports de la Commission de l’ONU sur l’exploitation illégale des ressources naturelles de la RDC décrivent comment des responsables proches de la présidence de la République ont aidé des sociétés étrangères à avoir accès à des concessions de la Gécamines, contre rémunération.54 Tandis qu’aux termes 51 George J. Coakley, “The Mineral Industry of Congo (Kinshasa)”, U.S. Geological Survey, 2002. 52 La Gécamines a été forcée de se séparer de deux tiers de son personnel, réduisant ses effectifs à 10,000 employés. La Banque mondiale a contribué 40 millions USD à un régime de retraite anticipée, un montant qui s’est avéré insuffisant car on n’avait pas pris en considération le rôle que la société jouait dans les services sociaux et dans les domaines de santé et d’enseignement. 53 Pour une analyse plus approfondie de l’exploitation minière artisanale au Katanga, voir “Rush and Ruin – The Devestating Mineral Trade in Southern Katanga, DRC”, Global Witness, septembre 2004, et “La paix sous tension: dangereux et illicite commerce de la cassitérite dans l’est de la RDC”, Global Witness, juin 2005. Les grandes sociétés d’exploitation minière industrielle qui restent sont Forrest Malta, appartenant à un ressortissant belge né au Congo; Anvil Mining, une société australienne cotée sur la bourse de Toronto; et deux entreprises états-uniennes, OM Group, Inc. et American Mineral Fields. D’autres sociétés qui ont acquis des concessions et des droits d’exploitation n’ont pas encore commencé les opérations. 54 Victor Mpoyo (ministre à la présidence), Mwenze Kongolo (ministre de la Sécurité nationale) et Katumba Mwanke (ministre à la présidence après Mpoyo) ont été suspendus par Joseph Kabila de leurs postes dans le gouvernement après avoir été cités par la Commission d’experts de l’ONU. Kongolo et Mpoyo ont quitté le service public pour fonder le parti Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 de la loi congolaise, toutes les opérations minières étrangères doivent se faire sous forme de joint-ventures, des officiels donnent souvent des concessions au rabais moyennant une commission. L’ONU et les groupes des droits de l’homme ont également accusé les sociétés étrangères de ne pas respecter les clauses contractuelles de partage du profit.55 Des ONG locales accusent des investisseurs de connivence avec les autorités en payant de généreuses commissions ou en leur donnant une part de participation afin qu’ils puissent enfreindre impunément les réglementations minières et environnementales.56 En 2002, le gouvernement de Kinshasa a publié le nouveau code minier élaboré avec l’assistance de la Banque mondiale, et qui visait à attirer des investisseurs étrangers grâce à des taxes réduites. Il rationalisait également le processus d’acquisition des concessions par l’usage d’un contrat type et la définition de directives en matière d’environnement, de main-d’œuvre et des finances. La Banque mondiale espérait que la Gécamines serait progressivement privatisée, une approche qui avait dicté les taxes attrayantes. Cependant, la plupart des opérations minières sont encore de petites joint-ventures avec des investisseurs étrangers modestes, disposant de moyens limités. La corruption et l’incertitude de l’environnement sécuritaire ont empêché les gros investissements. Pourtant la situation a commencé à changer, et les experts miniers prévoient un regain d’intérêt après les élections.57 Tandis que le code minier dicte les conditions régissant les nouveaux venus, les anciens contrats restent valides. Certaines clauses contiennent des exonérations fiscales ou autorisent l’exportation de minerais non traités, ce qui a été interdit par un décret présidentiel depuis 2003. En outre, les mineurs artisanaux et les agents des douanes se font facilement berner car ils n’ont pas les moyens de Page 10 déterminer la teneur des minerais. Cela représente une perte significative pour le Katanga. Ses deux raffineries sont aujourd’hui presque au point mort, car la plupart des minerais sont exportés à l’état brut pour être traité à l’étranger.58 L’application laxiste des réglementations minières a permis à certains membres du gouvernement de transition de continuer à s’impliquer dans la gestion de ressources publiques. Katumba Mwanke, un de ceux qui ont été critiqués par la Commission d’experts de l’ONU et aujourd’hui ambassadeur itinérant, aurait utilisé sa position dans le gouvernement afin d’obtenir des exonérations fiscales substantielles pour le compte d’une société minière au Conseil d’administration e laquelle il appartenait jusqu’à très récemment.59 De même, le viceprésident Yerodia Ndombasi serait intervenu, par le canal de son conseiller juridique, lorsqu’une société dont il était actionnaire fut accusée d’avoir pollué l’eau potable de Lubumbashi en 2004.60 Tandis qu’un registre a été mis en place à Kinshasa en 2004 pour éviter l’ingérence d’individus dans l’acquisition de mines, les hommes d’affaires internationaux signalent que toutes les affaires importantes se négocient toujours avec des responsables politiques de haut niveau.61 La fraude douanière est très répandue. Des minerais tels que le cuivre et l’hétérogénite sont exportés à travers la Zambie sans inspection et sans paiement de droits de douane, avec la complicité des agents des douanes. Les organisations locales ont accusé le gouverneur Ngoy d’être responsable de cette fraude au poste frontière de Kasumbalesa. Lorsque le cabinet-conseils Crown Agents a examiné en 2004 les opérations de l’Office des douanes et accises (OFIDA), il a conclu que de gros volumes de marchandises passent la douane sans qu’ils ne soient 58 politique M-17, tandis que Mwanke a été rappelé pour être ambassadeur itinérant. “Final report of the Panel of Experts on the Illegal Exploitation of Natural Resources and Other Forms of Wealth of the Democratic Republic of the Congo”, 17 octobre 2002, UN S/2002/1146, pp. 7-8. 55 Par exemple, on raconte que l’usine de la société Scories de Terril de Lubumbashi (STL) n’a pas partagé avec la Gécamines des bénéfices provenant d’opérations de traitement, ibid, p. 10. 56 Communication électronique de Crisis Group, ONG des droits de l’homme, octobre 2005. 57 Le nouvel investissement le plus notable est l’achat en 2005 de la concession minière de Tenke Fungurume par la société états-unienne Phelps Dodge, pour 1,6 milliards USD. Tenke renferme une des plus hautes qualités de cuivre dans le monde, et il devrait produire autour de 800 000 tonnes de minerai par an d’ici 2015, le double de ce que produisait la Gécamines quand elle était au zénith, dans les années 1970. David Lewis, “Congo’s Gecamines nears Phelps Deal – CEO”, Reuters, 29 août 2005. Entretien de Crisis Group avec un homme d’affaires international, Kinshasa, novembre 2005. Un exemple donné est la poursuite du paiement de 4% de la taxe d’exportation, contrairement aux 2% contenus dans le code minier. 59 Entretiens de Crisis Group avec des autorités locales et des diplomates, Kinshasa et Lubumbashi, juin-juillet 2005, et archives de Crisis Group. Mwanke a quitté le directoire de Anvil Mining Limited peu après l’incident de Kilwa (voir ci-après). Il s’occuperait également de la gestion des fonds personnels du président Kabila. Sur la Commission d’experts de l’ONU au sujet de Mwanke, voir la note 54 ci-dessus. 60 Entretiens de Crisis Group avec des ONG locales et des officiels de l’ONU, Lubumbashi et Kinshasa, juin 2005. L’entreprise en question était la Société Minière du Katanga (SOMIKA). Voir également “Dossier SOMIKA: Les Lushois derrière Kisula Ngoy contre Yerodia Ndombasi”, Katanga News, le 6 novembre 2004, à l’adresse http://www.katanga news.com/societe09.htm. 61 Entretien de Crisis Group avec des officiels internationaux des mines, Kinshasa, novembre 2005. Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 déclarés, ce qui constitue la plus grande source de perte de recettes douanières du le pays.62 À titre d’exemple, une comparaison entre les statistiques officielles entre la RDC et la Chine pour le cobalt et le cuivre entre avril et mai 2004 montrent que dix fois moins de minerais quitte le Congo en direction de la Chine, que la Chine n’importe de minerais en provenance du Congo.63 Avec le retour au Katanga des grandes sociétés minières et l’accroissement des enjeux financiers, le potentiel de corruption et de l’implication possible de sociétés internationales dans une violence en rapport avec l’exploitation minière va augmenter. 2. L’incident de Kilwa L’incident de Kilwa met à jour les liens étroits entre la politique, les intérêts commerciaux et la violence. Le 14 octobre 2004, à l’aube, cette ville se trouvant sur les bords du lac Mweru fut attaquée et occupée par des combattants sous le commandement d’Alain Kazadi Mukalayi. Selon les enquêtes de la MONUC et des organisations locales des droits de l’homme, Kazadi n’avait que 10 à 30 complices et une poignée d'armes à feu. Il tint un meeting public et déclara qu’il était le leader du Mouvement révolutionnaire pour la libération du Katanga (MRLK), qui avait la bénédiction du président Kabila et du commandant local des FARDC, le colonel Ademar Ilunga. Il distribua alors de l’argent à la population locale, recruta des soldats et saccagea les bureaux de l’administration locale.64 Deux jours plus tard, à la grande surprise de Kazadi, le colonel Ademar Ilunga attaqua les insurgés à partir de sa base de Pweto, une ville avoisinante. Bien qu’il n’y ait pas eu de résistance, les troupes des FARDC rassemblèrent les civils, les accusèrent de collaboration et en tuèrent un bon nombre. Une enquête de la MONUC et des groupes de Page 11 droits de l’homme locaux estimèrent qu’il y avait eu plus d'une centaine de victimes.65 A voir comment l’attaque a été menée, il y a lieu de suspecter une manipulation par des responsables locaux et nationaux. Peu auparavant, Anvil Mining, une société australienne cotée sur la bourse de Toronto, avait rompu les négociations avec la brigade d’Ademar au sujet de la sécurité de son entrepôt. Ces pourparlers se seraient tenus sur les ordres du général John Numbi, qui apparemment y portait un grand intérêt.66 En outre, le mois précédent, de nombreuses troupes des FARDC stationnées dans cette zone avaient été transférées à Kolwezi, apparemment sur les ordres du général. Actuel chef de l’armée de l’air, Numbi était auparavant commandant de la région militaire du Katanga, et il s’immisce souvent dans les affaires militaires de la province. Le jour avant l’arrivée de Kazadi, Ademar avait évacué de la ville de ses armes lourdes et quelques-uns de ses enfants, alors que l’administrateur local avait mis à l’abri ses effets personnels.67 Selon un témoin, lorsque Ademar vit Kazadi à l’hôpital le 16 octobre, ce dernier s’écria: “Tu m’as trahi!”.68 Il est mort en détention quelques jours plus tard, des suites de ses blessures. Tandis qu’il est difficile de déterminer les motifs réels de l’attaque de Kilwa et de la reprise de la ville, il est probable que les combats aient été utilisés par les politiciens de Lubumbashi et Kinshasa. Il se pourrait que toute l’affaire était destinée à rappeler la force de Numbi dans la province et qu’elle visait ses rivaux, notamment Katumba Mwanke, un conseiller proche du président Kabila qui était jusqu’à récemment membre du Conseil d’Anvil Mining, et d’autres politiciens du Sud comme Katebe Katoto, qui avait des intérêts dans la société.69 65 62 “Rush and Ruin”, op. cit., p. 12. Les données fiables sont rares, mais on estime que des millions de dollars de recettes relatives au cuivre et au cobalt sont perdus chaque mois. Des ONG locales telles que la Ligue contre la corruption et la fraude (LICOF) et la Ligue congolaise pour la sauvegarde des droits des consommateurs (LISCO) ont signalé de nombreux cas ces deux dernières années. Leurs révélations donnent l’occasion aux populistes de manipuler la frustration populaire. Les différences décrites cihaut dans les statistiques du commerce avec la Chine donnent la mesure de la dimension colossale de l’évasion fiscale. “Rapport préliminaire sur l’exploitation illégale des ressources naturelles en RD Congo – le pillage s’intensifie”, ASADHO/Katanga, juillet 2004; “Rush and Ruin”, op. cit., p. 13. 64 Entretiens de Crisis Group avec les ONG locales et des officiels de l’ONU, Lubumbashi, juin 2005. Pour plus d’information sur le soulèvement de Kilwa, voir “Rapport sur les violations des droits de l’homme commises à Kilwa au mois d’octobre 2004”, ASADHO/Katanga, janvier 2005. 63 “Sixteenth Report of the Secretary-General on the United Nations Mission in the Democratic Republic of the Congo”, Conseil de sécurité des Nations unies S/2004/1034, décembre 2004, p. 4; “Rapport sur les violations des droits de l’homme”, op. cit., pp. 13-15. 66 Entretien de Crisis Group avec des diplomates à Lubumbashi et Kinshasa, juin/juillet 2005. Numbi aurait demandé 150 USD par soldat par mois et aurait essuyé le refus d'Anvil. 67 “Rapport sur les violations des droits de l’homme”, op. cit. p. 10; interview de Crisis Group, officiels de l’ONU, Lubumbashi et Kinshasa, juin/juillet 2005. 68 Entretien de Crisis Group avec des diplomates, Lubumbashi et Kinshasa, juin/juillet 2005. Il semble que Kazadi était persuadé qu’il avait été trahi, de même qu’il avait cru qu’il avait le soutien de Kabila. Il se rendit plus tard au bureau de Médecins sans frontières leur demander d’utiliser leur radio HF, croyant que la transmission serait reprise par Radio France internationale. 69 Katebe Katoto louait des machines à Anvil Mining. Voir plus loin une description plus détaillée de l’importance de Katebe au Katanga. Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 L’incident fut une occasion pour les autorités de régler certains comptes et d’extorquer de l’argent au passage; les semaines suivantes, une douzaine de personnes (essentiellement des Katangais du sud) étaient arrêtées, accusées d'être associées avec Kazadi, même si une telle association ne fut jamais établie. Et la MONUC de conclure: “tout porte à croire que ce groupe n’était point une bande incontrôlable au sein du mouvement séparatiste global, mais une proie facile pour des manipulateurs qui voulaient créer une situation d’instabilité à Kilwa, et jouer en fait un double jeu.”70 Anvil Mining nie tout rôle dans cette affaire.71 Tandis que cette société a permis à l’armée d’utiliser ses véhicules et ses avions, elle affirme l’avoir fait sous la menace des armes, mais l’enquête de l’ONU conclut que la déclaration de l’entreprise contient des contradictions.72 La Banque mondiale a appuyé Anvil Mining en lui donnant en 2005 une assurance de 10 millions USD par le biais de l’Agence multilatérale de garantie des investissements (AMGI),73 mais elle a été accusée par des ONG de ne pas avoir fait une enquête exhaustive sur le rôle de cette société dans le massacre,74 et elle a demandé à un ombudsman d’examiner l’affaire de plus près. La MONUC a refusé de publier les conclusions de son investigation jusqu’à récemment, se bornant à un communiqué de presse.75 Quel que soit le fin fond de l’histoire, les événements de Kilwa montrent que les intérêts commerciaux mal gérés peuvent contribuer à la déstabilisation du processus de paix; offrant aux donateurs bilatéraux et multilatéraux une raison supplémentaire d’appuyer la réforme dans le pays. 70 «Report on the conclusions of the special investigation into allegations of summary executions and other violations of human rights committed by the FARDC in Kilwa on October 15, 2004”, MONUC, Kinshasa, disponible à l’adresse suivante: http://abc.net.au/4corners/content/2005/MONUC_report_oct05. pdf. 71 Au sujet de la déclaration d’Anvil Mining, voir www.anvil.com.au/documents/2005August23AnvilConfirms That AllegationsAre Unfounded.pdf]. 72 “Report on the conclusions of the special investigation”, op. cit., p. 9. Selon le rapport de l’ONU, Anvil a écrit à ses actionnaires en décembre 2004 que la réaction de l’armée et du gouvernement aussi bien au niveau provincial que national a été rapide et a contribué largement à la reprise rapide des opérations. 73 Eliah Giffenbaum et Shannon Lawrence, “The World Bank in the Democratic Republic of the Congo”, Environmental Defense, disponible à l’adresse suivante: www.ed.org, p. 3. 74 “World Bank support for extractives: complicity in human rights violations?” Bretton Woods Update, septembre/octobre 2005, p. 1. 75 Le rapport est maintenant disponible sur demande écrite adressée au représentant spécial du secrétaire général, l’ambassadeur William Swing. Page 12 3. La tentative de sécession d’avril 200576 En avril 2005, la police et l'armée procèdent à des arrestations à grande échelle à Lubumbashi. André Tshombe, le fils de Moïse Tshombe, celui qui tenta l’indépendance du Katanga dans les années 60, est arrêté avec plusieurs hommes d'affaires, un professeur d'université et 30 officiers des FARDC. Au grand étonnement de beaucoup de gens de la région, le gouvernement annonce le 9 mai qu'il a déjoué une nouvelle tentative de sécession.77 Il affirme que Tshombe avait monté une rébellion, et accuse ceux qu’il a arrêté d’avoir acheté des milliers de machettes. En même temps, Jean-Claude Muyambo de Solidarité katangaise est menacé par les autorités locales, et il lui est intimé l’ordre de ne pas sortir de la ville. Le président Kabila et le général Numbi viennent peu après personnellement de Kinshasa s’enquérir de la situation. Aucune preuve n'a jamais été fournie; mais le complot allégué a permis aux autorités d’arrêter ou d’intimider beaucoup de sudistes considérés comme des rivaux dans les élections de 2006. Tshombe avait des liens avec les Tigres katangais, dont 14,000 environ seraient encore en Angola. Selon les ONG et les journalistes locaux, en 2004, il est à maintes reprises entré en contact avec les Tigres pour le compte de Kabila afin de les encourager à revenir au pays.78 Il est également président de la CONACO, un parti politique dominant à Lubumbashi, et il espère recevoir l'appui des partis belges pour sa campagne de 2006 au Katanga.79 Parmi les personnes qui ont été arrêtées figurent dix colonels des FARDC, principalement des ex-Tigres du sud, en poste au Katanga mais aussi dans d’autres régions éloignées comme l’Équateur.80 Certains d’entre eux s’étaient brouillés peu auparavant avec Numbi.81 76 Un rapport détaillé se trouve dans “Sécession du Katanga, premier mai 2005”, Action Contre l’Impunité pour les Droits Humains, mai 2005. 77 “Trente personnes ont été arrêtées dans cette tentative de sécession alléguée”, IRIN News, 9 mai 2005. 78 Entretiens avec Crisis Group, Lubumbashi, juin 2005. Voir aussi “Sécesssion du Katanga”, op. cit., p. 9. 79 Dans un entretien accordé à un journal local, Le Fédéral, Tshombe a dit qu’il avait été reçu par le président du Sénat belge, ibid., p. 9. 80 Les commandants katangais suivants ont été arrêtés en Equateur: colonel Kabinda Yav, colonel Yav a Yav, major Kadimbili, major Kamboyi et capitaine Nkemba. 81 Cela a été le cas avec le capitaine Itala, commandant du bataillon d’artillerie lourde des GSSP de Lubumbashi, ainsi que le major Jajija, commandant de la police militaire de Lubumbashi. Entretiens de Crisis Group avec des responsables de l’ONU, Kinshasa, juin/juillet 2005. Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 Page 13 D'autres adversaires en vue de Numbi et de Kabila ont été intimidés sans être arrêtés; on peut citer le cas de Muyambo qui, en sa qualité de chef de Solidarité katangaise et de Sempya, pourrait avoir dans les élections une plus grande influence que Tshombe. Il a été interpellé par le procureur local, et il lui a été intimé l’ordre de ne pas sortir de la ville. Il a affirmé que Numbi l'a personnellement menacé, et les soldats des FARDC ont encerclé sa résidence.82 Un autre riche politicien local sudiste, Katebe Katoto, a reporté son retour au Katanga pour lancer la campagne de son parti, l'Union des libéraux pour la démocratie (ULD),83 affirmant avoir reçu des menaces de mort de la part de Numbi. Quant à Vincent de Paul Lunda Bululu,84 l’un des premiers ministres de Mobutu et actuellement chef du Ralliement des socialistes fédéralistes (RSF), il affirme avoir aussi reçu des menaces de la part de Numbi.85 D’autres qui avaient publiquement appelé à la sécession, à la télévision et dans la presse locales, comme les Notables katangais dirigés par Mbenga Sandongo,86 n’ont pas été affectés par la répression. III. LE MAINTIEN DE LA PAIX La gestion de cet incident révèle la persistance d’une structure de commandement parallèle au Katanga. Le général Numbi s’est rendu dans la province pour diriger les enquêtes et présider le conseil de sécurité provincial en lieu et place du gouverneur.87 Selon des sources militaires locales, il a donné des ordres directs aux services de sécurité de Lubumbashi de retrouver et d’arrêter les suspects, passant outre le pouvoir du commandant militaire régional et des autorités civiles locales. 1. 82 Entretien de Crisis Group avec Jean-Claude Muyambo, Lubumbashi, juin 2005. 83 Katebe Katoto est un riche homme d’affaires Bemba du Sud du Katanga qui a fait fortune dans le commerce intérieur. Il est devenu un proche partenaire de l’ancien président Chiluba de Zambie, et il est accusé par l’actuel président Mwanawasa de trafic d’armes et de complot contre sa personne. Après que les enquêtes aient révélé que lui et son frère, Moïse Katumbi, étaient aussi impliqués dans une affaire de détournement de fonds, les autorités zambiennes ont gelé leurs avoirs. Katoto était viceprésident du RCD-Goma au début de la transition, mais il a entretemps fondé son propre parti, l’ULD. 84 Lunda Bululu, un Katangais du sud, a été premier ministre du Zaïre sous Mobutu, 1990-1991, et ministre des Affaires étrangères en 1994-1995. Il a ensuite adhéré successivement aux partis RCD-Goma et MLC avant de lancer son propre parti en 2004. 85 Entretien de Crisis Group avec un politicien local, Lubumbashi, juin 2005. 86 Me Mbenga apparaît fréquemment à la télévision locale pour défendre sa demande de sécession. Il a en outre écrit à l’ONU. Voir www.katanga-freedom.com. 87 Entretiens de Crisis Group, Lubumbashi et Kinshasa, juin/juillet 2005. Le Katanga n'ayant pas connu de grands combats depuis 2001; la communauté internationale a parfois perdu de vue cette province. La MONUC n’a ouvert son bureau de Lubumbashi qu’en janvier 2003, et sa présence y est beaucoup plus réduite qu’à Bukavu, Goma ou Bunia. Jusqu’à récemment, il y avait seulement près de 150 soldats de l'ONU dans cette province, assignés à la protection des installations de l'ONU à Kalemie, sur le lac Tanganyika. Ils n’ont ni le mandat ni les ressources nécessaires pour répondre aux besoins de sécurité du Katanga, et les responsables de la MONUC se rendent rarement dans les zones éloignées du nord et du centre. Tout en saluant la résolution 1635 (du 28 octobre 2005) du Conseil de sécurité, qui a augmenté l’effectif de la MONUC pour permettre le déploiement d’un bataillon de 800 soldats, Béninois pour la plupart, le mandat de cette force n’est pas encore clair. L’intégration des groupes armés et la démobilisation des combattants Comme dans le reste du Congo, les groupes armés du Katanga sont loin de l'intégration dans une structure de commandement commune et cohérente. Au début de la transition en 2003, il y avait trois grands groupes armés: les Forces armées congolaises (FAC) fidèles à Joseph Kabila; l'Armée nationale congolaise (ANC), la branche militaire du RCD-Goma d'Azarias Ruberwa; et divers groupes de Maï-Maï qui, tout en prêtant serment d’allégeance à Kabila, manquent d’unité de commandement et se battent souvent entre eux. Selon une évaluation récente, il y possède environ 20,000 exFAC et ex-ANC et probablement entre 5,000 et 8,000 Maï-Maï au Katanga.88 En outre, au moins 1,000 hommes du Groupe spécial de sécurité présidentielle (GSSP), la force de protection de Kabila, sont déployés à Lubumbashi et Kolwezi, toujours sous son commandement direct. Ces derniers mois, les soldats de la GSSP sont devenus de plus en plus agressifs. Aux barrages routiers, ils harcèlent les populations civiles, les diplomates et le personnel de la MONUC. Fin octobre 2005, ils ont battu un employé local de la MONUC et le mois suivant, ils ont arrêté un diplomate belge et son épouse les menaçant de leurs armes. 88 Entretiens de Crisis Group avec des commandants des FARDC à Lubumbashi et Kinshasa, juin et août 2005. Le recensement effectué par l’armée concernait seulement les combattants ex-FAC et ex-ANC. Les données sur les Maï-Maï proviennent d’un entretien de Crisis Group avec la MONUC, voir note 3 plus haut. Le recensement a révélé que les chiffres sur les troupes des FARDC du Katanga avaient été gonflés de 38 pour cent. Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 L'intégration des forces armées s’est lentement poursuivie dans le Katanga, bien que la grande partie des factions Maï-Maï n’en fasse pas partie. Comme dans la plupart des provinces, deux processus d’intégration parallèles sont en cours: l’un, au niveau national, dans le cadre de l’Accord global inclusif qui a donné jour à la transition, et l’autre, au niveau provincial, à la discrétion des commandants régionaux. Aucune force nationalement intégrée n'a été encore déployée dans le Katanga; mais les commandants provinciaux ont fusionné diverses forces locales. Des soldats ex-ANC (l'aile militaire du RCD), basés dans les villes du nord-est de Kalemie, de Nyunzu, de Kabalo et de Manono, ont été progressivement intégrés dans le sixième commandement militaire régional basé à Lubumbashi. La mutinerie des forces ex-ANC dissidentes à Bukavu en mai 2004 a accéléré la dissolution de l'ancien commandement de l'ANC, du fait que plusieurs anciens commandants très en vue avaient fui le Katanga vers le Sud-Kivu, notamment l’ancien commandant de brigade, le commandant de police de Kalemie et des membres des services de sécurité.89 Le commandant de la force navale ex-FAC, le général Madoa Madoa, a par la suite été envoyé à Kalemie pour y prendre le commandement des forces de la garnison.90 Le processus d’intégration locale a été inégal, quoique quelques Maï-Maï et ex-FAP aient été incorporés dans les huit brigades locales. Des officiers de tous les groupes armés congolais signataires de l'Accord de Prétoria ont été nommés à des postes de commandement régional à Lubumbashi en août 2003. Un commandant ex-MLC, le général Alengbia Nzambe, a été placé à la tête de la sixième région militaire, avec un ex-FAC comme adjoint. Les commandants militaires locaux se sont plaints, cependant, que l'ancien commandement régional était souvent tenu à l'écart du processus de prise de décisions, et que les commandants proches de Kabila continuaient à donner des ordres à travers leurs réseaux militaires personnels. Ces structures de commandement parallèles et le manque de transparence dans l’hiérarchie minent l'unification des groupes armés. Les commandants se soupçonnent mutuellement et rechignent à abandonner le contrôle de leurs hommes. 89 Entretien de Crisis Group avec une ONG internationale, Lubumbashi, juin 2005. Beaucoup de ces responsables étaient des Banyamulenge. Le commandant de brigade, le colonel Fraterne Kibunga, a été arrêté par le colonel Munyamulenge Patrick Masunzu en juin 2004 avec trois autres officiers Banyamulenge et remis premièrement au général John Numbi en juillet 2005, ensuite au tribunal militaire de Lubumbashi. Voir “Le RCD réclame la libération des officiers ex-ANC transférés à Lubumbashi”, 20 juillet 2005, http://www.radiookapi. net/article.php?id=2548. 90 Madoa Madoa, également appelé Lokole, est un excommandant Maï-Maï du Sud-Kivu et un proche de Laurent Kabila. Page 14 Cette situation persiste sous le nouveau commandant MLC de la région militaire, le général Widi Mbulu Divioka. Néanmoins, la situation générale de la sécurité s'est améliorée au Katanga. Des zones comme Kitenge, par exemple, sont maintenant accessibles aux organismes humanitaires, et le nombre de personnes déplacées a diminué. Dans d'autres zones, comme le triangle Mitwaba, Manono et Pweto, où l'armée a lancé une offensive contre le commandant Gédéon en novembre 2005, la violence s’est accentuée depuis le commencement de la transition, alors que des tensions dans les zones urbaines telles que Lubumbashi et Kolwezi ont été aggravées par la fièvre électorale. Comme noté plus haut, la CONADER, la commission nationale chargée de la démobilisation et de la réinsertion des combattants dans la vie civile, a lentement commencé son travail. Après l’ouverture de son centre d'orientation de Kamina en août 2005, des soldats entrant s’y sont souvent retrouves bloqués, sans nourriture ni soins de santé.91 Le manque de centres d'orientation au centre et au nord, où opèrent la plupart des Maï-Maï, impose à de nombreux miliciens de longues marches avant d’accéder au processus d'intégration. Tandis que la CONADER s’est heurtée à des difficultés d’ordre technique, beaucoup de chefs Maï-Maï sont peu disposés à entrer dans le processus d'intégration par peur d’être arrêtés, alors que d'autres se sentent soutenus grâce à leurs liens avec des responsables comme le général Numbi et le gouverneur Ngoy. Les initiatives de démobilisation parallèles du pasteur Mulunda ont ajouté davantage de confusion au processus. La démobilisation des Maï-Maï nécessite tant le bâton que la carotte. Les conditions de transport et de vie dans les centres de regroupement et d'intégration doivent être améliorées afin de prendre soin de miliciens qui ont patienter des mois afin d’entrer dans le processus. Les autorités doivent mener des enquêtes approfondies sur des commandants comme Gédéon qui ont été accusés de violations des droits de l'homme, et les arrêter si ces allégations sont prouvées. 92 Les autres officiers devraient être appelés à occuper des postes dans l'armée nationale, tel qu’appliqué aux commandants des Maï-Maï dans les Kivus. Les FARDC devraient envoyer des brigades intégrées contre les Maï-Maï récalcitrants, comme cela fut le cas dans le district de l’Ituri, où, en dépit de problèmes 91 Voir note 19 plus haut. Le groupe de Gédéon est actif à Mitwaba et a été accusé par beaucoup d’habitants d’avoir commis des atrocités, dont le cannibalisme. 92 Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 logistiques et d’irrégularité de paiement des salaires, les première et quatrième brigades intégrées ont avec l’aide de la MONUC repoussé les milices hors de plusieurs villes et limiter leur champ d’action. Cependant, aucune brigade intégrée n'a encore été déployée au Katanga. Comme décrit ci-dessous, la coopération de la MONUC est essentielle, non seulement pour l'appui tactique, mais également afin d’éviter que les FARDC ne maltraitent la population. Les Maï-Maï du Katanga sont mal organisés et se rendraient probablement très vite face à un programme de démobilisation et d’intégration suffisamment médiatisé. La CONADER est maintenant fonctionnelle, et elle devrait être la seule dans la province à être chargée de la démobilisation et de la réinsertion. Des initiatives du type “vélos contre fusils” 93 du pasteur Mulunda doivent être découragée parce qu'elles ajoutent à la confusion des combattants et donnent lieu à des violences. 2. Le déploiement de la MONUC et son mandat Bien que le niveau de violence au Katanga atteigne celui qu’ont connu le Kivu et l’Ituri pendant la même période, la MONUC a déployé au Katanga moins de 1,000 sur les 17,000 hommes que comptent ses troupes.94 Le Comité international pour l’accompagnement de la transition (CIAT), l’organe basé à Kinshasa qui coordonne les actions des principaux intervenants étrangers en RDC, soulève rarement des problèmes concernant le Katanga. Le troisième rapport spécial du secrétaire général de l’ONU sur la RDC (du 16 août 2004) a recommandé la création d'une brigade forte de 3,500 hommes pour le Katanga et le Kasaï, avec quartier général à Kamina, et déployant des bataillons à Kalemie, Lubumbashi et Mbuji-Mayi, plus un bataillon de réserve à Kamina. La résolution 1565 (du 1er octobre 2004) du Conseil de sécurité, cependant, n'a pas suffisamment augmenté les effectifs pour permettre la création de cette brigade. Le secrétaire général a réitéré son appel en faveur de cet accroissement de troupes dans un rapport spécial sur les élections présenté en mars 2005, en demandant que le plafond des effectifs soit porté à 19,290, y compris une brigade forte de 2,590 hommes pour le Katanga et le Kasaï. Étant donné la réticence de certains membres du Conseil de sécurité, particulièrement les États-Unis, à accroître le budget de la mission, cette proposition ne fut 93 Mulunda a visité Kongolo et Malemba Nkulu en juin et juillet 2005. 94 A la fin de 2005, la MONUC comptait environ 150 agents de maintien de la paix à Kalemie avec le mandant de protéger les installations de l’ONU. Une partie des 800 soldats supplémentaires était arrivée à Lubumbashi et Kamina sans aucune mission particulière. Page 15 pas suivie d’effet.95 Lorsque le mandat de la MONUC a été renouvelé pour un an en novembre 2005, le Conseil n’a autorisé que 300 unités supplémentaires, ce qui est très inférieur aux besoins. Selon le Département des opérations de maintien de la paix de l'ONU, la disponibilité de ces troupes permettra le déploiement d'un bataillon d’environ 800 Casques bleus au Katanga, avec des bases à Kamina, Lubumbashi et Kalemie.96 Ce déploiement se heurte maintenant à des contraintes administratives et logistiques qui occasionnent des retards. En outre, sa mission exacte dans la province devrait être plus claire, de sorte qu’il puisse y conduire des opérations comme celles qui sont menées dans l’Ituri, notamment des patrouilles agressives, des opérations de ratissage, et l'établissement de zones démilitarisées. À la fin décembre 2005, une police de 125 agents d’origine indienne est arrivée pour faire des patrouilles. Ce nombre est cependant trop petit pour qu’ils puissent opérer audelà de Lubumbashi et de ses environs. Le déploiement de la MONUC a frappé de consternation les responsables militaires locaux, qui veulent éviter l'ingérence dans leurs activités, en particulier à l'aéroport de Lubumbashi. Le 28 octobre 2005, un membre du personnel local de la MONUC, qui aidait les nouvelles troupes qui y sont déployées, a été battu par des soldats du GSSP. Les autorités locales se plaignent que radio Okapi, la radio de la MONUC, porte atteinte à la réputation du président Kabila, et le GSSP a intimidé son personnel.97 3. La bonne gouvernance et l’abus de pouvoir Un État faible permettant à des individus de se servir de leurs fonctions officielles à des fins de pouvoir ou d’enrichissement personnel est en partie la racine du disfonctionnement politique du Katanga, comme de toute la RDC. Les exonérations d'impôt, l'attribution frauduleuse des concessions minières et les structures de commandement administratif et militaire parallèles en sont des exemples. La mauvaise gestion contribue directement à la violence. Le salaire maigre et irrégulier des soldats, par exemple, a fait de l'armée nationale, les FARDC, une menace considérable contre la sécurité des populations civiles 95 Entretiens de Crisis Group avec des diplomates, New York, juin 2005. 96 Entretien de Crisis Group avec un responsable de l’ONU, Kinshasa, novembre 2005. Tandis que seuls 300 soldats supplémentaires ont été autorisés, les effectifs actuels de la MONUC sont de plusieurs milliers inférieurs au plafond du moment, ce qui devrait lui permettre d’y ajouter environ 800 hommes supplémentaires. 97 Entretien de Crisis Group avec un responsable de l’ONU, Kinshasa, novembre 2005. Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 congolaises. Les experts étrangers estiment que sur les 8 millions USD alloués chaque mois aux salaires et rations, près de 3,5 millions à 5,8 millions USD disparaissent. Une grande partie de cette somme détournée passe par le paiement de “soldats fantômes”, mais même les soldats réellement présents ne sont pas toujours payés et ne reçoivent que rarement leurs rations.98 La combinaison de soldats mal payés et des anciennes chaînes de commandement parallèles constitue une situation dangereuse à la veille des élections, qui se voient déjà en train d’être compromises par les machinations des élites politiques de Lubumbashi et de Kinshasa, et dont les résultats pourraient être contestés dans la violence. Les institutions congolaises créées pour assurer la bonne gouvernance ont été stérilisées et sont en grande partie négligées par la communauté internationale. Les réformes judiciaires tardent par manque de ressources, mais aussi de volonté politique. La plupart des juges des juridictions supérieures de Kinshasa (y compris ceux de la cour suprême et du conseil supérieur de la magistrature) ont été nommés par Joseph Kabila avant que la transition ne commence. Des lois régissant le Haut Conseil et le statut des juges ont été bloquées pendant plus d'une année, et les juges sont ainsi toujours sous le contrôle du ministère de la justice. La conséquence de cette politisation de la magistrature est que toute action judiciaire impliquant de hauts fonctionnaires et des commandants militaires reste difficile. Aucune enquête sérieuse n’a encore été menée en RDC sur l'incident de Kilwa, ni aucune arrestation ordonnée suite à la tentative de sécession alléguée. Tandis que les cadres de la JUNAFEC ont été suspendus de leur parti après leurs récentes déclarations incendiaires, ils n’ont pas été formellement inculpés de discours d’incitation à la haine. La faiblesse des tribunaux a miné les initiatives louables entreprises par le Parlement et la Cour des comptes. Par exemple, suite à une enquête menée par une commission parlementaire conduite par Grégoire Bakandeja, six ministres et plusieurs fonctionnaires d’entreprises étatiques ont été suspendus pour corruption en janvier 2005, et leurs dossiers transmis au ministère public, mais aucun acte d’accusation n’a été établi jusqu’à présent.99 Page 16 des ressources du secteur minier. Une commission parlementaire dirigée par Christophe Lutundula et soutenue par la Banque mondiale a produit un rapport sur des contrats conclus pendant la guerre, particulièrement pertinent pour la situation du Katanga. Il examine si les contrats sont légaux et s’ils profitent au développement national. Le mandat de cette commission devrait être prolongé, même s’il ne couvre que des contrats signés jusqu’en juin 2003, et il semblerait que certaines entreprises passent outre les recommandations de ce rapport en signant de nouvelles conventions. En outre, ce rapport, qui a été soumis au Parlement en juillet 2005, n'a pas encore été rendu public. Certains politiciens ont essayé de l’étouffer, et Lutundula a reçu des menaces de mort.100 Sans aucune pression extérieure, il n'est même pas certain que ce rapport sera discuté. En attendant, la pression extérieure s’estompe. Le secrétaire général de l'ONU a insisté pour que le Conseil de sécurité fasse de la bonne gouvernance une condition préalable aux élections, et il a proposé que les donateurs créent un “groupe d'amis de la bonne gouvernance”, qui se réunirait régulièrement à Kinshasa pour examiner les allégations de corruption et coordonner les actions de pression sur le gouvernement.101 Lors d'une réunion avec les chefs des missions diplomatiques et avec ses viceprésidents fin octobre 2005, le président Kabila a rejeté la proposition du groupe de donateurs. Beaucoup de membres du CIAT considèrent que la corruption est un mal nécessaire dont il ne faudra s’occuper qu’après l’élection du nouveau gouvernement.102 Sur recommandation des ambassades accréditées à Kinshasa, le Conseil de sécurité a par la suite édulcoré le renouvellement du mandat de la MONUC, abandonnant le groupe de donateurs et limitant la capacité de la mission à promouvoir la bonne gouvernance. De même, l'impunité a permis à des fonctionnaires de continuer à se servir de leur poste afin de s’approprier Il faut que les donateurs revoient leur politique d’ “appropriation congolaise” et subordonnent l’aide à de plus grandes réformes. Ils n’ont pas beaucoup fait pour s’assurer que leur contribution totalisant plus de 50 pour cent du budget de l’Etat ne soit ni gaspillée, ni détournée, contrairement au Libéria, par exemple, où l'aide doit être conditionnée à l'acceptation d'un programme comportant une stricte surveillance des recettes.103 Parlant de priorités, un diplomate en poste à Kinshasa a indiqué que la 98 100 Entretien de Crisis Group avec des diplomates, Kinshasa, novembre 2005. L’armée a continué de payer les 352 000 soldats de l’estimation de 2004, même si son propre recensement portait les effectifs réels à 244 000, et un recensement de l’Afrique du Sud, qui n’est pas encore achevé, estime les effectifs militaires entre 150 000 et 160 000. 99 Entretien de Crisis Group avec le vice-président Azarias Ruberwa, Kinshasa, juin 2005. Entretien de Crisis Group avec un diplomate, Kinshasa, novembre 2005. 101 “Rapport spécial du Secrétaire général sur les élections”, S/2005/320, 26 mai 2005. 102 Entretiens de Crisis Group avec des diplomates à New York, Bruxelles, Paris et Kinshasa. 103 The Governance Economic Management Assistance Program (GEMAP). Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 corruption est un problème qui a existé au Congo pendant des décennies, et qui ne sera pas réglé en quelques mois. Selon lui, il faut d’abord terminer les élections, avoir un gouvernement plus légitime et ensuite parler de la bonne gouvernance et de l’impunité.104 Ce raisonnement est biaisé. Les niveaux actuels de corruption et d'abus de pouvoir constituent en eux-mêmes des sources d'instabilité qui menacent la transition et pourraient compromettre les élections. En l’absence d’institutions légales capables d’appliquer la loi électorale, l'intimidation et la corruption mineront les résultats, et si la question de détournement n'est pas réglée au préalable, l'État congolais ne pourra probablement jamais mettre au point un budget viable, sans parler de sa bonne exécution. Les donateurs ne sont pas impuissants: ils peuvent, par exemple, faire pression sur leurs propres entreprises nationales opérant en RDC afin qu’elles respectent les lois congolaises et les normes internationales, et qu’elles appliquent un minimum de transparence et de responsabilité.105 En outre, s'il y avait une réelle volonté politique, la communauté internationale serait maintenant en meilleure position d’évoquer la question de bonne gouvernance: les signataires des accords de paix ont convenu que le CIAT serait une institution officielle de la transition ayant mandat de conseiller le gouvernement. Après les élections, cette opportunité sera compromise car les donateurs, ayant exprimé leur volonté de réduire le budget ainsi que les effectifs de la MONUC, seront en position de faiblesse.106 104 Entretien de Crisis Group avec un diplomate, Kinshasa, octobre 2005. 105 En Belgique, par exemple, l’intervention et la protection du bureau de Ducroire, l’agence nationale qui assure les entreprises contre les risques politiques et commerciaux dans les pays en développement, devraient être subordonnées à leur respect de la bonne gouvernance au Congo. 106 Entretien de Crisis Group avec des diplomates, Kinshasa, octobre et novembre 2005. Page 17 IV. CONCLUSION Le Katanga risque d’être une des régions les plus violentes de la RDC pendant la saison électorale. Le président Kabila va y rencontrer des adversaires de taille provenant de partis comme l’UDPS ou d’organisations telle que Solidarité katangaise; d’autre part, la démobilisation des Maï-Maï dans le nord et le centre de la province n’a pas fait de progrès tangible. Le déploiement d’unités intégrées de l’armée dans les zones urbaines et le nord, avec l’appui des troupes et de la police de la MONUC, pourrait renforcer la sécurité pendant les élections et faciliter la démobilisation, même si les niveaux de troupes sont trop bas pour faire face à toutes les menaces. Cependant, comme ailleurs dans le pays, les problèmes du Katanga ont été causés par la faiblesse et la corruption des institutions de l’État. La communauté internationale s’est concentrée sur la gestion des crises à l’est du pays, au cas par cas. Le fait qu’elle ait moins insisté sur la responsabilité politique et l’État de droit a permis aux élites au pouvoir de manipuler l’appareil de l’État, y compris l’armée, avec des résultats comme l’incident de Kilwa, la manipulation d’une prétendue tentative de sécession, ainsi que l’intimidation de l’UNAFEC. On ne peut résoudre le problème posé par cet abus de pouvoir qu’en renforçant l’indépendance et la capacité des institutions démocratiques tels que les tribunaux, le parlement et la presse. Les donateurs devraient mettre en place des mécanismes pour lier leur soutien significatif à la bonne gouvernance, en particulier dans le secteur minier. Les entreprises internationales devraient mettre en oeuvre, peut-être avec l’assistance du Bureau international du travail (BIT), un code de bonne conduite en ce qui concerne les conditions de vie et de travail des mineurs, et collaborer avec la société civile congolaise afin de mettre sur pied un fonds fiduciaire chargé de couvrir les besoins de paiement équitable, de réinstallation, de droits fonciers, de soins médicaux et de formation des mineurs artisanaux. Les innovations constatées ailleurs tels que le processus de Kimberly pour le diamant, le GEMAP au Libéria ainsi que les initiatives d’affectation des recettes du pipeline Tchad-Cameroun devraient offrir une fraîche inspiration sur la gestion des vastes ressources naturelles de la RDC; mais paradoxalement, il y a peu de débats examinant ces possibilités. Deux mois avant les élections, le Congo est bien loin des buts fixés par les signataires de l’Accord global et inclusif en 2002. L’intégration de l’armée traîne: fin 2005, seul 18,000 hommes, sur les quelques 160,000 que compterait le pays étaient engagés dans le processus. Une bonne partie de l’administration locale, des services de sécurité et de la justice n’ont même pas encore commencé le processus d’intégration, et de nombreux officiels en place avant Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 la transition restent au pouvoir. Plus important encore, la corruption généralisée et l’abus exagéré du pouvoir amènent à se demander si les élections peuvent produire un gouvernement stable et légitime. À maints égards, le Katanga symbolise tous les problèmes qui se posent à l’échelle nationale. Il est vital de s’atteler maintenant à ces derniers dans cette province, dont les recettes minières constituaient jadis 50 à 80 % Page 18 du budget national. La communauté internationale et les autorités congolaises doivent adopter une vision plus éclairée du processus de paix dans cette province clé afin de prévenir la reprise des combats après les élections, et permettre un véritable développement doublé d’une réelle responsabilité démocratique. Nairobi/Bruxelles, le 9 janvier 2006 Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 Page 19 APPENDIX A CARTE DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO CENTRAL AFRICAN REPUBLIC Gemena or i Ekoli KASAI Bandundu L u kenie Ka s Kinshasa Ilebo Bulungu Kenge San Bena Mweka KASAI BANDUNDU Kananga Mbuji-Mayi Ka Kabalo Kabinda N I A Kamina U Dilolo mb eze Likasi Lubumbashi Solwezi Kipushi Sakania Map No. 4007 Rev. 8 January 2004 UNITED NATIONS Lake Bangweulu I Ndola ZAMBIA Lake Malawi The boundaries and names shown and the designations used on this map do not imply official endorsement or acceptance by the United Nations. Za Kasenga M MALAW Luena Kolwezi T Katanga Plateau Saurimo CONGO Lake Mweru I a ANGOLA DEMOCRATIC REPUBLIC OF THE Mbeya Lulu Luanda Lobito M Kapanga Rukwa Sumbawanga ika KATANGA TANZANIA Kabamba Lu vua Moliro Pweto any go Kahemba Mpala Moba Manono ng an Mwene-Ditu Tabora UNITED REPUBLIC OF Ta s ai Kw N'zeto Kigoma kuga Kalemie Lu Lualaba Tshikapa ATLANTIC OCEAN BURUNDI Makobola Kongolo Lubao Bujumbura Uvira Kasongo Mamba Lusambo OCCIDENTAL Kikwit Butare KIVU MANIEMA Kampala Jinja Lake Victoria Lake HA Pointe-Noire K INS BAS-CONGO Cabinda Mbanza(ANGOLA) Boma Matadi Ngungu SA Kilembwe Kibombo ORIENTAL u kur ilu Kw Brazzaville Lodja Kole ai SUD- Lake Kyoga RWANDA Kigali Lake Kivu Bukavu Kindu Lake Edward Goma U Punia a Lac Mai-Ndombe KIVU T Kutu 200 mi la Ikela Peneluta Lubutu di l in (C o n g o ) Inongo Bolobo Lo ba a la me Ubundu a mi ma ak uap N Tsh Lo Kasese S NORDLu Mbandaka Liranga Butembo U M Boende Lake Albert Beni Kisangani Yangambi UGANDA Bunia Aruwimi Basoko Banalia Bafwasende EQUATEUR Gulu Ituri O CONGO L op a Basankusu long Lu a li Mungbere PROVINCE ORIENTALE o Ki b Watsa Isiro M Oubangu i ng Bolomba 300 km 100 Co Lisala Bumba il 0 200 Ouesso Lu 100 Imese Impfondo National capital District capital City, town Major airport Libreville International boundary District boundary Main road Secondary road Railroad Buta Aketi ala ong Faradje U ele Businga A CONGO Bondo Gbadolite Libenge SUDAN Juba B Zongo DEMOCRATIC Yaoundé REPUBLIC OF THE 0 Bangassou Ubang i Bangui Department of Peacekeeping Operations Cartographic Section Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique N° 103, le 9 janvier 2006 APPENDIX B CARTE DE LA PROVINCE DU KATANGA Page 20 Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique n° 103, le 9 janvier 2006 Page 21 ANNEXE C GLOSSAIRE Accord global et inclusif Accord de paix signé entre les belligérants congolais à Prétoria, en décembre 2002 AMGI Agence multilatérale de garantie des investissements, une branche de la Banque mondiale qui couvre le risque politique ANC Armée nationale congolaise, l’ancienne armée des rebelles du RCD appuyés par le Rwanda BIT Bureau international du travail CIAT Comité international pour l’accompagnement de la transition, un groupe des principaux acteurs internationaux en RDC, une institution formelle du gouvernement de transition basé à Kinshasa CNS Conférence nationale souveraine, convoquée en 1991-1992 par Mobutu pour préparer la transition vers la démocratie CONACO Confédération nationale du Congo , un parti politique d’aujourd’hui dirigé par André Tshombe CONADER Commission nationale de démobilisation et de réinsertion, une institution gouvernementale responsable de la démobilisation CONAKAT Confédération nationale du Katanga, le parti politique sécessionniste de Moïse Tshombe dans les années 1960 EUSEC Commission consultative de l’Union européenne sur la sécurité, une équipe technique de l’UE qui donne des conseils en matière de réforme de l’armée FAC Forces armées congolaises, l’ancienne armée de Laurent Kabila, et plus tard de son fils, Joseph Kabila FAP Forces armées populaires, les milices locales des Maï-Maï dans le nord Katanga FARDC Forces armées de la République démocratique du Congo, armée intégrée composée des anciens belligérants qui participent maintenant au gouvernement de transition Gécamines Générale des carrières et des mines, une société minière publique du Katanga GEMAP “Governance and Economic Management Assistance Program”, une initiative de coopération internationale et de contrôle financier au Libéria Gendarmes katangais Les forces armées de l’État sécessionniste de Moïse Tshombe GSSP Groupe spécial de sécurité présidentielle, la garde présidentielle de Joseph Kabila JEBAKAT Jeunesse Balubakat, une milice de jeunes de l’État sécessionniste du nord du Katanga, 1960-1961 JUFERI Jeunesse de l’UFERI, une milice responsable de purification ethnique dans les années 1990 JUNAFEC Jeunesse de l’UNAFEC, un grand parti politique du Katanga LICOF Ligue contre la corruption et la fraude LISCO Ligue congolaise pour la sauvegarde des droits des consommateurs Luba Communauté ethnique de la province du Kasaï, dont de nombreux membres ont émigré vers les zones urbaines du Katanga Lubakat Communauté ethnique du Nord Katanga, à laquelle appartiennent Laurent et Joseph Kabila Maï-Maï Force de défense locale, d’environ 5,000 à 8,000 au Nord Katanga, qui recrute souvent suivant l’appartenance tribale et fait preuve de croyances religieuses traditionnelles MLC Mouvement pour la libération du Congo, ancien mouvement rebelle dirigé par Jean-Pierre Bemba MONUC Mission de l’Organisation des Nations Unies au Congo, établie pour la première fois en 1999, et maintenant forte de 17,000 Casques bleus Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique n° 103, le 9 janvier 2006 Page 22 MRC Mouvement révolutionnaire congolais, une milice du district de l’Ituri MRLK Mouvement révolutionnaire pour la libération du Katanga, un petit groupe rebelle qui a occupé Kilwa en octobre 2004 OFIDA Office des douanes et accises PAREC Programme oecuménique de paix, de transformation des conflits et de réconciliation, un groupe ecclésiastique qui a mis en place son propre programme de démobilisation au Katanga PMDR Programme multi-pays de démobilisation et de réinsertion PPRD Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie, le parti politique de Joseph Kabila Radio Okapi Station radio de l’ONU en RDC RCD Rassemblement congolais pour la démocratie, ancien mouvement rebelle dirigé par Azarias Ruberwa RSF Rassemblement des socialistes fédéralistes, parti politique katangais dirigé par Lunda Bululu RTIV Radio Télévision Inter Viens et Vois, station de télévision locale de Lubumbashi RTNC Radio-télévision nationale congolaise, une institution publique SNCC Société nationale des chemins de fer du Congo Solidarité katangaise ONG dirigée par des sudistes, engagée dans l’éducation civique au Katanga, qui pourrait rallier l’opposition à Kabila lors des élections SOMIKA Société minière du Katanga, société privée qui exploite la cassitérite et l’hétérogénite Tigres katangais Les descendants des Gendarmes katangais, qui se sont battus pour la sécession du Katanga en 1960 puis s’enfuirent en Angola UDPS Union pour la démocratie et le progrès social, un grand parti d’opposition dirigé par Étienne Tshisekedi UFERI Union des fédéralistes et des républicains indépendants, parti politique responsable de purification ethnique au Katanga dans les années 1990 ULD Union des libéraux pour la démocratie, un parti politique du Katanga dirigé par Katebe Katoto UNADEF Union nationale des démocrates fédéralistes, un parti politique du Katanga dirigé par Christian Mwando UNAFEC Union des nationalistes et des fédéralistes du Congo, un parti politique du Katanga dirigé par Honorius Kisimba Ngoy Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique n° 103, le 9 janvier 2006 Page 23 ANNEXE D A PROPOS DE L'INTERNATIONAL CRISIS GROUP International Crisis Group (Crisis Group) est une organisation non-gouvernementale indépendante à but non lucratif employant plus de 110 personnes réparties sur cinq continents. Ceux-ci conçoivent des analyses de terrain et un plaidoyer de haut niveau dans un but de prévention et de résolution des conflits. L'approche de Crisis Group est fondée sur des recherches effectuées sur le terrain par des équipes d'analystes postés dans divers pays à risque ou à proximité. A partir des informations recueillies et des évaluations de la situation sur place, Crisis Group rédige régulièrement des rapports analytiques rigoureux contenant chacun une série de recommandations pratiques destinées aux décideurs internationaux. Crisis Group publie également "CrisisWatch", un bulletin mensuel de 12 pages offrant une mise à jour régulière et succincte des situations de conflits les plus importantes, ou de conflits potentiels, partout dans le monde. Les rapports et briefings de Crisis Group sont largement diffusés par courrier électronique et versions imprimées à de nombreux responsables au sein des ministères des Affaires Etrangères et organisations internationales, et rendus simultanément accessibles au public via le site internet de l'organisation: www.crisisgroup.org. Crisis Group travaille étroitement avec les gouvernements et ceux qui les influencent, notamment les médias, afin de les sensibiliser à ses analyses et recommandations politiques. Le Conseil d'Administration de Crisis Group - qui compte d'éminentes personnalités du monde politique, diplomatique, des affaires et des médias - s'engage directement à promouvoir les rapports et recommandations auprès des décideurs politiques du monde entier. Crisis Group est présidé par Lord Patten of Barnes, ancien Commissaire européen aux Relations extérieures. Gareth Evans, ancien Ministre australien des Affaires étrangères, en est le Président Directeur Général depuis janvier 2000. Crisis Group a son siège à Bruxelles et des bureaux de liaison à Washington DC, New York, Londres et Moscou. De plus, l'organisation dispose actuellement de quinze bureaux de terrain (à Amman, Belgrade, Bishkek, Dakar, Douchambé, Islamabad, Jakarta, Kaboul, Nairobi, Pretoria, Pristina, Quito, Séoul, Skopje et Tbilissi), depuis lesquels les analystes de Crisis Group couvrent plus de cinquante pays et territoires touchés par des crises et répartis sur quatre continents. En Afrique, il s'agit de l'Angola, le Burundi, la Côte d'Ivoire, l'Érythrée, l'Éthiopie, la Guinée, le Libéria, l'Ouganda, la République Démocratique du Congo, le Rwanda, le Sahel, le Sierra Leone, la Somalie, le Soudan et le Zimbabwe; en Asie, de l'Afghanistan, la Birmanie/ Myanmar, le Cachemire, la Corée du Nord, l'Indonésie, le Kazakhstan, la Kirghizie, le Népal, l'Ouzbékistan, le Pakistan, le Tadjikistan et le Turkménistan; en Europe, de l'Albanie, l'Arménie, l'Azerbaïdjan, la Bosnie-Herzégovine, la Géorgie, le Kosovo, la Macédoine, la Moldavie, le Monténégro et la Serbie; au Proche et Moyen-Orient, toute la région s'étendant de l'Afrique du Nord à l'Iran; et enfin, en Amérique Latine, de la Colombie, la région andine et Haïti. Crisis Group est financé par des gouvernements, des fondations caritatives, des sociétés et des donateurs privés. Les agences et départements gouvernementaux qui financent actuellement Crisis Group sont: l'Agence australienne pour le développement international, l'Agence canadienne de développement international, l'Agence des États-Unis pour le développement international, l'Agence Intergouvernementale de la Francophonie, l'Agence néozélandaise pour le développement international, le Centre canadien de recherches pour le développement international, le Département des Affaires étrangères et du Commerce international du Canada, le Département des affaires étrangères irlandais, le Département des affaires étrangères de la République fédérale Suisse, le Département du RoyaumeUni pour le développement international, le ministère allemand des Affaires étrangères, le ministère des Affaires étrangères de la République Fédérale d'Autriche, le ministère belge des Affaires étrangères, le ministère des Affaires étrangères de la République de Chine (Taiwan), le ministère finlandais des Affaires étrangères, le ministère français des Affaires étrangères, le ministère des Affaires étrangères de la Principauté du Liechtenstein, le ministère luxembourgeois des Affaires étrangères, le ministère néerlandais des Affaires étrangères, le ministère des Affaires étrangères du Royaume-Uni et du Commonwealth, le ministère suédois des Affaires étrangères, le ministère tchèque des Affaires étrangères, le ministère royal des Affaires étrangères du Danemark et le ministère royal norvégien des Affaires étrangères. Les fondations et donateurs du secteur privé regroupent: Atlantic Philanthropies, Carnegie Corporation of New York, Compton Foundation, Ford Foundation, Fundação Oriente, Fundación DARA Internacional, Bill & Melinda Gates Foundation, William & Flora Hewlett Foundation, Hunt Alternatives Fund, Korea Foundation, John D. & Catherine T. MacArthur Foundation, Moriah Fund, Charles Stewart Mott Foundation, Open Society Institute, Pierre and Pamela Omidyar Fund, David and Lucile Packard Foundation, Ploughshares Fund, Sigrid Rausing Trust, Rockefeller Foundation, Rockefeller Philanthropy Advisors et la Sarlo Foundation of the Jewish Community Endowment Fund. Janvier 2005 De plus amples renseignements concernant Crisis Group sont disponibles sur notre site web: www.crisisgroup.org Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique n° 103, le 9 janvier 2006 Page 24 ANNEXE E RAPPORTS ET BRIEFINGS DE CRISIS GROUP DEPUIS 2003 AFRIQUE AFRIQUE AUSTRALE Dealing with Savimbi’s Ghost: The Security and Humanitarian Challenges in Angola, Rapport Afrique N°58, 26 février 2003 Zimbabwe: Danger and Opportunity, Rapport Afrique N°60, 10 mars 2003 Angola’s Choice: Reform Or Regress, Rapport Afrique N°61, 7 avril 2003 Decision Time in Zimbabwe, Briefing Afrique Nº15, 8 juillet 2003 Zimbabwe: In Search of a New Strategy, Rapport Afrique Nº78, 19 avril 2004 Blood and Soil: Land, Politics and Conflict Prevention in Zimbabwe and South Africa, Rapport Afrique Nº85, 17 septembre 2004 Zimbabwe: Another Election Chance, Rapport Afrique N°86, 30 novembre 2004 Post-Election Zimbabwe: What Next?, Rapport Afrique Nº93, 7 juin 2005 Swaziland: The Clock Is Ticking, Briefing Afrique Nº29, 14 juillet 2005 Zimbabwe's Operation Murambatsvina: The Tipping Point?, Rapport Afrique Nº97, 17 août 2005 AFRIQUE CENTRALE The Kivus: The Forgotten Crucible of the Congo Conflict, Rapport Afrique N°56, 24 janvier 2003 A Framework For Responsible Aid To Burundi, Rapport Afrique N°57, 21 février 2003 Les Rebelles Hutus Rwandais au Congo: Pour une Nouvelle Approche du Désarmement et de la Réintégration, Rapport Afrique N°63, 23 mai 2003 (aussi disponible en anglais) Congo Crisis: Military Intervention in Ituri, Rapport Afrique N°64, 13 Juin 2003 Tribunal pénal international pour le Rwanda: pragmatisme de rigueur, Rapport Afrique N°69, 26 septembre 2003 Réfugiés et Déplacés au Burundi: Désamorcer la Bombe Foncière, Rapport Afrique N°70, 7 octobre 2003 Réfugiés et Déplacés Burundais: Construire d’urgence un Consensus sur le Rapatriement et la Réinstallation, Briefing Afrique Nº17, 2 décembre 2003 Northern Uganda: Understanding and Solving the Conflict, Rapport Afrique Nº77, 14 avril 2004 Fin de Transition au Burundi: Franchir le Cap, Rapport Afrique Nº81, 5 juillet 2004 (aussi disponible en anglais) Congo: s'éloigner du gouffre, Briefing Afrique Nº18, 7 juillet 2004, (aussi disponible en anglais) Maintaining Momentum in the Congo: The Ituri Problem, Rapport Afrique N°84, 26 août 2004 Élections au Burundi: Parier sur la paix, Briefing Afrique Nº20, 9 décembre 2004 (aussi disponible en anglais) Back to the Brink in the Congo, Briefing Afrique Nº21, 17 décembre 2004 Peace in Northern Uganda: Decisive Weeks Ahead, Briefing Afrique N°22, 21 février 2005 The Congo's Peace is Failing: Crisis in the Kivus, Rapport Afrique Nº91, 30 mars 2005 Shock Therapy for Northern Uganda's Peace Process, Briefing Afrique Nº23, 11 avril 2005 The Congo: Solving the FDLR Problem Once and For All, Briefing Afrique Nº25, 12 mai 2005 Building a Comprehensive Peace Strategy for Northern Uganda, Briefing Afrique Nº27, 23 June 2005 Élections au Burundi: Reconfiguration radicale du paysage politique, Briefing Afrique Nº31, 25 août 2005 A Congo Action Plan, Briefing Afrique N°34, 19 octobre 2005 AFRIQUE DE L’OUEST Tackling Liberia: The Eye of the Regional Storm, Rapport Afrique N°62, 30 avril 2003 The Special Court for Sierra Leone: Promises and Pitfalls of a “New Model”, Briefing Afrique Nº16, 4 août 2003 Sierra Leone: The State of Security and Governance, Rapport Afrique N° 67, 2 septembre 2003 Liberia: Security Challenges, Rapport Afrique N°71, 3 novembre 2003 Côte d'Ivoire: "The War Is Not Yet Over", Rapport Afrique N°72, 28 novembre 2003 Guinée: Incertitudes autour d’une fin de règne, Rapport Afrique N°74, 19 décembre 2003 Rebuilding Liberia: Prospects and Perils, Rapport Afrique N°75, 30 janvier 2004 Côte d'Ivoire: "Pas de Paix en Vue", Rapport Afrique N°82, 12 juillet 2004 (aussi disponible en anglais) Liberia and Sierra Leone: Rebuilding Failed States, Rapport Afrique N°87, 8 décembre 2004 Côte d'Ivoire: Le pire est peut-être à venir, Rapport Afrique N°90, 23 mars 2005 Islamist Terrorism in the Sahel: Fact or Fiction?, Rapport Afrique Nº92, 31 mars 2005 Guinée: Conjurer la descente aux enfers, Rapport Afrique N°94, 13 juin 2005 (aussi disponible en anglais) Liberia's Elections: Necessary but Not Sufficient, Rapport Afrique N°98, 7 septembre 2005 Côte d'Ivoire: Les demi-mesures ne suffiront pas, Briefing Afrique N°33, 12 octobre 2005 CORNE DE L'AFRIQUE Sudan’s Oilfields Burn Again: Brinkmanship Endangers The Peace Process, Briefing Afrique Nº13, 10 février 2003 Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique n° 103, le 9 janvier 2006 Negotiating a Blueprint for Peace in Somalia, Rapport Afrique N°59, 6 mars 2003 Sudan’s Other Wars, Briefing Afrique Nº14, 25 juin 2003 Sudan Endgame, Rapport Afrique N°65, 7 juillet 2003 Somaliland: Democratisation and its Discontents, Rapport Afrique N°66, 28 juillet 2003 Ethiopia and Eritrea: War or Peace?, Rapport Afrique N°68, 24 septembre 2003 Sudan: Towards an Incomplete Peace, Rapport Afrique N°73, 11 décembre 2003 Darfur Rising: Sudan's New Crisis, Rapport Afrique N°76, 25 mars 2004 (aussi disponible en arabe) Biting the Somali Bullet, Rapport Afrique N°79, 4 mai 2004 Sudan: Now or Never in Darfur, Rapport Afrique N°80, 23 mai 2004 (aussi disponible en arabe) Ultimatum Au Darfour: Nouveau Plan D’action International, Rapport Afrique N°83, 23 août 2004 (aussi disponible en anglais et arabe) Sudan's Dual Crisis: Refocusing on IGAD, Briefing Afrique Nº19, 5 octobre 2004 Somalia: Continuation of War by Other Means?, Rapport Afrique N°88, 21 décembre 2004 Darfur: The Failure to Protect, Rapport Afrique N°89, 8 mars 2005 (aussi disponible en arabe) A New Sudan Action Plan, Briefing Afrique Nº24, 26 avril 2005 Do Americans Care About Darfur?, Briefing Afrique Nº26, 1 juin 2005 Page 25 The AU's Mission in Darfur: Bridging the Gaps, Briefing Afrique Nº28, 1 juin 2005 Counter-Terrorism in Somalia: Losing Hearts and Minds?, Rapport Afrique Nº95, 11 juillet 2005 The Khartoum-SPLM Agreement: Sudan's Uncertain Peace, Rapport Afrique Nº96, 25 juillet 2005 Garang's Death: Implications for Peace in Sudan, Briefing Afrique Nº30, 9 août 2005 (aussi disponible en arabe) Unifying Darfur's Rebels: A Prerequisite for Peace, Briefing Afrique N°32, 6 octobre 2005 (aussi disponible en arabe) The EU/AU Partnership in Darfur: Not Yet a Winning Combination, Rapport Afrique N°99, 25 6 octobre 2005 Somalia’s Islamists, Rapport Afrique N°100, 12 décembre 2005 Ethiopia and Eritrea: Preventing War, Rapport Afrique N°101, 22 décembre 2005 Sudan: Saving Peace in the East, Rapport Afrique N°102, 5 janvier 2006 OTHER REPORTS AND BRIEFINGS For Crisis Group reports and briefing papers on: • Asia • Europe • Latin America and Caribbean • Middle East and North Africa • Thematic Issues • CrisisWatch please visit our website www.crisisgroup.org Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique n° 103, le 9 janvier 2006 Page 26 ANNEXE F CONSEIL D'ADMINISTRATION DE CRISIS GROUP Présidence Lord Patten of Barnes Wesley Clark Ancien commissaire européen aux relations extérieures, Royaume-Uni Pat Cox Président Directeur Général Gareth Evans Ancien Ministre des Affaires Étrangères d'Australie Comité de Direction Morton Abramowitz Ancien Secrétaire d'État adjoint américain; ancien Ambassadeur américain en Turquie Ancien Commandant suprême des forces alliées de l'OTAN, Europe Ancien Président du Parlement européen Ruth Dreifuss Ancienne Présidente de la Suisse Uffe Ellemann-Jensen Ancien Ministre des Affaires Étrangères du Danemark Mark Eyskens Ancien Premier Ministre de Belgique Leslie H. Gelb Emma Bonino Président émérite du Conseil des Relations étrangères, États-Unis Membre du Parlement européen; ancien Commissaire européen Bronislaw Geremek Cheryl Carolus Ancien Ministre des Affaires Étrangères de Pologne Ancien Haut Commissionnaire Sud africain auprès du RoyaumeUni; ancien Secrétaire Général de l'ANC Frank Giustra Maria Livanos Cattaui* I.K. Gujral Ancien Secrétaire Général, Chambre de Commerce Internationale Ancien Premier Ministre de l'Inde Yoichi Funabashi Carla Hills Correspondant diplomatique et journaliste, Asahi Shimbun, Japon William Shawcross Ancien Secrétaire d'État au logement, ancien Représentant de du Commerce Extérieure, États-Unis Journaliste et auteur, Royaume-Uni Lena Hjelm-Wallén Stephen Solarz* Ancien Premier Ministre Adjoint et Ministre des Affaires Etrangères, Suède Ancien Membre du Congrès américain George Soros Président, Open Society Institute William O. Taylor Chairman, Endeavour Financial, Canada James C.F. Huang Secrétaire Général Adjoint auprès du Président, Taiwan Swanee Hunt Président émérite, The Boston Globe, États-Unis *Vice-Chair Fondateur et Président de Women Waging Peace; ancien Ambassadeur des États-Unis en Autriche Adnan Abu-Odeh Ancien conseiller politique auprès du Roi Abdullah II et Roi Hussein; ancien Représentant Permanent de la Jordanie aux Nations Unies Rapporteur Spécial des Nations Unis pour les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires; ancien Président de la Commission des Droits de l'Homme au Pakistan Kenneth Adelman Shiv Vikram Khemka Ancien Ambassadeur américain et Directeur d'agence du contrôle des armes et du désarmement, États-Unis Fondateur et Directeur Exécutif (Russie) du Groupe Sun, Inde Ersin Arioglu Fondateur et Président honoraire de America Online, inc. (AOL) Membre du Parlement de la République Turque; Président, Yapi Merkezi, Turquie Bethuel Kiplagat Diego Arria Ancien Secrétaire Permanent, Ministère des Affaires Etrangères, Kenya Ancien Ambassadeur du Venezuela Zbigniew Brzezinski Ancien Conseiller à la Sécurité nationale auprès du Président des Etats-Unis Kim Campbell Secretary General, Club of Madrid; former Prime Minister of Canada Victor Chu Président du First Eastern Investment Group, Hong Kong Asma Jahangir James V. Kimsey Wim Kok Ancien Premier Ministre des Pays Bas Trifun Kostovski Membre du Parlement de Macédoine; fondateur de Kometal Trade Gmbh Elliott F. Kulick Président, Pegasus International, États-Unis Katanga: La crise oubliée de la RDC Crisis Group, Rapport Afrique n° 103, le 9 janvier 2006 Page 27 Joanne Leedom-Ackerman Mohamed Sahnoun Romancière et journaliste, États-Unis Conseiller spécial auprès du Secrétaire Général des Nations Unies pour l’Afrique Todung Mulya Lubis Juriste spécialiste des droits de l'homme et auteur, Indonésie Ghassan Salamé Ayo Obe Ancien Ministre, Liban; Professeur des Relations Internationales, Paris President, Civil Liberties Organisation, Nigeria Salim A. Salim Christine Ockrent Journaliste et auteur, France Ancien Premier Ministre tanzanien, ancien Secrétaire Général de l’Organisation de l’Unité Africaine. Friedbert Pflüger Douglas Schoen Foreign Policy Spokesman of the CDU/CSU Parliamentary Group in the German Bundestag Partenaire Fondateur de Penn, Schoen & Berland Associates, ÉtatsUnis Victor M Pinchuk Pär Stenbäck Membre du Parlement ukrainien; fondateur de Interpipe Scientific and Indsutrial Production Group Ancien Ministre des Affaires Étrangères, Finlande Thorvald Stoltenberg Surin Pitsuwan Ancien Ministre des Affaires Étrangères, Norvège Ancien Ministre des Affaires Étrangères de la Thaïlande Grigory Yavlinsky Itamar Rabinovich Président du Parti Yabloko et de sa représentation à la Douma, Russie Président de l'Université de Tel-Aviv; ancien Ambassadeur israélien aux États-Unis; ancien Chef des négociations avec la Syrie Uta Zapf Fidel V. Ramos Présidente de la Commission pour le désarmement, le contrôle et la non-prolifération des armes au Bundestag, Allemagne Ancien Président des Philippines Ernesto Zedillo Lord Robertson of Port Ellen Ancien Président du Mexique; Directeur, Yale Center for the Study of Globalization Ancien Secrétaire Général de l'OTAN; ancien Ministre de Défense, Royaume-Uni CONSEIL GÉNÉRAL INTERNATIONAL Le Conseil Général International est constitué de donateurs privés qui contribuent régulièrement, par leur savoir et leur expérience, aux activités de Crisis Group. Rita E. Hauser (Chair) Marc Abramowitz Anglo American PLC APCO Worldwide Inc. Patrick E. Benzie BHP Billiton Harry Bookey and Pamela Bass-Bookey John Chapman Chester Chevron Peter Corcoran Credit Suisse John Ehara Equinox Partners Dr. Konrad Fischer Iara Lee & George Gund III Foundation JP Morgan Global Foreign Exchange and Commodities George Kellner George Loening Douglas Makepeace Anna Luisa Ponti Quantm Baron Ullens Michael L. Riordan Sarlo Foundation of the Jewish Community Endowment Fund Tilleke & Gibbins Stanley Weiss Westfield Group Don Xia Yasuyo Yamazaki Sunny Yoon CONSEILLERS Les Conseillers sont d'anciens membres du Conseil d'Administration qui maintiennent leur collaboration avec Crisis Group et qui sont ponctuellement sollicités pour apporter leurs conseils et leur soutien à Crisis Group Oscar Arias Zainab Bangura Christoph Bertram Jorge Castañeda Eugene Chien Gianfranco Dell'Alba Alain Destexhe Marika Fahlen Stanley Fischer Malcolm Fraser Max Jakobson Mong Joon Chung Allan J. MacEachen Barbara McDougall Matt McHugh George J. Mitchell Cyril Ramaphosa Michel Rocard Volker Ruehe Simone Veil Michael Sohlman Leo Tindemans Ed van Thijn Shirley Williams Janvier 2006