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THESE DE DOCTORAT DE L’UNIVERSITE PARIS XII - VAL DE MARNE Présentée par Carole KARAKASYAN Pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L'UNIVERSITE PARIS XII Spécialité : Physico-Chimie des Polymères FONCTIONNALISATION DE SURFACES PAR L’INTERMEDIAIRE DU COUPLE ADAMANTANE / β-CYCLODEXTRINE ; APPLICATION DU PROCEDE POUR L’ELABORATION D’UN IMMUNOCAPTEUR Soutenue le 24 Juin 2005 devant le jury composé de Mr André DERATANI (rapporteur) Mr Michel MORCELLET (rapporteur) Mr Michaël CANVA Mme Marie-Claude MILLOT (directeur de thèse) Mr Gabriel PELTRE Mme Myriam TAVERNA Ce travail a été effectué au sein du Laboratoire de Recherche sur les Polymères au CNRS de Thiais dirigé par Monsieur Philippe Guerin, Professeur à l'Université Paris XII-Val de Marne, puis par Monsieur Jacques Penelle, Directeur de recherche au CNRS. J’aimerais les remercier pour m'avoir accueillie dans leur laboratoire et m’avoir ainsi permis de mener à bien mes travaux de recherche. J'aimerais adresser toute ma reconnaissance à Madame Marie Claude Millot, Professeur à l'Université Paris XII, pour la confiance qu'elle m'a témoignée en m’intégrant dans son équipe de recherche et en me confiant un volet de ses projets scientifiques. Je souhaiterais également lui adresser mes plus sincères remerciements pour la grande rigueur de ses conseils scientifiques ainsi que pour sa disponibilité, sa patience et son écoute dans les moments parfois difficiles de la thèse. Je suis également très sensible à l’intérêt que Monsieur André Deratani, Directeur de Recherche au CNRS à l’Institut Européen des Membranes de l’Université de Montpellier II, et Monsieur Michel Morcellet, Professeur à l’Université des Sciences et Technologies de Lille et Directeur du Laboratoire de Chimie Organique et Macromoléculaire de Villeneuve d’Ascq, ont accordé à ce travail en acceptant d’examiner mes travaux de recherche et de faire partie du jury de thèse. Je les en remercie. Mes remerciements vont également à Monsieur Yves Levy, Directeur de recherche au CNRS, et à Monsieur Michaël Canva, Chargé de recherche au CNRS, du Laboratoire Charles Fabry à l’Institut d’Optique de l’Université Paris Sud, pour leur contribution à l’étude par résonance des plasmons de surface. Je remercie tout particulièrement Monsieur Michaël Canva pour avoir accepté d’être membre du jury de thèse et pour ses conseils quant à la rédaction du dernier chapitre du manuscrit. J’aimerais adresser mes remerciements à Madame Myriam Taverna, Professeur à l’Université Paris XI, pour m’avoir accueillie au sein du Groupe de Chimie Analytique de Paris Sud à la Faculté de Pharmacie de Chatenay Malabry et de m’avoir formée à la technique d’électrophorèse capillaire. Je lui adresse également ma reconnaissance pour avoir accepté de participer au jury de thèse. Je tiens également à remercier Monsieur Gabriel Peltre, Chargé de Recherche au CNRS et membre du Laboratoire Environnement et Chimie Analytique de l’Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielles de la ville de Paris, pour sa contribution dans la dernière partie de mon travail de thèse qui a consisté à l’élaboration d’un immunocapteur et pour avoir bien voulu faire partie du jury de thèse. J’aimerais également adresser mes sincères remerciements à Madame Claire Vidal Madjar, Directrice de Recherche au CNRS et membre du Laboratoire de Recherche sur les Polymères, pour les recommandations scientifiques qu’elle m’a prodiguées lors de l’étude théorique des interactions par chromatographie d'affinité. Je la remercie également pour son écoute, sa gentillesse et pour sa générosité. Je tiens également à remercier Monsieur Mohammed Guerrouache, Ingénieur d’Etude au CNRS au Laboratoire de Recherche sur les Polymères, pour m’avoir apporté une aide précieuse pour la modification chimique de certains polymères. Enfin, je remercie l’ensemble des membres du laboratoire qui ont su créer une ambiance de travail sympathique et qui m’ont apporté par certains moments leur soutien scientifique et moral. TABLE DES MATIERES Pages LISTE DES ABREVIATIONS ............................................................................................11 LISTE DES FIGURES .....................................................................................................13 LISTE DES REACTIONS .................................................................................................15 LISTE DES TABLEAUX ...................................................................................................16 LISTE DES EQUATIONS .................................................................................................17 LISTE DES ANNEXES ....................................................................................................19 INTRODUCTION .......................................................................................................21 CHAPITRE I : PRESENTATION ET SYNTHESE DES SYSTEMES ASSOCIATIFS DE L’ETUDE I – PRESENTATION GENERALE DES CYCLODEXTRINES ..................................26 I.1 – Nomenclature et aspects structuraux.........................................................................................................26 I.2 – Propriétés physico-chimiques .....................................................................................................................28 I.3 – Propriétés de complexation.........................................................................................................................29 I.4 – Mécanisme de formation des complexes d’inclusion ................................................................................30 I.5 – Applications..................................................................................................................................................31 II - PRESENTATION GENERALE DES SYSTEMES MACROMOLECULAIRES ASSOCIATIFS A BASE DE CYCLODEXTRINE ......................................................32 II.1 – Formation de complexes supramoléculaires cristallins : les polyrotaxanes..........................................33 II.2 – Formation de complexes supramoléculaires en solution ........................................................................37 III - SYNTHESE DES MOLECULES HOTE ET INVITE DU SYSTEME ASSOCIATIF DE L’ETUDE .............................................................................................................40 III.1 - Synthèse des molécules hôtes : dérivés de β-cyclodextrine ....................................................................41 1 III.1.1 - Synthèse et caractérisation d’un polymère de β-cyclodextrine ............................................................41 III.1.2 – Synthèse et caractérisation d’une β-cyclodextrine monoaminée.........................................................43 a) Principe.....................................................................................................................................................43 b) Synthèse et caractérisation de l'intermédiaire β-cyclodextrine tosylée ....................................................44 c) Synthèse et caractérisation de l'intermédiaire β-cyclodextrine azidée......................................................45 d) Synthèse et caractérisation de la β-cyclodextrine aminée ........................................................................45 III.2 – Immobilisation du polymère de β -cyclodextrine sur de la silice : élaboration d’un support chromatographique de silice-polyβ β-CD..............................................................................................................46 III.3 - Synthèse des molécules invitées : dérivés amphiphiles de poly(éthylène glycol) et de dextrane.........48 III.3.1 – Présentation de l’ensemble des polymères amphiphiles synthétisés ...................................................49 a) Choix du groupement hydrophobe ...........................................................................................................49 b) Présentation des polymères amphiphiles synthétisés et de leurs applications ..........................................50 III.3.2 - Caractérisation des polymères hydrophiles initiaux.............................................................................51 III.3.3 – Synthèse et caractérisation des polymères amphiphiles à base de PEG ..............................................52 a) Synthèse et caractérisation des MPEGs portant un motif phényladamantyle (AdPh) à une extrémité de chaîne : MPEG-AdPh ...................................................................................................................................53 b) Synthèse et caractérisation des PEGs portant un motif phényladamantyle (AdPh) à une extrémité de chaîne et une fonction acide carboxylique à l’autre extrémité : COOH-PEG-AdPh ....................................55 b.1) Synthèse et caractérisation des PEGs portant un motif phényladamantyle (AdPh) à une extrémité de chaîne : OH-PEG-AdPh...........................................................................................................................56 b.2) Synthèse et caractérisation des PEGs portant un motif phényladamantyle (AdPh) et une fonction carboxylique (COOH) à l’autre extrémité : COOH-PEG-AdPh ..............................................................64 III.3.4 – Synthèse et caractérisation des polymères amphiphiles à base de dextrane ........................................66 a) Synthèse et caractérisation des dextranes portant des motifs adamantyle (Ad) le long de la chaîne : DextAd .................................................................................................................................................................67 b) Synthèse et caractérisation des dextranes portant des motifs adamantyle (Ad) et diéthylaminoéthyle (DEAE) le long de la chaîne : Dext-Ad-DEAE ............................................................................................69 c) Synthèse et caractérisation des dextranes portant des motifs adamantyle (Ad) et des fonctions acide carboxylique (COOH) le long de la chaîne : Dext-Ad-COOH .....................................................................74 d) Synthèse et caractérisation des dextranes portant des motifs adamantyle (Ad) et des chaînons alkyle (C8) le long de la chaîne : Dext-Ad-C8 .................................................................................................................76 III.4 - Conclusion..................................................................................................................................................80 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES .....................................................................81 CHAPITRE II : ETUDE THEORIQUE PAR ACE ET PAR CLHP DE L’INTERACTION ENTRE UN POLYMERE MODELE MODIFIE ADAMANTYLE ET LA β-CYCLODEXTRINE I – DETERMINATION DES CONSTANTES D’AFFINITE PAR ELECTROPHORESE CAPILLAIRE .............................................................................................................88 I.1 – Principe de l’électrophorèse capillaire (EC)..............................................................................................89 I.1.1 - Généralités ..............................................................................................................................................89 I.1.2 - Principe de séparation : flux électrophorétique et flux électroosmotique ...............................................90 a) La mobilité électrophorétique...................................................................................................................90 b) La mobilité électroosmotique...................................................................................................................91 2 c) La mobilité apparente ...............................................................................................................................93 I.1.3 - Instrumentation .......................................................................................................................................94 a) Modes d’injection.....................................................................................................................................94 b) Modes de détection...................................................................................................................................95 I.1.4 – L’électrophorèse capillaire de zone (CZE) ............................................................................................96 I.2 –Détermination des constantes d’affinité en solution par EC.....................................................................98 I.2.1 - Détermination des constantes d’affinité par des mesures de concentrations ; considérations théoriques .........................................................................................................................................................................100 I.2.2 - Détermination des constantes d’affinité par des mesures de concentrations ; les méthodes expérimentales.................................................................................................................................................102 a) Méthode d’Hummel-Dreyer (HD)..........................................................................................................102 b) Méthode du pic de vacance (VP) ...........................................................................................................104 c) Méthode d’analyse frontale (FA) ...........................................................................................................106 d) Méthode de l’analyse frontale en continu (FACCE) ..............................................................................108 I.2.3 - Détermination des constantes d’affinité par des mesures de mobilités ; considérations théoriques .....111 a) Détermination de la constante d’affinité à partir de l’Equation II-24.....................................................113 b) Détermination de la constante d’affinité à partir de l’Equation II-25.....................................................114 c) Linéarisation des isothermes ..................................................................................................................115 d) Sources d’erreurs....................................................................................................................................119 I.2.4 - Détermination des constantes d’affinité par mesures de mobilités ; méthodes expérimentales............123 a) Méthode d’électrophorèse capillaire d’affinité (ACE) ...........................................................................123 b) Méthode d’électrophorèse capillaire d’affinité et de vacance (VACE).................................................125 I.2.5 – Conclusion ...........................................................................................................................................127 I.3 – Détermination de la constante d’affinité MPEG-AdPh / β -CD par ACE .............................................129 I.3.1 - Eudes préliminaires ..............................................................................................................................131 a) Etude de l’adsorption du MPEG-AdPh ou de la β-CD-Sulf à la surface du capillaire ...........................131 b) Evolution de la viscosité du tampon d’analyse lors de l’addition de la β-CD-Sulf................................131 I.3.2 - Détermination des constantes d’interaction ..........................................................................................132 a) Détermination des constantes à partir des isothermes d’association ......................................................133 b) Détermination des constantes à partir des représentations linéaires.......................................................138 c) Comparaison des résultats ......................................................................................................................139 I.3.3 - Conclusion ............................................................................................................................................141 II – DETERMINATION DES CONSTANTES D’AFFINITE PAR CHROMATOGRAPHIE LIQUIDE A HAUTE PERFORMANCE..............................142 II.1 – Aspects théoriques de la chromatographie d'affinité par compétition : mesures à l'équilibre .........142 II.1.1 - Rappels chromatographiques...............................................................................................................142 II.1.2 – Présentation des modèles permettant la détermination des constantes d’affinité par des mesures à l’équilibre ........................................................................................................................................................144 a) Cas où le soluté interagit avec un seul type de site sur le support ..........................................................144 b) Cas où le soluté interagit avec deux types de sites sur le support ..........................................................150 II.2 – Détermination de la constante d’affinité MPEG-AdPh / β -CD par chromatographie d’affinité par compétition .........................................................................................................................................................153 II.2.1 – Détermination de la constante d’affinité en solution K AL .................................................................155 II.2.2 – Détermination des constantes d’affinité aux interfaces K AX1 et K AX 2 ............................................157 III – CONCLUSION .................................................................................................162 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...................................................................163 3 CHAPITRE III : MODIFICATION DES PROPRIETES DE SURFACE DE LA SILICE PAR L’INTERMEDIAIRE DU COUPLE ADAMANTANE / β-CYCLODEXTRINE : ETUDE PAR CLHP DES SILICES MODIFIEES I – ANALYSE ET PURIFICATION DES PROTEINES PAR CHROMATOGRAPHIE LIQUIDE A HAUTE PERFORMANCE (CLHP) SUR DES SUPPORTS DE SILICE : ETAT DE L’ART..................................................... ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. I.1 – Utilisation de la silice comme support de base pour l’analyse ou la purification des protéines par CLHP ..............................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. I.1.1 - Structure de la silice......................................................................................Erreur ! Signet non défini. I.1.2 – Exigences relatives aux particules de silice utilisées comme support pour la CLHP des protéines ..................................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. I.1.3 – Les monolithes de silice pour la CLHP des protéines...................................Erreur ! Signet non défini. I.2 – Analyse et purification des protéines par chromatographie d’exclusion stérique (SEC).. Erreur ! Signet non défini. I.2.1 - Phases stationnaires à base de silice utilisées pour l’analyse des protéines en SEC . Erreur ! Signet non défini. a) Modification chimique de la silice ..................................................................Erreur ! Signet non défini. b) Diamètre des pores de la silice ........................................................................Erreur ! Signet non défini. I.2.2 - Phases mobiles utilisées pour l’analyse des protéines en SEC ......................Erreur ! Signet non défini. I.3 – Analyse et purification des protéines par chromatographie liquide à haute performance sur phase inversée (RP-CLHP) sur des supports à base de silice................................................Erreur ! Signet non défini. I.3.1 - Phases stationnaires à base de silice utilisées pour l’analyse des protéines en RP-CLHP Erreur ! Signet non défini. I.3.2 - Phases mobiles utilisées pour l’analyse des protéines en RP-CLHP .............Erreur ! Signet non défini. I.3.3 - Prévision de la rétention des protéines en RP-CLHP : modèles théoriques...Erreur ! Signet non défini. I.4 – Analyse et purification des protéines par chromatographie d’interaction hydrophobe à haute performance (HIC) ........................................................................................................Erreur ! Signet non défini. I.4.1 - Phases stationnaires à base de silice utilisées pour l’analyse des protéines en HIC . Erreur ! Signet non défini. I.4.2 - Phases mobiles utilisées pour l’analyse des protéines en HIC.......................Erreur ! Signet non défini. I.4.3 - Prévision de la rétention des protéines en HIC : modèle théorique ...............Erreur ! Signet non défini. I.5 – Analyse et purification des protéines par chromatographie d’échange d’ions à haute performance (IEC)................................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. I.5.1 - Phases stationnaires à base de silice utilisées pour l’analyse des protéines en IEC.. Erreur ! Signet non défini. I.5.2 - Phases mobiles utilisées pour l’analyse des protéines en IEC .......................Erreur ! Signet non défini. I.5.3 - Prévision de la rétention des protéines en IEC : modèles théoriques.............Erreur ! Signet non défini. I.6 – Analyse et purification des protéines par chromatographie d’affinité et d’immunoaffinité à haute performance....................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. I.6.1 - Analyse et purification des protéines par chromatographie d’affinité à haute performance (CAHP) ..................................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. I.6.2 – La chromatographie d’immunoaffinité à haute performance (HICP) ...........Erreur ! Signet non défini. a) Principe de la chromatographie d’immunoaffinité ..........................................Erreur ! Signet non défini. 4 b) Capacité de liaison d’un support d’immunoaffinité et activité spécifique des anticorps....Erreur ! Signet non défini. c) Modes de fixation d’un anticorps ou d’un antigène sur un support à base de silice pour l’élaboration de phases stationnaires destinées à la HICP .............................................................Erreur ! Signet non défini. II - MISE EN JEU D’UN COMPLEXE D’INCLUSION A BASE DE CYCLODEXTRINE ET D’ADAMANTANE POUR L’ELABORATION DE SUPPORTS CHROMATOGRAPHIQUES DE FONCTIONNALITES VARIABLES, DESTINES A L’ANALYSE DE PROTEINES................................ ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. II.1 – Préparation de supports chromatographiques de fonctionnalités variables destinés à l’analyse de protéines..........................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. II.2 – Propriétés de surface du support de base de silice-polyβ β-CD ..........................Erreur ! Signet non défini. II.3 – Analyse des protéines sur les supports échangeurs d’ions................................Erreur ! Signet non défini. II.3.1 – Détermination de la capacité d’échange ionique des supports.....................Erreur ! Signet non défini. II.3.2 – Rétention des protéines sur le support échangeur d’anions de type silice-polyβ-CD-(Dext-AdDEAE) : application du modèle du déplacement stoechiométrique .........................Erreur ! Signet non défini. II.3.3 – Analyse et séparation des protéines sur le support échangeur de cations de type silice-polyβ-CD(Dext-Ad-COOH).....................................................................................................Erreur ! Signet non défini. a) Analyse des protéines sur le support échangeur de cations de type silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-COOH) : application du modèle du déplacement stoechiométrique ...................................Erreur ! Signet non défini. b) Influence du pH sur la rétention des protéines et sur les paramètres caractéristiques des systèmes protéine-support mis en jeu .................................................................................Erreur ! Signet non défini. c) Séparation d’un mélange de protéines .............................................................Erreur ! Signet non défini. II.4 – Analyse des protéines sur le support d’interaction hydrophobe de type silice-polyβ β-CD-(Dext-Ad-C8) .........................................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. II.4.1 – Analyse des protéines sur le support d’interaction hydrophobe de type silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-C8) ..................................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. II.4.2 – Séparation d’un mélange de protéines à caractère hydrophobe sur le support........ Erreur ! Signet non défini. II.5 – Amélioration de l’efficacité des colonnes ...........................................................Erreur ! Signet non défini. II.6 – Régénération des colonnes...................................................................................Erreur ! Signet non défini. III - MISE EN JEU D’UN COMPLEXE D’INCLUSION A BASE DE CYCLODEXTRINE POUR L’ELABORATION DE SUPPORTS CHROMATOGRAPHIQUES DESTINES A LA PURIFICATION D’ANTIGENES ............................................................................... ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. III.1 – Présentation du système antigène-anticorps étudié .........................................Erreur ! Signet non défini. III.1.1 - Albumine du sérum humain (ASH) ............................................................Erreur ! Signet non défini. a) Composition de l’albumine du sérum humain (ASH) .....................................Erreur ! Signet non défini. b) Conformation de l’albumine ...........................................................................Erreur ! Signet non défini. c) Fonctions de l’albumine ..................................................................................Erreur ! Signet non défini. III.1.2 – Anticorps anti-albumine du sérum humain.................................................Erreur ! Signet non défini. a) Introduction à la réponse immunitaire chez les vertébrés : notions d’antigène et d’anticorps ...... Erreur ! Signet non défini. b) Structure des molécules typiques d’anticorps .................................................Erreur ! Signet non défini. c) Les chaînes lourdes et légères possèdent des régions variables pour la reconnaissance des antigènes et des régions constantes pour leurs fonctions effectrices .......................................Erreur ! Signet non défini. 5 d) Interaction antigène-anticorps .........................................................................Erreur ! Signet non défini. e) Présentation des différentes classes d’anticorps ..............................................Erreur ! Signet non défini. III.2 – Préparation du support chromatographique d’immunoaffinité destiné à la purification de l’albumine du sérum humain (ASH) ............................................................................Erreur ! Signet non défini. III.2.1 – Préparation du support d’immunoaffinité en mode statique (voie 1) .........Erreur ! Signet non défini. III.2.2 – Préparation in situ du support d’immunoaffinité (mode dynamique, voie 2) ........ Erreur ! Signet non défini. III.3 – Propriétés des supports d’immunoaffinité obtenus .........................................Erreur ! Signet non défini. III.3.1 - Vérification de l’inertie des supports d’immunoaffinité (élaborés selon les voies 1 et 2) vis à vis des protéines acides ........................................................................................................Erreur ! Signet non défini. III.3.2 - Adsorption de l’albumine du sérum humain sur l’anticorps polyclonal immobilisé selon la voie 1 ..................................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. III.3.3 - Régénération du support au niveau anti-ASH/ASH (support issu de la voie 1)..... Erreur ! Signet non défini. III.3.4 - Détermination de la capacité d’adsorption maximale en ASH du support d’immunoaffinité (support issu de la voie 1).......................................................................................................Erreur ! Signet non défini. III.3.5 - Régénération du support au niveau du polymère de β-cyclodextrine (support issu de la voie 1) ..................................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. III.3.6 - Adsorption de l’albumine du sérum humain sur l’anticorps polyclonal immobilisé, selon la voie 2, par une méthode d’analyse frontale................................................................................Erreur ! Signet non défini. IV – CONCLUSION ................................................ ERREUR ! SIGNET NON DEFINI. REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...................................................................263 CHAPITRE IV : FONCTIONNALISATION D’UNE SURFACE D’OR PAR L’INTERMEDIAIRE DU COUPLE ADAMANTANE / β-CYCLODEXTRINE : ELABORATION D’UN IMMUNOCAPTEUR I – INTRODUCTION A LA RESONANCE DES PLASMONS DE SURFACE (RPS) ................................................................................................................................273 I.1 – Propriétés des ondes plasmons de surface ...............................................................................................274 I.2 – Excitation des plasmons de surface à l’aide d’un couplage par prisme................................................275 I.3 – Mesure de l’épaisseur d’une couche mince par RPS ..............................................................................278 I.4 - Imagerie par résonance des plasmons de surface (SPR) et méthodologie .............................................280 II – METHODES D’IMMOBILISATION DES PROTEINES SUR UNE SURFACE D’OR : ETAT DE L’ART..........................................................................................283 II.1 – Immobilisation des protéines par adsorption passive ...........................................................................284 6 II.2 – Immobilisation directe de protéines sur une monocouche organique auto assemblée (SAM) ..........285 II.2.1 – Propriétés des monocouches de type SAMs .......................................................................................286 II.2.2 – Exemples d’immobilisation directe de protéines sur une SAM..........................................................287 II.3– Immobilisation des protéines par l’intermédiaire d’un assemblage macromoléculaire .....................289 II.3.1 – Immobilisation des protéines sur un dextrane carboxyméthylé ..........................................................289 II.3.2 – Immobilisation des protéines sur d’autres types de polymères...........................................................291 II.4– Immobilisation des protéines par l’intermédiaire d’un complexe de haute affinité de type avidine / biotine..................................................................................................................................................................293 II.4– Conclusion .................................................................................................................................................298 III – ELABORATION D’UN IMMUNOCAPTEUR : PRESENTATION DES DEUX VOIES UTILISEES DANS CE TRAVAIL POUR IMMOBILISER LA βLACTOGLOBULINE SUR UNE SURFACE D’OR..................................................298 III.1 – Présentation des deux voies de fixation de la β-lactoglobuline sur une surface d’or........................298 III.2 – Elaboration de l’interface de complexation commune aux deux voies par immobilisation d’une couche de β -CD sur une surface d’or ...............................................................................................................301 IV – IMMUNOCAPTEUR OBTENU PAR IMMOBILISATION D’UNE β LACTOGLOBULINE MODIFIEE PAR DES GROUPEMENTS ADAMANTYLE : METHODE A ...........................................................................................................306 IV.1 – Préparation et caractérisation d’une β-lactoglobuline modifiée par des groupements adamantyle .............................................................................................................................................................................308 IV.1.1 – Modification de la β-lactoglobuline par des groupements adamantyle .............................................308 IV.1.2 – Caractérisation de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh par électrophorèse .............................................312 a) Caractérisation par électrophorèse sur gel de polyacrylamide en présence de détergent SDS (SDS PAGE) ........................................................................................................................................................312 b) Caractérisation par isoélectrofocalisation (IEF) .....................................................................................315 c) Caractérisation par électrophorèse capillaire..........................................................................................317 IV.1.3 – Conclusion ........................................................................................................................................318 IV.2 – Immobilisation de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh sur la surface d’or recouverte de β-cyclodextrine .............................................................................................................................................................................319 IV.2.1 – Etude de la spécificité de l’interaction entre la β-lactoglobuline et la surface d’or recouverte de βcyclodextrine ...................................................................................................................................................319 IV.2.2 - Immobilisation de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh sur la surface d’or recouverte de β-cyclodextrine .........................................................................................................................................................................321 IV.3 – Reconnaissance de la β-lactoglobuline immobilisée (méthode A) par l’anti-β β -lactoglobuline .........327 IV.4 – Etude de faisabilité d’une puce à allergènes.........................................................................................330 V – IMMUNOCAPTEUR OBTENU PAR IMMOBILISATION DE LA βLACTOGLOBULINE SUR UN DEXTRANE CARBOXYMETHYLE MODIFIE PAR DES GROUPEMENTS ADAMANTYLE : METHODE B..........................................333 V.1 – Immobilisation d’un dextrane modifié par des groupements adamantyle et des fonctions COOH (Dext-Ad-COOH) sur la surface d’or recouverte de β -cyclodextrine............................................................335 7 V.2 - Immobilisation à pH = 7,4 de la β-lactoglobuline sur la surface d’or recouverte de Dext-Ad-COOH .............................................................................................................................................................................337 V.3 - Immobilisation à pH = 4,5 de la β-lactoglobuline sur la surface d’or recouverte de Dext-Ad-COOH .............................................................................................................................................................................338 a) Phénomène d’accumulation de la β-lactoglobuline à proximité du Dext-Ad-COOH par mise en jeu d’interactions électrostatiques ....................................................................................................................339 b) Greffage à pH = 4,5 de la β-lactoglobuline sur la surface d’or recouverte de Dext-Ad-COOH ............342 V.4 - Reconnaissance de la β-lactoglobuline immobilisée (méthode B) par l’anti-β β-lactoglobuline............346 VI – REGENERATION DE L’IMMUNOCAPTEUR ..................................................350 VI.1 – Régénération de l’immunocapteur au niveau de la couche de β-cyclodextrine.................................350 VI.2 – Régénération de l’immunocapteur au niveau de l’antigène β-lactoglobuline ...................................354 VII – COMPARAISON DES DEUX VOIES D’ELABORATION DE L’IMMUNOCAPTEUR .............................................................................................358 VII – CONCLUSION ................................................................................................360 REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ...................................................................363 CONCLUSION GENERALE....................................................................................369 ANNEXES EXPERIMENTALES ..............................................................................375 8 LISTES ABREVIATIONS - FIGURES - REACTIONS - TABLEAUX - EQUATIONS 9 10 LISTE DES ABREVIATIONS Techniques expérimentales : ACE : Electrophorèse capillaire d’affinité CAHP : Chromatographie d’affinité à haute performance CIHP : Chromatographie d’immunoaffinité à haute performance CLHP : Chromatographie liquide à haute performance EC : Electrophorèse capillaire FA : Analyse frontale FACCE : Electrophorèse capillaire d’analyse frontale en continu HD : Méthode d’Hummel-Dreyer HIC : Chromatographie d’interaction hydrophobe IEC : Chromatographie d’échange d’ions IEF : Isoélectrofocalisation IR : Infrarouge RMN : Résonance magnétique nucléaire RP-CLHP : Chromatographie liquide à haute performance sur phase inversée RPS : Résonance des plasmons de surface SDS PAGE : Electrophorèse sur gel de polyacrylamide en présence de détergent ionique SDS SEC : Chromatographie d'exclusion stérique UV : Ultraviolet VACE : Electrophorèse capillaire d’affinité et de vacance VP : Méthode du pic de vacance Produits chimiques : Ad : Groupement adamantyle AdPh : Groupement phényladamantyle ASH : Albumine du sérum humain ASB : Albumine du sérum bovin β-CD-NH2 : β-cyclodextrine aminée CD : Cyclodextrine CHAPS : 3-[(3-cholamidopropyl)diméthylammonium]-1-propanesulfonate 11 DBLT : Dilaurate de dibutylétain DEAE : Groupement diéthylaminoéthyle DMAP : 4-diméthylaminopyridine DMF : Diméthylformamide DMSO : Diméthylsufoxyde EDC : 1,3-(diméthylaminopropyl)-3-éthylcarbodiimide EP : Epichlorhydrine HPβ-CD : hydroxypropylβ-cyclodextrine IgG : Immunoglobuline G MPEG : Méthoxy(polyéthylène glycol) Nap : Naphtyle NHS : N-hydroxysuccinimide PBS : Tampon phosphate PEEK : poly(éther éther cétone) PEI : Polyéthylèneimine PEG : Polyéthylène glycol Polyβ-CD : Polymère de β-CD SDS : dodécylsulfate de sodium TA : Tampon acétate THF : Tétrahydrofurane Tris : tris(hydroxyméthyl)amino-méthane Ts : Tosyle Tween 20 : Tensioactif neutre Divers : pI : Point isoélectrique psi : unité de pression, 1 psi = 6894,76 Pa SAM : Monocouche auto assemblée 12 LISTE DES FIGURES Pages Figure I-1 ...............................................................................................................................................................27 Figure I-2 ...............................................................................................................................................................27 Figure I-3 ...............................................................................................................................................................31 Figure I-4 ...............................................................................................................................................................35 Figure I-5 ...............................................................................................................................................................36 Figure I-6 ...............................................................................................................................................................36 Figure I-7 ...............................................................................................................................................................37 Figure I-8 ...............................................................................................................................................................38 Figure I-9. ..............................................................................................................................................................42 Figure I-10 .............................................................................................................................................................45 Figure I-11 .............................................................................................................................................................49 Figure I-12 .............................................................................................................................................................50 Figure I-13 .............................................................................................................................................................53 Figure I-14 .............................................................................................................................................................58 Figure I-15 .............................................................................................................................................................60 Figure I-16 .............................................................................................................................................................64 Figure I-17 .............................................................................................................................................................66 Figure I-18 .............................................................................................................................................................67 Figure I-19 .............................................................................................................................................................70 Figure I-20 .............................................................................................................................................................78 Figure II-1 ..............................................................................................................................................................89 Figure II-2 ..............................................................................................................................................................91 Figure II-3 ..............................................................................................................................................................97 Figure II-4 ............................................................................................................................................................103 Figure II-5 ............................................................................................................................................................105 Figure II-6 ............................................................................................................................................................107 Figure II-7 ............................................................................................................................................................110 Figure II-8 ............................................................................................................................................................124 Figure II-9 ............................................................................................................................................................126 Figure II-10 ..........................................................................................................................................................133 Figure II-11 ..........................................................................................................................................................139 Figure II-12 ..........................................................................................................................................................149 Figure II-13 ..........................................................................................................................................................155 Figure II-14. .........................................................................................................................................................157 Figure III-1....................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-2....................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-3....................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-4....................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-5....................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-6....................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-7....................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-8....................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-9....................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-10..................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-11..................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-12..................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-13..................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-14..................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-15..................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-16..................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-17..................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-18..................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-19..................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-20..................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. 13 Figure III-21..................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-22..................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-23..................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-24..................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure III-25..................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Figure IV-1...........................................................................................................................................................275 Figure IV-2...........................................................................................................................................................277 Figure IV-3...........................................................................................................................................................279 Figure IV-4...........................................................................................................................................................281 Figure IV-5...........................................................................................................................................................282 Figure IV-6...........................................................................................................................................................283 Figure IV-7...........................................................................................................................................................285 Figure IV-8...........................................................................................................................................................290 Figure IV-9...........................................................................................................................................................294 Figure IV-10.........................................................................................................................................................296 Figure IV-11.........................................................................................................................................................297 Figure IV-12.........................................................................................................................................................300 Figure IV-13.........................................................................................................................................................303 Figure IV-14.........................................................................................................................................................304 Figure IV-15.........................................................................................................................................................305 Figure IV-16.........................................................................................................................................................311 Figure IV-17.........................................................................................................................................................314 Figure IV-18.........................................................................................................................................................316 Figure IV-19.........................................................................................................................................................317 Figure IV-20.........................................................................................................................................................319 Figure IV-21.........................................................................................................................................................322 Figure IV-22.........................................................................................................................................................323 Figure IV-23.........................................................................................................................................................324 Figure IV-24.........................................................................................................................................................326 Figure IV-25.........................................................................................................................................................328 Figure IV-26.........................................................................................................................................................329 Figure IV-27.........................................................................................................................................................331 Figure IV-28.........................................................................................................................................................332 Figure IV-29.........................................................................................................................................................335 Figure IV-30.........................................................................................................................................................336 Figure IV-31.........................................................................................................................................................339 Figure IV-32.........................................................................................................................................................340 Figure IV-33.........................................................................................................................................................341 Figure IV-34.........................................................................................................................................................342 Figure IV-35.........................................................................................................................................................343 Figure IV-36.........................................................................................................................................................345 Figure IV-37.........................................................................................................................................................347 Figure IV-38.........................................................................................................................................................348 Figure IV-39.........................................................................................................................................................352 Figure IV-40.........................................................................................................................................................355 Figure IV-41.........................................................................................................................................................357 14 LISTE DES REACTIONS Pages Réaction I-1............................................................................................................................................................41 Réaction I-2............................................................................................................................................................43 Réaction I-3............................................................................................................................................................47 Réaction I-4............................................................................................................................................................54 Réaction I-5............................................................................................................................................................55 Réaction I-6............................................................................................................................................................59 Réaction I-7............................................................................................................................................................61 Réaction I-8............................................................................................................................................................68 Réaction I-9............................................................................................................................................................69 Réaction I-10..........................................................................................................................................................73 Réaction I-11..........................................................................................................................................................75 Réaction I-12..........................................................................................................................................................77 Réaction III-1 ................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Réaction III-2 ................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Réaction III-3 ................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Réaction IV-1.......................................................................................................................................................302 Réaction IV-2.......................................................................................................................................................307 Réaction IV-3.......................................................................................................................................................309 Réaction IV-4.......................................................................................................................................................334 15 LISTE DES TABLEAUX Pages Tableau I-1 .............................................................................................................................................................28 Tableau I-2 .............................................................................................................................................................29 Tableau I-3 .............................................................................................................................................................34 Tableau I-4 .............................................................................................................................................................39 Tableau I-5 .............................................................................................................................................................43 Tableau I-6 .............................................................................................................................................................45 Tableau I-7 .............................................................................................................................................................51 Tableau I-8 .............................................................................................................................................................52 Tableau I-9. ............................................................................................................................................................56 Tableau I-10 ...........................................................................................................................................................62 Tableau I-11 ...........................................................................................................................................................68 Tableau I-12 ...........................................................................................................................................................72 Tableau I-13 ...........................................................................................................................................................74 Tableau I-14 ...........................................................................................................................................................76 Tableau I-15 ...........................................................................................................................................................79 Tableau I-16 ...........................................................................................................................................................80 Tableau II-1............................................................................................................................................................88 Tableau II-2............................................................................................................................................................99 Tableau II-3..........................................................................................................................................................118 Tableau II-4..........................................................................................................................................................128 Tableau II-5..........................................................................................................................................................135 Tableau II-6..........................................................................................................................................................137 Tableau II-7..........................................................................................................................................................156 Tableau II-8..........................................................................................................................................................158 Tableau II-9..........................................................................................................................................................161 Tableau III-1 .................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Tableau III-2 .................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Tableau III-3 .................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Tableau III-4. ................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Tableau III-5 .................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Tableau III-6. ................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Tableau III-7 .................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Tableau III-8 .................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Tableau III-9. ................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Tableau III-10 ...............................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Tableau III-11 ...............................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Tableau III-12 ...............................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Tableau III-13 ...............................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Tableau III-14 ...............................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Tableau III-15 ...............................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Tableau IV-1 ........................................................................................................................................................320 Tableau IV-2 ........................................................................................................................................................327 Tableau IV-3 ........................................................................................................................................................350 Tableau IV-4 ........................................................................................................................................................353 Tableau IV-5 ........................................................................................................................................................359 16 LISTE DES EQUATIONS Pages Equation II-1 ..........................................................................................................................................................90 Equation II-2 ..........................................................................................................................................................90 Equation II-3 ..........................................................................................................................................................92 Equation II-4 ..........................................................................................................................................................92 Equation II-5 ..........................................................................................................................................................92 Equation II-6 ..........................................................................................................................................................93 Equation II-7 ..........................................................................................................................................................93 Equation II-8 ..........................................................................................................................................................93 Equation II-9 ..........................................................................................................................................................93 Equation II-10 ........................................................................................................................................................94 Equation II-11 ........................................................................................................................................................94 Equation II-12 ........................................................................................................................................................94 Equation II-13 ........................................................................................................................................................94 Equation II-14 ........................................................................................................................................................98 Equation II-15 ......................................................................................................................................................100 Equation II-16 ......................................................................................................................................................100 Equation II-17 ......................................................................................................................................................100 Equation II-18 ......................................................................................................................................................101 Equation II-19 ......................................................................................................................................................101 Equation II-20 ......................................................................................................................................................101 Equation II-21 ......................................................................................................................................................112 Equation II-22 ......................................................................................................................................................112 Equation II-23 ......................................................................................................................................................112 Equation II-24 ......................................................................................................................................................113 Equation II-25 ......................................................................................................................................................113 Equation II-26 ......................................................................................................................................................113 Equation II-27 ......................................................................................................................................................114 Equation II-28 ......................................................................................................................................................114 Equation II-29 ......................................................................................................................................................115 Equation II-30 ......................................................................................................................................................115 Equation II-31 ......................................................................................................................................................115 Equation II-32 ......................................................................................................................................................116 Equation II-33 ......................................................................................................................................................116 Equation II-34 ......................................................................................................................................................116 Equation II-35 ......................................................................................................................................................120 Equation II-36 ......................................................................................................................................................122 Equation II-37 ......................................................................................................................................................122 Equation II-38 ......................................................................................................................................................134 Equation II-39 ......................................................................................................................................................143 Equation II-40 ......................................................................................................................................................143 Equation II-41 ......................................................................................................................................................144 Equation II-42 ......................................................................................................................................................144 Equation II-43 ......................................................................................................................................................145 Equation II-44 ......................................................................................................................................................145 Equation II-45 ......................................................................................................................................................145 Equation II-46 ......................................................................................................................................................145 Equation II-47 ......................................................................................................................................................146 Equation II-48 ......................................................................................................................................................146 Equation II-49 ......................................................................................................................................................147 Equation II-50 ......................................................................................................................................................147 Equation II-51 ......................................................................................................................................................147 Equation II-52 ......................................................................................................................................................147 Equation II-53 ......................................................................................................................................................148 Equation II-54 ......................................................................................................................................................148 Equation II-55 ......................................................................................................................................................148 Equation II-56 ......................................................................................................................................................148 Equation II-57 ......................................................................................................................................................150 17 Equation II-58 ......................................................................................................................................................150 Equation II-59 ......................................................................................................................................................150 Equation II-60 ......................................................................................................................................................150 Equation II-61 ......................................................................................................................................................151 Equation II-62 ......................................................................................................................................................151 Equation II-63 ......................................................................................................................................................151 Equation II-64 ......................................................................................................................................................152 Equation II-65 ......................................................................................................................................................152 Equation II-66 ......................................................................................................................................................152 Equation II-67 ......................................................................................................................................................152 Equation II-68 ......................................................................................................................................................154 Equation II-69 ......................................................................................................................................................154 Equation II-70 ......................................................................................................................................................154 Equation III-1................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Equation III-2................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Equation III-3................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Equation III-4................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Equation III-5................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Equation III-6................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Equation III-7................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Equation III-8................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Equation III-9................................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Equation III-10..............................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Equation III-11..............................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Equation III-12..............................................................................................................Erreur ! Signet non défini. Equation IV-1.......................................................................................................................................................275 Equation IV-2.......................................................................................................................................................276 Equation IV-3.......................................................................................................................................................277 Equation IV-4.......................................................................................................................................................277 Equation IV-5.......................................................................................................................................................280 Equation IV-6.......................................................................................................................................................313 18 LISTE DES ANNEXES Pages Annexe 1 : Synthèse du polymère de β-cyclodextrine .........................................................................................376 Annexe 2 : Synthèse de la β-CD aminée..............................................................................................................381 Annexe 3 : Synthèse des supports de silice-polyβ-CD ........................................................................................385 Annexe 4 : Caractérisation des polymères hydrophiles initiaux ..........................................................................388 Annexe 5 : Synthèse des MPEGs modifiés phényladamantyle : MPEG-AdPh ...................................................392 Annexe 6 : Synthèse des PEGs modifiés phényladamantyle et COOH : COOH-PEG-AdPh..............................399 Annexe 7 : Analyse par CLHP des lots de polymère OH-PEG-AdPh synthétisés...............................................404 Annexe 8 : Synthèse des dextranes modifiés adamantyle : Dext-Ad ...................................................................406 Annexe 9 : Synthèse des dextranes modifiés adamantyle et diéthylaminoéthyle : Dext-Ad-DEAE....................409 Annexe 10 : Synthèse des dextranes modifiés adamantyle et COOH : Dext-Ad-COOH ....................................413 Annexe 11 : Synthèse des dextranes modifiés adamantyle et octyle : Dext-Ad-C8 .............................................417 Annexe 12 : Conditions expérimentales relatives à la détermination des constantes d’affinité en ACE ...............27 Annexe 13 : Appareillage chromatographique et remplissage des colonnes........................................................424 Annexe 14 : Quelques grandeurs chromatographiques ........................................................................................426 Annexe 15 : Préparation du support d’immunoaffinité ........................................................................................428 Annexe 16 : Caractéristiques de la cellule d’interactions du système optique de RPS ........................................431 Annexe 17 : Immobilisation de la β-cyclodextrine aminée (β-CD-NH2) sur une surface d’or ............................432 Annexe 18 : Synthèse de la β-lactoglobuline modifiée par des greffons de PEG-AdPh : β-lactoglobuline-PEGAdPh ....................................................................................................................................................................435 Annexe 19 : Analyse de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh par EC .........................................................................437 19 20 INTRODUCTION INTRODUCTION 21 INTRODUCTION Les avancées scientifiques enregistrées ces dernières décennies dans le domaine des sciences de la vie et de la santé permettent d’envisager dans un futur proche une évolution fondamentale des outils liés au diagnostic médical et à la thérapeutique. En particulier, on observe depuis quelques années un développement de microsystèmes analytiques permettant de répondre aux besoins de la génomique et de la protéomique (puces à ADN, puces à protéines, laboratoire sur puces, …). La conception de ces dispositifs miniaturisés nécessite selon le cas, de fonctionnaliser des surfaces planes, des capillaires, des microcanaux… par des ligands variés (molécules d’intérêt biologique, molécules organiques). Quel que soit le type d’application envisagée, les méthodes utilisées pour le traitement de surface doivent répondre à un certain nombre d’exigences. Elles doivent en particulier être simples à mettre en œuvre et conduire à des surfaces stables, reproductibles et biocompatibles. L’utilisation de polymères associatifs pour la fonctionnalisation des matériaux peut être une méthode permettant de répondre à ces exigences. Les polymères associatifs sont des macromolécules hydrosolubles comportant une faible quantité de groupements attracteurs. Les interactions mises en jeu peuvent être de différentes natures telles que des liaisons hydrogène, des interactions électrostatiques ou des interactions hydrophobes. La présence de ces interactions confère aux polymères associatifs une capacité à former des structures macromoléculaires réversibles qui peuvent être mises à profit pour l’élaboration d’édifices à couches multiples aux interfaces. Amiel et coll.1,2 ont développé depuis 1995 des systèmes associatifs originaux mettant en jeu un mécanisme d’interaction par formation de complexes d’inclusion. Ces systèmes sont basés sur la complexation d’un polymère de β-cyclodextrine (molécule hôte) avec des polymères amphiphiles (molécules invitées) contenant des groupements hydrophobes capables de s’inclure dans les cavités de β-cyclodextrine. De nombreuses études ont été menées pour évaluer l’influence de la structure des polymères sur la formation des complexes en solution. En particulier, des paramètres tels que la structure de la chaîne macromoléculaire, la nature et la proportion des substituants hydrophobes ont été étudiés. Ces travaux ont permis de révéler une interaction relativement forte entre des groupements hydrophobes de type adamantane et les cavités de β-cyclodextrine. Elles ont par ailleurs montré l’intérêt de tels systèmes pour le contrôle des propriétés macroscopiques en solution. L’objectif de ce travail de thèse est de mettre à profit l’association spécifique et réversible de ces systèmes à base d’adamantane et de β-cyclodextrine pour introduire divers 22 INTRODUCTION types de fonctionnalités sur des surfaces. Ce procédé nécessite de recouvrir le support à modifier par des cavités de β-cyclodextrine, puis de fixer par formation de complexes d’inclusion une couche de molécules fonctionnalisées sur la surface. Ces molécules doivent posséder d’une part des groupements hydrophobes adamantane permettant leur immobilisation sur la couche de β-cyclodextrine et d’autre part des entités variables telles que des sites ioniques, des sites hydrophobes ou des molécules d’intérêt biologique. Afin d’atteindre cet objectif, une étude préalable du système associatif adamantane /βcyclodextrine a été réalisée non seulement en solution, mais également à l’interface solide / liquide en raison des applications envisagées. Par la suite nous avons cherché à démontrer la faisabilité d’un procédé basé sur la formation de complexes d’inclusion pour la fonctionnalisation de surfaces. Pour ce faire, nous avons appliqué cette méthode à des particules de silice poreuse et évalué les propriétés des matériaux ainsi obtenus par chromatographie liquide à haute performance (CLHP). Enfin, nous avons testé ce procédé pour l’élaboration d’interfaces susceptibles d’être utilisées, à terme, pour le diagnostic in vitro de 95 % des allergies actuellement connues. L’exposé de ce travail se divise en quatre parties : Dans une première partie sont tout d’abord présentés les systèmes macromoléculaires de type associatif impliquant des cyclodextrines. Puis, les procédés de synthèse et la caractérisation des différentes molécules hôtes et invitées constituant les systèmes associatifs de cette étude sont décrits. Dans une seconde partie, la stabilité des complexes formés entre la β-cyclodextrine et des polymères modèles porteurs de groupements adamantyle a été étudiée. Pour ce faire, des méthodes d’électrophorèse capillaire d’affinité et de chromatographie liquide à haute performance ont été appliquées. La technique électrophorétique mise en œuvre n’a permis d’accéder qu’aux constantes en solution tandis que l’utilisation d’un support chromatographique constitué de β-cyclodextrine a conduit aux constantes de complexation en solution mais également aux interfaces. La troisième partie du manuscrit consiste à étudier la faisabilité d’un procédé basé sur la formation de complexes d’inclusion pour la fonctionnalisation et la modification des propriétés de surface. Pour cela, une méthode chromatographique a été utilisée. Sur un même support solide à base de silice poreuse préalablement modifiée par des molécules de βcyclodextrine, ont été immobilisés différents polymères portant des groupements adamantyle 23 INTRODUCTION et des groupements de fonctionnalités diverses (ioniques, hydrophobes ou molécules biologiques telles qu’un anticorps). La fixation sur la silice a été vérifiée par l’analyse des propriétés chromatographiques des supports obtenus. La dernière partie de ce travail met en œuvre ce procédé particulier de fonctionnalisation des surfaces pour l’élaboration de biocapteurs à allergènes. Deux voies de préparation basées sur la formation de complexes d’inclusion ont été testées. Les différentes étapes ont été suivies en temps réel à l’aide d’une méthode optique par résonance des plasmons de surface. Cette même technique a été utilisée pour examiner les propriétés de reconnaissance des biocapteurs ainsi constitués ainsi que les propriétés de régénération des surfaces. (1) (2) AMIEL, C.; SANDIER, A.; SEBILLE, B.; VALAT, P.; WINTGENS, V. Int. J. Polymer Analysis and Characterization 1995, 1, 289-300. AMIEL, C.; MOINE, L.; SANDIER, A.; BROWN, W.; DAVID, C.; HAUSS, F.; RENARD, E.; GOSSELET, N. M.; SEBILLE, B. ACS Symposium series ; in StimuliResponsive Water-Soluble and Amphipatic Polymers 2001, 780, 58-81. 24 CHAPITRE I CHAPITRE I : PRESENTATION ET SYNTHESE DES SYSTEMES ASSOCIATIFS DE L’ETUDE 25 CHAPITRE I Le système associatif de l’étude est composé de molécules de cyclodextrine et de différents polymères. Dans un premier temps, la structure et les propriétés des molécules de cyclodextrine ainsi que les systèmes associatifs à base de cyclodextrine seront décrits. Puis, la synthèse des molécules associatives de l’étude, notamment des dérivés de cyclodextrine et des polymères modifiés par des groupements hydrophobes, sera présentée. I – Présentation générale des cyclodextrines Les cyclodextrines (CDs), également nommées cycloheptaamyloses ou «Dextrines de Schardinger » ont été isolées en 1891 par Villiers1 à partir de produits de dégradation de l’amidon. Leurs préparations détaillées et leurs premières caractérisations ont été réalisées par Schardinger2 en 1903. I.1 – Nomenclature et aspects structuraux Les cyclodextrines sont le produit de dégradation de l’amidon par une enzyme, la CGTase (« Cyclodextrin Glycosyl Transferase »), présente dans de nombreux microorganismes3 (Bacillus macerans, Klebsiella oxytoca, Bacillus circulans, et Alkalophylic bacillus…). Cette enzyme n’étant pas spécifique, il se forme en même temps des cyclodextrines comprenant de six à douze unités D(+)glucopyrannose. Les trois principales cyclodextrines notées α-, β- et γ-CD (Figure I-1) contiennent respectivement six, sept et huit unités glucose reliées entre elles par des liaisons α-1,4. Les trois cyclodextrines sont séparées par précipitation sélective en présence de composés organiques appropriés4 ; la β-CD est le résidu formé en majorité à 80% environ. 26 CHAPITRE I O(6)H 6 4 1 O(4) HO(3) O(5) 5 3 2 1 O(2)H α(1-4) α-CD β-CD γ-CD Figure I-1 : Structures chimiques des CDs Les unités glucopyranose des CDs, associées par des liaisons α-1,4, sont toutes dans une conformation de type chaise. Cet arrangement spatial confère aux différentes CDs la forme d’un cône tronqué5 dont l’extrémité la plus large est bordée par les groupements hydroxyle secondaires OH(2) et OH(3), et la plus étroite par les groupements hydroxyle primaires OH(6) (Figure I-2). Les dimensions des CDs sont déterminées par le nombre d’unités glucopyranose (Tableau I-1) et la structure cyclique des CDs est stabilisée par un enchaînement de liaisons hydrogène intramoléculaires entre les groupements hydroxyle OH(2) et OH(3) des unités glucopyranose adjacentes. 15,3 Å 7,8 Å 7,9 Å Figure I-2 : Forme en cône tronqué de la β-CD 27 CHAPITRE I Nombre Masse d’unités molaire glucose (g.mol-1) α 6 β γ CD Diamètre Diamètre Hauteur de interne (Å) externe (Å) la cavité (Å) 972 5,1 ± 0,6 14,2 ± 0,4 7,9 ± 0,1 7 1135 7,8 ± 0,9 15,3 ± 0,4 7,9 ± 0,1 8 1297 8,5 ± 1,0 17,2 ± 0,3 7,9 ± 0,1 Tableau I-1 : Caractéristiques structurales des CDs I.2 – Propriétés physico-chimiques Les propriétés physico-chimiques et les propriétés d’inclusion (paragraphe I.3 de ce chapitre) des cyclodextrines ont été étudiées essentiellement des années 1930 à 1970. En raison de la conformation chaise des unités glucopyranose et de l’orientation équatoriale des fonctions hydroxyle, la cavité de la cyclodextrine est tapissée de liaisons C-H qui lui confèrent un caractère relativement hydrophobe, tandis que ses faces externes sont hydrophiles. Des études ont montré que la polarité des cavités de la cyclodextrine est voisine de celle de l’octanol6. Les paires d’électrons libres portées par les oxygènes glucidiques sont dirigées vers l’intérieur de la cavité ; cette densité électronique élevée donne à la cyclodextrine un caractère de base de Lewis. Les CDs sont solubles dans l’eau et dans des solvants polaires aprotiques tels que le diméthylsufoxyde (DMSO), le diméthylformamide (DMF) et la pyridine. Les CDs sont stables en milieu alcalin mais peuvent subir une hydrolyse partielle à un pH inférieur à 3,5 à une température supérieure à 60°C, produisant ainsi du glucose et une série de maltosaccharides acycliques. Quelques caractéristiques physico-chimiques des principales CDs sont présentées dans le Tableau I-2. 28 CHAPITRE I Solubilité dans pKa l’eau à 25°C (par potentiométrie) (g.L-1) à 25° α 145 12,33 +150 β 18,5 12,20 +163 γ 232 12,08 +177 CD Pouvoir rotatoire à 25° Tableau I-2 : Caractéristiques physico-chimiques des trois principales CDs I.3 – Propriétés de complexation La bipolarité des cyclodextrines, hydrophile à l’extérieur et hydrophobe à l’intérieur, est l’une des plus importantes caractéristiques de ces molécules. En effet, cette propriété permet aux cyclodextrines de former des complexes d’inclusion à l’état solide ou en solution avec une grande variété de substances allant des composés organiques ou inorganiques, neutres ou ioniques, polaires ou apolaires aux gaz nobles. Le terme de complexe d’inclusion introduit pour la première fois par Schlenk en 1950 désigne l’association de deux ou de plusieurs composés dont l’un (la molécule invitée) est entièrement ou partiellement inclus dans une cavité formée par la molécule hôte. Les molécules invitées doivent satisfaire à deux conditions : elles doivent comporter un groupement moins polaire que l’eau et être de taille adaptée aux dimensions de la cavité de la molécule hôte7. En effet, des molécules trop hydrophiles ne pourraient être complexées ainsi que des molécules trop petites qui passeraient au travers de la cavité. Ainsi, la présence sur la molécule invitée, d’un groupement relativement hydrophobe et de taille proche de la cavité de la molécule hôte permet d’obtenir des complexes d’inclusion stables. D’une manière générale, les petites molécules possédant un seul noyau aromatique (dérivés du benzène) ou une chaîne aliphatique courte épousent bien la cavité de l’α-CD ; celles composées de deux noyaux (dérivés du naphtalène, du biphényle…) se complexent à la β-CD et les pyrènes substitués s’incluent dans les cavités de la γ-CD. Des molécules plus volumineuses peuvent également se complexer aux CDs en ne pénétrant que partiellement dans la cavité ou en mobilisant deux molécules de cyclodextrine8. 29 CHAPITRE I La faculté de complexation des CDs peut être améliorée par une modification chimique de ces dernières, notamment par substitution des atomes d’hydrogène des fonctions hydroxyle ou des groupements hydroxyle eux mêmes. I.4 – Mécanisme de formation des complexes d’inclusion En solution aqueuse, la cavité apolaire de la cyclodextrine est occupée par des molécules d’eau qui se trouvent dans un état énergétique défavorable du fait des interactions polaires/apolaires. Ces molécules, qui possèdent une énergie enthalpique plus importante que les autres molécules en solution, sont par conséquent facilement exclues au profit de composés moins polaires que l’eau. La complexation de molécules hydrophobes est énergétiquement favorable (∆H<0) puisqu’elle s’accompagne d’une augmentation des interactions solvant-solvant au détriment des interactions solvant-molécule invitée et solvantmolécule hôte. D’autre part, les molécules d’eau expulsées acquièrent un degré de liberté plus élevé qu’à l’intérieur de la cavité et, de ce fait, un gain d’entropie (∆S>0) peut également favoriser la complexation. Cependant, il a été montré que le processus de complexation s’accompagnait parfois d’un gain d’enthalpie (∆H>0) et d’une perte d’entropie (∆S<0) indiquant alors que le phénomène de complexation n’est pas limité au processus hydrophobe classique décrit ci dessus. En effet, trois principaux phénomènes seraient responsables de l’inclusion de molécules invitées dans les cyclodextrines3,8,9 : (i) des interactions hydrophobes entre l’hôte et l’invité, (ii) des interactions de Van der Waals (liaisons faibles de type dipôle/dipôle), (iii) des liaisons hydrogène entre les groupements hydroxyle des CDs et les groupes polaires de la molécule invitée. L’importance de la contribution de chacune de ces forces dépend de la nature des molécules incluses et de l'adéquation entre leur taille et celle de la molécule hôte. Les cyclodextrines peuvent également complexer des molécules volumineuses et dans le cas de composés amphiphiles, comportant une partie hydrophile et une partie hydrophobe distincte, la molécule s’oriente de manière à inclure la partie apolaire dans la cavité de la cyclodextrine (Figure I-3). La partie polaire reste alors à l’extérieur de la cavité et assure un contact maximum avec le solvant et les groupes hydroxyle de la cyclodextrine. 30 CHAPITRE I cyclodextrine partie polaire partie apolaire molécule amphiphile molécule d’eau Figure I-3 : Représentation schématique de la formation d’un complexe d’inclusion ; d’après Szejtli7 I.5 – Applications Dans les années 1940, cinquante ans après la découverte des cyclodextrines, seule une cinquantaine de publications était recensée. Aujourd’hui, un bond considérable dans l’utilisation et l’étude des cylodextrines est observé puisque plus de treize mille travaux sur les CDs ont été publiés10. Cet essor est dû, d’une part, à la non toxicité des cyclodextrines et, d’autre part, aux progrès spectaculaires réalisés dans la production et la purification qui ont permis de baisser considérablement les prix. La production industrielle et l’utilisation des cyclodextrines se sont développées essentiellement depuis les années 1970. Les CDs et leurs complexes d’inclusion trouvent de nombreuses applications dans les domaines de l’industrie chimique, biochimique, pharmaceutique, cosmétique et alimentaire. Pour donner quelques exemples d’applications, dans le domaine pharmaceutique les CDs naturelles et leurs dérivés synthétiques peuvent être utilisés comme agent de libération de principes actifs11,12 et peuvent améliorer la solubilité13, la stabilité et la biocompatibilité de certains médicaments14,15. Dans le domaine de la thérapie génique, les CDs et leurs dérivés sont capables d’interagir avec les membranes de certaines cellules et donc de favoriser la pénétration d’acides nucléiques au sein des cellules16 ; un 31 CHAPITRE I exemple d’application de polymères dérivés de cyclodextrine est leur possible utilisation comme moyen de transfection des cellules hépatiques17. Les cyclodextrines sont également utilisées dans le domaine des méthodes séparatives et analytiques telles que la chromatographie gazeuse, la chromatographie liquide à haute performance et l’électrophorèse capillaire où elles jouent le rôle d’éluant ou de support chiral. Aujourd’hui la synthèse de nombreux dérivés de cyclodextrine et leurs utilisations dans de nombreuses technologies étant bien connues, il est probable que les cyclodextrines trouveront de nouvelles applications dans la protection de l’environnement, dans le domaine des biotechnologies et dans l’industrie textile. II - Présentation générale des systèmes macromoléculaires associatifs à base de cyclodextrine L’association non covalente mais hautement spécifique par formation de complexes d’inclusion, entre des cyclodextrines hôtes et des groupements invités portés par des chaînes de polymères permet de créer des structures supramoléculaires. L’utilisation d’un polymère hydrosoluble comme molécule invitée peut donner naissance à deux types de structures : (i) lorsque les cyclodextrines interagissent directement avec le squelette du polymère, des configurations appelées polyrotaxanes (ou pseudopolyrotaxanes) sont obtenues. Ces dernières sont caractérisées par une structure en collier de perles où plusieurs unités cycliques de cyclodextrine sont enfilées le long de la chaîne polymérique (ii) lorsque les cyclodextrines sont mélangées à des copolymères hydrosolubles de type associatif, possédant des groupements secondaires capables de s’inclure dans les cavités, elles peuvent agir comme agent déstructurant ou agent de contrôle de la structure supramoléculaire. 32 CHAPITRE I II.1 – Formation de complexes supramoléculaires cristallins : les polyrotaxanes Harada et coll. ont mis en évidence la formation de complexes cristallins de type polyrotaxanes à partir de divers polymères organiques linéaires neutres. En particulier, le poly(éthylène glycol) (PEG)18-21, le poly(propylène glycol) (PPG)20,22, le polyisobutylène (PIB)23,24, le poly(méthyl vinyl éther) (PMeVE)20,25, ou certains polyesters aliphatiques26 [O(CH2)xOCO(CH2)4CO]n- comme le poly(adipate d’éthylène) (PEA, x = 2), le poly(adipate de triméthylène) (PTA, x = 3) et le poly(adipate de 1,4-butylène) (PBA, x = 4) ont été étudiés. Quelques résultats issus de ces travaux sont regroupés dans le Tableau I-3. Formation du complexe α-CD β-CD γ-CD − Trace + + (pour (pour Mpolymère>400g/mol) Mpolymère≥400g/mol maximum pour maximum pour Mpolymère=1000g/mol Mpolymère=1000g/mol 2:1 2:1 Polyglycols : + (à partir de n≥4 ou Mpolymère>200g/mol) ↑ si Mpolymère↑ PEG18-21 Rendement vitesse formation du -(CH2-CH2-O)n- complexe maximale pour Mpolymère=1000g/mol Stoechiométrie 2:1 (n≥6) monomère:CD 1:2 (n = 4 ou 5) − PPG20,22 Rendement -(CH2-CH(CH3)-O)n- Stoechiométrie monomère:CD 33 CHAPITRE I Formation du complexe α-CD β-CD γ-CD + + ↓si Mpolymère↑ ↑ si Mpolymère↑ Polymères aliphatiques : PIB23,24 -(CH2-C(CH3)2)n- Rendement − Stoechiométrie 3:1 monomère:CD Polyéthers : PMeVE20,25 Rendement − − + Stoechiométrie -(CH2-CH(OCH3))n- 3:1 monomère:CD Polyesters aliphatiques : + PEA + 26 Rendement ↓peu si Mpolymère↑ moyen maximum pour Mpolymère=8001000g/mol -[O(CH2)2OCO(CH2)4CO]n- Stoechiométrie monomère:CD 1,3:2 1,5:1 PTA26 + -[O(CH2)3OCO(CH2)4CO]n- Ou PBA26 Rendement + ↓ si Mpolymère↑ maximum pour moyen Mpolymère=8001000g/mol -[O(CH2)4OCO(CH2)4CO]n- Tableau I-3 : Quelques résultats issus des travaux menés par Harada et coll. sur la formation de complexes cristallins entre les trois principales cyclodextrines (α α-, β-et γ-CD) et une variété de polymères neutres (+ : formation de complexes d’inclusion avec un important rendement, - : pas de formation de complexes d’inclusion) Ces travaux mettent en évidence la capacité des cyclodextrines à former des complexes d’inclusion avec des macromolécules pour créer des systèmes d’ordre supérieur (systèmes supramoléculaires). De plus, les résultats mettent en avant la nécessité d’une bonne corrélation entre la taille de la molécule invitée et la cavité des cyclodextrines afin de former des complexes et ce, avec un haut rendement. Les polymères étudiés sont constitués d’unités monomères de différentes tailles et possèdent un encombrement stérique variable autour de la chaîne principale ; ces deux paramètres gouvernent alors la stoechiométrie du complexe 34 CHAPITRE I formé ainsi que le nombre de chaînes macromoléculaires pénétrant les cavités de cyclodextrine (Figure I-4). a) b) Figure I-4 : Stuctures possibles des complexes α-CD/PEA (a) et γ-CD/PEA (b) proposées par Harada et coll.26 Jiao et coll.27 ainsi que Sabadini et Cosgrove28 ont montré que des PEGs de formes étoilées, contenant 3 à 15 bras, sont également capables de former des complexes cristallins avec l’α-CD et la γ-CD mais pas avec la β-CD. Les premières études menées sur les polymères de plus faibles masses27 (3, 4 et 6 bras) ont mis en évidence, pour l’ensemble des systèmes mettant en jeu l’α-CD et la γ-CD, des structures cristallines en colliers de perles. Quelles que soient les masses des polymères, des stoechiométries éthylène glycol:CD de l’ordre de 2:1 pour l’α-CD et 4:1 pour la γ-CD ont été obtenues. Compte tenu de la hauteur constante des CDs mais des différentes largeurs de cavités, des structures présentant soit une chaîne macromoléculaire soit deux chaînes accolées à l’intérieur de la cavité ont été déterminées respectivement pour l’α-CD et la γ-CD (Figure I5). La β-CD, quant à elle, possédant une cavité de taille intermédiaire, est trop large pour inclure fortement une chaîne de PEG mais trop petite pour pouvoir accueillir deux bras. 35 CHAPITRE I a b c Figure I-5 : Structures possibles des complexes γ-CD/PEG-3bras (ethoxylate glycérol) (a), γ-CD/PEG4bras (b), γ-CD/PEG-6bras (c) proposées par Jiao et coll.27 γ Les études ultérieures menées sur les PEGs de plus fortes masses28 (13 et 15 bras) ont confirmé les résultas précédents et ont mis en évidence, pour la première fois, la formation d’un hydrogel au terme du phénomène de complexation. Les auteurs ont également montré que le nombre d’unités éthylène glycol complexées par bras de polymère est plus faible pour la γ-CD que pour l’ α-CD du fait de la difficulté de faire pénétrer deux chaînes macromoléculaires dans une cyclodextrine dans ce dernier cas (Figure I-6). a b Figure I-6 : Représentation schématique des complexes formés entre un PEG-13bras et l’α α-CD (a) ou la γ28 CD (b) selon Sabadini et Cosgrove La capacité de l’α-cyclodextrine à former des structures stables avec des PEGs a été utilisée afin de créer des systèmes macromoléculaires plus élaborés. Pour ce faire, des brins de PEGs linéaires sont préalablement greffés sur des chaînes macromoléculaires telles que des 36 CHAPITRE I dextranes29,30 ou des lipides31 pour permettre la création de systèmes d’ordre supérieur par phénomène de complexation avec des cyclodextrines. II.2 – Formation de complexes supramoléculaires en solution Les polymères associatifs sont des macromolécules hydrosolubles comportant, en faible proportion, des groupements attracteurs. Les interactions alors mises en jeu (liaisons hydrogène, interactions électrostatiques, interactions hydrophobes, complexes d’inclusion…) conduisent à la formation de macrostructures réversibles. Zhang et Hogen-Esch32 ont montré une application possible des cyclodextrines comme agent déstructurant lorsqu’elles sont ajoutées à des polymères associatifs. Les travaux menés ont fait appel à un polymère associatif amphiphile de PEG modifié à ses extrémités de chaîne par des groupements attracteurs fluorocarbonés. Dans la mesure où les groupes secondaires hydrophobes du polymère possèdent une affinité pour les cyclodextrines, l’ajout de ces dernières a permis de dissocier totalement les agrégats hydrophobes issus des associations intermoléculaires (Figure I-7). La déstructuration (par formation de complexes d’inclusion) du système initial s’est manifestée par une importante diminution de la viscosité du système. PEG + + C6F13 Figure I-7 : Formation de complexes d’inclusion en solution entre la β-cyclodextrine et un PEG fonctionnalisé en bout de chaîne par des groupements fluorocarbonés C6F13 37 CHAPITRE I Par ailleurs, Amiel et coll. ont utilisé les cyclodextrines comme agent de contrôle des interactions entre polymères associatifs 33-39 . Les études ont été réalisées en mettant en présence un polymère de β-cyclodextrine avec des polymères amphiphiles contenant des substituants hydrophobes capables de s’inclure dans les cavités de cyclodextrine (Figure I-8). Figure I-8 : Représentation schématique des associations entre un polymère de β-cyclodextrine et des polymères amphiphiles37 (les polymères étudiés possèdent une faible proportion de groupements hydrophobes, ces derniers étant symbolisés ci-dessus par des boules noires) Afin d’étudier les relations structure-propriétés des systèmes obtenus, la nature chimique et la structure des polymères amphiphiles ont été modifiées en changeant (i) la nature du groupement hydrophobe (naphtyle, adamantyle ou alkyle) et le nombre de substituants par chaîne de polymère, (ii) la structure de la chaîne macromoléculaire (linéaire, en peigne ou étoilée). Ainsi, différentes études ont porté sur la complexation d’un polymère de β-cyclodextrine (de structure ramifiée) avec des polymères neutres de poly(éthylène glycol) (PEG) linéaires33-37 ou de formes étoilées35,37, modifiés par des groupements naphtyle33-35 ou adamantyle34-37 terminaux. Des polymères en peigne dérivés du poly(diméthylacrylamide)38 et du dextrane37,39, modifiés par des groupements adamantyle37,38 ou alkyle37,39 le long de la chaîne, ont également été étudiés. Des études au plan microscopique menées par fluorimétrie 34,35,37 ou dialyse 35,37 ont permis de déterminer les constantes de complexation en solution entre des PEGs 38 CHAPITRE I téléchéliques, modifiés en extrémités de chaîne par des groupements napthyle ou adamantyle, et un polymère de β-cyclodextrine (Tableau I-4). Polymère Groupe MPEG (g/mol) K (M-1) Méthode 6000 400 Anisotropie terminal PEG-Nap2 linéaire 2-Naphtyle 34,35 PEG-Ad2 de fluorescence 1-Adamantyle 6000 3200 linéaire34,35,37 Fluorescence avec marqueur 6000 3200 Dialyse 20000 2300 Fluorescence avec marqueur 20000 1600 Dialyse 35000 2000 Fluorescence avec marqueur PEG-Ad3 3bras 1-Adamantyle 15000 2800 Dialyse 1-Adamantyle 20000 2300 Dialyse 1-Adamantyle 40000 6300 Dialyse 35 PEG-Ad4 4bras35 PEG-Ad8 8bras 35 Tableau I-4 : Constantes de complexation entre des dérivés de PEGs et un polymère de β-cyclodextrine Méthodes utilisées : 1 – Spectroscopie de fluorescence (technique d’anisotropie de fluorescence ou emploi d’un marqueur 1-8-anilinonaphatlène sulfonate ANS) ; 2 – dialyse L’ adamantyle, du fait de sa structure sphérique, s’incorpore parfaitement dans les cavités de β-cyclodextrine et possède une affinité plus importante que le substituant naphtyle. 39 CHAPITRE I D’autre part, l’influence de la masse moléculaire du PEG a été soulignée et montre une diminution des constantes de complexation lors d’une augmentation de la taille des chaînes macromoléculaires. Ce dernier résultat s’expliquerait par un effet entropique : en effet, la complexation s’accompagnerait d’une diminution de l’entropie de la chaîne d’autant plus marquée que la masse du polymère est importante. Enfin l’architecture de la chaîne influe la complexation puisque à partir d’un nombre de bras égal à quatre, l’affinité du polymère pour les cyclodextrines augmente fortement. Ce phénomène pourrait s’expliquer par la proximité des groupements adamantyle qui conduirait à des mécanismes d’interaction coopératifs. Cet effet a été confirmé par l’étude d’un dextrane modifié, de masse égale à celle du PEG-8bras mais possédant un rapport molaire d’hydrophobicité supérieur (3 groupes adamantyle pour 100 unités monomères), pour lequel une constante d’affinité élevée de l’ordre de 104M-1 a été déterminée 37. D’autre part, les études des propriétés macroscopiques des systèmes ont mis en évidence soit des phénomènes d’agrégation en solution pouvant mener à des structures de type gel35,37, soit des phénomènes de séparation de phases associatives 35,37. Les auteurs ont montré que ces processus sont contrôlés par la force des interactions entre les macromolécules et notamment par le nombre de groupements hydrophobes (nh) par chaîne de polymère. Ainsi des comportements de gels réversibles ont été obtenus au-delà d’une valeur critique de (nh) comprise entre 10 et 40 et ceci indépendamment de la structure du polymère. Par ailleurs, des phénomènes de séparation de phases associatives n’ont été observés que pour des macromolécules contenant au minimum 3 motifs hydrophobes par chaîne, et ce, quelle que soit la nature du groupement (adamantyle ou alkyle). III - Synthèse des molécules hôte et invité du système associatif de l’étude Le système associatif de l’étude est constitué d’un dérivé de la β-cyclodextrine (sous forme monomère ou polymère) immobilisé sur un support et d'un polymère amphiphile (poly(éthylène glycol) ou dextrane porteurs de groupements hydrophobes). 40 CHAPITRE I III.1 - Synthèse des molécules hôtes : dérivés de β-cyclodextrine En vue de différentes applications, deux dérivés de β-cyclodextrine ont été synthétisés : • un polymère de β-cyclodextrine a été élaboré pour créer des supports de chromatographie liquide (Cf. Synthèse du support au paragraphe III.2 de ce chapitre et applications du support aux chapitres II et III), • une monoamination de la β-cyclodextrine a été effectuée pour permettre son immobilisation sur une surface d’or et conduire à l’élaboration de puces à allergènes (Chapitre IV). III.1.1 - Synthèse et caractérisation d’un polymère de β-cyclodextrine Une méthode de synthèse d’un copolymère β-cyclodextrine/épichlorhydrine a été mise au point par Renard et coll.40. Cette méthode consiste en une polycondensation de la βcyclodextrine et de l’épichlorhydrine (EP) en milieu fortement alcalin (Réaction I-1). Un tel polymère a été synthétisé et le mode opératoire suivi est résumé en annexe 1. O OH CH2Cl NaOH β-CD polyβ β-CD Réaction I-1 : Réaction simplifiée de la polycondensation de la β -CD et de l'épichlorhydrine (EP) : synthèse d’un copolymère β -CD/EP 41 CHAPITRE I La polycondensation, reliant les cyclodextrines par des liaisons covalentes, permet d’obtenir un matériau relativement stable. Par ailleurs, le copolymère obtenu possède une structure branchée41 mais sa structure exacte reste difficile à déterminer. En effet, la β-CD possède de nombreux groupements hydroxyle fonctionnels susceptibles d’être substitués (21 par molécule de β-CD) et de plus, l’EP peut réagir soit sur les fonctions hydroxyle de la cyclodextrine soit sur elle-même (annexe 1). De ce fait, les molécules de β-CD peuvent être modifiées par des séquences plus ou moins longues de poly(2-hydroxypropyl)éther libres à une extrémité, ou bien jouant le rôle de pontages entre plusieurs CDs (Figure I-9). H O(6)R O * O RO(3) * O(2)R O * R= CH2 CH CH2O H m OH * CH2 7 CH CH2O glucose n OH Figure I-9 : Structure schématique des unités de β-CD dans le copolymère β-CD/EP. Les masses molaires moyennes du copolymère ont été déterminées par chromatographie d'exclusion stérique (SEC) en milieu aqueux avec une détection par réfractométrie différentielle. Deux colonnes TSK-gel (montées en série) de type SW 4000 et 3000 ont été utilisées après un étalonnage avec des standards de pullulane. Les résultats sont reportés dans le Tableau I-5. La proportion de cavités de β-CD par rapport à l’épichlorhydrine et le nombre moyen de cavités de β-CD par chaîne ont été déterminés par RMN du proton dans de l’eau deutérée (D2O). Le spectre de RMN relatif au copolymère β-CD/EP et les calculs sont donnés en annexe 1. Les résultats obtenus sont reportés dans le Tableau I-5. 42 CHAPITRE I Mn(a) Mp(a) (g.mol-1) (g.mol-1) 11000 15000 Nom polyβ-CD Ip(a) % massique Nb de β-CD β-CD(b) par chaîne(b) 70 7 1,4 Tableau I-5 : Caractéristiques chimiques du copolymère β-CD/EP déterminées par (a) SEC sur colonnes TSK-gel de type SW 3000 et 4000 (montées en série) ; détection par réfractométrie différentielle (étalonnage avec des standards de pullulane), (b) RMN du proton en solution dans le D2O III.1.2 – Synthèse et caractérisation d’une β-cyclodextrine monoaminée a) Principe La monoamination de la β-CD a été effectuée suivant un procédé inspiré de celui décrit par Melton et Slessor42 et consiste en une tosylation des fonctions hydroxyle de la βCD, suivie d’une réaction avec l’azoture de sodium, puis d’une réduction. Ces trois étapes sont résumées par la Réaction I-2 et le mode opératoire suivi est détaillé en annexe 2. 1ère étape OH OSO2 SO2Cl H3C 2ème étape TA, 24h, Pyridine β-CD CH3 NaN3, KI 70°, 24h, DMF 3ème étape N NH2 N+ N- NaBH4, Ni 70°, 24h, H2O β-CD-NH2 Réaction I-2 : Monoamination de la β-CD par modification chimique des fonctions hydroxyle de la β-CD 43 CHAPITRE I b) Synthèse et caractérisation de l'intermédiaire β-cyclodextrine tosylée L’étape de tosylation consiste à faire réagir le chlorure de tosyle sur les fonctions hydroxyle de la β-cyclodextrine. Afin de privilégier la monotosylation de la β-CD, un défaut molaire de tosyle par rapport aux molécules de CD a été utilisé. La β-CD non modifiée est éliminée au cours d’une étape de recristallisation dans l’eau. La cyclodextrine tosylée est ensuite analysée par IR et RMN du proton. En IR, la tosylation de la β-CD est confirmée par l’apparition d’une bande à 1385 cm-1 caractéristique de la liaison R1-OSO2-R2 (Cf. Annexe 2). La β-CD tosylée étant insoluble dans l’eau, l’analyse par RMN de la CD intermédiaire est effectuée en solution dans le diméthylsulfoxyde (DMSO) deutéré (Figure I-10). Ce solvant aprotique permet d'observer les protons des fonctions hydroxyle de la β-CD. 1 3 4 2 6 5 5 DMSO N° pic Déplacement (ppm) Multiplicité Attribution 5 7,4 – 7,75 Doublet de doublet H aromatiques du tosyle 3 5,75 Singulet large OH secondaires de la β-CD 1 4,85 Doublet H anomérique 44 CHAPITRE I 4 4,5 Singulet large OH primaires de la β-CD 2 3,2 à 3,8 Multiplet CH et CH2 de la β-CD 6 2,42 Singulet CH3-O du tosyle Figure I-10 : Spectre de RMN du proton de la β -CD tosylée en solution dans le DMSO deutéré La tosylation de la β-CD est confirmée par l’apparition de nouveaux signaux relatifs au groupement tosyle (pics 5 et 6). Le taux de substitution moyen en fonctions tosyle par cavité de CD a été calculé (Cf. Annexe 2). Les caractéristiques de la β-CD tosylée synthétisée sont résumées dans le Tableau I-6. Nom Rapport molaire Rapport molaire Nb tosyle de synthèse de synthèse par cavité de β-CD (tosyle/cavité de β-CD) (tosyle/OHprimaire) β-CD tosylée 0,5 0,07 (RMN) 1 Tableau I-6 : Caractéristiques de la β -CD tosylée c) Synthèse et caractérisation de l'intermédiaire β-cyclodextrine azidée La seconde étape consiste à faire réagir un excès molaire d’azoture de sodium sur la cyclodextrine tosylée. La réaction d’azidation est vérifiée par IR par la disparition de la bande à 1385 cm-1 au profit d’une autre à 2105 cm-1 caractéristique des fonctions N3 (ν-N=N+=N-) (Cf. Annexe 2) et par RMN avec la disparition des signaux caractéristiques du groupement tosyle à 7,75-7,4 ppm et 2,42 ppm. d) Synthèse et caractérisation de la β-cyclodextrine aminée La dernière étape consiste à réduire les fonctions azoture de la cyclodextrine en fonctions amine primaire par l’utilisation d’un excès de borohydrure de sodium en présence 45 CHAPITRE I de Nickel de Raney. La modification de la CD azidée est vérifiée en IR par la disparition de la bande à 2105 cm-1 caractéristique des fonctions N3 (Cf. Annexe 2). III.2 – Immobilisation du polymère de β-cyclodextrine sur de la silice : élaboration d’un support chromatographique de silice-polyβ β-CD Pour certaines applications, le polymère de β-cyclodextrine (polyβ-CD), dont la synthèse a été décrite au paragraphe III.1.1 de ce chapitre, a été immobilisé sur de la silice poreuse. Le support chromatographique de silice-polyβ-CD ainsi obtenu a été utilisé dans un premier temps, comme support d’affinité pour l’étude théorique des interactions entre les polymères modèles de PEGs modifiés par des groupements phényladamantyle et des molécules de β-CD (Cf. Chapitre II), puis comme support de base pour l’élaboration de phases stationnaires de fonctionnalités variables et de phases stationnaires d’immunoaffinité (Cf. Chapitre III). L’immobilisation du polymère de β-cyclodextrine sur la silice a été effectuée suivant le procédé décrit par David et coll.43. Celui-ci consiste à greffer le polymère β-cyclodextrine sur une silice diol par l’intermédiaire d’un agent difonctionnel, le 1,4-diisocyanatobutane. Les deux étapes nécessaires à cette modification chimique sont décrites par la Réaction I-3 et les conditions expérimentales correspondantes sont données en annexe 3. 46 CHAPITRE I 1er étape Si + O C N (CH2)4 N C Si O OH OH OH O H N C N(C2H5)3, DBLT 65°C, 6h, C2H4Cl2 (CH2)4 N C O O Silice diol Silice-isocyanate 2ème étape polyβ β-CD DMAP TA, 48h, Pyridine avec DBLT = dilaurate de dibutyle étain C11H23CO Si OH O C4H9 C 4 H9 H N (CH2)4 H N O Sn C11H23CO C C O O Silice-polyβ β-CD Réaction I-3 : Synthèse du support chromatographique de silice-polyβ β-CD par greffage d’un polymère de β-cyclodextrine (polyβ β-CD) sur la silice diol ; mise en jeu d’un agent de couplage bifonctionnel, le 1,4diisocyanatobutane. La réaction indiquée ci-dessus est simplifiée et ne tient pas compte des réactions de réticulation pouvant se produire lors de la fixation du 1,4-diisocyanatobutane La première étape consiste à greffer l’intermédiaire difonctionnel, le 1,4diisocyanatobutane, sur la silice diol. La silice obtenue est appelée silice-isocyanate. Le greffage du 1,4-diisocyanatobutane sur les fonctions alcool de la silice diol est confirmé par analyse élémentaire (Cf. annexe 3) et par analyse IR avec l’apparition d’une nouvelle bande par rapport au spectre initial de silice, à 1703 cm-1 caractéristique des fonctions uréthane (OCO-NH). Par ailleurs, la présence d’une seconde bande à 2273 cm-1 caractéristique des fonctions isocyanate libres permet d’envisager le greffage du poly-β-CD La seconde étape consiste à greffer le polymère de β-CD sur la silice-isocyanate par couplage entre les fonctions hydroxyle portées par le poly-β-CD et les fonctions isocyanate libres du support. Cette fixation est confirmée par analyse élémentaire (Cf. annexe 3) et par 47 CHAPITRE I analyse IR avec la disparition de la bande à 2273 cm-1 caractéristique des fonctions isocyanate libres. Selon les applications envisagées, des supports de silice-polyβ-CD de différentes porosités (de 10 nm à 400 nm) ont été élaborés (Cf. annexe 3). D’autre part, les caractéristiques des supports chromatographiques obtenus, notamment les quantités de cavités de β-CD immobilisées par gramme et par mètre carré de silice, ont été reportées dans l’annexe 3. III.3 - Synthèse des molécules invitées : dérivés amphiphiles de poly(éthylène glycol) et de dextrane Deux catégories de polymères amphiphiles jouant le rôle de molécules invitées ont été synthétisées (Figure I-11) : • des poly(éthylène glycol)s (PEG)s linéaires portant un groupe hydrophobe à une extrémité de leur chaîne, • des dextranes présentant une répartition statistique de motifs hydrophobes le long de leur chaîne. Les dérivés de poly(éthylène glycol)s ont été principalement utilisés en tant que polymères modèles pour étudier les interactions d’une part en solution et d’autre part aux interfaces entre ces PEGs portant un groupement hydrophobe en bout de chaîne et des βcyclodextrines (Chapitre II). Les dextranes, quant à eux, pouvant être modifiés par de nombreux groupements hydrophobes le long de leur chaîne et par d’autres fonctions réactives, ont été utilisés pour introduire sur des surfaces recouvertes de cyclodextrine, diverses fonctions (fonction acide carboxylique, fonction amine, chaînons alkyle), le but recherché étant d’élaborer des édifices macromoléculaires à finalité analytique tels que des supports chromatographiques ou des puces à allergènes (Chapitres III et IV). 48 CHAPITRE I O O H3CO n HO H MéthoxyPoly(EthylèneGlycol) MPEG n H Poly(EthylèneGlycol) PEG 6 4 O 5 HO HO 2 3 1 Hanomérique OH O n Dextrane Figure I-11 : Structures chimiques des polymères hydrophiles avant modification III.3.1 – Présentation de l’ensemble des polymères amphiphiles synthétisés a) Choix du groupement hydrophobe La littérature répertorie de nombreuses constantes d’affinité entre les cyclodextrines et des petites molécules44-46. Par exemple, Eftink et coll.47,48 se sont intéressés à des dérivés de l’adamantane et une constante de 3.105M-1 a été déterminée pour l’inclusion de l’acide adamantane-1-carboxylique dans les cavités de β-CD, démontrant ainsi la forte stabilité du complexe adamantyle / β-CD48. Amiel et coll.34-38 et David et coll.43 ont élargi l’étude du système adamantyle / β-CD à un ordre supérieur en travaillant avec des polymères modifiés par des groupes adamantyle. Les auteurs ont mis en évidence des interactions spécifiques entre les groupements hydrophobes adamantyle (Figure I-12), portés par des poly(éthylèneglycol)s ou des dextranes, et les cavités de β-cyclodextrine. 49 CHAPITRE I R R Groupement Adamantyle (Ad) R = PEG ou dextrane Groupement Phényladamantyle (AdPh) Figure I-12 : Structure chimique des groupes hydrophobes à base d’adamantane greffés aux polymères hydrophiles (PEGs et dextranes) Les complexes obtenus présentent une bonne stabilité en milieu aqueux, avec des constantes d’interaction en solution allant de 3.103 M-1 à 104 M-1, respectivement pour un dérivé de PEG linéaire de masse 6000g/mol34 et un dérivé de dextrane de masse 40000g/mol37 (Cf. Tableau I-4, paragraphe II-2). La spécificité et la stabilité du complexe adamantyle / βCD ont été mises à profit pour immobiliser de façon simple et rapide (par formation de complexe d’inclusion) des polymères modifiés par des groupements adamantyle sur des surfaces recouvertes de β-CD17,49,50 et ont permis l’élaboration de biocapteurs optiques49. Ainsi, la stabilité du complexe adamantyle / β-CD et son application possible comme moyen d’ancrage de macromolécules sur des surfaces recouvertes de cyclodextrine en font un bon candidat pour l’élaboration de systèmes macromoléculaires à finalité analytique. Les travaux de modélisation des interactions par chromatographie liquide à haute performance (CLHP) et électrophorèse capillaire (EC) (Chapitre II) ont nécessité l’utilisation d’espèces absorbant en UV ; de ce fait, le groupement adamantyle a dû être remplacé par le groupement phényladamantyle (Figure I-12) répondant à ce critère. b) Présentation des polymères amphiphiles synthétisés et de leurs applications Diverses modifications ont dû être apportées aux polymères hydrophiles de base (PEGs et dextranes) en fonction de l’application escomptée. Un récapitulatif de l’ensemble des polymères amphiphiles synthétisés ainsi que leurs applications potentielles est donné dans le Tableau I-7. 50 CHAPITRE I Polymère hydrophile de base Nature des groupements greffés Notation Application Chapitre MPEG AdPh MPEG-AdPh Modélisation des interactions par CLHP et EC II Modélisation des interactions par EC II PEG AdPh + COOH Puces à allergènes IV Supports chromatographiques III Puces à allergènes IV Dextrane Ad + COOH COOH-PEG-AdPh Dext-Ad-COOH Ad + N+H(C2H5)2 Dext-Ad-DEAE Supports chromatographiques III Ad + C8H17 Dext-Ad-C8 Supports chromatographiques III Tableau I-7 : Ensemble des polymères amphiphiles synthétisés et leurs applications potentielles III.3.2 - Caractérisation des polymères hydrophiles initiaux Les masses molaires et les indices de polymolécularité des polymères initiaux ont été déterminés par chromatographie d'exclusion stérique (SEC) en milieu aqueux et dans certains cas par RMN du proton. Les résultats sont regroupés dans le Tableau I-8. Les conditions d'analyse et les calculs sont présentés en annexe 4. 51 CHAPITRE I Polymère Fournisseur Mn(a) Mw(a) -1 Ip(a) -1 Mn(b) -1 (g.mol ) (g.mol ) (g.mol ) Nb d’unités monomère par chaîne(b) MPEG 5000 Aldrich 5600 5900 1,05 4900 112 MPEG 2000 Aldrich 2300 2400 1,06 2100 48 PEG 4600 Aldrich 4700 5200 1,10 4700 108 Dextrane 40000 Amersham 43000 63000 1,5 12000 15000 1,3 Biosciences Dextrane 10000 Aldrich Tableau I-8 : Masses molaires (g.mol-1) et indices de polymolécularité des polymères hydrophiles initiaux déterminés par : (a) SEC sur colonnes PL aquagel-OH 40 et 30 (montées en série) ; détection par diffusion de la lumière et réfractométrie différentielle (étalonnage avec des standards de PEG), (b) RMN du proton dans du DMSO deutéré III.3.3 – Synthèse et caractérisation des polymères amphiphiles à base de PEG Les dérivés amphiphiles synthétisés à partir de PEGs ont été dans un premier temps utilisés comme polymères modèles pour l’étude des interactions entre les groupements hydrophobes, portés par les PEGs modifiés en question, et des cavités de β-cyclodextrine (Chapitre II). Par la suite, un polymère de PEG modifié sera également utilisé pour introduire des fonctions hydrophobes sur une protéine en vue d’élaborer un biocapteur (Chapitre IV, paragraphe IV.1). Les méthodes analytiques CLHP et EC employées impliquent l’utilisation de composés absorbant en UV. De ce fait, les PEGs ont été modifiés par des groupements hydrophobes phényladamantyle (AdPh) possédant des propriétés chromophores. Deux types de polymères à base de PEGs ont été élaborés (Figure I-13). 52 CHAPITRE I H3CO O MPEG-AdPh HOOC O COOH-PEG-AdPh La chaîne macromoléculaire du PEG, de formule -(CH2-CH2-0)n-, est représentée par le symbole Figure I-13 : Structures chimiques des polymères amphiphiles synthétisés à base de PEGs a) Synthèse et caractérisation des MPEGs portant un motif phényladamantyle (AdPh) à une extrémité de chaîne : MPEG-AdPh Afin de simplifier la modélisation des interactions, un PEG modifié par un groupement hydrophobe en une seule de ses extrémités de chaîne a été élaboré : le MPEGAdPh. Pour ce faire, un méthoxypoly(ethylène glycol) (MPEG) ne possédant plus qu’une extrémité de chaîne OH réactive a été utilisé comme polymère de départ. La modification chimique des PEGs par un chromophore de type phényladamantyle a été mise au point par David et coll.51. Cette modification nécessite deux étapes : la formation d’un intermédiaire tosylé puis une substitution nucléophile par le phénolate d’adamantyle (Réaction I-4). La synthèse détaillée et la caractérisation des produits sont présentées en annexe 5. 53 CHAPITRE I 1ère étape H3C SO2Cl NEt3 0°C, 2h, CH2Cl2 OH H3CO OSO2 H3CO CH3 MPEG-Ts MPEG 2ème étape HO NaH 40°C, 48h, CH2Cl2 H3CO O MPEG-AdPh Réaction I-4 : Modification chimique d’un MPEG hydrophile en un MPEG-AdPh amphiphile L’étape de tosylation consiste à faire réagir le chlorure de tosyle sur les extrémités OH libres d’un MPEG. Cette étape est effectuée en présence de triéthylamine comme capteur d'acide afin d’éviter les coupures de chaîne51,52 et en présence d’un excès molaire de chlorure de tosyle par rapport aux fonctions hydroxyle initiales de l’ordre de cinq pour obtenir 100% de modification51. Le polymère tosylé est caractérisé par IR, UV et RMN du proton (Cf. Annexe 5). Le taux de modification des fonctions hydroxyle en groupement tosyle est déterminé à partir des spectres de RMN du proton à l’aide des intégrations des signaux relatifs à la présence du tosyle et à la présence de fonctions hydroxyle résiduelles (Cf. Annexe 5). La seconde étape consiste à transformer l'adamantylphénol en alcoolate (par réaction avec un excès d’hydrure de sodium) puis à ajouter l'intermédiaire tosylé au mélange 54 CHAPITRE I réactionnel. Un excès molaire d’adamantylphénolate par rapport aux fonctions tosyle initiales de l’ordre de cinq est utilisé pour obtenir 100% de modification51. L’espèce finale est caractérisée par IR, UV et RMN du proton (Cf. Annexe 5). Le taux de modification des fonctions tosyle en phényladamantyle est déterminé à partir des spectres de RMN du proton, à l’aide des intégrations des signaux relatifs à la présence des groupements phényladamantyle et à la présence des fonctions OH résiduelles (Cf. Annexe 5). b) Synthèse et caractérisation des PEGs portant un motif phényladamantyle (AdPh) à une extrémité de chaîne et une fonction acide carboxylique à l’autre extrémité : COOH-PEGAdPh La modification d’un PEG, possédant des fonctions OH réactives à ses deux extrémités de chaîne, en un polymère amphiphile COOH-PEG-AdPh nécessite deux étapes principales (Réaction I-5). 1ère étape 1) H3C 2) HO SO2Cl , NEt3, 0°C, 2h, CH2Cl2 , détermination de nouvelles conditions OH HO O HO PEG PEG-AdPh 2ème étape O O O DMAP, NEt3 TA, 48h, THF HOOC O COOH-PEG-AdPh Réaction I-5 : Modification chimique d’un PEG hydrophile en un COOH-PEG-AdPh amphiphile 55 CHAPITRE I b.1) Synthèse et caractérisation des PEGs portant un motif phényladamantyle (AdPh) à une extrémité de chaîne : OH-PEG-AdPh La première étape consiste à modifier le PEG à une extrémité de chaîne par le groupement hydrophobe phényladamantyle ; de ce fait, des conditions opératoires identiques à celle décrites ci-dessus, dans le cas d’un MPEG comme polymère initial (Réaction I-4), ont d’abord été reprises. Synthèse et caractérisation de l'intermédiaire tosylé à une extrémité de chaîne : OH-PEG-Ts La tosylation du PEG a été effectuée selon les conditions opératoires de réactifs et de solvants décrites pour la Réaction I-4. Il a fallu optimiser le rapport molaire tosyle/fonctions OH de façon à obtenir un PEG-Ts modifié à une seule de ses deux extrémités de chaîne. En définissant le 100% de modification par la fixation du tosyle aux deux extrémités de chaîne du PEG, le polymère souhaité doit être modifié à 50%. Le pourcentage de modification moyen des fonctions hydroxyle en groupements tosyle est calculé à partir des spectres de RMN du proton à l’aide des intégrations des signaux relatifs à la présence des groupements tosyle et des fonctions OH résiduelles (Cf. Annexe 6). En vue d’élaborer un polymère modifié à 50% en tosyle, l’influence du rapport molaire de réactif par rapport aux fonctions hydroxyle du PEG sur le taux de modification en tosyle a été étudiée (Tableau I-9). Rapport molaire de synthèse % Ts chlorure de tosyle/OH (par RMN) 0,5 22 1 43 1,1 50 à 58 Tableau I-9 : Variation du taux de modification en tosyle du PEG-Ts en fonction du rapport molaire de synthèse en réactifs. Il apparaît qu’un excès molaire de chlorure de tosyle par rapport aux fonctions hydroxyle initiales du PEG de l’ordre de 1,1 conduit au taux de modification recherché (50%). 56 CHAPITRE I Synthèse et caractérisation du PEG modifié par le phényladamantyle(AdPh) à une extrémité de chaîne : OH-PEG-AdPh Dans un premier temps, la modification chimique du OH-PEG-Ts intermédiaire (modifié à 50%) par des groupements phényladamantyle a été effectuée dans du dichlorométhane suivant des conditions identiques à celles décrites par la Réaction I-4 (annexe 5). Le pourcentage de substitution des fonctions tosyle par les groupements phényladamantyle peut être déterminé à partir des spectres de RMN à l’aide des intégrations des signaux relatifs à la présence des groupements phényladamantyle et des fonctions OH (annexe 6). Le spectre de RMN du proton d’un PEG-AdPh obtenu par cette méthode est donné sur la Figure I-14. 2 H2O DMSO 6 6 4 6 4 5 N° pic Déplacement (ppm) Multiplicité Nb de H Attribution par chaîne de OH-PEG-AdPh 4 7,3 et 6,9 2 Doublets A2B2 4 H aromatique (J=8,1 Hz) 1 4,58 Triplet 1 H fonction OH 5 4,05 Triplet (J = 6 Hz) 2 -CH2OAdPh 57 CHAPITRE I 2 3,51 Singulet large 6 2,0 - 1,8 - 1,7 Singulets larges H motif répétition 15 H adamantyle Figure I-14 : Spectre de RMN du proton du OH-PEG-AdPh (obtenu à partir d’un OH-PEG-Ts modifié à 50% en Ts) en solution dans le DMSO deutéré ; la modification chimique du polymère a été effectuée dans le dichlorométhane. La modification totale des fonctions tosyle du PEG-Ts par le phényladamantyle est vérifiée par la disparition des signaux relatifs au tosyle au profit de nouveaux caractéristiques du phéyladamantyle. Néanmoins, les OH résiduels du polymère (4,58 ppm) semblent avoir totalement disparu. De plus, un dédoublement des doublets aromatiques du phényladamantyle ainsi que l’apparition d’un singulet à 5,2 ppm sont observés. Par ailleurs, l’intégration des protons de l’adamantyle comparée à celle des protons du CH2 en α de ce groupement (CH2OAdPh) conduit à un rapport proche de 11 très supérieur à la valeur théorique (7,5). Ces phénomènes n’avaient pas été observés dans le cas de la modification d’un PEG possédant un groupement méthoxyle en bout de chaîne (MPEG). L’ensemble de ces résultats suggère l’existence d’une réaction secondaire qui mènerait à la fixation de l’adamantylphénol sur l’extrémité hydroxyle libre du PEG-Ts. Un possible mécanisme rendant compte de cette réaction est décrit par la Réaction I-6. L’adamantylphénol sous forme phénolate pourrait interagir avec le dichlorométhane par substitution nucléophile de type SN2. Puis les extrémités hydroxyle du PEG-AdPh étant sous forme basique pourraient réagir sur le composé intermédiaire ainsi formé et conduire à la formation d’un PEG doublement substitué en phényladamantyle. De ce fait, le profil des spectres de RMN est justifié : les hydrogènes des CH2 en α des unités A et B se manifestent respectivement par le singulet à 5,2ppm et le triplet à 4,05ppm alors que les couplages entre les protons Ha/Hb d’une part et Hc/Hd d’autre part se traduit par l’apparition des 4 doublets. 58 CHAPITRE I HO NaH Cl CH2 O Cl O CH2 O Cl H2C H2C H2C O H2C O n Ha Hb O CH2 O (α) H2C H2C O n Ha Hb A Hc Hd Hc Hd H2C H2C O (α) B Réaction I-6 : Réaction secondaire soupçonnée au cours de la modification chimique d’un OH-PEG-Ts par de l’adamantylphénol dans du dichlorométhane Du fait de l’existence de réactions secondaires avec le dichlorométhane, l’utilisation d’un solvant chloré s’est avérée inadéquate à la modification d’un PEG tosylé possédant des fonctions hydroxyle libres. Des solvants de natures différentes ont donc été testés. Des premiers essais effectués dans le toluène ont mis en évidence une solubilisation difficile du polymère. De ce fait, le toluène a été abandonné et une modification chimique d’un OH-PEG-Ts dans du tétrahydrofurane (THF) a été testée. Les autres conditions opératoires quant à elles, ont été identiques à celles utilisées pour la synthèse dans le dichlorométhane (notamment l’excès molaire NaH/AdPh = 2,5). Le spectre de RMN du proton caractéristique du OH-PEG-AdPh obtenu (modifié à 58% en phényladamantyle) est donné sur la Figure I-15. 59 CHAPITRE I 6 2 H2 O 6 DMSO 4 4 6 5 1 Figure I-15 : Spectre de RMN du proton du OH-PEG-AdPh (modifié à 58% en AdPh) en solution dans le DMSO deutéré ; la modification chimique du polymère a été effectuée dans le tétrahydrofurane. Le THF semble être un solvant approprié à la modification recherchée. En effet, l’analyse par RMN du PEG-AdPh révèle la disparition des signaux relatifs aux groupements tosyle au profit de ceux caractéristiques du phényladamantyle. De plus, l’absence du singulet à 5,2ppm et l’absence du dédoublement des doublets aromatiques suggèrent qu’il n’y a pas de réaction secondaire avec le solvant. Ce résultat est confirmé par une valeur de l’intégration des protons de l’adamantyle rapportée à celle des protons du CH2 en α de ce groupement de 7,5, valeur qui est égale à la valeur théorique. Cependant, l’analyse par SEC du polymère a révélé la présence de trois populations suggérant la formation de « dimère » et « trimère » de PEG. Ce dernier résultat pourrait être la conséquence de l’excès de NaH introduit (rapport molaire NaH/AdPh = 2,5) qui conduirait à un autre type de réaction secondaire (Réaction I-7). 60 CHAPITRE I HO H2C H2C H2C O CH2 O Ts CH2 O Ts n NaH O H2C H2C H2C O n O HO H2C H2C H2C O CH2 O Ts n HO H2C H2C H2C O CH2 O H2C n H2C H2C O CH2 O n Réaction I-7 : Réaction secondaire soupçonnée au cours de la modification chimique d’un OH-PEG-Ts par de l’adamantylphénol dans du tétrahydrofurane en présence d’un excès de NaH : exemple du mécanisme de formation d’un « dimère » de PEG Du fait de la présence d’un excès de NaH, les extrémités hydroxyle libres du OHPEG-Ts se trouvent sous forme basique. De ce fait, les deux extrémités du -0-PEG-Ts formé peuvent être mises en jeu et conduire à la formation de PEGs de masses plus élevées. En effet, l’extrémité tosyle peut être substituée par l’adamantylphénol (sous forme phénolate) alors que l’extrémité hydroxyle sous forme basique peut réagir sur l’extrémité tosyle d’un homologue OH-PEG-Ts ou -0-PEG-Ts. Afin de pallier à cette réaction secondaire, un défaut molaire de NaH par rapport à l’adamantylphénol (rapport molaire de l’ordre de 0,8) a été utilisé. Dans ces conditions, le NaH qui est totalement consommé dans la première étape (réaction avec l’adamantylphénol) ne peut plus déclencher de réactions secondaires avec le polymère. L’absence de réaction secondaire est d’ailleurs confirmée par l’analyse SEC de l’espèce finale OH-PEG-AdPh puisque celle-ci révèle la présence d’une unique population. Les conditions opératoires ayant conduit à la synthèse du polymère recherché sont reportées dans le Tableau I- 10. 61 CHAPITRE I Rapport molaire de Rapport molaire de synthèse synthèse NaH/AdPh AdPh/fonction Ts 0,8 5 T (°C) Durée (h) 40 48 Tableau I- 10 : Conditions expérimentales de la synthèse du OH-PEG-AdPh (à partir du OH-PEG-Ts) dans le tétrahydrofurrane La modification chimique d’un OH-PEG-Ts possédant des fonctions hydroxyle libres par le 4-(1-adamantyl)phénol requiert de prendre deux précautions. En premier lieu, l’utilisation d’un solvant non chloré permet d’éliminer les possibles réactions secondaires avec le solvant puis l’utilisation d’un défaut molaire de NaH par rapport au réactif adamantylphénol permet d’empêcher la formation de PEGs de masses plus élevées. Il est important de noter que le pourcentage de modification calculé à partir des résultats de RMN correspond à un taux moyen. En effet, cette méthode ne permet pas de distinguer les différentes populations de polymères issues de la réaction de l’adamantylphénol sur le PEG initial. Trois catégories de polymères peuvent être formées au cours de cette étape : • des PEGs possédant une extrémité OH libre et un groupement phényladamantyle, OH • des PEGs modifiés à leurs deux extrémités par des groupements phényladamantyle, • des PEGs n’ayant pas réagi donc non substitués. HO OH Les différents lots de OH-PEG-AdPh issus de cette première étape ont pu être caractérisés par CLHP. En effet, des études menées par David et coll.43 ont montré l’existence d’interactions de forte affinité entre des MPEG-AdPh et une phase stationnaire de silice 62 CHAPITRE I greffée par un polymère de β-cyclodextrine. Ce résultat a été expliqué par la formation de complexes d’inclusion entre le groupement hydrophobe AdPh à l’extrémité des MPEGs et les cavités de β-cyclodextrine du support. Un tel support, dont la synthèse a été décrite au paragraphe III.2 de ce chapitre, a donc été utilisé pour analyser les lots de OH-PEG-Adph globalement modifiés à 50-58% d’après l’analyse de RMN. Les conditions expérimentales relatives à cette caractérisation sont données dans l’annexe 7. Les trois types de populations attendues ont été observées : l’espèce PEG non modifié a été révélée du fait qu’elle n’a présenté aucune affinité pour le support tandis que les deux autres composés, mono et disubstitué en AdPh, ont été mis en évidence par une forte affinité pour le support, avec une interaction d’autant plus élevée que la substitution en groupement hydrophobe est importante. Finalement, l’analyse par CLHP des lots de OH-PEG-AdPh a conduit à la composition suivante : 60 à 80 % de PEG monosubstitué AdPh, 10 à 20 % de disubstitué et 10 à 20% de PEG non modifié. Dans tous les cas, les pourcentages obtenus conduisent à un pourcentage moyen de modification en AdPh en bon accord avec celui déterminé par RMN. Les lots de OH-PEG-AdPh étant constitués d’espèces non désirées, il a été démontré qu’une purification des mélanges par chromatographie préparative serait possible le cas échéant. La faisabilité de cette purification a été étudiée sur le même support de silice-polyβcyclodextrine avec un lot de polymère modifié à 50 % en AdPh d’après l’analyse de RMN. Des études antérieures ont montré que la rétention d’un MPEG-Adph sur le support de silicepolyβ-cyclodextrine est fonction du type d’éluant utilisé43. Le MPEG-AdPh, retenu par le support lorsque de l’eau est utilisée comme éluant, voit sa rétention fortement diminuée en présence de solvant organique tels que le diméthylformamide ou l’acétonitrile. De ce fait, un éluant permettant, d’une part la sortie rapide mais distincte des espèces non modifiée et monosubstituée et d’autre part la fixation de l’espèce disubstituée sur le support, a donc été recherché. Les rétentions des trois espèces composant le lot de OH-PEG-AdPh ont été étudiées en fonction de la composition d’un mélange acétonitrile/eau (Figure I-16). 63 CHAPITRE I PEG OH-PEG-AdPh AdPh-PEG-AdPh 30 25 20 VR (mL) 15 10 5 0 30 35 40 45 50 55 60 % volumique en acétonitrile Figure I-16 : Rétention (VR = volume de rétention) des différentes espèces présentes dans un lot de OHPEG-AdPh (modifié à 50% en AdPh, en moyenne, d’après la RMN) en fonction de la composition d’un mélange acétonitrile/eau (v/v) sur un support de silice-polyβ β-cyclodextrine Le PEG non modifié, ne présentant aucune affinité pour la phase stationnaire, ressort au volume mort de la colonne et ce quelle que soit la composition du solvant. Les PEGs mono et disubstitués quant à eux voient comme prévu43, leur rétention diminuer avec l’augmentation du pourcentage volumique en solvant organique de la phase mobile. Le PEG disubstitué, possédant deux groupements hydrophobes AdPh capables d’interagir avec le support, présente une affinité pour la phase stationnaire plus élevée que le monosubstitué, de ce fait un pourcentage de solvant organique plus important est nécessaire pour le désorber. A la vue des résultats, une purification par chromatographie préparative serait possible. En effet, pour un éluant constitué à 30% d’acétonitrile, le PEG non modifié sort au volume mort, le PEG-AdPh monosubstitué ressort bien distinctement au bout de 5mL et l’espèce disubstituée reste fixée sur le support. Celle-ci pourrait être recueillie ultérieurement, de façon rapide, grâce à la percolation d’un éluant à 60% minimum en acétonitrile. b.2) Synthèse et caractérisation des PEGs portant un motif phényladamantyle (AdPh) et une fonction carboxylique (COOH) à l’autre extrémité : COOH-PEG-AdPh La deuxième étape consiste à modifier le polymère intermédiaire OH-PEG-AdPh par des fonctions acide carboxylique. Cette seconde étape se fait par réaction de l’anhydride 64 CHAPITRE I succinique sur les fonctions hydroxyle restantes du OH-PEG-AdPh53,54. Le spectre de RMN du proton du COOH-PEG-AdPh obtenu lors de cette deuxième étape est donné sur la Figure I-17. 6 COOH-PEG-AdPh : 2 O C CH2 CH2 C O CH2 CH2 HO (α1) (β1) O (α2) Pic 8 4 O H2C DMSO H2C H2C O H2C O H2O 6 n Pic 7 4 8 7 5 N° pic Déplacement (ppm) Multiplicité Nb de H 6 Attribution par chaîne de COOHPEG-AdPh 4 7,3 et 6,9 2 Doublets A2B2 4 H aromatique 2 CH2 (α2) du (J=8,1 Hz) 7 4,1 Triplet groupement -COO5 4,05 Triplet (J = 6 Hz) 2 3,51 Singulet large 65 2 -CH2OAdPh H motif répétition CHAPITRE I 8 2,45 Triplet 2+2 CH2 (α1) et CH2 (β1) de l’extrémité COOH 6 2,0 - 1,8 - 1,7 Singulets larges 15 H adamantyle Figure I-17 : Spectre de RMN du proton du COOH-PEG-AdPh en solution dans le DMSO deutéré La réaction de l’anhydride succinique sur le OH-PEG-AdPh est confirmée par la disparition du signal relatif aux fonctions OH et par l’apparition d’un nouveau signal à 4,1 ppm relatif au CH2 en α du groupement succinate (CH2 (α2)). Un excès molaire d’anhydride succinique par rapport aux fonctions hydroxyle du OH-PEG-AdPh intermédiaire de l’ordre de dix a permis la modification totale des fonctions OH restantes en fonctions acide carboxylique. III.3.4 – Synthèse et caractérisation des polymères amphiphiles à base de dextrane Les dérivés amphiphiles synthétisés à partir de dextranes ont été utilisés pour l’élaboration d’édifices macromoléculaires à finalité analytique tels que des supports chromatographiques de fonctionnalités variables (Chapitre III) et des puces à allergènes (Chapitre IV). Trois types de polymères à base de dextrane ont été élaborés, leurs formules chimiques sont données sur la Figure I-18 et leurs domaines d’utilisation ont été résumés dans le Tableau I-7, paragraphe III.3.1 de ce chapitre. 66 CHAPITRE I OCOAd OCOAd OH OH O(CH2)2N+H(C2H5)2 COOH Dextrane-Adamantane-COOH Dext-Ad-COOH Dextrane-Adamantane-Diéthylaminoéthyle Dext-Ad-DEAE OCOAd OH OCO(CH2)7CH3 Dextrane-Adamantane-Octyle Dext-Ad-C8 Figure I-18: Structures chimiques des polymères amphiphiles synthétisés à base de dextranes a) Synthèse et caractérisation des dextranes portant des motifs adamantyle (Ad) le long de la chaîne : Dext-Ad Les trois types de dextranes amphiphiles synthétisés ont en commun la présence de groupements hydrophobes adamantyle le long de la chaîne. La modification chimique du dextrane par des groupements adamantyle a été décrite par David55 et consiste en une estérification des fonctions hydroxyle par le chlorure de 1-adamantoyle (Réaction I-8). Les conditions expérimentales et le spectre de RMN du proton caractéristique du Dext-Ad en solution dans le D2O sont donnés dans l’annexe 8. 67 CHAPITRE I O CH2 C OH LiCl, DMAP,Pyridine 80°C, 3h, DMF O HO O Cl H2 C O HO O OH O O OH C CH2 O OH O OH OH n CH2 O OH OH Dext O OH CH2 O OH O OH OH Dext-Ad Réaction I-8 : Synthèse des dextranes portant des motifs adamantyle (Ad) le long de la chaîne : Dext-Ad La modification chimique du dextrane initial est vérifiée par RMN du proton avec l’apparition de signaux caractéristiques de l’adamantyle à 1,9 - 1,75 et 1,55ppm. Le taux moyen de substitution du polymère (supposé statistique le long de la chaîne de dextrane) peut être déterminé à partir des spectres de RMN par la comparaison des signaux de l’adamantyle et de celui relatif à l’ensemble des protons anomériques (annexe 8). D’après David55, un rapport molaire de chlorure d'adamantyle par rapport aux unités glucose égal à 0,2 conduit à un pourcentage de substitution molaire de 7% (soit 7Ad pour 100 unités glucose). Un tel taux de groupement hydrophobe étant approprié pour les applications escomptées, des conditions expérimentales identiques ont été reprises. Les caractéristiques des Dext-Ad synthétisés sont résumées dans le Tableau I-11. Mdextrane Notation (g/mol) Rapport molaire de % Ad(*) Nb Ad/chaîne de dextrane(*) synthèse (chlorure d’adamantoyle/unités ♦) glucose)(♦ 40 000 10 000 Dext40-Ad Dext10-Ad 0,2 Tableau I-11 : Caractéristiques des Dext-Ad synthétisés. glucose est la plus réactive. (*) (♦ ♦) 6,2 15 7,3 4à5 La fonction OH portée par le C2 de l’unité Résultats obtenus à partir de l’analyse de RMN (x% correspond à x motifs Ad pour 100 unités glucose) 68 CHAPITRE I b) Synthèse et caractérisation des dextranes portant des motifs adamantyle (Ad) et diéthylaminoéthyle (DEAE) le long de la chaîne : Dext-Ad-DEAE La synthèse de dextranes modifiés par des groupements amine tertiaire diéthylaminoéthyle (DEAE) a été mise au point par Santarelli et coll.56. La réaction du dextrane avec la 2-chloro-N,N-diéthyléthylamine consiste en une substitution nucléophile ; celle ci est réalisée à 60°C dans de l’eau ultra pure en présence d’un excès d’hydroxyde de sodium (Réaction I-9). Les conditions expérimentales sont développées en annexe 9. CH2 H2C OH DEAE, NaOH 60°C, H2O O HO O 1er étape O OH OH HO OH CH2 O OH O OH O O n CH2 O OH CH2 OH CH2 Dext pKa = 9.5 Cl O OH N(C2H5)2 H CH2 O OH O OH O greffons type A CH2 Chaîne A CH2 Cl N(C2H5)2 C2H4 pKa = 5.7 Cl N(C2H5)2 H Dext-DEAE greffons type B Chaîne B Réaction I-9 : Synthèse des dextranes portant des motifs diéthylaminoéthyle (DEAE) le long de la chaîne : Dext-DEAE La modification par les groupes DEAE s’effectuant avec un excès de soude, il est préférable de synthétiser le Dext-Ad-DEAE en modifiant d’abord le dextrane initial par le DEAE puis par les groupes adamantyle. Dans le cas inverse, les liaisons ester présentes dans le Dext-Ad pourraient subir une hydrolyse en milieu basique, notamment à une température de 60°C. 69 CHAPITRE I Le spectre de RMN du proton caractéristique du Dext-DEAE en solution dans le D2O est donné sur la Figure I-19. D2O 3 2 1 3’ 1 N° pic Déplacement (ppm) 1 2 5,05 - 4,8 4,0 à 3,1 Multiplicité Attribution Singulet H anomériques et des unités glucose modifiées Doublet et non modifiées Multiplet Autres H du dextrane + Autres H du DEAE 3 1,15 CH3 de l’amine tertiaire Triplet (présents dans greffons A et B) 3’ 0,95 CH3 de l’ammonium quaternaire Triplet (présents dans greffons B) Figure I-19 : Spectre de RMN du proton du Dext-DEAE en solution dans le D2O 70 CHAPITRE I Les analyses de RMN montrent l’apparition de deux types de protons CH3 liés à l’existence de deux types de greffons DEAE sur le dextrane : des fonctions amine tertiaire et des fonctions ammonium quaternaire (Cf. Réaction I-9). Les deux types de greffons sont respectivement dus à une substitution nucléophile au niveau de l’oxygène des fonctions hydroxyle du dextrane et au niveau de l’atome d’azote du DEAE. Appelons « chaînes A » et « chaînes B » (Cf. Réaction I-9) les unités glucose modifiées respectivement par un greffon de type A (amine tertiaire de pKa = 9,5) et par un greffon de type B (amine tertiaire de pKa = 5,7 + ammonium quaternaire). La proportion relative des deux types de chaînes et le degré de substitution global moyen en DEAE peuvent être déterminés par l’analyse RMN en comparant les signaux relatifs aux CH3 (de l’amine tertiaire ou de l’ammonium quaternaire) à ceux correspondants aux H anomériques (annexe 9). L’influence de la quantité de réactif DEAE et l’effet du temps de réaction sur le degré de substitution ont été étudiés, les résultats obtenus sont portés dans le Tableau I-12. N° du Dext-DEAE Dext40- Dext40- Dext40- (M = 40000g/mol) DEAE 1 DEAE 2 DEAE 3 Rapport molaire de synthèse DEAE/unités glucose 2 2 4 Temps de réaction (h) 1 4 4 Taux de chaînes (A + B) (%) 26 41 138 4 8 63 22 33 75 = Taux total de modification en amine tertiaire de pKa = 9,5 et de pKa = 5,7 (%) Taux de chaînes B (%) = Taux de modification en ammonium quaternaire (%) = Taux de modification en amine tertiaire de pKa = 5,7 (%) Taux de chaînes A (%) = Taux de modification en amine tertiaire de pKa = 9,5 (%) 71 CHAPITRE I 30 49 201 Taux global moyen de modification en DEAE (%) Rapport molaire chaînes B / chaînes A 0,18 0,24 0,84 Nb moyen de chaînes (A + B)/chaîne de dextrane 64 101 341 Taux de chaînes A + 2 × Taux de chaînes B (%) = Tableau I-12 : Influence de l’excès de réactif DEAE et du temps de réaction sur la modification en DEAE du dextrane (x% correspond à x motifs DEAE pour 100 unités glucose) L’augmentation du temps de réaction et de l’excès de réactif ont pour effet d’élever le taux global de modification en DEAE. Cependant, le rapport molaire chaînes B / chaînes A augmente avec la durée de réaction et à durée égale, ce rapport augmente d’un facteur supérieur à trois lorsque l’excès de réactif augmente seulement d’un facteur deux. L’accroissement du temps de réaction et de l’excès de réactif favorise donc la réaction secondaire (substitution nucléophile au niveau de l’atome d’azote du DEAE) qui conduit à la modification du dextrane par des fonctions ammonium quaternaire. La deuxième étape de l’élaboration du Dext-Ad-DEAE consiste à modifier le DextDEAE intermédiaire par des groupements adamantyle (Réaction I-10). La méthode précédemment décrite (paragraphe III.3.4.a de ce chapitre) a donc été reprise à la différence près qu’un rapport molaire (chlorure d’adamantyle/unités glucose) deux fois plus élevé a dû être utilisé pour favoriser la réaction. En effet, le Dext-DEAE2 à modifier est déjà fortement greffé en groupements DEAE (41 % de chaînes (A+B)) et ne possède plus qu’un faible nombre de OH réactifs. De même, le Dext-DEAE3 contenant déjà 138 % de chaînes (A+B) ne doit plus posséder de fonctions hydroxyle réactives et ses autres fonctions OH doivent également être touchées. 72 CHAPITRE I 2e étape O C Cl LiCl, DMAP,Pyridine 80°C, 3h, DMF CH2 CH2 O O OH OH O OH OH CH2 O O OH O OH O CH2 Cl O N(C2H5)2 H C OH CH2 O OH O OH O OH CH2 OH CH2 pKa = 9.5 O O O OH CH2 O OH CH2 OH CH2 O OH Cl O OH CH2 N(C2H5)2 H O OH CH2 O OH O O CH2 CH2 CH2 Cl CH2 Cl N(C2H5)2 C2H4 pKa = 5.7 Cl O OH N(C2H5)2 C2H4 Cl N(C2H5)2 H N(C2H5)2 H Dext-DEAE Dext-Ad-DEAE Réaction I-10 : Synthèse des dextranes portant des motifs adamantyle (Ad) et diéthylaminoéthyle (DEAE) le long de la chaîne : Dext-Ad-DEAE (à partir de l’espèce intermédiaire Dext-DEAE) L’analyse par RMN du proton de l’espèce finale Dext-Ad-DEAE conduit au taux de modification en adamantyle (Cf. paragraphe III.3.4.a de ce chapitre et annexe 9). Les caractéristiques des polymères synthétisés sont portées dans le Tableau I-13. 73 CHAPITRE I Notation % Ad(*) Nb Ad/chaîne de dextrane(*) 4 10 10 25 (M = 40000g/mol) Dext40-Ad-DEAE 2 (issu du Dext40-DEAE 2) Dext40-Ad-DEAE 3 (issu du Dext40-DEAE 3) Tableau I-13 : Taux de modification en adamantyle des Dext-Ad-DEAE synthétisés, (*) résultats obtenus à partir de l’analyse de RMN (x% correspond à x motifs Ad pour 100 unités glucose) c) Synthèse et caractérisation des dextranes portant des motifs adamantyle (Ad) et des fonctions acide carboxylique (COOH) le long de la chaîne : Dext-Ad-COOH Dans des travaux antérieurs, David et coll.49 ont étudié deux méthodes de modification chimique des dextranes par des fonctions acide carboxylique. La première méthode, inspirée de Gekko et coll.57 a consisté à faire réagir de l’acide monochloroacétique sur les fonctions hydroxyle d’un dextrane préalablement déprotoné par une solution de soude. Un très fort excès de réactif (rapport molaire réactif/fonctions OH réactives = 300) a été nécessaire pour obtenir un taux de substitution voisin de 30%, en considérant qu’un taux de 100% correspond à un motif COOH par unité glucose. Pour augmenter le taux de substitution il aurait été nécessaire de répéter plusieurs fois la réaction. Une deuxième méthode, inspirée de Zalipsky et coll.58 a consisté à faire réagir de l’anhydride succinique sur les fonctions hydroxyle du dextrane49. Un rapport équimolaire de réactif par rapport aux fonctions OH a permis une modification chimique du polymère à 100%. Les applications envisagées à partir du Dext-Ad-COOH nécessitent une modification en fonctions acide carboxylique assez importante ; la deuxième voie a donc été utilisée. Dans ce travail, un polymère intermédiaire de Dext-Ad, synthétisé selon le protocole décrit au paragraphe III.3.4.a de ce chapitre, a été modifié par de l’anhydride succinique selon la Réaction I-11. Les conditions expérimentales relatives à cette synthèse sont données en annexe 10. 74 CHAPITRE I O O O DMAP, NEt3 80°C, 16 h, DMF CH2 CH2 O O OH O OH O O C OH CH2 O OH OH O OH O O OH CH2 O O O OH OH O OH OH OH C CH2 O OH CH2 CH2 O OH O OH O O OH OH O O OH O O CH2 C O OH O H2C Dext-Ad CH2 COO- Dext-Ad-COOH Réaction I-11 : Synthèse des dextranes portant des motifs adamantyle (Ad) et des fonctions acide carboxylique (COOH) le long de la chaîne : Dext-Ad-COOH (à partir de l’espèce intermédiaire Dext-Ad) Le spectre de RMN du proton caractéristique du Dext-Ad-COOH en solution dans le D2O est donné en annexe 10. La fonctionnalisation du dextrane par les fonctions acide carboxylique est vérifiée par l’apparition d’un signal caractéristique de l’anhydride succinique vers 2,55 ppm. Le taux de modification en fonction carboxylique du Dext-Ad-COOH peut être déterminé à partir de l’intégration des protons relatifs à l’anhydride succinique (ROOCCH2-CH2-COOH) comparée à celle des protons anomériques (annexe 10). Les caractéristiques des polymères synthétisés sont reportées dans le Tableau I-14. 75 CHAPITRE I N° du dextrane Rapport molaire de % COOH % COOH Nb (M = 40000g/mol synthèse (anhydride (par RMN) théorique COOH/chaîne et 10000g/mol) succinique/unités de dextrane (*) glucose) Dext40-Ad-COOH1 0,62 65 62 153 0,62 65 62 38 (issu du Dext40-Ad) Dext10-Ad-COOH1 (issu du Dext10-Ad) Tableau I-14 : Caractéristiques des Dext-Ad-COOH synthétisés, (*) Valeurs déterminées à partir du pourcentage théorique de COOH Le pourcentage de modification en fonctions COOH déterminé par RMN du proton pour les deux polymères est de 65 %. Cette valeur est légèrement supérieure à la valeur théorique de 62 % calculée à partir de l’excès d’anhydride succinique/unités glucose introduit et en supposant une réaction totale. Ce résultat suggère que la réaction de carboxylation du dextrane a été totale et la faible différence de pourcentage observée doit être due à l’incertitude sur les intégrations des signaux obtenus en RMN du proton. Dans la suite de l’étude, le pourcentage théorique de 62 % en COOH sera utilisé pour caractériser les deux polymères. d) Synthèse et caractérisation des dextranes portant des motifs adamantyle (Ad) et des chaînons alkyle (C8) le long de la chaîne : Dext-Ad-C8 Un polymère intermédiaire de Dext-Ad (synthétisé selon le protocole décrit au paragraphe III.3.4.a de ce chapitre) a été modifié par des chaînons alkyle selon la Réaction I12. Cette étape consiste en une estérification des fonctions OH restantes du Dext-Ad par le chlorure de nanoyle. Les conditions opératoires de la synthèse sont décrites dans l’annexe 11. 76 CHAPITRE I O H3C (CH2)7 C Cl LiCl, DMAP, Pyridine 80°C, 3h, DMF CH2 CH2 O O OH O OH O O C OH CH2 O O O OH OH CH2 O OH O OH CH2 O O OH O OH OH OH C OH O OH CH2 CH2 O OH OH O OH CH2 O O OH O O OH O O C O OH O (H2C)7 Dext-Ad CH3 Dext-Ad-C8 Réaction I-12 : Synthèse des dextranes portant des motifs adamantyle (Ad) et des chaînons octyle (C8) le long de la chaîne : Dext-Ad-C8 (à partir de l’espèce intermédiaire Dext-Ad) Le spectre de RMN du proton relatif au Dext-Ad-C8 en solution dans le D2O est donné sur la Figure I-20. L’estérification des fonctions hydroxyle du Dext-Ad par le chlorure de nanoyle est vérifiée par l’apparition de nouveaux signaux caractéristiques des chaînons alkyle vers 1,6 - 1,15 et 0,75 ppm. Le taux de modification en C8 peut alors être déterminé par comparaison de l’intégration relative au -CH3 du C8 par rapport au H anomérique (annexe 11). Les caractéristiques des Dext-Ad-C8 synthétisés sont reportées dans le Tableau I-15. 77 CHAPITRE I D2O 2 1 3 3 1 3+5 4 6 7 N° pic Déplacement (ppm) Multiplicité Attribution 1 4,95 - 4,8 Singulet H anomériques et des unités glucose modifiées et non Doublet modifiées 2 3,9 à 3,3 Multiplet Autres H du dextrane 4 2,3 Singulet large CH2 en α du -COOH3C-(CH2)5-CH2-CH2(αα)-COO-Dext 3 1,9 - 1,75 - 1,55 Singulets larges H adamantyle 5 1,6 Singulet large CH2 en β du -COOH3C-(CH2)5-CH2(ββ)-CH2-COO-Dext 6 1,15 Singulet large Autres -CH2- du C8 : H3C-(CH2)5-CH2-CH2-COO-Dext 7 0,75 Singulet large -CH3 du C8 : H3C-(CH2)5-CH2-CH2-COO-Dext Figure I-20 : Spectre de RMN du proton du Dext-Ad-C8 en solution dans le D2O 78 CHAPITRE I N° du dextrane Rapport molaire de % C8 Nb C8 (M = 40000g/mol synthèse (chlorure de (par RMN) /chaîne de dextrane et 10000g/mol) nanoyle/unités glucose) Dext40-Ad-C81 0,03 2,3 6 Dext40-Ad-C82 0,21 1,5 4 Dext10-Ad-C81 0,37 0,7 <1 Tableau I-15 : Caractéristiques des Dext-Ad-C8 synthétisés à partir de l’espèce intermédiaire Dext-Ad Les quelques essais effectués semblent indiquer un manque de reproductibilité des résultats. Les conditions expérimentales de modification du dextrane par l’adamantyle et par les chaînons alkyle étant identiques, la modification chimique en une seule étape d’un dextrane en Dext-Ad-C8 a ensuite été testée. Un désavantage de cette méthode est que le taux de modification en adamantyle ne peut être déterminé précisément. En effet, le signal relatif au groupement CH2 en position β par rapport au COOH et parfois les signaux des autres CH2 du C8 se superposent aux pics des protons de l’adamantyle. Le taux de modification en C8 peut néanmoins être déterminé précisément puisque le signal relatif au -CH3 du C8 est bien distinct. Les caractéristiques des Dext-Ad-C8 synthétisés en une étape sont reportées dans le Tableau I16. Seuls sont donnés les pourcentages de modification en chaînons octyle. N° du dextrane Rapport Rapport % C8 Nb C8 (M = 40000g/mol molaire de molaire de (par RMN) /chaîne de et 10000g/mol) synthèse synthèse (chlorure (chlorure d’adamantyle/ de nanoyle/ unités glucose) unités glucose) Dext40-Ad-C83 0,19 0,036 3,6 9 Dext40-Ad-C84 0,19 0,19 3,7 9 Dext40-Ad-C85 0,19 0,38 10,5 26 79 dextrane CHAPITRE I Dext10-Ad-C82 0,19 0,38 17 10 à 11 Dext10-Ad-C83 0,26 0,49 20 12 Tableau I-16 : Caractéristiques des Dext-Ad-C8 synthétisés en une seule étape à partir du dextrane La synthèse de polymères Dext-Ad-C8 en une unique étape conduit à des espèces plus fortement substituées en C8 par rapport aux produits issus de la synthèse en deux étapes et dont les taux de modification semblent être en meilleur accord avec les proportions de réactifs. Cette différence par rapport à la synthèse en deux étapes pourrait être expliquée par le degré de déshydratation du polymère initial utilisé. En effet, la synthèse en une étape démarre d’un dextrane fortement déshydraté (polymère desséché sous vide à 100°C) alors que la modification en deux temps débute d’un Dext-Ad non séché (afin d’éviter tout risque de dégradation). La présence d’eau résiduelle dans le polymère initial pourrait alors conduire à une réaction secondaire d’hydrolyse du chlorure de nanoyle. III.4 - Conclusion En conclusion, deux types de molécules hôtes à base de cyclodextrine ont été synthétisées : un polymère de β-cyclodextrine qui sera greffé sur de la silice afin d’élaborer des supports chromatographiques et une β-cyclodextrine aminée qui sera utilisée pour la formation de biocapteurs. Par ailleurs, différents types de molécules invitées ont été élaborées. Les connaissances actuelles sur la modification chimique des PEGs ont permis de synthétiser des MPEGs modifiés en une extrémité de chaîne par des groupements hydrophobes adamantyle. Les conditions expérimentales ont ensuite été optimisées afin de synthétiser des PEGs modifiés à une extrémité de chaîne par le groupe adamantyle et à la seconde extrémité par une fonction réactive acide carboxylique. Par ailleurs, des dextranes bifonctionnels modifiés par des groupements adamantyle et par différents substituants tels que des fonctions acide carboxylique, des fonctions amine et des chaînons alkyle, ont également été élaborés. L’ensemble de ces polymères sera par la suite mis en jeu pour des études théoriques d’affinité ou pour l’élaboration de systèmes analytiques tels que des supports chromatographiques et des biocapteurs. 80 CHAPITRE I REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES DU CHAPITRE I 81 CHAPITRE I (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10) (11) (12) (13) (14) (15) (16) (17) (18) (19) (20) (21) (22) (23) (24) (25) (26) (27) (28) (29) (30) (31) (32) (33) (34) (35) (36) VILLIERS, A. Acad. Sci. PARIS 1891, 112, 536. SCHARDINGER, F. Untersuch. Nahr. u. Genussm. 1903, 6, 865. 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Molécule invitée complexée à la β -CD Adamantan-1-amine (ou amantadine) (pKa = 9,25, d’après Janshoff et K en solution Technique pH Microcalorimétrie 4,0 7 800 Ref3 Voltamétrie (a) 5,5 13 000 Ref1,4 (M-1) Référence K en surface coll.1 et pKa ≈ 10 d’après Palepu 9,7 3 700 Ref2 6,5 2 200 Ref2 4,0 1 900 Ref2 9,0 9 200 Ref5 5,0 11 000 Ref5 7,0 200 Ref6 9,7 2 900 Ref2 6,5 3 300 Ref2 NH2 4,0 4 400 Ref2 Adamantan-1-ol 10,0 17 000 Ref5 9,0 30 000 Ref5 et Reinsborough2) Conductimétrie NH2 Déplacement spectral Electrophorèse capillaire (b) Adamantan-2-amine (pKa ≈ 10 d’après Palepu et Reinsborough2) OH Conductimétrie Déplacement spectral 86 CHAPITRE II Acide adamantane-1carboxylique (pKa=4,75, d’après Janshoff et Microcalorimétrie coll.1 ou pKa = 4,9 (acide libre) et pKa = 6,2 (acide en présence de 0,01M de β-CD), d’après Eftink et coll.7) Voltamétrie (a) COOH Conductimétrie Potentiométrie Déplacement spectral Electrophorèse 8,5 32 400 Ref8 8,5 18 000 Ref7 7,2 40 000 Ref7 4,05 300 000 Ref7 8,0 2 400 K en surface Ref1,4 10,0 12 000 Ref2 9,7 19 000 Ref2 8,3 33 000 Ref2 6,5 78 000 Ref2 4,0 105 000 Ref2 6,0 950 000 Ref7 10,0 16 000 Ref7 9,0 42 000 Ref5,7 7-8 500 Ref9 7,2 20 000 Ref7 8,1 20 000 Ref2 6,3 19 000 Ref2 8,5 5 000 Ref7 7,2 5 400 Ref7 4,05 70 000 Ref7 4,5 140 000 Ref7 capillaire Acide adamantane-1-acétique Microcalorimétrie COOH Conductimétrie Acide noradamantane-3carboxylique Microcalorimétrie COOH Potentiométrie 87 CHAPITRE II Acide homoadamantane-3carboxylique COOH PEG-Ad2 Microcalorimétrie 7,2 14 000 Ref7 Déplacement spectral 9 44 000 Ref5,7 3 200 Ref10 Fluorimétrie (c) PEG Tableau II-1 : Constantes d’affinité en solution (sauf indication contraire) à 25°C ou à température ambiante entre des dérivés de l’adamantane et de la β-CD (excepté (a) 3,3’-Dithiobis(propane-(N-mono-6 déoxy-β β-cyclodextrine) amide immobilisé sur une surface d’or; (b) Hydroxypropylβ β-CD (HP β-CD), (c) β polymère de β -CD Dans la suite de cette étude, nous serons amenés à utiliser les complexes d’inclusion formés entre des polymères modifiés par de l’adamantane et des cavités de β-cyclodextrine. Nous avons donc choisi de déterminer la constante d’affinité entre un polymère modèle neutre de PEG modifié adamantyle et de la β-CD. Deux méthodes faisant appel respectivement à l’électrophorèse capillaire (EC) et à la chromatographie liquide à haute performance (CLHP) seront mises en oeuvre. I – Détermination des constantes d’affinité par électrophorèse capillaire L’électrophorèse capillaire est apparue au début des années 90, il s’agit d’une méthode séparative d’analyse qui s’est développée grâce aux acquis de la chromatographie liquide haute performance et des procédés plus anciens d’électrophorèse. Elle permet de séparer aussi bien les biomolécules pour lesquelles la chromatographie liquide s’avère parfois moins performante que les composés de faible masse moléculaire difficiles à étudier par les procédés classiques d’électromigration sur support. 88 CHAPITRE II I.1 – Principe de l’électrophorèse capillaire (EC) I.1.1 - Généralités L’électrophorèse capillaire (EC) est une technique qui permet, sous l’effet d’un champ électrique, de séparer des espèces chargées en solution au contact d’une surface appropriée. Cette technique met en œuvre un tube capillaire en verre de silice de très faible diamètre interne (15 à 150 µm) et de longueur variant entre 20 et 80 cm. Afin d’assurer la flexibilité des capillaires, ces derniers sont recouverts d’une gaine de polyimide. Les deux extrémités du capillaire plongent dans deux compartiments remplis d’électrolyte tampon (Figure II-1). Une alimentation à haute tension permet d’appliquer une différence de potentiel entre les bornes du capillaire. Ce champ électrique peut atteindre 600 V/cm mais l’intensité ne doit pas dépasser une centaine de microampères afin que la puissance dissipée reste faible pour éviter une perte d’efficacité du système. D’autre part, afin de limiter l’échauffement du capillaire par effet Joule, ce dernier est placé dans une enceinte thermostatée. La détection se fait près du compartiment cathodique à la distance l de l’extrémité amont du capillaire. La cellule du détecteur est constituée par le capillaire lui-même en enlevant au niveau de la cellule la gaine opaque de polyimide recouvrant le capillaire. Capillaire (longueur effective l, longueur totale L) Sens de migration Détecteur Source - + Electrolyte Electrolyte + Anode Alimentation haute tension 0 - 30 kV Figure II-1 : Schéma d’une installation d’électrophorèse capillaire 89 Cathode CHAPITRE II I.1.2 - Principe de séparation : flux électrophorétique et flux électroosmotique Lukacs et Jorgenson11 ont décrit la théorie de base de l’électrophorèse capillaire et ont défini les deux effets principaux se manifestant sur les espèces présentes dans le capillaire : le flux électrophorétique et le flux ou écoulement électroosmotique. a) La mobilité électrophorétique Sous l’action d’un champ électrique, toute espèce chargée contenue dans l’électrolyte se déplace à une vitesse linéaire Vep qui dépend de l’intensité E du champ électrique appliqué et de la mobilité électrophorétique vraie µ ep de l’espèce considérée. La grandeur µ ep peut alors être définie à partir des paramètres Vep et E suivant l’égalité : µ ep = Vep E = Vep L U Equation II-1 avec L la longueur totale du capillaire et U la différence de potentiel appliquée à ses extrémités. La mobilité électrophorétique vraie µ ep d’une molécule est fonction de sa charge globale q , de son rayon de Stokes r et de la viscosité η du milieu environnant suivant l’expression : µ ep = q 6π η r Equation II-2 Elle dépend donc des conditions expérimentales telles que la nature, le pH, la force ionique et la température de l’éluant. Il apparaît que la mobilité électrophorétique vraie µep est positive dans le cas d’espèces cationiques, négative dans le cas d’espèces anioniques ou encore nulle pour des 90 CHAPITRE II composés globalement neutres. Par ailleurs, la mobilité µ ep d’une molécule est fonction de son rapport charge/volume, ou en première approximation de son rapport charge/masse. Ainsi, des particules posséderont des vitesses électrophorétiques d’autant plus importantes en valeur absolue qu’elles seront plus petites et porteuses de charges plus importantes. Expérimentalement, la valeur de la mobilité électrophorétique µep d’un composé dans un champ E connu peut être déterminée à partir du temps de migration de l’espèce en tenant compte de la mobilité du flux électroosmotique de l’électrolyte (Cf. Paragraphe I.1.2.c de ce chapitre). b) La mobilité électroosmotique Le second facteur responsable de la migration des solutés est l’écoulement de l’électrolyte encore appelé flux électroosmotique. Ce flux, qui règle le déplacement de toutes les espèces présentes dans l’échantillon, résulte de l’existence d’une double couche électrique à l’interface solide-liquide du capillaire (Figure II-2). Paroi du capillaire de silice - - - - - - - - - - - - - - Couche statique → ions adsorbés + Couche mobile → ions mobiles + + + + + - + + + + + + + + + + + + - + + + + - + + + Electrolyte Sens du flux électroosmotique + Champ électrique Anode Cathode Figure II-2 : Apparition d’un flux électroosmotique dans un électrolyte par suite de la nature de la paroi interne du capillaire 91 CHAPITRE II Lors de l’application d’un champ électrique, les cations de la couche mobile se mettent en mouvement et migrent vers la cathode. Ces ions étant solvatés par des molécules d’eau, c’est toute la solution qui se dirige vers la cathode, y compris les anions dont le flux électrophorétique s’oppose au flux électroosmotique. En règle générale, une surface négative provoque un flux électroosmotique dirigé vers la cathode. En revanche si un surfactant, tel un ion tétra-alkylammonium, est ajouté pour inverser la polarité de la paroi, le flux électroosmotique se dirige vers l’anode. Le flux électroosmotique, de vitesse Veo , est caractérisé par sa mobilité électroosmotique µ eo . Ce dernier paramètre est défini par la relation suivante : µ eo = Veo L = Veo E U Equation II-3 La vitesse Veo est déterminée expérimentalement à partir du temps de migration t marqueur que met un marqueur neutre à usage de traceur pour parcourir la distance effective l du capillaire : Veo = l t marqueur Equation II-4 La détermination de Veo permet d’accéder à la mobilité électroosmotique µ eo . La mobilité électroosmotique µ eo .est reliée au potentiel de surface ζ du capillaire, appelé également « potentiel Zéta ( ζ ) », selon la relation : µ eo = − ε 0 .ε .ζ η Equation II-5 avec ε la constante diélectrique du milieu, ε 0 la permittivité du vide et η la viscosité de l’éluant. 92 CHAPITRE II Le potentiel ζ est relié à la densité de charges par unité de surface σ et à l’épaisseur de la double couche δ par la relation : ζ = δ .σ ε 0 .ε Equation II-6 Le potentiel ζ dépend donc du pH et de la concentration de l’électrolyte. La combinaison des Equations II-5 et II-6 conduit à l’égalité : µ eo = − δ .σ η Equation II-7 La mobilité électroosmotique, et de fait la vitesse du flux électroosmotique, sont donc fonction des conditions expérimentales telles que la nature, le pH, la viscosité et la concentration de l’éluant. Ces grandeurs dépendent également de la nature physico-chimique du capillaire et peuvent être modifiées par des traitements de surface12-15 (greffage chimique, adsorption d’espèces ioniques ou moléculaires). c) La mobilité apparente En fonction des deux phénomènes définis précédemment, chaque espèce a donc une vitesse apparente Vapp de migration qui dépend de la vitesse électrophorétique et de la vitesse du flux électroosmotique : Vapp = Vep + Veo Equation II-8 La vitesse Vapp est déterminée expérimentalement de façon simple à partir du temps de migration t m que met l’espèce considérée pour parcourir la distance effective l du capillaire : Vapp = l tm Equation II-9 93 CHAPITRE II La mobilité électrophorétique apparente µ app , définie par une relation analogue aux Equations II-1 et II-3, est telle que : µ app = Vapp E = Vapp L U Equation II-10 En remplaçant Vapp dans cette dernière équation par l’expression donnée dans l’Equation II-9, l’égalité suivante apparaît : µ app = l .L t m .U Equation II-11 En combinant la mobilité électroosmotique de l’électrolyte et la mobilité apparente, il est donc possible de calculer la mobilité électrophorétique vraie des espèces porteuses de charges. A partir de l’Equation II-8, l’expression de µ ep est donnée par : µ ep = µ app − µ eo Equation II-12 ou µ ep = l .L 1 1 − U t m t marqeur Equation II-13 I.1.3 - Instrumentation a) Modes d’injection Le volume d’échantillon injecté en EC ne doit pas dépasser 1% du volume effectif du capillaire au risque de voir la résolution diminuer. Ainsi, le volume injecté est relativement faible avec un ordre de grandeur de quelques nanolitres. Les appareils d’électrophorèse capillaire automatisés présentent deux modes d’injection de l’échantillon : le mode hydrodynamique et le mode électrocinétique. 94 CHAPITRE II Injection hydrodynamique : L’échantillon est injecté par différence de pression entre l’entrée et la sortie du capillaire en exerçant une pressurisation sur la solution d’échantillon ou par une aspiration à l’autre extrémité du capillaire, pendant un temps donné de l’ordre de quelques secondes. Injection électrocinétique : L’extrémité du capillaire est plongée dans la solution échantillon et un potentiel donné est appliqué pendant un certain temps, de l’ordre de quelques secondes, pour faire migrer les ions dans le capillaire. L’échantillon est alors injecté dans le capillaire par combinaison de l’électroosmose et de l’électromigration. Par opposition avec la méthode hydrodynamique, ce procédé provoque une action discriminante sur les composés présents dans l’échantillon, ce qui conduit à faire l’analyse sur une fraction dont la composition est différente de celle de l’échantillon initial. Cette méthode doit donc être optimisée pour chaque type de mélange. b) Modes de détection Quatre modes de détection sont utilisés en EC : la détection UV/VIS, la fluorimétrie, la détection électrochimique et le couplage avec un spectromètre de masse, les deux premiers procédés étant les plus fréquents. La détection UV/VIS consiste à mesurer l’intensité de la lumière passant à travers le capillaire dont une petite zone de revêtement opaque a été éliminée. Le capillaire est placé de façon à couper le trajet optique allant d’une source au photomultiplicateur (Cf. Figure II-1, paragraphe I.1.1 de ce chapitre). Ainsi, tout volume mort est éliminé. Cependant, le parcours optique dans le capillaire est très faible et ceci rend alors peu sensible ce mode de détection si la solution absorbe peu. Le mode de détection par fluorescence permet une détection plus sensible si l’on emploie une source laser très intense. Par contre ce mode nécessite un procédé de pré- ou postdérivation des analytes qui ne sont pas porteurs d’un fluorophore. 95 CHAPITRE II I.1.4 – L’électrophorèse capillaire de zone (CZE) Plusieurs techniques électrophorétiques peuvent être distinguées : - l’électrophorèse de zone (CZE) - la chromatographie électrocinétique micellaire (MEKC) - l’électrophorèse capillaire sur gel (CGE) - l’électrophorèse à focalisation électrique (CIEF) - l’isotachophorèse (ITP) - l’électrochromatographie capillaire (CEC) L’électrophorèse capillaire de zone (CZE) a été mise au point par Jorgenson et Lukacs à partir de 198111,16,17. Il s’agit du procédé électrophorétique le plus simple et le plus couramment utilisé. Les études d’EC qui seront présentées par la suite ont été menées suivant ce procédé. En CZE, le capillaire est rempli uniquement avec une solution d’électrolyte de pH et de force ionique donnés et la séparation des analytes est basée sur l’existence d’un flux électroosmotique auquel s’ajoute un flux électrophorétique propre à chaque analyte. L’échantillon injecté est schématisé sous la forme d’une zone entourée par la solution tampon (Figure II-3). A l’application du champ électrique, l’ensemble de la solution est entraîné vers la cathode du fait du flux électroosmotique, et simultanément, chaque type de constituant (anionique, cationique ou neutre) contenu dans la zone initiale se sépare selon sa mobilité électrophorétique propre. Dans le cas idéal, chaque constituant de l’échantillon se sépare de ses voisins en formant une zone « propre ». L’utilisation de capillaires de silice en CZE permet donc de séparer des solutés cationiques, neutres et anioniques à l’extrémité cationique du capillaire. 96 CHAPITRE II Principe de la séparation en CEZ : Mélange (a) + A- + N + C+ ….. ….. ….. - Electrolyte ... (b) + - ... … (c) + µep A- µeo ….. . N . µeo C+ µeo µep ….. Sens du flux électroosmotique Composé Anionique … … Composé Neutre Composé Cationique N C+ A- Electrophérogramme correspondant : Signal C+ 0 tm(C+) N A- tm(N) = tm(A-) Temps tmarqueur Figure II-3 : Principe de la séparation d’analytes en électrophorèse capillaire de zone (CZE). Position respective des composés anioniques, neutres, cationiques, au moment de l’injection (a), en cours d’analyse (b) et en fin d’analyse(c). Présentation de l’électrophérogramme correspondant 97 - CHAPITRE II I.2 –Détermination des constantes d’affinité en solution par EC Depuis ces vingt dernières années, un nombre important de techniques permettant la détermination des constantes d’affinité a été développé18, la plupart d’entre elles mettant en jeu une séparation dans des conditions d’équilibre. Parmi ces techniques, l’EC est devenue une méthode privilégiée de par le fait qu’elle présente de nombreux avantages parmi lesquels une rapidité d’analyse, une efficacité et une résolution élevées19. En EC, les interactions sont susceptibles de se produire dans trois phases : une phase stationnaire, une phase pseudostationnaire ou la phase mobile. Dans le premier cas, l’interaction d’un soluté peut avoir lieu à la surface de la paroi interne d’un capillaire modifié ou avec une phase stationnaire présente dans le capillaire. Ceci implique que le ligand d’affinité soit préalablement immobilisé sur la paroi du capillaire20 ou soit lié au matériau ou gel implanté dans le capillaire21-23. Le terme de phase pseudostationnaire est utilisé lorsque le soluté interagit avec des systèmes vésiculaires telles que des micelles, des microémulsions ou encore des liposomes24 introduits dans la phase mobile. Enfin, l’interaction du soluté peut avoir lieu avec un ligand libre en solution dans la phase mobile. Seul ce dernier cas sera approfondi par la suite. Plusieurs méthodes d’EC permettent de quantifier les interactions moléculaires en solution25-30 : l’électrophorèse capillaire d’affinité (ACE), la méthode d’Hummel-Dreyer (HD), l’électrophorèse capillaire d’affinité et de vacance (VACE), la méthode du pic de vacance (VP) et l’analyse frontale (FA). A l’exception de la VACE, l’ensemble des ces méthodes avait été développé à l’origine pour la CLHP avant d’être transféré à l’EC31,32. Ces techniques seront présentées aux paragraphes I.2.2 et I.2.4. Seuls les modèles les plus simples décrivant l’interaction entre un soluté A et un ligand soluble L seront exposés. En particulier, l’équilibre d’association entre les deux espèces sera supposé être de stoechiométrie 1:1, et on fera l’hypothèse que ni le soluté A , ni le ligand L , ne présentent d’affinité pour la surface du capillaire. L’interaction mise en jeu peut alors être schématisée par l’équilibre suivant : A + L ⇔ AL K AL = [AL] [A][L] Equation II-14 98 CHAPITRE II où K AL représente la constante d’affinité en solution entre le soluté A et le ligand soluble L . Les espèces entre crochets [ ] étant en solution dans la phase mobile, leur concentration est exprimée en mol/L. Afin de déterminer la constante relative à cet équilibre, une série d’expériences doit être effectuée en modifiant la concentration d’une des deux espèces (ligand ou soluté), tout en maintenant constante la concentration de la seconde. Selon la méthode électrophorétique utilisée (Tableau II-2), la constante d’interaction K AL peut alors être déterminée à partir de mesures de concentrations ou à partir de mesures de mobilités électrophorétiques. Méthode Echantillon Phase mobile Paramètre mesuré pour l’estimation de K AL ACE30 A Tampon + L Changement de mobilité de A L Tampon + A Changement de mobilité de L Tampon Tampon + A + L Changement de mobilité de A ou VACE33 (ou L) (pics vacants) HD25 Tampon + A Tampon + L ou VP25 Aire du pic de vacance correspondant à [AL] Tampon + L Tampon + A Tampon Tampon + A + L Aire du pic de vacance correspondant à [A] (ou [L]) FA 30 Tampon + A + L Tampon Hauteur du plateau correspondant à [A] (ou [L]) 34 FACCE Tampon + A + L Tampon Hauteur du plateau correspondant à [A] (ou [L]) Tableau II-2 : Méthodes d’EC et procédés expérimentaux correspondants permettant la détermination des constantes d’interaction en solution. A=soluté, L=ligand, [A]=concentration en soluté libre, [L]=concentration en ligand libre et [AL]=concentration en soluté lié 99 CHAPITRE II I.2.1 - Détermination des constantes d’affinité par des mesures de concentrations ; considérations théoriques Le rappel théorique suivant considère une étude d’affinité effectuée en faisant varier la concentration en ligand et en maintenant fixe la concentration du soluté. Rappelons l’équilibre en solution entre le soluté A et le ligand soluble L : A + L ⇔ AL K AL = [AL] [A][L] Equation II-15 Dans l’hypothèse où cet équilibre s’établit très rapidement, le rapport r du nombre de molécules de soluté lié sur le nombre total de molécules de soluté est défini par l’égalité suivante18,25,26 : r= [AL] [A]Tot = [L].K AL 1 + [L ].K AL Equation II-16 avec [ A]Tot la concentration totale en soluté. La constante d’interaction en solution K AL peut être déterminée expérimentalement à partir de l’Equation II-16 par régression non linéaire du tracé expérimental portant r en fonction de [L] 25,26. Ce tracé nécessite de connaître les concentrations [L ] et [ AL ] . Or, la concentration totale en ligand [L ]Tot dans l’électrolyte est reliée aux espèces libres par l’égalité suivante : [L]Tot = [L] + [AL] Equation II-17 [L]Tot étant connue, il suffit alors de déterminer expérimentalement l’une des deux concentrations [L ] ou [ AL ] . Les méthodes expérimentales d’Hummel-Dreyer (HD), du pic de vacance (VP), d’analyse frontale (FA) et d’analyse frontale en continu (FACCE), basées sur 100 CHAPITRE II la détermination des concentrations [L ] ou [ AL ] , seront présentées par la suite au paragraphe I.2.2. Une seconde méthode permet également d’accéder à la constante d’affinité. En effet, la concentration [ A]Tot est définie par la relation suivante : [A]Tot = [A] + [AL] Equation II-18 Ainsi, la combinaison de l’expression de la constante d’affinité (Equation II-15) avec l’Equation II-18 permet de linéariser l’Equation II-15 : [AL] = − K .[AL] + K .[A] Tot AL AL [L] Equation II-19 soit : r = − K AL .r + K AL [L] Equation II-20 L’Equation II-20 porte le nom de forme x-réciproque, ou encore représentation de Scatchard dans le cas particulier d’études d’interactions impliquant des protéines. Le rapport r variant [L] linéairement avec le paramètre r , la constante d’interaction en solution K AL peut-être déterminée expérimentalement à partir de la pente de cette relation linéaire25,26. Une distorsion à la linéarité peut parfois être observée. Celle-ci suggère alors une déviation par rapport au modèle théorique du fait, par exemple, d’une stoechiométrie d’ordre supérieur à un équilibre 1:1, avec notamment dans le cas particulier de l’étude de protéines, la présence de sites d’interactions multiples sur la biomolécule25,26,30. 101 CHAPITRE II I.2.2 - Détermination des constantes d’affinité par des mesures de concentrations ; les méthodes expérimentales Les méthodes expérimentales d’Hummel-Dreyer (HD), du pic de vacance (VP), d’analyse frontale (FA) et d’analyse frontale en continu (FACCE) ont été souvent décrites dans la littérature dans le cas d’interactions impliquant des protéines18,25-27,30,34-36 et notamment au travers de l’étude du couple albumine/warfarine18,25,26. Ainsi, certains schémas d’illustration présentés par la suite ont été tirés de travaux sur ce dernier couple. Néanmoins, il est important de noter que ces méthodes peuvent être appliquées à d’autres types de couple soluté-ligand29. a) Méthode d’Hummel-Dreyer (HD) Dans la méthode d’Hummel-Dreyer (HD) le capillaire est préalablement rempli avec un tampon contenant le ligand L avant d’injecter un faible volume de tampon contenant le soluté A. Une tension de séparation est ensuite appliquée au système. Une étude d’affinité par HD s’effectue donc en injectant une quantité constante de soluté tout en faisant varier la concentration du ligand soluble à l’intérieur du capillaire. Le procédé inverse peut également être utilisé, autrement dit, une quantité constante de ligand peut être injectée dans un capillaire rempli d’un tampon de concentrations variables en soluté. Afin d’illustrer la migration de l’échantillon au sein du capillaire lors de l’application de la tension, le profil de migration obtenu dans le cas particulier du couple ASB (albumine du sérum bovin)/warfarine 25, est donné sur la Figure II-4. La protéine ASB représente ici le soluté A et la warfarine correspond au ligand soluble L. Le profil type d’un électrophérogramme obtenu dans ces conditions est également reporté sur la Figure II-4. 102 CHAPITRE II Principe de la séparation par HD : Injection de tampon contenant A Sens du flux électroosmotique (a) + - (b) + - (c) + (1) AL + A (2) Défaut de L ASB = soluté A Défaut de Warfarine = défaut de L Warfarine = ligand L Complexe ASB / Warfarine + ASB = Complexe AL + Soluté A Densité optique (unité d’absorbance) (1) AL + A Artefact (2) Défaut de L Temps Figure II-4 : Représentation schématique de la méthode d’Hummel-Dreyer (HD) dans le cas particulier du couple ASB / warfarine25 et présentation d’un électrophérogramme type correspondant26. Le profil de séparation illustré sur la Figure II-4 suppose que les mobilités électrophorétiques du soluté A et du complexe AL sont supérieures à celle du ligand libre L. 103 CHAPITRE II D’autre part, dans le cas particulier exposé, la mobilité du soluté A (protéine ASB) est similaire à la mobilité du complexe AL. Sur la Figure II-4, les pics sont représentés par des signaux idéaux de forme rectangulaire mais de par le phénomène de dispersion des composés au sein du capillaire, les signaux apparaissent en pratique plus ou moins sous la forme de pics Gaussiens. L’électrophérogramme de la Figure II-4 présente successivement un pic positif et un pic négatif. Le pic positif correspond à la sortie du complexe AL et du soluté A et le pic négatif traduit un défaut local de concentration en ligand26. L’aire de ce dernier pic varie linéairement avec la concentration [AL] de ligand lié. Ainsi, à l’aide d’une courbe de calibration interne ou externe, la concentration [ AL] de ligand lié dans chacun des tampons d’analyse peut être déterminée26. Connaissant la concentration totale [L]Tot en ligand du tampon, la concentration [L] en ligand libre peut ensuite être calculée (Cf. Equation II-17). Ceci permet alors d’établir le tracé expérimental relatif à l’Equation II-16 ou à l’Equation II20 et de déterminer la constante d’affinité (Cf. Paragraphe I.2.1 de ce chapitre). b) Méthode du pic de vacance (VP) Dans la méthode du pic de vacance (VP), le capillaire est rempli avec un tampon contenant à la fois le soluté A et le ligand L. Un faible volume de tampon pur, ne contenant aucune des espèces A ou L, est ensuite injecté dans le capillaire, puis une tension de séparation est appliquée au système. Une étude d’affinité par VP s’effectue en maintenant constante la concentration du soluté ou du ligand à l’intérieur du capillaire et en faisant varier la concentration de la seconde espèce. La migration de l’échantillon de tampon au sein du capillaire est décrite sur Figure II-5 dans le cas particulier du couple ASB/warfarine25 , un électrophérogramme type y est également reporté. 104 CHAPITRE II Principe de la séparation par VP : Injection de tampon Sens du flux électroosmotique (a) + - (b) + - (c) + - (1) Défaut de AL + A (2) Défaut de L Tampon Défaut de Warfarine = défaut de L Défaut de complexe ASB / Warfarine et de ASB = défaut de AL + A Complexe ASB / Warfarine = complexe AL Densité optique (unité d’absorbance) Artefact (1) Défaut de AL + A (2) Défaut de L Temps Figure II-5 : Représentation schématique de la méthode du pic de vacance (VP) dans le cas particulier du couple ASB / warfarine25 et présentation d’un électrophérogramme type correspondant26. Ce profil de séparation suppose que (i) les mobilités électrophorétiques du soluté A et du complexe AL sont supérieures à celle du ligand libre L, (ii) la mobilité du soluté A est similaire à celle du complexe AL. 105 CHAPITRE II L’électrophérogramme de la Figure II-5 présente deux pics négatifs. Le premier pic résulte d’un défaut local de concentration en complexe AL et en soluté libre A au sein du capillaire et le second est provoqué par un défaut de concentration en ligand libre L26,27. L’aire du second signal varie linéairement avec la concentration [L ] de ligand libre dans le tampon. A l’aide d’une courbe de calibration interne, la concentration [L ] contenue dans chacun des tampons étudiés peut être déterminée26. La concentration [ AL ] des différents tampons peut ensuite être calculée (Cf. Equation II-17) et les Equations II-16 ou II-20 peuvent être appliquées pour déterminer la constante d’affinité. En HD et en VP, l’équilibre d’interaction soluté/ligand s’établit dans le capillaire au cours de la séparation. Ainsi, dans le cas d’une cinétique d’association lente par rapport à la durée de l’analyse, un manque de reproductibilité des signaux peut être observé34. L’utilisation de ces techniques pour des études d’affinité est alors déconseillée et d’autres procédés tels que la FA et la FACCE peuvent être recommandés. c) Méthode d’analyse frontale (FA) En analyse frontale (FA), le soluté A et le ligand L sont mis à équilibrer dans le tampon d’analyse. Une fois la solution équilibrée, celle-ci est injectée dans le capillaire préalablement rempli de tampon pur. La quantité d’échantillon injectée en FA est plus importante comparativement à l’HD et la VP, avec un volume généralement compris entre 100 et 200 nL. Une tension est ensuite appliquée aux bornes du capillaire afin de séparer les espèces en solution. Une étude d’affinité par FA s’effectue donc en fixant la concentration du soluté ou du ligand de la solution échantillon injectée et en faisant varier la concentration de la seconde espèce. Le principe de la séparation des composés par FA et un électrophérogramme type obtenu dans pour le cas particulier du couple ASB/warfarine sont présentés sur la Figure II-6. 106 CHAPITRE II Principe de la séparation par FA : Injection de tampon contenant A + L Sens du flux électroosmotique (a) + - (b) + - (c) + (1) AL + A (2) L Tampon Warfarine = ligand L Complexe ASB / Warfarine + ASB = complexe AL + soluté A Densité optique (unité d’absorbance) (1) AL + A (2) L Temps Figure II-6 : Représentation schématique de la méthode d’analyse frontale (FA) dans le cas particulier du couple ASB / warfarine et présentation d’un électrophérogramme type correspondant26. Ce profil de séparation suppose que (i) les mobilités électrophorétiques du soluté A et du complexe AL sont supérieures à celle du ligand libre L, (ii) la mobilité du soluté A est similaire à celle du complexe AL. 107 CHAPITRE II Du fait de l’importante quantité d’échantillon injectée, les signaux obtenus en FA sont larges et présentent un plateau. L’électrophérogramme de la Figure II-6 présente deux plateaux distincts : le premier plateau traduit la sortie du complexe AL et du soluté libre A et le second reflète la sortie du ligand L26. La hauteur de ce dernier plateau variant linéairement avec la quantité de ligand libre L, il est alors possible, à partir d’une mesure de calibration préalablement effectuée, de déterminer la concentration [L ] de ligand libre de chacun des échantillons injectés26. Ceci permet alors de déterminer la constante d’affinité (Cf. Equations II-16 ou II-20, Paragraphe I.2.1 de ce chapitre). En FA, la réaction d’association entre le soluté et le ligand est effectuée en dehors du capillaire par incubation préalable des deux composés dans le tampon d’analyse. Ainsi, cette technique peut uniquement être utilisée pour des couples soluté/ligand dont la vitesse de dissociation du complexe est relativement faible comparativement à la durée de l’analyse. D’autre part, d’après McDonnell et coll.37 la FA permettrait d’estimer uniquement des constantes d’interaction comprise entre 103 et 108 M-1. Pour des interactions faibles avec des constantes inférieures à 103 M-1, la concentration de ligand lié AL est très faible et la hauteur correspondante à la zone frontale du ligand libre L est trop proche de la celle obtenue pour la mesure de calibration (mesure effectuée par injection du ligand seul dans le capillaire). Dans ce cas, l’utilisation de l’ACE (Cf. Paragraphe I.2.4.a de ce chapitre) serait préférable pour l’estimation de la constante. D’autre part, lorsque la constante est supérieure à 108 M-1, la concentration de ligand libre L serait trop faible par rapport à la concentration de ligand lié AL et la hauteur correspondante à la zone frontale du ligand libre L serait trop faible pour conduire à des mesures précises. La FA peut également être utilisée pour séparer des énantiomères38,39 et pour déterminer simultanément les constantes d’affinité de deux énantiomères présents dans un mélange racémique. d) Méthode de l’analyse frontale en continu (FACCE) Récemment, une nouvelle méthode d’EC, l’électrophorèse capillaire d’analyse frontale en continu (FACCE) a été développée par Gao et coll.34. Pour introduire cette nouvelle technique, les auteurs se sont intéressés à l’interaction entre un polyanion, le poly(styrène sulfonate), défini comme le soluté, et la β-lactoglobuline considérée comme le ligand L. Les 108 CHAPITRE II schémas d’illustration présentés par la suite sont relatifs au cas particulier du couple poly(styrène sulfonate)/ β-lactoglobuline. En FACCE, le capillaire est tout d’abord rempli avec le tampon pur, puis l’extrémité d’entrée du capillaire est plongée dans l’échantillon de tampon contenant un mélange pré équilibré de soluté et de ligand. Une tension est ensuite appliquée aux bornes du capillaire afin d’introduire la solution échantillon dans le capillaire (mode électrocinétique). L’échantillon est introduit en continu dans le capillaire durant l’analyse et le processus de séparation progresse en même temps. L’étude d’affinité en FACCE s’effectue comme en FA en maintenant constante la concentration du soluté ou du ligand et en faisant varier la concentration du second composé. Le principe de la séparation des composés en FACCE et un électrophérogramme type obtenu pour le cas particulier du couple poly(styrène sulfonate)/ β-lactoglobuline sont présentés sur la Figure II-7. Principe de la séparation par FACCE : Injection de tampon contenant A + L Sens du flux électroosmotique (a) + - (b) + - (c) + AL + L L Tampon Complexe poly(styrène sulfonate) / β -lactoglobuline + β -lactoglobuline = complexe AL + ligand L β -lactoglobuline = ligand L 109 CHAPITRE II Densité optique (unité d’absorbance) (2) AL + A (1) L Temps Figure II-7 : Représentation schématique de la méthode d’analyse frontale en continu (FACCE) dans le cas de l’étude de l’interaction poly(styrène sulfonate)/ β -lactoglobuline et présentation d’un électrophérogramme type correspondant34 Le schéma de la Figure II-7 suppose que la mobilité électrophorétique du ligand L est supérieure à celle du complexe AL. D’autre part, les auteurs ont considéré que la concentration [ A] en soluté libre est nulle. L’électrophérogramme de la Figure II-7 présente deux plateaux, le premier correspondant au ligand libre L et le second au complexe AL additionné du ligand libre L. La hauteur du premier plateau étant liée à la quantité de ligand libre L, il est alors possible, à partir d’une mesure de calibration préalablement effectuée, de déterminer la concentration [L] de ligand libre contenu dans chacun des échantillons injectés34. Ceci permet ensuite de déterminer la constante d’affinité (Cf. Equations II-16 ou II20, Paragraphe I.2.1 de ce chapitre). Gao et coll.34 ont comparé, au travers de l’étude du système poly(styrène sulfonate)/ βlactoglobuline, les méthodes classiques d’HD et de FA à la méthode plus récente de FACCE. Cette dernière présente le désavantage de consommer une quantité plus importante d’échantillon par rapport aux autres méthodes d’EC. Néanmoins, de par cet important volume d’injection, la limite de détection en FACCE se trouve améliorée en comparaison avec la HD et la FA. D’autre part, l’incubation préalable du soluté et du ligand dans le tampon supprime le manque de reproductibilité parfois rencontré en HD du fait d’une cinétique d’association 110 CHAPITRE II lente. Enfin, le signal obtenu en FACCE est plus net que celui issu d’une étude classique de FA ce qui permet une détermination plus exacte des concentrations des espèces. I.2.3 - Détermination des constantes d’affinité par des mesures de mobilités ; considérations théoriques La méthode la plus courante utilisée pour déterminer les constantes d’interaction en EC implique de mesurer l’évolution de la mobilité électrophorétique d’un soluté lors de l’utilisation de tampons à différentes concentrations en ligand soluble. L’utilisation de cette méthode implique que plusieurs conditions soient respectées : (i) le soluté doit subir un changement de mobilité électrophorétique au cours de sa complexation avec le ligand ; ceci suppose que soit le soluté soit le ligand soit chargé dans les conditions expérimentales appliquées. D’autre part, des différences significatives entre la mobilité du soluté sous forme libre et sous forme complexée sont nécessaires afin d’obtenir les meilleurs résultats. Dans le cas où le soluté subirait un trop faible changement de mobilité au cours de son association, l’utilisation de cette méthode s’avérerait impossible, (ii) l’équilibre doit être atteint rapidement afin qu’il s’établisse dans un temps bien inférieur à celui de l’analyse, (iii) la fraction en complexe soluté-ligand doit être comprise entre 0,2 et 0,8 (pour un équilibre de stoechiométrie 1:1). Le procédé inverse peut également être utilisé. Dans ce cas, le ligand est introduit dans le capillaire contenant une concentration variable de soluté et l’évolution de la mobilité électrophorétique du ligand dans les différents tampons est alors mesurée. La modélisation mathématique des isothermes d’association obtenues en EC dans le cas d’une stoechiométrie 1:1 a été discutée par de nombreux auteurs23,40-45. Même si ces modélisations sont légèrement différentes les unes des autres, elles sont fondamentalement équivalentes41. 111 CHAPITRE II Soit l’équilibre d’association en solution entre le soluté A et le ligand soluble L considéré dans l’ensemble de ces modèles : A + L ⇔ AL K AL = [AL] [A][L] Equation II-21 Dans le cas idéal, la variation de mobilité du soluté observée lorsque le ligand est introduit dans le système est provoquée uniquement par l’association du soluté avec le ligand. Si tel est le cas, la mobilité électrophorétique du soluté déterminée expérimentalement, dans une solution contenant du ligand, est une moyenne pondérée des mobilités du soluté à l’état libre et à l’état complexé : µ i = χ f .µ f + χ c .µ c Equation II-22 où µi est la mobilité électrophorétique déterminée expérimentalement, µ f est la mobilité électrophorétique du soluté libre, µc est la mobilité électrophorétique du complexe solutéligand et χ est la fraction molaire du soluté à l’état libre ( χ f ) ou à l’état complexé ( χ c ). Les mobilités électrophorétiques mentionnées précédemment sont dues uniquement à la charge des molécules et n’incluent pas de contribution du flux électroosmotique. Expérimentalement, ces mobilités sont donc déterminées en retranchant la mobilité électroosmotique aux mobilités apparentes mesurées (Cf. Equation II-12, paragraphe I.1.2.c de ce chapitre). L’Equation II-22 peut être exprimée en terme de concentrations à l’équilibre du soluté libre [ A] et du soluté complexé [ AL ] : µi = [A] µ + [AL] µ [A] + [AL] f [A] + [AL] c Equation II-23 112 CHAPITRE II La combinaison de l’expression de la constante d’affinité (Equation II-21) avec l’Equation II-23 permet de relier la mobilité électrophorétique déterminée µi expérimentalement à la concentration de ligand libre [L ] dans l’électrolyte par les deux expressions suivantes : K AL .[L] = µ f − µi µi − µ c Equation II-24 et µi = K AL .[L ] 1 µf + µc 1 + K AL .[L] 1 + K AL .[L] ( ou µ i = µ f + µ c .K AL .[L] 1 + K AL .[L] ) Equation II-25 Le tracé expérimental des courbes relatives aux Equations II-24 et II-25 nécessite de connaître la concentration de ligand libre [L ] dans la phase mobile. Or cette concentration ne peut être mesurée directement. Néanmoins, la concentration totale en ligand soluble [L ]Tot est connue, et définie par la relation suivante : [L]Tot = [L] + [AL] Equation II-26 Ainsi, dans le cas où la concentration totale de ligand soluble [L ]Tot utilisée est nettement supérieure à la concentration totale de soluté [ A]Tot injectée, l’approximation [L ] ≈ [L ]Tot peut être effectuée. Dans ces conditions, la constante d’interaction en solution K AL peut être déterminée expérimentalement à partir de l’Equation II-24 ou de l’Equation II-25. a) Détermination de la constante d’affinité à partir de l’Equation II-24 L’utilisation de l’Equation II-24 nécessite de connaître les mobilités électrophorétiques de l’espèce libre ( µ f ) et du complexe ( µc ). Ces paramètres doivent donc être mesurés indépendamment. La mesure de µ f s’effectue simplement en injectant le soluté dans un milieu ne contenant pas de ligand. La mesure de µc peut par contre s’avérer plus délicate. La mobilité électrophorétique µc du complexe peut sous certaines conditions être supposée égale à la mobilité de l’espèce chargée libre (soluté ou ligand selon le cas). Cette 113 CHAPITRE II approximation suppose que la formation du complexe n’entraîne pas une variation de masse importante de l’espèce chargée. Dans la plupart des cas, la détermination de la valeur exacte de µc reste impossible. La constante d’interaction en solution K AL peut alors être déterminée expérimentalement à partir de l’Equation II-25. D’autre part, l’utilisation de l’Equation II-24 peut conduire à une valeur de la constante erronée si celle-ci est déterminée à partir d’une mesure unique de µ i , pour laquelle par ailleurs la concentration en ligand peut être mal choisie (Cf. Paragraphe I.2.3.d de ce chapitre). Il est alors préférable d’effectuer une série de points à différentes concentrations en ligand pour tracer la représentation portant représentation linéaire étant obtenue, µ f − µi en fonction de la concentration [L ] . Une µi − µc la constante K AL est alors déterminée expérimentalement à partir de la pente de la représentation46. b) Détermination de la constante d’affinité à partir de l’Equation II-25 La constante K AL , mais aussi les mobilités électrophorétiques du soluté libre ( µ f ) et du complexe ( µc ) peuvent être déterminées par régression non linéaire du tracé expérimental portant µ i en fonction de [L ] 47. Plus précisément, certains logiciels tels qu’Origin permettent d’ajuster le tracé expérimental portant µ i en fonction de [L] par une courbe à trois inconnues P1 , P2 et P3 d’équation : µi = P1 P .[L] + 2 1 + P3 .[L ] 1 + P3 .[L ] Equation II-27 Les paramètres P1 , P2 et P3 déterminés pas le logiciel conduisent alors aux paramètres K AL , µ f et µc à l’aide des égalités suivantes : K AL = P3 ; µ f = P1 ; et µ c = P2 P3 Equation II-28 114 CHAPITRE II Par ailleurs, un simple réarrangement de l’Equation II-25 conduit à l’isotherme d’association en EC : (µ i − µf )= (µ c − µ f ) K AL .[L] 1 + K AL .[L] Equation II-29 La constante d’affinité K AL peut également être déterminée à partir de cette isotherme47 mais l’utilisation de cette méthode nécessite de déterminer indépendamment la mobilité µ f du soluté libre. Une régression non linéaire du tracé expérimental portant (µi − µ f ) en fonction de [L ] par une courbe à deux inconnues P1 et P2 et d’équation : (µ i − µf )= P1 .[L ] 1 + P2 .[L ] Equation II-30 permet d’accéder aux paramètres K AL et (µc − µ f ) grâce aux relations suivantes : K AL = P2 et (µc − µ f ) = P1 P2 Equation II-31 La mobilité du complexe ( µc ) peut ensuite être calculée à l’aide de la valeur de la mobilité de l’espèce libre ( µ i ) indépendamment mesurée. c) Linéarisation des isothermes L’isotherme définie par l’Equation II-29 peut être linéarisée suivant trois formes différentes (Equations II-32 à II-34), chacune d’entre elles permettant la détermination expérimentale de la constante K AL : 115 CHAPITRE II 1 1 1 1 = + (µ i − µ f ) (µ c − µ f ) K AL [L] (µ c − µ f ) Equation II-32 (µ [L] i −µf ) = 1 (µ c − µ f ) [L] + (µ 1 c − µ f ) K AL Equation II-33 (µ i −µf [L] ) = − K AL (µ i − µ f ) + K AL (µ c − µ f ) Equation II-34 Les Equations II-32, II-33 et II-34 portent respectivement le nom de forme double réciproque, y-réciproque et x-réciproque48. Historiquement, ces formes ont été les méthodes privilégiées pour la détermination des constantes et elles sont apparues dans la littérature sous différents noms46. La double réciproque est connue sous le nom de représentation de BenesiHildebrand en spectrophotométrie et représentation de Lineweaver-Burk dans les études enzymatiques. La forme x-réciproque est appelée représentation de Eadie-Hofstee pour les études de cinétiques enzymatiques et représentation de Scatchard pour les études d’interactions de protéines. La constante d’interaction en solution ( K AL ) ainsi que la différence de mobilité (µ c − µ f ) peuvent être déterminées expérimentalement à partir de la pente et de l’ordonnée à l’origine des relations linéaires précédentes (Tableau II-3). La mobilité du complexe ( µc ) peut ensuite être calculée à l’aide de la valeur de la mobilité de l’espèce libre ( µ f ) indépendamment mesurée. Alors que les trois relations définies par les Equations II-32 à II-34 semblent être identiques puisque l’une d’entre elles suffit à obtenir les deux autres formes, ces méthodes de régression ne sont pas nécessairement équivalentes du fait de la différence d’incertitudes relatives sur les variables (µ i − µ f ) et [L ] avant et après linéarisation41,48-50. L’incertitude relative sur [L] (avec [L] assimilée à [L]Tot ) 116 peut être facilement contrôlée par CHAPITRE II l’expérimentateur par contre le paramètre (µi − µ f ) est soumis à plus ou moins d’erreurs expérimentales. L’utilisation des relations linéaires (Equations II-32 à II-34) peut conduire à des constantes et autres paramètres identiques à ceux obtenus par régression non linéaire de l’isotherme d’association (Equation II-29) à condition que les données expérimentales soient correctement réajustées pour la régression linéaire. Lorsque les données ne sont pas pondérées, les formes y-réciproque et double réciproque présentant la variable (µ i − µ f ) au dénominateur conduisent à donner du poids aux points de plus faibles valeurs de (µi − µ f ) qui correspondent aux mesures les plus incertaines41,48,50,51. Par ailleurs, le tracé de la forme yréciproque est plus fiable que celui de la forme x-réciproque lorsque l’erreur sur le paramètre (µ i − µ f ) est faible, par contre l’inverse se produit si l’erreur sur (µi − µ f ) est élevée. Enfin, la forme x-réciproque présente l’avantage d’accentuer les déviations à la linéarité51 50 qui pourraient traduire par exemple la présence d’une stoechiométrie d’ordre 2. A l’inverse, la forme double réciproque est de loin la moins sûre des représentations car elle tend à masquer ces déviations au modèle théorique48,50. Ainsi, l’utilisation de la forme x-réciproque doit être privilégiée pour vérifier que le processus étudié suit bien une stoechiométrie de type 1 :1. Les différentes méthodes permettant de déterminer la constante K AL et les mobilités électrophorétique du soluté libre ( µ f ) et du complexe ( µc ) sont résumées dans le Tableau II3. La méthode de régression non linéaire à partir de l’Equation II-25 est la méthode privilégiée pour la détermination des constantes puisqu’elle ne nécessite pas de connaître indépendamment les mobilités µ f et µc . Cependant la confrontation des résultats issus des différentes approches reste intéressante. 117 CHAPITRE II Equation Courbe établie II-24 µ f − µi = f ( [L] ) µi − µc µc pente i − µ f ) = f ( [L] ) K AL , µc et µ f doit être déterminé indépendamment ⇒ détermination de réciproque K AL et µc 1 ordonnée à l' origine 1 1 = f( (µ i − µ f ) [L] ) Double doivent être Régression non linéaire d’association II-32 ) déterminés ⇒ détermination de µf (µ µf −µf Régression non linéaire II-29 Isotherme et c indépendamment µ i = f ( [L ] ) II-25 (µ K AL ordonnée à l' origine pente µf doit être déterminé indépendamment afin de calculer (µ Y-réciproque 1 pente [L] II-33 i µc −µf pente ordonnée à l' origine ) = f ( [L] ) µf doit être déterminé indépendamment afin de calculer II-34 X-réciproque (µ i −µf [L] ) µc ordonnée à l' origine pente − pente = f ( (µ i − µ f ) ) µf doit être déterminé indépendamment afin de calculer µc Tableau II-3 : Résumé des différentes méthodes basées sur la variation du flux électrophorétique, permettant la détermination de la constante d’interaction en solution associée à un équilibre de type 1:1. 118 CHAPITRE II d) Sources d’erreurs L’application des modèles théoriques pour la détermination des constantes d’interaction en EC nécessite que certaines conditions expérimentales, relatives à la concentration des espèces mises en jeu, soient vérifiées. Par ailleurs, l’utilisation d’une méthode basée sur la variation de la mobilité du soluté requiert parfois de s’affranchir de phénomènes secondaires, autres que l’association des espèces, qui modifient le flux du soluté. Conditions relatives à la concentration des espèces en solution : Dans les Equations II-24, II-25, II-29, II-32 à II-34, [L ] représente la concentration à l’équilibre de ligand libre dans la phase mobile. Cette concentration peut être assimilée à la concentration totale de ligand soluble ajouté au tampon ( [L] ≈ [L]Tot ) dans deux cas : (i) si la concentration de soluté [ A]Tot injectée est nettement inférieure à la concentration [L ]Tot du ligand ou (ii) si la constante d’affinité est faible47. Si ces conditions ne sont pas vérifiées, la concentration [L ] peut alors être calculée par plusieurs méthodes dont l’itération ou le développement des séries de Taylor48. D’autre part, d’après Lynen et coll.52, il est important que la concentration de soluté injectée soit largement inférieure à la concentration totale de ligand dans la phase mobile. En effet, si la concentration du soluté dans l’échantillon est supérieure ou égale à la concentration du ligand, l’ensemble des molécules de ligand disponibles est alors saturé par le soluté. Par conséquent, une très faible variation de mobilité électrophorétique est observée et peut conduire à surestimer la valeur de la constante de dissociation, et par suite à sous estimer la constante d’affinité K AL . Expérimentalement, l’utilisation d’une concentration en soluté trop élevée est difficilement décelable par le tracé de l’isotherme d’association (Equation II-29). Par contre, ce problème apparaît très visiblement sur les régressions linéaires (Equations II-32 à II-34) par une forte déviation à la linéarité52. Il est important de souligner que ce phénomène ne peut être détecté que si une gamme suffisante de concentrations en ligand a été étudiée. D’après Deranleau53, la détermination de la constante d’affinité est plus précise si les analyses sont effectuées sur un domaine de concentrations en ligand tel que la fraction f de complexe soluté-ligand (Equation II-35) soit comprise entre 0,2 et 0,8 (pour une 119 CHAPITRE II stoechiométrie d’ordre 1:1). En effet, lorsque la fraction f est inférieure à 0,2 ou supérieure à 0,8, les changements de mobilité résultant de l’association sont faibles comparativement à l’erreur relative sur les mesures. Expérimentalement, la fraction f de complexe soluté-ligand est calculée par la relation suivante : f = [AL] = K AL .[L] [A] + [AL] 1 + K AL .[L] Equation II-35 Alors que la détermination expérimentale de la constante K AL nécessite de travailler sur une gamme de f telle que 0,2 < f < 0,8, l’Equation II-35 montre que réciproquement la détermination de f nécessite de connaître K AL . Expérimentalement, le procédé suivant peut donc être suivi : (i) l’isotherme d’association est établie sur une large gamme de concentrations en ligand ; le choix de cette gamme peut être plus ou moins aléatoire selon qu’un ordre de grandeur de la constante est connu ou pas, (ii) une première estimation de la constante K AL est effectuée par régression non linéaire de l’isotherme d’association (iii) la fraction f de complexe soluté-ligand est calculée sur la gamme de concentration en ligand étudiée à l’aide de la valeur de K AL préalablement déterminée, (iv) si la fraction f ainsi calculée ne répond pas à la condition 0,2 < f < 0,8, une nouvelle gamme de concentrations en ligand est estimée afin que cette condition puisse être vérifiée, (v) l’isotherme d’association est établie sur cette nouvelle gamme de concentrations en ligand et (vi) la constante K AL est déterminée par régression non linéaire de l’isotherme sur cette nouvelle gamme. La constante K AL ainsi déterminée pouvant être assez différente de la première estimation, un procédé itératif reprenant les étapes (i) à (vi) peut être nécessaire. Par ailleurs, l’isotherme d’association doit être établie sur un large domaine d’environ 60 à 75% de son étendue48,53,54 afin d’être en mesure de détecter des distorsions par rapport au modèle théorique appliqué. Les variations à la linéarité observées sur les représentations relatives aux Equations II-32 à II-34 peuvent suggérer une stoechiométrie différente d’un équilibre 1 :154,55. Dans ce cas, le profil des représentations obtenues peut mettre en évidence des effets coopératifs, non-coopératifs ou anti-coopératifs54,55. 120 CHAPITRE II L’étude d’un processus d’association doit donc être effectuée sur une gamme de concentrations en ligand (i) large afin de s’assurer de la validité du modèle appliqué et (ii) telle que la fraction f de complexe soluté-ligand soit comprise entre 0,2 et 0,8 (pour une stoechiométrie d’ordre 1:1) pour déterminer la constante d’affinité avec exactitude. Phénomènes secondaires pouvant influer sur la mobilité électrophorétique du soluté : Afin de pouvoir déterminer la constante d’interaction par l’étude de la variation de la mobilité électrophorétique du soluté lors de l’addition de ligand, le changement de mobilité observé doit être exclusivement dû à l’association du soluté avec le ligand. Or de nombreux autres facteurs peuvent modifier la mobilité électrophorétique déterminée expérimentalement. Tout d’abord, la fluctuation de la mobilité électroosmotique peut modifier la mobilité électrophorétique mesurée expérimentalement. Le conditionnement de la surface du capillaire est donc une étape importante pour obtenir une mobilité électroosmotique reproductible. Afin de s’affranchir d’une éventuelle variation du flux électroosmotique au cours d’une série d’analyses, ce flux peut être mesuré à chaque étape à l’aide d’un marqueur du flux électroosmotique (thiourée, DMSO, oxyde de mésityle) ajouté à l’échantillon. D’autre part, certains composés tels que les protéines, les peptides et les composés basiques, peuvent s’adsorber sur la paroi interne du capillaire. Ce phénomène provoque d’une part l’élargissement des pics et d’autre part la modification des mobilités électrophorétiques déterminées expérimentalement. Ainsi, le changement de mobilité électrophorétique engendré par la variation de la concentration en ligand ne peut être directement relié à la constante d’interaction. Afin d’éviter cette adsorption non spécifique, la force ionique du milieu et le pH du tampon d’analyse doivent être choisis de façon adéquate. Une autre possibilité consiste à utiliser des capillaires modifiés13-15,56. Récemment, les différentes méthodes de modification chimique des capillaires de silice (méthode dynamique par adsorption ou permanente par greffage) par de nombreux composés de recouvrement (polymères ou copolymères neutres ou ioniques, polymères possédant des propriétés de tensioactifs, biopolymères) ont été résumées par Horvath et Dolnik13 et Millot et Vidal-Madjar57. L’utilisation de ce type de méthodes permet de modifier et de contrôler le flux électroosmotique12-15,56, voire de l’éliminer dans le cas particulier de capillaires neutres12,13. Ainsi tous les problèmes évoqués précédemment associés à l’existence du flux électroosmotique sont par là même éliminés. 121 CHAPITRE II Par ailleurs, l’augmentation de la concentration en ligand dans l’électrolyte peut entraîner un changement de viscosité, de conductivité et de force ionique de la solution susceptibles de modifier la mobilité électroosmotique et la mobilité électrophorétique déterminées expérimentalement 58. A titre d’exemple, l’influence de la variation de viscosité de l’électrolyte sur les mobilités observées peut être prise en compte par l’introduction d’un facteur de correction ν dans l’Equation II-23 ; l’expression suivante est alors obtenue59 : ν .µ i = [A] µ + [AL] µ [A] + [AL] f [A] + [AL] c Equation II-36 Différentes méthodes peuvent être utilisées pour déterminer ce facteur de correction46,60-63. La méthode la plus fiable implique de mesurer directement la viscosité d’une solution par viscosimétrie58,62. Par ailleurs, l’effet de la viscosité peut également être évaluée par EC en comparant le temps nécessaire pour pousser, avec une pression constante, une quantité d’échantillon au travers du tampon d’analyse avec et sans ligand63. En effet, d’après l’équation de Poiseuille, le facteur de correction ν est défini de la manière suivante59 : 2 .t ∆P. rcapillaire ν= 8Ll η t = = 0 0 2 0 η ∆P. rcapillaire . t t 8Ll Equation II-37 où η et η 0 représentent les viscosités du tampon d’analyse respectivement en présence et en l’absence de ligand, ∆P est la pression appliquée pour conduire le liquide à travers le capillaire, rcapillaire est le rayon du capillaire, L est la longueur totale du capillaire, l la longueur effective du capillaire, t et t 0 sont les temps mis par l’échantillon injecté pour parcourir la longueur effective du capillaire, respectivement dans un tampon avec et sans ligand. L’introduction du facteur ν dans le modèle théorique (Equation II-36) permet ainsi de normaliser les mobilités électrophorétiques expérimentales. Cette correction est parfois primordiale puisque, par exemple, lorsqu’un système à base de cyclodextrines est utilisé et que la constante d’interaction est inférieure à 100 M-1, le changement de mobilité du soluté provoqué par le changement de viscosité peut être supérieur à celui provoqué par l’association moléculaire61. 122 CHAPITRE II ;I.2.4 - Détermination des constantes d’affinité par mesures de mobilités ; méthodes expérimentales a) Méthode d’électrophorèse capillaire d’affinité (ACE) L’électrophorèse capillaire d’affinité (ACE) est la méthode d’EC la plus fréquemment utilisée pour déterminer les constantes d’interaction. Le procédé expérimental de l’ACE est identique à celui utilisé en HD (Cf. Paragraphe I.2.2.a de ce chapitre). Le profil des électrophérogrammes obtenus par ces deux méthodes est donc similaire. La différence entre l’HD et l’ACE provient du paramètre mesuré pour la détermination des constantes : en HD, l’aire du pic négatif est mesurée afin de déterminer la concentration de l’espèce complexée alors qu’en ACE, c’est la mobilité électrophorétique du soluté (pic positif) (ou du ligand selon le cas) qui est mesurée. Considérons le cas où le soluté est injecté dans un capillaire contenant différentes concentrations de ligand (Figure II-8). Rappelons également que dans ce cas, l’application d’une méthode d’ACE implique que le soluté subisse un changement de mobilité électrophorétique lors de sa complexation avec le ligand ; autrement dit, la mobilité électrophorétique du soluté à l’état libre ( µ f ) doit être différente de celle du soluté à l’état complexé ( µ c ). Dans ce cas, lors de l’addition de ligand dans la phase mobile, la mobilité électrophorétique mesurée du soluté ( µ i ) (pic positif (1)) varie entre deux valeurs limites32. En l’absence de ligand dans le tampon, la mobilité µ i est égale à la mobilité µ f du soluté à l’état libre et à concentrations élevées en ligand, la totalité du soluté étant liée, la mobilité µ i observée est égale à la mobilité µ c du soluté dans l’état complexé. Ainsi la mesure du paramètre µ i lors de l’ajout de ligand permet d’établir l’isotherme d’association du système (Cf. Equation II-29) et de déterminer la constante d’affinité. 123 CHAPITRE II (1) Pic de soluté A (2) Pic de ligand L → Mobilité µi → Mobilité µf’ Augmentation de [L]Tot Signal [L]Tot = 0 Déplacement du pic de soluté lors de l’addition de ligand ⇔ Evolution de µi Valeur de µi en l’absence de ligand Valeur de µi à concentration élevée en ligand = = µf µc Figure II-8 : Représentation schématique des électrophérogammes relatifs à la migration du soluté en électrophorèse capillaire d’affinité (ACE). Ce profil de migration suppose que la mobilité électrophorétique µf du soluté A à l’état libre est plus élevée que la mobilité électrophorétique ligand L à l’état libre ( µ f > µ f ' ). Par conséquent, la mobilité électrophorétique µ c µf' du du soluté A à l’état complexé est inférieure à celle du soluté A à l’état libre ( µ c < µ f ). mobilités électrophorétiques mentionnées ( µ i , est dû uniquement à la charge des µf , µf' et µc ) Rappelons que l’ensemble des molécules et n’inclut pas de contribution du flux électroosmotique. L’utilisation de l’ACE implique que la mobilité µ f du soluté libre soit suffisamment différente de la mobilité µ c du soluté lié. Ainsi par exemple, dans le cas du système ASB/warfarine évoqué précédemment, la mobilité du soluté (protéine) étant similaire à celle du complexe AL, la méthode d’ACE ne peut être appliquée26. L’ACE présente plusieurs avantages : (i) une faible quantité d’échantillon (soluté ou ligand) est nécessaire, (ii) l’échantillon injecté n’a pas besoin d’être hautement purifié, et (iii) des constantes d’interaction de plusieurs solutés peuvent être déterminées simultanément61,64. 124 CHAPITRE II Néanmoins l’utilisation de cette méthode peut parfois présenter certains désavantages (Cf. Paragraphe I.2.3.d de ce chapitre) rendant délicate la détermination des constantes d’interaction. L’ACE est également souvent mise en jeu pour l’analyse d’énantiomères et dans ce cas, les cyclodextrines sont fréquemment utilisées comme sélecteurs chiraux65. Le modèle mathématique décrivant l’interaction énantiomère / CD reste le même que celui décrit précédemment66,67 (Cf. Paragraphe I.2.3 de ce chapitre). b) Méthode d’électrophorèse capillaire d’affinité et de vacance (VACE) L’électrophorèse capillaire d’affinité et de vacance (VACE) est une technique d’EC relativement récente permettant la détermination des constantes d’interaction32,33. Le procédé expérimental relatif à la VACE est identique à celui de la méthode de VP (Cf. Paragraphe I.2.2.b de ce chapitre) ; seul le paramètre étudié pour la détermination des constantes diffère. En VP, l’aire d’un pic négatif est mesurée afin de déterminer la concentration de ligand libre (ou soluté libre selon le cas) alors qu’en VACE, c’est la mobilité d’un des pics qui est mesurée. Considérons une expérience d’affinité effectuée en maintenant fixe la concentration du soluté à l’intérieur du capillaire et en faisant varier la concentration du ligand (Figure II-9). Au cours de l’addition de ligand dans la phase mobile, la mobilité électrophorétique mesurée du soluté ( µ i ) (pic négatif (1)) varie comme en ACE entre les deux valeurs limites µ f et µ c 32. Les équations théoriques données au paragraphe I.2.3 de ce chapitre sont donc communes à l’ACE et à la VACE et la mesure du paramètre µ i lors de l’ajout de ligand permet de déterminer la constante d’affinité (Cf. isotherme d’association, Equation II-29). 125 CHAPITRE II (1) Pic de soluté A (2) Pic de ligand L → Mobilité µi → Mobilité µi’ Augmentation de [L]Tot Signal [L]Tot → 0 Déplacement du pic de soluté lors de l’addition de ligand ⇔ Déplacement du pic de ligand lors de l’addition de ligand ⇔ Evolution de µi Evolution de µi’ Valeur de µi en l’absence de ligand Valeur de µi à concentration élevée en ligand Valeur de µi’ à concentration élevée en ligand = = = µf Valeur de µi’ à concentration très faible de ligand µf’ = µc Figure II-9 : Représentation schématique des électrophérogammes relatifs à la migration du soluté en électrophorèse capillaire d’affinité et de vacance (VACE). Ce profil de migration suppose que la mobilité électrophorétique µf du soluté A à l’état libre est plus élevée que la mobilité électrophorétique ligand L à l’état libre ( µ f > µ f ' ). Par conséquent, la mobilité électrophorétique µ c inférieure à celle du soluté A à l’état libre ( µ c < µf' du du complexe est µ f ) et supérieure à celle du ligand à l’état libre ( µ c µ f ' ). Notons que l’ensemble des mobilités électrophorétiques mentionnées ( µ i , µ i ' , µ f , µ f ' et > µc ) est dû uniquement à la charge des molécules et n’inclut pas de contribution du flux électroosmotique. Afin de pouvoir suivre l’évolution de la mobilité électrophorétique du soluté en VACE, il est à nouveau nécessaire que la mobilité du soluté libre ( µ i ) soit bien différente de celle du complexe ( µ c ). Par contre, si cette condition n’est pas vérifiée (exemple du couple ASB / warfarine), la VACE ne doit pas forcément être abandonnée. 126 CHAPITRE II En effet, en VACE, le pic de ligand (pic négatif (2) lié au déficit de ligand) est également sensible à la variation de concentration en ligand de l’éluant32(Figure II-9). Lors de l’addition de ligand dans le tampon, la mobilité µ i ' de ce pic varie entre deux valeurs limites. A concentrations très faibles en ligand, la quasi totalité de ce composé est sous forme complexée et la mobilité électrophorétique mesurée µ i ' du ligand est égale à la mobilité µ c du complexe. A fortes concentrations en ligand, celui-ci est principalement sous forme libre et la mobilité mesurée µ i ' du ligand peut être assimilée à la mobilité µ f ' du ligand libre. Ainsi, le suivi de la mobilité µ i ' du ligand en fonction de la concentration en ligand dans l’électrolyte est un second moyen permettant de déterminer la constante d’affinité32. Les équations théoriques définissant l’évolution de µ i ' lors de l’ajout de ligand dans le tampon sont les mêmes que celles données au paragraphe I.2.3 de ce chapitre, seules les lettres A et L doivent être interverties. D’autre part, la VACE présente par rapport à l’ACE un avantage dans l’étude de systèmes particuliers mettant en jeu une protéine possédant i types de sites de fixation vis-àvis du ligand. La VACE permet, à partir de la variation de la mobilité électrophorétique µ i ' du ligand, de calculer le nombre ni de sites d’interaction par mole de protéine relatif à chacun des types de sites i 27,32. De plus, la VACE est une technique particulièrement adaptée pour la détermination de constante d’interaction mettant en jeu un soluté faiblement soluble dans l’eau du fait que cette solubilité peut être augmentée dans le tampon d’analyse contenant le ligand32. I.2.5 – Conclusion L’électrophorèse capillaire est une méthode privilégiée pour la détermination des constantes d’affinité du fait de sa rapidité d’analyse et de sa faible consommation d’échantillon. Plusieurs techniques électrophorétiques peuvent être utilisées pour déterminer la constante d’affinité en solution entre un soluté A et un ligand L. Ces techniques sont l’électrophorèse capillaire d’affinité (ACE), la méthode d’Hummel-Dreyer (HD), l’électrophorèse capillaire d’affinité et de vacance (VACE), la méthode du pic de vacance (VP), l’analyse frontale (FA) et l’analyse frontale en continu (FACCE). Quelle que soit la 127 CHAPITRE II méthode expérimentale choisie, la détermination de la constante nécessite de faire varier la concentration d’un des deux composés (soluté ou ligand) tout en maintenant constante celle de la seconde espèce. Par contre, selon la technique appliquée, la constante est déterminée soit à partir de mesures de concentrations des espèces en solution soit à partir de mesures de mobilités électrophorétiques de l’un des composés. Dans tous les cas, les mobilités électrophorétiques des espèces mises en jeu doivent vérifier certaines conditions. Par exemple, si l’étude consiste à mesurer la concentration du ligand libre en solution, la mobilité électrophorétique de celui-ci doit être différente de celle du soluté et du complexe. Par ailleurs, si la détermination de la constante est basée sur l’étude de la variation de la mobilité électrophorétique du soluté lors de l’addition de ligand dans l’électrolyte, le soluté doit alors subir un changement de mobilité lors de sa complexation ce qui implique que la mobilité du complexe soit différente de celle du soluté à l’état libre. D’autre part, quelques caractéristiques relatives aux techniques électrophorétiques exposées précédemment sont données dans le Tableau II-4. Méthode ACE HD VACE VP Consommation de soluté A et de ligand L FACCE Remarque - Peuvent être utilisées pour A ou L en quantité importante des constantes d’affinité Cinétique d’association rapide inférieures à 103 M-1 A et L en quantité importante A et L en quantité plus FA Condition d’utilisation importante par rapport à l’ACE et l’HD - Peuvent être utilisées pour - Cinétique de dissociation des cinétiques d’association lente lente - Constante d’affinité 3 Consommation 8 - Limite de détection en -1 comprise entre 10 et 10 M FACCE meilleure par rapport aux autres techniques en FACCE > FA électrophorétiques Tableau II-4 : Quelques caractéristiques des méthodes électrophorétiques permettant la détermination des constantes d’affinité en solution 128 CHAPITRE II I.3 – Détermination de la constante d’affinité MPEG-AdPh / β-CD par ACE L’objectif de cette étude a été de déterminer par une technique d’électrophorèse capillaire la constante d’interaction entre un polymère modèle de PEG modifié par un groupement phényladamantyle et des molécules de β-cyclodextrine. Une méthode classique d’électrophorèse capillaire d’affinité (ACE) consommant peu d’échantillon a été utilisée. L’ACE, basée sur la variation de la mobilité électrophorétique du soluté au cours de l’addition de ligand soluble dans la phase mobile, implique que soit le soluté, soit le ligand soit chargé. Ainsi, deux études se sont avérées possibles : - (i) une étude de l’interaction entre un soluté chargé et un ligand neutre avec le couple COO--PEG-AdPh / hydroxypropylβ-CD, - (ii) une étude de l’interaction entre un soluté neutre et un ligand chargé avec le couple MPEG-AdPh / β-CD sulfatée. Dans un premier temps, l’étude de l’interaction entre un polymère chargé COO--PEGAdPh (Cf. Synthèse au chapitre I, paragraphe III.3.3.b) et des molécules neutres d’hydroxypropylβ-CD (HPβ-CD) a été effectuée. Du fait de la charge portée par le polymère, celui-ci possède une mobilité électrophorétique négative. Il devrait donc migrer dans le capillaire avec une vitesse inférieure à celle du flux électroosmotique. De ce fait, l’ajout dans l’électrolyte de quantités croissantes en HPβ-CD, agent de complexation neutre, est censé entraîner une augmentation de la mobilité électrophorétique µ i du COO--PEG-AdPh. L’étude de la variation de la mobilité électrophorétique µ i du polymère lors de l’addition d’HPβ-CD dans l’électrolyte devrait donc permettre d’établir l’isotherme d’association du système et de déterminer la constante d’interaction entre les deux espèces. Le COO--PEG-AdPh (de masse 5000 g/mol) a été injecté dans un capillaire de silice rempli d’un tampon phosphate à pH = 7 ne contenant pas d’HPβ-CD (Cf. Conditions expérimentales en annexe 12). Il a été observé que le polymère était très peu retenu au sein du capillaire et qu’il sortait quasiment au même temps qu’un marqueur du flux électroosmotique avec une valeur de mobilité électrophorétique très faible de -0,14.10-4 cm2/(V.s) ; ce résultat est la conséquence d’un rapport charge/masse peu important (1 charge / 5000 g). L’établissement de l’isotherme d’association relatif au couple COO--PEG-AdPh / HPβ-CD 129 CHAPITRE II n’a pu être envisagé car la gamme de mobilité ∆µ i pouvant être balayée ( ∆µ i ≤ 0,14.10-4 cm2/(V.s)) est bien trop faible pour conduire à des résultats fiables. Ce type d’étude nécessiterait l’utilisation de PEGs modifiés de faible masse moléculaire. Dans un second temps, l’étude de l’affinité entre le polymère neutre de MPEG-AdPh (Cf. Synthèse au chapitre I, paragraphe III.3.3.a) et des molécules chargées de β-CD sulfatée a été effectuée. Le principe de cette seconde voie est différent de celui du premier système. En l’absence d’agent de complexation, le MPEG-AdPh, neutre, est censé sortir à un temps égal à celui du flux électroosmotique (mobilité du polymère à l’état libre µ f =0). L’ajout de quantités croissantes en β-CD sulfatée chargée négativement dans l’électrolyte devrait donc conduire à une diminution de la mobilité électrophorétique µ i du MPEG-AdPh. Aux fortes concentrations en HPβ-CD, la mobilité électrophorétique µ i observée pour le polymère devrait tendre vers la mobilité électrophorétique µ c du complexe. Dans l’hypothèse où la mobilité électrophorétique µ c du complexe est suffisamment différente de la mobilité µ f du polymère à l’état libre (Cf. Paragraphe I.2.3 de ce chapitre), l’étude de la variation de la mobilité électrophorétique µ i du polymère lors de l’addition de β-CD-Sulf dans l’électrolyte permettrait alors de tracer l’isotherme d’association du système et de déterminer la constante d’affinité entre les deux espèces. La condition sur les valeurs de µ c et µ f devrait être respectée dans le cas présent car le ligand utilisé, la β-CD-Sulf, possède de nombreuses charges (7 à 11 moles de sulfate par mole de β-CD). Avant d’appliquer les modèles théoriques permettant la détermination de la constante d’affinité en solution relative au couple MPEG-AdPh / β-CD-Sulf, des études préliminaires ont été effectuées afin de s’assurer que les conditions requises pour l’application de ces modèles (Cf. Paragraphe I.2.3.d de ce chapitre) sont bien vérifiées. Pour ce faire, la possible adsorption du MPEG-AdPh ou de la β-CD-Sulf à la surface du capillaire ainsi que l’influence de l’addition de la β-CD-Sulf sur la viscosité du tampon ont été étudiées. 130 CHAPITRE II I.3.1 - Eudes préliminaires a) Etude de l’adsorption du MPEG-AdPh ou de la β-CD-Sulf à la surface du capillaire L’étude de l’association du MPEG-AdPh avec la β-CD-Sulf a été effectuée sur un capillaire de silice. Or, le poly(éthylène oxide) (PEO) est connu pour être un agent de recouvrement efficace pouvant être utilisé pour contrôler le flux électroosmotique et les propriétés de surface de la paroi interne des capillaires de silice12,13. L’adsorption possible du polymère de MPEG-AdPh à la surface de la silice a donc été étudiée. Pour ce faire, la mobilité électroosmotique a été mesurée après des injections successives du MPEG-AdPh, en solution dans un tampon phosphate de pH = 7 et ne contenant pas de β-CD-Sulf (Cf. Conditions expérimentales en annexe 12). Il a ainsi été constaté qu’en utilisant une simple étape de rinçage entre les différentes analyses, la mobilité électroosmotique reste constante après 25 injections consécutives de MPEG-AdPh. De ce fait, il peut être admis que l’adsorption du MPEG-AdPh sur la paroi interne du capillaire est négligeable. Il doit être noté que les procédés de recouvrement de la silice par du PEO nécessitent généralement une protonation complète des groupes silanols. Ceci pourrait expliquer pourquoi dans les conditions actuelles de l’analyse (tampon phosphate à pH = 7 et quantités très faibles de MPEG-AdPh injectées) aucune adsorption significative n’est observée. D’autre part, l’adsorption du ligand à la surface de la silice devrait également être négligeable puisque le ligand soluble, la β-CD-Sulf, ainsi que les groupes silanol sont tous deux chargés négativement à pH = 7. Ce point a néanmoins été étudié en utilisant une méthode similaire à celle de l’étude d’adsorption du MPEG-AdPh (Cf. Conditions expérimentales en annexe 12), et il a ainsi été montré que la β-CD-Sulf n’interagissait pas avec la surface du capillaire. b) Evolution de la viscosité du tampon d’analyse lors de l’addition de la β-CD-Sulf Les concentrations de β-CD-Sulf utilisées pour la détermination de la constante (Cf. Paragraphe I.3.2 de ce chapitre) varient entre 0 et 17 mM. Ainsi, l’effet de la concentration de 131 CHAPITRE II la β-CD-Sulf sur la viscosité du tampon, et par là même sur la mobilité électrophorétique mesurée, a été étudié. Dans cette étude, le facteur de correction ν (Cf. Equation II-37, paragraphe I.2.3.d de ce chapitre) a été évalué suivant le procédé expérimental décrit en annexe 12. Il est apparu que la valeur de ν fluctuait entre 1 et 1,02 sur la gamme de concentrations en β-CD-Sulf étudiée (0 et 17 mM). De ce fait, il peut être supposé que la mobilité électrophorétique du soluté n’est pas affectée par la viscosité du tampon lorsque la concentration en ligand soluble est augmentée. Aucune correction de la mobilité électrophorétique déterminée expérimentalement par le facteur ν ne sera alors appliquée dans la suite de cette étude. I.3.2 - Détermination des constantes d’interaction Les polymères MPEG-AdPh du système étudié sont modifiés par un groupement AdPh à une extrémité de chaîne et par un groupement méthoxy (-OCH3) à la seconde. Seule l’extrémité AdPh devrait être susceptible de s’inclure dans les cavités de β-CD. En effet, des études menées par Harada et coll.68 et par David et coll.69,70 ont montré que des PEGs modifiés par des groupes -OCH3 en bout de chaîne n’interagissaient pas avec des cavités de βCD. Ainsi, un modèle théorique tenant compte d’une association en solution de stoechiométrie 1:1 a été appliqué au système de l’étude MPEG-AdPh / β-CD-Sulf. Dans l’hypothèse d’une association de stoechiométrie 1:1 entre les deux espèces, l’interaction mise en jeu peut être schématisée par l’équilibre suivant : A + L ⇔ AL K AL = [AL] [A][L] avec dans le cas présent A représentant le MPEG-AdPh injecté dans le capillaire et L la βCD-Sulf soluble dans l’électrolyte. L’évolution de la mobilité électrophorétique du MPEG-AdPh a été étudiée en faisant varier la concentration en β-CD-Sulf dans l’électrolyte (Cf. Conditions expérimentales en annexe 12). Afin que la concentration de soluté injectée soit largement inférieure à celle de la 132 CHAPITRE II β-CD-Sulf (Cf. paragraphe I.2.3.d de ce chapitre), cette étude a été effectuée en injectant des faibles quantités de MPEG-AdPh (injection d’une solution à 0,2 mM sous 0,8 psi de pression pendant 5 s) sur le support. a) Détermination des constantes à partir des isothermes d’association Dans un premier temps, la constante d’interaction K AL a été déterminée à partir de l’établissement du tracé de l’isotherme d’association (Equation II-29, paragraphe I.2.3.b de ce chapitre). Cette méthode nécessite de déterminer indépendamment la mobilité électrophorétique µ f du MPEG-AdPh à l’état libre (Cf. Tableau II-3, paragraphe I.2.3.c de ce chapitre). Le MPEG-AdPh étant un composé neutre, sa mobilité électrophorétique à l’état libre doit théoriquement être nulle. Cette hypothèse a été confirmée en EC du fait que la mobilité apparente du polymère est égale à la mobilité électroosmotique déterminée par injection de la thiourée. Le tracé de l’isotherme portant (µi − µ f ) en fonction de la concentration en β-CD-Sulf libre dans l’électrolyte est donné sur la Figure II-10. MPEG-AdPh 2000 g/mol 5000 g/mol 0,0 -0,5 µi-µf -4 2 (10 cm /(Vs)) Régressions non linéaires du type : -1,0 (µ i − µf )= P1 .[L ] 1 + P2 .[L ] -1,5 0 5 10 15 20 [βCD-Sulf] (mM) Figure II-10 : Régressions non linéaires des isothermes d’association (Equation II-29) pour la détermination des constantes d’affinité en solution ( K AL ) du MPEG-AdPh de masse 2000 et 5000 g/mol sur l’ensemble de la gamme de concentrations étudiées (0 mM < [β β-CD-Sulf] < 17 mM). Conditions expérimentales : soluté : MPEG-AdPh à 0,2 mM dans l’eau ; éluant : tampon phosphate 25 mM de pH = 7 133 CHAPITRE II contenant de 0 à 17 mM de β-CD-sulf ; injection du soluté sous 0,8 psi de pression pendant 5 s ; tension appliquée 4 kV ; température 25°C ; longueur totale du capillaire 31 cm, longueur effective 21 cm ; détection UV à 214 nm Il apparaît que les points expérimentaux sont correctement ajustés par une régression non linéaire à deux inconnues P1 et P2 du type (µi − µ f ) = P1 .[L ] (Equation II-30, paragraphe 1 + P2 .[L ] I.2.3.b de ce chapitre) avec un coefficient de corrélation R2 = 0,993. Néanmoins, d’après Bowser et Chen55, un coefficient de corrélation élevé ne suffit pas à prouver que le modèle de type 1:1 ajuste au mieux les données expérimentales. Par ailleurs, en regardant plus précisément les régressions non linéaires obtenues, la courbe du MPEG-AdPh de masse 2000 g/mol semble révéler, aux plus fortes concentrations en β-CD-Sulf, une légère déviation au modèle de type 1:1. De ce fait, un modèle considérant à la fois une stoechiométrie de type 1:1 et 1:2 a été testé pour ajuster les données expérimentales obtenues pour le MPEG-AdPh de masse 2000 et 5000 g/mol. L’isotherme associée à ce modèle est donnée par la relation suivante55 : (µ i −µf )= (µ c1 ) ( ) 2 − µ f K AL1 .[L ] + µ c2 − µ f K AL1 .K AL2 .[L ] 2 1 + K AL1 .[L] + K AL1 .K AL2 .[L] Equation II-38 ou K AL1 , K AL2 et µ c1 , µ c2 sont respectivement les constantes macroscopiques à l’équilibre et les mobilités électrophorétiques, correspondant au MPEG-AdPh simplement ou doublement complexé à la β-CD-Sulf. Dans ce modèle, les extrémités AdPh et -OCH3 du polymère sont supposées former un complexe d’inclusion avec les cavités de β-CD-Sulf. Bien que les données expérimentales aient été correctement ajustées par la courbe de régression non linéaire considérant un équilibre multiple (Equation II-38) sur l’ensemble de la gamme de concentrations étudiées (0 mM < [β-CD-Sulf] < 17 mM), certains paramètres déterminés à partir de cette régression sont incohérents. Par exemple, des valeurs de K AL2 négatives ont été obtenues et dans certains cas, µ c2 a été trouvé positif (les valeurs ne sont pas reportées). De ce fait, l’hypothèse d’une stoechiométrie à la fois de type 1:1 et 1:2 a été définitivement rejetée. Ce résultat confirme les travaux de Harada et coll.68 et de David et coll.69,70 selon lesquels des groupes -OCH3 en bout de chaîne d’un PEG n’interagissent pas avec des cavités de β-CD. 134 CHAPITRE II L’hypothèse d’une stoechiométrie 1:1 étant confirmée, la constante d’affinité en solution K AL ainsi que la mobilité du complexe µ c ont été calculées à partir des deux inconnues P1 et P2 déterminées par le logiciel informatique (Cf. Equation II-31, paragraphe I.2.3.b de ce chapitre). Les résultats obtenus sont portés dans le Tableau II-5. MPEG-AdPh 2000 g/mol MPEG-AdPh 5000 g/mol K AL (M-1) 438 ± 38 437 ± 39 µ c (10-4 cm2/(V.s)) -1,63 ± 0,25 -0,85 ± 0,13 R2 0,993 0,993 Tableau II-5 : Estimation de la constante d’affinité K AL en solution entre le MPEG-AdPh et la β -CD-Sulf et de la mobilité électrophorétique du complexe µc par régression non linéaire de l’isotherme d’association (Equation II-29) sur l’ensemble de la gamme de concentrations étudiées (0 mM < [β β-CDSulf] < 17 mM) Afin de minimiser l’erreur sur la détermination des constantes, la gamme de concentrations étudiée a été ajustée. En effet, dans le cas d’un modèle de stoechiométrie 1:1, Deranleau53 a suggéré que les points expérimentaux doivent être acquis à des concentrations de ligand telles que la fraction f de complexe soluté-ligand soit comprise entre 0,2 et 0,8 (Cf. paragraphe I.2.3.d de ce chapitre). Dans la présente étude, lorsque la concentration de β-CDSulf varie entre 0 et 17 mM, la fraction f de soluté dans l’état complexé, calculée à partir de l’Equation II-35 (Cf. paragraphe I.2.3.d de ce chapitre) et de la valeur de K AL reportée dans le Tableau II-5, varie de 0 à 0,88 pour les MPEG-AdPh de masse 2000 et 5000 g/mol. Cette gamme expérimentale de f étant en dehors de l’encadrement théorique 0,2-0,8 requis, une nouvelle gamme de concentrations en ligand qui permettrait de vérifier la condition sur f a été déterminée. Ainsi, il a été calculé que lorsque la concentration de β-CD-Sulf varie entre 0,97 et 9,7 mM, la fraction f est comprise entre 0,30 et 0,81 pour les deux polymères étudiés. Afin de minimiser l’erreur sur les valeurs des constantes et des mobilités électrophorétiques, la régression non linéaire (Equation II-29, paragraphe I.2.3.b de ce chapitre) a donc été établie sur cette nouvelle gamme de concentrations en β-CD-Sulf 0,97 - 9,7 mM ; les valeurs de K AL et µ c ainsi déterminées sont reportées dans le Tableau II-6. La nouvelle valeur de la constante étant légèrement différente de la précédente, la fraction f est recalculée en utilisant la nouvelle 135 CHAPITRE II valeur de K AL reportée dans le Tableau II-6 et l’Equation II-35. Il apparaît alors que la valeur de f varie de 0,28 à 0,80 et de 0,26 à 0,78 respectivement pour le MPEG-AdPh de masse 2000 et 5000 g/mol. La condition 0,2 < f < 0,8 étant vérifiée pour les deux polymères, la gamme de concentrations en ligand étudiée n’est pas réajustée. 136 CHAPITRE II Régression non linéaire Double réciproque Y-réciproque X-rciproque MMPEG-AdPh 2000 5000 2000 5000 2000 5000 2000 5000 K AL (M-1) 398 ± 28 368 ± 27 337 ± 27 375 ± 36 402 ± 32 376 ± 28 364 ± 24 358 ± 25 µ c (10-4 cm2/(V.s)) -1.72 ± 0.20 -0.92 ± 0.11 -1.86 ± 0.09 -0.91 ± 0.05 -1.71 ± 0.04 -0.91 ± 0.02 -1.79 ± 0.19 -0.93 ± 0.10 R2 0.994 0.994 0.996 0.992 0.996 0.996 0.978 0.976 (g/mol) Tableau II-6 : Constantes d’affinité K AL en solution entre le MPEG-AdPh et la β-CD-Sulf et mobilités électrophorétiques du complexe µ c déterminées par régressions non linéaires (Equation II-29) et linéaires (Equations II-32 à II-34) uniquement sur les points expérimentaux correspondant à une fraction f de complexe comprise entre 0,2 et 0,8 137 CHAPITRE II b) Détermination des constantes à partir des représentations linéaires Les représentations linéaires correspondant aux formes double réciproque,yréciproque et x-réciproque (Equations II-32 à II-34, paragraphe I.2.3.c de ce chapitre) ont également été établies dans la gamme de concentrations 0,97 - 9,7 mM en β-CD-Sulf (Figure II-11). MPEG-AdPh 2000 g/mol 5000 g/mol -1 1/ (µi-µf) 4 -2 (10 cm Vs) -2 -3 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 3 1,0 -1 1/[βCD-Sulf] (10 M ) (a) 0 MPEG-AdPh 2000 g/mol 5000 g/mol -50 [βCD-Sulf]/ (µi-µf) -2 (M cm Vs) -100 -150 0 2 4 6 [βCD-Sulf] (mM) (b) 138 8 10 CHAPITRE II MPEG-AdPh 2000 g/mol 5000 g/mol -1 -2 (µi-µf)/[βCD-Sulf] -2 2 (10 cm /(VsM)) -3 -4 -1,25 -1,00 -0,75 -4 -0,50 -0,25 2 (µi-µf) (10 cm /(Vs)) (c) Figure II-11 : Régressions linéaires sur les formes double réciproque (Equation II-32) (a), y-réciproque (Equation II-33) (b) et x-réciproque (Equation II-34) (c) pour la détermination des constantes d’affinité en solution ( K AL ) du MPEG-AdPh de masse 2000 et 5000 g/mol uniquement sur les points expérimentaux correspondant à une fraction f de complexe comprise entre 0,2 et 0,8. Les conditions expérimentales sont les mêmes que celles relatives à la Figure II-10 D’après la Figure II-11, il apparaît que les représentations double réciproque, y-réciproque et x-réciproque obtenues à partir des données expérimentales sont linéaires avec un coefficient de régression R2 ≥ 0,976. Ce résultat confirme que la complexation entre le MPEG-AdPh et la β-CD-Sulf peut être décrite par un modèle de stoechiométrie 1:1. Les valeurs de K AL et µ c déterminées à partir des différentes relations linéaires sont reportées dans le Tableau II-6. c) Comparaison des résultats Le Tableau II-6 permet de comparer les constantes d’interaction et les mobilités déterminées pour le MPEG-AdPh de masse 2000 et 5000 g/mol à partir des différentes techniques graphiques. Il doit être souligné que les méthodes de régressions linéaires ont été appliquées sans utiliser de méthode de pondération reportée dans la littérature52,59. Malgré cela, les méthodes de régressions linéaires conduisent à des paramètres similaires à ceux obtenus par la méthode d’ajustage non linéaire (Tableau II-6). Pour le MPEG-AdPh de masse 139 CHAPITRE II 5000 g/mol, une constante d’association en solution égale à 368 ± 27 M-1 a été calculée par régression non linéaire. En comparant cette valeur avec celles obtenues par régression linéaire, un écart inférieur ou égal à 3 % est observé. Pour le MPEG-AdPh de masse 2000 g/mol, la différence observée est généralement inférieure à 9 %. Ainsi, il peut être considéré qu’une méthode de pondération des mobilités électrophorétiques n’est pas nécessaire à l’application des modèles linéaires. Il apparaît dans le Tableau II-6 que les constantes d’interaction en solution ( K AL ) obtenues pour les polymères de MPEG-AdPh de masses 2000 et 5000 g/mol sont similaires. Ainsi, dans le domaine de masses étudiées, la constante d’interaction en solution semble indépendante de la masse moléculaire du polymère. Un résultat analogue avait été obtenu par par David.71 pour l’étude par CLHP de l’affinité de MPEGs modifiés par un groupement naphtyle en extrémité de chaîne vis-à-vis de l’hydroxypropylβ-CD (HPβ-CD). La valeur de K AL obtenue pour le système MPEG-AdPh / β-CD-Sulf, de l’ordre de 400 M-1, est assez faible par rapport à l’ensemble des constantes d’affinité reportées dans le Tableau II-1 (en introduction du chapitre II). Ce résultat peut s’expliquer par la présence des nombreuses charges négatives sur la β-CD-Sulf (7 à 11 mol /mol de β-CD) qui défavoriserait la formation du complexe MPEG-AdPh / β-CD-Sulf. Si l’on compare la valeur de K AL de la présente étude à celles de travaux menés par électrophorèse capillaire par Wang et coll.6 (couple adamantan-1-amine chargé / β-CD neutre, K AL = 200 M-1) et par Larsen et coll.9 (couple acide adamantane-1-carboxylique chargé / βCD neutre, K AL = 500 M-1) (Cf. Tableau II-1), il apparaît une bonne concordance des résultats malgré le fait que dans notre étude la charge soit portée par le ligand et non par le soluté. Par contre, la comparaison de la valeur de K AL de l’étude avec les valeurs de la littérature obtenues par d’autres techniques expérimentales reste délicate car il semblerait que les valeurs de constantes mesurées diffèrent de façon relativement importante suivant la méthode expérimentale utilisée. Par ailleurs, les mobilités électrophorétiques µ c des complexes formés avec le MPEGAdPh de masse 2000 et 5000 g/mol sont comparées dans le Tableau II-6. Les mobilités électrophorétiques µ c obtenues pour les deux complexes sont négatives ce qui est normal 140 CHAPITRE II puisque ceux-ci sont chargés négativement. D’autre part, la valeur absolue de µ c est plus importante pour le complexe formé à partir du polymère MPEG-AdPh-2000 de plus faible masse moléculaire. Ce résultat est en bon accord avec le rapport charge/masse des deux complexes. En effet, d’après l’Equation II-2 (Cf. Paragraphe I.1.2.a de ce chapitre), la valeur absolue de la mobilité électrophorétique augmente avec ce rapport. Ainsi, le MPEG-AdPh2000 est plus attiré vers l’anode que le MPEG-AdPh-5000. I.3.3 - Conclusion L’étude de l’interaction entre un polymère modèle de PEG modifié par un groupement AdPh et des cavités de cyclodextrine a été menée avec succès par ACE, avec l’étude du couple MPEG-AdPh / β-CD-Sulf. Une constante d’affinité en solution de l’ordre de 400 M-1 a été déterminée pour des complexes formés à partir de polymères de masses 2000 et 5000 g/mol. Cette valeur assez faible de la constante est sans doute la conséquence des nombreuses charges portées par la molécule de β-CD-Sulf. Or, l’élaboration des systèmes macromoléculaires à finalité analytique (Chapitres III et IV) sera basée sur la formation de complexes d’inclusion entre des polymères modifiés adamantyle et une couche neutre de βCD. Il serait donc intéressant de quantifier l’interaction entre un polymère modèle de MPEGAdPh et des molécules neutres de β-CD. La méthode d’ACE ne permettant pas d’étudier l’association entre deux composés neutres, une technique plus classique de CLHP a été utilisée pour réaliser cette étude d’affinité. 141 CHAPITRE II II – Détermination des constantes d’affinité par chromatographie liquide à haute performance La chromatographie d’affinité est une méthode de séparation basée sur les interactions biochimiques spécifiques entre un ligand immobilisé sur un support chromatographique et un soluté présent dans la phase mobile (Cf. Chapitre III, paragraphe I.6.1). L’un, au moins, des composés mis en jeu (soluté ou ligand) est une substance de forte masse moléculaire telle qu’une protéine ou un acide nucléique. La chromatographie d’affinité est essentiellement utilisée comme processus de purification des molécules biologiques mais il s’agit également d’une méthode reconnue en biologie pour la mesure des constantes d’interaction soluté / ligand. Suite à des travaux préliminaires69,71, cette technique a été adaptée à l’étude de l’interaction entre un polymère modèle de MPEG-AdPh et des molécules neutres de β-CD. II.1 – Aspects théoriques de la chromatographie d'affinité par compétition : mesures à l'équilibre Dans cette partie, les modèles théoriques les plus simples permettant la détermination des constantes d’interaction soluté / ligand immobilisé et soluté / ligand soluble à partir du signal chromatographique, seront exposés. Ces modèles seront ensuite appliqués au système MPEG-AdPh / molécules neutres de β-CD de la présente étude (Cf. Paragraphe II.2 de ce chapitre). II.1.1 - Rappels chromatographiques Le bilan de matière qui décrit la migration d’un soluté A au sein d’une colonne chromatographique peut être déterminé à partir du principe de conservation de la masse. En effet, en considérant que la quantité de matière entrant dans une tranche transversale de colonne d'épaisseur infinitésimale dz est égale à la somme des quantités sortant et s'accumulant dans les phases mobile et stationnaire, la migration d’un soluté A au travers d’une colonne (de longueur L) est décrite par l’équation différentielle suivante72 : 142 CHAPITRE II ∂C ∂C ∂ 2C 1 ∂( Q A ,Tot ) + u. − D. 2 = − . ∂t ∂z V0 ∂t ∂z Equation II-39 C représente la concentration du soluté A dans la phase mobile, QA ,Tot la quantité totale de soluté A adsorbé, u la vitesse linéaire moyenne d'écoulement de la phase mobile, D le coefficient de dispersion axiale, V0 le volume mort de la colonne, t le temps écoulé depuis l’injection du soluté et z est l'abscisse le long de la colonne (avec z = 0 et z = L respectivement à l’entrée et à la sortie de la colonne). Cette équation met en jeu deux variables Q A ,Tot et C . A l’équilibre, la quantité totale de soluté A adsorbé ( Q A ,Tot ) est une fonction de la concentration C du soluté dans la phase mobile : Q A ,Tot = f ( C ) Equation II-40 f ( C ) représente l’isotherme de partage du soluté A sur un support d’affinité X Les isothermes les plus fréquemment rencontrées sont de type : • linéaire : Q A ,Tot = K .C • « Langmuir » : Q A ,Tot = Q X ,Tot K .C 1 + K .C voir «bi-Langmuir » (lorsque deux types de sites sont présents sur le support) : Q A ,Tot = Q X1 ,Tot • rectangulaire : K 1 .C K 2 .C + Q X 2 ,Tot 1 + K 1 .C 1 + K 2 .C Q A ,Tot = Q X ,Tot avec K la constante relative à l'équilibre de partage du soluté entre la phase stationnaire et la phase mobile et Q X ,Tot la quantité totale accessible de ligand immobilisé sur le support appelée capacité d'adsorption de la colonne. 143 CHAPITRE II II.1.2 – Présentation des modèles permettant la détermination des constantes d’affinité par des mesures à l’équilibre Les premières théories décrivant des situations où un soluté possédant un unique site de liaison et interagissant avec un seul type de ligand immobilisé ont été introduites par Nichol et coll.73 pour la chromatographie d’affinité en mode frontal et Dunn et Chaiken74,75 pour le mode zonal. Dans la partie suivante, les équations à l’équilibre issues de ces théories et décrivant les interactions entre un soluté A , un ligand immobilisé X et un ligand soluble L , ainsi que les méthodes permettant de déterminer les paramètres physico-chimiques à partir des résultats expérimentaux seront présentées. Pour établir ces équations, on supposera que la stoechiométrie des complexes soluté / ligand immobilisé et soluté / ligand soluble est de type 1:1 et que les ligands X et L ne présentent pas d’affinité l’un vis-à-vis de l’autre. a) Cas où le soluté interagit avec un seul type de site sur le support Expression de l’isotherme de partage à l’équilibre : En chromatographie d’affinité, les volumes de rétention sont dépendants des équilibres (Equation II-41 et Equation II-42) décrivant les interactions entre un soluté A , un ligand immobilisé X et un ligand soluble L . A + X ⇔ AX K AX = {AX } [A]{X } Equation II-41 A + L ⇔ AL K AL = [AL] [A][L] Equation II-42 où K AX et K AL représentent les constantes d’affinité respectivement entre le soluté A et le ligand immobilisé X (constante aux interfaces) et entre le soluté A et le ligand soluble L (constante en solution). Les espèces entre accolades { } sont immobilisées sur le support d’immunoaffinité et leurs concentrations respectives sont rapportées à la surface de phase 144 CHAPITRE II stationnaire et exprimées en mol/m2 ; les espèces entre crochets [ ] sont en solution dans la phase mobile et leurs concentrations sont exprimées en mol/L. La quantité totale de soluté adsorbé QA ,Tot (mol) sur le support peut être reliée à la concentration [ A] de soluté libre en solution par la relation suivante : Q A ,Tot = {AX }.S = Q X ,Tot [A].K AX 1 + [ A].K AX Equation II-43 où S (m2) est la surface de phase stationnaire et Q X ,Tot (mol) la quantité totale de ligands accessibles immobilisés sur le support. Par ailleurs, la concentration totale en soluté [ A]Tot dans la phase mobile est reliée aux espèces libres par l’égalité suivante : [A]Tot = [A] + [AL] = [A].(1 + [L].K AL ) Equation II-44 La combinaison des Equations II-43 et II-44 permet alors d’obtenir l’isotherme de partage à l’équilibre, l’expression de cette isotherme est donnée ci dessous : Q A ,Tot = Q X ,Tot [A]Tot .K AX 1 + [ A]Tot .K AX + [L].K AL Equation II-45 En posant K = K AX , l’isotherme précédente apparaît plus clairement comme une 1 + [L].K AL isotherme de type Langmuir : Q A ,Tot = Q X ,Tot [A]Tot .K 1 + [ A]Tot .K Equation II-46 145 CHAPITRE II Généralement, la concentration de ligand soluble libre [L] ne peut être mesurée directement alors que la concentration totale en ligand soluble [L ]Tot est connue. Par ailleurs, [L ]Tot est définie par la relation suivante : [L]Tot = [L] + [AL] Equation II-47 Ainsi, dans le cas particulier où la concentration totale de ligand soluble [L]Tot utilisée est nettement supérieure à la concentration totale de soluté [ A]Tot introduite dans la colonne, l’approximation [L ] ≈ [L ]Tot peut être effectuée. L’ensemble des équations jusqu’ici présentées (Equations II-41 à II-47) sont valables en chromatographies frontale et zonale. La chromatographie frontale présente le désavantage de consommer une quantité importante de soluté, spécialement lorsque les temps de rétention sont assez longs. De ce fait, la méthode zonale est plus souvent privilégiée. Cependant, ce procédé suppose qu’un équilibre local soit atteint au sein de la colonne et cette hypothèse se trouve validée si le volume de rétention est indépendant du débit de la phase mobile. D’autre part, les quantités de soluté injectées doivent être très faibles (dilution infinie du soluté) de telle sorte que le volume de rétention soit indépendant de la quantité injectée ; on parle alors de chromatographie linéaire. Volume de rétention et facteur de rétention en chromatographie zonale (conditions de chromatographie linéaire) : Selon Jaulmes et Vidal-Madjar72, en chromatographie zonale, le volume de rétention ( VZ ) d’un pic d’élution à dilution infinie est donné par la dérivée de l’isotherme pour une concentration nulle en soluté (autrement dit par la pente de l’isotherme de partage à l’équilibre au point d’origine) : ∂ Q A , Tot V Z − V0 = ∂ [A]Tot [ A]Tot = 0 Equation II-48 avec V0 le volume mort de la colonne. 146 CHAPITRE II Ainsi, en dérivant l’isotherme exprimée par l’Equation II-45 et en considérant que [L] ≈ [L]Tot puisque des conditions chromatographiques linéaires sont considérées, l’Equation II-48 (valable pour [ A]Tot = 0 ) conduit à l’expression suivante72 : VZ − V0 = Q X ,Tot .K AX 1 + [L]Tot .K AL Equation II-49 Cette dernière expression est celle introduite par Chaiken74,75. L’expression du facteur de rétention d’un soluté dans des conditions chromatographiques linéaires peut être donnée simplement à partir de l’Equation II-49 : k' = Q X , Tot .K AX V Z − V0 = V0 ( 1 + [L]Tot .K AL ).V 0 Equation II-50 Détermination de la constante KAL (conditions de chromatographie linéaire) : En prenant l’inverse de l’Equation II-49, une relation linéaire reliant 1 et la V Z − V0 concentration totale en ligand soluble [L]Tot est alors obtenue : K AL 1 1 [L]Tot = + VZ − V0 Q X ,Tot .K AX Q X ,Tot .K AX Equation II-51 La constante d’affinité K AL peut alors être déterminée expérimentalement à partir de la pente et de l’ordonnée à l’origine du tracé expérimental portant 1 en fonction de [L]Tot : V Z − V0 K AL = (pente / ordonnée à l’origine) Equation II-52 Expérimentalement, l’établissement du tracé relatif à Equation II-51 s’effectue en maintenant la concentration du soluté constante et en mesurant l’évolution du volume de rétention du soluté lors de l’addition de ligand dans la phase mobile. 147 CHAPITRE II Détermination de la constante KAX (conditions d’analyse en surchage) : Il est important de rappeler que les Equations II-48 à II-52 sont valables uniquement en chromatographie d’élution zonale et pour des conditions chromatographiques linéaires. Des relations analogues, en l’absence d’effets dispersifs, ont été définies pour des conditions d’analyse en surcharge72, autrement dit lorsque des concentrations en soluté plus importantes sont utilisées. Ces relations permettent d’accéder à la valeur de la constante KAX. Ainsi en chromatographie zonale idéale (absence d’effets dispersifs) et dans un cas plus général d’analyse en surcharge, le volume de rétention ( VR ) d’un pic de soluté, élué avec une concentration [ A]Max au sommet du pic, est donné par la dérivée de l’isotherme de partage suivant la relation : ∂ Q A ,Tot V R − V0 = ∂ [ A]Tot [ A]Max Equation II-53 En dérivant l’isotherme exprimée par l’Equation II-45 et en linéarisant l’expression obtenue, le volume d’élution ( VR ) peut être relié à la concentration [ A]Max au sommet du pic par l’expression générale suivante : 1 + [L].K AL K AX 1 [A]Max = + V R − V0 Q X ,Tot .K AX Q X ,Tot .(1 + [L ].K AL ) Equation II-54 Le facteur 1 variant linéairement avec la concentration VR − V0 [A]Max , les paramètres QX ,Tot et K AX peuvent être déterminés expérimentalement à partir de la pente et de l’ordonnée à l’origine de cette relation linéaire, et ce en appliquant les relations suivantes : Q X ,Tot = 1/ (pente × ordonnée à l’origine) K AX = (pente / ordonnée à l’origine) × (1 + [L ].K AL ) Equation II-55 Equation II-56 148 CHAPITRE II La détermination de K AX nécessite donc d’avoir préalablement déterminé la valeur de K AL à l’aide de l’Equation II-51. Le tracé relatif à l’Equation II-54 nécessite de déterminer la concentration [ A]Max au sommet du pic. Or du fait de l’étalement chromatographique, cette concentration est inférieure à la concentration injectée et ne peut être mesurée directement à partir d’un chromatogramme. Néanmoins, la concentration [ A]Max peut être déterminée à partir de la hauteur hMax au sommet du pic (Figure II-12a) car ces deux grandeurs sont liées l’une à l’autre par un facteur de proportionnalité a. Par ailleurs ce même facteur de proportionnalité (a) relie l’aire du pic à la quantité de soluté injectée (Figure II-12b). Ainsi, l’établissement d’une droite d’étalonnage, portant l’aire du pic de soluté (mesurée à l’aide d’un logiciel informatique tel qu’Origin) en fonction de la quantité injectée, permet d’accéder au facteur a. Ce facteur étant connu, la mesure expérimentale à partir d’un chromatogramme de la hauteur hMax au sommet du pic permet d’accéder à la concentration [ A]Max au sommet du pic. Densité optique (unité d’absorbance) Aire du pic (unité d’absorbance . mL) [A]Max × × hMax × [A]Max = hMax / a × Aire du pic = a . quantité injectée × VR Volume (mL) Quantité injectée (mol) Chromatogramme expérimental (a) Courbe d’étalonnage (b) Figure II-12 : Méthode de détermination de la concentration mesure de la hauteur [A]Max au sommet du pic à partir de la hMax au sommet du pic (a) et grâce à l’établissement d’une droite d’étalonnage (b) permettant d’accéder au facteur de proportionnalité a reliant 149 [A]Max et hMax CHAPITRE II Expérimentalement, le tracé relatif à Equation II-54 s’effectue en injectant dans la colonne des solutions à différentes concentrations en soluté, la concentration en ligand étant par ailleurs maintenue constante. De cette manière, l’évolution du volume de rétention du soluté en fonction de sa concentration peut être suivie et la valeur de la constante K AX peut être déterminée. b) Cas où le soluté interagit avec deux types de sites sur le support Expression de l’isotherme de partage à l’équilibre : La rétention d’un soluté A sur un support présentant deux types de sites d’interaction X 1 et X 2 et en présence d’un ligand soluble L est dépendante des équilibres suivants : A + X 1 ⇔ AX 1 K AX = {AX 1 } [A]{X 1 } Equation II-57 {AX 2 } [A]{X 2 } A + X 2 ⇔ AX 2 K AX = A + L ⇔ AL [AL] K AL = [A][L] Equation II-58 Equation II-59 où K AX1 et K AX 2 représentent les constantes d’affinité aux interfaces entre le soluté A et les deux types de ligand immobilisés X 1 et X 2 . La présence de deux types de sites sur le support modifie la quantité totale de soluté adsorbé Q A ,Tot selon la relation suivante : Q A ,Tot = {AX 1 }.S + {AX 2 }.S = Q X 1 ,Tot [A].K AX 1 + [A].K AX 1 + Q X 2 ,Tot 1 [A].K AX 1 + [A].K AX 2 2 Equation II-60 150 CHAPITRE II où S est la surface de phase stationnaire, Q X1 ,Tot et Q X 2 ,Tot les quantités totales des deux types de ligands accessibles immobilisés sur le support. Par contre, la concentration totale en soluté [ A]Tot dans la phase mobile est toujours définie par l’Equation II-44 énoncée précédemment : [ A]Tot = [A] + [ AL] = [A].(1 + [L].K AL ) La combinaison des Equations II-43 et II-60 conduit à l’isotherme de partage à l’équilibre suivant : Q A ,Tot = Q X1 ,Tot [A]Tot .K AX 1 1 + [ A]Tot .K AX1 + [L].K AL + Q X 2 ,Tot [A]Tot .K AX 2 1 + [A]Tot .K AX 2 + [L].K AL Equation II-61 En posant K 1 = K AX1 1 + [L].K AL et K 2 = K AX 2 1 + [L].K AL l’isotherme précédente apparaît comme une isotherme de type bi-Langmuir : Q A ,Tot = Q X1 ,Tot [A]Tot .K1 + Q [A]Tot .K 2 X ,Tot 1 + [A]Tot .K 1 1 + [ A]Tot .K 2 2 Equation II-62 Détermination de la constante KAL (conditions de chromatographie linéaire) : Dans des conditions d’élution zonale et en chromatographie linéaire ( [ A]Tot = 0 et [L] ≈ [L]Tot ), la dérivation de l’isotherme précédente (Equation II-61) suivie d’une linéarisation permet de relier le volume de rétention ( VZ ) d’un pic de soluté à la concentration totale en ligand soluble [L]Tot par la relation suivante : K AL 1 1 = + [L]Tot VZ − V0 Q X1 ,Tot .K AX1 + Q X 2 ,Tot .K AX 2 Q X1 ,Tot .K AX1 + Q X 2 ,Tot .K AX 2 Equation II-63 151 CHAPITRE II La constante d’affinité K AL peut alors être déterminée expérimentalement à partir de la pente et de l’ordonnée à l’origine du tracé expérimental portant 1 en fonction de [L]Tot : V Z − V0 K AL = (pente / ordonnée à l’origine) Equation II-64 Le protocole suivi pour établir le tracé expérimental relatif à l’Equation II-63 est identique à celui décrit précédemment dans le cas d’un seul type de site sur le support (Cf. Paragraphe II.1.2.a de ce chapitre). Détermination de la constante KAX (conditions d’analyse en surchage) : Dans des conditions d’élution zonale en surcharge et en l’absence de phénomènes dispersifs, la dérivation de l’isotherme exprimée par l’Equation II-62 permet de relier le volume de rétention ( VR ) d’un pic de soluté à la concentration [ A]Max au sommet du pic par l’égalité suivante : V R − V0 = Q X1 ,Tot .K 1 (1 + [A]Max .K1 ) 2 + Q X 2 ,Tot .K 2 (1 + [A]Max .K 2 )2 Equation II-65 Les paramètres K 1 , K 2 , Q X 1 ,Tot et Q X 2 ,Tot peuvent être déterminés par régression non linéaire du tracé expérimental portant VR − V0 en fonction de [ A]Max . Plus précisément, les résultats expérimentaux sont ajustés à l’aide d’un logiciel par une courbe à quatre inconnues P1 , P2 , P3 et P4 d’équation : V R − V0 = P1 (P2 + [A]Max ) 2 + P3 (P4 + [A]Max )2 Equation II-66 Les paramètres P1 , P2 , P3 et P4 déterminés pas le logiciel conduisent alors aux paramètres K 1 , K 2 , Q X1 ,Tot et Q X 2 ,Tot à l’aide des égalités suivantes : K1 = P P 1 1 ; K2 = ; Q X 1 ,Tot = 1 et Q X 2 ,Tot = 3 P2 P4 P2 P4 Equation II-67 152 CHAPITRE II De plus K 1 et K 2 étant définis par K 1 = K AX1 1 + [L].K AL et K 2 = K AX 2 1 + [L].K AL , les paramètres K AX1 et K AX 2 peuvent alors être calculés à condition d’avoir préalablement déterminé la valeur de K AL à l’aide de l’Equation II-63. Le protocole suivi pour établir le tracé expérimental relatif à l’Equation II-65 est identique à celui décrit précédemment dans le cas d’un seul type de site sur le support (Cf ; Paragraphe II.1.2.a de ce chapitre). II.2 – Détermination de la constante d’affinité MPEG-AdPh / β-CD par chromatographie d’affinité par compétition Des études antérieures menées par David71 ont montré que les modèles théoriques décrits précédemment (Cf. Paragraphe II.1 de ce chapitre) et développés pour des molécules biologiques pouvaient être appliqués à des systèmes macromoléculaires associatifs analogues à ceux de la présente étude. Notamment, les interactions entre des cavités de β-CD et des MPEGs modifiés en extrémités de chaîne par des groupements naphtyle (MPEG-Nap) ont été étudiées sur un support chromatographique de silice-polyβ-CD. En particulier, il a été montré qu’il existait deux types de sites sur le support de silice-polyβ-CD capables d’interagir avec les polymères MPEG-Nap injectés : des sites d’interactions spécifiques engendrés par les cavités de β-CD et des sites d’interactions non spécifiques dus à la présence de l’agent de couplage utilisé lors de l’élaboration du support. David71 s’est également intéressée à l’étude de la complexation entre un MPEG-AdPh (de masse moléculaire 5000 g/mol) et des cavités de β-CD. Cependant, dans ce cas, l’auteur n’a appliqué qu’un modèle supposant un unique type de site sur le support. De ce fait, il est possible que les constantes obtenues soient erronées. L’objectif de la présente étude est donc de compléter et d’affiner les résultats obtenus précédemment pour le système MPEG-AdPh / β-CD. D’autre part, David et coll.69 ont montré que l’utilisation d’une silice-polyβ-CD de porosité 10 nm permettait l’accessibilité de MPEGNap de masse moyenne pouvant atteindre 20 000 g/mol. Dans le cas présent les polymères étudiés possédant des masses de 2000 et 5000 g/mol, un support de porosité identique a donc été choisi. La synthèse du support chromatographique de l’étude a été décrite au chapitre I, 153 CHAPITRE II paragraphe III.2 et les caractéristiques du support de silice-polyβ-CD élaboré sont reportées dans l’annexe 3. Dans un premier temps, il a été vérifié en portant le facteur 1 en fonction de la VR − V0 concentration [MPEG − AdPh ]Max au sommet du pic que les résultats expérimentaux obtenus ne pouvaient pas être ajustés avec le modèle supposant un unique type de site (Equation II54). En effet, une déviation à la linéarité a été observée aux faibles concentrations, justifiant l’utilisation d’un modèle impliquant deux types de sites. Seul le traitement des résultats expérimentaux à l’aide du modèle à deux types de sites sera présenté. En supposant la présence de deux types de sites d’interaction sur le support de silicepolyβ-CD, la rétention du polymère de MPEG-AdPh en présence d’hydroxypropylβ-CD (HPβ-CD) comme compétiteur soluble dans la phase mobile, est déterminée par les équilibres suivants : A + X 1 ⇔ AX 1 A + X 2 ⇔ AX 2 A + L ⇔ AL K AX 1 = K AX 2 {AX 1 } [A]{X 1 } {AX 2 } = [A]{X 2 } K AL = [AL] [A][L] Equation II-68 Equation II-69 Equation II-70 Dans le cas présent A représente le MPEG-AdPh, X 1 les cavités de β-CD immobilisées sur le support (par l’intermédiaire du polyβ-CD), X 2 les motifs alkyle contenu dans l’agent de couplage (1,4 diisocyanatobutane) utilisé pour élaborer le support et L l’hydroxypropylβ-CD (HPβ-CD) introduite dans la phase mobile. La constante d’affinité en solution K AL entre le MPEG-AdPh et le ligand soluble HPβ-CD présent dans la phase mobile, puis les constantes d’interaction aux interfaces K AX 1 et K AX 2 entre le MPEG-AdPh et les deux types de sites présents sur le support de silicepolyβ-CD seront déterminées. 154 CHAPITRE II II.2.1 – Détermination de la constante d’affinité en solution K AL Afin de déterminer la constante d’affinité en solution K AL , l’évolution de la rétention du MPEG-AdPh a été étudiée en faisant varier la concentration en HPβ-CD dans la phase mobile (Cf. Appareillage chromatographique en annexe 13). Afin de se rapprocher d’une chromatographie linéaire, cette étude a été effectuée en injectant des faibles volumes (20 µL) de solutions peu concentrées en MPEG-AdPh (0,05 mg/mL) sur le support. Le modèle représenté par l’Equation II-63, défini pour une chromatographie linéaire en présence de deux types de sites et permettant de relier le volume de rétention ( VZ ) d’un pic de soluté à la concentration totale en ligand soluble, a été appliqué au système étudié (Figure II13) MPEG-AdPh 2000 g/mol 5000 g/mol 0,5 0,4 1/(VZ-V0) -1 (mL ) 0,3 0,2 0,1 0 1 2 3 4 5 [HPβ-CD]Tot (mM) Figure II-13 : Application du modèle décrit par l’Equation II-63 au système chromatographique étudié : évolution du paramètre 1/(VZ-V0) relatif au MPEG-AdPh de masse 2000 et 5000 g/mol en fonction de la concentration totale en HPβ β-CD de la phase mobile ([HPβ β-CD]Tot). Conditions chromatographiques : injection de 20 µL de MPEG-AdPh à 0,05 mg/mL dans l’eau ; éluant : eau contenant de 1 à 5 mM en HPβ βCD ; débit de la phase mobile : 1 mL/min ; détection UV à 276 nm Il apparaît que le facteur 1 varie linéairement avec la concentration totale en VZ − V0 HPβ-CD de la phase mobile ([HPβ-CD]Tot) avec un coefficient de régression R2 ≥ 0,996. Ce résultat confirme que le modèle théorique (défini par l’Equation II-63) introduit pour l’étude de molécules biologiques est valable dans le cas du système de polymères associatifs étudiés. 155 CHAPITRE II La constante d’affinité K AL en solution relative à l’interaction entre le MPEG-AdPh et l’HPβCD est alors déterminée expérimentalement à partir de la pente et de l’ordonnée à l’origine de la relation linéaire précédente (Cf. Equation II-64) (Tableau II-7). MPEG-AdPh 2000 g/mol MPEG-AdPh 5000 g/mol K AL (M-1) 5 100 ± 1480 5 200 ± 680 R2 0,996 0,999 Tableau II-7 : Constante d’affinité en solution K AL entre le MPEG-AdPh et l’HPββ-CD, valeurs déterminées à partir du modèle théorique décrit par l’Equation II-63 Il apparaît que les constantes d’interaction en solution ( K AL ) obtenues pour les polymères de MPEG-AdPh de masses 2000 et 5000 g/mol sont semblables. Ainsi, dans le domaine de masses étudiées, la constante d’interaction en solution semble indépendante de la masse moléculaire du polymère. Ce résultat est en bon accord avec les travaux menés par David71 en CLHP selon lesquels la constante de complexation relative au système MPEGNap/HPβ-CD reste constante lorsque la masse du polymère varie de 2000 à 5000 g/mol. D’autre part, ce résultat confirme également les conclusions de l’étude menée par ACE avec le même polymère de MPEG-AdPh (Cf. Paragraphe I.3.2 de ce chapitre). La valeur de K AL pour le couple MPEG-AdPh / HPβ-CD, de l’ordre de 5000 M-1 (Cf. Tableau II-7), est cohérente avec la valeur de 400 M-1 obtenue par ACE pour le système MPEG-AdPh/β-CD-Sulf (Cf. Tableau II-6). La différence d’affinité observée pourrait s’expliquer par la présence de charges sur la molécule hôte de β-CD-Sulf. Amiel et coll.10 ont étudié par fluorimétrie un système proche de celui de la présente étude mettant en jeu un PEG dépourvu de charges modifié à ses deux extrémités par un groupement adamantyle (PEG-Ad2) et de l’HPβ-CD neutre. La constante d’interaction en solution déterminée par les auteurs, de l’ordre de 3 200 M-1, est comparable avec la valeur de la constante de l’étude ce qui suggère un bon accord entre les méthodes fluorimétriques et chromatographiques. 156 CHAPITRE II II.2.2 – Détermination des constantes d’affinité aux interfaces K AX et 1 K AX 2 Afin de déterminer les constantes d’affinité aux interfaces K AX1 et K AX 2 , la concentration en HPβ-CD de la phase mobile a été maintenue constante (à 1mM en HPβ-CD) et des solutions de MPEG-AdPh à différentes concentrations ont été injectées sur le support. L’évolution de la rétention du MPEG-AdPh en fonction de la concentration injectée a ainsi été étudiée. Le modèle représenté par l’Equation II-65, permettant de relier le volume de rétention ( VR ) d’un pic de soluté à la concentration au sommet du pic, a été appliqué au système étudié (Figure II-14). MPEG-AdPh 2000 g/mol 5000 g/mol 11 10 VR-V0 9 (mL) 8 7 Régressions non linéaires du type : 6 V R − V0 = P1 (P2 + [A]Max )2 + P3 P4 + [A]Max 2 5 0 2 4 6 8 10 12 14 -3 [MPEG-AdPh]Max (10 mol/mL) Figure II-14 : Application du modèle décrit par l’Equation II-65 au système chromatographique étudié : évolution du paramètre (VR-V0) relatif au MPEG-AdPh de masse 2000 et 5000 g/mol en fonction de la concentration du MPEG-AdPh au sommet du pic ([MPEG-AdPh]Max). Conditions chromatographiques : injection de 20 µL de MPEG-AdPh de concentrations variables de 0,05 à 6 mg/mL dans l’eau ; éluant : eau contenant 1 mM en HPβ β-CD ; débit de la phase mobile : 1 mL/min ; détection UV à 276 nm. Il apparaît que les points expérimentaux sont correctement ajustés par une régression non linéaire V R − V0 = à quatre P1 (P2 + [A]Max ) 2 + inconnues P3 P4 + [A]Max 2 P1 , P2 , P3 et P4 du type . Ce résultat indique que le modèle théorique 157 CHAPITRE II impliquant la présence de deux types de sites d’interaction sur le support (Equation II-65) est vérifié par le système de polymères associatifs de l’étude. Les paramètres K AX1 , K AX 2 , Q X 1 ,Tot et Q X 2 ,Tot relatifs à la présence des deux types de sites sur le support sont alors déterminés expérimentalement à partir des quatre inconnues P1 , P2 , P3 et P4 déterminées par le logiciel informatique Origin et des valeurs de K AL du Tableau II-7 (Cf. Paragraphe II.2.1 de ce chapitre). Les résultats obtenus sont portés dans le Tableau II-8. MPEG-AdPh 2000 g/mol MPEG-AdPh 5000 g/mol K AX1 (M-1) 37 000 ± 14 000 33 000 ± 12 000 QX 1 ,Tot (µmol) 1,51 ± 0,18 1,11 ± 0,26 K AX 2 (M-1) 1 300 000 ± 560 000 5 300 000 ± 2 200 000 Q X 2 ,Tot (µmol) 0,012 ± 0,0036 0,001 ± 0,0004 R2 0,997 0,987 Tableau II-8 : Constantes d’affinité aux interfaces ( K AX1 , K AX 2 ) entre le MPEG-AdPh et l’HPββ-CD et quantités totales de ligands accessibles immobilisés ( QX 1 , Tot , Q X 2 ,Tot ) relatifs aux deux types de sites d’interaction sur le support. Paramètres déterminés à partir du modèle théorique exprimé par l’Equation II-65 et des valeurs de K AL du Tableau II-7 Des études antérieures menées par David71 ont permis d’attribuer les types de sites 1 et 2 respectivement aux sites d’interaction spécifiques présents sur le support, les cavités de βCD, et aux sites d’interaction non spécifiques engendrés par la présence de l’agent de couplage, le 1,4-diisocyanatobutane. Les constantes aux interfaces K AX1 traduisant l’interaction entre le MPEG-AdPh injecté et les cavités de β-CD immobilisées sur le support sont relativement élevées avec une valeur moyenne proche de 35 000 M-1 pour les deux polymères étudiés. Cette valeur est plus élevée que celles rapportées par la littérature, décrivant par exemple la complexation du 1aminoadamantane (chargé positivement) et de l’acide adamantane-1-carboxylique (chargé 158 CHAPITRE II négativement) avec un dérivé de β-CD immobilisé sur une surface d’or1, les constantes étant respectivement de 13 000 M-1 et 2 400 M-1. Néanmoins, cette comparaison reste approximative car la nature et la charge de la molécule invitée peuvent modifier les interactions. Les constantes d’affinité aux interfaces s’avérant relativement élevées, le système adamantyle / β-CD immobilisée sera évalué dans la suite de ce travail pour élaborer des supports chromatographiques de fonctionnalités variables (Chapitre III) et les capteurs à allergènes (Chapitre IV). Par ailleurs, quelle que soit la masse du MPEG-AdPh considéré, les constantes d’interaction aux interfaces K AX1 sont environ 7 fois plus élevées que les constantes respectives obtenues en solution ( K AL , Cf. Tableau II-7). Cette comparaison reste néanmoins incertaine car les deux systèmes étudiés sont légèrement différents : la constante K AL caractérise l’association du MPEG-AdPh avec des monomères d’HPβ-CD alors que la constante K AX1 décrit une interaction avec un copolymère de β-CD et d’épichlorhydrine. L’environnement des cavités de β-CD est donc différent dans les deux cas. La différence d’affinité observée entre les systèmes en solution et aux interfaces pourrait s’expliquer d’un point de vue thermodynamique puisque pour une température donnée, la constante d’affinité d’un système est reliée aux variations d’enthalpie standard (∆H°) et d’entropie standard (∆S°) provoquées par l’association des espèces. Néanmoins, la comparaison des paramètres ∆H° et ∆S° pour les deux systèmes reste délicate car il est difficile de prédire comment influe la phase d’interaction (phase liquide ou interface solide/liquide) et la structure chimique des molécules sur les paramètres thermodynamiques de l’association. D’ailleurs selon le système étudié, la littérature répertorie des constantes d’interaction aux interfaces parfois plus élevées et parfois plus faibles par rapport aux constantes en solution correspondantes. A titre d’exemple, la constante d’association entre des protéines modifiées histidine et des récepteurs est plus importante aux interfaces qu’en solution76. A l’inverse, le système avidine / biotine possède en solution une constante élevée de 1015 M-1 alors que des dérivés biotinylés immobilisés sur une surface conduisent à des constantes bien plus faibles77,78 de l’ordre de 108 à 1011 M-1. Enfin, pour des systèmes à base d’adamantane plus proches du couple de l’étude, des résultats différents ont également été constatés. Par exemple, l’interaction de l’adamantan-1-amine avec de la β-CD est plus 159 CHAPITRE II importante en surface4 qu’en solution2 alors que le phénomène inverse est observé pour le couple acide adamantane-1-carboxylique / β-CD2,4. D’autre part, quelle que soit la masse du MPEG-AdPh injecté, le nombre de cavités de β-CD accessibles de la colonne ( Q X1 ,Tot = 1,51 ou 1,11 µmol selon le polymère considéré) est inférieur à la valeur obtenue par analyse élémentaire (2,8 µmol), ce qui montre que les MPEG-AdPh n’ont pas accès à l’ensemble des sites immobilisés sur le support. Ce résultat était prévisible puisque les groupements AdPh sont liés à la chaîne de polymère et sont relativement encombrés. Par ailleurs, dans le domaine de masses étudiées, la quantité de sites spécifiques accessibles aux MPEG-AdPh semble être fonction de la masse du polymère injecté (Tableau II-8). En effet, le nombre de cavités de β-CD accessibles au polymère de masse 5000 g/mol est près de 30% inférieur à celui relatif au polymère de masse 2000 g/mol. Ce phénomène avait déjà été observé par David71 lors de l’étude de MPEG-Nap de masse 2000 et 5000 g/mol sur un support de silice-polyβ-CD de porosité identique (10 nm) à celle de la présente étude. L’auteur ayant par la suite travaillé avec un support de porosité plus élevée (40 nm), a montré que ce phénomène n’était pas dû à un problème de porosité du support. Ainsi, ce résultat confirmerait l’encombrement des polymères injectés, encombrement qui semble d’autant plus important que la masse du polymère est élevée. En effet, il est possible que l’extrémité AdPh responsable de l’interaction du polymère avec le support, accède d’autant moins facilement aux cavités de β-CD qu’une chaîne macromoléculaire de taille importante l’entoure. Par ailleurs, quelle que soit la masse du MPEG-AdPh injecté, le nombre de sites non spécifiques ( Q X 2 ,Tot = 0,012 ou 0,001 µmol selon le polymère considéré) est 4.104 à plus de 4.105 fois plus faible que la quantité de groupements diisocyanatobutane immobilisée sur la silice-diol calculée par analyse élémentaire (470 µmol). L’interaction non spécifique considérée naît sans doute de l’interaction du polymère avec les chaînes alkyle en C4 de l’agent de couplage. La faible quantité de sites non spécifiques ( Q X 2 ,Tot ) suggère qu’une grande partie de ces chaînes alkyle est inaccessible au polymère. Ce résultat pourrait s’expliquer de la manière suivante : (i) les chaînes en C4 des greffons isocyanate qui n’auraient réagi avec le polyβ-CD doivent être en partie masquées par cette couche de polyβCD et sont alors inaccessibles au MPEG-AdPh injecté, (ii) la quantité de groupements diisocyanatobutane calculée par analyse 160 élémentaire représente les greffons CHAPITRE II diisocyanatobutane fixés soit par une, soit par deux extrémités (réaction de réticulation) à la silice diol. Or, du fait d’un encombrement stérique, il est probable que seul les premiers types de greffons soient accessibles au MPEG-AdPh, (iii) une grande quantité d’extrémités isocyanate libres présentes à la surface de la silice-isocyanate a été impliquée dans la réaction de greffage avec le polyβ-CD et de ce fait les chaînes alkyle portées par ces groupements ne sont sans doute plus accessibles au polymère. Par ailleurs, il apparaît que le nombre de sites non spécifiques accessibles au polymère de masse 5000 g/mol est près de 10 fois inférieur à celui relatif au polymère de masse 2000 g/mol. Ce phénomène s’expliquerait à nouveau par l’encombrement des polymères injectés qui serait d’autant plus important que la masse du polymère est élevée. D’autre part, quelle que soit la masse du MPEG-AdPh, le nombre de sites spécifiques accessibles ( Q X 1 , Tot ) est plus bien plus élevé que le nombre de sites non spécifiques ( Q X 2 ,Tot ) avec un rapport proche de 130 et 1100 respectivement pour le polymère de masse 2000 et 5000 g/mol. Il semblerait donc que ce second type de site ait une influence négligeable sur la rétention des polymères. Néanmoins, l’affinité des sites non spécifiques pour les MPEG-AdPh est bien plus importante comparativement à celle présentée par les cavités de β-CD. Etant donné que le facteur de rétention d’un soluté à dilution infinie est défini par l’égalité k' = Q X ,Tot .K AX ( 1 + [L]Tot .K AL ).V0 (Cf. Equation II-50, paragraphe II.1.2.a de ce chapitre), la contribution approximative des deux types de sites dans le processus de rétention des polymères peut être calculée à l’aide de cette expression (Tableau II-9). k' 1 = k' 2 = MPEG-AdPh 2000 g/mol MPEG-AdPh 5000 g/mol 9,2 5,9 2,6 0,8 28 14 Q X 1 , Tot .K AX 1 ( 1 + [L ]Tot .K AL ).V0 Q X 2 , Tot .K AX 2 ( 1 + [L]Tot .K AL ).V0 k' 2 (%) k'1 Tableau II-9 : Contribution des deux types de sites présents sur le support d’affinité dans le processus de rétention des MPEG-AdPh. Les valeurs de k’ sont calculées avec [L]Tot = [HPβ β-CD]Tot = 1 mM et les valeurs de KAL portées dans le Tableau II-7 161 CHAPITRE II Il apparaît clairement que les sites non spécifiques ne peuvent être négligés dans le processus de rétention des polymères et que l’utilisation du modèle à deux types de sites est essentielle pour permettre une détermination rigoureuse des constantes. Ainsi, sur les Figure II-13 et Figure II-14, la rétention du MPEG-AdPh de masse 2000 g/mol apparaît supérieure à celle du polymère de masse 5000 g/mol. Dans le cas présent, cette différence s’explique principalement par le fait que le polymère de masse 2000 g/mol accède à un nombre de sites spécifiques mais surtout non spécifiques bien plus important comparativement au polymère de masse 5000 g/mol. Par ailleurs, en utilisant un modèle considérant la présence d’un unique type de site sur le support, David71 avait déterminé une constante K AX aux interfaces de 116 000 M-1 pour le MPEG-AdPh de masse 5000 g/mol. Cette valeur est plus élevée que la constante K AX1 , relative au couple MPEG-AdPh / β-CD immobilisée, déterminée dans le cas présent. Ceci peut s’expliquer par le fait que la valeur K AX déterminée par David reflète non seulement les interactions spécifiques MPEG-AdPh / β-CD immobilisée mais également les interactions de forte affinité MPEG-AdPh / sites secondaires. III – Conclusion La constante de complexation entre un polymère modèle de PEG modifié par un groupement phényladamantyle et des cavités de β-cyclodextrine a été déterminée par des techniques classiques d’EC et de CLHP. En EC, une constante d’association en solution de l’ordre de 400 M-1 a été déterminée entre le polymère neutre de MPEG-AdPh et des molécules chargées de β-cyclodextrine sulfatée. En CLHP, les interactions entre le polymère neutre de MPEG-AdPh et des molécules neutres de β-cyclodextrine ont été étudiées d’une part en solution et d’autre part à l’interface solide/liquide. Des constantes d’affinité en solution et en surface respectivement de l’ordre de 5 000 M-1 et 35 000 M-1 ont été déterminées. La constante relativement élevée en surface valide le choix d’une chimie de surface à base de complexes d’inclusion adamantane / cyclodextrine pour l’élaboration de systèmes analytiques. 162 CHAPITRE II REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES DU CHAPITRE II 163 CHAPITRE II (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10) (11) (12) (13) (14) (15) (16) (17) (18) (19) (20) (21) (22) (23) (24) (25) (26) (27) (28) (29) (30) (31) (32) (33) (34) (35) (36) JANSHOFF, A.; STEINEM, C.; MICHALKE, A.; HENKE, C.; GALLA, H. J. Sensors and Actuators B 2000, 70, 243. PALEPU, R.; REINSBOROUGH, V. C. Aust. J. Chem. 1990, 43, 2119. HARRISON, J. C.; EFTINK, M. R. Biopolymers 1982, 21, 1153. 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L’objectif de cette étude a été de démontrer la faisabilité d’un procédé basé sur la formation de complexes d’inclusion pour la fonctionnalisation de surfaces. Pour cela, la modification chimique des propriétés de surfaces de particules de silice poreuse, par l’intermédiaire du couple adamantane / β-cyclodextrine, a été testée. Plus précisément, l’idée a été d’élaborer à partir d’un même matériau de départ (silice modifiée par un polymère de βcyclodextrine) des supports chromatographiques de fonctionnalités variables permettant l’analyse et la purification des protéines. L’élaboration de ces phases stationnaires et leurs applications à l’analyse des protéines seront exposées dans une seconde partie. Puis, la préparation d’un support immunoadsorbant et sa mise en œuvre pour la capture d’antigène seront également présentées. I – Analyse et purification des protéines par chromatographie liquide à haute performance (CLHP) sur des supports de silice : état de l’art I.1 – Utilisation de la silice comme support de base pour l’analyse ou la purification des protéines par CLHP Les principales caractéristiques de la silice et certains critères relatifs à son utilisation comme support pour la CLHP des biomacromolécules ont été récemment résumés par Unger1. L’utilisation de phases inorganiques à base de silice comme supports de séparation des biopolymères par CLHP débuta vers 1980. Plusieurs considérations justifièrent ce développement : (i) les gels mous traditionnels à base de cellulose, de dextrane, d’agarose, de polyacrylamide ou d’autres polymères hydrophiles synthétiques2 n’offraient pas les mêmes 170 CHAPITRE III performances de colonne, en terme de résolution et de vitesse, que les remplissages par des microparticules de silice, employés jusqu’ici pour la CLHP de composés de faibles masses moléculaires. Par ailleurs, (ii) la synthèse de silices macroporeuses, de porosité moyenne de 50 nm permettait d’envisager l’utilisation de ce matériau pour l’analyse des protéines et (iii) les connaissances acquises dans les années 1970 sur la modification chimique de la silice pouvaient être mises à profit pour l’élaboration de silices greffées permettant la séparation des biomacromolécules3. I.1.1 - Structure de la silice La silice (ou dioxyde de silicium) est un polymère inorganique ayant pour formule (SiO2(H20)m)n. L’agencement spatial autour des atomes de silicium est de type tétraédrique ou octaédrique et engendre ainsi un système à trois dimensions. Certains atomes de silicium sont reliés à des fonctions hydroxyle et constituent des groupements appelés silanols. La silice possède soit une structure amorphe, tel est le cas des matériaux poreux utilisés pour le remplissage des colonnes en CLHP, soit une structure cristalline4, avec une densité de squelette (définie par le nombre d’unités SiO2 par unité de volume de phase de 1 nm3) pouvant varier de 17 à 43. Selon la classification IUPAC, les matériaux poreux sont divisés en différentes catégories en fonction du diamètre des pores (dp) : les solides microporeux sont définis par un dp < 2 nm, les solides mésoporeux par un dp compris entre 2 et 50 nm et les solides macroporeux par un dp > 50 nm. La majorité des supports de silice utilisés en CLHP sont des matériaux de type mésoporeux ou macroporeux, dont la grandeur dp varie entre 6 et 50 nm, parfois plus, et présentant une interconnectivité des pores élevée. La silice native est hydrophile et peut physisorber jusqu’à 5 à 10% de son poids en eau lorsque celle-ci est placée en atmosphère humide. L’eau physisorbée peut être éliminée par chauffage sous vide à 150 °C. Dans le cas d’une hydroxylation maximale5,6, la concentration surfacique de groupements hydroxyle atteint 8 à 9 µmol/m2. Les groupes OH de la silice ont des propriétés d’acide faible de Brøensted avec un pKa de l’ordre de 76,7. Cette valeur de pKa est à considérer avec réserve puisque selon la méthode de détermination utilisée7 et selon la pureté de la silice analysée, la grandeur reportée varie entre 2 et 10. Selon Dietrich et coll.8, le point isoélectrique (pI) de la silice est compris entre 1,5 et 3. Par conséquent, à partir d’un pH = 3, la surface de silice devient négative et acquiert des propriétés d’échangeur de cations. Les 171 CHAPITRE III applications de la silice sont limitées en milieu basique. En effet, à partir d’un pH élevé de l’ordre de 8, la silice devient chimiquement et physiquement instable du fait d’une hydrolyse des liaisons siloxane et d’une dissolution du matériau, ce dernier phénomène augmentant de façon exponentielle pour des pH supérieurs à 10. I.1.2 – Exigences relatives aux particules de silice utilisées comme support pour la CLHP des protéines En CLHP des protéines, les objectifs primordiaux d’un chromatographiste sont de deux ordres : (i) obtenir une séparation de haute résolution dans le cas d’une chromatographie analytique, (ii) récupérer un produit biologiquement actif et en grande quantité en chromatographie préparative. A la vue de ces considérations, il apparaît qu’un grand nombre d’exigences, aussi bien d’un point de vue physique que chimique, doit être respecté. D’un point de vue chimique, une silice de haute pureté est nécessaire à l’analyse des protéines. En effet, la présence, même infime, d’ions métalliques dans le matériau conduit soit à l’adsorption irréversible des protéines sur le support soit à l’apparition d’une traînée des pics relatifs aux biomolécules. D’autre part, la silice modifiée chimiquement de façon adéquate, peut servir de phase inverse, de phase hydrophobe, d’échangeur d’ions ou de support d’affinité pour l’analyse et la séparation des biomacromolécules9. Ainsi, le contrôle de la sélectivité de la colonne dans les divers types de CLHP et l’obtention de supports spécifiques pour la reconnaissance biologique nécessitent une modification et un façonnage de la phase stationnaire par une chimie de surface parfois sophistiquée et qui doit être reproductible. D’un point de vue physique, comme dans le cas de l’analyse des composés de faible masse, les supports mis en jeu doivent être constitués de particules de forme et de taille uniformes afin de garantir une bonne stabilité des colonnes et des propriétés hydrodynamiques optimales quels que soient le débit et la composition de la phase mobile. Par contre, du fait d’une masse moléculaire élevée, la diffusion des biomacromolécules au travers des pores, remplis de phase mobile, est relativement lente, avec un coefficient de diffusion de un à deux ordres de grandeur inférieur à celui des petites molécules. De plus, les protéines possèdent des cinétiques d’adsorption et de désorption relativement lentes 172 CHAPITRE III auxquelles s’ajoutent parfois, des équilibres secondaires d’association ou de dissociation engendrant des changements conformationnels et devant alors être pris en compte dans les modèles théoriques. Afin de pallier à ces problèmes, des petites particules mais des pores de tailles relativement élevées doivent être utilisés pour permettre d’une part une bonne efficacité et d’autre part un accès privilégié des solutés à la phase stationnaire. Plus précisément, des particules de 3 à 5 µm permettent des analyses hautement efficaces. Parallèlement, la diffusion des biopolymères au sein des pores de la silice et l’accès rapide au ligand greffé sont facilités lorsque le diamètre de pores moyen (dp) utilisé est environ 10 fois plus élevé que le diamètre de Stokes calculé pour le soluté. Pendant de nombreuses années, les systèmes poreux classiques évoqués précédemment ont représenté la majorité des supports utilisés pour l’analyse par CLHP des protéines. Parallèlement à cette catégorie de support, d’autres types de structures ont été développées spécialement pour la séparation des biomacromolécules : des silices non poreuses10,11 de diamètre de particules très faible de l’ordre de 1 à 2 µm et des silices poreuses monolithiques12 possédant une distribution bimodale de la taille des pores. I.1.3 – Les monolithes de silice pour la CLHP des protéines Afin de répondre aux problèmes rencontrés lors de l’utilisation de particules dans l’élaboration de colonnes pour la CLHP et afin d’optimiser les propriétés du transport de matière au sein des phases stationnaires, un nouveau type de support, dit monolithique, a été élaboré12. La méthode utilisée est basée sur un procédé sol-gel. Un hydrogel de silice est tout d’abord préparé en présence d’un polymère hydrophile, puis l’ensemble est porté à combustion pour éliminer le polymère et conduire à un système de macropores interconnectés, dont le squelette est constitué uniquement de silice. La silice est elle-même poreuse et contient des mésopores. Les macropores permettent une diffusion rapide de l’éluant au sein de la phase stationnaire, réduisant ainsi la durée de l’analyse. Les mésopores quant à eux, forment la structure finement poreuse au sein de la colonne et créent ainsi une surface d’échange importante avec le soluté présent dans la phase mobile. Les deux types de pores obtenus peuvent être variés de façon indépendante. Cette nouvelle conception des supports poreux, développée par Nakanishi12 et introduite par Tanaka13 en CLHP, permet des 173 CHAPITRE III séparations rapides avec une très faible pression en tête de colonne et une efficacité importante. Certes la silice présente quelques inconvénients par rapport aux supports organiques puisque même lorsque sa surface est recouverte de façon optimale, la matrice inorganique reste accessible et peut conduire à des interactions non spécifiques induisant une perte de résolution et un risque de dénaturation des protéines. D’autre part, la stabilité chimique limitée de ce matériau en milieu basique impose certaines contraintes pour l’utilisation des silices greffées. Néanmoins la silice reste un support privilégié pour l’analyse des protéines par CLHP. En effet, comparativement aux gels mous, la silice est un matériau très stable mécaniquement. De plus, sa surface spécifique et sa porosité peuvent être adaptées pour contrôler le phénomène de transfert de masse et la rétention des solutés. Enfin, des sélectivités importantes peuvent être obtenues en greffant sur le support d’origine des ligands présentant une reconnaissance moléculaire spécifique. I.2 – Analyse et purification des protéines par chromatographie d’exclusion stérique (SEC) Dans le domaine de la chimie des protéines, la chromatographie d’exclusion stérique (SEC) est fréquemment utilisée comme première étape de purification afin d’isoler les protéines d’intérêt des autres molécules possédant des tailles différentes. La SEC est également une technique de mise en oeuvre facile permettant d’obtenir des informations sur la taille et sur la forme d’une molécule. I.2.1 - Phases stationnaires à base de silice utilisées pour l’analyse des protéines en SEC a) Modification chimique de la silice Afin d’être adaptés à la SEC des protéines, les supports de silice utilisés doivent être recouverts par une couche de composés organiques hydrophiles. Cette étape est essentielle car 174 CHAPITRE III elle conduit à la passivation des silanols du support et, de ce fait, permet d’éliminer les contacts ou les interactions non spécifiques entre la protéine et la phase stationnaire. Ainsi le risque de dénaturation des biomolécules est diminué. Les composés de « passivation » fréquemment employés sont des silanes, notamment le 3-glycidoxypropyltriméthoxysilane14, ou des polymères neutres15. Des dextranes chargés positivement par des groupements diéthylaminoéthyle (DEAE) conduisent également à un écrantage satisfaisant16,17. Les phases stationnaires obtenues sont généralement inertes chimiquement mais peuvent tout de même présenter un faible caractère hydrophobe sous certaines conditions de phase mobile, notamment pour des fortes concentrations en sel18. D’autre part, le processus de passivation étant limité, quelques charges négatives subsistent et confèrent au matériau des propriétés ioniques18. Néanmoins, les supports commerciaux actuels possèdent des propriétés hydrophobes et ioniques réduites dans des conditions standard d’utilisation (éluant de pH = 7 et constitué d’un sel à la concentration de 0,1 M). b) Diamètre des pores de la silice Le volume total de phase mobile (VM) dans la colonne peut être décomposé en deux parties : le volume interstitiel ( VI ) extérieur aux pores et le volume poreux ( VP ). VI représente le volume de phase mobile nécessaire pour transporter une molécule de grande taille supposée exclue des pores. VM = VI + VP correspond au volume nécessaire pour éluer une petite molécule pouvant pénétrer dans tous les pores. Les volumes de rétention sont donc compris entre VI et VM . Plus particulièrement, en l’absence d’interactions avec le support, le volume de rétention ( VR ) d’une molécule de taille intermédiaire est défini par la relation suivante : VR = VI + K D .VP Equation III-1 avec K D , coefficient de partage ou coefficient de distribution, représentant le degré de pénétration d’une espèce dans le volume poreux. Ce paramètre est donc compris entre 0 et 1 et est déterminé expérimentalement par : KD = VR − VI VM − V I Equation III-2 175 CHAPITRE III Pour une série homogène de biomacromolécules, le logarithme décimal de la masse moléculaire est une fonction linéaire du coefficient de distribution19 (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). La courbe ainsi obtenue, appelée courbe de calibration ou courbe d’étalonnage, présente généralement une déviation à la linéarité pour des valeurs du coefficient de distribution ( K D ) proches de 0 et de 1. Par contre, une déviation individuelle à la linéarité peut refléter une différence de forme de la biomolécule ou l’existence d’interactions avec la phase stationnaire. DNA 106 Thyroglobulin β-Amylase ADH BSA Ovalbumin β-Lactoglobulin Carb. Anhydrase RNase Cytochrome C 104 MW (g/mol) Gly tyr 102 0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0 KD Figure III-1 : Exemple d’une courbe d’étalonnage relative à des biomacromolécules en chromatographie d’exclusion stérique. (Résultats obtenus sur une colonne SynChropak GPC 100, de dimensions 250 × 4,6 mm diamètre interne ; phase mobile : phosphate de potassium à 0,1 M, pH = 7 ; débit de la phase mobile : 0,5 mL/min). D’après Freiser et Gooding20 Le support de SEC le plus adapté à l’analyse d’un soluté est bien entendu celui qui permet une élution dans le domaine linéaire de la courbe. La majorité des protéines globulaires, possédant une masse inférieure à 200 000 g/mol, sont analysées selon leur masse sur des supports de porosités égales à 10 ou 30 nm. Les protéines dénaturées quant à elles, possèdent un volume hydrodynamique plus important et sont analysées sur des supports de porosités plus élevées. L’homogénéité de la taille des pores d’un support est nécessaire à une séparation de qualité. Une très bonne homogénéité se traduit par une pente de la courbe de 176 CHAPITRE III calibration faible et par un domaine de linéarité étendu sur la gamme des coefficients de distribution. De telles conditions sont alors idéales pour séparer au mieux des protéines de masses moléculaires proches19. Le volume des pores est également un paramètre influençant la qualité du support. En effet, la séparation des solutés s’effectue à l’intérieur des pores de la phase stationnaire ; de ce fait, il est important de travailler avec des volumes poreux élevés. Néanmoins, la fragilité du matériau aux pressions appliquées lors du remplissage de la colonne limite le choix de ce paramètre. I.2.2 - Phases mobiles utilisées pour l’analyse des protéines en SEC Les analyses par SEC s’effectuent dans des conditions d’élution isocratique et sont donc relativement rapides. Du fait d’un temps de contact limité avec le support, les protéines étudiées peuvent conserver leur activité biologique à condition qu’un éluant approprié soit également utilisé. Le pH de la phase mobile est limité à des valeurs comprises entre 2 et 8 du fait de la solubilisation de la silice dans les milieux basiques. Ce point n’est en rien limitant pour l’analyse des biomolécules puisque ce domaine correspond également à leur domaine de stabilité. Les phases mobiles optimales utilisées avec des supports dérivés de la silice sont des solutions salines de concentrations variables entre 0,05 et 0,2 M. Cette proportion en sel est suffisante pour compenser la nature faiblement ionique du support et reste relativement basse pour ne pas produire d’effets hydrophobes majeurs. Cependant, lors de l’analyse de certaines protéines, ces deux phénomènes parasites ne sont pas toujours correctement masqués et une modification de l’éluant est alors nécessaire. Par ailleurs, la solubilisation de certaines biomolécules, telles que les protéines membranaires, nécessite l’utilisation d’additifs21 tels que le glycérol22, les solvants organiques23,24 et les tensioactifs21,25,26. Malencontreusement certains de ces additifs peuvent conduire à la dénaturation de la protéine, si bien, que les changements résultants au niveau de la forme et du volume hydrodynamique de la biomacromolécule doivent être pris en compte dans l’interprétation des résultats. En conclusion, la chromatographie d’exclusion stérique permet de séparer des protéines en fonction de leur taille. Cette technique peut être utilisée dans un but analytique et préparatif. Les supports à base de silice employés en SEC sont recouverts d’une couche organique hydrophile pour limiter les interactions non spécifiques protéine / support. 177 CHAPITRE III L’hydrophilie de ces supports ainsi que l’application de conditions d’analyse rapide permettent de limiter le risque de dénaturation des protéines. I.3 – Analyse et purification des protéines par chromatographie liquide à haute performance sur phase inversée (RP-CLHP) sur des supports à base de silice La CLHP sur phase inversée (RP-CLHP) est une méthode couramment utilisée pour l’analyse et la purification des protéines27-29. De nombreuses raisons ont justifié la popularité de ce système ; en effet, la chromatographie sur phase inversée présente : - une excellente résolution même pour des composés de structures chimiques extrêmement proches - une sélectivité facilement contrôlable par modification de la nature de l’éluant - une excellente reproductibilité des analyses sur des périodes de temps importantes. La CLHP de phase inversée consiste à séparer des solutés selon leur caractère hydrophobe. Deux mécanismes sont responsables de la rétention des protéines dans la colonne : une expulsion hydrophobe de la biomolécule par la phase mobile polaire et une adsorption concomitante sur les sites apolaires de la phase stationnaire. Les systèmes de RPCLHP sont couramment constitués par des phases de silice préalablement modifiée par des chaînons n-alkyle. Les protéines sont alors éluées et séparées grâce à un gradient de concentration croissante en solvant organique. L’instrumentation et les colonnes actuelles permettent de séparer des mélanges complexes et de collecter des quantités infimes de solutés de l’ordre de la picomole. Les séparations sont facilement contrôlables par la modification de la pente du gradient, de la composition de l’éluant ou de la température. I.3.1 - Phases stationnaires à base de silice utilisées pour l’analyse des protéines en RP-CLHP Le choix de la phase stationnaire est une étape déterminante pour l’efficacité des séparations obtenues. Les supports chromatographiques couramment utilisés en RP-CLHP sont des microparticules de silice poreuse, modifiée par un dérivé silane contenant des 178 CHAPITRE III chaînons hydrophobes alkyle3,30. Les ligands les plus couramment greffés sont le n-butyle, le n-octyle et le n-octadécyle. Malgré le greffage d’une importante densité de greffons sur le support, des groupes silanol résiduels restent accessibles. Par conséquent, deux paramètres jouent un rôle essentiel dans le processus d’interaction chromatographique : (i) le caractère hydrophobe relatif des ligands immobilisées et leur flexibilité (ii) la présence des groupes silanol résiduels agissant comme des acides faibles avec les résidus basiques des protéines et conduisant à une diminution de la résolution. La nature des chaînons greffés est donc un des facteurs importants pouvant être varié afin de modifier la sélectivité de la colonne. Cependant, les phases stationnaires à base de chaînes longues ne sont pas recommandées si l’on veut éviter la dénaturation des biomacromolécules. En effet, les supports les plus hydrophobes nécessitent l’utilisation de concentrations plus élevées en solvant organique pour désorber les protéines de la colonne et peuvent alors conduire à la dénaturation des biomolécules. Dans l’idée de contrôler le phénomène de dénaturation des protéines, des supports poreux et non poreux à base de silice ont été modifiés par des polymères à base de polyméthacrylates plus ou moins hydrophobes 31 . Parallèlement, ces supports ont été traités de façon à masquer totalement l’ensemble des silanols résiduels, et ce, afin d’observer uniquement l’influence du caractère hydrophobe du ligand immobilisé. Dans ces conditions, il a été montré que le caractère hydrophobe du support conditionne le degré de dénaturation de la protéine en conduisant à différents changements de conformation, et par là même, permet de contrôler la sélectivité de la colonne. Plus précisément, les auteurs se sont intéressés à la séparation d’un mélange composé de lysozyme, de cytochrome c et de myoglobine. Lors de l’injection de ce mélange sur des supports à base de polyméthacrylates de caractère hydrophobe croissant, il est apparu que la structure tertiaire du cytochrome c et de la myoglobine restait inchangée alors que celle du lysozyme était modifiée. La dénaturation du lysozyme s’est révélée d’autant plus marquée que le support utilisé était hydrophobe. Sachant que le cœur d’une protéine native inclut la majorité des groupements hydrophobes de la biomolécule, la dénaturation du lysozyme a engendré l’exposition de nouveaux groupes hydrophobes à la surface de la protéine et a conduit d’une part à l’augmentation de sa rétention sur le support et d’autre part à la modification de la sélectivité de la colonne. En RP-CLHP, l’utilisation de phases hydrophobes de natures variées permet de contrôler la sélectivité et la résolution de la colonne. Néanmoins, cette liberté de choix des substituants hydrophobes du support est limitée si l’on veut éviter de dénaturer les protéines. Dans ce cas, il est préférable d’utiliser des greffons de caractère hydrophobe moins marqué tels que des chaînons n-butyle. 179 CHAPITRE III I.3.2 - Phases mobiles utilisées pour l’analyse des protéines en RPCLHP La possibilité de contrôler la résolution des séparations en RP-CLHP par un simple changement de la composition de la phase mobile constitue une importante caractéristique de ce type de chromatographie. Les analyses de biomolécules par chromatographie de phase inversée mettent en jeu une phase mobile polaire constituée d’une solution aqueuse acide à laquelle est ajouté graduellement un solvant organique. L’étude des biomacromolécules par RP-CLHP s’effectue préférentiellement à des pH < 3. En effet, l’utilisation de solutions acides se justifie de deux façons : la colonne est bien plus stable chimiquement à des faibles pH et les groupes silanol résiduels, sous forme protonée, interviennent peu dans le processus d’interaction chromatographique. Les pics de protéines obtenus sont alors beaucoup plus fins. La nature de l’acide utilisé influe sur la sélectivité et la résolution de la colonne. Les phases mobiles les plus couramment utilisées sont des solutions faiblement concentrées (à 10 mM) d’acide trifluoroacétique (TFA), d’acide phosphorique, d’acide perchlorique ou d’acide heptafluorobutyrique32. Dans certains cas, des tensioactifs non chargés peuvent également être utilisés pour l’analyse de protéines très hydrophobes comme les protéines membranaires33. Le gradient d’élution appliqué au système, de concentration croissante en solvant organique, est un procédé nécessaire à la séparation des biomolécules par RP-CLHP. La nature du solvant organique (acétonitrile, méthanol, éthanol, propanol ou isopropanol) influe non seulement sur la sélectivité de la colonne mais également sur la conformation des protéines et peut alors avoir un impact important sur le degré de récupération de l’activité biologique de l’échantillon34. Les solvants organiques les plus couramment utilisés sont l’acétonitrile, le méthanol et l’isopropanol. Chacun de ces éluants présente une transparence optique aux longueurs d’onde d’absorption utilisées pour l’analyse des protéines et l’acétonitrile est utilisé de façon préférentielle car il présente la plus faible viscosité. I.3.3 - Prévision de la rétention des protéines en RP-CLHP : modèles théoriques 180 CHAPITRE III Le nombre d’applications de la RP-CLHP pour la purification des protéines s’est accru très rapidement au cours de ces deux dernières décennires. Toutefois, le développement de modèles théoriques complets, capables de décrire parfaitement les processus thermodynamiques et cinétiques mis en jeu par les interactions entre des protéines et une phase non polaire, a été limité, du fait de la structure complexe des biomacromolécules. En l’absence d’approches rigoureuses capables de prédire la rétention des protéines ainsi que le profil du signal, plusieurs modèles empiriques ont été décrits et appliqués à l’analyse des protéines35-39. Selon le modèle du déplacement stoechiométrique développé par Geng et Regnier35 , le logarithme décimal du facteur de rétention ( log k' ) d’une protéine lors d’une analyse isocratique peut être exprimé comme une fonction linéaire du logarithme décimal de la concentration molaire [ D0 ] en solvant organique dans la phase mobile : log k' = log I − Z . log[ D0 ] Equation III-3 où I représente la valeur du facteur de rétention pour une concentration [ D0 ] =1 M et où Z est la pente de la droite obtenue en traçant l’évolution de log k' en fonction de − log[ D0 ] . Les paramètres I et Z sont donc déterminés expérimentalement. Un autre modèle, établi également pour l’analyse des protéines dans des conditions d’analyse isocratique, exprime le logarithme décimal du facteur de rétention ( log k' ) de la protéine comme une fonction linéaire de la fraction volumique (ψ ) en solvant organique de la phase mobile40 : log k' = log k' 0 − Sψ Equation III-4 où k' 0 représente la valeur extrapolée du facteur de rétention pour une fraction ψ = 0 et S est la pente de la droite obtenue en traçant l’évolution de log k' en fonction de − ψ . Ainsi, les paramètres k' 0 et S sont déterminés expérimentalement. Ces deux grandeurs sont 181 CHAPITRE III caractéristiques de la protéine et du solvant mis en jeu et sont dépendantes de nombreux paramètres dont la température et le pH de l’éluant. Généralement, les courbes représentant l’évolution de la rétention de protéines, séparées sur des supports de silice-n-alkyle en présence d’une phase mobile constituée d’un mélange solution aqueuse/solvant organique, sont incurvées plutôt que linéaires (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Ceci suggère l’apparition d’un second processus chromatographique au delà d’une proportion critique en solvant organique. Les représentations obtenues présentent tout de même une gamme opérationnelle (aux plus faibles proportions volumiques en solvant) sur laquelle le logarithme décimal du facteur de rétention ( log k' ) de la protéine décroît linéairement avec l’augmentation de la fraction volumique (ψ ) en solvant organique de phase mobile. Les valeurs de k' 0 et S peuvent alors être déterminées sur ce domaine. Par ailleurs, les représentations de log k' en fonction de ψ sont extrêmement sensibles à la nature du soluté (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Les courbes (c) et (d) représentent le comportement type d’une phase inversée sur la rétention de polypeptides et protéines fortement hydrophobes, tandis que les courbes (a) et (b) mettent en avant l’influence du paramètre ψ sur la rétention de peptides et petites protéines polaires. log k’ ψ 182 CHAPITRE III Figure III-2 : Représentation schématique de l’évolution de la rétention de peptides et protéines sur un support de RP-CLHP40 en fonction de la fraction volumique en solvant organique : élution de peptides et petites protéines polaires (a et b) et de polypeptides et protéines fortement hydrophobes (c et d) Le modèle précédent, défini pour des conditions d’élution isocratique a été étendu à la rétention des protéines dans des conditions d’élution de gradient linéaire. Dans ce cas, une relation analogue à l’Erreur ! Source du renvoi introuvable. lie le logarithme décimal du facteur de rétention médian ( log k' ) de la protéine et la fraction volumique médiane (ψ ) en solvant organique de la phase mobile35,41 : log k' = log k' 0 − Sψ Equation III-5 où ψ représente la valeur de la fraction volumique en solvant organique lorsque la bande de soluté passe par le centre de la colonne42, k' 0 représente la valeur extrapolée du facteur de rétention pour une fraction ψ =0 et S est la pente de la droite obtenue en traçant l’évolution de log k' en fonction de −ψ . Les paramètres S et k' 0 sont à nouveau déterminés expérimentalement. En conclusion, la chromatographie de phase inversée permet de séparer des protéines selon leur caractère hydrophobe. Les phases stationnaires employées en RP-CLHP sont essentiellement des phases de silice recouvertes par des chaînons n-alkyle. La phase mobile utilisée est une phase polaire composée d’un mélange d’une solution aqueuse d’acide et de solvant organique. La sélectivité de la colonne et la résolution d’une séparation peuvent être facilement contrôlées en changeant la nature des substituants greffés sur le support et la composition de la phase mobile. Néanmoins, la RP-CLHP peut conduire à la dénaturation de la protéine. Afin de réduire ce risque, des supports possédant des chaînons relativement courts tels que le n-butyle doivent être privilégiés. I.4 – Analyse et purification des protéines par chromatographie d’interaction hydrophobe à haute performance (HIC) La chromatographie d’interaction hydrophobe à haute performance (HIC) est un procédé fréquemment utilisé pour la purification des protéines et présente l’avantage de préserver l’activité biologique de ces dernières. La HIC a été reportée pour la première fois 183 CHAPITRE III dans les années 1950 sous le nom de « salting out chromatography »43-45. Cette méthode consiste à séparer des solutés selon leur caractère hydrophobe. Des supports modifiés chimiquement par des substituants hydrophobes sont mis en jeu. Grâce à l’utilisation d’un sel fortement concentré, les protéines sont adsorbées sur la phase stationnaire puis une diminution de la concentration en sel de l’éluant permet de réduire les interactions protéines/support et conduit à l’élution sélective des biomolécules. La comparaison entre la HIC et la RP-CLHP est intéressante car les mécanismes de rétention impliqués sont basés sur le même principe d’hydrophobie. Il a été constaté que les deux procédés peuvent mener à des ordres d’élution différents46. Ce résultat peut être expliqué par une différence de conformation des protéines lors de l’analyse. En effet la HIC s’oppose par deux faits à la RP-CLHP : (i) la phase de HIC est modifiée par des chaînons alkyle plus courts et avec une densité faible, (ii) les conditions d’analyse en HIC sont plus douces, avec l’utilisation d’une phase mobile de pH proche de 7 et contenant rarement un solvant organique. Par conséquent, les protéines séparées par HIC subissent peu de changements conformationnels et sont récupérées avec leur activité biologique. I.4.1 - Phases stationnaires à base de silice utilisées pour l’analyse des protéines en HIC Les supports de silice utilisés en chromatographie d’interaction hydrophobe sont totalement recouverts par une mince couche d’un polymère hydrophile. Des substituants hydrophobes de type n-alkyle ou aryle sont ensuite liés au polymère avec une faible densité. La nature du groupement hydrophobe est très importante et peut être variée afin de modifier la rétention des solutés et la sélectivité de la colonne47. Des greffons hydrophiles comme l’hydroxypropyle peuvent également être utilisés mais permettent de retenir uniquement les biomolécules à très fort caractère hydrophobe. A titre de comparaison, des chaînes comme le pentyle, interagissent fortement avec de nombreuses biomolécules à caractère hydrophobe plus ou moins marqué et même avec des protéines hydrophiles. Les phases stationnaires greffées synthétisées sont très stables, permettant alors un grand choix dans les conditions éluantes et l’application de procédés de rinçage parfois nécessaires à la régénération des colonnes. 184 CHAPITRE III I.4.2 - Phases mobiles utilisées pour l’analyse des protéines en HIC Les phases mobiles utilisées en HIC sont généralement constituées d’un mélange de sels antichaotropiques, de tampons et d’additifs (ions métalliques, solvants organiques ou tensioactifs). Différents critères justifient le choix de la nature du sel. D’une part, le sel doit être de type antichaotropique afin de limiter la solubilisation de la protéine dans la phase mobile et de favoriser l’interaction avec le support. Par ailleurs, il doit être hautement soluble pour être utilisé à de fortes concentrations et être optiquement transparent aux longueurs d’onde de travail. Le sulfate d’ammonium répondant à l’ensemble de ces critères est couramment utilisé. Concernant la nature du tampon mis en jeu, un fort pouvoir tampon dans le domaine de neutralité et une transparence optique sont exigés. Ainsi le phosphate de sodium, le phosphate de potassium et le tris(hydroxyméthyl)amino-méthane (Tris), de concentrations variables entre 50 et 100 mM, sont fréquemment utilisés. L’ajout d’additifs dans la phase mobile peut changer la rétention relative des protéines et affecter la séparation. De nombreuses études faisant appel à une variété d’additifs, tel que des ions métalliques48-50 (calcium, magnésium), des solvants organiques49,51 (alcool polyhydrique, acétonitrile) et des tensioactifs49,51-53 (Tween, Triton X-100 et CHAPS), ont été menées. Les résultats issus de ces travaux ont montré que la présence d’additifs dans la phase mobile permet d’élargir le champ des séparations en augmentant le domaine de sélectivité de la colonne. I.4.3 - Prévision de la rétention des protéines en HIC : modèle théorique Melander et Horvath54,55 ont étendu l’utilisation de la théorie solvophobe56 pour décrire les effets de sels sur la rétention des protéines en HIC. Dans des conditions d’élution isocratique et pour des forces ioniques élevées, le logarithme décimal du facteur de rétention ( log k' ) d’une protéine peut être exprimé comme une fonction linéaire de la concentration molaire en sel ( CS ) de l’éluant : log k' = log k 0 ' − HC S Equation III-6 185 CHAPITRE III Cette relation est analogue à celle utilisée pour la chromatographie de phase inversée (Cf. Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Les paramètres H et k' 0 (facteur de rétention du soluté extrapolé pour une concentration nulle en sel) sont caractéristiques de la protéine et du sel mis en jeu et sont déterminés expérimentalement, respectivement à partir de la pente et de l’ordonnée à l’origine de la représentation portant log k' en fonction de − C S . La terme H peut être défini en fonction de nombreux paramètres d’après la relation suivante57 : H = ( Aµ − υ − NBσ ) 1 RT Equation III-7 Les coefficients Aµ et υ sont reliés à la constante diélectrique du milieu, au moment dipolaire de la molécule et aux interactions de Van der Waals et sont supposés constants pour une protéine et un système chromatographique donnés. A et B sont des constantes liées respectivement à la taille et à la charge nette de la protéine, σ représente l’augmentation de la tension de surface molaire du sel contenu dans l’éluant lors du processus d’interaction protéine/support, N le nombre d’Avogadro, R la constante des gaz parfaits et T la température absolue. De même qu’en chromatographie de phase inversée, les courbes représentant l’évolution de la rétention des protéines en fonction de la concentration en sel de la phase mobile sont incurvées plutôt que linéaires57. Les représentations obtenues présentent également une gamme opérationnelle, sur laquelle le paramètre log k' décroît linéairement avec la diminution du paramètre C S . Les paramètres H et de k' 0 sont donc déterminées sur cette gamme. Pour conclure, le principe de la chromatographie d’interaction hydrophobe (HIC) est similaire à celui de la RP-CLHP puisqu’il s’agit de séparer des composés selon leur caractère hydrophobe. Néanmoins, les supports utilisés en HIC sont moins hydrophobes que ceux mis en jeu en RP-CLHP (chaînons alkyle plus courts et densité de greffage plus faible). D’autre part, la phase mobile est généralement constituée d’un mélange de sels et de tampons et l’utilisation d’un solvant organique est limitée. Les conditions d’analyse en HIC permettent donc de limiter le risque de dénaturation des protéines par rapport à la RP-CLHP. 186 CHAPITRE III I.5 – Analyse et purification des protéines par chromatographie d’échange d’ions à haute performance (IEC) La chromatographie d’échange d’ions (IEC) a été la technique la plus répandue pour la séparation et la purification des biomacromolécules depuis l’introduction des échangeurs d’ions à base de cellulose dans les années 1950. En effet, les protéines sont des molécules amphotères possédant un pI caractéristique, qui peuvent ainsi être séparées par IEC (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Charge nette (-) Charge nette (+) pI Rétention Echange de cations Echange d’anions pH Figure III-3 : Relation théorique entre la charge nette d’une protéine et sa rétention en chromatographie d’échange d’ions58 La chromatographie d’échange d’ions est souvent utilisée comme première étape dans le schéma d’une purification car sa forte capacité chromatographique permet d’éliminer de nombreux contaminants de charges différentes de celle de la protéine d’intérêt. Ceci est particulièrement important dans le cas des fluides biologiques où les protéines à purifier peuvent être à de très faibles concentrations comparativement à d’autres substances telles que l’albumine. C’est au milieu des années 1970 que la purification des protéines a été améliorée lorsque Regnier et coll.15,59,60 ont développé des phases adsorbantes à base de silice pour l’IEC permettant des analyses rapides et efficaces. 187 CHAPITRE III I.5.1 - Phases stationnaires à base de silice utilisées pour l’analyse des protéines en IEC Les propriétés d’échange d’ions (anionique ou cationique) d’une phase chromatographique sont déterminées par le type de groupes ioniques liés au support. Ceux-ci peuvent être introduits sur la silice par greffage ou par dépôt d’un polymère portant des charges. Les termes d’échangeur « faible » ou « fort » ont été introduits pour définir respectivement des supports dont la densité de charges est dépendante ou au contraire indépendante du pH. Ainsi, des supports échangeur d’anions dits « faibles » contiennent fréquemment des amines primaires, secondaires ou tertiaires et sont obtenus principalement avec des substituants diéthylaminoéthyle (DEAE) et polyéthylèneimine (PEI). Les échangeurs d’anions « forts », quant à eux, possèdent des fonctions ammonium quaternaire. Parallèlement, des supports échangeur de cations « faibles » sont généralement constitués de fonctions acide carboxylique et leurs semblables dits « forts » contiennent des groupes acide sulfonique. Des supports aux propriétés mixtes, présentant une affinité pour les anions et pour les cations, sont également utilisés pour l’IEC des protéines61,62. Les phases stationnaires greffées obtenues à partir de la silice présentent des propriétés thermodynamiques et cinétiques conduisant à des efficacités de colonne élevées, à un contrôle de la sélectivité et une reproductibilité des séparations63,64. Par ailleurs, l’utilisation de la silice permet des analyses rapides. En effet, le matériau à base de silice est rigide et capable de résister à des débits élevés à l’inverse des gels à base de carbohydrates qui sont facilement compressés et dont le volume peut changer suivant la composition de la phase mobile. De plus, les supports à base de silice peuvent être utilisés avec des phases mobiles hydroorganiques et même avec des éluants organiques purs. Néanmoins, leur capacité d’échange est relativement faible comparativement à celles des phases stationnaires issues des autres types de matériaux. D’autres supports à base de silice utilisés pour l’analyse des protéines en IEC sont recouverts par une mince couche d’un polymère contenant des groupements chargés appropriés15,65-67. La couche macromoléculaire doit être extrêmement fine pour permettre un transfert de masse rapide ; elle doit également recouvrir totalement la surface de la silice pour masquer les silanols et ne pas restreindre l’accès aux pores. 188 CHAPITRE III Les premiers supports de silice modifiée par un polymère adsorbé ont été introduits par Albert et Regnier65 en 1979. La méthode mise en jeu consiste à adsorber un polymère cationique de polyéthylèneimine (PEI) sur une surface de silice puis à stabiliser le polymère en effectuant une réticulation de celui-ci. Les supports échangeurs d’anions ainsi obtenus ont permis la séparation de protéines avec une haute sélectivité et un bon recouvrement de leurs propriétés biologiques. Par la suite, un procédé similaire (conduisant également à des échangeurs d’anions) a été développé par Sébille et coll.68-71 et consiste à adsorber et réticuler sur de la silice un homo- ou copolymère du polyvinylimidazole (PVI). Les échangeurs de cations sont un peu plus délicats à obtenir ; ils nécessitent l’adsorption d’un polymère neutre, tel un copolymère de N-N’ diméthylacrylamide (DMA) et d’acrylate de glycidyle 72 , ou positif, tel le PEI73, sur la silice, puis sa modification chimique afin de créer des sites anioniques. Millot et coll.74 ont élaboré des supports échangeurs d’ions aux propriétés variables (anionique ou cationique) en déposant sur de la silice des couches successives de polyélectrolytes de charges opposées. Ce procédé qui consiste en un simple processus d’interactions électrostatiques permet d’obtenir successivement des échangeurs d’anions ou de cations suivant le nombre de couches de polymères immobilisées. La plupart des supports élaborés pour la IEC présente un faible caractère hydrophobe de par la présence de l’agent de réticulation utilisé pour la synthèse de la couche macromoléculaire. Dans certains cas, des concentrations élevées en sel antichaotropique sont volontairement utilisées afin d’accentuer le caractère hydrophobe et produire des interactions multi modes75,76. I.5.2 - Phases mobiles utilisées pour l’analyse des protéines en IEC Une des premières considérations pour le choix de la phase mobile est bien sûr la solubilité et la stabilité de la protéine. Par ailleurs, du fait de la nature amphotère des protéines et de l’existence de sites multiples d’interaction, des gradients doivent généralement être utilisés pour conduire à une séparation optimale et reproductible d’un mélange. Plus précisément, les protéines sont d’abord adsorbées sur la phase stationnaire grâce à l’utilisation d’un éluant de faible force ionique et de pH adéquat, pour lequel les protéines et le support sont convenablement ionisés et de charges opposées. Un gradient de force ionique croissante est ensuite appliqué au système afin de diminuer les interactions protéine/support et d’éluer 189 CHAPITRE III sélectivement les protéines en fonction de leurs charges. Des gradients de pH peuvent également être utilisés pour désorber les biomolécules. Avec la plupart des supports de silice utilisés en IEC des protéines, un gradient de sel atteignant une concentration de 1M est suffisant pour désorber l’ensemble des protéines et autres molécules ioniques d’un mélange, et ce, sans altérer la colonne. Les principaux sels utilisés en IEC sont le chlorure de sodium et l’acétate de sodium, ou parfois, l’acétate d’ammonium (lorsqu’un solvant volatilisable est nécessaire). La nature du sel utilisé dans le gradient d’élution conditionne la rétention des protéines et la sélectivité de la colonne 77,78 Généralement, le pH de la phase mobile doit être au moins de 0,5 unité pH au dessus du pI de la protéine pour la chromatographie d’échange d’anions et l’inverse pour une analyse par échange de cations. Cette règle possède des exceptions car le pI reflète l’ensemble des acides aminés constituant la protéine, mais lors d’une séparation dans des conditions non dénaturantes, seuls les acides aminés de la surface sont impliqués dans le processus chromatographique d’échange d’ions79,80. Pour les échangeurs d’ions de type « faible », le pH de la phase mobile détermine également le degré d’ionisation des groupes fonctionnels81 immobilisés sur la phase stationnaire. Dans certains cas, il peut s’avérer nécessaire d’utiliser des additifs à la phase mobile pour améliorer la stabilité et la solubilité des protéines et faciliter la récupération de l’activité biologique. A titre d’exemple, l’utilisation d’un tensioactif neutre tel que le Genapol X-100 augmente la solubilité de certaines protéines membranaires82 et l’addition du βmercaptoéthanol permet de protéger les protéines de l’oxydation. Des solvants organiques peuvent également être utilisés pour l’élution des biomolécules83, mais des précautions doivent être prises si ce dernier est combiné avec des sels afin d’éviter un phénomène de précipitation. I.5.3 - Prévision de la rétention des protéines en IEC : modèles théoriques La rétention d’une protéine en chromatographie d’échange d’ions est fonction de trois facteurs principaux : 190 CHAPITRE III - le nombre et la distribution des sites ioniques sur la biomacromolécule, paramètres gouvernant la topographie de surface et l’aire de contact électrostatique de la protéine vis à vis de la phase stationnaire, - la densité de charge de la phase stationnaire, - la composition de la phase mobile (notamment la nature et la concentration du sel). La concentration en sel de la phase mobile est le paramètre le plus fréquemment modifié afin de contrôler le processus chromatographique d’échange d’ions. Boardman et Partridge84 ont utilisé la loi d’action de masse pour décrire la fixation réversible des protéines, en présence de sel dans la phase mobile, sur les sites ioniques présents à la surface de la phase stationnaire. Selon le modèle du déplacement stoechiométrique, l’adsorption d’une protéine ionisée sur des sites de charge opposée à la surface du support s’accompagne d’une expulsion simultanée d’un nombre équivalent de contre- ions. Par conséquent, l’équilibre d’associationdissociation en l’absence d’effets de liaisons spécifiques du sel peut-être décrit par la relation suivante77,85 : PI N I + N S S K ⇔ P + NS S + NI I Equation III-8 avec P représentant la protéine dans la phase mobile, I le co-ion supposé monovalent lié à la protéine, S le contre-ion présent dans le sel, et N I et N S les nombres respectifs de co-ions et de contre-ions impliqués dans le processus d’échange. La présence d’une barre au dessus d’un symbole indique que l’espèce est liée à la phase stationnaire. K représente la constante d’équilibre caractéristique de l’interaction de la protéine avec le support échangeur d’ion. Soit Z P la charge caractéristique de la protéine ou encore le nombre de charges apparentes de la protéine mises en jeu dans le processus d’adsorption-désorption. Lors de l’utilisation d’un sel contre-ion ( S ) de type monovalent, le paramètre Z P est égal au nombre de contre- ions ( N S ) monovalents initialement liés à la phase stationnaire et libérés au cours de l’adsorption d’une molécule de protéine sur le support. Plus généralement, si la valence du sel contre-ion ( S ) est égale à Z S , le processus d’échange stoechiométrique implique que le nombre de contre- ions ( N S ) expulsés lors de la fixation d’une molécule de protéine soit égal 191 CHAPITRE III au rapport ZP . D’autre part, le nombre de co-ions ( N I ) monovalents associés à une molécule ZS de protéine en solution est égal à Z P . Par ailleurs, lors d’un processus d’élution isocratique et dans des conditions proches de l’équilibre d’adsorption-désorption, la rétention d’une protéine peut être reliée à la concentration molaire en sel ( CS ) de l’éluant selon la série de Taylor suivante58 : 1 log k' = a + b. log CS 1 + c. log CS 2 1 + d . log CS 3 ... Equation III-9 avec k' le facteur de rétention de la protéine et a , b , c et d des coefficients dépendant du paramètre de solubilité de la biomolécule, du potentiel ζ de la phase stationnaire et également de la composition de la phase mobile, de sa polarisabilité et de ses propriétés diélectriques. Sur une gamme limitée de concentration en sel, le logarithme décimal du facteur de rétention de la protéine ( log k' ) peut être assimilé à une fonction linéaire du logarithme décimal de la concentration molaire en sel ( log CS ) de l’éluant77,85 : log k' = log K 0 − Z .log C S avec Z = N S = ZP ZS Equation III-10 Le paramètre K 0 est fonction de nombreux facteurs dont la constante d’équilibre ( K ) entre la protéine et le support, le rapport volumique de phase stationnaire/phase mobile et la concentration en groupements fonctionnels de la phase stationnaire. Le paramètre Z , défini par le rapport ZP , est fonction de la nature et de l’état de surface de la protéine mais aussi du ZS support86, de la température85 et de la nature du sel contre-ion. Ainsi, sa détermination expérimentale est importante puisqu’elle renseigne non seulement sur la topographie de la biomolécule mais aussi sur les caractéristiques de surface de la phase stationnaire. Les paramètres K 0 et Z sont déterminés expérimentalement, respectivement à partir de l’ordonnée à l’origine et de la pente de la représentation portant log k' en fonction de log CS . Le nombre de charges apparentes de la protéine ( Z P ) mises en jeu dans le processus 192 CHAPITRE III d’adsorption-désorption est alors déterminé simplement en multipliant la valeur expérimentale de Z par la valence du contre-ion ( Z S ). Pour des raisons de clarté, l’Erreur ! Source du renvoi introuvable. est écrite pour des co-ions de type monovalent ; cependant, le résultat présenté par l’Erreur ! Source du renvoi introuvable. n’est pas limité à ce type de sel et reste valide quelle que soit la valence du co-ion considéré. Melander et coll.87 ont étendu cette théorie dans le cas de phases stationnaires induisant un processus d’interaction supplémentaire de type hydrophobe. En ajoutant un terme additionnel rendant compte du phénomène hydrophobe, une égalité possédant trois paramètres est alors obtenue : log k' = α − β .log CS + γ .CS Equation III-11 Les termes β et γ rendent compte respectivement des processus d’interaction ionique et hydrophobe. Le coefficient α est relié au paramètre K 0 décrit précédemment, le coefficient β est égal au paramètre ( Z ) décrit précédemment et la variable γ est fonction de la surface de contact entre la protéine et la phase stationnaire ainsi que de l’augmentation de la tension de surface molaire de l’éluant lors du processus d’interaction protéine/support. Les trois paramètres sont déterminés expérimentalement par une régression non linéaire de la représentation portant log k' en fonction de CS . Le terme β (égal à Z ) peut également être déterminé aux faibles concentrations en sel (gamme sur laquelle seul le processus ionique est mis en jeu) à partir de la pente de la représentation portant log k' en fonction de − log C S . Le profil caractéristique de l’évolution de la rétention des protéines en fonction de la concentration en sel de l’éluant sur un support aux propriétés mixtes (ionique et hydrophobe) est donné en Erreur ! Source du renvoi introuvable.. 193 CHAPITRE III (1) log k’ (3) (2) -log Cs Figure III-4 : Evolution de la rétention des protéines en IEC en fonction de la concentration en sel de la phase mobile58. Apparition de trois processus chromatographiques distincts : (1) interaction électrostatique, (2) exclusion stérique, et (3) interaction hydrophobe Les différentes zones observées mettent en évidence l’intervention de trois processus chromatographiques différents dans le contrôle de la rétention des protéines en IEC. Aux faibles concentration en sel (zone 1), l’évolution linéaire de log k' en fonction de log CS indique que les interactions protéine/support sont dominées par des forces électrostatiques (processus ionique). Lorsque la concentration en sel de l’éluant augmente, un point critique est atteint dans la zone 2 pour lequel l’interaction entre le soluté et le support est minimale, un phénomène d’exclusion stérique tend alors à dominer le processus de rétention. Pour des concentrations en sel encore plus élevées (zone 3), un processus de type hydrophobe peut être impliqué et conduit à l’augmentation de la rétention de la protéine avec l’augmentation de la proportion en sel de la phase mobile. En conclusion, la chromatographie d’échange d’ions est une technique qui permet de séparer des protéines en fonction de leur charge apparente. Les supports à base de silice utilisés en IEC sont modifiés par un polymère contenant des groupements fonctionnels de type anionique ou cationique conférant ainsi au support des propriétés d’échangeur de cations ou d’anions. La phase mobile utilisée est une phase aqueuse généralement constituée d’un mélange de sels et de tampons. 194 CHAPITRE III I.6 – Analyse et purification des protéines par chromatographie d’affinité et d’immunoaffinité à haute performance I.6.1 - Analyse et purification des protéines par chromatographie d’affinité à haute performance (CAHP) La chromatographie d’affinité est basée sur la reconnaissance spécifique entre un ligand immobilisé sur un support chromatographique et un soluté présent dans la phase mobile. La chromatographie d’affinité à haute performance (CAHP) trouve de nombreuses applications dans l’analyse et la purification de protéines. Les phases stationnaires utilisées en chromatographie d’affinité à haute performance des protéines doivent répondre à l’ensemble des caractéristiques évoquées précédemment : stabilité chimique et physique dans les conditions d’élution et de relargage, absence d’interactions secondaires avec le soluté et hydrophobie nulle ou peu marquée pour éviter la dénaturation des molécules biologiques. Afin d’obtenir des supports dits d’affinité, les phases stationnaires doivent également porter à leur surface des groupements chimiques réactifs susceptibles de lier de façon covalente le ligand. De plus, le nombre de ces groupements par unité de surface doit être relativement important afin d’obtenir une forte capacité chromatographique. Des supports organiques à base de polymères peuvent être utilisés en CAHP des protéines mais de par les propriétés mécaniques intéressantes de la silice, seul ce type de support sera évoqué. La modification chimique de la silice pour l’élaboration de phases stationnaires en CAHP consiste à recouvrir sa surface par une couche moléculaire intermédiaire permettant le greffage direct (ou après des modifications simples) de substances d’intérêt biologique88. La première étape de recouvrement de la silice s’effectue généralement avec des molécules de silanes (greffage) ou des polymères (greffage ou adsorption). Dans le premier cas, un grand nombre de silanes peut être utilisé89 mais Chang et coll.59 ainsi que Regnier et Gooding90 ont montré que le greffage du 3-glycidoxypropyltriméthoxysilane conduit à une meilleure passivation du support originel. D’autre part, la fonction époxyde de ce silane 195 CHAPITRE III permettra le greffage ultérieur d’un ligand. En ce qui concerne l’utilisation d’un polymère, celui-ci peut être greffé sur le support par liaison covalente avec un silane préalablement immobilisé ou peut être simplement adsorbé, puis réticulé afin d’éviter son relagarge. Le polymère ainsi immobilisé présente des fonctions réactives intéressantes (fonctions époxyde, diol, aldéhyde ou alcool primaire) pour le greffage ultérieur de ligands ou est susceptible d’être modifié afin de créer les groupements réactifs désirés. A titre d’exemple, Vivarat-Perrin et coll.91 ont élaboré des supports d’affinité pour l’étude et la purification de sérine-protéases en immobilisant sur la silice la p-aminobenzamidine (p-ABA) (inhibiteur des sérineprotéases). L’immobilisation du ligand est effectuée par greffage sur un copolymère de Nvinylpyrrolidone (NVP) et de chloroformiate de vinyle (CFV) préalablement adsorbé sur la silice ou encore préalablement greffé sur une silice silanisée. Une autre voie développée par Muller et coll.92 consiste à passiver la silice par adsorption et réticulation d’un dextrane substitué par des groupements de diéthylaminoéthyle (DEAE) puis à y greffer la p-ABA. Cette dernière voie a été mise à profit pour l’élaboration de nombreux supports d’affinité pour l’analyse des protéines. En fonction du type de ligand greffé17,93-95, les supports obtenus ont conduit à des études sur l’ovalbumine, l’héparine, la trombine, de l’anti-thrombine ou des immunoglobulines humaines de type G (IgG) I.6.2 – La chromatographie d’immunoaffinité à haute performance (HICP) L’immunochromatographie est la partie de la chromatographie d’affinité qui s’intéresse plus particulièrement aux interactions antigène-anticorps. Ces deux espèces sont des macromolécules biologiques qui interagissent de façon hautement spécifique96, avec des constantes de complexation pouvant varier de 105 à 1012 M-1. Cette spécificité de reconnaissance moléculaire fait de l’immunochromatographie une technique très efficace pour la séparation et la purification des protéines de type antigène et anticorps97,98. Cet outil permet également de caractériser l’activité biologique des protéines par des études à l’équilibre99,100 et d’obtenir des informations concernant le mécanisme de la reconnaissance moléculaire par des études cinétiques de l’association99-104. En immunochromatographie, de nombreuses séparations sont effectuées sur des supports macromoléculaires de type Sépharose105. Cependant, de par les propriétés mécaniques intéressantes de la silice, seul ce type de support sera évoqué par la suite. 196 CHAPITRE III a) Principe de la chromatographie d’immunoaffinité L’immunochromatographie nécessite l’immobilisation d’un des deux acteurs du couple antigène-anticorps sur la phase stationnaire. La purification des protéines par immunochromatographie consiste en deux étapes. Le mélange à purifier est injecté sur le support, l’anticorps (ou l’antigène) contenu dans la solution se fixe alors spécifiquement à l’antigène (ou à l’anticorps) greffé sur la phase stationnaire. Ensuite, un changement de composition de la phase mobile permet d’éluer la protéine capturée par le support. Des tampons à base de glycine, de citrate de sodium ou des solutions d’acide acétique, auxquels du sel est parfois ajouté, peuvent être utilisés comme éluant de désorption. Janis et Regnier106 ont étudié l’influence de la nature du tampon de désorption sur la purification d’anticorps IgG de lapin analysés sur une colonne de protéine G. Il apparaît que la désorption est dépendante de la force ionique de l’éluant et que l’utilisation d’une solution de pH = 2,9 à 2% (v/v) d’acide acétique et contentant 0,1M de glycine conduit à une récupération maximale de l’activité biologique de l’IgG. b) Capacité de liaison d’un support d’immunoaffinité et activité spécifique des anticorps La capacité de liaison d’un support d’immunochromatographie est définie par la quantité d’anticorps immobilisée par gramme ou par millilitre de support. L’augmentation de la surface spécifique d’un support, tout en maintenant une densité constante en anticorps immobilisé, peut conduire à l’augmentation de la capacité de liaison vis-à-vis de l’antigène. Cependant une augmentation de la surface spécifique s’accompagne toujours d’une diminution de la taille des pores. Lorsque la taille des pores mis en jeu diminue au deçà d’une certaine limite, l’accès à la surface active devient difficile pour les molécules de fortes masses moléculaires. Par conséquent, l’optimisation de la capacité de liaison d’un support immunologique nécessite de trouver le compromis idéal entre la surface spécifique du support et le diamètre des pores des particules107,108. Pour un support d’immunoaffinité de surface spécifique et de diamètre de pores définis, l’optimisation de la capacité de liaison dépend considérablement de l’accès de l’antigène aux sites de liaisons présents sur les anticorps immobilisés. L’accès aux sites de fixation est influencé par divers facteurs109,110 tels que l’orientation moléculaire des anticorps, leur densité de greffage sur le support et la taille de l’antigène. Il a été montré que l’activité 197 CHAPITRE III spécifique des anticorps immobilisés, exprimée comme le rapport molaire d’antigène lié au nombre théorique de sites de liaison de l’anticorps, diminue lorsque la densité de ligand (anticorps) dépasse une valeur seuil98. Cette valeur critique est d’autant plus faible que la taille de l’antigène est importante98. Ainsi, la taille de l’antigène doit être considérée pour déterminer la densité optimale d’anticorps à immobiliser. c) Modes de fixation d’un anticorps ou d’un antigène sur un support à base de silice pour l’élaboration de phases stationnaires destinées à la HICP La fixation d’un anticorps ou d’un antigène sur des particules de silice peut être effectuée par les méthodes évoquées précédemment pour l’élaboration des supports d’affinité. En effet, ces deux biomacromolécules possèdent des fonctions amine, acide carboxylique ou thiol et peuvent réagir sur les fonctions réactives (fonctions époxyde, diol, aldéhyde ou alcool primaire) portées par un silane ou un polymère préalablement immobilisés sur la silice. A titre d’exemples, Sportsman et coll.99,101 et Puerta et coll.111 ont greffé des anticorps anti-insuline99,101, anti IgG101 et anti-β lactoglobuline111 sur une surface de silice préalablement silanisée et modifiée par des fonctions aldéhyde. Pour ce faire, une simple réaction chimique entre les groupements amine des protéines et les fonctions aldéhyde du support est mise en jeu. Une autre méthode utilisée par Renard et coll.100,103,104 consiste à greffer des anticorps anti-ASH monoclonaux ou polyclonaux sur une surface de silice préalablement silanisée et activée par le chlorure de trésyle. Plus précisément, la surface initiale de silice est d’abord convertie en silice diol (par silanisation et hydrolyse acide). Le support est ensuite modifié afin d’obtenir des fonctions alcool primaire plus réactives que les fonctions diol α89. Finalement, les fonctions alcool primaire sont activées par le chlorure de trésyle et l’anticorps est greffé au support par l’intermédiaire de ses groupements amine. Cependant, les fonctions diol de la silice peuvent également être mises à profit. Ainsi, Hage et coll.112 ont greffé un anticorps polyclonal anti-ASH, préalablement oxydé, à la surface d’une silice diol par une méthode d’activation à l’hydrazide. L’introduction de fonctions époxyde à la surface d’une silice est également chimiquement intéressante. Cette méthode a été utilisée par Wheatley98 pour fixer de façon covalente de nombreux antigènes tels que l’ASH, l’ α1 glycoprotéine acide, l’IgG ou pour immobiliser les anticorps correspondants. Une autre voie développée par Muller et coll.17,93 et évoquée précédemment au cours de la présentation des supports d’affinité (Cf. paragraphe I.6.2 de ce chapitre) consiste à passiver la silice par 198 CHAPITRE III adsorption et réticulation d’un dextrane substitué par des groupements de diéthylaminoéthyle (DEAE). Les fonctions alcool du dextrane sont ensuite activées par le 1,1’carbonyldiimidazole (CDI) ou par le 1,4-butanediol diglycidyl éther (BDGE) pour permettre l’immobilisation par greffage de molécules d’antigène ou d’anticorps. Par ailleurs, pour les anticorps, d’autres modes de fixation tenant compte de leur structure biologique particulière (Cf. paragraphe III.1.2.b,c,d) peuvent être utilisés105. Les molécules d’anticorps présentent deux régions : une région nommée Fab où a lieu la fixation spécifique de l’antigène et une région nommée Fc qui n’intervient pas dans la reconnaissance moléculaire. Il est donc préférable que le greffage de l’anticorps se fasse par l’intervention de groupements de la région Fc afin de laisser la région active Fab accessible à l’antigène et conduire à des supports d’immunochromatographie ayant une capacité de liaison élevée. Différentes méthodes peuvent répondre à cette exigence : l’anticorps peut être immobilisé sur de la protéine A, sur de la protéine G, sur de l’avidine et sur de la streptavidine97,105. L’ensemble de ces molécules sont fixées préalablement sur le support par les méthodes de greffage d’un ligand exposées précédemment17,93,97,102,105,113. Immobilisation d’un anticorps sur la protéine A ou sur la protéine G L’utilisation de la protéine A ou de la protéine G permet non seulement d’orienter favorablement les anticorps mais également de créer un éloignement entre les anticorps immobilisés et la phase stationnaire. L’ensemble de ces phénomènes favorise la reconnaissance biologique entre l’antigène et son anticorps correspondant. La protéine A et la protéine G sont extraites respectivement de bactéries de type staphylocoque et streptocoque. Ces biomolécules présentent la particularité de fixer sélectivement une importante variété d’immunoglobulines de type G (IgG) par leur région Fc97,114,115. La constante d’affinité relative à cette fixation est relativement élevée114 et varie de 107 à 1011 M-1 selon le type de la protéine mise en jeu (A ou G) et selon l’espèce et la sous classe de l’IgG liée. La protéine A possède cinq sites de fixation pour les molécules d’IgG. Cependant, lorsque celle-ci est greffée, il semblerait qu’il ne reste que deux sites aptes à fixer l’anticorps97. La fixation de l’IgG sur la protéine A ou G n’étant pas covalente, une solution de carbodiimide peut être utilisée pour stabiliser par réticulation les anticorps en place97. 199 CHAPITRE III Immobilisation d’un anticorps sur l’avidine ou sur la streptravidine L’avidine et la streptavidine sont des protéines de pI respectif égal à 10-11 et 7. Ces deux biomacromolécules présentent une affinité très élevée pour la biotine et peuvent former des complexes extrêmement stables116 avec une constante d’affinité proche de 1015 M-1. Ces propriétés peuvent être exploitées pour préparer des supports d’immunochromatographie. Le procédé consiste alors à fixer la biotine sur la partie Fc d’un anticorps117 (liaison covalente) puis à immobiliser l’anticorps modifié sur un support préalablement greffé par de l’avidine ou de la streptavidine. Cette méthode conduit également à une bonne orientation moléculaire des anticorps fixés sur la phase stationnaire. Cependant, ce procédé nécessite une modification chimique préalable de l’anticorps. II - Mise en jeu d’un complexe d’inclusion à base de cyclodextrine et d’adamantane pour l’élaboration de supports chromatographiques de fonctionnalités variables, destinés à l’analyse de protéines L’objectif de cette étude a été de mettre en œuvre des complexes d’inclusion à base de cyclodextrine afin d’élaborer de façon simple et rapide des supports chromatographiques de fonctionnalités variables, destinés à l’analyse des protéines. Plus précisément, des phases stationnaires échangeuses d’ions et des supports d’interaction hydrophobe ont été préparés, à partir d’un support de départ identique de silice recouverte de molécules de β-cyclodextrine. Les propriétés des systèmes chromatographiques obtenus ont ensuite été évaluées en analysant le comportement chromatographique de protéines sur ces matériaux. 200 CHAPITRE III II.1 – Préparation de supports chromatographiques de fonctionnalités variables destinés à l’analyse de protéines L’élaboration de supports chromatographiques de fonctionnalités variables consiste en trois étapes (Erreur ! Source du renvoi introuvable.) : (1) Greffage d’un polymère de β-cyclodextrine sur un support de silice diol (obtention d’une silice-polyβ-CD) puis remplissage d’une colonne chromatographique avec la phase obtenue (2) Modification chimique de dextranes par des groupements hydrophobes adamantyle, et un second type de groupements dont la nature est déterminée par le type de processus chromatographique envisagé (3) Préparation des phases stationnaires chromatographiques par adsorption des dextranes modifiés sur le support de silice-polyβ-CD ; cette étape se déroule in situ dans la colonne chromatographique 201 CHAPITRE III Dext Si OH OH Silice diol 2ème étape 1er étape Modification d'un dextrane (Dext) par des groupements hydrophobes adamantyle (Ad) et par des groupements R de nature variable selon le type de support chromatographique envisagé Modification de la silice diol par un polymère de β-cyclodextrine Dext-Ad-R Ad R Si R Ad R R Silice-polyβ β-CD 3ème étape Adsorption du dextrane modifié Dext-Ad-R sur le support de silice- polyβ β-CD par formation de complexes d'inclusion R Ad Si R Ad R Silice-polyβ β-CD-(Dext-Ad-R) R = COOR = DEAE Echangeur de cations Echangeur d'anions R = C8H17 Support d'interaction hydrophobe Figure III-5 : Mise en jeu d’un complexe d’inclusion à base de cyclodextrine et d’adamantane pour l’élaboration de supports chromatographiques de fonctionnalités variables : présentation des trois étapes conduisant à l’élaboration des supports 202 CHAPITRE III 1ère étape : Greffage d’un polymère de β-cyclodextrine sur un support de silice diol : obtention de la silice-polyβ-CD Le choix des caractéristiques (porosité et surface spécifique) de la silice à modifier doit prendre en compte deux facteurs principaux : (i) la porosité doit être suffisamment élevée pour permettre une cinétique de transfert de masse rapide des protéines jusqu’aux sites d’interaction de la phase stationnaire, (ii) la surface spécifique du support doit être relativement importante pour conduire à une densité de ligands élevée et conférer au matériau une capacité chromatographique satisfaisante. Cependant, comme expliqué précédemment (Cf. paragraphe I.6.2 de ce chapitre), ces deux facteurs sont dépendants l’un de l’autre de telle sorte que l’augmentation de la porosité de la silice s’accompagne d’une diminution de la surface spécifique. Des études menées par Vanecek et Regnier118 ont montré qu’un support de silice de porosité 30 nm offre les meilleures conditions pour l’analyse de protéines de masse inférieure à 300 000 g/mol. De ce fait, un support de porosité 30 nm, présentant par ailleurs une surface spécifique de 100 m2/g, a été utilisé dans cette étude. Le procédé de greffage d’un polymère de β-cyclodextrine sur un support de silice diol a été décrit précédemment dans le chapitre I (Cf. Chapitre I, paragraphe III.2) et dans l’annexe 3. Les caractéristiques du support de silice-polyβ-CD obtenu sont résumées dans le Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Une colonne chromatographique de dimensions 100 mm de longueur × 4,6 mm de diamètre interne est ensuite remplie avec la phase de silice-polyβ-CD suivant le protocole décrit en annexe 13 pour être mis en œuvre au cours de la troisième étape. Silice-diisocyanate Silice-polyβ β-CD Quantité de réactif immobilisée 75 mg 73 mg (mg/g de silice) de diisocyanate de polyβ-CD Analyse élémentaire Quantité de cavités de β-CD immobilisée (mmol/g de silice) 4,5.10-2 (mmol/m2 de silice) 4,5.10-4 Tableau III-1 : Caractérisation par analyse élémentaire du support de base de silice-polyβ β-CD utilisé pour l’élaboration des supports chromatographiques de fonctionnalités variables 203 CHAPITRE III 2ème étape : Modification chimique de dextranes par des groupements hydrophobes adamantyle (Ad), et un second type de groupements (R) dont la nature est déterminée par le type de processus chromatographique envisagé Afin de conférer aux dextranes des propriétés d’adsorption spécifique sur le support de silice-polyβ-CD, des groupements hydrophobes adamantyle ont été greffés sur les polymères. D’autre part, dans l’intention de créer des supports chromatographiques de fonctionnalités variables, différents substituants (notés R) ont également été ajoutés aux dextranes. Ainsi, des supports échangeurs d’ions ont été élaborés par greffage de fonctions acide carboxylique (R = COOH) ou de groupements diéthylaminoéthyle (R = DEAE) et des supports d’interaction hydrophobe ont été obtenus par fixation de chaînons octyle (R = C8H17). La synthèse et la caractérisation de l’ensemble des polymères de dextranes modifiés, de type Dext-Ad-R, ont été décrites dans le chapitre I au paragraphe III.3.4. 3ème étape : Préparation in situ des phases stationnaires chromatographiques par adsorption des dextranes modifiés (Dext-Ad-R) sur le support de silice-polyβ-CD ; cette dernière étape s’effectue dans la colonne chromatographique Une colonne chromatographique préalablement remplie par le support de silice-polyβCD est utilisée au cours de cette dernière étape. L’immobilisation d’un dextrane modifié (Dext-Ad-R) sur la surface de silice-polyβ-CD s’effectue in situ, par simple percolation d’une solution aqueuse de Dext-Ad-R sur le support jusqu’à atteindre la saturation de ce dernier. Ce procédé simple et rapide repose dans le cas présent, sur l’adsorption spécifique du dextrane sur le support par formation de complexes d’inclusion entre les groupes adamantyle du polymère et les cavités de β-CD greffées sur la silice. L’immobilisation du Dext-Ad-R est suivie en temps réel à l’aide d’un réfractomètre différentiel branché en sortie de colonne. Le profil d’un chromatogramme obtenu suivant cette méthode est donné sur la Erreur ! Source du renvoi introuvable.. 204 CHAPITRE III (3 ) : Rinçage du support avec de l’eau Signal réfractométrique Injection d’eau S0 S1 to (1) : support équilibré dans l’eau Temps (2 ) : Percolation d’une solution aqueuse de Dext-Ad-R Figure III-6 : Profil relatif à l’immobilisation d’un Dext-Ad-R sur le support de silice-polyβ β-CD au cours d’un procédé chromatographique d’analyse frontale. Ce procédé comporte trois étapes : (1) le support de silice-polyβ β-CD est stabilisé dans l’eau ; (2) la percolation d’une solution aqueuse de Dext-Ad-R est effectuée sur le support jusqu’à l’apparition d’un front de percolation traduisant la saturation du support en polymère ; (3) un rinçage de la colonne est effectué pour éliminer le Dext-Ad-R interstitiel non adsorbé sur le support. Conditions chromatographiques : solution de Dext-Ad-R à 1 mg/mL dans l’eau ; percolation de la phase mobile à 1 mL/min ; détection par réfractométrie différentielle Le front de percolation relatif au Dext-Ad-R apparaît à un temps de rétention bien supérieur au temps mort (t0) de la colonne et confirme l’adsorption spécifique du polymère sur la silice-polyβ-CD. D’autre part, la chute brusque du signal, observée lors du rinçage de la colonne, suggère que le Dext-Ad-R reste en majorité immobilisé sur le support. La quantité de polymère immobilisée sur le support, déterminant la capacité chromatographique théorique de la colonne, peut être déterminée à partir de la différence de surface S0-S1. Les premiers supports chromatographiques échangeurs de cations et d’interaction hydrophobe ont été élaborés respectivement à partir d’un Dext40-Ad-COOH, modifié à 62 % en COOH (Dext-Ad-COOH1, Cf. Chapitre I, paragraphe III.3.4.c), et d’un Dext40-Ad-C8, modifié à 10,5% en C8 (Dext-Ad-C85, Cf. Chapitre I, paragraphe III.3.4.d). En ce qui concerne la famille de dextranes Dext40-Ad-C8, le polymère possédant le taux de modification le plus important en groupements C8 a été choisi afin de conduire à une capacité 205 CHAPITRE III chromatographique de la colonne la plus élevée possible. Les masses de Dext40-Ad-COOH et de Dext40-Ad-C8 immobilisées sur la silice-polyβ-CD et les capacités chromatographiques théoriques résultantes des colonnes sont reportées dans le Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Support Support d’interaction échangeur de cations hydrophobe Dext40-Ad-COOH1 Dext40-Ad-C85 (modifié à 62% en COOH) (modifié à 10,5% en C8) 58 000 44 000 7 80 (mmol/g de silice) 1,8.10-2 4,7.10-2 (mmol/m2 de silice) 1,8.10-4 4,7.10-4 Masse moléculaire moyenne du DextAd-R (g/mol) Quantité de Dext-Ad-R fixée (mg/g de silice) Densité de groupements fonctionnels R (COOH ou C8) fixés Tableau III-2 : Caractéristiques du support chromatographique échangeur de cations et du support d’interaction hydrophobe, élaborés respectivement à partir d’un Dext40-Ad-COOH et d’un Dext40-Ad-C8 La quantité de Dext40-Ad-C85 adsorbée sur le support de silice-polyβ-CD est plus de dix fois supérieure à celle déterminée dans le cas du Dext40-Ad-COOH1. Cette différence peut s’expliquer par la présence de nombreux groupements ionisables COOH sur la chaîne du Dext40-Ad-COOH (environ 62 COOH pour 100 unités glucose) qui défavoriseraient l’inclusion des groupements adamantyle dans les cavités de β-cyclodextrine. Un effet similaire a été observé dans une étude antérieure lors de la fixation d’un polymère de DextAd-COOH sur une lame d’or recouverte de β-cyclodextrine119. D’autre part, les chaînons octyle greffés sur le Dext-Ad-C85 pourraient s’inclure dans les cavités de cyclodextrine ou provoquer une autoassociation120 du polymère par interactions hydrophobes entre ces greffons. Ces deux phénomènes contribueraient alors au rendement d’immobilisation élevé du Dext-Ad-C85. Néanmoins, le taux de modification important du Dext40-Ad-COOH1 en groupements ionisables COOH conduit à un support échangeur d’ions ayant une densité théorique de greffons du même ordre de grandeur que celle relative au support d’interaction hydrophobe. Il est important de noter que la densité théorique de groupements fonctionnels, déterminée à 206 CHAPITRE III partir de la masse de dextrane immobilisée, et correspondant au nombre total de groupements fonctionnels par unité de masse ou de surface du support, ne traduit qu’en partie l’état de surface de la phase stationnaire. En effet, seulement une partie des ligands immobilisés sur de la silice poreuse est accessible aux solutés analysés si bien que la capacité chromatographique mesurée expérimentalement d’une colonne est généralement inférieure à la densité théorique de greffons. Afin d’augmenter la quantité de Dext40-Ad-COOH1 immobilisée sur le support, les conditions de percolation ont été modifiées. L’idée étant de favoriser la formation du complexe d’inclusion entre le Dext40-Ad-COOH1 et la cyclodextrine, une solution de dextrane préparée dans un milieu fortement salin (NaCl à 1M) est mise à percoler sur le support. Néanmoins, l’utilisation d’un éluant très concentré en sel sature le réfractomètre différentiel si bien que la fixation du polymère ne peut être suivie en temps réel et que la quantité de dextrane immobilisée ne peut être déterminée. Afin de vérifier que la présence de sel durant la percolation du Dext40-Ad-COOH permet d’augmenter les quantités de polymère immobilisées, les supports obtenus avec et sans sel ont été comparés quant à leurs capacités à retenir quelques protéines basiques (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Protéines pI Facteur de rétention (k’) sur des supports échangeurs de cations obtenus par percolation d’une solution de Dext-Ad-COOH1 effectuée : dans l’eau dans l’eau + NaCl 1 M 9-9,4 4,6 30 α-Chymotrypsine 8,38- 10,7 16 (Eluant à 0,11 M en NaCl) 8,76 α-Chymotrypsinogène A 8,8- 7,7 18,5 (Eluant à 0,13 M en NaCl) 9,28,3 30,5 Cytochrome c (Eluant à 0,06 M en NaCl) 9,6 Lysosyme 11 (Eluant à 0,19 M en NaCl) 207 CHAPITRE III Tableau III-3 : Comparaison des facteurs de rétention (k’) de quelques protéines basiques sur des supports échangeurs de cations, obtenus par percolation d’une solution aqueuse de Dext-Ad-COOH1 à 1 mg/mL dans l’eau ou dans l’eau additionnée de 1 M en NaCl. Conditions chromatographiques : protéines à 1 mg/mL dans un tampon Tris à 20mM de pH = 7 ; éluant : tampon Tris à 20mM de pH = 7 à différentes concentrations en NaCl ; débit de la phase mobile : 1 mL/min ; détection UV à 280 nm La rétention des protéines est nettement supérieure sur le support cationique obtenu par percolation d’une solution saline de dextrane. Ce résultat qui suggère que ce support présente un nombre plus élevé de sites échangeurs d’ions sera confirmé par la mesure des capacités d’échange (Cf. Paragraphe II.3.1 de ce chapitre). On peut donc en conclure que le support de base de silice-polyβ-CD est d’avantage recouvert de Dext-Ad-COOH lorsqu’une solution saline de polymère est utilisée. Des conditions identiques ont donc été utilisées pour l’élaboration du support anionique à base d’un dextrane Dext-Ad-DEAE, modifié par des groupements diéthylalminoéthyle. Le mode de préparation des supports utilisés ultérieurement pour l’analyse des protéines est résumé dans le Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Support échangeur Support échangeur Support d’anions de cations d’interaction hydrophobe Dext-Ad-R immobilisé sur la silice-polyβ -CD Dext40-Ad-DEAE2 Dext40-Ad-COOH1 Dext40-Ad-C85 (modifié à 49% en (modifié à 62 % en (modifié à 10,5% en DEAE COOH) C8) 1 mg/mL dans 1 mg/mL dans 1 mg/mL dans l’eau + NaCl 1 M l’eau + NaCl 1 M l’eau Solution de DextAd-R mise à percoler sur la silice-polyβ -CD Quantité de Dext- 80 Ad-R immobilisée (mg/g de silice) 208 CHAPITRE III Tableau III-4 : Résumé des trois types de supports élaborés (échangeur d’anions, échangeur de cations et support d’interaction hydrophobe) destinés à l’analyse des protéines. II.2 – Propriétés de surface du support de base de silice-polyβ β-CD Avant d’élaborer les trois types de phases chromatographiques destinées à l’analyse des protéines, les propriétés d’interactions non spécifiques du support de base de silice-polyβCD vis à vis d’un certain nombre de protéines ont été étudiées. Dans un premier temps, une protéine basique, le cytochrome c (pI = 9-9,4), a été injectée sur le support de silice-polyβ-CD dans un éluant de pH = 7 et de concentrations salines variables (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Facteur de rétention (k’) sur le support de silice-polyβ -CD pH = 7, milieu salin composé de NaCl [NaCl] = 0,1 M [NaCl] = 0,3 M [NaCl] = 0,5 M Cytochrome c 0,2 0,2 0,2 Albumine du sérum 0,1 0 0 0,4 0,1 0,1 humain (ASH) Ovalbumine Tableau III-5 : Facteur de rétention de quelques protéines sur le support de base de silice-polyβ β-CD. Conditions chromatographiques : protéines à 1 mg/mL dans un tampon Tris à 20mM de pH = 7 ; éluant : tampon Tris à 20mM de pH = 7 à différentes concentrations en NaCl ; débit de la phase mobile : 1 mL/min ; détection UV à 280 nm Sur la gamme de concentrations étudiées, et notamment aux faibles forces ioniques (0,1 M), il a été constaté que le cytochrome c, chargé positivement dans les conditions d’analyse, était élué au voisinage du volume mort. Ce résultat qui montre que la protéine n’interagit pas avec le support de base suggère que les silanols de la surface sont correctement masqués par le polymère de polyβ-CD. Une étude similaire a ensuite été effectuée avec des protéines acides telles que l’albumine du sérum humain (ASH) (pI = 4,4-4,8) et l’ovalbumine (pI = 4,7) (Erreur ! 209 CHAPITRE III Source du renvoi introuvable.). Ces protéines, chargées négativement au pH de l’étude, ont été éluées rapidement avec une valeur du facteur de rétention (k’) inférieure à 0,5 même aux faibles forces ioniques. Ce résultat indique que les interactions non spécifiques entre des protéines chargées négativement et le support de base sont négligeables. D’autres protéines acides ou basiques, notamment l’α-lactalbumine, l’α- chymotrypsine, l’α-chymotrypsinogène A et le lysozyme ont également été injectés sur le support suivant des conditions identiques. Contrairement aux cas précédents, ces protéines ont été retenues par la colonne avec un facteur de rétention pouvant atteindre la valeur de 17 (à 0,5 M en sel) dans le cas du lysozyme. Les résultats précédents suggérant que les interactions de type ionique avec le support sont négligeables, cette rétention élevée des protéines pourrait être due à des interactions non spécifiques de type hydrophobe. L’intervention d’un tel processus a été confirmé par l’augmentation de la rétention des protéines avec la force ionique du milieu. Les valeurs obtenues dans le cas du lysozyme ont été reportées sur la Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Support de silice-polyβ-CD Support de silice-polyβ-CD-(Dext-Ad) 15 k' 10 5 0 0,0 0,1 0,1 0,2 0,3 0,3 0,4 0,5 0,5 [NaCl] (M) Figure III-7 : Facteur de rétention du lysozyme sur le support de base de silice-polyβ β-CD et sur le support de silice-polyβ β-CD-(Dext-Ad). Conditions chromatographiques : identiques à celles reportées dans le Erreur ! Source du renvoi introuvable. 210 CHAPITRE III Ce processus d’interaction hydrophobe pourrait s’expliquer par la présence sur le support de l’agent de liaison utilisé dans le procédé de synthèse de la silice-polyβ-CD et dont le caractère hydrophobe a été mis en évidence au chapitre II, paragraphe II.2.2. En effet, les motifs alkyle de ce composé pourraient interagir avec les parties apolaires de protéines à caractère hydrophobe. Pour évaluer la manifestation des interactions non spécifiques de type hydrophobe dans les supports finaux de type silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-R) (avec R = DEAE ou COOH), le support de silice-polyβ-CD a été recouvert d’un polymère de dextrane modifié uniquement par des groupements adamantyle (Dext-Ad, à 6,2 % en groupement Ad). Le lysozyme a ensuite été injecté sur la phase stationnaire de silice-polyβ-CD-(Dext-Ad) obtenue, suivant des conditions expérimentales identiques à celles de l’étude sur le support initial de silicepolyβ-CD (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Il a alors été constaté que les interactions non spécifiques de type hydrophobe diminuaient fortement avec la présence du polymère sur la surface. D’autre part, même si ces interactions ne sont pas totalement éliminées, ceci n’est pas un problème pour la suite de l’étude. En effet, les supports chromatographiques d’échange d’ions qui présenteraient également des propriétés d’interaction hydrophobe pourraient être appliqués à l’analyse des protéines en utilisant un modèle théorique rendant compte d’un processus mixte de type ionique et hydrophobe (Cf. paragraphe I.5.3 de ce chapitre). II.3 – Analyse des protéines sur les supports échangeurs d’ions II.3.1 – Détermination de la capacité d’échange ionique des supports Les supports échangeurs d’ions peuvent être caractérisés par leur capacité d’échange ionique. Ce paramètre, défini comme étant le nombre de charges du support exprimé en milliéquivalents par gramme ou par millilitre de matériau, rend compte de l’état de surface de la phase stationnaire et gouverne en partie la rétention des protéines. Il peut être déterminé par un procédé chromatographique d’analyse frontale. Le principe de la méthode consiste à équilibrer la colonne dans une solution concentrée en sel de façon à saturer les sites ioniques du support par les ions contenus dans 211 CHAPITRE III l’éluant. Les ions immobilisés sur la phase stationnaire sont ensuite déplacés par un second type d’ion, choisi en partie pour sa propriété d’absorption en spectroscopie UV de façon à suivre en temps réel le processus d’échange. Le profil chromatographique obtenu suivant cette méthode est donné sur la Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Dans le cas du support échangeur d’anion de type Dext-Ad-DEAE, la colonne est équilibrée à l’aide d’une solution de chlorure de sodium de façon à saturer la phase stationnaire en ions chlorure (Cl-), puis ces derniers sont déplacés par des ions nitrate (NO3-) au cours de la percolation d’une solution de nitrate de sodium. Pour le support cationique de type Dext-Ad-COOH, une solution de chlorure de sodium est également utilisée pour stabiliser la colonne et saturer le support en ions sodium (Na+) avant d’échanger ces derniers contre des ions benzyltriméthylammonium (C6H5-N+(CH3)3) à l’aide d’une solution de chlorure de benzyltriméthylammonium. (3 ) : Regénération du support avec une solution de NaCl Densité optique (unité d’absorbance) Injection d’eau 50% du front to (1) : support équilibré avec une solution de NaCl Temps t50 (2 ) : Percolation d’une solution d’ions « déplaçants » de NaNO3 ou de C6H5 -N(CH3)3Cl Figure III-8 : Détermination de la capacité d’échange d’un échangeur d’ion par un procédé d’analyse frontale. Ce procédé comporte trois étapes : (1) le support ionique est stabilisé dans un tampon Tris à 20 mM de pH donné et contenant 0,1 M en NaCl ; (2) une percolation de NaNO3 ou de C6H5-N(CH3)3Cl en solution dans le tampon Tris à 20 mM de pH donné, est ensuite effectuée afin de déplacer respectivement les ions chlorure (Cl-) ou sodium (Na+) immobilisés sur la phase stationnaire. L’apparition d’un plateau indique que la concentration en NaNO3 ou C6H5-N(CH3)3Cl de la solution effluente est égale à la concentration de la solution initiale et traduit la saturation de la colonne ; (3) le support est ensuite régénéré avec la solution tampon de la 1ère étape. Conditions chromatographiques : percolation de la phase mobile à 1 mL/min ; détection UV à 254 nm (NaNO3) ou à 280 nm (C6H5-N(CH3)3Cl) 212 CHAPITRE III La capacité d’échange ( C E ) ionique du support, exprimée généralement en meq/g de phase, peut être déterminée à partir du chromatogramme relatif à l’analyse frontale par la relation suivante : CE = ( t 50 − t 0 ).D.[ ion " déplaçant" ] m Equation III-12 avec t0 (min) le temps de rétention d’un composé non retenu par la colonne, t50 (min) le temps correspondant à 50% du front de percolation, D (mL/min) le débit de la phase mobile, m (g) la masse de support contenue dans la colonne et [ ion " déplaçant" ] (eq/L) la concentration des ions NO3- ou des ions C6H5-N+(CH3)3 contenus respectivement dans les solutions de nitrate de sodium ou de chlorure de benzyltriméthyammonium. Les capacités d’échanges mesurées pour les supports ioniques de cette étude sont portées dans le Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Capacité d’échange ionique Support échangeur Support échangeur de d’anions cations Dext40-Ad-DEAE Dext40-Ad-COOH (modifié à 49% en DEAE) (modifié à 62% en COOH) pH = 5 pH = 7 pH = 6 pH = 7 (meq/g de silice) 5. 10-2 2,6. 10-2 11,6. 10-2 13,1. 10-2 (meq/m2 de silice) 5. 10-4 2,6. 10-4 11,6. 10-4 13,1. 10-4 de la colonne Tableau III-6 : Capacité d’échange ionique (CE) des supports anionique et cationique, élaborés respectivement à partir du Dext-Ad-DEAE et du Dext40-Ad-COOH. Il apparaît que la capacité d’échange (CE) des phases stationnaires ioniques élaborées est dépendante du pH de la phase mobile, de telle sorte que la valeur de CE du support échangeur d’anions diminue lorsque le pH de la phase mobile augmente et que le phénomène inverse se produit dans le cas du support d’échange de cations. Ce résultat est en accord avec 213 CHAPITRE III les types de supports ioniques « faibles » élaborés, pour lesquels la densité de charges est fonction du pH. En effet, le support échangeur d’anions est constitué de fonctions amine tertiaire de pKa 9,5 et 5,7 si bien que la variation du pH de 5 à 7 diminue la proportion d’amine de pKa 9,5 sous forme positive et fait passer les fonctions amine de pKa 5,7 de la forme positive à la forme neutre. Ces deux effets contribuent à diminuer la capacité d’échange de la colonne. Pour le support échangeur de cations, constitué d’un Dext40-Ad-COOH dont les fonctions acide carboxylique possèdent un pKa de 3,3-4,5, la variation du pH de 6 à 7 s’accompagne d’une augmentation de la quantité de fonctions acide carboxylique sous forme négative. Il est important de noter que les capacités d’échange ionique déterminées par cette méthode sont des capacités apparentes et traduisent uniquement l’ensemble des charges accessibles du support. Il serait intéressant de comparer ces valeurs aux capacités d’échange théoriques attendues, ces dernières étant calculées à partir des masses de polymères adsorbées sur le support. En effet, la confrontation de ces résultats renseignerait sur la proportion de groupements fonctionnels de la phase stationnaire non accessible aux solutés. Mais, les deux supports répertoriés dans le Erreur ! Source du renvoi introuvable. ayant été élaborés par percolation d’une solution saline de dextranes modifiés, les quantités de polymères adsorbées sur le support n’ont pu être déterminées. Par ailleurs, il apparait que la capacité d’échange mesurée à pH = 7 pour le support échangeur de cations (Erreur ! Source du renvoi introuvable.) est près de dix fois plus importante que la densité de groupements COOH caractéristique du support ionique obtenu à partir d’une solution aqueuse de Dext40-Ad-COOH sans sel (Cf. Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Ce résultat confirme la conclusion du paragraphe II.1 selon laquelle la surface de silice-polyβ-CD est d’avantage recouverte de dextrane modifié lorsqu’une solution saline de polymère est utilisée. II.3.2 – Rétention des protéines sur le support échangeur d’anions de type silice-polyβ β-CD-(Dext-Ad-DEAE) : application du modèle du déplacement stoechiométrique 214 CHAPITRE III Dans un premier temps, une protéine basique, le cytochrome c (pI = 9-9,4), a été injectée à pH = 7 sur le support de silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-DEAE) à concentration saline faible (0,1 M en NaCl). La biomolécule est ressortie de la colonne au voisinage du volume mort (k’ = 0,2) ce qui indique que le cytochrome c ne présente pas d’affinité pour la phase stationnaire. Ce résultat était prévisible puisque la protéine et le support sont tous deux chargés positivement au pH de l’étude. Le support échangeur d’anions élaboré a ensuite été testé pour l’étude de la rétention de quelques protéines acides : l’α-lactalbumine, l’albumine du sérum humain (ASH), l’albumine du sérum bovin (ASB), l’ovalbumine, la β-lactoglobuline A et la β-lactoglobuline B. Les biomolécules étudiées possédant un point isoélectrique (pI) compris entre 4,2 et 5,3, une solution éluante dont le pH est suffisamment éloigné du dernier pI (5,3) a été utilisée. Un pH de 7 a donc été choisi afin que les protéines acides soient de charge nette suffisante pour entrer dans un processus d’échange d’ions. L’évolution de la rétention de ces protéines en fonction de la concentration en sel de l’éluant a ensuite été étudiée (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). α-Lactalbumine 40 Albumine du sérum humain (ASH) Albumine du sérum bovin (ASB) Ovalbumine β-Lactoglobuline A β-Lactoglobuline B 30 k' 20 10 0 0,0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 [NaCl] (M) Figure III-9 : Evolution du facteur de rétention de quelques protéines acides sur le support de silice-polyβ βCD-(Dext-Ad-DEAE) échangeur d’anions. Conditions chromatographiques : protéines à 1 mg/mL dans un tampon Tris à 20mM de pH = 7 ; éluant : tampon Tris à 20mM de pH = 7 à différentes concentrations en NaCl ; débit de la phase mobile : 1 mL/min ; détection UV à 280 nm 215 CHAPITRE III La rétention des protéines diminue quand la concentration en sel de l’éluant augmente ce qui suggère que les biomolécules entrent bien dans un processus d’échange ionique avec le support. A concentration en sel relativement élevée (0,5 M en NaCl), la rétention de l’ensemble des biomolécules devient quasi nulle. Ce résultat indique d’une part, que le processus d’échange ionique protéine/support est devenu négligeable dans ce domaine et, d’autre part, que le processus chromatographique non spécifique de type hydrophobe est inexistant ou négligeable pour le type de protéines étudiées et dans la zone de concentration en sel utilisée. De ce fait, le modèle du déplacement stoechiométrique tenant compte uniquement d’un processus de type ionique (décrit au paragraphe I.5.3 de ce chapitre par l’Erreur ! Source du renvoi introuvable.) a été appliqué dans le domaine des plus faibles concentrations salines (de 0,03 à 0,2 M en NaCl) (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). α-Lactalbumine Albumine du sérum humain (ASH) Albumine du sérum bovin (ASB) Ovalbumine β-Lactoglobuline A β-Lactoglobuline B 2,0 1,5 1,0 log k' 0,5 0,0 -0,5 -1,0 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 - log [NaCl] Figure III-10 : Application du modèle du déplacement stoechiométrique (Cf. Erreur ! Source du renvoi introuvable.) à l’étude de la rétention de protéines acides sur le support de silice-polyβ β-CD-(Dext-AdDEAE) échangeur d’anions. Conditions chromatographiques identiques à celles de la Erreur ! Source du renvoi introuvable. ; domaine de concentrations salines : 0,03 à 0,2 M en NaCl. Les courbes présentées en Erreur ! Source du renvoi introuvable. montrent que le logarithme décimal du facteur de rétention des protéines (log k’) varie linéairement avec le logarithme décimal de la concentration molaire en sel (-log[NaCl]) de l’éluant. Ce résultat indique que le modèle du déplacement stoechiométrique est vérifié par l’ensemble des 216 CHAPITRE III protéines, sur le domaine de concentrations salines étudié. Les paramètres log K0 et Z (définis au paragraphe I.5.3 de ce chapitre) caractéristiques du système chromatographique mis en jeu sont donc déterminés expérimentalement, respectivement à partir de l’ordonnée à l’origine et de la pente des représentations linéaires obtenues. Dans le cas présent, le chlorure de sodium utilisé engendre un contre-ion monovalent ; ainsi, la valeur de Z déterminée expérimentalement correspond au nombre de charges apparentes de la protéine (ZP) mises en jeu dans le processus d’adsorption-désorption. Les valeurs des grandeurs log K0 et ZP déterminées pour l’ensemble des protéines figurent dans le Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Support silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-DEAE) pH = 7, milieu salin composé de NaCl pI log K0 ZP α-Lactalbumine 4,2-4,5 -1,2 (±0,1) 2,1 (±0,1) Albumine du sérum 4,4-4,8 -4,4 (±0,4) 3,8 (±0,3) 4,7 -4,7 (±0,3) 4,1 (±0,2) 4,7 -2,4 (±0,4) 2,2 (±0,4) β-Lactoglobuline A 5,1-5,2 -3,5 (±0,4) 4,3 (±0,4) β-Lactoglobuline B 5,1-5,3 -3,3 (±0,1) 3,8 (±0,1) humain (ASH) Albumine du sérum bovin (ASB) Ovalbumine Tableau III-7 : Valeurs de log K0 et ZP (à pH = 7 et en milieu salin composé de NaCl) de quelques protéines acides analysées sur le support échangeur d’anions de type silice-polyβ β-CD-(Dext-Ad-DEAE). Ces valeurs sont déterminées expérimentalement à partir du modèle du déplacement stoechiométrique défini par l’Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Les valeurs de ZP déterminées dans le cas présent ne sont pas en relation stricte avec le pI des protéines. Si tel était le cas, la valeur de ZP devrait augmenter avec l’écart entre le pH de la solution éluante (pH = 7) et le pI des biomolécules. Néanmoins, dans le cas présent, cette comparaison est délicate car les pI des protéines étudiées sont relativement proches. Par ailleurs, de tels résultats pourraient également s’expliquer par le fait que le paramètre ZP n’est pas uniquement fonction de la charge nette de la protéine. Il dépend de facteurs plus complexes comme la distribution et l’accessibilité des sites ioniques sur la biomacromolécule, 217 CHAPITRE III autrement dit la topographie de surface de la protéine et l’aire de contact électrostatique entre la protéine et la phase stationnaire. Les valeurs de ZP de l’étude sont en assez bon accord avec certaines valeurs reportées dans la littérature (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). ZP ZP Support Valeurs de la littérature silice-polyβ -CD- pH = 7, NaCl pI (Dext-Ad-DEAE) pH = 7, NaCl α-Lactalbumine Albumine du sérum 2,1 4,2-4,5 4,4-4,8 3,8 4,7 4,1 4,7 2,2 humain (ASH) Albumine du sérum bovin (ASB) Ovalbumine 2,374 Support silice-HB-DS-HB 2,2-2,474 Support silice-PEI 4,2121 (pH = 7,5) Echangeur d’anion fort mono-Q HR 5/5 3,5-3,974 Support silice-HB-DS-HB 5,9121 (pH = 7,5) Echangeur d’anion fort mono-Q HR 4,6*,122 Echangeur d’anion fort mono-Q SAX β-Lactoglobuline A β-Lactoglobuline B 4,3 5,1-5,2 3,8 5,1-5,3 218 5,2122* Echangeur d’anion fort mono-Q SAX 3,4-3,774 Support silice-HB-DS-HB 3,1-3,3 74 Support silice-HB-DS-HB CHAPITRE III Tableau III-8 : Comparaison des valeurs de ZP de l’étude (obtenues sur le support de silice-polyβ β-CD(Dext-Ad-DEAE) à pH = 7 et en présence de NaCl) aux valeurs reportées dans la littérature. PEI = polyéthylèneimine, HB = polybrène ( = polycation), DS = dextrane sulfaté ( = polyanion) ; mono-Q (Pharmacia) ; (*) La valeur reportée a été corrigée selon la publication de Velayudhan et Horvath85 Cette comparaison reste néanmoins approximative puisque, comme indiqué précédemment, la valeur de ZP est fonction de nombreux paramètres autres que la charge nette de la protéine. II.3.3 – Analyse et séparation des protéines sur le support échangeur de cations de type silice-polyβ β-CD-(Dext-Ad-COOH) a) Analyse des protéines sur le support échangeur de cations de type silice-polyβ-CD-(DextAd-COOH) : application du modèle du déplacement stoechiométrique Dans un premier temps, l’ovalbumine qui est une protéine acide (pI = 4,7) a été injectée sur le support de silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-COOH) dans un tampon de pH = 7 et de force ionique assez faible (NaCl = 0,1 M). L’ovalbumine est alors ressortie de la colonne au volume mort (k’ = 0). Ce résultat qui suggère que la protéine ne présente pas affinité pour le support est en bon accord avec le fait que l’ovalbumine et le support sont tous deux chargés négativement au pH de l’étude. Le support échangeur de cations élaboré a ensuite été appliqué à l’étude de la rétention de quelques protéines basiques : l’α-chymotrypsine, l’α-chymotrypsinogène A, le cytochrome c et le lysozyme. L’évolution de la rétention à pH = 7 de ces biomacromolécules en fonction de la concentration en sel de l’éluant est reportée sur la Erreur ! Source du renvoi introuvable.. 219 CHAPITRE III α-Chymotrypsine α-Chymotrypsinogène A 100 Cytochrome c Lysozyme 80 (1) k' 60 (3) 40 (2) 20 0 0,0 0,5 1,0 1,5 [NaCl] (M) Figure III-11 : Evolution du facteur de rétention de quelques protéines basiques sur le support de silicepolyβ β-CD-(Dext-Ad-COOH) échangeur de cations. Conditions chromatographiques : protéines à 1 mg/mL dans un tampon Tris à 20mM de pH = 7 ; éluant : tampon Tris à 20mM de pH = 7 à différentes concentrations en NaCl ; débit de la phase mobile : 1 mL/min ; détection UV à 280 nm Aux faibles concentrations salines (forces ioniques inférieures à 0,25 M), la rétention des protéines diminue quand la concentration en sel de l’éluant augmente (zone 1) indiquant alors que les biomolécules entrent bien dans un processus d’échange ionique avec le support. A concentration en sel relativement élevée (0,5 M en NaCl), (zone 2), deux comportements différents sont observés selon les protéines considérées. La rétention du cytochrome c est quasiment nulle. Un phénomène similaire avait été observé sur le support échangeur d’anions et comme dans ce cas précédent, ce résultat suggère que le phénomène d’interaction hydrophobe est inexistant. Par contre, les rétentions de l’α-chymotrypsine, de l’α-chymotrypsinogène A et surtout du lysozyme sont encore relativement importantes (avec des valeurs de k’ allant de 5 à 20). Ce dernier résultat suggère qu’un processus hydrophobe intervient dans le contrôle de la rétention de ces trois protéines qui sont connues pour être relativement hydrophobes. Afin de confirmer ce second type de processus, des forces ioniques plus élevées, jusqu’à 1,5 M, ont été étudiées. Les courbes obtenues présentent alors une troisième zone sur laquelle la rétention de ces trois protéines augmente avec une concentration croissante en sel de la phase mobile (zone 3). Cette évolution confirme l’intervention d’interactions hydrophobes entre les parties apolaires de ces biomolécules et le support. Par contre, la rétention du cytrochrome c reste nulle. Le phénomène d’interaction hydrophobe observé est probablement dû à l’interaction entre les groupements apolaires des biomolécules 220 CHAPITRE III et les chaînons alkyle de groupements isocyanate résiduels qui seraient accessibles aux protéines. A la vue de ces résultats, le modèle du déplacement stoechiométrique tenant compte uniquement d’un processus de type ionique (décrit au paragraphe I.5.3 de ce chapitre par l’Erreur ! Source du renvoi introuvable.) a été appliqué à l’étude du cytochrome c dans le domaine des faibles concentrations salines et le modèle élargi au processus mixte de type ionique et hydrophobe (décrit au paragraphe I.5.3 de ce chapitre par l’Erreur ! Source du renvoi introuvable.) a été utilisé pour l’α-chymotrypsine, l’α-chymotrypsinogène A et le lysozyme (Erreur ! Source du renvoi introuvable.) sur l’ensemble des concentrations en sel. α-Chymotrypsine α-Chymotrypsinogène A Cytochrome c Lysozyme 2,0 1,5 log k' 1,0 0,5 0,0 -0,2 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 - log [NaCl] Figure III-12 : Application du modèle du déplacement stoechiométrique, tenant compte soit d’un processus unique de type ionique (Cf. Erreur ! Source du renvoi introuvable.), soit d’un processus mixte de type ionique et hydrophobe (Cf. Erreur ! Source du renvoi introuvable.), à l’étude de la rétention de protéines basiques sur le support de silice-polyβ β-CD-(Dext-Ad-COOH) échangeur de cations. Conditions chromatographiques : identiques à celles de la Erreur ! Source du renvoi introuvable. Le modèle du déplacement stoechiométrique, rendant compte d’un processus ionique ou d’un processus mixte ionique et hydrophobe, semble vérifié par l’ensemble des protéines. Sur la Erreur ! Source du renvoi introuvable., il apparaît qu’aux faibles concentrations salines, le lysozyme est plus retenu que l’α-chymotrypsinogène A qui est elle-même plus 221 CHAPITRE III retenue que le cytochrome c. Ces résultats sont similaires à ceux obtenus par Melander et coll.87 sur un support échangeur de cations faible à base de COOH (Zorbax WCX-300). Aux fortes concentrations en sel, le même ordre de rétention entre les protéines est observé mais l’α-chymotrypsinogène A tend à rejoindre le lysozyme. Ce phénomène a également été observé par Melander et coll.87. Dans le cas du cytochrome, les paramètres log K0 et Z caractéristiques du système chromatographique étudié sont obtenus expérimentalement par la détermination respective de l’ordonnée à l’origine et de la pente de la représentation portant log k’ en fonction de -log [NaCl]. Pour les autres protéines, les paramètres α, Z ainsi que le paramètre γ (définis au paragraphe I.5.3 de ce chapitre) rendant compte du processus hydrophobe sont déterminés expérimentalement par une régression non linéaire de la représentation portant log k’ en fonction de la concentration saline [NaCl]. D’autre part, l’utilisation du chlorure de sodium (contre-ion monovalent) implique à nouveau que les valeurs de Z déterminées expérimentalement correspondent aux nombres de charges apparentes de la protéine (ZP) mises en jeu dans le processus d’adsorption-désorption. Les valeurs des grandeurs log K0, α, Z et γ déterminées pour l’ensemble des protéines figurent dans Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Support silice-polyβ β -CD-(Dext-Ad-COOH) milieu salin composé de NaCl pI log K0 ou α ZP γ ZP / γ 4,4 (±0,2) 6,4 (±0,7) 0,69 5,0 (±0,8) 6,9 (±2,0) 0,72 6,5 (±1,7) 0,69 2,8 (±0,1) 4,6 (±0,4) 0,61 3,1 (±0,1) 4,7 (±0,3) 0,66 7,5 (±0,8) 0,59 pH = 7 α-Chymotrypsine (b) α-ChymotrypsinogèneA(b) Cytochrome c(a) Lysozyme(b) 8,38-8,76 8,8-9,2-9,6 9-9,4 11 -3,7 (±0,3) (α) -4,0 (±1,0) (α) -5,1 (±0,3) (log K0) -3,0 (±0,8) (α) 5,0 (±0,3) 4,5 (±0,7) pH = 6 α-Chymotrypsine(b) α-ChymotrypsinogèneA(b) Cytochrome c(a) Lysozyme(b) 8,38-8,76 8,8-9,2-9,6 9-9,4 11 -2,3 (±0,1) (α) -2,4 (±0,1) (α) -4,4 (±0,3) (log K0) -3,6 (±0,3) (α) 222 3,8 (±0,2) 4,4 (±0,3) CHAPITRE III Tableau III-9 : Valeurs de log K0, α, ZP et γ (à pH = 7 et pH = 6 en milieu salin composé de NaCl) de quelques protéines basiques analysées sur le support échangeur de cations de type silice-polyβ β-CD-(DextAd-COOH). Ces valeurs sont déterminées expérimentalement à partir du modèle du déplacement stoechiométrique considérant un unique processus ionique (Cf. Erreur ! Source du renvoi introuvable.) (a) ou un processus mixte ionique et hydrophobe (Cf. Erreur ! Source du renvoi introuvable.) (b). De même que dans le cas du support échangeur d’anions, les valeurs de ZP déterminées ne sont pas en accord strict avec le pI des protéines. Par exemple, le lysozyme qui possède le pI le plus éloigné du pH de l’étude présente néanmoins un nombre de charges apparentes plus faible par rapport à l’α-chymotrypsine ou l’α-chymotrypsinogène A. Ce résultat indique que la totalité des charges contenues dans les protéines n’est pas accessible au support. D’autre part, il semblerait que le modèle théorique décrivant un processus mixte de type ionique et hydrophobe n’ajuste pas parfaitement les données expérimentales. Ceci pourrait alors entraîner une détermination approchée des paramètres α, ZP et γ. Par ailleurs, le rapport Z/γ peut également être utilisé pour comparer la rétention d’une protéine sur des phases stationnaires différentes ou pour comparer diverses protéines sur un même support. Ce rapport permet d’estimer l’importance relative des processus ionique et hydrophobe dans le phénomène de rétention de la protéine et traduit en quelque sorte le nombre moyen de charge par unité de surface hydrophobe de la protéine ; il s’agit donc d’une densité de charges87. Dans le cas présent, les densités de charges calculées à pH = 7 pour l’αchymotrypsine, l’α-chymotrypsinogène A et le lysozyme sont de l’ordre de 0,7 (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Melander et coll.87 ont mesuré au même pH et sur un échangeur de cations faible (Zorbax WCX-300) des rapports plus élevés, avec pour comparaison des valeurs de 1,15 et 1,62 respectivement pour l’α-chymotrypsinogène A et le lysozyme. Ces résultats indiquent que la contribution des effets hydrophobes du support de silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-COOH) est plus importante que celle relative à la phase stationnaire utilisée par les auteurs. Ceci pourrait par ailleurs expliquer le fait que pour le support de l’étude, les valeurs de Z/γ déterminées pour l’α-chymotrypsine, l’αchymotrypsinogène A et le lysozyme sont similaires. 223 CHAPITRE III b) Influence du pH sur la rétention des protéines et sur les paramètres caractéristiques des systèmes protéine-support mis en jeu Une étude ultérieure a consisté à évaluer l’influence du pH de la phase mobile sur la rétention des protéines et sur les paramètres caractéristiques ZP et γ des systèmes biomoléculesupport mis en jeu. Les paramètres log K0, α , ZP et γ déterminés à pH = 6, suivant la même méthode que pour l’étude à pH = 7, sont reportés dans le Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Les valeurs de ZP déterminées à pH = 6 pour l’α-chymotrypsine, l’αchymotrypsinogène A et le cytochrome c sont plus faibles que les valeurs obtenues à pH = 7. Par contre, la valeur de ZP relative au lysozyme semble ne pas varier dans cette même gamme de pH. Pour l’α-chymotrypsinogène A et le lysozyme, une évolution similaire a déjà été observée par Melander et coll.87 sur un support échangeur de cations faible à base de COOH (Zorbax WCX-300) mais le phénomène inverse à celui de l’étude avait été constaté pour le cytochrome c. D’autre part, les valeurs du paramètre hydrophobe γ déterminées à pH = 6 pour l’αchymotrypsine, l’α-chymotrypsinogène A sont plus faibles qu’à pH = 7 alors que l’inverse est observé pour le lysozyme. Le résultat obtenu pour le lysozyme est identique à celui reporté par Melander et coll.87 mais les auteurs avaient observé une évolution inverse à celle de l’étude pour l’α-chymotrypsinogène A. Lorsque le pH de la phase mobile est diminué de la valeur 7 à 6, plusieurs phénomènes peuvent se produire simultanément. Tout d’abord, le degré d’ionisation des fonctions acide carboxylique (pKa = 3,3-4,5123) de la phase stationnaire tend à diminuer comme le prouvent les valeurs de capacité d’échange mesurées à ces deux pH (11,6. 10-2 meq/g à pH = 6 et 13,1.10-2 meq/g à pH =7). Ce phénomène devrait alors s’accompagner d’une diminution de la valeur de ZP et le support devenant plus hydrophobe, d’une augmentation de la valeur de γ. D’autre part, lorsque le pH diminue de 7 à 6, la charge nette des protéines analysées tend à augmenter, du fait de l’ionisation des groupements histidine dont le groupement imidazole de la chaîne latérale possède un pI de 5,97. Ce phénomène devrait alors s’accompagner d’une augmentation de ZP et d’une diminution de γ, l’intensité de ces variations étant fonction de la teneur en histidine de la protéine. Ainsi, selon la nature de la protéine, ces deux effets 224 CHAPITRE III antagonistes vont engendrer soit une augmentation, soit une diminution des paramètres ZP et γ. Par ailleurs, il faut noter que la variation du pH de la phase mobile peut s’accompagner de phénomènes complexes, tels que des changements conformationnels des biomolécules ou du support, qui interviennent également dans l’évolution des paramètres ZP et γ. c) Séparation d’un mélange de protéines Le support échangeur de cations de silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-COOH) a ensuite été testé pour la séparation d’un mélange de protéines basiques (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). La force ionique maximale du gradient en sel mis en jeu a été choisie à partir des courbes présentées en Erreur ! Source du renvoi introuvable., de telle façon à ce que les protéines présentent une affinité minimale pour le support, et ce, afin de réduire au maximum le temps de l’analyse. Ainsi une concentration finale en sel de 0,3 M a été utilisée. Densité optique (unité d'absorbance) [NaCl] (M) Cytochrome c 0,5 0,4 0,3 0,2 Lysozyme α -Chymoptrypsine 0,1 0,0 0 5 10 15 20 25 Temps (min) Figure III-13 : Séparation d’un mélange de protéines basiques sur le support échangeur de cations de type silice-polyβ β-CD-(Dext-Ad-COOH). Conditions chromatographiques : protéines à 1 mg/mL dans un tampon Tris à 20mM de pH = 7 ; éluant : tampon Tris à 20mM de pH = 7 de concentration croissante en NaCl ; profil du gradient : à t = 0 min, [NaCl] = 0,075 M ; à t = 3 min, [NaCl] = 0,075 M ; à t = 4 min, [NaCl] = 0,12 M ; à t = 12 min, [NaCl] = 0,12 M ; à t = 13 min, [NaCl] = 0,30 M ; débit de la phase mobile : 1 mL/min ; détection UV à 280 nm 225 CHAPITRE III Le cytochrome c et l’α-chymotrypsine sont correctement séparés par le support avec un facteur de résolution (RS) (Cf. Annexe 14) de 1,35, par contre l’α-chymotrypsine reste trop proche de l’α-chymotrypsinogène A avec une valeur de RS égale à 0,69. D’un point de vue plus général, la séparation obtenue présente des pics de solutés assez larges. Il est probable qu’une séparation correcte d’un mélange de protéines sur le support actuel soit rendue impossible par la présence des interactions de type hydrophobe. En effet, dans le cas d’une séparation de protéines par chromatographie ionique, une concentration en sel élevée doit être utilisée pour réduire le temps de l’analyse et améliorer l’efficacité de la colonne. Or, dans le cas présent, l’utilisation d’une force ionique élevée s’avère impossible, au risque de faire intervenir le processus hydrophobe qui induirait alors une forte rétention des protéines sur le support et conduirait ainsi à des effets inverses de ceux recherchés. Pour la présente étude, le gradient en sel utilisé fait donc appel à une concentration saline maximale peu importante de 0,3 M. Malgré cela, il semble que des interactions hydrophobes soient déjà présentes à cette force ionique, notamment pour le lysozyme (Cf. Erreur ! Source du renvoi introuvable.), et empêche une séparation rapide et efficace des protéines. Par ailleurs, un second phénomène pourrait expliquer en partie la largeur importante des pics : il est probable que la couche de dextrane immobilisée sur la surface de silice-polyβ-CD (porosité 30 nm) réduise la taille apparente des pores et diminue ainsi la vitesse du transfert de masse des protéines aux groupements fonctionnels du support. II.4 – Analyse des protéines sur le support d’interaction hydrophobe de type silice-polyβ β-CD-(Dext-Ad-C8) II.4.1 – Analyse des protéines sur le support d’interaction hydrophobe de type silice-polyβ β-CD-(Dext-Ad-C8) Le support d’interaction hydrophobe de silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-C8) élaboré a été appliqué à l’étude de la rétention de quelques protéines. L’évolution de la rétention d’un certain nombre de biomacromolécules en fonction de la concentration en sel de l’éluant est reportée sur la Erreur ! Source du renvoi introuvable.. 226 CHAPITRE III α-Lactalbumine Albumine du sérum humain (ASH) Albumine du sérum bovin (ASB) Ovalbumine β-Lactoglobuline A β-Lactoglobuline B β-Lactoglobuline α-Chymotrypsine α-Chymotrypsinogène A Cytochrome c Lysozyme 40 30 k' 20 10 0 0,0 0,5 1,0 1,5 [(NH4)2SO4] (M) Figure III-14 : Evolution du facteur de rétention de quelques protéines sur le support d’interaction hydrophobe de silice-polyβ β-CD-(Dext-Ad-C8). Conditions chromatographiques : protéines à 1 mg/mL dans un tampon Tris à 20mM de pH = 7 ; éluant : tampon Tris à 20mM de pH = 7 à différentes concentrations en (NH4)2SO4 ; débit de la phase mobile : 1 mL/min ; détection UV à 280 nm La rétention des protéines augmente avec la concentration en sel de l’éluant, ce qui indique que les biomolécules entrent dans un processus d’interaction hydrophobe avec le support. Ainsi, le modèle de Melander et Horvath (énoncé au paragraphe I.4.3 de ce chapitre par l’Erreur ! Source du renvoi introuvable.) décrivant l’effet de sels sur la rétention des protéines en HIC a été appliqué (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). 227 CHAPITRE III α-Lactalbumine Albumine du sérum humain (ASH) Albumine du sérum bovin (ASB) Ovalbumine α-Chymotrypsine α-Chymotrypsinogène A Lysozyme 1,5 1,0 log k' 0,5 0,0 -0,5 -1,0 0,0 0,5 1,0 1,5 [(NH4)2SO4] (M) Figure III-15 : Application du modèle de Melander et Horvath (Cf. Erreur ! Source du renvoi introuvable.) à l’étude de la rétention de protéines sur le support d’interaction hydrophobe de silice-polyβ β-CD-(Dext-AdC8). Conditions chromatographiques : identiques à celles de la Erreur ! Source du renvoi introuvable. Les courbes obtenues représentant l’évolution du logarithme décimal du facteur de rétention (log k’) des protéines en fonction de la concentration en sel de la phase mobile sont, comme fréquemment noté dans la littérature57, incurvées plutôt que linéaires. Néanmoins, aux forces ioniques les plus élevées, le logarithme décimal du facteur de rétention des protéines (log k’) varie linéairement avec la concentration molaire en sel ([(NH4)2SO4]) de l’éluant, ce qui indique que le modèle de Melander et Horvath est vérifié par l’ensemble des protéines. Les paramètres log k’0 et H (définis au paragraphe I.4.3 de ce chapitre) caractéristiques du système chromatographique mis en jeu sont donc déterminés expérimentalement sur cette zone, respectivement à partir de l’ordonnée à l’origine et de la pente des représentations portant log k’ en fonction de la concentration en sel [(NH4)2SO4]. Les valeurs obtenues sont reportées dans le Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Support silice-polyβ -CD-(Dext-Ad-C8) pH = 7, milieu salin composé de (NH4)2SO4 pI log k’0 228 H CHAPITRE III α-Lactalbumine 4,2-4,5 -1,2 (±0,1) -2,1 (±0,1) Albumine du sérum 4,4-4,8 -2,2 (±0,7) -2,9 (±0,7) 4,7 -2,6 (±0,4) -3,0 (±0,4) 4,7 -1,8 (±0,2) -1,6 (±0,1) 8,38-8,76 -1,6 (±0,4) -2,1 (±0,4) 8,8-9,2-9,6 -1,1 (±0,2) -2,1 (±0,3) 11 -1,5 (±0,2) -1,9 (±0,2) humain (ASH) Albumine du sérum bovin (ASB) Ovalbumine α-Chymotrypsine α-Chymotrypsinogène A Lysozyme Tableau III-10 : Valeurs de log k’0 et H (à pH = 7 et en milieu salin composé de (NH4)2SO4) de quelques protéines hydrophobes analysées sur le support d’interaction hydrophobe de type silice-polyβ β-CD-(DextAd-C8). Ces valeurs sont déterminées expérimentalement à partir du modèle du de Melander et Horvath (Cf. Erreur ! Source du renvoi introuvable.) Au cours des études précédentes concernant la chromatographie d’échange d’ions, il est apparu que le support de base de silice-polyβ-CD possédait des motifs hydrophobes, provenant du réactif de couplage (1,4-diisocyanatobutane), susceptibles d’interagir avec les protéines analysées. Ainsi, dans le cas du support de silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-C8), la rétention de protéines hydrophobes pourrait être gouvernée non seulement pas les chaînons octyle immobilisés sur le support, mais également par les sites non spécifiques présents sur le support de base de silice-polyβ-CD. Cependant, la quantité de Dext-Ad-C8 immobilisée à la surface de la silice étant relativement importante (80 mg/g de support), il est probable que le support de base soit totalement masqué. Cette hypothèse est d’ailleurs vérifiée par la comparaison, aux plus faibles forces ioniques, de la rétention de quelques protéines hydrophobes sur le support de silice-polyβ-CD, avant et après immobilisation du dextrane modifié Dext-Ad-C8 (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). 229 CHAPITRE III Avant et après immobilisation du Dext-Ad-C8 α-Lactalbumine α-Chymotrypsine α-Chymotrypsinogène A Lysozyme 30 k' 20 10 0 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5 [(NH4)2SO4] (M) Figure III-16 : Comparaison du facteur de rétention de quelques protéines hydrophobes sur le support de base de silice-polyβ β-CD, avant et après immobilisation du polymère Dext-Ad-C8. Sur la gamme de concentrations salines étudiées, la rétention négligeable des protéines hydrophobes sur le support de silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-C8) comparativement au support de base de silice-polyβ-CD indique que les sites apolaires diisocyanatobutane sont totalement écrantés. Ainsi, les paramètres reportés dans le Erreur ! Source du renvoi introuvable. sont uniquement caractéristiques d’un processus hydrophobe entre les protéines et les chaînons octyle de la phase stationnaire. Les valeurs de H déterminées dans le cas présent sont du même ordre de grandeur que celles reportées dans la littérature. A titre d’exemple, Fausnaugh et Regnier124 ont déterminé sur un support de HIC à base de groupements phényle (colonne TSKgel Phenyl-PW) et en présence de sel (NH4)2SO4 dans la phase mobile, une valeur de H de -2,8 et -1,8 respectivement pour l’ovalbumine et le lysozyme. Cette comparaison reste néanmoins approchée car le paramètre H est fonction de nombreux facteurs tels que la nature de la protéine et du sel mais aussi de la nature du support et de la densité et de la distribution des sites hydrophobes à sa surface. 230 CHAPITRE III II.4.2 – Séparation d’un mélange de protéines à caractère hydrophobe sur le support Le support d’interaction hydrophobe de silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-C8) a ensuite été mis en œuvre pour séparer un mélange de protéines constitutives du blanc d’oeuf (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Densité optique (unité d'absorbance) [(NH4)2SO4] (M) Lysozyme 2,0 2,0 1,5 1,5 Ovalbumine 1,0 1,0 Conalbumine * 0,5 0,5 0,0 0,0 0 5 10 15 Temps (min) Figure III-17 : Séparation d’un mélange de protéines contenues dans le blanc d’oeuf sur le support d’interaction hydrophobe de type silice-polyβ β -CD-(Dext-Ad-C8). Conditions chromatographiques : protéines à 1 mg/mL dans un tampon Tris à 20mM de pH = 7 ; éluant : tampon Tris à 20mM de pH = 7 de concentration décroissante en (NH4)2SO4, ; profil du gradient : à t = 0 min, [(NH4)2SO4] = 1,4 M ; à t = 0,01 min, [(NH4)2SO4] = 1,0 M ; à t = 2 min, [(NH4)2SO4] = 1,0 M ; à t = 3,5 min, [(NH4)2SO4] = 0 M ; débit de la phase mobile : 1 mL/min ; détection UV à 280 nm ; (*) impureté Les biomolécules sont séparées avec un facteur de résolution (RS) de 1,35 et 1,00 respectivement entre la conalbumine et l’ovalbumine et entre l’ovalbumine et le lysozyme. La séparation est plus rapide et les pics de solutés sont plus fins comparativement à la séparation effectuée sur le support échangeur de cations. En effet, la phase stationnaire actuelle d’interaction hydrophobe ne présente pas d’interactions non spécifiques de type ionique. Il est alors possible d’utiliser un gradient de concentration décroissante en sel jusqu’à la valeur 0 M sans pour autant engendrer de processus ionique supplémentaire, et permettant alors d’obtenir une séparation plus rapide et de meilleure qualité d’un mélange de protéines. 231 CHAPITRE III Néanmoins la largeur des pics de solutés reste relativement importante, avec par exemple une hauteur équivalente d’un plateau théorique (HEPT) (Cf. Annexe 14) égale à 8,5 mm pour le lysozyme. Ceci suggère que des facteurs autres que la présence d’un processus mixte (ionique + hydrophobe) doivent être responsables de la cinétique lente du transfert de masse des protéines aux groupements fonctionnels du support. II.5 – Amélioration de l’efficacité des colonnes Au cours des études précédentes, il est apparu que les supports de fonctionnalités variables élaborés conduisaient à des pics de solutés assez larges. Plusieurs facteurs pourraient être responsables de ce résultat. Dans le cas des supports ioniques, les interactions hydrophobes non spécifiques sont sans doute une des principales causes de la largeur importante des pics. Dans le cas du support d’interaction hydrophobe qui ne présente pas d’interactions non spécifiques, il est probable que les biomolécules accèdent difficilement aux sites actifs du support du fait d’un transfert difficile au travers des pores. Une des raisons à ce phénomène pourrait être la masse moléculaire relativement importante (de l’ordre de 40 000 g/mol) du dextrane utilisé pour fonctionnaliser le support de base de porosité 30 nm. Afin de vérifier cette hypothèse, une étude a consisté à élaborer une phase chromatographique à partir d’un dextrane de masse moléculaire plus faible (M = 10 000 g/mol) et à examiner l’effet de ce changement sur les propriétés de la colonne. Afin de n’observer que l’influence de la masse moléculaire du dextrane immobilisé sur l’efficacité de la colonne, les interactions non spécifiques protéine-support doivent être éliminées. Précédemment, il a été montré que la quantité importante de Dext40-Ad-C8 fixée sur la silice-polyβ-CD (80 mg/g de silice) permettait d’écranter totalement les groupements hydrophobes du support de base et, par conséquent, d’éliminer les interactions hydrophobes non spécifiques protéine-support (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Ainsi, une nouvelle phase stationnaire de type hydrophobe a été préparée en immobilisant comme décrit précédemment (Cf. Paragraphe II.1 de ce chapitre), un polymère de Dext-Ad-C8 de masse 10 000 g/mol dans une colonne de silice-polyβ-CD jusqu’à saturation de cette dernière. Cependant, à rétention égale, l’efficacité de la colonne obtenue est très voisine de celle préparée à partir d’un dextrane de masse moléculaire 40 000 g/mol. En effet, si la grande quantité de Dext-Ad-C8 immobilisée présente l’intérêt de masquer parfaitement le support de 232 CHAPITRE III base, il en découle par ailleurs un désavantage. Il est tout à fait possible que le dextrane immobilisé s’agence en une multicouche qui obstrue les pores et au sein de laquelle le transfert des protéines est rendu très difficile. Des études complémentaires sur des supports de porosité plus élevée pourraient alors être envisagées II.6 – Régénération des colonnes L’utilisation fréquente d’une phase chromatographique peut altérer les propriétés d’échange ou d’interaction de cette dernière. Il serait alors intéressant de pouvoir préparer rapidement un nouveau support sans être obligé de reconduire le protocole expérimental depuis sa première étape opératoire. Dans le cas présent, la couche de dextrane modifié DextAd-R adsorbée sur le support de silice-polyβ-CD étant responsable des propriétés chromatographiques de la colonne, il serait avantageux de pouvoir éliminer rapidement cette couche de polymère et de la remplacer par une nouvelle. C’est en partie pour répondre à cette demande que le mode de synthèse choisi fait appel à un système fondé sur la formation de complexes d’inclusion qui se sont révélés être réversibles dans le cas des biocapteurs119. Par ailleurs, les deux types de supports élaborés (support échangeur d’ions ou support d’interaction hydrophobe) reposant sur le même principe de préparation, la régénération des colonnes a été testée uniquement sur un des deux types de phases chromatographiques. Le support d’interaction hydrophobe de type silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-C8) a semblé être le meilleur candidat pour cette étude. En effet, d’une part la quantité de Dext-Ad-C8 immobilisée sur le support est supérieure à celles obtenues avec le Dext-Ad-COOH et le Dext-Ad-DEAE, d’autre part, du fait de la présence des chaînons octyle sur le polymère, l’affinité du Dext-AdC8 pour la silice-polyβ-CD est probablement supérieure à celles relatives aux dextranes chargés Dext-Ad-COOH et Dext-Ad-DEAE. Ainsi, si la méthode de régénération testée s’avère apte à éliminer la totalité du Dext-Ad-C8 immobilisé sur le support, elle devrait désorber d’autant plus facilement l’ensemble du Dext-Ad-COOH et du Dext-Ad-DEAE adsorbés sur la silice-polyβ-CD. La régénération d’un support de silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-C8) au niveau de la couche du polymère de β-cyclodextrine a donc été testée, l’objectif étant de dissocier les complexes 233 CHAPITRE III d’inclusion formés entre les groupements adamantyle portés par le dextrane et les cavités de cyclodextrine. Pour ce faire, une solution de SDS à 1% en masse dans de l’eau est mise à percoler sur le support de silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-C8) (rinçage d’environ 7h30 min à 1mL/min). Par ailleurs, la qualité de la régénération du support a été vérifiée par injection d’un méthoxy(polyéthylène glycol) de masse 5000 g/mol modifié à une extrémité par un groupement hydrophobe naphtyle (MPEG-Nap). En effet, David et coll.125 ont montré l’existence d’interactions spécifiques entre des MPEG-Nap et une phase stationnaire de silicepolyβ-CD par formation de complexes d’inclusion entre le groupement hydrophobe naphtyle (Nap) à l’extrémité du MPEG et les cavités de β-CD présentes à la surface du support. Ainsi, la comparaison de la rétention du MPEG-Nap sur le support initial de silice-polyβ-CD puis sur la silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-C8) et enfin sur la silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-C8) régénérée donne une indication sur la quantité de β-CD accessible et permettrait de vérifier si la totalité des cavités de CD ont été libérées au cours de la régénération de la colonne. L’ensemble des résultats obtenus au cours de la régénération du support de silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-C8) est regroupé dans le Erreur ! Source du renvoi introuvable.. silice-polyβ -CD silice-polyβ-CD- silice-polyβ -CD- (Dext-Ad-C8) (Dext-Ad-C8) régénérée VR du MPEG-Nap 7,4 0,85 9,6 7,7 0 10,3 (mL) k’ du MPEG-Nap Tableau III-11 : Mise en évidence de l’efficacité du procédé de régénération appliqué à un support de silice-polyβ β-CD-(Dext-Ad-C8) par injections d’un polymère de MPEG-Nap. Conditions chromatographiques : MPEG-Nap (M = 5000 g/mol) à 1 mg/mL dans l’eau ; éluant : eau ; débit de la phase mobile : 1 mL/min ; détection UV à 254 nm En accord avec les données de la littérature125, le MPEG-Nap est retenu par le support initial de silice-polyβ-CD avec un facteur de rétention assez élevé de l’ordre de 7,7. Ce résultat traduit qu’un nombre relativement important de cavités de cyclodextrine interagit avec le MPEG-Nap. Après immobilisation du Dext-Ad-C8 sur la silice-polyβ-CD, la rétention 234 CHAPITRE III du MPEG-Nap sur le support devient nulle. Ce dernier point indique qu’aucune cavité de cyclodextrine n’est restée accessible au polymère et suggère un écrantage total du support de base de silice-polyβ-CD par la couche de dextrane, phénomène déjà observé au paragraphe II.4.1 de ce chapitre. Après régénération du support de silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-C8) par percolation d’une solution de SDS, la rétention du MPEG-Nap redevient importante (k’ = 10,3) et même plus élevée que sur le support d’origine de silice-polyβ-CD (k’ = 7,7). Ce résultat suggère que le nombre de cavités de cyclodextrine accessibles au MPEG-Nap est plus important sur le support régénéré comparativement à celui relatif au support de silice-polyβCD de la première étape. Ainsi, le support de silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-C8) a sans doute été régénéré au niveau du polymère de cyclodextrine et il est de plus probable que l’utilisation du SDS ait conduit à libérer certaines cavités de cyclodextrine initialement occupées par des produits de synthèse, tels que la pyridine ou la DMAP, utilisés lors l’élaboration de la silicepolyβ-CD (Cf. Chapitre II). III - Mise en jeu d’un complexe d’inclusion à base de cyclodextrine pour l’élaboration de supports chromatographiques destinés à la purification d’antigènes L’objectif de ce travail a été de mettre en œuvre des complexes d’inclusion à base de cyclodextrines afin d’élaborer de façon simple et rapide des supports d’immunoaffinité à vocation préparative. Une étude de faisabilité a été effectuée en greffant sur un support de silice, un anticorps polyclonal anti-albumine du sérum humain (anti-ASH). Le support ainsi obtenu a été testé quant à sa capacité à fixer spécifiquement l’antigène correspondant : l’albumine du sérum humaine (ASH) III.1 – Présentation du système antigène-anticorps étudié 235 CHAPITRE III III.1.1 - Albumine du sérum humain (ASH) a) Composition de l’albumine du sérum humain (ASH) L’albumine du sérum humain (ASH) est une protéine de masse moléculaire proche de 69 000 g/mol. Sa séquence primaire a été déterminée simultanément par Behrens et coll.126 et par Meloun et coll.127 en 1975 : la molécule d’ASH est constituée d’une seule chaîne polypeptidique contenant 585 résidus d’acides aminés. La molécule d’albumine présente la particularité de contenir peu de méthionine et un seul tryptophane (en position 214). Par contre, elle est composée de nombreuses cystéines et acides aminés chargés (99 acides chargés positivement et 97 chargés négativement) tels que l’acide aspartique, l’acide glutamique, la lysine et l’arginine. Son point isoélectrique est de 4,8 et sa charge globale à pH = 7 est de -15 eq/mol. Les principales propriétés physico-chimiques de l’albumine sont résumées dans le Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Sur l’ensemble de la structure de la protéine, seul un résidu cystéine (en position 34), protégé de l’oxydation du fait de facteurs stériques, présente un groupement thiol libre. Les autres résidus cystéine sont reliés par de nombreux ponts disulfure (au nombre de 17 au total) qui confèrent à la protéine une grande stabilité ainsi qu’une conformation particulière avec 9 boucles réparties en 3 domaines homogènes. Masse molaire (g/mol) 69 000 Masse volumique (g/cm3) 1,35 Forme Ellipsoïde 3 Taille (nm ) 15 × 3,8 × 3,8 Point isoélectrique (unité de pH) 2 4,8 Coefficient de diffusion (cm /s) 0,61.10-6 Viscosité intrinsèque (cm3/g) 0,041 Absorbance (279 nm, 1 mg/mL) (unité de DO) 0,531 Tableau III-12 : Quelques caractéristiques physico-chimiques de l’albumine du sérum humain (ASH), d’après Peters128 236 CHAPITRE III b) Conformation de l’albumine L’albumine est une protéine de forme ellipsoïdale de dimensions 15 × 3,8 × 3,8 nm3. Des études cristallographiques129 menées à 0,28 nm de résolution ont montré que la molécule d’albumine possède une structure cristalline en forme de cœur, assimilée à un triangle équilatéral de 8 nm de côté et de 3 nm d’épaisseur. Chacun des trois domaines homologues est constitué de 10 hélices et 67 % de la structure de la molécule d’albumine est hélicoïdale. Les charges positives et négatives distribuées sur la molécule d’albumine lui confèrent un caractère hydrophile et contribuent à sa grande solubilité en milieu aqueux. D’autre part, la présence de deux domaines hydrophobes lui confère des propriétés amphiphiles129. En solution aqueuse, l’albumine peut subir des changements réversibles de sa conformation moléculaire. Cette propriété confère à la molécule une résistance à des conditions très dures qui provoqueraient la dénaturation de bien d’autres protéines. Ainsi, pour des pH proches de 1 à 2, la chaîne macromoléculaire se déploie et s’allonge, mais ce phénomène est réversible et la molécule peut retrouver sa conformation native. Bien que le domaine de stabilité de l’albumine soit étendu, une dénaturation irréversible peut se produire en milieu basique (pH9) par polymérisation de la protéine et perte des structures hélicoïdales130 ou par oxydation irréversible des ponts disulfure par l’oxygène131,132. En milieu acide, ces ponts sont peu touchés mais la liaison peptidique peut être hydrolysée. c) Fonctions de l’albumine L’albumine est la protéine la plus abondante du plasma sanguin et représente 60% de la totalité des protéines plasmatiques. Sa concentration physiologique est de 42 ± 3,5 mg/mL (636 ± 53 µM) ce qui représente environ une masse de 150 g pour une personne de 70kg possédant un volume plasmatique proche de 3,5 L. L’albumine est détruite par le catabolisme naturel à raison de 14 g par jour, cette consommation est alors compensée par une synthèse hépatique de l’ordre de 0,7 mg par gramme de foie et par heure. Le taux d’albumine est maintenu constant par le contrôle de son gène par des hormones telles que l’insuline ou la somatotropine. Le temps de demi-vie de l’albumine est de 19 jours. L’albumine joue de nombreux rôles physiologiques dont la régulation de la pression osmotique dans l’organisme et la régulation du pH sanguin. Elle est capable de se lier 237 CHAPITRE III réversiblement à de nombreuses substances telles que des acides gras (linoléate, oléate, palmitate), des acides aminés (notamment le tryptophane et la cystéine), des hormones (stéroides, estradiol, progestérone), des ions métalliques (calcium, cuivre, zinc) et de nombreuses substances à usage thérapeutique133. De ce fait, elle intervient également dans les processus de régulation, de transport, de distribution et de métabolisation de nombreux composés endogènes ou exogènes. III.1.2 – Anticorps anti-albumine du sérum humain Les études présentées par la suite ont été effectuées avec un anticorps particulier antialbumine du sérum humain mais l’exposé ci-dessous décrit la notion générale d’anticorps134. a) Introduction à la réponse immunitaire chez les vertébrés : notions d’antigène et d’anticorps Les vertébrés ont développé un système immunitaire qui fournit des défenses spécifiques contre presque n’importe quel microorganisme ou autre substance étrangère pénétrant le corps. Les substances étrangères qui provoquent une réponse immunitaire sont appelées des antigènes. Le système immunitaire possède deux types de défenses contre les antigènes (microorganismes) : des protéines circulantes, appelées anticorps ou immunoglobulines (Ig), qui se fixent aux antigènes et les inactivent ou provoquent leur destruction ; des cellules spécialisées, ayant des récepteurs de surface capables de reconnaître une attaque spécifique d’antigènes et de les détruire. Le premier type de réponse s’appelle immunité humorale et le second, immunité à médiation cellulaire. Les réponses immunitaires sont effectuées par les lymphocytes. Ce sont de petites cellules rondes qui prennent naissance dans la moelle osseuse d’animaux adultes et qui, après maturation, circulent dans la lymphe et dans les systèmes circulatoires. Il existe deux classes principales de lymphocytes : les lymphocytes B, qui synthétisent les anticorps, et les lymphocytes T, qui effectuent les réponses immunitaires à médiation cellulaire en utilisant des récepteurs de cellules T ancrés dans la membrane et spécifiques d’antigènes. La capacité qu’ont les molécules d’anticorps et les récepteurs de cellules T d’interagir spécifiquement avec les antigènes est une conséquence de leurs séquences particulières d’acides aminés135. 238 CHAPITRE III Selon la théorie de la sélection clonale136, chaque lymphocyte B synthétise un anticorps n’ayant qu’une seule spécificité, et chaque cellule T n’a qu’un seul type de récepteur d’antigène. Structure des molécules typiques d’anticorpsb)137-139 Les molécules typiques d’anticorps sont des protéines de masse moléculaire proche de 150 000 g/mol et constituées par quatre chaînes polypeptidiques. Plus précisément, il existe deux chaînes légères identiques, contenant chacune environ 220 acides aminés, et deux chaînes lourdes identiques, contenant chacune environ 440 acides aminés (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Chaque chaîne légère est liée à une chaîne lourde par un pont disulfure et il existe également des ponts disulfure entre les deux chaînes lourdes. De plus, chacune des quatre chaînes polypeptidiques possède également des ponts disulfure intrachaînes, régulièrement espacés. Des résidus glucidiques sont attachés aux chaînes lourdes, faisant ainsi des molécules d’anticorps des glycoprotéines. Figure III-18 : Modèle de structure d’une molécule typique d’anticorps humain, composé de deux chaînes polypeptidiques légères et de deux chaînes polypeptidiques lourdes. Le groupement CHO indique la position approximative de la chaîne glucidique dans la chaîne lourde. Deux sites actifs identiques de combinaison antigénique sont situés dans les bras de la molécule. 239 CHAPITRE III Ces quatre chaînes polypeptidiques sont organisées de telle sorte que chaque molécule d’anticorps contient deux sites identiques de fixation d’antigènes, largement séparés, et dont chacun peut se combiner à un antigène en utilisant des liaisons secondaires pour maintenir ensemble leurs surfaces complémentaires. L’examen d’anticorps au microscope électronique révèle des molécules généralement en forme de Y avec un de ces sites actifs à l’extrémité de chaque bras. Chaque bras est articulé efficacement autour de l’axe central, la distance entre les sites actifs augmentant parfois lorsqu’ils sont liés à un antigène. Une partie des premiers renseignements sur la structure des anticorps et sur la relation structure-fonction provient d’expériences de dégradation des molécules d’anticorps avec des enzymes protéolytiques : la papaïne et la pepsine (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). La papaïne produit deux fragments identiques d’attachement à l’antigène, appelés fragments Fab pour « Fragment Antigen Binding », ayant chacun un seul site de fixation de l’antigène, et un fragment Fc pour « Fragment cristallisable », dont le nom reflète sa capacité à se cristalliser aisément. Le traitement par la pepsine donne un fragment F(ab)’2 qui possède deux sites de liaison antigénique et demeure capable de faire des pontages avec des antigènes. Figure III-19 : Création des fragments Fab, Fc et F(ab’)2 par digestion protéolytique spécifique de molécules d’anticorps 240 CHAPITRE III La région Fc, assure ce que l’on appelle les fonctions effectrices de la molécule. Les fonctions effectrices sont les diverses activités que doivent assumer les anticorps en plus de la fixation d’antigènes. Ainsi, par exemple, les complexes antigène-anticorps doivent interagir avec les phagocytes qui les ingéreront, et cette interaction se produit entre ces cellules et les régions Fc. Une autre fonction effectrice de ces régions est l’interaction avec une série de protéines du sang appelées collectivement le système du complément. Lorsque des protéines du complément s’attachent à un des complexes antigène-anticorps, elles peuvent provoquer la destruction (lyse) de l’antigène. c) Les chaînes lourdes et légères possèdent des régions variables pour la reconnaissance des antigènes et des régions constantes pour leurs fonctions effectrices140-142 Des cartographies de peptides issus de l’action de la trypsine sur différents anticorps ont mis en évidence la présence de régions variables (V) et de régions constantes (C) sur les chaînes polypeptidiques constitutives des anticorps (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Ce sont les régions V des chaînes lourdes et légères qui, ensemble, forment les sites de combinaison antigéniques. La variabilité de la séquence en acides aminés n’est pas uniformément distribuée sur les régions variables. Elle est concentrée dans trois segments appelés régions déterminant la complémentarité avec l’antigène (CDR = complemantarity determining regions) ou régions hypervariables. Ce sont ces régions hypervariables qui tapissent les parois des cavités de fixation des antigènes dans les molécules natives d’anticorps. d) Interaction antigène-anticorps Un anticorps donné reconnaît une région bien précise de l’antigène correspondant appelée épitope. Dans le cas des antigènes protéiques l’épitope est formé par un ensemble de résidus peptidiques voisins. Il peut s’agir d’acides aminés qui se succèdent dans la structure primaire de la protéine ou d’acides aminés rapprochés dans l’espace par le reploiement de la chaîne macromoléculaire. L’épitope est une partie relativement petite de l’antigène et il est parfois possible de trouver une structure identique ou très voisine sur une autre molécule. L’anticorps va pouvoir interagir également avec cet autre antigène et on parle alors de 241 CHAPITRE III réaction croisée143,144. Lorsqu’une telle réaction a lieu, l’affinité de l’anticorps pour le second site est plus faible que son affinité pour l’épitope. Le complexe antigène-anticorps est établi uniquement par des liaisons non covalentes de faible énergie telles que les liaisons hydrogène, les forces de Van der Waals, les interactions électrostatiques et les interactions hydrophobes. L’affinité d’un anticorps pour l’antigène correspondant est fortement dépendante de la complémentarité stérique de ces deux entités. Le complexe obtenu sera d’autant plus stable qu’une complémentarité parfaite s’établit entre les deux molécules. Des changements mineurs dans la structure de l’antigène145 ou la modification de certaines résidus acides aminés au niveau du site de fixation de l’anticorps peuvent diminuer considérablement la stabilité du complexe antigène-anticorps. L’interaction entre un antigène et un anticorps est un phénomène réversible. Une modification des propriétés physico-chimiques du milieu peut favoriser l’association ou la dissociation du complexe. Ainsi, en immunochromatographie, il est possible de dissocier le complexe antigène-anticorps en faisant varier la phase mobile146 (modification du pH, de la force ionique ou de la composition de l’éluant) ou en jouant sur la température. e) Présentation des différentes classes d’anticorps139 Pour les chaînes légères, il existe deux types principaux de régions constantes différant par leur séquence d’acides aminés et définissant deux types de chaînes légères, appelés κ et λ. Les régions constantes des chaînes légères κ et λ sont homologues à environ 30 à 40%. Les molécules d’anticorps peuvent être attribuées à différentes classes, selon la séquence d’acides aminés de la région constante de leurs chaînes lourdes. Le résultat de ces différences de séquences d’acides aminés est que des molécules d’anticorps appartenant à certaines classes sont composées de plus d’un tétramère de chaînes légères et lourdes ; des molécules appartenant à des classes différentes peuvent également différer quant aux positions des ponts disulfure qui relient leurs deux chaînes lourdes. La conséquence la plus importante de ces différences de séquences d’acides aminés est que des fonctions biologiques distinctes sont conférées à des classes différentes d’anticorps. Il existe cinq classes principales d’anticorps, appelées IgA, IgD, IgE, IgG et IgM, et certaines d’entres elles peuvent être divisées en sous-classes (par exemple IgG1). Les régions constantes de chaînes lourdes qui correspondent aux différentes classes d’anticorps sont appelées α,δ,ε,γ et µ. Leurs séquences 242 CHAPITRE III d’acides aminées sont homologues à environ 40%. La Erreur ! Source du renvoi introuvable. représente les structures des différentes classes de molécules d’anticorps, et leurs propriétés sont résumées dans le Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Figure III-20 : Structures des sous unités de différentes classes d’immunoglobulines humaines. Les ponts disulfure sont indiqués par –S-S-. Les IgG1, IgG2, IgG3 et IgG4 sont des sous-classes d’IgG ; les IgA1 et IgA2 sont des sous-classes monomériques d’IgA. La chaîne polypetidique J réunit la forme polymérique d’IgA et peut initier la jonction des cinq sous-unités qui incluent des molécules extracellulaires d’IgM. 243 CHAPITRE III Classes d’anticorps Propriété IgM IgD IgG IgA IgE Chaîne lourde µ δ γ α ε Chaîne légère κ ou λ κ ou λ κ ou λ κ ou λ κ ou λ 5 1 1 1 ou 2 1 Structure (µ2 κ2)5 ou (µ2 λ 2)5 δ2 κ2 ou δ2 λ 2 γ2 κ2 ou γ2 λ 2 (α2 κ2)1−2 ou (α2 λ 2)1-2 ε2 κ2 ou ε2 λ 2 Masse moléculaire (g/mol) 900 000 185 000 150 000 160 000 ou 200 000 Nombre d’unités Y 320 000 % dans le sérum 6 1 80 13 0,002 Taux de glucides (%) 12 13 3 8 12 + − + − − − − Fonction biologique : - Active le complément - Franchit le placenta − − + - Premier anticorps qui + − − − − -Sécrétions élevées − − − + − - Réactions allergiques dues à − − − − + apparaît après immunisation une interaction avec d’autres types de cellules Tableau III-13 : Propriétés des principales classes d’anticorps chez l’homme. (+) indique que l’anticorps possède la propriété alors que (−) −) indique que l’anticorps ne possède pas la propriété Différentes classes d’anticorps ont évolué pour assumer des fonctions spécialisées. Par exemple, les pentamères IgM apparaissent tôt au cours des réponses immunitaires primaires ; puis, au cours des réponses secondaires, ils sont largement remplacés par les anticorps IgG plus courants. Les anticorps IgG sont les seuls qui puissent traverser le placenta pour aller de la mère au fœtus durant la grossesse. Les molécules IgA sont celles que l’on trouve habituellement dans les sécrétions (larmes, salive, lait, etc.). Le comportement différent des 244 CHAPITRE III molécules est dû aux régions constantes de leurs chaînes lourdes. Ainsi, par exemple, des récepteurs spécifiques sur des cellules du placenta reconnaissent la région constante des molécules IgG, ce qui provoque leur ingestion par endocytose, leur transfert à travers la cellule et leur libération dans le sang fœtal de l’autre côté de la cellule. Ces diverses fonctions que remplissent les anticorps font partie des fonctions effectrices. III.2 – Préparation du support chromatographique d’immunoaffinité destiné à la purification de l’albumine du sérum humain (ASH) La préparation d’un support d’immunoaffinité pour la purification de l’albumine du sérum humain (ASH) a fait appel à un procédé similaire à celui évoqué précédemment, dans le cas de l’élaboration des supports chromatographiques de fonctionnalités variables pour l’analyse des protéines (paragraphe II de ce chapitre). Autrement dit, la formation de complexes d’inclusion, entre des groupements hydrophobes adamantyle portés par un dextrane et des cavités de β-cyclodextrine, a été de nouveau mise à profit pour simplifier la chimie de surface. III.2.1 – Préparation du support d’immunoaffinité en mode statique (voie 1) Une phase de silice, préalablement greffée par un polymère de β-cyclodextrine (Cf. Chapitre I), a été modifiée par un anticorps anti-albumine humaine (anti-ASH) suivant le protocole décrit par la Erreur ! Source du renvoi introuvable. et les conditions énoncées dans l’annexe 15. Les molécules d’anticorps possédant une taille relativement importante (masse moléculaire de l’ordre de 150 000g/mol), leur immobilisation sur la surface de la silice, ajoutée à celle de la couche initiale de dextrane, entraîne une diminution de la taille initiale des pores. De ce fait, afin de favoriser la cinétique du transfert de masse de l’antigène au travers de la phase stationnaire, un support de porosité élevée de l’ordre de 400 nm a été utilisé. Les propriétés relatives au support de silice-polyβ-CD utilisé sont reportées en annexe 3. 245 CHAPITRE III Dext-Ad-COOH 1er étape COOH Dext-Ad-COOH (30 mg/mL dans eau + NaCl 1 M) TA, 16 h, NaCl (1 M) Si Ad Si COOH Ad 3ème étape COO Anti albumine humaine (5,5 mg/mL dans PBS, 10 mM, pH = 7,2) H2 N 2ème étape NH2 H2N EDC/NHS TA, 1 h, eau NH2 TA, 3 h O O C O O O N C O Ad N Ad O O O Si C O O Si C O NH N O Ad Ad O O C C O NH O N O COO 4ème étape TA, 7 h, PBS (10 mM, pH = 8) Ad O Si C NH Ad O Silice-(anti-ASH) C NH Réaction III-1 : Elaboration du support chromatographique d’immunoaffinité destiné à la purification de l’albumine du sérum humain par synthèse en mode statique 246 CHAPITRE III 1ère étape : Adsorption d’un dextrane modifié par des groupes adamantyle et des fonctions acide carboxylique (Dext-Ad-COOH) La première étape de l’élaboration du support immunologique consiste à adsorber un Dext-Ad-COOH sur un support de silice-polyβ-CD. Cette adsorption, résultant de la formation de complexe d’inclusion entre les groupes adamantyle du polymère et les cavités de β-cyclodextrine du support, s’effectue au cours d’une simple immersion de la phase dans une solution concentrée de dextrane modifié en milieu salin, l’ensemble étant maintenu sous agitation à température ambiante. L’immobilisation du Dext-Ad-COOH sur le support de silice-polyβ-CD a été vérifiée par analyse élémentaire. A partir du taux de carbone, une quantité de 21 mg de Dext-Ad-COOH immobilisé par gramme de silice a été déterminée, ce qui représente une concentration molaire d’environ 5,3.10-2 mmol de fonctions COOH par gramme de silice et une concentration surfacique de 5,3.10-3 mmol de fonctions COOH par mètre carré de silice. 2ème étape : Activation des fonctions acide carboxylique du dextrane Les fonctions acide carboxylique du dextrane sont activées en ester de Nhydroxysuccinimide (ester de NHS) (diméthylaminopropyl)-3-éthylcarbodiimide en présence (EDC), d’hydrochlorure (Erreur ! Source de du 1,3renvoi introuvable.), suivant le mécanisme décrit par la Erreur ! Source du renvoi introuvable.. O H 3C HO N N CH2 CH2 CH2 N C N CH2 CH3 , HCl H 3C EDC (M =191,5g/mol) O NHS (M =115,09g/mol) Figure III-21 : Structure chimique de la N-hydroxysuccinimide (NHS) et de l’hydrochlorure de 1,3(diméthylaminopropyl)-3-éthylcarbodiimide (EDC) 247 CHAPITRE III HN EDC + RCOO R [ RCOO--------EDC ] C O C O formation d'un complexe par interactions ioniques R1 N R2 composé 1 H2O hydrolyse avec R1 = (CH2)3N(CH3)2 NHS R2= CH2-CH3 O R1 NH C NH R2 O + RCOO R C O N O O urée ester de NHS composés 3 composé 2 Réaction III-2 : Mécanisme d’activation de fonctions carboxylate par le mélange NHS/EDC proposé par Johnsson et coll.123 De par la réactivité élevée des esters de NHS vis-à-vis des dérivés aminés, ce système est souvent utilisé pour coupler des protéines à des surfaces123,147-149 et à des matrices telles que l’agarose150. Johnsson et coll.123 ont optimisé les conditions d’activation par le couple NHS/EDC et ont montré que l’introduction simultanée des deux composés limite la réaction secondaire d’hydrolyse du composé intermédiaire (composé 1), et de ce fait, augmente la formation de l’espèce active ester de NHS (composé 2). De plus, un rapport molaire optimal du mélange EDC/NHS égal à 0,2M/0,05M permet également de réduire la réaction d’hydrolyse du composé 1 et conduit en sept minutes à l’activation d’environ 30 à 40% des fonctions. 3ème étape : Greffage de l’anticorps anti-albumine humaine sur les fonctions réactives ester de NHS L’anti-albumine humaine est greffée sur les fonctions réactives du dextrane (ester de NHS) par l’intermédiaire des fonctions NH2 de l’anticorps et via la formation de liaisons amide (Erreur ! Source du renvoi introuvable., composé 4). D’une part, cette réaction est favorisée en milieu basique mais, d’autre part, la stabilité des esters de NHS est d’autant plus 248 CHAPITRE III faible que le pH est élevé150 de par l’existence d’une hydrolyse spontanée en acide carboxylique (Erreur ! Source du renvoi introuvable., composé 5). Un pH intermédiaire de 7,2 a donc été utilisé pour cette étape. R O NH C R' O R'-NH2 composé 4 R C O N O O O H2O hydrolyse RCOO - + HO N ester de NHS composé 5 composé 2 O Réaction III-3 : Mécanisme du couplage des esters de NHS aux fonctions amine Le greffage de l’anti-ASH sur le support de silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-COOH) activé est vérifié par analyse élémentaire (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Silice-polyβ-CD- Silice-(anti-SAH) (Dext-Ad-COOH) Analyse élémentaire %C 2,56 4,14 %N 0,18 0,67 Tableau III-14 : Caractérisation par analyse élémentaire de la silice-polyβ β-CD-(Dext-Ad-COOH) et de la silice-(anti-SAH) L’augmentation du pourcentage de carbone et d’azote observée après percolation de la solution d’anticorps sur le support de silice-polyβ-CD-(Dext-Ad-COOH) suggère la fixation d’anti-ASH sur la phase stationnaire. Néanmoins, la solution commerciale d’anticorps étant constituée d’une importante proportion de protéines autres que l’anticorps spécifique antiSAH, il est tout à fait probable que d’autres types de protéines aient également été greffés sur la phase stationnaire au cours de cette étape et il est alors impossible de déterminer la quantité d’anticorps fixée ainsi que la capacité de liaison du support. 249 CHAPITRE III 4ème étape : Désactivation des fonctions réactives ester de NHS résiduelles Afin d’empêcher toute réaction ultérieure avec les fonctions ester de NHS n’ayant pas réagi au cours de l’étape de greffage de l’anticorps, une désactivation de celles-ci doit être effectuée. Pour ce faire, un tampon PBS de pH élevé (pH = 8) a été utilisé pour favoriser l’hydrolyse spontanée de l’ester de NHS. III.2.2 – Préparation in situ du support d’immunoaffinité (mode dynamique, voie 2) Une deuxième voie pour l’élaboration du support d’immunoaffinité, pouvant être appliquée à un support de silice-polyβ-CD neuf ou à un support régénéré, a été utilisée. Cette nouvelle approche a consisté à modifier une phase de silice-polyβ-CD préalablement introduite dans une colonne chromatographique. Le principe des différentes étapes nécessaires à la modification chimique du support reste rigoureusement identique à celui décrit par la Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Cependant, la mise en œuvre expérimentale se différencie par le fait que les diverses solutions de réactifs sont mises à percoler sur le support contenu dans la colonne (de longueur 3 cm). Les conditions expérimentales relatives à cette voie de synthèse sont détaillées dans l’annexe 15. 1ère étape : Adsorption du Dext-Ad-COOH Une solution aqueuse de Dext-Ad-COOH dans du chlorure de sodium est mise à percoler sur le support de silice-polyβ-CD avec un débit de 1 mL/min. La phase stationnaire est ensuite rincée avec de l’eau à un débit de 1 mL/min afin d’éliminer le dextrane interstitiel non adsorbé sur le support. 2ème étape : Activation des fonctions acide carboxylique du dextrane Afin d’activer les fonctions acide carboxylique du dextrane en ester de NHS, une solution aqueuse d’un mélange de NHS/EDC est mise à percoler sur le support de silice-polyβ-CD- 250 CHAPITRE III (Dext-Ad-COOH) avec un débit de 1 mL/min. La colonne est ensuite rincée, avec un débit identique, avec de l’eau. 3ème étape : Greffage de l’anticorps anti-albumine humaine sur les fonctions réactives ester de NHS L’anti-albumine humaine est greffée sur les fonctions ester de NHS du dextrane par simple percolation d’une solution d’anticorps commercial en solution dans un tampon PBS à 10 mM et de pH = 7,2. Afin d’obtenir un support de capacité chromatographique correcte, un temps de contact important entre le ligand à greffer et les fonctions réactives du support doit être établi pour favoriser le greffage de l’anticorps. De ce fait, la percolation de la solution commerciale en anti-ASH a été effectuée à un faible débit de l’ordre de 0,05 mL/min. Le support est à nouveau rincé à l’eau avec un débit de 1 mL/min. L’étape de greffage de l’anticorps a été suivie en temps réel par un détecteur UV branché en sortie de colonne (longueur d’onde du détecteur réglée à 280 nm). Le chromatogramme obtenu est constitué de plusieurs épaulements rendant difficile l’interprétation du signal et donc la détermination de la quantité d’anti-ASH immobilisée. Ce profil est sans doute la manifestation de phénomènes simultanés au sein de la colonne : (i) l’équilibrage de la phase stationnaire lors du changement d’éluant imposé par le passage de la solution d’anticorps (passage de l’eau au PBS), (ii) la fixation de l’anticorps sur les fonctions ester de NHS impliquant le relargage de molécules de NHS, (iii) la sortie d’impuretés contenues dans la solution commerciale d’anticorps et ne s’adsorbant pas sur le support. 4ème étape : Désactivation des fonctions réactives ester de NHS résiduelles Les fonctions ester de NHS n’ayant pas réagi au cours de l’étape de greffage de l’anticorps sont désactivées par percolation d’un tampon PBS de pH = 8 dans la colonne à un débit de 1 mL/min. L’utilisation de cette seconde voie présente certains intérêts comparativement au mode statique : l’utilisation d’une voie in situ permet de partir d’un support régénéré contenu dans une colonne sans être obligé de vider cette dernière pour élaborer une nouvelle phase immunoadsorbante (Cf. paragraphe III.3.6 de ce chapitre) ; de plus en mode dynamique, les 251 CHAPITRE III réactifs mis en jeu pénètrent mieux dans les pores et les rinçages sont plus faciles à réaliser et sont plus efficaces. III.3 – Propriétés des supports d’immunoaffinité obtenus III.3.1 - Vérification de l’inertie des supports d’immunoaffinité (élaborés selon les voies 1 et 2) vis à vis des protéines acides Les propriétés de reconnaissance spécifique des supports d’immunoaffinité obtenus vis-à-vis de l’ASH (Cf. paragraphe III.3.2 de ce chapitre) ont été étudiées au cours d’analyses menées dans les conditions physiologiques de pH et de salinité en utilisant pour éluant un tampon PBS de pH = 7,4 (à 10 mM en phosphate et contenant 2,7 mM de KCl et 0,137 M en NaCl). Dans ces conditions opératoires, l’ASH qui possède un pI de 4,8 est globalement sous forme négative. Ainsi, afin de vérifier la reconnaissance spécifique de l’ASH pour le support modifié anti-ASH, une étape préliminaire a consisté à vérifier l’absence d’interactions non spécifiques entre la phase immunoadsorbante et des protéines acides (chargées négativement à pH = 7,4). L’étude de la rétention de l’α-lactalbumine (pI = 4,2 - 4,5), de l’ovalbumine (pI = 4,7), et de la β-lactoglobuline (pI = 5,1 - 5,3) a montré que l’ensemble de ces biomolécules est très faiblement retenu par le support avec un facteur de rétention k’ compris entre 0,1 et 0,5 selon la protéine étudiée. De plus, la surface des signaux obtenus est similaire à celle observée après l’injection de ces mêmes protéines sur un support de silice-polyβ-CD. L’ensemble de ces résultats suggère l’absence d’interactions non spécifiques entre le support d’immunoaffinité et des protéines acides. Ce point était prévisible car il existe sans doute un phénomène de répulsion électrostatique entre les charges négatives résiduelles (groupements COO-) du DextAd-COOH adsorbé sur le support et les protéines négatives injectées. Par ailleurs, l’inertie de la phase immunoadsorbante vis-à-vis des protéines suggère que l’étape de désactivation des esters de NHS par un tampon PBS de pH = 8 est efficace et permet d’éliminer la totalité de ces fonctions. En dernier point, l’α-lactalbumine présente une rétention sur le support d’immunoaffinité (k’=0,5) inférieure à celle obtenue, dans des conditions chromatographiques similaires, sur le support initial de silice-polyβ-CD (k’=3,6). Ce résultat suggère un bon écrantage de la surface par la couche de dextrane et les molécules d’anticorps. 252 CHAPITRE III III.3.2 - Adsorption de l’albumine du sérum humain sur l’anticorps polyclonal immobilisé selon la voie 1 Afin de contrôler les propriétés immunologiques du support élaboré, la capacité de la phase stationnaire à fixer de façon spécifique l’antigène ASH doit être vérifiée. L’analyse frontale est une méthode couramment utilisée pour étudier l’adsorption d’un soluté sur un ligand immobilisé. Cette méthode consiste à faire circuler une solution de soluté à travers la colonne jusqu’à atteindre l’équilibre d’association entre le soluté et le ligand immobilisé. Le support est ensuite rincé afin d’éliminer le soluté interstitiel non adsorbé sur la phase stationnaire. L’adsorption de l’albumine du sérum humain sur le support d’immunoaffinité a été effectuée suivant cette méthode. Une solution d’albumine à 0,01 mg/mL a été utilisée et le front de percolation obtenu est reporté sur la Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Ce tracé a été suivi à l’aide d’un enregistreur dont la vitesse de défilement du papier était de 1 cm/min. La percolation a été poursuivie jusqu’à la stabilisation apparente du signal. A titre de comparaison, un front d’ovalbumine, effectué dans des conditions d’élution similaires est également porté sur la Erreur ! Source du renvoi introuvable.. 253 CHAPITRE III Rinçage du support avec du PBS Densité optique 0,012 0,01 unité d’absorbance 0,008 0,004 0,000 0 60 10 0 20 30 Temps (min) Percolation d’une solution d’ovalbumine dans du PBS Rinçage du support avec du PBS Densité optique 0,012 0,01 unité d’absorbance S0 0,008 0,004 S1 0,000 0 0 60 60 120 180 120 180 Temps (min) Percolation d’une solution d’ASH dans du PBS 254 CHAPITRE III Figure III-22 : Courbes d’analyse frontale obtenues lors du passage d’une solution d’ovalbumine et d’une solution d’ASH à 0,01 mg/mL sur le support de silice modifié anti-ASH élaboré en mode statique (voie 1). Conditions chromatographiques : ovalbumine et ASH à 0,01 mg/mL dans le PBS, débit de la phase mobile : 0,5 mL/min ; rinçage au PBS, débit de la phase mobile : 1 mL/min ; longueur de la colonne : 3 cm ; détection UV à 280 nm Contrairement au signal caractéristique de l’ovalbumine qui apparaît au voisinage du volume mort de la colonne (V0 = 0,325 mL soit tR = 0,65 min), le front de percolation relatif à l’albumine apparaît à un volume bien supérieur (VR = 36 mL soit tR = 72 min) et indique l’adsorption spécifique de la protéine sur l’anticorps. Ce résultat confirme que la méthode chimique utilisée pour fixer l’anticorps est statistiquement non dénaturante pour l’anticorps. D’autre part, au cours du rinçage de la colonne, la chute très brusque du signal après un volume voisin du volume mort suggère que la protéine reste en majorité immobilisée sur le support. La quantité d’antigène immobilisée sur le support, appelée également capacité d’adsorption de la colonne à l’équilibre (Qa), peut être déterminée à partir de la différence de surface S0-S1. Une valeur de 0,45 mg en ASH a été déterminée pour la colonne étudiée, de dimensions 30 mm de longueur × 4,6 mm de diamètre interne, ce qui correspond à une capacité de 1,5 mg par gramme de support. La capacité du support en ASH est près de sept fois supérieure à celle déterminée par Renard et coll.100,151 (dans des conditions opératoires similaires) alors que la surface spécifique du support est soixante dix fois inférieure. Cependant cette différence pourrait s’expliquer par la porosité choisie pour le support de base. En effet, les auteurs ont travaillé avec des billes de silice de faible porosité (6 nm) impliquant une adsorption de l’ASH principalement sur la surface externe des billes. Afin de confirmer la fixation de l’ASH sur le support immunoadsorbant, une méthode a consisté à injecter dans la colonne, supposée sous forme silice-(anti-ASH)-(ASH), une faible quantité d’anti-ASH (20 µL d’une solution à 0,1 mg/mL) et à vérifier sa capture par le support (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Le signal obtenu a été comparé à celui engendré par une injection identique sur le support initial de silice-(anti-ASH), (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). 255 CHAPITRE III ASH anti-ASH injection d' anti-ASH Si Si Figure III-23 : Vérification de l’immobilisation de l’ASH sur le support d’immunoaffinité par capture de l’anti-ASH Injection d’anti-ASH Vr (mL) k’ Surface du pic (unité d’absorbance × mL) Silice-(anti-ASH) 0,5 0,54 167 Silice-(anti-ASH)- 0,5 0,54 97 (ASH) Tableau III-15 : Comparaison des signaux relatifs à des injections d’anti-ASH sur le support immunoadsorbant (i) sous forme silice-(anti-ASH) et (ii) sous forme silice-(anti-ASH)-(ASH) (forme obtenue après percolation de ASH). Conditions chromatographiques : anti-ASH à 0,1 mg/mL dans le PBS, débit de la phase mobile : 1 mL/min ; détection UV à 280 nm Le signal obtenu sur le support de silice-(anti-ASH)-ASH étant près de deux fois moins intense que le signal test effectué sur le support de silice-(anti-ASH) indique une capture de l’anticorps dans la colonne. Le pic résiduel observé au voisinage du volume mort correspond sans doute aux diverses protéines (près de deux fois plus concentrées que l’anticorps spécifique lui même) contenues dans la solution commerciale d’anticorps et non retenues par le support. III.3.3 - Régénération du support au niveau anti-ASH/ASH (support issu de la voie 1) Renard et coll.151 ont montré qu’après immobilisation spécifique de l’albumine sur un support d’immunoaffinité, un rinçage d’environ une heure par le tampon d’analyse (PBS) 256 CHAPITRE III permet de désorber environ 25% de la quantité fixée et que l’autre partie de l’ASH est irréversiblement adsorbée sur le support. Seul un changement d’éluant peut provoquer un relargage total de l’albumine ayant interagi avec les anticorps et conduire à la régénération complète du support. La régénération du système étudié dans ce travail a donc été évaluée en utilisant comme éluant une solution de tampon glycine à 0,1M et de pH = 2,1 (rinçage d’environ une heure). Afin de vérifier si la régénération du support a permis un relargage total de l’albumine, l’anticorps anti-ASH a été injecté en faible quantité (20 µL d’une solution à 0,1 mg/mL) sur le support régénéré supposé sous forme silice-(anti-ASH). En effet, s’il reste de l’albumine sur le support, l’anticorps injecté devrait être capturé par le support. Il a été observé que l’anticorps est ressorti de la colonne avec un volume de rétention égal à celui obtenu après une injection identique sur le support initial de silice-(anti-ASH) (Vr = 0,5 mL, Cf. Erreur ! Source du renvoi introuvable.). D’autre part, les aires de ces deux signaux sont également identiques. Ces résultats indiquent l’absence d’albumine résiduelle sur le support et suggèrent un relargage complet de la protéine. Afin d’examiner si les conditions de rinçage ont pu affecter l’activité biologique de l’anticorps immobilisé. Une nouvelle percolation d’albumine dans des conditions d’élution similaires à la précédente a été effectuée sur le support supposé régénéré. Le signal obtenu est comparable à celui de la première immobilisation et la mesure des surfaces S0 et S1 conduit à une capacité d’adsorption de la colonne à l’équilibre de 0,44 mg. La reproductibilité de l’analyse frontale suggère une complète régénération du support et également la non dénaturation des sites de reconnaissance antigénique de l’anti-ASH immobilisée. III.3.4 - Détermination de la capacité d’adsorption maximale en ASH du support d’immunoaffinité (support issu de la voie 1) Au cours d’un processus d’analyse frontale, l’équilibre d’association entre l’antigène et l’anticorps est gouverné par la loi d’action de masse. Ainsi, la quantité de soluté adsorbée sur la phase stationnaire dépend de la concentration des espèces chimiques en présence (antigène et anticorps). L’étude de la variation de la capacité d’adsorption à l’équilibre du support en fonction de la concentration en soluté de la phase éluante permet d’établir 257 CHAPITRE III l’isotherme d’adsorption du support. La capacité d’adsorption maximale à l’équilibre de la phase stationnaire est alors donnée par la valeur de Qa au plateau de l’isotherme. Dans le cas présent et après une nouvelle régénération du support, une percolation d’une solution d’albumine de concentration plus élevée (0,05 mg/mL) a été effectuée en gardant les autres conditions chromatographiques identiques (Erreur ! Source du renvoi introuvable.). Le front d’albumine apparaît plus tôt lorsque la concentration en soluté de l’éluant est plus élevée, ce phénomène est expliqué par la loi d’action de masse régissant l’équilibre antigène-anticorps. D’autre part, une capacité d’adsorption du support à l’équilibre en albumine de l’ordre de 0,41 mg a été déterminée. Cette valeur étant, au degré d’incertitude près, égale à la capacité déterminée avec une solution de protéine moins concentrée, indique que les percolations effectuées correspondent à des points du plateau de l’isotherme d’adsorption. De ce fait, la capacité d’adsorption maximale à l’équilibre en ASH du support d’immunoaffinité est d’environ 0,45 mg soit 1,5 mg par gramme de support. Densité optique Rinçage du support avec du PBS 0,05 unité d’absorbance S0 S1 0 20 40 60 80 Temps (min) Percolation d’une solution d’ASH dans du PBS Figure III-24 : Courbe d’analyse frontale obtenue lors du passage d’une solution d’ASH à 0,05 mg/mL sur le support de silice modifié anti-ASH élaboré en mode statique (voie 1). Conditions chromatographiques : 258 CHAPITRE III ASH à 0,05 mg/mL dans le PBS, débit de la phase mobile : 0,5 mL/min ; rinçage au PBS, débit de la phase mobile : 1 mL/min ; longueur de la colonne : 3 cm ; détection UV à 280 nm III.3.5 - Régénération du support au niveau du polymère de βcyclodextrine (support issu de la voie 1) Malgré l’emploi de conditions non dénaturantes, l’utilisation fréquente d’une phase immunoadsorbante peut conduire à la dénaturation des anticorps immobilisés. Il serait alors intéressant de pouvoir éliminer la couche d’anticorps altérée et de la remplacer rapidement, sans être obligé d’élaborer une nouvelle phase depuis la première étape opératoire. La régénération du support au niveau de la couche du polymère de β-cyclodextrine a donc été testée, l’objectif étant de dissocier les complexes d’inclusion formés entre les groupements adamantyle portés par le dextrane et les cavités de cyclodextrine. Les tentatives de régénération de colonnes sous forme silice-(anti-ASH)-ASH ont été effectuées en utilisant comme éluant une solution de SDS à 1% en masse dans le tampon glycine à 0,1M et de pH = 2,1 (rinçage d’environ 40 min). La qualité de la régénération du support a été vérifiée par injection d’albumine (20 µL d’une solution à 1 mg/mL). En effet, s’il reste de l’anti-ASH dans la colonne, l’albumine injectée devrait être capturée par l’anticorps. On constate que le pic relatif à cette protéine apparaît au volume mort de la colonne et possède une surface de 89 unité d’absorbance × mL. Cette surface est similaire à celle obtenue pour une injection de la même solution d’albumine sur un support de référence de silice-polyβ-CD non traité (surface de 95 unité d’absorbance × mL). Ces résultats indiquent que l’albumine ne présente pas d’affinité pour la phase stationnaire et suggère la complète régénération du support au niveau de la couche du polymère de β-cyclodextrine. III.3.6 - Adsorption de l’albumine du sérum humain sur l’anticorps polyclonal immobilisé, selon la voie 2, par une méthode d’analyse frontale 259 CHAPITRE III La phase précédente ayant été régénérée efficacement au niveau du polymère de βcyclodextrine, a été utilisée comme support de base pour la préparation d’une nouvelle phase immunoadsorbante suivant la voie in situ (voie 2, Cf. paragraphe III.2.2 de ce chapitre). Il est important de noter que cette seconde voie offre la possibilité d’élaborer un support d’immunoaffinité à partir d’une phase régénérée sans être contraint de vider le support de la colonne. Afin d’évaluer cette seconde méthode d’immobilisation de l’anticorps, une analyse frontale de l’albumine humaine a été effectuée sur le support. Le front de percolation obtenu pour une solution d’albumine à 0,01 mg/mL (conditions chromatographiques identiques à celles de l’étude de la première voie de fixation) est reporté sur la Erreur ! Source du renvoi introuvable.. Rinçage du support avec du PBS Densité optique 0,01 unité d’absorbance S0 S1 0 60 120 180 Temps (min) Percolation d’une solution d’ASH dans du PBS Figure III-25 : Courbe d’analyse frontale obtenue lors du passage d’une solution d’ASH à 0,01 mg/mL sur le support de silice modifié anti-ASH élaboré en mode dynamique (voie 2). Conditions chromatographiques : ASH à 0,01 mg/mL dans le PBS, débit de la pompe 0,5mL/min ; rinçage au PBS, débit de la pompe 1mL/min ; longueur de la colonne : 3 cm ; détection UV à 280 nm 260 CHAPITRE III Le front de percolation relatif à l’albumine apparaît à un volume de rétention supérieur au volume mort de la colonne ce qui indique qu’il y a eu adsorption de l’albumine sur l’anticorps. Cette fixation est également confirmée par injection de l’anti-ASH (20 µL d’une solution à 0,1 mg/mL) sur le support de silice-(anti-ASH)-ASH (Cf. paragraphe III.3.2 de ce chapitre) puisque le signal obtenu est moins intense (diminution de 23 %) que le signal test effectué sur le support de silice-(anti-ASH). La faisabilité de la seconde méthode d’immobilisation de l’anticorps, par percolation de solutions réactives sur la colonne, est ainsi démontrée. La quantité de protéine immobilisée sur le support (Qa) par cette seconde voie est de l’ordre de 0,29 mg, ce qui est un peu plus faible que la quantité fixée par la voie statique (0,45 mg). Cependant, le profil de la courbe d’analyse frontale reportée sur la Erreur ! Source du renvoi introuvable. semble indiquer que la saturation de la colonne n’est pas parfaitement atteinte. Par ailleurs, les valeurs de Qa obtenues par les deux voies de fixation sont difficilement comparables car les conditions d’obtention des supports sont différentes. En effet, les volumes importants requis par la méthode in situ ont conduit à utiliser une solution de dextrane plus faiblement concentrée (1 mg/mL) comparativement à celle mise en jeu au cours de la première voie (30 mg/mL). D’autre part, la solution commerciale d’anti-ASH utilisée pour la seconde voie est moins concentrée en anticorps spécifique (5,5 mg/mL d’antiASH pour 9,5 mg/mL de protéines totales) comparativement à la solution mise en jeu dans la première voie (4,9 mg/mL d’anti-ASH pour 14 mg/mL de protéines totales). Enfin, le support de silice-polyβ-CD initial utilisé pour la préparation du support d’immunoaffinité selon la voie in situ n’est pas un support neuf mais un support régénéré. L’ensemble de ces facteurs pourrait donc avoir conduit à une densité de greffage de l’ASH sur le support différente de celle obtenue par la voie statique. La méthode d’immobilisation en colonne est plus adaptée à la régénération de la colonne lorsque la couche d’anticorps est altérée. De plus, cette méthode permet des rinçages plus rapides et plus efficaces comparativement à la voie statique. Par ailleurs, les conditions opératoires pourraient être redéfinies afin d’augmenter la densité de greffage : en effet, dans un premier temps, une solution de dextrane plus concentrée pourrait être utilisée puis un plus grand volume de solution d’anticorps ainsi qu’un débit de la phase éluante plus faible pourraient être mis en oeuvre. 261 CHAPITRE III IV – Conclusion Une méthode faisant appel à la formation de complexes d’inclusion entre des molécules de β-cyclodextrine et des dextranes modifiés par des groupements adamantyle a été évaluée pour l’élaboration de supports chromatographiques. L’introduction sur le dextrane de différents groupements a permis de préparer, à partir d’un même support de base, des phases chromatographiques de fonctionnalités variables (ioniques et hydrophobes) et une phase immunoadsorbante. Chacun de ces supports a été testé pour l’analyse de protéines. L’étude de la rétention de protéines sur les supports d’échange d’anions et de cations a permis de déterminer le nombre de charges apparentes des biomolécules mis en jeu lors de leurs interactions avec le support. De même, l’étude de la rétention de protéines sur le support d’interaction hydrophobe a permis de déterminer pour chacune d’entre elles un paramètre d’hydrophobie caractéristique de la surface d’échange hydrophobe entre les protéines et le support. Ces résultats sont en assez bon accord avec les données de la littérature. Par ailleurs, le support d’échange de cations et le support d’interaction hydrophobe ont pu être utilisés pour séparer des mélanges de protéines. Enfin, la dernière phase stationnaire élaborée, de type immunoadsorbante, a permis la capture spécifique d’un antigène et pourrait donc être utilisée comme support préparatif pour la purification d’antigènes. D’autre part, ces supports étant basés sur un complexe d’inclusion réversible, chacun d’entre eux peut être régénéré si nécessaire au niveau de la couche initiale de cyclodextrine. L’ensemble de ces résultats démontre que le couple adamantane / β-cyclodextrine peut être utilisé pour élaborer des supports chromatographiques. La préparation des colonnes est alors simple, rapide et s’effectue dans des conditions douces. Des études ultérieures pourraient être menées pour augmenter l’efficacité des colonnes, en utilisant par exemple des supports de porosités plus élevées pour faciliter le transfert des solutés à l’intérieur des pores, ou en changeant le procédé d’immobilisation de la cyclodextrine sur la silice afin de limiter le caractère hydrophobe du support de base. 262 CHAPITRE III 263 CHAPITRE III REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES DU CHAPITRE III 264 CHAPITRE III (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10) (11) (12) (13) (14) (15) (16) (17) (18) (19) (20) (21) (22) (23) (24) (25) (26) (27) (28) (29) (30) UNGER, K. K. Chromatographic Science Series 2002, 87 (HPLC of biological macromolecules (2nd edition), 1. EPTON, R. Dans Column packings, GPC, GF and gradient elution; Ellis Horwood: Chichester, UK, 1978; Vol. 1. UNGER, K. K.; ANSPACH, B.; JANZEN, R.; JILDE, G.; LORK, K. D. Dans HPLC Advances and Perspectives; HORVATH, C., Ed.; Academic Press: New York, 1988; Vol. 5, p 2. LIEBAU, F. 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La technique de l’ELISA présente l’avantage de pouvoir analyser jusqu’à 96 échantillons simultanément. Néanmoins, ce procédé nécessite l’utilisation d’anticorps secondaires conjugués à une enzyme réactive afin de révéler la réaction antigèneanticorps. Ceci tend à augmenter le coût du procédé et fait de l’ELISA une méthode de détection indirecte qui ne permet pas un suivi en temps réel des interactions. De plus, la durée d’un test est relativement longue (de 3 à 5 heures) et cette technique requiert de grandes quantités de substrat (50 à 100 µL de fluide biologique, sang, plasma…) pour déterminer une seule spécificité donnée (un virus, une source d’antigène ou d’allergène,…). L’objectif à terme de la présente étude est de créer une puce à allergènes capable de détecter simultanément par une méthode directe (sans marqueurs) une centaine d’anticorps anti-allergènes, ce qui permettrait un diagnostic de plus de 95 % des allergies actuellement connues. Pour mener à bien ce projet, il sera nécessaire de déposer sur la surface de multiples plots microscopiques correspondant à une centaine d’allergènes purifiés qui pourront ensuite, après contact avec le sérum d’un malade, être reconnus spécifiquement par les anticorps correspondants présents dans le sérum. L’utilisation d’une méthode optique directe telle que la résonance des plasmons de surface (SPR) en imagerie devrait permettre d’acquérir, en parallèle et en temps réel, sur chaque plot, la réponse cinétique des interactions biologiques mesurées et de doser chacun des anticorps révélés. L’immobilisation des allergènes sur la puce à protéine est une étape clé dans la réalisation de ce projet. En effet, la fixation des antigènes sur la surface solide doit respecter la conformation des allergènes afin de ne pas modifier les propriétés de reconnaissance par les anticorps correspondants. De plus, la méthode d’immobilisation doit être simple à mettre en œuvre et compatible avec un système automatique de dépôt de micro-plots. Enfin, la fixation des allergènes doit être stable dans les conditions d’utilisation de la puce. 273 CHAPITRE IV L’étude de faisabilité qui sera présentée par la suite s’inscrit dans le cadre d’un Programme CNRS interdisciplinaire (Protéomique et génie des protéines). Elle a été menée en collaboration avec le Laboratoire Charles Fabry de Institut d’Optique à Orsay et le Laboratoire Environnement et Chimie Analytique de l’Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielles de la ville de Paris et constitue un premier pas vers la réalisation des puces à allergènes. Dans ce travail, nous avons choisi d’immobiliser un allergène donné, la βlactoglobuline, sur une surface solide. Les deux procédés utilisés consistent à fixer la protéine par formation de complexes d’inclusion avec une surface recouverte de molécules de cyclodextrine. L’immobilisation de la β-lactoglobuline a été effectuée sur l’ensemble de la surface et a été suivie en temps réel par une méthode optique d’imagerie par RPS afin d’étudier l’homogénéité de la couche de protéine. Les biocapteurs obtenus après immobilisation de l’allergène ont été testés quant à leur capacité à fixer spécifiquement un anticorps anti-β-lactoglobuline contenu dans du sérum de lapin. Un biocapteur est un dispositif analytique capable de détecter spécifiquement un analyte donné dans un mélange complexe. Les principaux groupes de biocapteurs sont les capteurs électrochimiques1, les capteurs optiques2 (cas des capteurs basés sur la RPS), les capteurs microgravimétriques3 et les capteurs thermométriques4. Quel que soit le type de biocapteur, celui-ci est composé de trois parties5 : (i) une surface fonctionnalisée par une biomolécule (enzymes, anticorps, ADN…), appelée biorécepteur, capable de reconnaître spécifiquement une molécule cible, (ii) un transducteur qui convertit le signal physicochimique engendré par l’interaction biomoléculaire en un signal mesurable et (iii) un système d’analyse et de traitement des données. Lorsque la surface d’analyse élaborée met en jeu un anticorps, le système est alors appelé immunocapteur. I – Introduction à la résonance des plasmons de surface (RPS) La RPS est une méthode de détection directe (sans marqueurs) qui permet de suivre en temps réel des interactions aux interfaces entre un ligand immobilisé sur une surface métallique et un soluté en solution. En effet, cette technique est sensible aux changements 274 CHAPITRE IV d’indice de réfraction résultant de modifications interfaciales et peut conduire à la détermination de l’épaisseur optique de films minces adsorbés sur la surface6-8. I.1 – Propriétés des ondes plasmons de surface Le plasmon de surface est une onde électromagnétique qui se propage à l’interface entre deux milieux de constantes diélectriques de signes opposés, notamment un métal et un diélectrique. Cette onde électromagnétique possède une polarisation transverse magnétique (TM) et se propage parallèlement à l’interface métal/milieu diélectrique. D’autre part, elle présente un caractère d’onde évanescente car son amplitude décroît exponentiellement avec la distance à l’interface. De par cette propriété d’onde évanescente, la fixation de molécules sur l’interface va modifier l’information contenue dans l’onde tant au niveau de sa phase que de son amplitude. Ainsi, le suivi de l’évolution de l’onde évanescente en fonction du temps permettrait de suivre en temps réel des interactions se produisant à l’interface métal/diélectrique. Le caractère évanescent de l’onde plasmon de surface implique que celle-ci se propage sur une distance limitée suivant l’axe des X et l’axe des Z (Figure IV-1). Elle est alors caractérisée par sa longueur LX de propagation sur l’interface et par ses profondeurs LZm et LZd de pénétration de part et d’autre de l’interface. La longueur de propagation ainsi que les profondeurs de pénétration sont définies comme la distance à laquelle l’intensité de l’onde ne vaut plus que 1/e de l’intensité maximale. LX représente la dimension minimale nécessaire pour observer le phénomène de RPS, il s’agit donc de la résolution spatiale de la méthode. LZm et LZd représentent les distances maximales pour lesquelles le champ évanescent est sensible à une variation survenant respectivement dans les milieux métalliques et diélectriques. Au delà de ces valeurs, l’onde devient insensible aux perturbations du milieu. 275 CHAPITRE IV Lx Z LZd Y ⊗ kSP LZm Diélectrique Couche métallique X Figure IV-1 : Profil de l’amplitude de l’onde plasmon se propageant sur l’interface métal/diélectrique. Les grandeurs caractéristiques LX, LZm et LZd de l’onde plasmon peuvent être calculées à partir de l’expression de la composante longitudinale (k SP ) X du vecteur d’onde de l’onde plasmon de surface9,10, celle-ci étant définie par l’égalité suivante : (k SP )X ε . ε = Re m d ε m + ε d ω . c Equation IV-1 avec ω la fréquence angulaire de l’onde, c la célérité de la lumière dans le vide, ε m (nombre complexe) et ε d les permittivités respectives du métal et du diélectrique. Maillard10 a montré que la longueur de pénétration LZd dans le diélectrique (eau) était égale à 102,1 nm pour une longueur d’onde λ de 660 nm. Ce résultat signifie que la technique utilisée permettra de détecter tout changement se produisant dans le milieu diélectrique à moins de 100 nm de l’interface. I.2 – Excitation des plasmons de surface à l’aide d’un couplage par prisme Les plasmons de surface peuvent être excités par l’intermédiaire d’un faisceau lumineux dirigé sur l’interface métal/diélectrique si deux conditions sont respectées (i) l’onde excitatrice doit être de polarisation TM et (ii) la vitesse de phase de l'onde excitatrice doit être égale à celle de l'onde de surface, autrement dit, la composante longitudinale ( k X ) du vecteur 276 CHAPITRE IV d’onde incident doit être égale à la composante longitudinale (k SP ) X du vecteur d’onde de l’onde de surface. La composante longitudinale du vecteur d’onde incident ( k X ) est définie par la relation suivante : kX = ω c . sin( ϕ ) Equation IV-2 avec ω la fréquence angulaire de l’onde, c la célérité de la lumière dans le vide et ϕ l’angle d’incidence du faisceau lumineux sur l’interface métal/diélectrique. Lorsqu’un faisceau lumineux incident est dirigé directement sur une interface métal/diélectrique, la valeur k X est inférieure à la valeur de (k SP ) X et les plasmons de surface ne peuvent être excités. Afin de parvenir à la relation d’accord de phase k X = (k SP ) X , il est alors nécessaire d’augmenter la valeur de k X . Ceci peut être réalisé en faisant passer le faisceau incident à travers un prisme d’indice de réfraction np supérieur à celui du milieu diélectrique. Le couplage d’une onde lumineuse aux ondes électromagnétiques de surface par l’intermédiaire d’un prisme peut être effectué suivant la configuration d’Otto11 ou de Kretschmann12. La configuration de Kretschmann est plus simple à mette en œuvre et consiste à coupler directement le prisme au métal (Figure IV-2). Les études de RPS présentées par la suite ont été effectuées suivant ce procédé. 277 CHAPITRE IV kRPS Diélectrique (εεd) Couche métallique (εεm) kX ϕ θ Réflectivité = R = Prisme (np) I I0 Pour un prisme d’angle au sommet 30° : θ = 30° + Arc sin( n p . sin( 60° − ϕ )) Faisceaux incidents (intensité lumineuse I0) Faisceaux réfléchis (intensité lumineuse I) Polarisation TM Figure IV-2 : Excitation des plasmons de surface au travers d’un prisme en verre d’indice np recouvert d’une couche mince métallique de permittivité εm (configuration de Kretschmann). Dans la configuration de Kretschmann, un faisceau lumineux de polarisation TM est dirigé, au travers du prisme, vers l’interface métal/diélectrique avec un angle d’incidence interne ϕ tel que la réflexion du faisceau soit totale. La composante longitudinale initiale du faisceau lumineux est amplifiée par son parcours dans le prisme et sa nouvelle valeur est donnée par : ω k X = n p . . sin( ϕ ) c Equation IV-3 avec np l’indice de réfraction du prisme. Pour un angle d’incidence donné, noté ϕ0, la condition d’accord de phase k X = (k SP ) X est vérifiée et peut, à partir des Equations Equation IV-1 et Equation IV-3, être traduite par l’égalité suivante : ε . ε n p . sin( ϕ0 ) = Re m d ε m + ε d Equation IV-4 278 CHAPITRE IV Lorsque la condition d’accord de phase est respectée, l’énergie électromagnétique du faisceau incident est transmise aux plasmons de surface. On parle de résonance des plasmons de surface. Ce phénomène s’accompagne d’une extinction du faisceau réfléchi (I=0) ce qui entraîne l’annulation de la réflectivité ( R = I = 0 ). Théoriquement, la résonance des I0 plasmons de surface peut être mise en évidence par l’établissement de la courbe de réflectivité (R) en fonction de l’angle d’incidence (ϕ). Cette courbe présente alors un pic d’absorption pour la valeur de ϕ = ϕ0. Pour des raisons pratiques, l’angle mesuré expérimentalement est l’angle de rasance externe θ. Les courbes de réflectivité tracées expérimentalement reportent donc la réflectivité (R) en fonction de l’angle de rasance externe (θ) et ces courbes présentent un pic d’absorption pour la valeur de θ0 correspondant à l’angle ϕ0. I.3 – Mesure de l’épaisseur d’une couche mince par RPS Les courbes de réflectivité (Figure IV-3) présentent un minimum pour la valeur de l’angle de rasance externe θ0 correspondant à l’angle ϕ0 auquel se produit le phénomène de résonance des plasmons de surface. D’après l’Equation IV-4, la valeur de ϕ0 est fonction des permittivités du métal ( ε m ) et du diélectrique ( ε d ) ainsi que de l’indice du prisme (np). Autrement dit, ϕ0 dépend des indices de réfraction de la couche métallique (nm), du diélectrique (nd) et du prisme (np). L’immobilisation de molécules sur la surface métallique entraîne une augmentation de l’indice de réfraction nd du diélectrique13 et par suite un déplacement de l’angle de plasmons de surface ϕ0 vers les valeurs plus élevées (Cf. Equation IV-4). D’après l’équation donnée sur la Figure IV-2, la valeur de θ0 tend alors à diminuer (Figure IV-3a). 279 CHAPITRE IV Courbe de réflectivité Cinétique de fixation (3) Réflectivité Réflectivité Après immobilisation (instant t+∆ ∆t) 0.5 0.22 Avant immobilisation (instant t) 0.4 0.3 0.20 0.18 0.16 0.2 ∆θ0 0.1 ∆R 0.12 6 8 10 12 14 Incidence (°) 16 18 ∆R (2) 0.14 20 (1) 0 2 4 Angle de rasance externe θ (°) 6 8 10 12 14 Temps (min) Avant immobilisation (instant t) (a) Après immobilisation (instant t+∆ ∆t) (b) Figure IV-3 : (a) Courbes de réflectivité en fonction de l’angle de rasance externe θ, avant (croix) et après (rond) immobilisation de molécules sur une surface d’or et (b) cinétique de fixation au cours du temps obtenue à incidence fixe, (1) : la surface est équilibrée dans une solution donnée (eau, tampon), (2) la solution de réactifs est mise à circuler sur la surface, (3) : la surface est rincée avec la solution initiale utilisée dans la première étape (eau, tampon) D’après la Figure IV-3a, il apparaît que si l’on se place à un angle θ fixe dans le domaine linéaire de la courbe de réflectivité (partie droite de la courbe), l’immobilisation de molécules à la surface entraîne une augmentation de la réflectivité. Ainsi, le suivi de la réflectivité en fonction du temps permet d’observer en temps réel les modifications de l’état de surface. L’établissement d’une telle courbe, appelée cinétique de fixation, se décompose en trois étapes (Figure IV-3b). La surface est tout d’abord équilibrée dans une solution donnée (eau, tampon) (1ère étape), puis la solution de réactifs est mise à circuler sur la surface (2ème étape), ce qui entraîne une augmentation de la réflectivité. Cette variation de réflectivité est due d’une part à la fixation du réactif sur la surface et d’autre part à l’indice de réfraction de la solution introduite dans la cuve. La dernière étape consiste à rincer la surface avec la solution initiale utilisée dans la première étape (eau, tampon) (3ème étape) afin d’éliminer la variation de réflectivité liée à l’indice de réfraction de la solution de réactifs présente dans la cuve. Cette dernière étape se traduit par une diminution de la réflectivité. La variation de réflectivité ∆R obtenue dans ces conditions est uniquement liée à la fixation du réactif sur la surface. Par ailleurs, des études ont montré que dans le cas de films minces homogènes, le taux de recouvrement massique Γ massique de la surface peut être déterminé à partir de l’égalité suivante14,15 : 280 CHAPITRE IV Γ massique = ( n f − nd ).ep ∂n ∂C Equation IV-5 n f et ep représentent respectivement l’indice de réfraction et l’épaisseur de la couche immobilisée sur la surface, nd l’indice de réfraction du milieu diélectrique et ∂n la variation ∂C d’indice des molécules fixées en fonction de leur concentration. A l’aide de l’Equation IV-5, Bassil et coll.{BASSIL #58} ont montré que pour les protéines, en solution dans du PBS ( nd =1,334) et d’indice de réfraction n f =1,45 et de valeur ∂n = 0,18 mL/g, une variation de réflectivité de 0,1 % (Cf. Paragraphe I.4 de ce chapitre) ∂C correspond à une concentration surfacique Γ massique de 0,02 ng/mm2. Dans l’ensemble des travaux présentés par la suite, les calculs du taux de recouvrement massique en protéine seront effectués à partir de ce résultat. Le taux de recouvrement molaire Γ molaire en biomolécule pourra ensuite être déterminé à partir de l’égalité Γ molaire = Γ massique M , avec M la masse moléculaire de l’espèce considérée. Les valeurs de concentrations molaires reportées dans la littérature sont généralement de l’ordre de la picomole à la femtomole par millimètre carré17. I.4 - Imagerie par résonance des plasmons de surface (SPR) et méthodologie Dans le dispositif utilisé, une lame de verre, recouverte sur une de ses faces par une fine couche d’or (épaisseur ≈ 45 nm), est accolée par capillarité sur un prisme de verre (np = 1,777) à l’aide d’une huile de couplage de même indice, afin de se trouver dans la configuration de Kretschmann (Figure IV-4). Une cellule à circulation (ou cuve) est ensuite accolée à la surface métallique. Les solutions à tester sont ensuite mises à circuler sur la surface par l’intermédiaire d’une pompe péristaltique. La cuve utilisée pour les études de RPS (Cf. Annexe 16) possède un volume de 15 µL. 281 CHAPITRE IV Cuve Couche d’or Lame de verre ϕ θ Prisme de couplage Faisceaux incidents Figure IV-4 : Couplage prisme/lame de verre recouverte d’or/cuve mis en jeu lors des analyses par RPS Lorsqu’une interaction moléculaire se produit à la surface de l’or, celle-ci engendre une perturbation locale de l’indice du milieu diélectrique ce qui conduit à une modification des conditions de la résonance. L’utilisation de l’imagerie RPS permet de suivre en parallèle les perturbations du milieu diélectrique en différents points de la surface. Pour ce faire, la variation de la réflectivité, due au déplacement du pic d’absorption de la RPS, est suivie sur les différents points de la surface, l’angle d’incidence et la longueur d’onde étant par ailleurs maintenus constants. Le paramètre mesuré est donc la variation de réflectivité ∆R. Les valeurs de la réflectivité R variant entre 0 et 1, une variation de réflectivité ∆R de 0,01 par exemple est considérée comme une variation de 1 %. Les valeurs de ∆R reportées dans la suite de l’exposé seront toutes exprimées en % et leurs mesures seront toujours effectuées dans un solvant de référence. Le montage optique utilisé pour l’imagerie est donné sur la Figure IV-5. 282 CHAPITRE IV Entrée, Sortie des solutions Cuve Couche d’or Lame de verre Prisme Système afocal conjuguant la surface métallique avec la caméra CCD LED λ=660 nm Objectifs de microscope Matrice CCD de la caméra Polariseur Miroir rotatif Figure IV-5 : Biocapteur basé sur l’imagerie SPR : schéma du montage optique. Les lignes en pointillés représentent l’origine de l’image recueillie par la caméra CCD Une diode électroluminescente (LED) de longueur d’onde centrée à λ = 660 nm (largueur spectrale ∆λ = 20 nm) éclaire la surface d’or fonctionnalisée en contact avec la cellule d’interaction. Le faisceau incident est de polarisation TM et l’angle d’incidence du faisceau est contrôlé par un système de miroir rotatif. La lumière réfléchie à la base du prisme est ensuite dirigée vers une caméra CCD à l’aide d’un système optique, ce qui permet d’imager la surface métallique fonctionnalisée sur la caméra. Le signal électronique est alors transmis à l’ordinateur puis analysé par un programme LabVIEW développé au laboratoire Charles Fabry de l’Institut d’Optique à Orsay. La position et la dimension des différentes zones étudiées sur la surface d’or, appelées « plots », sont définies manuellement à l’aide du logiciel LabVIEW. Ce programme enregistre 283 CHAPITRE IV pour les différents plots mémorisés chacune des images prises par la caméra CCD au cours d’une analyse et calcule en temps réel, la variation du signal observé. Dans le cas où une réaction se produit au niveau d’un plot, l’indice du milieu diélectrique et l’angle auquel se produit la résonance des plasmons de surface sont modifiés. Ainsi, l’intensité lumineuse réfléchie par ce plot varie et cette variation est enregistrée par l’ordinateur. Dans la suite de l’étude, l’immobilisation des réactifs sur la lame d’or sera étudiée sur l’ensemble de la surface en suivant la cinétique de fixation sur une centaine de plots virtuels, de forme circulaire et de diamètre 250 µm, sélectionnés sur une zone de dimensions 5 x 5 mm2. Chaque plot sera affecté d’un numéro suivant l’ordre défini sur la Figure IV-6. Plots virtuels Attribution d’un numéro de plot Sens du flux 10 … … … … … … … … 100 9 … … … … … … … … 99 8 … … … … … … … … 98 7 … … … … … … … … 97 6 … … … … … … … … … 5 15 … … … … … … … … 4 14 … … … … … … … … 3 13 … … … … … … … … 2 12 … … … … … … … … 1 11 21 31 41 51 61 71 81 91 Cuve Figure IV-6 : Sélection de 100 plots virtuels (de diamètre 250 µm sur une surface de dimensions 5 mm × 5 mm) dispersés sur l’ensemble de la surface d’interaction II – Méthodes d’immobilisation des protéines sur une surface d’or : état de l’art L’élaboration d’un biocapteur implique l’immobilisation préalable des protéines d’intérêt sur une surface solide. Dans la suite de cet exposé, les modes les plus couramment utilisés pour la fixation de biomolécules sur une surface d’or seront présentés. 284 CHAPITRE IV II.1 – Immobilisation des protéines par adsorption passive Le procédé le plus simple d’immobilisation des protéines sur une surface d’or consiste en leur adsorption passive (ou physisorption) sur la surface métallique. Ce procédé ne fait intervenir aucune chimie de surface puisqu’il consiste simplement à mettre en contact une solution de la protéine d’intérêt avec la surface d’or afin d’engendrer la fixation de la biomolécule. Les processus d’interactions entraînant l’adsorption des protéines ne sont pas très bien définis et peuvent varier en fonction de la nature des protéines mises en jeu. Néanmoins, les interactions de type hydrophobe sont sans doute en majorité responsables de l’immobilisation des biomolécules18. L’adsorption passive de protéines sur l’or conduit à un assez bon recouvrement de la surface métallique avec une structure proche de la monocouche18-21. Par ailleurs, la physisorption des protéines est un processus assez rapide puisque cinq minutes de contact entre la protéine et le métal peuvent conduire à un recouvrement d’environ 75 % de la surface19. Du fait de sa simplicité de mise en oeuvre, de sa rapidité et de son faible coût, l’adsorption passive a été la première méthode d’immobilisation utilisée pour démontrer l’utilité de la RPS pour suivre en temps réel des réactions immunologiques19,20. Néanmoins ce procédé est peu employé aujourd’hui car il présente plusieurs désavantages. En effet, l’adsorption passive conduit à des fixations non reproductibles très dépendantes de l’état de surface du métal et les couches moléculaires immobilisées sont instables si bien que des protéines présentes dans les solutions analysées peuvent remplacer des protéines d’intérêt initialement fixées sur l’or. De plus, la proximité entre la surface métallique et les protéines peut altérer les propriétés biologiques des biomolécules. D’autre part, la fixation aléatoire des protéines sur la surface n’est pas adaptée à la fixation des anticorps puisqu’elle peut entraîner leur immobilisation par leur fragment inactif Fc mais également par leurs fragments Fab sur lesquels se situent les sites de reconnaissance immunologique (paratopes). A titre d’exemple, Kooyman et coll.20 ont montré que l’immobilisation d’anticorps anti-ASH sur l’or conduit à tout au plus 25 % d’anticorps favorablement orientés pour la fixation de l’antigène correspondant. Enfin, les biocapteurs élaborés par adsorption passive d’un anticorps sur la surface métallique peuvent conduire à la fixation non spécifique de certaines protéines contenues dans un sérum22. Ce phénomène est sans doute la conséquence d’interactions non spécifiques entre les protéines du sérum et les protéines d’intérêt immobilisées sur la surface mais aussi avec la surface métallique elle-même. 285 CHAPITRE IV Du fait des désavantages engendrés par l’adsorption passive des protéines, de nouveaux procédés d’immobilisation conduisant à une fixation spécifique et stable des protéines et permettant des analyses reproductibles ont été recherchés. II.2 – Immobilisation directe de protéines sur une monocouche organique auto assemblée (SAM) Pour permette une immobilisation spécifique, stable et reproductible de la protéine sur l’or, le métal est très fréquemment recouvert d’une monocouche organique auto assemblée (SAM pour « self-assembled monolayer ») (Figure IV-7). Les deux types de composés principalement utilisés pour recouvrir l’or sont des alcanes ou des phospholipides. La formation de la monocouche est induite par une organisation des molécules à l’interface solide / liquide provoquée d’une part par une forte chimisorption entre la surface d’or et des groupements réactifs portés par les molécules organiques et, d’autre part, par des interactions hydrophobes entre les chaînes alkyle. La monocouche ainsi formée est généralement stable, bien ordonnée et dense. Protéine Immobilisation de la protéine d’intérêt Fonctions réactives Chaînons alkyle ou Phospholipides Thiol Monocouche auto assemblée (SAM) Sulfure ou disulfure Surface d’or Surface d’or Figure IV-7 : Représentation schématique d’une monocouche auto assemblée (SAM) sur une surface d’or Comme mentionné précédemment, ces molécules sont modifiées par des fonctions adéquates pour permettre leur immobilisation sur l’or. Celles-ci sont soit des fonctions thiol 286 CHAPITRE IV situées en extrémité de chaîne, soit des fonctions sulfure ou disulfure à l’intérieur de la chaîne (Figure IV-7). Ces composés possèdent également un second type de groupements réactifs à une de leur extrémité de chaîne pour permettre la fixation ultérieure des protéines. Cette immobilisation peut alors être effectuée de trois façons différentes : (i) par interactions non covalentes telles que des interactions électrostatiques, ou par greffage covalent entre la protéine d’intérêt et les fonctions actives présentes à la surface de la monocouche (paragraphe II.2.2 de ce chapitre), (ii) par l’intermédiaire d’une interface macromoléculaire (paragraphe II.3 de ce chapitre) ou (iii) par mise en jeu d’un complexe intermédiaire de haute affinité de type avidine / biotine (paragraphe II.4 de ce chapitre). II.2.1 – Propriétés des monocouches de type SAMs L’utilisation de monocouches SAMs comme interface d’immobilisation des protéines présente de nombreux avantages. Tout d’abord, le procédé de formation des monocouches est simple et consomme peu de produits puisqu’il consiste à immerger la surface métallique dans une solution très diluée des molécules à fixer. Certaines conditions expérimentales doivent néanmoins être respectées car l’utilisation de concentrations trop élevées et d’un temps de contact long (6 jours) favorise la formation de multicouches23. Les monocouches SAMs sont relativement stables chimiquement et thermiquement24, ce qui est favorable à la fixation ultérieure des protéines d’intérêt. Par ailleurs, l’épaisseur, l’ordre et la densité des monocouches peuvent être facilement contrôlées en fonction (i) de la longueur et de la nature des molécules mises en jeu, (ii) du type de groupement réactif porté en bout de chaîne par les molécules ou encore (iii) par l’utilisation d’un mélange de différentes molécules pour la formation de la couche SAM24-28. En effet l’épaisseur moyenne des monocouches immobilisées peut varier de quelques nanomètres à plusieurs dizaines de nanomètres selon la nature et la composition de la SAM. D’autre part, à titre d’exemple, l’utilisation de longues chaînes alkyle thiolées (n > 10) permet de former une monocouche très dense et très ordonnée (structure cristalline)24. Cette structure rappelle alors le microenvironnement cellulaire des structures de bicouches lipidiques et s’avère être une interface adéquate à l’immobilisation des biomolécules (anticorps, enzymes, acides nucléiques) ou des systèmes biologiques (récepteurs, cellules). 287 CHAPITRE IV D’autre part, selon les applications envisagées, le caractère hydrophobe ou hydrophile de la monocouche peut également être facilement contrôlé par les paramètres (i), (ii) et (iii) définis précédemment24-26. Par exemple, Pale-Grosdemange et coll.25 ont montré qu’une SAM constituée d’alcanes thiols modifiés par des unités éthylène glycol en extrémité de chaîne (HS(CH2)n(OCH2CH2)mOH) était moins hydrophile par rapport à une SAM constituée d’alcanes thiols modifiés en extrémité de chaîne par une fonction OH (HS(CH2)nOH). Ceci peut s’expliquer qualitativement en terme de désordre au niveau de l’interface SAM / liquide. En effet, les couches formées par les molécules HS(CH2)nOH sont très organisées et présentent une interface solide / liquide uniforme constituée de fonctions -CH2OH alors que les SAMs terminées par des groupes –(OCH2CH2)mOH sont moins ordonnées et présentent à l’interface un mélange de fonctions -CH2OH et de fonctions moins hydrophiles -OCH2CH2-. Le contrôle des propriétés de la monocouche (ordre, densité, caractère hydrophobe ou hydrophile) est une étape importante dans la mise au point d’un biocapteur car il permet de contrôler la spécificité de la fixation de la protéine d’intérêt ainsi que la quantité de protéine immobilisée. Quelques exemples illustrant ce point sont donnés dans le paragraphe cidessous. II.2.2 – Exemples d’immobilisation directe de protéines sur une SAM Les monocouches SAMs sont souvent constituées de molécules (chaînons alkyle, phospholipides) portant une fonction carboxylique en extrémité de chaîne. En effet, la fixation de la protéine d’intérêt sur les fonctions acide carboxylique peut être effectuée facilement soit par interactions électrostatiques, soit par activation des fonctions COOH en ester de NHS puis greffage covalent de la protéine sur les fonctions activées grâce à la formation d’une liaison amide entre les fonctions NH2 de la protéine et les esters de NHS. A titre d’exemple, Song et coll.29,30 ont utilisé le premier procédé pour fixer du cyctochrome c par interactions électrostatiques sur une couche SAM composée d’alcanes thiols de différentes longueurs (n=5, 10 et 15) porteurs de fonctions COOH. Les auteurs ont montré que l’utilisation d’une couche SAM formée à partir des chaînons alkyle les plus longs (n=15) permettait d’obtenir une monocouche stable de cytochrome c29. Choi et coll.31,32 ont appliqué le second procédé pour greffer la protéine G sur les fonctions ester de NHS d’une monocouche SAM à base d’acide 11-mercaptoundécanoïque (MUA). Un anticorps anti-Legionella pneumophila a ensuite été immobilisé sur la protéine G 288 CHAPITRE IV et a permis la détection de la Legionella pneumophila32. Une méthode identique a été utilisée par Toda et coll.33 pour greffer un anticorps anti-IgG sur une monocouche SAM formée par des molécules d’acide 4,4-dithiodibutyrique. Suivant le même principe, Herrwerth et coll.34 ont fixé un anticorps sur une monocouche formée par des poly(éthylène glycol)s modifiés par un chaînon alkyle en C11 à une extrémité de chaîne et par une fonction COOH à la seconde (HS-(CH2)11-O-(CH2-CH2-O)m-CH2-COOH). Bien que la couche SAM soit constituée par des macromolécules, celle-ci est assez dense et bien ordonnée (structure cristalline). La présence du PEG permet de réduire les interactions non spécifiques entre la protéine à immobiliser et la couche SAM. D’autre part, les poly(éthylène glycol)s modifiés utilisés par les auteurs sont assez polydispersés. Cette distribution implique alors que la majorité des groupements COOH est partiellement enfouie dans le film SAM si bien que la présence de ces fonctions n’affecte pas les propriétés « répulsives » des unités éthylène glycol envers les protéines. Les monocouches SAM peuvent également comporter d’autres fonctions permettant la fixation des protéines. Par exemple, le groupement acide nitrilotriacétique (NTA) peut être utilisé pour fixer, par l’intermédiaire du Ni(II), des protéines préalablement modifiées par des groupements histidine. En effet, le Ni (II) se lie au groupement NTA par formation d’un chélate tétravalent, puis les groupements imidazole des histidines portés par la protéine se lient aux deux sites vacants du Ni(II). Sigal et coll.35 ont étudié ce procédé par la fixation d’une protéine modèle modifiée par de l’histidine. Les auteurs ont élaboré une SAM à partir d’un mélange de deux alcanes thiols modifiés en extrémité de chaîne soit par un tri(éthylène glycol) (HS-(CH2)11(O-CH2-CH2)3-OH), soit par un groupement NTA (HS-(CH2)11-(O-CH2-CH2)3-O-…-NTA). L’utilisation de la première espèce (HS-(CH2)11-(O-CH2-CH2)3-OH) permet de limiter la fixation non spécifique de la protéine et de contrôler la densité de sites NTA de la monocouche SAM. Un procédé identique a été utilisé par Kroger et coll.36 pour immobiliser un fragment Fab de l’anticorps anti-lysozyme sur une surface SAM. Les molécules formant la couche de SAM peuvent également être modifiées par une fonction biotine en extrémité de chaînes. Dans ce cas, un anticorps anti-biotine peut être directement adsorbé sur la surface37. 289 CHAPITRE IV II.3– Immobilisation des protéines par l’intermédiaire d’un assemblage macromoléculaire La fixation des protéines sur une surface d’or peut également être effectuée par l’intermédiaire d’un assemblage macromoléculaire. Dans ce cas, le polymère mis en jeu est le plus souvent immobilisé sur une monocouche SAM ou il peut aussi être adsorbé directement sur l’or. II.3.1 – Immobilisation des protéines sur un dextrane carboxyméthylé Löfås et Johnsson38 ont modifié une surface d’or pour élaborer une matrice flexible composée de dextrane carboxyméthylé permettant le couplage rapide et efficace de protéines. Ces surfaces sont commercialisées par Biacore AB sous le nom de Sensor Chip CM 5. Les surfaces de type Biacore ont été testées pour la fixation d’un grand nombre de protéines13,38,39 et un nombre important de biocapteurs a été élaboré à partir de ce procédé35,40-43. A titre d’exemple, Knoll et coll.42 ont immobilisé un anticorps anti-PSA (PSA pour « prostatespecific antigen ») permettant la détection rapide de la PSA à la concentration de 3,3-33 pg/mL, concentration largement inférieure à la gamme de concentrations 4-10 ng/mL d’un diagnostic clinique. Par ailleurs, Pei et coll.43 ont greffé un anticorps anti-C4 (C4 pour « human complement factor 4 ») ayant conduit à une détection correcte de l’antigène C4 dans la gamme de concentrations 0,02-20 µg/mL. Le procédé d’élaboration38 des surfaces de type Biacore consiste à recouvrir la surface d’or par une monocouche SAM composée de16-mercaptohexadécan-1-ol. Les groupements hydroxyle en extrémité de chaînes des molécules de la SAM sont choisis pour d’une part permettre la modification ultérieure de la surface et d’autre part créer une interface hydrophile neutre. Les fonctions OH sont modifiées en fonctions époxyde par réaction avec l’épichlorydrine puis, sous des conditions basiques, un dextrane linéaire de masse 500 000 g/mol est lié de façon covalente aux fonctions époxyde. La dernière étape consiste à introduire des fonctions acide carboxylique sur le dextrane en utilisant l’acide bromoacétique dans des conditions basiques. Les conditions opératoires sont telles qu’un taux de modification final d’environ une fonction COOH par unité glucose est obtenu. D’autre part, le taux de 290 CHAPITRE IV recouvrement moyen en dextrane est de l’ordre de 2 ng/mm2 et chaque chaîne macromoléculaire est estimée avoir un seul ou peu de points d’ancrage sur la surface SAM44 (Figure IV-8). Les chaînes flexibles de polymère s’étendent alors sur environ 100 nm en milieu aqueux13,44 et forment ainsi une surface fortement hydrophile qui minimise la fixation non spécifique des protéines ou autres biomolécules. Protéine Greffage covalent de la protéine d’intérêt sur les fonctions COOH du dextrane Dextrane carboxyméthylé Ancrage covalent Monocouche SAM Surface d’or Figure IV-8 : Représentation schématique d’une surface de type Biacore Les surfaces ainsi élaborées permettent un greffage covalent, rapide et efficace des protéines. Pour cela, les fonctions COOH du dextrane sont tout d’abord activées en ester de NHS par l’intermédiaire du couple NHS / EDC puis la protéine d’intérêt est greffée sur la surface par formation d’une liaison amide entre les fonctions amine de la biomolécule et les fonctions réactives ester de NHS. Les auteurs ont montré qu’un taux de recouvrement important en protéine, de l’ordre de 50 ng/mm2, peut être obtenu si cette la protéine est préalablement concentrée à proximité des sites actifs du dextrane, par interactions électrostatiques entre les groupements positifs de la protéine et les fonctions COO- du dextrane13,38,39. Les importantes quantités de protéines immobilisées sont en partie dues à la 291 CHAPITRE IV grande flexibilité des chaînes de polymères et dans certains cas, plusieurs monocouches de protéines peuvent être incorporées dans l’hydrogel de dextrane35. D’autre part, l’immobilisation des protéines par le système Biacore est très reproductible avec par exemple un coefficient de variation égal à 3,4 % pour la fixation de la protéine A sur 96 surfaces différentes39. Cependant le taux de recouvrement en protéines, sous des conditions expérimentales optimisées, peut être très différent selon la nature de la protéine immobilisée avec par exemple une valeur de 0,07, de 9,7 et de 18 ng/mm2 respectivement pour la pepsine, l’αchymotrypsinogène A et l’aldolase39. D’autre part, même si dans certains cas la capacité de fixation du système Biacore est supérieure à celle obtenue par greffage direct sur les structures de type SAM (fixation d’une monocouche de protéines au maximum), ceci n’implique pas forcément que la capacité de fixation du biocapteur issu du système Biacore soit supérieure. En effet, Sigal et coll.35 ont élaboré un biocapteur en immobilisant des protéines modifiées histidine soit sur des fonctions NTA à la surface d’une SAM (Cf. Paragraphe II.2.2 de ce chapitre) soit par greffage sur un hydrogel de dextrane carboxyméthylé. Les auteurs ont constaté que le premier type de biocapteur permettait une meilleure fixation des anticorps correspondants que le second. Plusieurs hypothèses ont alors été avancées : (i) l’immobilisation covalente des protéines modifiées histidine sur le dextrane peut avoir conduit à une modification chimique des épitopes ou à un changement de la structure tridimensionnelle de la protéine, (ii) la protéine peut être liée au dextrane dans une orientation telle que les épitopes ne sont pas accessibles ou (iii) la matrice de dextrane peut empêcher l’accès des anticorps jusqu’aux épitopes ; en effet, il est possible que la flexibilité de la matrice de dextrane ait conduit à une réticulation des chaînes macromoléculaires lors de la fixation de la protéine. II.3.2 – Immobilisation des protéines sur d’autres types de polymères La fixation de protéines sur une surface d’or peut également s’effectuer par l’intermédiaire d’autres types de surfaces macromoléculaires que le dextrane carboxyméthylé. Dans ce cas, la macromolécule peut être déposée directement sur l’or mais elle est le plus souvent fixée sur une interface de type SAM. 292 CHAPITRE IV A titre d’exemple pour le premier cas, la surface d’or peut être recouverte par un polypeptide liant l’or (GBP pour « gold-binding polypeptide »). L’utilisation du polypeptide GBP permet d’introduire à la surface différents sites réactifs tels que des fonctions amine, acide carboxylique et hydroxyle permettant le greffage ultérieur de molécules45. De plus, la présence du polypeptide polaire GBP à la surface de l’or permet de passiver la surface en empêchant les réactions non spécifiques avec des protéines telles que l’albumine ou des anticorps45. Ainsi, par exemple, après activation du GPB par le couple NHS / EDC, les protéines A ou G peuvent être liées au polypeptide45,46. La surface ainsi obtenue permet de fixer des IgG avec une orientation moléculaire favorable pour l’analyse ultérieure des antigènes correspondants. Un tel procédé a été utilisé par Soh et coll.46 pour la détection d’un précurseur de la dioxine, le 2,4-dichlorophénol, avec une faible limite de détection de 20 ppb. Dans le cas où le polymère est déposé sur une interface de type SAM, la littérature reporte l’utilisation de plusieurs types de polymères pour la fixation des protéines. Millot et coll.47 ont par exemple immobilisé un copolymère de N-vinylpyrrolidone (NVP) et de vinylchloroformiate (VCF) activé par des fonctions carbonate de NHS, avec une épaisseur proche de 21 nm, sur une SAM constituée de cystéamine. Le copolymère utilisé est hydrophile et neutre afin de limiter les interactions hydrophobes et/ou électrostatiques avec les protéines. Des anticorps de type IgG ont ensuite été greffés sur les fonctions carbonate de NHS résiduelles du copolymère et ont conduit à la formation d’une monocouche d’IgG. Millot et coll.48 ont également immobilisé des IgG sur un poly(chlorure de méthacryle) dont les fonctions réactives ont été transformées en ester de NHS. Deux méthodes ont été utilisées pour la modification de la surface d’or par le polymère. La première a consisté à immobiliser une monocouche de monomères sur la surface d’une SAM constituée de cystéamine puis à polymériser in situ les monomères. La seconde a consisté à fixer directement le polymère préformé sur la surface SAM de cystéamine. Le premier procédé a conduit à une structure macromoléculaire moins dense et plus flexible permettant un meilleur contact entre le polymère et les molécules d’IgG. Néanmoins, les quantités d’anticorps greffées sur les deux types de surface se sont avérées être comparables. Par ailleurs, les auteurs ont montré que l’introduction d’un bras espaceur sur le polymère avant le greffage de l’anticorps IgG n’augmentait pas forcément la quantité d’IgG fixée mais améliorait les propriétés de reconnaissance entre les IgG immobilisés et les anticorps anti-IgG correspondants. Metallo et coll.49 ont utilisé un polymère bifonctionnel comme interface de fixation entre une surface SAM et des anticorps. Le polymère élaboré est un poly(acrylamide) modifié 293 CHAPITRE IV d’une part par des motifs pendants de vancomycine (antibiotique de type glycopeptide) permettant sa fixation spécifique sur une monocouche SAM comportant des fonctions Dalanine-D-alanine et, d’autre part, par des groupements fluorescéine conduisant à la fixation spécifique d’anticorps anti-fluorescéine. Un tel système pourrait être développé dans l’objectif de contrôler la spécificité de reconnaissance des surfaces cellulaires ou d’autres surfaces biologiques. Masson et coll.50 ont élaboré un biocapteur à partir d’une variété de polymères et ont comparé ces systèmes, en terme de sensibilité et d’interactions non spécifiques, à celui obtenu à partir d’un dextrane carboxyméthylé. Les différents polymères étudiés sont des polysaccharides tels que le dextrane carboxyméthylé, l’acide hyaluronique carboxyméthylé, l’acide hyaluronique, l’acide alginique et d’autres types de polymères tels que l’acide humique, l’acide polylactique, l’acide polyacrylique et un copolymère d’acide poly(méthacrylique) et d’acétate de vinyle. L’ensemble de ces polymères a été immobilisé sur une surface d’or puis des anticorps anti-myoglobine ont été fixés sur la surface. Les procédés de fixation des polymères et de l’anticorps sont similaires à ceux utilisés dans le Biacore. Chacun des biocapteurs ainsi élaborés a permis la détection de la myoglobine à une concentration de 25 ng/mL inférieure aux concentrations biologiques et les systèmes les plus performants ont été ceux obtenus à partir de l’acide alginique et du dextrane carboxyméthylé. Néanmoins, du fait d’interactions non spécifiques, le biocapteur à base de dextrane carboxyméthylé n’a pas permis la détection de la myoglobine dans un sérum. Des problèmes similaires ont été constatés avec l’acide alginique mais les interactions non spécifiques ont pu être diminuées d’environ 60 % avec l’utilisation de l’acide hyaluronique carboxyméthylé et de l’acide hyaluronique. II.4– Immobilisation des protéines par l’intermédiaire d’un complexe de haute affinité de type avidine / biotine L’avidine est une protéine animale tétramérique de masse moléculaire 67 000 g/mol et de pI égal à 10-11. L’avidine présente la particularité de se lier de façon non covalente à la biotine (vitamine H) par quatre sites de fixation identiques disposés sur les deux faces de la protéine, avec une constante d’affinité très élevée51 de l’ordre de 1015 M-1. Les molécules dérivées de l’avidine telles que la streptavidine (M = 60 000 g/mol, pI = 7) ou l’extravidine (M = 73 000 g/mol, pI = 6,5) possèdent la même propriété vis-à-vis de la biotine. La 294 CHAPITRE IV fonctionnalisation des protéines par de la biotine étant relativement simple, la grande affinité du complexe avidine (ou dérivés) / biotine a été mise à profit pour fixer de façon spécifique et stable des protéines sur une surface d’or. Un procédé fréquemment utilisé consiste à immobiliser l’avidine (ou dérivés) sur la surface d’or puis à y fixer les protéines d’intérêt préalablement modifiées par de la biotine (Figure IV-9). Protéine Extrémité biotinylée (2) 2ème étape : Immobilisation de la protéine d’intérêt préalablement biotinylée Avidine (ou dérivés) 1ère étape : Immobilisation de l’avidine (ou dérivés) sur la surface (par différents procédés) (1) Surface d’or Figure IV-9 : Principe du procédé fréquemment utilisé pour immobiliser les protéines sur une surface d’or par l’intermédiaire du couple avidine (ou dérivés) / biotine Un tel procédé a été utilisé par Kada et coll.52 pour fixer de la HSA et de la ferritine sur une interface de streptavidine, par Toda et coll.33 pour immobiliser des anticorps anti-IgG et par Knoll et coll.15 pour fixer des fragments Fab d’anticorps anti-hormone HCG (HCG pour « hormone human choreonic gonadotropin »), également sur une interface de streptavidine. Un autre procédé impliquant le couple avidine (ou dérivés) / biotine peut également être utilisé : l’avidine (ou dérivés) est tout d’abord immobilisée sur la surface puis des groupements acide nitrilotriacétique (NTA) préalablement biotinylés sont immobilisés de façon spécifique sur l’avidine. La protéine d’intérêt, préalablement modifiée par de l’histidine, peut ensuite être fixée sur les fonctions NTA par l’intermédiaire du Ni(II). Un tel 295 CHAPITRE IV procédé a été utilisé par Kada et coll.53 pour immobiliser une protéine membranaire (protéine canal KcsA) sur une interface de streptavidine. L’immobilisation des protéines par le complexe avidine (ou dérivés) / biotine nécessite la fixation préalable de l’avidine (ou dérivés) sur la surface métallique. L’avidine étant une protéine, tous les procédés préalablement relatés dans cet exposé peuvent être utilisés. En particulier, Ebersole et coll.18 ont mis en évidence que l’avidine et la streptavidine s’adsorbaient spontanément et irréversiblement sur l’or en formant une structure proche de la monocouche. Les auteurs ont montré que le processus d’adsorption n’était dominé ni par des interactions métal/thiol (par l’intermédiaire des résidus cystéine de l’avidine) ni par des interactions électrostatiques mais plutôt par des interactions de type hydrophobe. On peut également citer les travaux de Toda et coll.33 qui ont utilisé une interface SAM constituée d’acide 4,4-dithiodibutyrique pour greffer de la streptavidine et immobiliser un anticorps anti-IgG (anticorps n°1) biotinylé. Les auteurs ont testé en parallèle une voie plus directe en fixant cet anticorps anti-IgG (anticorps n°1) de façon covalente sur l’interface SAM constituée de l’acide 4,4-dithiodibutyrique. Les propriétés de reconnaissance de ces deux types de surfaces vis-à-vis d’un IgG (anticorps n°2) ont été évaluées. Cette comparaison a mis en évidence que les interactions non spécifiques entre les IgG et la surface d’or étaient beaucoup plus importantes dans le cas d’une fixation directe sur la SAM. De plus, certaines molécules d’anti-IgG sont mal orientées et ne peuvent lier l’IgG (Figure IV-10). A l’inverse, les anticorps n°1 immobilisés par l’intermédiaire du couple avidine / biotine sont placés plus loin de la surface métallique et l’orientation moléculaire des anticorps est favorable à la reconnaissance de l’IgG. 296 CHAPITRE IV Figure IV-10 : Représentation schématique de la fixation d’un anticorps anti-IgG par (a) immobilisation directe sur l’acide 4,4-dithiodibutyrique (a) ou par mise en jeu du couple streptavidine / biotine (b). Illustration tirée de la référence 33. S : substrat de verre, G : film d’or, D : acide 4,4-dithiodibutyrique, A : anticorps anti-IgG (anticorps n°1), I : IgG, AV : streptavidine, B : biotine, LS : bras espaceur L’avidine (ou dérivés) peut également être immobilisée sur une interface macromoléculaire. La fixation peut s’effectuer par interactions électrostatiques, par formation de liaisons covalentes ou encore par formation de liaisons spécifiques de type avidine / biotine. A titre d’exemple, Frey et coll.54 ont fixé l’avidine sur une monocouche de poly(Llysine) dont certaines fonctions amine ont été préalablement modifiées par des groupements biotine. Le polymère de poly(L-lysine) est préalablement déposé sur la surface d’or par interactions électrostatiques avec une monocouche SAM constituée de MUA. Les auteurs ont montré que l’adsorption de l’avidine sur le polymère s’effectuait de façon spécifique sur les zones biotinylées de la poly(L-lysine) et que la variation du taux de biotine dans la couche de poly(L-lysine) permettait de contrôler le taux de recouvrement en avidine. Enfin, la poly(Llysine) étant un polypeptide, son utilisation pour la fixation des protéines permet de limiter le risque de dénaturation des biomolécules immobilisées. Il est également possible de fixer directement l’avidine sur une monocouche SAM constituée de molécules biotinylées en extrémité de chaînes. Ce procédé permet une immobilisation spécifique et stable de la protéine. Afin d’optimiser les propriétés de surface de la SAM, de nombreuses études ont été menées sur des monocouches SAMs de composition variable15,55-58. L’ensemble de ces travaux a montré que le choix d’une molécule biotinylée appropriée, possédant un bras espaceur de taille adéquate, et dont la concentration dans la couche de SAM était optimisée, conduisait à une fixation spécifique et maximale de la 297 CHAPITRE IV protéine. A titre d’exemple, Spinke et coll.55 ont montré que des monocouches biotinylées composées d’un seul type de molécules engendraient un faible recouvrement en streptavidine du fait de l’encombrement stérique (Figure IV-11a). Par contre, l’utilisation d’un mélange de molécules biotinylées et non biotinylées pour constituer la SAM permettait de « diluer » les extrémités biotine à l’interface solide/liquide et de diminuer l’encombrement stérique autour de ces fonctions (Figure IV-11b et c). Ainsi, la quantité de protéine immobilisée a pu être contrôlée par la composition de la SAM. Il a ainsi été montré qu’une SAM constituée d’un mélange de 10 % de molécules biotinylées (12-mercaptododécanoïque-(8-biotinoylamido-3,6dioxaoctyl) amide) et 90% de chaînons alkyle plus courts portant une fonction OH (11mercaptoundécanol) (Figure IV-11c) conduisait à une fixation spécifique et maximale de la streptavidine. Streptavidine Extrémité biotine Chaînon alkyle Extrémité SH SAM (a) Extrémité biotine Extrémité OH (b) (c) Figure IV-11 : Représentation schématique de la fixation de la streptavidine sur différentes monocouches de type SAMs55. La gêne stérique rencontrée par la streptavidine lors de son immobilisation diminue de la figure (a) à (c) et devient nulle dans ce dernier cas. 298 CHAPITRE IV II.4– Conclusion En conclusion, de nombreux procédés peuvent être utilisés pour la fixation des protéines sur une surface d’or. L’adsorption passive de biomolécules sur la surface métallique conduit à des fixations non reproductibles et instables. De plus, ce procédé peut engendrer la dénaturation des biomolécules immobilisées. Ainsi, cette méthode d’immobilisation des protéines ne peut être utilisée pour l’élaboration de systèmes analytiques tels que des biocapteurs. D’autres modes de fixation sont donc utilisés. Généralement, la surface d’or est d’abord recouverte d’une couche organique hydrophile afin de diminuer les interactions non spécifiques entre les protéines et la surface. Ce dernier point permet alors de réduire le risque de dénaturation des protéines lors de leur immobilisation. La couche organique déposée sur l’or est généralement une monocouche de chaînons alkyle ou de phospholipides auto assemblée (SAM) ou une macromolécule telle que le dextrane carboxyméthylé. La protéine d’intérêt peut ensuite être immobilisée sur cette couche par différents procédés : par adsorption, par greffage chimique ou encore par mise en jeu de composés intermédiaires tels que l’avidine et la biotine. L’ensemble de ces procédés peut conduire à une fixation stable et reproductible ainsi qu’à un taux de recouvrement important en protéine par l’optimisation préalable des propriétés de l’interface de fixation. III – Elaboration d’un immunocapteur : présentation des deux voies utilisées dans ce travail pour immobiliser la βlactoglobuline sur une surface d’or III.1 – Présentation des deux voies de fixation de la β-lactoglobuline sur une surface d’or L’objectif de cette étude est d’élaborer un immunocapteur permettant de révéler la sensibilité d’un individu à un type d’allergène donné. Dans le cas présent, un biocapteur 299 CHAPITRE IV particulier capable de déceler l’allergie au lait de vache a été mis au point. Pour ce faire, un allergène contenu dans le lait, la β-lactoglobuline, a été immobilisé sur une surface d’or. La β-lactoglobuline est une protéine de masse moléculaire proche de 18 000 g/mol et de pI égal à 5,1. Elle représente environ 50 à 60 % des protéines du lactosérum. Il existe sept variants génétiques de cette protéine, les plus communs étant le A et le B. Ces deux variants de la β-lactoglobuline se trouvent essentiellement sous la forme de monomères ou de dimères. A pH = 6,8 la protéine est présente sous forme de dimères (M= 36 000 g/mol) qui se dissocient à un pH supérieur à 8 ou inférieur à 3. La β-lactoglobuline utilisée dans la présente étude contient un mélange des formes A et B. Deux méthodes d’immobilisation de la β-lactoglobuline inspirées de procédés mis en oeuvre par David et coll.59,60 pour la fixation d’anticorps IgG de lapin sur une surface d’or, ont été envisagées (Figure IV-12) . Ces deux voies d’immobilisation de la protéine font appel au système adamantyle/β-cyclodextrine : - méthode A : une β-lactoglobuline préalablement modifiée par des bras porteurs de motifs adamantyle est adsorbée sur une couche de β-cyclodextrine par formation de complexe d’inclusion - méthode B : la β-lactoglobuline est immobilisée par greffage chimique sur un dextrane porteur de fonctions réactives, le dextrane étant lui-même adsorbé sur une couche de βcyclodextrine par formation de complexes d’inclusion. 300 CHAPITRE IV Adsorption d'une β-lactoglobuline modifiée Greffage de la β-lactoglobuline par des bras de PEG-Ad sur une couche de β-cyclodextrine sur des fonctions acide carboxylique activées (Voie A) (Voie B) Ad Ad HOOC COOH COOH COOH Ad surface d'or Ad surface d'or Espèces mises en jeu: Voie B : Voie A : β-cyclodextrine β-cyclodextrine HOOC COOH β-lactoglobuline modifiée par des bras de PEG-Adamantyle COOH COOH Ad Ad Ad Dextrane modifié par des groupements adamantyle et des fonctions acide carboxylique (Dext-Ad-COOH) Ad β-lactoglobuline Figure IV-12 : Présentation des deux voies de fixation de la β-lactoglobuline sur une surface d’or pour la mise au point d’un immunocapteur permettant de révéler l’allergie au lait de vache 301 CHAPITRE IV Les deux voies envisagées pour l’élaboration de l’immunocapteur partent d’une interface de complexation commune : une surface d’or tapissée de molécules de β-cyclodextrine. L’élaboration de cette interface est décrite dans le paragraphe suivant. III.2 – Elaboration de l’interface de complexation commune aux deux voies par immobilisation d’une couche de β-CD sur une surface d’or La littérature répertorie de nombreux travaux d’immobilisation de cyclodextrines sur des surfaces d’or. La plupart des méthodes utilisées mettent en jeu des molécules de cyclodextrine modifiées chimiquement par des fonctions thiol61-67. En effet, ces fonctions possédant une très grande affinité pour l’or68 sont souvent utilisées comme moyen de couplage privilégié de molécules ou macromolécules sur des surfaces d’or. Dans la présente étude, un composé bifonctionnel, l’acide 11-mercaptoundécanoïque (MUA) a été utilisé comme agent de couplage entre les molécules de β-CD et la surface d’or. Ce composé a été choisi d’une part pour sa fonction thiol permettant son immobilisation sur l’or, d’autre part pour sa fonction acide carboxylique permettant le greffage d’une β-CD aminée et enfin pour son bras espaceur suffisamment long qui devrait conduire à une monocouche bien organisée69-71. Le procédé d’immobilisation d’une β-cyclodextrine aminée (β-CD-NH2) (Cf. Synthèse au chapitre I, paragraphe III.1.2) sur une surface d’or par l’intermédiaire du MUA consiste en quatre étapes59 (Réaction IV-1). Les conditions expérimentales relatives à chacune de ces étapes sont reportées dans l’annexe 17. 302 CHAPITRE IV 1ère étape 2ème étape O MUA : HS-(CH2)10-COOH TA, 16 h, EtOH NHS : HO N , EDC S (CH2)10 COOH surface d'or O O O TA, 30 min S (CH2)10 O S (CH2)10 COOH O O O S (CH2)10 N O N O Surface Or-MUA 3ème étape H2N TA, 30 min 4ème étape Ethanolamine : H2NCH2CH2OH TA, 10 min O S (CH2)10 NHCH2CH2OH O O S (CH2)10 O N O O O S (CH2)10 O H N S (CH2)10 O H N Surface Or-MUA-β β-CD Réaction IV-1 : Procédé d’immobilisation de la β -CD-NH2 sur une surface d’or par l’intermédiaire d’un agent de couplage bifonctionnel, le MUA De par la grande réactivité des fonctions thiol vis-à-vis de l’or, l’immobilisation de l’agent de couplage s’effectue simplement, à température ambiante, par immersion de la lame d’or dans une solution éthanolïque de MUA. La fonction acide carboxylique du MUA est ensuite activée en ester de NHS en présence d’EDC suivant le mécanisme décrit précédemment au chapitre III (Cf. Chapitre III, paragraphe III.2.1, Réaction III-2). Puis, la βCD-NH2 est couplée à la fonction réactive du MUA par l’intermédiaire de sa fonction amine et via la formation d’une liaison amide (Cf. Chapitre III, paragraphe III.2.1, Réaction III-3). Enfin, afin d’éviter toute réaction ultérieure avec les esters de NHS n’ayant pas réagi au cours de l’étape de greffage de la β-CD-NH2, les fonctions résiduelles sont désactivées avec une 303 CHAPITRE IV solution concentrée d’éthanolamine39. Ce rinçage permet en même temps d’éliminer la β-CD aminée éventuellement liée à la surface par interactions non spécifiques. L’évolution de la réflectivité en fonction du temps lors du passage d’une solution de βCD-NH2 sur une surface d’or-MUA activée est donnée sur la Figure IV-13. 1 : β-CD-NH2 Réflectivité 2 : Ethanolamine Rinçage à l'eau 0,48 0,46 0,44 0,42 2 0,40 ∆R>0 ⇔ Fixation de la β-CD-NH2 1 0 10 20 30 40 50 60 Temps (min) Figure IV-13 : Courbe de réflectivité relative à l’immobilisation de la β-CD-NH2 sur une surface d’orMUA activée. Conditions expérimentales : (1) circulation sur la surface d’une solution de β-CD-NH2 à 10 mg/mL dans l’eau pendant 30 min suivie d’un rinçage à l’eau de 10 min, (2) circulation d’une solution d’éthanolamine à 0,5 M de pH = 7,8 pendant 10 min suivie d’un rinçage à l’eau La différence de réflectivité engendrée par la circulation d’une solution de β-CD-NH2 sur la surface d’or-MUA activée suivie d’un rinçage à l’éthanolamine puis à l’eau confirme l’immobilisation des molécules de cyclodextrine. La cinétique de fixation de la β-CD-NH2 a été suivie sur une matrice carrée de 100 plots virtuels choisis sur l’ensemble de la surface d’or (Cf. Paragraphe I.4 de ce chapitre). La variation de réflectivité observée sur l’ensemble de ces plots est reportée sur la Figure IV-14. 304 CHAPITRE IV Réflectivité différentielle après immobilisation de la β-CD-NH2 suivie d'un rinçage à l'éthanolamine puis à l'eau 1,5 ∆R (%) 1,0 0,5 0,0 0 20 40 60 80 100 Numéro du plot Figure IV-14 : Histogramme rapportant la variation de réflectivité ∆R (%) observée sur 100 plots virtuels de la surface après la circulation d’une solution de β -CD-NH2 sur la surface d’or-MUA activée. Valeurs de ∆R médiane = 1,04 %, moyenne = 0,99 %, minimale = 0,4 %, maximale = 1,8 % La variation de réflectivité observée sur l’ensemble des plots, après immobilisation de la βCD-NH2 suivie d’un rinçage à l’éthanolamine semble assez dispersée autour d’une valeur médiane de 1,04 % et d’une valeur moyenne égale à 0,99 %. La fixation plus importante de la β-CD-NH2 pour les plots de numéros élevés ainsi que la périodicité observée pour les valeurs de ∆R pourraient être dues à des problèmes de dynamique du flux au sein de la cellule. Afin de quantifier la dispersion observée sur la Figure IV-14, les valeurs de ∆R observées pour les 100 plots de la surface ont été reportées dans un histogramme (Cf. Figure IV-15). Chaque barre de cet histogramme représente le nombre de plots correspondant à une valeur de ∆R donnée comprise dans une classe de pas égal à 0,1. 305 CHAPITRE IV Nombre de plots 15 10 5 0 0,0 0,2 0,4 0,6 0,8 1,0 1,2 1,4 1,6 1,8 2,0 ∆ R (%) Figure IV-15 : Histogramme rapportant la distribution de la variation de réflectivité ∆R (%) observée sur 100 plots virtuels de la surface après la circulation d’une solution de β-CD-NH2 sur la surface d’or-MUA activée. Bien que cet histogramme fasse apparaître deux populations, celui-ci a été modélisé par une gaussienne présentant un maximum pour une variation de réflectivité ∆Rcentrale égale à 1,02 % et d’écart type σ égal à 0,45 %. La dispersion des mesures autour de la valeur centrale est donnée par le rapport σ/∆Rcentrale. Dans le cas présent, un rapport σ/∆Rcentrale de 0,44 a été déterminé. Ce résultat qui correspond à une hétérogénéité relativement importante de la surface après immobilisation de la β-CD-NH2 servira de référence ultérieurement. Cette hétérogénéité peut être due à un effet de surface (hétérogénéité de la sous couche de MUA). Cependant, comme mentionné précédemment, l’effet du système (Cf. Figure IV-14) doit être également responsable de l’importante dispersion observée. 306 CHAPITRE IV IV – Immunocapteur obtenu par immobilisation d’une βlactoglobuline modifiée par des groupements adamantyle : méthode A Les différentes étapes nécessaires à l’élaboration de l’immunocapteur, par immobilisation d’une β-lactoglobuline modifiée par des groupements adamantyle sur la surface de complexation or-MUA-β-CD, sont résumées par la Réaction IV-2. Dans un premier temps, la β-lactoglobuline est modifiée chimiquement par des bras de PEG-Adamantyle (1ère étape) puis la biomolécule obtenue est immobilisée sur une surface d’or recouverte de β-cyclodextrine (2ème étape). L’immunocapteur ainsi élaboré est ensuite testé quant à sa capacité à fixer de façon spécifique un anticorps anti-β-lactoglobuline (3ème étape). Chacune de ces étapes sera détaillée par la suite. 307 CHAPITRE IV 1ère étape : Modification chimique de la β-lactoglobuline par des bras de PEG-Ad Ad Ad 2ème étape : Formation de complexes d'inclusion Ad Ad TA, 15 min à 1 h 45 min, PBS/Tween surface d'or SURFACE DE COMPLEXATION OR-MUA-β β-CD Ad Ad Ad Ad IMMUNOCAPTEUR 3ème étape : Adsorption de l'anticorps TA, 20 min, PBS/Tween/BSA Ad Ad Ad Ad Réaction IV-2 : Elaboration et test de l’immunocapteur par immobilisation d’une β-lactoglobuline modifiée par des groupements adamantyle sur la surface de complexation or-MUA-β β-CD 308 CHAPITRE IV IV.1 – Préparation et caractérisation d’une β-lactoglobuline modifiée par des groupements adamantyle IV.1.1 – Modification de la β-lactoglobuline par des groupements adamantyle L’élaboration du biocapteur à allergènes selon la voie A nécessite d’introduire des groupements hydrophobes adamantyle sur la β-lactoglobuline. Cette modification a été effectuée par couplage de la protéine avec des polymères de PEGs porteurs de ces groupements adamantyle. La littérature reporte de nombreuses méthodes de couplage des PEGs aux protéines72-84. Celles-ci font le plus souvent appel à la réactivité des fonctions NH2 des protéines et parfois à la réactivité de leurs fonctions COOH ou SH. Dans le cas présent, le procédé de couplage utilisé pour la modification de la βlactoglobuline consiste à former un ester de N-hydroxysuccinimide (ester de NHS) à partir d’un PEG carboxylé puis à faire réagir ces fonctions ester de NHS sur les fonctions NH2 de la protéine84. Le but recherché étant de modifier la β-lactoglobuline par des groupements adamantyle, un PEG carboxylé porteur à l’autre extémité d’un groupement adamantyle doit être couplé à la protéine. Ainsi, le polymère de type COOH-PEG-AdPh, ayant servi comme polymère modèle à la détermination des constantes d’affinité (Cf. Chapitre II, paragraphe I.3) et dont la synthèse a été décrite au chapitre I (paragraphe III.3.3.b), a été utilisé pour la modification de la β-lactoglobuline. Les conditions expérimentales relatives au couplage du COOH-PEG-AdPh à la β-lactoglobuline sont résumées par la Réaction IV-3 et dans l’annexe 18. 309 CHAPITRE IV 1ère étape 1) DCC, 0°C, 2 h, CHCl3 O 2) NHS : HO O , 0°C, 30 min, CHCl3 O C O N OH AdPh-PEG-COOH O O C O O N AdPh-PEG-COONHS O 2ème étape NH2 NH2 NH2 β-lactoglobuline NH2 NH2 O 0°C, 45 min, Tampon phosphate pH = 7 O C NH NH2 NH2 NH O HN O C O C O AdPh-PEG-β β-lactoglobuline Réaction IV-3 : Couplage d’un polymère de COOH-PEG-AdPh à la β-lactoglobuline selon le procédé de Yoshinga et Harris78 310 CHAPITRE IV 1ère étape : Activation de l’extrémité carboxylée du polymère AdPh-PEG-COOH par formation d’un ester de N-hydroxysuccinimide (NHS) : obtention de l’espèce AdPh-PEGCOONHS La première étape consiste à activer l’extrémité COOH du polymère AdPh-PEGCOOH en ester de NHS en présence de dicyclohexylcarbodiimide (DCC). Le polymère AdPh-PEG-COOH utilisé pour cette première étape a été élaboré à partir d’un lot de AdPh-PEG-OH contenant de faibles proportions des composés suivants (Cf. Chapitre I, paragraphe III.3.3.b.1) : - (1) AdPh-PEG-AdPh, - (2) OH-PEG-OH. Ainsi, après activation, le polymère recueilli contient majoritairement l’espèce AdPh-PEGCOONHS et une faible proportion des espèces suivantes : - (1) AdPh-PEG-AdPh, - (2’) NHSOOC-PEG-COONHS. L’incidence de ces composés sur la réaction de couplage sera discutée au paragraphe suivant. 2ème étape : Couplage du polymère activé AdPh-PEG-COONHS à la βlactoglobuline : obtention de l’espèce AdPh-PEG- β-lactoglobuline La β-lactoglobuline est couplée à la fonction réactive du AdPh-PEG-COONHS par l’intermédiaire de ses fonctions NH2 et via la formation d’une liaison amide. Alors que la réaction d’amidation est d’autant plus rapide que le pH est élevé, les fonctions ester de NHS sont quant à elles de plus en plus instables85(réaction d’hydrolyse, Cf. Chapitre III, réaction III-3). Ainsi, la réaction de couplage du PEG modifié à la protéine a été effectuée dans un tampon phosphate de pH modéré égal à 7 et un excès de polymère AdPh-PEG-COONHS (excès molaire AdPh-PEG-COONHS / β-lactoglobuline de l’ordre de 4,7) a été utilisé. La présence de l’espèce AdPh-PEG-AdPh dans le lot de polymère utilisé pour cette seconde étape n’a pas d’incidence pour la suite de l’étude. En effet, ce composé est éliminé par dialyse pendant la purification de la protéine modifiée (Cf. annexe 18). Par ailleurs, la présence de l’espèce NHSOOC-PEG-COONHS peut conduire à la formation de différentes entités dont quelques formes possibles sont représentées sur la Figure IV-16. Ces espèces ne 311 CHAPITRE IV sont pas gênantes car elles contiennent des groupements adamantyle qui permettront leur immobilisation spécifique (par formation de complexe d’inclusion) sur la couche de β-CD immobilisée sur la surface d’or. HOOC O Espèce 3 O C NH O C HN NH2 HN NH2 C O O O O Espèce 4 C O NH2 NH NH NH O C O HN O C C O Espèce 5 O O C NH NH2 NH2 H N O O C NH2 HN C C HN NH C O NH2 O O NH2 NH2 Figure IV-16 : Quelques espèces possibles formées par réaction de la β -lactoglobuline sur un polymère de type NHSOOC-PEG-COONHS. 312 CHAPITRE IV IV.1.2 – Caractérisation de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh par électrophorèse La β-lactoglobuline a été caractérisée par trois techniques électrophorétiques : l’électrophorèse sur gel de polyacrylamide (PolyAcrylamide Gel Electrophoresis) en présence de détergent ionique SDS (SDS PAGE), l’isoélectrofocalisation (IEF) et l’électrophorèse capillaire. Les deux premières caractérisations ont été effectuées au Laboratoire Environnement et Chimie Analytique de l’Ecole Supérieure de Physique et Chimie Industrielles de la ville de Paris. a) Caractérisation par électrophorèse sur gel de polyacrylamide en présence de détergent SDS (SDS PAGE) L’électrophorèse sur gel de polyacrylamide en présence de détergent ionique SDS (SDS PAGE) a été introduite par Shapiro et coll. en 196786. Cette technique consiste à séparer des protéines en fonction de leur poids moléculaire. Pour cela, les protéines sont préalablement incubées avec du SDS afin que le tensioactif se lie aux protéines et masque totalement les charges intrinsèques des biomolécules. En théorie, les conditions expérimentales sont choisies de telle sorte que chaque type de protéine fixe en moyenne 1,4 g de SDS par gramme de protéine. Par ce procédé, les protéines acquièrent donc une densité de charges identique et par conséquent une mobilité électrophorétique similaire dans un milieu non restrictif. D’autre part, cette étape d’incubation entraîne une perte des structures tertiaires et secondaires des protéines du fait de la destruction des liaisons hydrogène et du déploiement de la chaîne macromoléculaire. Dans un second temps, le mélange protéique est déposé sur un gel de polyacrylamide et une tension est appliquée aux extrémités du gel afin de provoquer la séparation des protéines. La mobilité électrophorétique des différentes protéines étant identique, leur vitesse de migration est uniquement fonction de leur masse moléculaire ; elle est d’autant plus élevée que la taille des protéines est plus faible. En théorie, dans le cas de gels de polyacrylamide de concentration fixe, le logarithme décimal de la masse moléculaire d’une espèce ( log M ) est une fonction linéaire de sa distance relative de migration ( m ) dans le gel : 313 CHAPITRE IV log M = a − b.m , avec a et b positifs Equation IV-6 Néanmoins cette relation n’est valable que dans un domaine de masse relativement étroit. En pratique, une courbe de calibration reportant la distance relative de migration de composés standards (composés de masse moléculaire connue) en fonction de leur masse est donc établie. En reportant sur cette courbe la distance de migration des espèces analysées, la masse moléculaire des différents composés peut être déterminée. Il est important de noter qu’en réalité la masse moléculaire déterminée par ce procédé est parfois approximative. En effet, selon le caractère hydrophobe de la protéine, celle-ci peut être plus ou moins recouverte de SDS. Ainsi, le rapport masse SDS / masse protéine peut, en réalité, être différent pour chaque type de protéine analysée. Dans ce cas, la migration des composés devient également fonction de la quantité de SDS fixée. Le SDS PAGE reste cependant une technique intéressante permettant de comparer des masses moléculaires. La β-lactoglobuline-PEG-AdPh synthétisée et la β-lactoglobuline native ont été analysées par SDS PAGE sur un gel de polyacrylamide de concentration croissante de 8 à 18 % (Amersham) (Figure IV-17). Des marqueurs de masse moléculaire comprise entre 94 000 et 14 400 g/mol ont été utilisés (Amersham). 314 CHAPITRE IV Extrémité positive du gel Masses moléculaires (g/mol) et Distances relatives de migration des marqueurs 94 000 67 000 43 000 30 000 (2’) (2) (2) (1’) 20 100 14 400 Sens de migration des composés (1) (1) Extrémité négative du gel β -lactoglobuline β -lactoglobuline-PEG-AdPh Figure IV-17 : Caractérisation de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh par SDS PAGE sur gel de polyacrylamide après coloration au nitrate d’argent L’électrophérogramme relatif à la β-lactoglobuline native montre la présence de deux populations majoritaires. En comparant la distance relative de migration de ces deux populations à celles des marqueurs, on peut supposer que les deux espèces observées correspondent aux formes monomères (M = 18 000g/mol) et dimères (M = 36 000 g/mol) de la β-lactoglobuline. La présence de la forme monomère peut s’expliquer du fait des conditions dénaturantes de la technique utilisée. D’autres bandes de faible intensité correspondant à des impuretés de la β-lactoglobuline de masse plus élevée sont également observées. L’électrophérogramme obtenu pour la β-lactoglobuline-PEG-AdPh révèle la présence de plusieurs populations de masse moléculaire supérieure ou égale à la protéine native, suggérant alors la modification chimique d’une certaine quantité du lot de protéine. Néanmoins, le signal obtenu est très diffus et la détermination de la masse moléculaire moyenne de la 315 CHAPITRE IV protéine modifiée apparaît donc impossible. Par contre, en observant attentivement l’électrophérogramme obtenu pour la β-lactoglobuline-PEG-AdPh, on peut constater la présence de 4 bandes majoritaires. La comparaison de cet électrophérogramme avec celui de la protéine native pourrait laisser supposer que les bandes numérotées 1 et 2 correspondent à de la protéine, respectivement sous forme monomère et dimère, non modifiée par les bras de PEG-Ad. Par ailleurs, les deux autres populations observées, numérotées 1’ et 2’, pourraient correspondre respectivement à la forme monomère et dimère de la protéine modifiée. Bien que cela soit très approximatif, nous avons tout de même calculé, à partir d’une courbe étalon établie à l’aide des marqueurs, la masse moléculaire moyenne des espèces 1’ et 2’. Puis, en supposant comme indiqué précédemment que ces espèces correspondent respectivement à la forme monomère et dimère de la protéine, il a été calculé un accroissement moyen de la masse respectivement de 8300 g/mol et 9400 g/mol pour ces deux espèces. Ce résultat indiquerait alors que les composés 1’ et 2’ contiennent environ 1 à 2 bras de PEG-Ad (M ≈ 5000 g/mol). Sachant que l’espèce 1’ provient de la scission du dimère, on en déduit alors que la β-lactoglobuline-PEG-AdPh porte environ 1 à 4 bras par mole de dimère. Rappelons que ce résultat est approximatif et ne représente pas forcément le taux moyen de modification de la β-lactoglobuline par les bras de PEG-Ad. b) Caractérisation par isoélectrofocalisation (IEF) L’isoélectrofocalisation est une technique qui permet de mesurer le pI de protéines. Le procédé utilisé consiste à créer un gradient de pH à l’intérieur d’un gel de poly(acrylamide) ou d’agarose. Pour cela, le gel est préalablement rempli avec une solution d’ampholytes puis une tension est appliquée au bornes du capillaire ce qui provoque la mise en mouvement des ampholites jusqu’à leur immobilisation dans le capillaire au niveau de leur pI. Les ampholites créent alors un pH local égal à leur pI. Le mélange à analyser est ensuite déposé sur le gel et les différents constituants du mélange migrent dans le capillaire jusqu’à la bande de pH correspondant à leur pI. A l’aide d’une courbe de calibration préalablement établie, portant la distance de migration en fonction du pI des espèces étudiées, le pI des différents composés analysés peut être déterminé. La β-lactoglobuline-PEG-AdPh synthétisée et la β-lactoglobuline native ont été analysées par IEF sur un gel de polyacrylamide (Amersham) de concentration fixe égale à 5 316 CHAPITRE IV % (Figure IV-18). Une solution d’ampholites permettant de créer un gradient de pH de 3 à 10 et des marqueurs de pI compris entre 4,7 et 10,6 ont été utilisés (BDH). Extrémité positive du gel β -lactoglobuline-PEG-AdPh β -lactoglobuline pI et Distances relatives de migration des marqueurs 4,74 4,85 5,65 5,92 Gradient de pH croissant 6,45 7,3 8,3 10,6 Extrémité négative du gel Figure IV-18 : Caractérisation de la β -lactoglobuline-PEG-AdPh par IEF sur gel de polyacrylamide après coloration au bleu de Coomassie Les électrophérogrammes obtenus pour la β-lactoglobuline et la β-lactoglobulinePEG-AdPh présentent des signaux diffus qui ne permettent pas de déterminer avec précision le pI des protéines. Néanmoins la comparaison des deux électrophérogrammes révèle un déplacement de la bande de protéine modifiée vers les pI les plus faibles. Etant donné que la modification chimique de la β-lactoglobuline par les bras de PEG-AdPh met en jeu des fonctions NH2 de la protéine (Cf. Réaction IV-3), le déplacement de pI observé semble confirmer le greffage des bras de PEG-AdPh sur la β-lactoglobuline. 317 CHAPITRE IV c) Caractérisation par électrophorèse capillaire La modification de la β-lactoglobuline par des brins de PEG-AdPh a été confirmée par une dernière technique : l’électrophorèse capillaire. La β-lactoglobuline-PEG-AdPh ainsi que des composés tests tels que la βlactoglobuline native et le polymère COOH-PEG-AdPh, ont été injectés dans un capillaire de silice initialement rempli d’un tampon phosphate à 25 mM et de pH = 7 (Figure IV-19). Les conditions expérimentales correspondant à cette étude sont reportées en annexe 19. Signal (unité d’absorbance) 0.025 0.025 0.020 0.020 0.015 0.015 0.010 β-lactoglobuline-PEG-AdPh β-lactoglobuline 0.005 0.010 0.005 0.000 0.000 COOH-PEG-AdPh -0.005 -0.005 DMSO → Détermination de la mobilité électroosmotique -0.010 0.6 0.8 1.0 1.2 1.4 1.6 1.8 2.0 2.2 2.4 2.6 2.8 -0.010 3.0 Temps (minutes) Figure IV-19 : Caractérisation de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh par EC sur un capillaire de silice L’électrophérogramme relatif à la β-lactoglobuline native présente deux signaux bien distincts. Le premier apparaissant au temps électroosmotique ( t eo = 1,42 min) correspond sans doute à des impuretés neutres contenues dans le lot de protéine commercial (Cf. SDS PAGE) et le second apparaissant plus tardivement ( t app = 1,88 min) correspond à la β-lactoglobuline (pI = 5,2-5,3) chargée négativement au pH de l’étude. Le polymère COOH-PEG-AdPh utilisé pour le couplage à la protéine présente quant à lui un signal au temps électroosmotique qui correspond à la forme COO--PEG-AdPh de mobilité électrophorétique quasi nulle (Cf. 318 CHAPITRE IV Chapitre II, paragraphe I.3). Il faut noter que les impuretés neutres contenues dans le lot de polymère migrent à la même vitesse que le polymère. L’injection d’une solution du lot de β-lactoglobuline-PEG-AdPh révèle la présence de trois signaux. La comparaison de l’électrophérogramme relatif à cette β-lactoglobuline modifiée avec ceux correspondant à la β-lactoglobuline native et au COOH-PEG-AdPh permet d’attribuer le premier pic, sortant au temps électroosmotique, à des impuretés neutres et le troisième signal obtenu vers 1,83-1,89 min à de la protéine non modifiée ou trop faiblement substituée pour observer une variation significative de mobilité. L’intensité du second pic obtenu aux alentours de 1,62 min suggère qu’il s’agit de la β-lactoglobuline modifiée. Le couplage des chaînes de PEG-AdPh s’accompagnant d’une perte de fonctions NH2 de la protéine et par conséquent d’une diminution de son pI (Cf. résultats de l’isoélectrofocalisation, paragraphe IV.1.2.b), la β-lactoglobuline modifiée aurait dû sortir après la β-lactoglobuline native. Or, les mobilités électrophorétiques mesurées pour la βlactoglobuline-PEG-AdPh et la β-lactoglobuline native sont respectivement de -0,84.10-4 et 1,4.10-4 cm2/(V.s) dans les conditions de l’étude. Il est donc probable que l’augmentation de masse résultant du couplage des chaînes de PEG-AdPh à la protéine s’oppose aux effets de charge et rend sa migration vers l’anode plus difficile. IV.1.3 – Conclusion Afin de pouvoir immobiliser directement la β-lactoglobuline sur une surface d’or recouverte de molécules de β-CD, la protéine a été préalablement modifiée par des groupements hydrophobes adamantyle. Pour cela, un PEG modifié à une extrémité de chaîne par un groupement adamantyle et à la seconde par une fonction COOH, a été utilisé. Après activation de l’extrémité COOH du polymère en ester de NHS, celui-ci a été greffé sur la protéine par réaction avec les fonctions NH2 de la protéine. La protéine modifiée ainsi obtenue a été caractérisée par trois techniques électrophorétiques classiques : le SDS PAGE, l’IEF et l’électrophorèse capillaire. L’ensemble de ces méthodes a permis de confirmer de façon qualitative la modification chimique de la protéine. 319 CHAPITRE IV IV.2 – Immobilisation de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh sur la surface d’or recouverte de β-cyclodextrine IV.2.1 – Etude de la spécificité de l’interaction entre la βlactoglobuline et la surface d’or recouverte de β-cyclodextrine L’adsorption de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh sur la couche de β-CD doit s’effectuer par formation de complexes d’inclusion entre les groupements phényladamantyle portés par la protéine et les cavités de cyclodextrine immobilisées sur la surface d’or. Néanmoins, il est possible que la protéine modifiée interagisse de façon non spécifique avec les molécules de βCD elles-mêmes mais aussi avec des zones de la surface d’or-MUA moins bien recouvertes par la couche de β-CD. Pour vérifier cette hypothèse, une solution de β-lactoglobuline native, préparée dans un tampon PBS de pH=7,4 (à 10 mM en phosphate et contenant 2,7 mM de KCl et 0,137 M en NaCl), est mise en circulation pendant 15 minutes sur une lame d’or-MUA et sur une lame d’or-MUA-β-CD (Figure IV-20 Aa et Ab). 1 : β-lactoglobuline Réflectivité Rinçage : à l'eau (aA)(bA) au PBS/Tween (aB)(bB) 0,48 0,448 * 0,46 0,446 0,44 0,42 0,444 (a) Or-MUA 0,40 0,442 1 0,38 0 10 20 30 40 ∆R>0 ⇔ 0,48 1 0 10 20 30 40 Fixation non spécifique de la β-lactoglobuline moins importante qu'en (aA) et (bA) 0,474 Fixation non spécifique 0,46 0,472 0,44 (b) Or-MUA-β-CD 0,470 0,42 1 1 0 10 20 30 40 0 10 20 30 40 Temps (min) (Α) β-Lactoglobuline dans PBS (Β) β-Lactoglobuline dans PBS + Tween Figure IV-20 : Comparaison de l’adsorption non spécifique de la β-lactoglobuline en solution dans (A) un tampon PBS et (B) un tampon PBS/Tween sur la surface (a) d’or-MUA et (b) d’or-MUA-β β-CD. 320 CHAPITRE IV Conditions expérimentales : (1) circulation sur la surface pendant 15 min d’une solution de β lactoglobuline à 1 mg/mL dans (A) un tampon PBS (à 10 mM en phosphate, 2,7 mM de KCl et 0,137 M en NaCl) de pH = 7,4 et (B) un tampon PBS de pH = 7,4 contenant du Tween à 1 ‰ (v/v), suivie d’un rinçage (A) à l’eau ou (B) au PBS/Tween. (*) Artefact L’augmentation de réflectivité observée dans les deux cas (Figure IV-20 Aa et Ab) après rinçage confirme l’immobilisation par interactions non spécifiques de la β-lactoglobuline sur les différentes surfaces. Les variations de réflectivité observées sur 100 plots virtuels de la surface sont reportées dans le Tableau IV-1. Variations de réflectivité ∆R (%) mesurées après passage de la β-lactoglobuline en solution dans un tampon (A) PBS, pH = 7,4 (B) PBS, pH = 7,4 + Tween à 1 ‰ (v/v) (a) Médiane 0,98 0,16 Or-MUA Moyenne 1,20 0,16 Minimale-Maximale 0,0 - 3,6 0,0 - 0,4 (b) Médiane 0,29 0,07 Or-MUA-β-CD Moyenne 0,18 0,07 Minimale-Maximale 0,1 - 0,8 0,0 - 0,2 Tableau IV-1 : Variations de réflectivité ∆R (%) déterminées sur 100 plots virtuels de la surface (a) d’orMUA, et (b) d’or-MUA-β β-CD après la circulation pendant 15 min d’une solution de β-lactoglobuline à 1 mg/mL (A) dans un tampon PBS de pH = 7,4, et (B) dans un tampon PBS de pH = 7,4 contenant du Tween à 1 ‰ (v/v), suivie d’un rinçage (A) à l’eau ou (B) au PBS/Tween La variation de réflectivité observée sur l’ensemble des plots de la surface d’or-MUA est assez importante avec une valeur moyenne égale à 1,20 % et une valeur maximale de 3,64 %. Ces valeurs élevées révèlent que la protéine native interagit fortement avec la surface d’orMUA. La β-lactoglobuline (pI = 5,2-5,3) chargée négativement au pH de l’analyse ne devrait pas interagir avec les fonctions COO- portées par le MUA. Il semblerait donc que la protéine interagisse de façon non spécifique avec des zones de la surface d’or moins bien recouvertes par le MUA. Par ailleurs, la variation de réflectivité moyenne de 0,18 % observée sur la 321 CHAPITRE IV surface d’or-MUA-β-CD est plus de six fois plus faible que la valeur de 1,20 % déterminée sur la surface d’or-MUA. Ce résultat suggère que le dépôt d’une couche de β-CD permet un meilleur recouvrement de la surface métallique et tend à diminuer les interactions non spécifiques entre la β-lactoglobuline et l’or. Afin d’éliminer les interactions non spécifiques protéine/surface, un tensioactif neutre, le Tween 20, souvent employé dans les tests immunologiques de type ELISA pour saturer la surface d’interaction et minimiser les interactions non spécifiques, a été utilisé. Il a été ajouté à une concentration de 1 ‰ (v/v) au tampon PBS servant à la préparation de la solution de βlactoglobuline. Cette nouvelle solution de protéine a ensuite été mise en circulation pendant 15 minutes sur des surfaces d’or-MUA et d’or-MUA-β-CD (Figure IV-20 Ba et Bb). Les valeurs de réflectivités différentielles mesurées après passage de la protéine sur 100 plots de la surface sont reportées dans le Tableau IV-1. Il apparaît nettement que pour les deux types de surfaces étudiées, la présence du Tween 20 permet de diminuer les interactions non spécifiques entre la β-lactoglobuline et la surface d’or. En effet, sur le support or-MUA, la valeur moyenne de réflectivité différentielle observée est près de huit fois plus faible en présence de Tween (valeur de 0,16 %) qu’en son absence (valeur de 1,20 %). D’autre part, les interactions non spécifiques étant déjà plus faibles sur l’interface de complexation or-MUA-βCD que sur la surface or-MUA, l’utilisation de Tween conduit à des interactions non spécifiques négligeables avec une valeur moyenne de 0,07 %. Dans la suite de cette étude, l’immobilisation de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh sur la surface d’or-MUA-β-CD sera donc effectuée en présence de Tween afin de garantir une fixation spécifique. IV.2.2 - Immobilisation de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh sur la surface d’or recouverte de β-cyclodextrine L’immobilisation de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh sur la couche de β-CD a été effectuée avec une solution à 1 mg/mL en protéine modifiée dans un tampon PBS de pH=7,4 contenant 1 ‰ (v/v) de Tween 20 pour garantir une interaction spécifique protéine/surface. 322 CHAPITRE IV Dans un premier temps, l’évolution de la réflectivité en fonction du temps a été suivie lors d’un passage de 15 minutes de la solution de β-lactoglobuline-PEG-AdPh sur la surface d’or recouverte de β-cyclodextrine (Figure IV-21). 1 : β-CD-NH2 2 : Ethanolamine 3 : PBS/Tween 4 : β-lactoglobuline-PEG-AdPh Réflectivité 0,7 Rinçage à l'eau PBS/Tween 0,6 ∆R>0 ⇔ 4 Fixation spécifique de la 0,5 β-lactoglobuline-PEG-AdPh 2 1 0 20 40 3 60 80 100 Temps (min) Figure IV-21 : Courbe de réflectivité relative à l’immobilisation de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh sur une surface d’or-MUA-β β-CD. Conditions expérimentales : (1) circulation sur la surface d’une solution de β CD-NH2 à 10 mg/mL dans l’eau pendant 30 min suivie d’un rinçage à l’eau de 10 min, (2) circulation d’une solution d’éthanolamine à 0,5 M de pH = 7,8 pendant 10 min suivie d’un rinçage à l’eau, (3) circulation sur la surface d’un tampon PBS/Tween (tampon PBS de pH = 7,4 à 10 mM en phosphate, 2,7 mM de KCl, 0,137 M en NaCl et contenant du Tween à 1 ‰ (v/v)), pendant 10 min, (4) circulation d’une solution de β -lactoglobuline-PEG-AdPh à 1 mg/mL dans le tampon PBS/Tween pendant 15 min, suivie d’un rinçage au PBS/Tween pendant 10 min et d’un rinçage à l’eau L’augmentation de réflectivité observée après circulation de la solution de protéine modifiée puis rinçage suggère son adsorption sur la couche de β-CD. L’ensemble des réflectivités différentielles mesurées sur 100 plots virtuels de la surface est reporté sur la Figure IV-22. 323 CHAPITRE IV Réflectivité différentielle après immobilisation de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh et rinçage au PBS/Tween 3,0 2,5 ∆R (%) 2,0 1,5 1,0 0,5 0,0 0 20 40 60 80 100 Numéro du plot Figure IV-22 : Histogramme rapportant la variation de réflectivité ∆R (%) observée sur 100 plots virtuels après la circulation d’une solution de β -lactoglobuline-PEG-AdPh pendant 15 min sur la surface d’orMUA-β β-CD suivie d’un rinçage au PBS/Tween. Valeurs de ∆R médiane = 2,56 %, moyenne = 2,57 %, minimale = 2,0 %, maximale = 3,2 % Il apparaît que la circulation durant 15 minutes d’une solution de β-lactoglobulinePEG-AdPh sur la surface suivie d’un rinçage au PBS/Tween conduit à une variation de réflectivité (∆R) comprise entre 2 et 3,2 %. D’autre part, la valeur médiane de ∆R, égale à 2,56 %, est bien supérieure à la valeur de 0,07 % relative à la fixation non spécifique de la protéine. Afin de caractériser la dispersion des valeurs de ∆R observées pour les 100 plots de la surface (Figure IV-22), celles-ci ont été reportées sous forme d’histogramme sur la Figure IV23 puis modélisées par une courbe de Gauss. 324 CHAPITRE IV Nombre de plots 15 10 5 0 1,6 1,8 2,0 2,2 2,4 2,6 2,8 3,0 3,2 3,4 ∆ R (%) Figure IV-23 : Histogramme rapportant la distribution de la variation de réflectivité ∆R (%) observée sur 100 plots virtuels de la surface après la circulation d’une solution de β-lactoglobuline-PEG-AdPh pendant 15 min sur la surface d’or-MUA-β β-CD suivie d’un rinçage au PBS/Tween L’histogramme de la Figure IV-23 a été modélisé par une gaussienne de paramètre ∆Rcentrale égale à 2,56 % et d’écart type σ égal à 0,31 % conduisant à un rapport σ/∆Rcentrale.égal à 0,12. Le rapport σ/∆Rcentrale ainsi déterminé est près de quatre fois plus faible que celui obtenu après immobilisation de la couche β-CD-NH2 (σ/∆Rcentrale.= 0,44, paragraphe III.2 de ce chapitre). Ce résultat montre que l’adsorption de la protéine sur la surface s’effectue de façon relativement homogène malgré la présence d’une sous couche non uniforme. La variation de réflectivité observée peut être reliée à la concentration surfacique (Γmassique) de la protéine{BASSIL #58} (Cf. Paragraphe I.3 de ce chapitre) puis au nombre de molécules déposées par unité de surface (Γmolaire). En utilisant la valeur médiane de ∆R de 2,56 %, un taux de recouvrement surfacique en β-lactoglobuline-PEG-AdPh de 0,51 ng/mm2 a été déterminé. Le calcul du taux de recouvrement molaire en β-lactoglobuline-PEG-AdPh nécessite de connaître la masse moléculaire moyenne de la protéine modifiée, or cette masse n’a pu être déterminée précisément par SDS PAGE (Cf. Paragraphe IV.1.2.a de ce chapitre). Néanmoins, une approximation avait été posée selon laquelle une partie de la protéine avait été modifiée par 1 à 4 bras de PEG-AdPh (M ≈ 5000 g/mol) par mole de dimère. Ainsi, un taux Γmolaire peut être calculé de façon approximative en estimant la masse moléculaire de la 325 CHAPITRE IV β-lactoglobuline-PEG-AdPh égale à 46 000 g/mol (masse du dimère de la protéine native + masse de 2 bras de PEG-AdPh). De cette manière, un taux de taux de recouvrement molaire de 11 fmol/mm2 a été déterminé. La courbe de cinétique présentée sur la Figure IV-21 montre que la saturation de la surface en protéine modifiée n’est pas atteinte dans des conditions de 15 minutes de passage. Afin de déterminer la quantité maximale de protéine pouvant être fixée par cette méthode, une solution de β-lactoglobuline-PEG-AdPh est mise à circuler sur la surface de β-CD jusqu’à atteindre le plateau de la courbe de cinétique. Un temps de 1h45min a été nécessaire pour atteindre l’équilibre dynamique du système. La dispersion de la variation de réflectivité mesurée au terme de 105 min de circulation de la protéine a été comparée à celle obtenue précédemment pour 15 min de passage (Figure IV-24). D’autre part, les concentrations surfaciques et molaires calculées à partir des valeurs médianes de ∆R ont été reportées dans le tableau de la Figure IV-24. 15 minutes de contact protéine / surface 105 minutes de contact protéine / surface Nombre de plots Nombre de plots 15 20 15 10 10 5 5 0 0 1,6 1,8 2,0 2,2 2,4 2,6 2,8 3,0 3,2 3,4 4,0 4,4 4,8 5,2 5,6 ∆ R (%) ∆ R (%) (a) (b) 6,0 6,4 6,8 7,2 Variations de réflectivité ∆R (%) mesurées après passage de la β -lactoglobuline-PEG-AdPh en solution dans un tampon PBS/Tween pendant (a) 15 min (b) 105 min 2,56 5,61 Médiane 326 CHAPITRE IV Moyenne 2,57 5,63 Minimale-Maximale 2 - 3,2 4,7 - 6,4 σ/∆Rcentrale 0,12 0,09 Γmassique (ng/mm2) 0,51 1,12 Γmolaire (fmol/mm2) 11 24 Figure IV-24 : Comparaison de la dispersion de la variation de réflectivité ∆R (%) observée sur 100 plots virtuels de la surface après la circulation d’une solution de β-lactoglobuline-PEG-AdPh pendant 15 min et 105 min sur la surface d’or-MUA-β β-CD suivie d’un rinçage au PBS/Tween. La circulation d’une solution de β-lactoglobuline-PEG-AdPh jusqu’à saturation de la surface d’or-MUA-β-CD et rinçage au PBS/Tween conduit à une variation de réflectivité (∆R) importante comprise entre 4,7 % et 6,4 %. Néanmoins, il apparaît que la cinétique de fixation est plus rapide dans les premières minutes puisqu’un passage de 15 min, sept fois plus court que le temps optimum, permet de fixer la moitié de la quantité de protéine optimale. D’autre part, la saturation de la couche de β-CD par la β-lactoglobuline-PEG-AdPh conduit à un rapport σ/∆Rcentrale de 0,09 similaire à celui obtenu au bout de 15 min de circulation de la protéine. Par ailleurs, en utilisant la valeur médiane de ∆R de 5,61 %, un taux de recouvrement surfacique à saturation en β-lactoglobuline-PEG-AdPh de 1,12 ng/mm2 a été déterminé, ce qui correspond à un taux de recouvrement molaire de 24 fmol/mm2 (en supposant Mβ-lactoglobuline-PEG-AdPh ≈ 46 000 g/mol). Cette concentration molaire en protéine est du même ordre de grandeur que certaines valeurs de la littérature (Tableau IV-2), ce qui démontre la faisabilité de la méthode d’immobilisation utilisée. Protéine immobilisée Molécules Procédé recouvrant la d’immobilisation surface d’or de la protéine sur Polyéthylènimine Interactions Γmassique en protéine Γmolaire en protéine (ng/mm2) (fmol/mm2) 1,64 22 Réf la surface Extravidine Ref {BA électrostatiques SSIL #58} Streptavidine Phospholipides Adsorption 1,90 31,6 Ref Adsorption 3,34 49,8 Ref 52 biotinylés Avidine Poly(L-lysine) biotinylée 327 54 CHAPITRE IV Ferritine biotinylée Spreptavidine Adsorption 4,08 8,6 Ref ASB or Adsorption passive 0,2 3,0 Ref Ig monoclonal HT13 or Adsorption passive 1,6 10,6 Ref Dextrane-COOH Liaison covalente 0,24 à 0,35 1,6 à 2,3 Ref Protéines (autres Hydrogel de Liaison covalente De 0,07 De 2 Ref qu’anticorps) Dextrane-COOH (pepsine) (pepsine) Lysozyme (Biacore) 53 17 17 (anti-hormone hCG) IgG de lapin Chymotrypsinogène A à 9,7 à 377 (ChymotrypsinogèneA) (Chymotrypsinogène A) 16,1 107,3 10,0 66,6 16,7 111,3 59 39 Ribonucléase Protéine A Ovalbumine Pepsine … IgG1 (anti-α- Hydrogel de fetoprotéine) Dextrane-COOH IgG (anti-β2µ- (Biacore) Liaison covalente Ref 39 globuline) IgG (anti-C4) Tableau IV-2 : Quelques valeurs de concentrations massiques et molaires reportées dans la littérature et relatives à l’immobilisation de protéines sur des surfaces d’or. hCG : hormone chorionique humaine ; C4 pour « human complement factor 4 » Néanmoins, la quantité de protéine immobilisée reste inférieure à certaines valeurs obtenues sur le système Biacore. Ceci est sans doute dû à la structure des surfaces d’hydrogel de dextrane qui offre plus de fonctionnalité que les molécules de cyclodextrine utilisées dans cette étude qui conduisent dans le meilleur des cas à une monocouche de protéine. IV.3 – Reconnaissance de la β-lactoglobuline immobilisée (méthode A) par l’anti-β β-lactoglobuline Afin de contrôler les propriétés immunologiques du biocapteur élaboré, la capacité de ce dernier à fixer de façon spécifique un anticorps anti-β-lactoglobuline a été étudiée. Un sérum de lapin contenant de l’anti-β-lactoglobuline à la concentration de 0,2 mg/mL (déterminée par test ELISA) a été utilisé pour cette étude. Par ailleurs, ce sérum est composé d’environ 70 mg/mL de protéines totales (4,5 < pI < 9,5) dont 50 mg/mL d’albumine, 10 à 12 328 CHAPITRE IV mg/mL d’immunoglobulines de différents types et d’α- et de β-globuline à des concentrations inconnues. Afin d’assurer une reconnaissance spécifique du biocapteur vis-à-vis de l’anti-βlactoglobuline contenue dans le sérum, les interactions non spécifiques susceptibles d’intervenir entre la surface du biocapteur et les différentes protéines du sérum doivent être éliminées. Pour ce faire, le sérum utilisé pour l’étude est dilué dans un tampon PBS de pH=7,4 (à 10 mM en phosphate, 2,7 mM de KCl et 0,137 M en NaCl) auquel est ajouté du Tween à 1‰ (v/v) et de l’ASB à 1 % (m/m) (tampon PBS/Tween/ASB). L’évolution de la réflectivité en fonction du temps a été suivie lors d’un passage de 20 minutes du sérum de lapin dilué au centième (dans un tampon PBS/Tween/ASB) (soit 2 µg/mL d’anticorps spécifique anti-β-lactoglobuline) sur le biocapteur saturé en βlactoglobuline-PEG-AdPh (Figure IV-25). 1 : sérum Réflectivité Rinçage au PBS/Tween/ASB 0,64 0,62 ∆R > 0 ⇔ Adsorption du sérum 0,60 1 0,58 0 10 20 30 40 50 Temps (min) Figure IV-25 : Courbe de réflectivité relative à l’adsorption de l’anticorps anti-β β-lactoglobuline contenu dans le sérum sur la surface de l’immunocapteur saturé en β-lactoglobuline-PEG-AdPh préalablement équilibrée dans un tampon PBS/Tween/ASB. Conditions expérimentales : (1) circulation pendant 20 min d’un sérum de lapin dilué au centième (soit 2 µg/mL d’anticorps spécifique anti-β β-lactoglobuline) dans un tampon PBS/Tween/ASB (tampon PBS de pH = 7,4 à 10 mM en phosphate, 2,7 mM de KCl, 0,137 M en NaCl et contenant du Tween à 1 ‰ (v/v) et de l’ASB à 1 % (m/m)), suivie d’un rinçage au tampon PBS/Tween/ASB pendant 15 min. 329 CHAPITRE IV L’augmentation de réflectivité observée après la circulation du sérum suivie d’un rinçage au PBS/Tween/ASB indique la fixation de l’anticorps anti-β-lactoglobuline du sérum sur la surface de l’immunocapteur. Les paramètres caractéristiques de la dispersion de la variation de réflectivité mesurée sur l’ensemble de la surface du biocapteur sont reportés sur la Figure IV-26. Réflectivité différentielle après adsorption du sérum et rinçage au PBS/Tween/ASB Nombre de plots 7 25 6 ∆R (%) 5 20 4 15 3 10 2 5 1 0 0 0 20 40 60 80 100 4,4 4,8 5,2 5,6 Numéro du plot 6,0 6,4 ∆ R (%) Variations de réflectivité ∆R (%) mesurées après passage de l’anti-β-lactoglobuline sur la surface du biocapteur Médiane 5,75 Moyenne 5,73 Minimale-Maximale 5,0 – 6,7 σ/∆Rcentrale 0,05 Figure IV-26 : Dispersion de la variation de la réflectivité ∆R (%) observée sur 100 plots virtuels de la surface après la circulation d’un sérum contenant de l’anti-β β -lactoglobuline pendant 20 min sur la surface de l’immunocapteur saturé en β-lactoglobuline, suivie d’un rinçage au PBS/Tween/ASB. Il apparaît que le passage du sérum (composé de 2 µg/mL d’anti-β-lactoglobuline) pendant 20 minutes sur la surface du biocapteur suivi d’un rinçage au PBS/Tween/ASB conduit à une variation de réflectivité (∆R) relativement élevée comprise entre 5,0 % et 6,7 %. La valeur médiane de ∆R, égale à 5,75 %, peut être utilisée pour calculer le taux de recouvrement en anticorps. Une concentration massique de 1,15 ng/mm2 est ainsi calculée, ce qui correspond à un taux de recouvrement molaire de l’ordre de 8 fmol/mm2. D’autre part, la 330 6,8 7,2 CHAPITRE IV valeur assez faible du rapport σ/∆Rcentrale montre que la quantité d’anticorps immobilisée sur la surface du biocapteur est relativement homogène. IV.4 – Etude de faisabilité d’une puce à allergènes La mise au point d’un immunocapteur à base de β-lactoglobuline est une première étape nécessaire à la mise au point de systèmes plus complexes tels que des puces à allergènes. Dans de tels systèmes, différents allergènes doivent être déposés sur une interface d’interaction afin de pouvoir détecter, au travers d’une unique analyse, la présence de multiples anticorps dans un sérum de malade. Dans le cas présent, une étude a été menée afin de vérifier si la chimie de surface basée sur des complexes d’inclusion utilisée pour l’élaboration du biocapteur, serait adaptée à la mise au point d’une puce à allergènes. Pour ce faire, une surface de complexation or-MUA-β-CD a d’abord été élaborée suivant le procédé décrit au paragraphe III-2 de ce chapitre. Puis, la lame d’or a été retirée du système optique de RPS et sept plots de β-lactoglobuline-PEG-AdPh ont été déposés manuellement sur la surface. Une solution de protéine à 1 mg/mL dans un tampon PBS/Tween, identique à celle utilisée pour l’élaboration du biocapteur, est utilisée pour cette étape. Après dépôt de l’ensemble des plots sur la surface, la lame d’or est maintenue à l’air ambiant pendant 30 minutes avant d’être replacée dans le système de RPS. Après un rinçage rapide de la surface à l’eau, le sérum est mis à circuler dans la cuve du système optique suivant des conditions opératoires identiques à celles utilisées pour l’étude du biocapteur. L’évolution de la réflectivité lors de la circulation du sérum a été suivie simultanément sur les zones d’or où ont été déposés les plots de β-lactoglobuline-PEG-AdPh et sur des zones non traitées par la protéine (Figure IV-27). 331 CHAPITRE IV Réflectivité 1 : sérum 0,52 Rinçage au PBS/Tween/ASB 0,50 0,48 ∆R>0 0,46 Adsorption du sérum ⇔ 1 (a) 0 10 20 30 40 Réflectivité 0,48 0,46 0,44 ∆R=0 0,42 Pas d'adsorption du sérum ⇔ 1 (b) 0 10 20 30 40 Temps (min) Figure IV-27 : Courbe de réflectivité relative à la circulation de l’anti-β β-lactoglobuline sur la surface d’orMUA-β β-CD recouverte de 7 plots de β-lactoglobuline-PEG-AdPh. La figure (a) représente le signal obtenu sur un plot de protéine et la figure (b) le signal relatif à une zone non traitée. Conditions expérimentales : identiques à celles de la Figure IV-25. La prise d’anticorps observée après rinçage sur les plots de β-lactoglobuline-PEGAdPh (Figure IV-27a) indique que le procédé statique de dépôt de plots de protéine sur la surface d’or conduit à une concentration surfacique suffisante à la détection de l’anticorps. Par ailleurs, le suivi de la réflectivité sur un plot virtuel de zone non traitée par la protéine (Figure IV-27b) indique que le sérum n’interagit pas avec la surface de base or-MUA-β-CD et confirme que l’adsorption de l’anticorps observée est spécifique à la présence de la protéine. Les valeurs de réflectivités différentielles mesurées sur les sept plots de βlactoglobuline-PEG-AdPh après circulation du sérum suivie d’un rinçage au PBS/Tween/ASB sont reportées sur la Figure IV-28. 332 CHAPITRE IV Réflectivité différentielle après circulation du sérum et rinçage au PBS/Tween/ASB (b) sur des plots virtuels de zones non traitées (a) sur les plots de protéine 5 4 ∆R (%) 3 2 1 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 Numéro du plot Figure IV-28 : Histogramme rapportant la variation de réflectivité ∆R (%) observée sur (a) les plots de β lactoglobuline-PEG-AdPh et (b) des plots virtuels de zones non traitées par la protéine après circulation de l’anti-β β -lactoglobuline pendant 20 min sur la surface suivie d’un rinçage au PBS/Tween/ASB La variation de réflectivité (∆R) observée après circulation de l’anti-β-lactoglobuline sur les plots de protéine varie entre 3,6 % et 5,0 % et est quasiment nulle sur les plots virtuels de zones non traitées par la protéine. Ces valeurs confirment la spécificité de reconnaissance anticorps / allergène mentionnée précédemment, et ce, sur l’ensemble de la surface du biocapteur. Par ailleurs, bien qu’un faible nombre de plots ait été étudié, il semblerait que la fixation de l’anticorps soit assez homogène. Ce résultat est un critère de sélection important démontrant la faisabilité de puces à protéines par le procédé de chimie de surface particulier appliqué. D’autre part, bien qu’il soit difficile de comparer la présente étude à celle effectuée en mode dynamique, les résultats issus de ces deux travaux semblent cohérents. En effet, la variation de réflectivité observée dans le cas présent sur les plots de protéine est inférieure à celle obtenue en mode dynamique (gamme minimum-maximum de ∆R = 5,0 % - 6,7 %, Cf. Figure IV-26). Ce résultat suggère que la quantité d’allergène immobilisée par dépôt de plots est inférieure à celle fixée précédemment en mode dynamique, ce qui est en bon accord avec les durées de contact protéine/ surface mises en jeu, respectivement égales à 30 et 105 minutes dans les deux cas. La présente étude a démontré la faisabilité de l’utilisation d’une chimie de surface basée sur la formation de complexes d’inclusion pour l’élaboration de puces à protéines. Ceci étant, les conditions de dépôt des plots de β-lactoglobuline restent à optimiser (concentration, pH et force ionique de la solution de protéine, temps de contact protéine / surface …). 333 CHAPITRE IV V – Immunocapteur obtenu par immobilisation de la βlactoglobuline sur un dextrane carboxyméthylé modifié par des groupements adamantyle : méthode B Les différentes étapes nécessaires à l’élaboration de l’immunocapteur, par greffage chimique de la β-lactoglobuline sur un dextrane intermédiaire préalablement immobilisé sur la surface de complexation or-MUA-β-CD, sont résumées par la Réaction IV-4. Dans un premier temps, un dextrane carboxylé modifié par des groupements adamantyle est immobilisé sur une surface d’or recouverte de β-cyclodextrine (1ère étape) puis la β-lactoglobuline est greffée sur les fonctions acide carboxylique activées du dextrane (2ème, 3ème et 4ème étape). L’immunocapteur ainsi préparé est ensuite testé quant à sa capacité à fixer de façon spécifique de l’anti-β-lactoglobuline (5ème étape). Chacune de ces étapes sera détaillée par la suite. 334 CHAPITRE IV 1ère étape : Immobilisation d'un Dext-Ad-COOH par formation de complexes d'inclusion HOOC COOH COOH TA, 20 min COOH Ad Ad surface d'or SURFACE DE COMPLEXATION OR-MUA-β β-CD 2ème étape O NHS : HO NH2 3ème , EDC N O TA, 20 min étape : Greffage de la β-lactoglobuline TA, 15 min à 2 h, Tampon acétate pH = 4,5 4ème étape : TA, 30 min, PBS pH = 8 O NH NH O N O O O Ad COO - COO - O O O N N O O O O Ad Ad O O COOH Ad IMMUNOCAPTEUR 5ème étape : Adsorption de l'anticorps NH NH O O COO - COO - TA, 20 min, PBS/Tween/BSA Ad Ad Réaction IV-4 : Elaboration et test de l’immunocapteur par greffage de la β -lactoglobuline sur un dextrane intermédiaire préalablement immobilisé sur la surface de complexation or-MUA-β β-CD 335 CHAPITRE IV V.1 – Immobilisation d’un dextrane modifié par des groupements adamantyle et des fonctions COOH (Dext-Ad-COOH) sur la surface d’or recouverte de β-cyclodextrine L’adsorption d’un Dext-Ad-COOH (Cf. Synthèse chapitre I, paragraphe III.3.4.c) sur la couche de β-CD met en jeu la formation de complexes d’inclusion entre les groupements adamantyle portés par le dextrane et les cavités de cyclodextrine immobilisées sur la surface d’or. Le dextrane utilisé pour cette étude possède une masse moléculaire de 40 000 g/mol et est modifié à 6,2 % en groupement adamantyle et à 62 % en fonctions COOH. L’évolution de la réflectivité en fonction du temps lors du passage d’une solution de Dext-Ad-COOH sur la surface d’or-MUA-β-CD est donnée sur la Figure IV-29. 1 : β-CD-NH2 Réflectivité 2 : Ethanolamine 3 : Dext-Ad-COOH 0,70 Rinçage à l'eau 0,65 0,60 0,55 0,50 ∆R>0 ⇔ 0,45 2 0,40 0 20 40 Fixation du Dext-Ad-COOH 3 1 60 80 100 Temps (min) Figure IV-29 : Courbe de réflectivité relative à l’immobilisation du Dext-Ad-COOH sur une surface d’orMUA-β β-CD. Conditions expérimentales : (1) circulation sur la surface d’une solution de β -CD-NH2 à 10 mg/mL dans l’eau pendant 30 min suivie d’un rinçage à l’eau de 10 min, (2) circulation d’une solution d’éthanolamine à 0,5 M de pH = 7,8 pendant 10 min suivie d’un rinçage à l’eau, (3) circulation d’une solution de Dext-Ad-COOH à 1 mg/mL dans l’eau pendant 20 min suivie d’un rinçage à l’eau de 20 min L’augmentation de réflectivité observée après la circulation de la solution de Dext-AdCOOH sur la surface d’or-MUA-β-CD suivie d’un rinçage à l’eau confirme la complexation du polymère avec les cavités de β-CD immobilisées. La variation de réflectivité observée sur 336 CHAPITRE IV 100 plots virtuels de la surface après l’immobilisation du dextrane modifié est donnée sur la Figure IV-30. Nombre de plots 25 20 15 10 5 0 3,4 3,6 3,8 4,0 4,2 4,4 4,6 4,8 5,0 ∆ R (%) Variations de réflectivité ∆R (%) mesurées après passage du Dext-Ad-COOH Médiane 4,16 Moyenne 4,15 Minimale-Maximale 3,8 - 4,8 σ/∆Rcentrale 0,04 Figure IV-30 : Histogramme rapportant la dispersion de la variation de réflectivité ∆R (%) observée sur 100 plots virtuels de la surface après la circulation d’une solution de Dext-Ad-COOH sur la surface d’orMUA-β β-CD suivie d’un rinçage à l’eau. Le passage sur la surface d’or-MUA-β-CD d’une solution de Dext-Ad-COOH pendant 20 minutes suivi d’un rinçage à l’eau conduit à une variation de réflectivité (∆R) comprise entre 3,8 % et 4,8 %. D’autre part, la faible valeur du rapport de dispersion σ/∆Rcentral obtenu révèle que la quantité de polymère immobilisée sur la lame d’or-MUA-β-CD est relativement uniforme sur l’ensemble de la surface. Il semblerait donc que le recouvrement d’une surface d’or-MUA-β-CD hétérogène (σ/∆Rcentrale de 0,44, paragraphe III.2 de ce chapitre) par un polymère de dextrane conduit à une homogénéisation de l’état de surface. Ce résultat est sans doute la conséquence de la masse moléculaire assez élevée du dextrane utilisé (M = 40 000 g/mol). En effet, même si les complexes d’inclusion formés entre les groupements adamantyle 337 CHAPITRE IV du polymère et les cavités de β-CD ne sont pas répartis régulièrement sur la surface, il est probable que les longues chaînes linéaires des molécules de dextrane immobilisées tendent à recouvrir de façon homogène l’ensemble de la surface. V.2 - Immobilisation à pH = 7,4 de la β-lactoglobuline sur la surface d’or recouverte de Dext-Ad-COOH Une précédente étude (paragraphe IV.2.1 de ce chapitre) a montré que les interactions non spécifiques entre la β-lactoglobuline et la surface d’or-MUA et d’or-MUA-β-CD pouvaient être diminuées voir éliminées en utilisant un tampon PBS de pH = 7,4 additionné de Tween à 1 ‰ (v/v). Or dans cette seconde voie d’élaboration d’un immunocapteur, l’immobilisation de la β-lactoglobuline s’effectue sur une couche intermédiaire de Dext-AdCOOH (Cf. Réaction IV-4 : ). Ainsi, les interactions non spécifiques entre la β-lactoglobuline et la couche de polymère ont dû être étudiées. Pour ce faire une solution de β-lactoglobuline à 1 mg/mL dans un tampon PBS de pH=7,4 sans tween, a été mise en circulation pendant 15 minutes sur une lame d’or-MUA-β-CD-(Dext-Ad-COOH) puis un rinçage à l’eau de la surface pendant 10 minutes a été effectué. Sur une centaine de plots virtuels étudiés, aucune augmentation du niveau de la réflectivité n’a été observée après circulation de la solution de protéine et rinçage à l’eau. Ce résultat indique que, dans les conditions opératoires de l’étude, les interactions non spécifiques protéine/surface sont totalement éliminées lorsque la surface est recouverte d’un Dext-Ad-COOH. Ce phénomène était prévisible puisque d’une part, la couche homogène de polymère adsorbée sur la lame doit recouvrir correctement la surface d’or responsable en grande partie des interactions non spécifiques et, d’autre part, le Dext-AdCOOH et la β-lactoglobuline sont tous deux chargés négativement dans les conditions de l’étude. Le greffage de la β-lactoglobuline sur le dextrane modifié peut donc être effectué dans un tampon PBS de pH = 7,4 sans risque d’interactions non spécifiques. Dans cette seconde voie d’élaboration d’un immunocapteur, l’immobilisation de la βlactoglobuline sur la couche de dextrane modifié doit s’effectuer par formation de liaisons covalentes entre les fonctions NH2 de la protéine et les fonctions COOH activées du Dext-AdCOOH (Cf. Réaction IV-4 : ). Le procédé suivi fait de nouveau appel au couple EDC/NHS 338 CHAPITRE IV déjà utilisé au Chapitre III pour l’élaboration du support d’immunoaffinité et au Chapitre IV pour l’immobilisation de la β-CD-NH2 sur la surface d’or-MUA. Les trois étapes nécessaires à l’utilisation de ce procédé ont été suivies par RPS. La surface d’or-MUA-β-CD-(Dext-Ad-COOH) a tout d’abord été activée pendant 20 minutes par une solution d’EDC/NHS à 0,2 M / 0,05 M dans l’eau afin de convertir les fonctions acide carboxylique du Dext-Ad-COOH en ester de NHS. Après un rinçage à l’eau, une solution de β-lactoglobuline à 1 mg/mL dans le tampon PBS de pH=7,4 est mise à circuler pendant 15 minutes sur la surface activée et un nouveau rinçage à l’eau est effectué. Enfin, afin d’éviter toute réaction ultérieure avec les fonctions ester de NHS résiduelles n’ayant pas réagi, cellesci sont désactivées par hydrolyse à l’aide d’un tampon PBS de pH = 8. La variation de réflectivité (∆R) observée suivant ces conditions, après immobilisation de la protéine et rinçage, est assez faible avec une valeur moyenne de 1,5%. Ce pourcentage traduit une concentration surfacique de la protéine de 0,3 ng/mm2 et une concentration molaire de 8 fmol/mm2. La quantité de protéine fixée dans ces conditions est inférieure à la celle obtenue avec la méthode A pour laquelle une concentration massique de 0,51 ng/mm2 et molaire de 11 fmol/mm2 ont été déterminées dans des conditions similaires. Bien que le pH élevé de l’étude soit favorable à une cinétique rapide de la réaction de greffage de la protéine, il semblerait que les conditions opératoires choisies ne permettent pas une fixation importante de la β-lactoglobuline. Ce résultat a donc conduit à tester de nouvelles conditions opératoires pour favoriser la réaction de greffage et augmenter de fait la quantité de protéine immobilisée. V.3 - Immobilisation à pH = 4,5 de la β-lactoglobuline sur la surface d’or recouverte de Dext-Ad-COOH Johnsson et coll.39 ont étudié l’immobilisation d’une protéine acide, la protéine A (pI = 5,1) sur une surface d’hydrogel de dextrane carboxyméthylé (Biacore). Les auteurs ont mis en évidence que la quantité de protéine greffée sur la surface pouvait être largement augmentée si la biomolécule était préalablement concentrée à proximité des sites actifs du dextrane, par interactions électrostatiques entre les charges positives de la protéine et les groupements COO- du polymère. Pour favoriser ce phénomène d’interactions électrostatiques, les auteurs 339 CHAPITRE IV ont montré que la protéine devrait être dissoute dans un tampon de force ionique très faible (10 mM) et dont le pH est inférieur au point isoélectrique de la biomolécule. Ainsi, dans la présente étude, l’étape de greffage de la β-lactoglobuline (pI = 5,2-5,3) sur le Dext-Ad-COOH sera testée dans un tampon acétate à 10 mM de pH = 4,5 de telle sorte que la protéine chargée positivement dans ces conditions puisse se concentrer à proximité des fonctions COO- (pKa = 3,3-4,5) portées par le dextrane. a) Phénomène d’accumulation de la β-lactoglobuline à proximité du Dext-Ad-COOH par mise en jeu d’interactions électrostatiques Afin de donner un ordre de grandeur des interactions électrostatiques mises en jeu, une solution de protéine à 1 mg/mL dans le tampon acétate de pH = 4,5 a été mise en circulation pendant 15 minutes sur la surface d’or-MUA-β-CD-(Dext-Ad-COOH) puis un rinçage à l’eau de 35 minutes a été effectué (Figure IV-31). 1 : β-CD-NH2 Réflectivité 2 : Ethanolamine 3 : Dext-Ad-COOH 4 : β-lactoglobuline 0,7 Rinçage à l'eau 0,6 ∆R>0 ⇔ Fixation de la β-lactoglobuline 0,5 par interactions électrostatiques 4 1 0,4 0 2 50 3 100 150 Temps (min) Figure IV-31 : Courbe de réflectivité relative à l’immobilisation de la β-lactoglobuline par interactions électrostatiques sur la surface d’or-MUA-β β-CD-(Dext-Ad-COOH). Conditions expérimentales : (1), (2) et (3) Cf. Figure IV-29, (4) circulation d’une solution de β-lactoglobuline à 1 mg/mL dans un tampon acétate à 10 mM de pH = 4,5 suivie d’un rinçage à l’eau de 35 min 340 CHAPITRE IV L’augmentation de réflectivité observée après la circulation de la solution de la βlactoglobuline (à pH = 4,5) sur la surface d’or-MUA-β-CD-(Dext-Ad-COOH) suivie d’un rinçage à l’eau confirme la présence des interactions ioniques attendues entre la protéine chargée positivement et les fonctions COO- du polymère. La dispersion de la variation de réflectivité (∆R) mesurées sur 100 plots virtuels de la surface après circulation de la protéine et rinçage à l’eau est reportée sur la Figure IV-32. Nombre de plots 15 10 5 0 7,6 8,0 8,4 8,8 9,2 9,6 10,0 10,4 10,8 ∆ R (%) Variations de réflectivité ∆R (%) mesurées après passage de la β-lactoglobuline en solution dans un tampon acétate 10 mM de pH = 4,5 Médiane 9,15 Moyenne 9,07 Minimale-Maximale 7,3 – 10,5 σ/∆Rcentrale 0,07 Figure IV-32 : Dispersion de la variation de la réflectivité ∆R (%) observée sur 100 plots virtuels de la surface après la circulation de la β -lactoglobuline pendant 15 min sur la surface d’or-MUA-β β-CD-(DextAd-COOH) suivie d’un rinçage à l’eau. La Figure IV-32 révèle que les interactions ioniques protéine/dextrane modifié sont relativement importantes. En effet, après un rinçage de 35 min à l’eau, une variation de réflectivité élevée pouvant atteindre 10,5 % est encore observée. Par ailleurs, le facteur de dispersion donné par le rapport σ/∆Rcentrale étant assez faible, avec une valeur de 0,07, indique 341 CHAPITRE IV que l’interaction électrostatique mise en jeu conduit à un recouvrement assez homogène du polymère Dext-Ad-COOH par la protéine. Par la suite, ce phénomène devrait être favorable à un greffage homogène de la protéine sur la surface. En dernier lieu, une solution de rinçage permettant d’éliminer la protéine adsorbée sur la surface par interactions ioniques a été recherchée. En effet, dans la suite de l’étude, une fois l’étape de greffage terminée, la protéine fixée de façon non covalente à la surface devra être éliminée. Deux solutions de rinçage ont été testées : une solution saline de NaCl à 1 M dans l’eau (Figure IV-33) et un tampon PBS (à 10 mM en phosphate,2,7 mM de KCl et 0,137 M en NaCl) de pH = 8. 1 : β-CD-NH2 Réflectivité 2 : Ethanolamine 3 : Dext-Ad-COOH 4 : β-lactoglobuline 5 : NaCl 0,7 Rinçage à l'eau 0,6 5 0,5 ∆R>0 ⇔ Fixation de la β-lactoglobuline par interactions électrostatiques 4 1 0,4 0 2 50 Elimination complète de la β-lactoglobuline 3 100 150 Temps (min) Figure IV-33 : Courbe de réflectivité relative à l’élimination de la β -lactoglobuline immobilisée sur la surface d’or-MUA-β β-CD-(Dext-Ad-COOH) par interactions électrostatiques. Conditions expérimentales : (1), (2), (3) et (4) Cf. Figure IV-31, (5) circulation d’une solution de NaCl à 1 M dans l’eau suivie d’un rinçage à l’eau La réflectivité mesurée après le passage de la solution de NaCl et rinçage à l’eau étant identique à celle observée avant la fixation de la β-lactoglobuline indique que la protéine adsorbée sur le support a été totalement éliminée. Un résultat similaire a été obtenu avec une solution de PBS à pH = 8. Ainsi, ces deux solutions pourront être utilisées par la suite, pour éliminer la β-lactoglobuline immobilisée sur la surface de façon non spécifique. 342 CHAPITRE IV b) Greffage à pH = 4,5 de la β-lactoglobuline sur la surface d’or recouverte de Dext-AdCOOH Les trois étapes nécessaires au greffage de la protéine sur les fonctions COOH activées du Dext-Ad-COOH ont été suivies par RPS (Figure IV-34). Tout d’abord, les fonctions COOH du dextrane ont été activées en ester de NHS par une solution aqueuse d’un mélange d’EDC/NHS. Puis, la β-lactoglobuline, en solution à 1 mg/mL dans un tampon acétate à 10 mM de pH = 4,5, est mise à circuler sur la surface pendant 15 minutes. Enfin, les fonctions ester de NHS résiduelles n’ayant pas réagi sont désactivées par hydrolyse à l’aide d’un tampon PBS de pH = 8. Cette dernière étape permet en même temps d’éliminer la βlactoglobuline adsorbée par liaisons ioniques à la surface. 1 : β-CD-NH2 Réflectivité 2 : Ethanolamine 3 : Dext-Ad-COOH 4 : NHS/EDC 5 : β-lactoglobuline 6 : PBS, pH = 8 0,70 0,65 Rinçage à l'eau 0,60 6 0,55 ∆R>0 ⇔ Fixation covalente + ionique de la β-lactoglobuline ∆R>0 ⇔ Fixation covalente de la β-lactoglobuline 0,50 0,45 4 1 0,40 0 2 50 5 3 100 150 200 Temps (min) Figure IV-34 : Courbe de réflectivité relative à l’immobilisation de la β -lactoglobuline sur la surface d’orMUA-β β-CD-(Dext-Ad-COOH) activée. Conditions expérimentales : (1), (2) et (3) Cf. Figure IV-29, (4) circulation d’une solution d’EDC/NHS à 0,2 M / 0,05 M pendant 20 min suivie d’un rinçage à l’eau de 10 min, (5) circulation d’une solution de β-lactoglobuline à 1 mg/mL dans un tampon acétate à 10 mM de pH = 4,5 pendant 15 min suivie d’un rinçage à l’eau de 10 min, (6) circulation d’un tampon PBS (à 10 mM en phosphate, 2,7 mM de KCl et 0,137 M en NaCl) de pH = 8 pendant 30 min suivie d’un rinçage à l’eau L’augmentation de réflectivité observée après circulation de la solution de βlactoglobuline sur la surface d’or-MUA-β-CD-(Dext-Ad-COOH) activée et rinçage à l’eau 343 CHAPITRE IV reflète l’adsorption de la protéine sur la surface par interactions électrostatiques avec les groupements COO- non modifiés du Dext-Ad-COOH et par formation de liaisons covalentes. Le rinçage de la surface par le tampon PBS permet ensuite d’accéder à la variation de réflectivité traduisant uniquement la fixation covalente de la β-lactoglobuline. Le profil de la courbe de cinétique relative à la fixation de la β-lactoglobuline (Figure IV-34) suggère que la quantité de protéine immobilisée au bout de 15 minutes de passage pourrait être augmentée. Une nouvelle étude a donc été effectuée avec un temps de contact protéine/surface de 2 heures. Par ailleurs, un temps de circulation beaucoup moins élevé, égal à 5 minutes, a également été testé. Les quantités de β-lactoglobuline immobilisées sur la surface en fonction du temps de circulation de la solution de protéine sont reportées sur la Figure IV-35. Réflectivités différentielles mesurées après immobilisation de la β-lacotglobuline par liaisons covalentes + interactions électrostatiques liaisons covalentes 12 10 ∆R 8 (%) 6 4 2 Pas de fixation covalente 0 5 min 15 min 120 min Durée de circulation de la β-lacotglobuline sur la surface (min) Figure IV-35 : Evolution de la variation de réflectivité (∆R) (valeur médiane d’une série statistique de 100 plots) relative à la fixation de la β-lactoglobuline sur la surface d’or-MUA-β β-CD-(Dext-Ad-COOH) activée en fonction du temps de passage de la protéine sur la surface Il apparaît qu’un temps de contact de 5 minutes entre la protéine et la surface n’est pas suffisant pour établir une fixation stable par liaisons covalentes. Au bout de 15 minutes de circulation de la β-lactoglobuline sur la surface, une variation de réflectivité médiane voisine de 4,33 %, traduisant la fixation covalente de la protéine, est obtenue. Au bout de 120 minutes de passage, la quantité de protéine greffée est augmentée avec une valeur médiane de ∆R 344 CHAPITRE IV égale à 8,11 %. Ces pourcentages conduisent à une concentration surfacique de 0,87 et 1,62 ng/mm2 et à une concentration molaire de 24 et 45 fmol/mmol respectivement pour 15 min et 120 min de passage de la protéine. L’absence de greffage de la β-lactoglobuline observée après 5 minutes de contact protéine/surface peut s’expliquer par le fait que l’étude est effectuée dans un milieu relativement acide (pH = 4,5) pour lequel la vitesse de couplage de la protéine est faible. Néanmoins les variations de réflectivité observées à partir de 15 minutes de contact indiquent que la réaction de greffage s’effectue quand même. En effet, la concentration locale élevée de la protéine à proximité des sites actifs du dextrane ainsi que la durée de vie plus importante des fonctions esters de NHS en milieu acide85 qu’à pH = 7,4 favorisent le couplage de la protéine. D’autre part, la cinétique de fixation de la β-lactoglobuline apparaît plus rapide dans les premières minutes de contact. En effet au bout de 15 minutes de circulation de la protéine, la quantité de β-lactoglobuline immobilisée sur la surface est égale à la moitié de celle obtenue après un temps huit fois plus important de 120 minutes. Ce phénomène a déjà été observé pour la méthode A lors de l’immobilisation de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh sur la couche de β-cyclodextrine. Le processus de fixation de la protéine est différent pour les deux méthodes : la voie A est basée sur la formation de complexes d’inclusion alors que la voie B met en jeu une réaction chimique. Néanmoins dans les deux cas, la surface se sature progressivement en protéine et l’encombrement stérique qui en résulte entraîne alors un ralentissement de la cinétique de fixation. Les variations de réflectivité (∆R) mesurées sur 100 plots virtuels de la surface après circulation de la protéine pendant 15 et 120 minutes puis rinçage au PBS de pH = 8, sont reportées sur la Figure IV-36. Par ailleurs, les concentrations surfaciques et molaires calculées à partir des valeurs médianes de ∆R ont été reportées dans le tableau de la Figure IV-36. 345 CHAPITRE IV 15 minutes de contact protéine / surface 120 minutes de contact protéine / surface Nombre de plots Nombre de plots 15 25 20 10 15 10 5 5 0 0 3,2 3,4 3,6 3,8 4,0 4,2 4,4 4,6 4,8 5,0 5,2 6,4 ∆ R (%) 6,8 7,2 7,6 8,0 8,4 8,8 9,2 9,6 ∆ R (%) (a) (b) Variations de réflectivité ∆R (%) mesurées après passage de la β -lactoglobuline en solution dans un tampon acétate 10 mM de pH = 4,5 pendant (a) 15 min (b) 120 min Médiane 4,33 8,11 Moyenne 4,34 8,14 Minimale-Maximale 3,5 – 5,0 7,1 - 9,3 σ/∆Rcentrale 0,03 0,07 Γmassique (ng/mm2) 0,87 1,62 Γmolaire (fmol/mm2) 24 45 Figure IV-36 : Comparaison de la dispersion de la variation de réflectivité ∆R (%) observée sur 100 plots virtuels (dispersés sur l’ensemble de la surface) après la circulation d’une solution de β-lactoglobuline pendant 15 min et 120 min sur la surface d’or-MUA-β β-CD-(Dext-Ad-COOH) activée suivie d’un rinçage de la surface par du PBS pH = 8 pendant 30 min Le rapport de disperion σ/∆Rcentrale relatif à la fixation covalente de la β-lactoglobuline sur la surface d’or-MUA-β-CD-(Dext-Ad-COOH) activée, après 15 minutes de contact protéine/surface, est très faible avec une valeur de 0,03. Ce résultat indique que la protéine se fixe de façon uniforme à la surface. D’autre part, ce facteur de dispersion est inférieur aux valeurs 0,09-0,12 obtenues après adsorption de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh sur la surface 346 CHAPITRE IV d’or-MUA-β-CD (Cf. Figure IV-24, paragraphe IV.2.2 de ce chapitre). Ce résultat pourrait s’expliquer par le fait que la couche de Dext-Ad-COOH sur laquelle s’effectue le greffage de la β-lactoglobuline est bien plus homogène que la couche de β-CD impliquée lors de l’immobilisation de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh. Par ailleurs, la comparaison des facteurs de dispersion obtenus après 15 minutes et 120 minutes de contact protéine/support suggère que la fixation d’une quantité plus importante de β-lactoglobuline sur la surface ne conduit pas à une meilleure homogénéité de celle-ci. Enfin, les concentrations molaires de protéine immobilisée suivant la méthode B apparaissent plus élevées par rapport à celles obtenues avec la méthode A (Cf. Figure IV-24). Cette différence provient sans doute du fait que le dextrane immobilisé dans la voie B présente plus de sites fonctionnels que les molécules de cyclodextrine utilisées dans la voie A. V.4 - Reconnaissance de la β-lactoglobuline immobilisée (méthode B) par l’anti-β β-lactoglobuline La capacité de l’immunocapteur à fixer spécifiquement l’anti-β-lactoglobuline a été étudiée. La solution de sérum utilisée pour cette étude ainsi que les conditions expérimentales d’analyse sont identiques à celles de la première étude du biocapteur élaboré selon la voie A (Cf. Paragraphe IV.3 de ce chapitre). L’évolution de la réflectivité en fonction du temps a été suivie lors d’un passage de 20 minutes du sérum de lapin sur le biocapteur obtenu après deux heures de contact protéine/surface (Figure IV-37). 347 CHAPITRE IV 1 : sérum Réflectivité Rinçage au PBS/Tween/ASB 0,48 0,47 ∆R > 0 0,46 ⇔ Adsorption du sérum 0,45 1 0 10 20 30 40 50 Temps (min) Figure IV-37 : Courbe de réflectivité relative à l’adsorption de l’anticorps anti-β β-lactoglobuline contenu dans le sérum sur la surface de l’immunocapteur obtenu après deux heures de contact protéine/surface. Le biocapteur est préalablement équilibré dans un tampon PBS/Tween/ASB. Conditions expérimentales : (1) circulation pendant 20 min d’un sérum de lapin dilué au centième (soit 2 µg/mL d’anticorps spécifique anti-β β-lactoglobuline) dans un tampon PBS/Tween/ASB (tampon PBS de pH = 7,4 à 10 mM en phosphate, 2,7 mM de KCl, 0,137 M en NaCl et contenant du Tween à 1 ‰ (v/v) et de l’ASB à 1 % (m/m)), suivie d’un rinçage au tampon PBS/Tween/ASB pendant 15 min. L’augmentation du niveau de réflectivité après la circulation du sérum sur la surface du biocapteur et rinçage au PBS/Tween/ASB (Figure IV-37) indique la fixation de l’anticorps anti-β-lactoglobuline sur la surface. Par ailleurs, une étude identique a été effectuée sur une surface d’or-MUA-β-CD-(Dext-Ad-COOH) activée qui avait été mise au contact de la βlactoglobuline pendant 5 min mais qui n’avait pas fixé de protéine du fait du temps de contact trop court (Cf. Figure IV-35). Dans ce cas, aucune variation de réflectivité n’a été observée après passage du sérum et rinçage de la surface. Ce résultat indique que l’adsorption de l’anticorps observée sur la surface du biocapteur (Figure IV-37) est bien spécifique à la présence de la β-lactoglobuline. Les valeurs de réflectivités différentielles obtenues sur 100 plots virtuels de la surface du biocapteur sont reportées sur la Figure IV-38. 348 CHAPITRE IV Réflectivité différentielle après adsorption du sérum et rinçage au PBS/Tween/ASB Nombre de plots 2,5 2,0 20 (%) 1,5 15 1,0 10 0,5 5 ∆R 0,0 0 0 20 40 60 80 100 1,2 1,4 1,6 Numéro du plot 1,8 2,0 2,2 ∆ R (%) Variations de réflectivité ∆R (%) mesurées après passage de l’anti-β-lactoglobuline sur la surface du biocapteur 1,92 Médiane Moyenne 1,94 Minimale-Maximale 1,5 – 2,4 σ/∆Rcentrale 0,10 Figure IV-38 : Dispersion de la variation de la réflectivité ∆R (%) observée sur 100 plots virtuels (dispersés sur l’ensemble de la surface) après la circulation d’un sérum contenant de l’anti-β βlactoglobuline pendant 20 min sur la surface de l’immunocapteur obtenu après deux heures de contact protéine/surface, suivie d’un rinçage au PBS/Tween/ASB Le passage du sérum (composé de 2 µg/mL d’anti-β-lactoglobuline) pendant 20 minutes sur la surface du biocapteur suivi d’un rinçage au PBS/Tween/ASB conduit à une variation de réflectivité (∆R) comprise entre 1,5 % et 2,4 %. Par ailleurs, la valeur assez faible du rapport σ/∆Rcentrale montre que la quantité d’anticorps immobilisée sur la surface du biocapteur est relativement homogène. Néanmoins, le facteur de dispersion mesuré dans le cas présent est deux fois plus important par rapport à la valeur de 0,05 obtenue après passage du sérum sur le premier type de biocapteur (voie A, Cf. Figure IV-26). Cette différence pourrait s’expliquer par un problème de dynamique de flux à l’intérieur de la cuve du système de RPS. En effet, un examen plus attentif de l’histogramme permet de révéler une périodicité 349 2,4 2,6 CHAPITRE IV du signal, de 10 plots. Globalement, il semblerait que les plots n° (11, 12, 13), (21, 22, 23),…, plots situés à proximité de l’entrée de la solution dans la cuve (Cf. Paragraphe I.4 de ce chapitre), sont beaucoup plus sensibles au sérum que les plots numérotés 10, 20… situés à l’opposé de cette entrée. Si l’on observe de près l’histogramme de la Figure IV-26 (Cf. Paragraphe IV.3 de ce chapitre) relatif à la voie A, une périodicité du signal apparaît également mais celle-ci est moins marquée que dans le cas présent. Ainsi, il existe sans doute un effet du système sur la dispersion des mesures et celui ci semble plus important dans le cas présent que lors de la première étude (voie A). La valeur médiane de ∆R, égale à 1,92 %, conduit à un taux de recouvrement en anticorps de 0,38 ng/mm2, ce qui correspond à une concentration molaire de 2,5 fmol/mm2. La prise d’anticorps observée sur le biocapteur saturé en β-lactoglobuline est donc relativement faible par rapport à celle obtenue avec l’immunocapteur issu de la voie A (8 fmol/mm2, Cf. Paragraphe IV.3 de ce chapitre), ce qui semble contradictoire avec l’importante quantité d’allergène fixée sur la surface (Γmolaire = 45 fmol/mm2). Plus précisément, le rapport Γmolaire allergène / Γmolaire anticorps pour la méthode B est égal à 18, ce qui indique qu’une molécule d’allergène sur 18 lie l’anticorps. Il est alors possible que le greffage chimique de la protéine sur le dextrane ait conduit à une perte de son activité fonctionnelle. Ce phénomène parait néanmoins surprenant dans la mesure où la PEGylation de la β-lactoglobuline (voie A) ne semble pas avoir affecté les propriétés de reconnaissance de l’allergène. Une autre hypothèse pourrait expliquer la faible immobilisation de l’anticorps. En effet, l’encombrement stérique à proximité de la surface augmente avec la quantité de β-lactoglobuline fixée sur le dextrane. De ce fait, il est possible que l’importante quantité d’allergène immobilisée dans le cas présent conduit à une proximité trop importante des molécules si bien que les épitopes présents sur la protéine deviennent difficilement accessibles aux anticorps. Afin de vérifier la vraisemblance de cette dernière hypothèse, la fixation de l’anticorps sur la surface d’un biocapteur recouvert d’une quantité d’allergène moins importante (Γmolaire = 24 fmol/mm2) a été étudiée suivant des conditions expérimentales identiques à celles précédemment citées (Cf. Figure IV-37). Les paramètres caractéristiques de la variation de réflectivité mesurée sur 100 plots de la surface sont reportés dans le Tableau IV-3. 350 CHAPITRE IV Variations de réflectivité ∆R (%) mesurées après passage de l’anti-β-lactoglobuline sur la surface du biocapteur Médiane 7,01 Moyenne 7,00 Minimale-Maximale 5,4 – 7,7 σ/∆Rcentrale 0,06 Tableau IV-3: Dispersion de la variation de la réflectivité ∆R (%) observée sur 100 plots virtuels (dispersés sur l’ensemble de la surface) après la circulation d’un sérum contenant de l’anti-β βlactoglobuline pendant 20 min sur la surface d’un immunocapteur de concentration molaire en allergène (Γ Γmolaire) égale à = 24 fmol/mm2, suivie d’un rinçage au PBS/Tween/ASB La fixation d’anticorps sur la surface du biocapteur recouvert de 24 fmol/mm2 de protéine se traduit par une variation de réflectivité médiane de 7,01 %, ce pourcentage correspond à une concentration molaire en anti-β-lactoglobuline de 9,3 fmol/mm2. Cette valeur est plus importante que celle déterminée précédemment pour le biocapteur constitué de 45 fmol/mm2 d’allergène (Cf. Figure IV-38). Le nouveau rapport Γmolaire allergène / Γmolaire anticorps est égal à 2,58, ce qui indique qu’une molécule d’allergène sur 2 à 3 lie l’anticorps. Ce résultat est donc en bon accord avec l’hypothèse posée précédemment qui suggère un problème d’accessibilité des anticorps aux épitopes des molécules d’allergènes. Un phénomène similaire a déjà été observé lors de l’interaction entre des monobrins d’ADN puisque le rendement d’hybridation diminue quand la concentration surfacique d’ADN sonde devient élevée87. Néanmoins, la confirmation de cette hypothèse nécessiterait de plus amples études. VI – Régénération de l’immunocapteur VI.1 – Régénération de l’immunocapteur au niveau de la couche de βcyclodextrine L’utilisation répétée de l’immunocapteur pourrait conduire à la perte de l’intégrité fonctionnelle de l’allergène immobilisé. Il serait donc intéressant de pouvoir éliminer la 351 CHAPITRE IV couche de β-lactoglobuline altérée et de la remplacer rapidement, sans être obligé de reconduire l’élaboration de l’immunocapteur depuis la première étape. Parmi les deux méthodes utilisées jusqu’à présent, la voie A permet de préparer un immunocapteur en une seule étape à partir de la surface d’or-MUA-β-CD, par une circulation de 15 minutes d’une solution de β-lactoglobuline sur la surface. L’élaboration d’un immunocapteur à partir de la voie B nécessite un nombre d’étapes plus important : une couche de Dext-Ad-COOH doit d’abord être immobilisée sur la surface d’or-MUA-β-CD, puis le polymère doit être activé afin de pouvoir greffer la β-lactoglobuline et enfin, les fonctions réactives résiduelles de la surface doivent être désactivées. Il apparaît clairement que la méthode A est plus intéressante d’un point de vue temps. Ainsi, l’étude de la régénération de l’immunocapteur au niveau de la couche de β-cyclodextrine a été effectuée uniquement pour cette voie. Des études antérieures menées par David59,88,89 ont montré qu’il était possible de dissocier les complexes d’inclusion adamantyle / β-CD en utilisant une solution de SDS. L’objectif de l’étude étant de dissocier les complexes d’inclusion formés entre les groupements adamantyle portés par la β-lactoglobuline-PEG-AdPh et les cavités de cyclodextrine immobilisées sur l’interface or-MUA-β-CD, une solution de SDS à 1 % en masse dans l’eau a donc été utilisée pour rompre ces complexes et éliminer la protéine. Le rinçage de la surface a été effectué pendant 15 minutes (Figure IV-39, partie gauche de la courbe). La réflectivité mesurée après le passage de la solution de régénération est légèrement inférieure à celle observée avant la fixation de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh. Ceci suggère la complète élimination de la couche d’allergène et peut-être même la désorption d’impuretés présentes sur la surface. Afin de contrôler la qualité de la régénération de la surface du biocapteur, une nouvelle circulation de protéine a été effectuée sur la surface or-MUA-β-CD supposée régénérée (Figure IV-39, partie droite de la courbe). 352 CHAPITRE IV ∆R > 0 ⇔ Réflectivité 1 : PBS/Tween 2 : β-lactoglobuline-PEG-AdPh 3 : PBS/Tween 4 : eau 5 : SDS 6 : eau Adsorption de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh 3 3 0,56 4 4 0,54 0,52 2 2 0,50 6 6 0,48 0,46 5 5 Régénération complète de l'interace de complexation 0,44 1 1 0,42 0 20 40 60 80 100 120 140 Temps (min) Figure IV-39 : Courbe de réflectivité relative à la régénération de la surface d’or-MUA-β β-CD après immobilisation de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh suivie d’un nouveau cycle d’adsorption de la protéine modifiée. Conditions expérimentales : (1) circulation sur la surface d’un tampon PBS/Tween (tampon PBS de pH = 7,4 à 10 mM en phosphate, 2,7 mM de KCl, 0,137 M en NaCl et contenant du Tween à 1 ‰ (v/v)), pendant 10 min, (2) circulation d’une solution de β -lactoglobuline-PEG-AdPh à 1 mg/mL dans le tampon PBS/Tween pendant 15 min, (3) rinçage au PBS/Tween pendant 10 min, (4) rinçage à l’eau pendant 10 min, (5) régénération de la surface par rinçage avec une solution de SDS à 1 % en masse dans l’eau pendant 15 min, (6) rinçage à l’eau pendant 10 min Les courbes de réflectivité relatives aux deux cycles successifs d’immobilisation de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh sont légèrement différentes : il semblerait que la quantité d’allergène adsorbée sur le support régénéré soit plus importante par rapport à celle obtenue lors du premier passage de la protéine. Les valeurs de réflectivités différentielles déterminées pour les 100 plots virtuels de la surface au cours de cette étude ont été comparées dans le Tableau IV-4 aux valeurs obtenues lors du premier cycle d’adsorption de la protéine. 353 CHAPITRE IV Variations de réflectivité ∆R (%) mesurées après deux passages successifs de β -lactoglobuline-PEG-AdPh sur la surface or-MUA-β-CD 1er passage 2ème passage Médiane 2,56 3,57 Moyenne 2,57 3,57 Minimale-Maximale 2,0 - 3,2 3,0 - 4 σ/∆Rcentrale 0,12 0,06 Tableau IV-4 : Variations de réflectivité ∆R (%) déterminées sur 100 plots virtuels de la surface après deux cycles d’immobilisation de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh sur la surface d’or-MUA-β β-CD. Conditions expérimentales : identiques à celles de la Figure IV-39 Il apparaît que la fixation de la protéine sur le support or-MUA-β-CD régénéré est plus importante comparativement à celle de la première immobilisation. Ce résultat suggère que le nombre de cavités de β-CD accessibles sur le support or-MUA-β-CD régénéré est plus important que celui relatif au support initial. En effet, il est possible que l’utilisation du SDS ait conduit à libérer des cavités de cyclodextrine initialement occupées par des produits de synthèse utilisés lors de la réaction d’amination de la β-CD. Un tel phénomène avait d’ailleurs été constaté lors de la régénération du support chromatographique de type hydrophobe (Cf. Chapitre III, paragraphe II.6). Cette hypothèse pourrait par ailleurs expliquer la meilleure homogénéité de surface observée lors du deuxième cycle de fixation de la β-lactoglobulinePEG-AdPh. Une seconde hypothèse pourrait également expliquer l’adsorption plus importante de l’allergène sur la surface régénérée. Il est possible que le rinçage à l’eau de 10 minutes après la régénération de la surface par le SDS (étape 6 sur la Figure IV-39) ne soit pas suffisamment long pour permettre un relargage complet des molécules de tensioactif. Ainsi, lors du second cycle d’adsorption de la β-lactoglobuline-PEG-AdPh, celle-ci pourrait interagir de façon non spécifique avec les molécules de SDS encore présentes à la surface, ce qui provoquerait une augmentation de la quantité de protéine adsorbée. Pour vérifier cette dernière hypothèse, la fixation non spécifique de la β-lactoglobuline native sur une surface d’or-MUA-β-CD préalablement traitée au SDS et rincée à l’eau a été mesurée. Pour ce faire, une solution de β-lactoglobuline (à 1 mg/mL dans le tampon PBS/Tween) a été mise en circulation pendant 15 minutes sur une surface d’or-MUA-β-CD préalablement rincée pendant 15 minutes avec une solution de SDS (à 1 % en masse dans 354 CHAPITRE IV l’eau) puis 10 minutes à l’eau. Les valeurs de ∆R mesurées dans ces conditions, sur 100 plots de la surface après rinçage à l’eau, varient entre 0 et 0,2 %. Les valeurs observées sont identiques à celles obtenues sur une surface d’or-MUA-β-CD non traitée au SDS (Cf. Tableau IV-1). Ce résultat indique qu’il n’existe pas d’interaction non spécifique protéine/SDS et confirme qu’un rinçage de 10 min à l’eau est suffisant pour éliminer totalement les molécules de tensioactif. VI.2 – Régénération de l’immunocapteur au niveau de l’antigène βlactoglobuline La régénération de l’immunocapteur au niveau de l’antigène β-lactoglobuline a été étudiée sur les deux systèmes analytiques, élaborés selon les procédés A et B. Dans la suite de ce travail, les résultats obtenus pour les deux types de biocapteurs seront présentés en parallèle. Une solution de tampon glycine à 0,1 M et de pH = 2,1 utilisée pour la régénération du support chromatographique d’immunoaffinité (Cf. Chapitre III, paragraphe III.3.3) a de nouveau été choisie pour rompre les liaisons de forte affinité antigène-anticorps. Le traitement de la surface a été effectué pendant 15 minutes sur les deux types de biocapteur (Figure IV40, partie gauche de la courbe, étape 5). 355 CHAPITRE IV ∆R > 0 ⇔ Réflectivité 0,65 1 : PBS/Tween/ASB 2 : sérum 3 : PBS/Tween/ASB 4 : eau 5 : glycine 6 : eau Adsorption du sérum 3 3 4 4 0,60 2 2 0,55 5 5 6 0,50 0,45 6 Régénération complète du biocapteur 1 1 0 50 100 Immunocapteur Méthode A 150 200 Temps (min) ∆R > 0 ⇔ Réflectivité Adsorption du sérum 3 1 : PBS/Tween/ASB 2 : sérum 3 : PBS/Tween/ASB 4 : eau 5 : glycine 6 : eau 3 0,48 4 4 0,46 2 2 0,44 0,42 0,40 6 6 0,38 5 0,36 5 1 0,34 Régénération complète du biocapteur 1 0,32 0 Immunocapteur Méthode B 50 100 150 200 Temps (min) Figure IV-40 : Courbe de réflectivité relative à la régénération de la surface de l’immunocapteur après adsorption de l’anti-β β-lactoglobuline suivie d’un nouveau cycle d’adsorption de l’anticorps. Conditions expérimentales : (1) circulation d’un tampon PBS/Tween/ASB (tampon PBS de pH = 7,4 à 10 mM en phosphate, 2,7 mM de KCl, 0,137 M en NaCl et contenant du Tween à 1 ‰ (v/v) et de l’ASB à 1 % (m/m)), pendant 15 min, (2) circulation d’un sérum de lapin dilué au centième dans le tampon PBS/Tween/ASB 356 CHAPITRE IV pendant 20 min, (3) rinçage au PBS/Tween/ASB pendant 15 min, (4) rinçage à l’eau pendant 15 min, (5) régénération de la surface par rinçage avec un tampon glycine 0,1 M de pH = 2,1 pendant 15 min, (6) rinçage à l’eau pendant 15 min, La réflectivité mesurée sur les deux types d’immunocapteurs après le passage du tampon de régénération étant identique à celle observée avant la fixation de l’anti-βlactoglobuline suggère le relargage complet de l’anticorps. La qualité de cette régénération a été étudiée en faisant circuler sur la surface supposée régénérée des biocapteurs une nouvelle solution de sérum (Figure IV-40, partie droite de la courbe), dans des conditions expérimentales identiques à la première étude d’adsorption du sérum. Sur les deux types d’immunocapteurs, les courbes de réflectivité relatives aux deux cycles successifs de sérum semblent parfaitement reproductibles. Afin de quantifier ce résultat sur l’ensemble de la surface, les valeurs de réflectivités différentielles obtenues sur les 100 plots virtuels de la surface ont été comparées sur la Figure IV-41 aux valeurs observées après la première étude d’adsorption du sérum. Réflectivité différentielle après adsorption du sérum et rinçage au PBS/Tween/ASB Immunocapteur Méthode A er 1 passage ème 2 passage 6 ∆R 5 (%) 4 3 Immunocapteur Méthode B 2 1 passage ème 2 passage er 1 0 20 40 60 Numéro du plot 357 80 100 CHAPITRE IV Variations de réflectivité ∆R (%) mesurées après deux passages successifs d’anti-β -lactoglobuline sur la surface du biocapteur Immunocapteur Méthode A 1er passage 2ème passage Médiane 5,75 5,72 Moyenne 5,73 5,73 Minimale-Maximale 5,0 – 6,7 5,0 – 6,8 σ/∆Rcentrale 0,05 0,06 Immunocapteur Méthode B 1er passage 2ème passage Médiane 1,92 1,93 Moyenne 1,94 1,95 Minimale-Maximale 1,5 – 2,4 1,6 – 2,4 σ/∆Rcentrale 0,10 0,11 Figure IV-41 : Comparaison de la variation de réflectivité ∆R (%) observée sur 100 plots virtuels de la surface après deux passages successifs d’un sérum contenant l’anticorps anti-β β-lactoglobuline sur la surface de l’immunocapteur saturé en β-lactoglobuline (méthode A) et obtenu après deux heures de contact protéine/surface (méthode B) Les variations de réflectivité ∆R (%) mesurées sur les deux types de biocapteurs après les deux passages successifs d’anti-β-lactoglobuline sont très proches et indiquent que les prises d’anticorps sont reproductibles sur l’ensemble de la surface. L’écart relatif sur la valeur de ∆R entre le premier et le deuxième passage de sérum a été calculé pour les 100 plots. Un écart médian de 0,96 % ainsi qu’un écart moyen de 1,38% ont été déterminés pour l’immunocapteur préparé selon la méthode A et un écart médian de 2,02 % ainsi qu’un écart moyen de 2,34 % pour l’immunocapteur issu de la voie B. Ces faibles différences conduisent à plusieurs conclusions : (i) le tampon glycine permet la régénération complète de la surface du biocapteur, (ii) l’acidité du tampon de régénération n’a pas affecté l’intégrité fonctionnelle de la β-lactoglobuline et (iii) la surface élaborée est chimiquement stable dans les conditions expérimentales mises en jeu, ce qui permet une bonne reproductibilité des prises d’anticorps. 358 CHAPITRE IV VII – Comparaison des deux voies d’élaboration de l’immunocapteur Les principaux résultats obtenus lors de l’élaboration et de l’évaluation de l’activité biologique de l’immunocapteur selon les deux voies de préparation envisagées sont reportés dans le Tableau IV-5. Ce tableau résume les temps de contact utilisés pour immobiliser les différents composés mis en jeu et donne les prises de réflectivités (∆R) médianes observées après leur fixation sur la surface ; les paramètres de dispersion sur les mesures de ∆R y sont également reportées ainsi que les taux de recouvrement molaire en protéine. Méthode A Méthode B β-CD-NH2 ∆R médiane σ/∆Rcentrale 1,04 % 0,44 30 min Dext-Ad-COOH 20 min ∆R médiane σ/∆Rcentrale 4,16 % 0,04 β-lactoglobuline-PEG-AdPh (pH = 7,4) β-lactoglobuline (pH = 4,5) ∆R médiane σ/∆Rcentrale ∆R médiane σ/∆Rcentrale 2,56 % 0,12 4,33 % 0,03 15 min 105 min 15 min Γmolaire Γmolaire 11 fmol/mm2 24 fmol/mm2 ∆R médiane σ/∆Rcentrale 5,61 % 0,09 120 min Γmolaire 24 fmol/mm ∆R médiane σ/∆Rcentrale 8,11 % 0,07 Γmolaire 2 45 fmol/mm2 (valeur approximative) 359 CHAPITRE IV Anti-β -lactoglobuline Utilisation de l’immunocapteur constitué de 24 fmol/mm2 de β-lactoglobuline 24 fmol/mm2 de β-lactoglobuline ∆R médiane σ/∆Rcentrale ∆R médiane σ/∆Rcentrale 5,75 % 0,05 7,01 % 0,06 20 min 20 min Γmolaire Γmolaire 2 8 fmol/mm 9,3 fmol/mm2 Γmolaire allergène / Γmolaire anticorps Γmolaire allergène / Γmolaire anticorps 3,00 2,58 Tableau IV-5 : Comparaison des deux voies d’élaboration du biocapteur Les deux voies d’élaboration du biocapteur partent d’une surface commune d’or recouverte de β-cyclodextrine qui apparaît assez hétérogène. Si l’on compare l’élaboration de l’immunocapteur à partir de cette surface, le procédé A semble plus rapide et plus simple que le procédé B puisqu’il permet l’immobilisation d’allergènes préalablement modifiés en une seule étape contre quatre étapes pour la voie B (immobilisation du dextrane – activation – immobilisation de la protéine - désactivation). Cependant, l’utilisation du procédé B met en jeu un polymère de dextrane qui recouvre de façon homogène la surface et qui conduit à un greffage ultérieur de la protéine plus homogène que celui obtenu par la voie A. D’autre part, la capacité de fixation en allergènes de la surface recouverte de dextrane (voie B) est plus importante que celle offerte par la surface recouverte de β-cyclodextrine (voie A). Cette différence s’explique sans doute par l’utilisation d’un dextrane qui par sa haute fonctionnalité (environ 60 % de fonctions actives) et la flexibilité de ses chaînes offre un accès privilégié à la protéine comparativement à la surface « plus rigide » de β-cyclodextrine. Néanmoins, comme expliqué au paragraphe V.4 de ce chapitre, la saturation de la surface en allergènes ne se traduit pas obligatoirement par une capture maximale de l’anticorps correspondant. Les biocapteurs issus des deux voies A et B et constitués d’une quantité d’allergène similaire ont permis une détection comparable de l’anticorps, avec un rapport Γmolaire allergène / Γmolaire anticorps proche dans les deux cas. Enfin, contrairement à la voie B, la voie A est difficilement compatible avec l’élaboration d’une puce à protéines contenant une centaine d’allergènes différents car elle 360 CHAPITRE IV implique de modifier préalablement chacun de ces allergènes avant leur immobilisation. C’est essentiellement pour cette raison que la voie B doit être privilégiée dans la suite du projet d’élaboration des puces à allergènes. VII – Conclusion Un immunocapteur a pu être élaboré par une chimie de surface impliquant la formation de complexes d’inclusion entre des cavités de β-cyclodextrine et des molécules modifiées par des groupements hydrophobes. Deux voies de préparation ont été utilisées. La première (voie A) a consisté à immobiliser un allergène, préalablement modifié par des groupements hydrophobes, sur une surface recouverte de β-cyclodextrine grâce à la formation de complexes d’inclusion. Dans la seconde (voie B), un dextrane fonctionnalisé a été immobilisé sur une surface recouverte de β-cyclodextrine par formation de complexes d’inclusion, puis l’allergène a été greffé sur les fonctions réactives du dextrane. L’homogénéité des surfaces a été étudiée pour les deux voies de préparation après chaque étape du procédé d’élaboration de l’immunocapteur. Bien que la surface de départ (or-MUA- β-CD) soit hétérogène, les deux méthodes permettent d’obtenir des dépôts de protéine relativement homogènes. D’autre part, les conditions opératoires permettant une fixation spécifique et optimale de la β-lactoglobuline ont été déterminées. En particulier, il a été montré que l’immobilisation de l’allergène selon la voie A devait être réalisée en présence de Tween 20 (pH = 7,4) afin d’éliminer la fixation non spécifique de la protéine. Par ailleurs, la fixation de la β-lactoglobuline suivant la voie B nécessite de préconcentrer la protéine à proximité du dextrane fonctionnalisé, par interactions électrostatiques, afin de favoriser la réaction de greffage de l’allergène sur les fonctions activées du dextrane. Pour cela, le couplage a été effectué à un pH de 4,5 inférieur au pI de la protéine et dans un tampon de faible force ionique. Pour les deux procédés étudiés, l’immobilisation de la protéine semble assez rapide puisqu’un temps de contact de 15 minutes permet de fixer près de la moitié de la quantité maximale. Par ailleurs, il n’est pas nécessaire de saturer la surface en βlactoglobuline car cela peut entraîner des problèmes d’accessibilité des anticorps aux épitopes des molécules d’allergènes. 361 CHAPITRE IV Les immunocapteurs élaborés selon ces deux voies ont permis la capture spécifique d’anticorps présents dans un sérum de lapin démontrant ainsi que la β-lactoglobuline immobilisée selon chacune des deux voies pouvait être reconnue par les anticorps correspondants. Des études complémentaires pourraient être menées pour améliorer la quantité d’anticorps immobilisée. Notamment, l’évolution de la quantité d’anticorps capturée en fonction de la quantité d’allergène fixée sur la surface de l’immunocapteur pourrait être étudiée. En conclusion, les deux méthodes décrites dans ce travail semblent répondre aux contraintes relatives à l’élaboration d’un immunocapteur : elles sont relativement simples à mettre en œuvre, peu coûteuses, conduisent à des surfaces stables dans les conditions d’utilisation du biocapteur et permettent une interaction spécifique entre la β-lactoglobuline et l’anticorps contenu dans un sérum. Cependant, la voie impliquant un polymère de dextrane parait mieux adaptée à l’élaboration de systèmes analytiques plus élaborés de type puces à allergènes puisqu’elle ne nécessite pas de modifier les protéines. La prochaine étape consistera à optimiser les conditions de dépôt de β-lactoglobuline sur la surface et à élargir la méthode à d’autres allergènes. Par la suite, il sera intéressant de mener des études de cinétique afin de déterminer l’affinité des allergènes pour les anticorps correspondants. 362 CHAPITRE IV 363 CHAPITRE IV REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES DU CHAPITRE IV 364 CHAPITRE IV (1) (2) (3) (4) (5) (6) (7) (8) (9) (10) (11) (12) (13) (14) (15) (16) (17) (18) (19) (20) (21) (22) (23) (24) (25) (26) (27) (28) (29) (30) (31) (32) (33) YEUNG, C. K.; INGEBRANDT, S.; KRAUSE, M.; HOFFENHAUSSER, A.; KNOLL, W. J. Pharmacol. Toxicol. Methods 2001, 45, 207. MULLET, W. M.; LAI, E. P. C.; YEUNG, J. M. Methods 2000, 22, 77. RICKERT, J.; BRECHT, A.; GOPEL, W. Biosens. Bioelectron. 1997, 12, 567. LAKEY, J. H.; RAGGET, E. M. Curr. Opin. Struc. Biol. 1998, 8, 119. LOWE, C. R. Biosensors 1985, 1, 3. GORDON, J. G.; SWALEN, J. D. Optics Commun. 1977, 22, 374. MILLER, C. E.; MEYER, W. H.; KNOLL, W.; WEGNER, W. Ber. Bunsenges. Phys. Chem. 1992, 96, 869. POCKRAND, I.; SWALEN, J. D.; GORDON, J. G.; PHILPOTT, M. R. Surface Science 1977, 74, 237. 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Pour effectuer cette étude, différents types de molécules invitées ont été synthétisées : (i) des dextranes possédant des groupements adamantyle et diverses fonctionnalités telles que des fonctions DEAE, des fonctions COOH, des chaînons alkyle en C8 ou encore des molécules d’intérêt biologique telles que des anticorps et (ii) un allergène, la β-lactoglobuline, modifiée par des groupes adamantyle. Le système associatif adamantane/β-cyclodextrine a été sélectionné du fait de la forte affinité de l’adamantante pour les cavités de β-cyclodextrine. En particulier, des études antérieures menées par CLHP avaient montré qu’un polymère modèle de poly(éthylène glycol) modifié par un groupement adamantyle en extrémité de chaîne (MPEG-AdPh) ne pouvait être élué hors d’une colonne de silice greffée par un polymère de β-cyclodextrine (silice-polyβ-CD) qu’après addition dans la phase mobile d’un agent compétiteur (HP-β-CD). Des études théoriques plus poussées ont été menées afin de déterminer l’affinité de ces polymères modèles (MPEG-AdPh) vis-à-vis de la β-cyclodextrine. Pour cela, des méthodes d’électrophorèse capillaire d’affinité (ACE) et de chromatographie liquide à haute performance (CLHP), généralement appliquées à l’analyse de petites molécules ou de macromolécules biologiques, ont été mises en œuvre. Ces deux techniques ont permis d’accéder aux constantes en solution avec un bon accord entre les valeurs déterminées. D’autre part, l’utilisation pour l’étude CLHP d’un support de silice-polyβ-CD a permis de déterminer l’affinité des complexes à l’interface solide / liquide et a mis en évidence une interaction relativement élevée dans ces conditions. 371 CONCLUSION GENERALE La faisabilité d’un procédé d’immobilisation basé sur la formation de complexes d’inclusion pour la modification des propriétés de surface a été étudiée par une méthode chromatographique. Pour cela, différents polymères ont été immobilisés sur un support de silice-polyβ-CD de porosité 30 et 400 nm. Les polymères utilisés pour cette étude sont des dextranes modifiés d’une part par des groupements adamantyle afin de permettre leur fixation sur le support de β-cyclodextrine et d’autre part, par diverses fonctionnalités telles que des sites ioniques ou hydrophobes ou encore par des molécules biologiques telles que des anticorps. Nous avons montré que le procédé d’immobilisation des polymères était rapide et pouvait être réalisé dans des conditions douces (température ambiante, solution aqueuse). La fixation des différents dextranes a été vérifiée par l’analyse des propriétés de surface des supports obtenus. Pour cela, des protéines de différentes natures (acides, basiques, à caractère hydrophobe ou des antigènes) ont été injectées sur les phases stationnaires ainsi obtenues. L’étude de l’évolution de leur rétention en fonction de la composition de la phase mobile (cas des protéines acides, basiques et hydrophobes) ou l’étude de leur capture par le support (cas des antigènes) a permis de révéler des propriétés de surface de type ionique, hydrophobe ou encore immunoadsorbante. Ces travaux ont donc permis de confirmer la présence des différents dextranes sur le support et ont démontré la faisabilité d’une chimie de surface basée sur la formation de complexes d’inclusion aux interfaces pour la fonctionnalisation de supports. Par ailleurs, ces études ont montré la stabilité en milieux aqueux des matériaux obtenus ainsi que la possible réversibilité des complexes formés. Parallèlement, les surfaces élaborées ont pu être utilisées pour l’application de modèles chromatographiques théoriques décrivant la rétention des protéines en fonction de la composition de la phase mobile. Ainsi, l’application de ces modèles aux supports d’échange d’ions a permis de déterminer le nombre de charges de la protéine mises en jeu dans le processus d’adsorption-désorption avec la phase stationnaire et a conduit à des résultats en bon accord avec ceux de la littérature. Sur le support d’interaction hydrophobe, ces modèles ont permis d’accéder à l’aire de contact hydrophobe entre des protéines injectées et la phase stationnaire. Bien que la chimie de surface n’ait pas été optimisée, les supports élaborés peuvent être utilisés sous leur forme actuelle comme phase stationnaire en CLHP. En particulier, l’échangeur de cations et le support hydrophobe ont permis la séparation de mélanges de protéines. Néanmoins, les pics de solutés obtenus sont relativement larges du fait de problèmes de diffusion des protéines dans les pores de 30 nm et du fait de la présence de sites d’interactions non spécifiques sur le support. Ces sites secondaires sont dus essentiellement à la présence de l’agent de couplage utilisé lors de la synthèse de la silice372 CONCLUSION GENERALE polyβ-CD. Il serait donc intéressant de tester des supports de porosité plus élevée et de développer un nouveau procédé de greffage du polymère de β-CD sur la silice pour améliorer l’efficacité des colonnes de CLHP classique. Il faut souligner que du fait de sa facilité de mise en œuvre, le procédé de fonctionnalisation des surfaces par mise en jeu de complexes d’inclusion pourrait par la suite être appliqué à l’élaboration de microsystèmes analytiques. Dans la dernière partie de ce travail, le procédé particulier d’immobilisation basé sur les complexes d’inclusion a été mis en œuvre sur une surface plane recouverte d’or pour élaborer un immunocapteur permettant la détection d’anticorps anti-allergène. Pour ces travaux préliminaires effectués dans le cadre d’un Programme CNRS interdisciplinaire (Protéomique et génie des protéines), la β-lactoglobuline a été choisie comme allergène modèle. Les différentes étapes de l’élaboration de cet immunocapteur ainsi que les tests de reconnaissance biologique ont été suivis en temps réel par une méthode optique de résonance des plasmons de surface (RPS). Deux procédés d’immobilisation de la β-lactoglobuline sur une surface d’or recouverte de β-cyclodextrine ont été utilisés. Les résultats obtenus semblent montrer que les deux méthodes sont équivalentes en termes d’homogénéité de surface, de reconnaissance des anticorps anti-β-lactoglobuline contenus dans un sérum de lapin et de spécificité de l’interaction anticorps / antigène. Cependant, la première méthode qui nécessite de modifier l’allergène par des bras de PEG possédant une extrémité adamantyle semble peu adaptée à une configuration de type « puces à allergènes ». La modification d’un nombre élevé d’allergènes est en effet une contrainte que la deuxième méthode permet d’éviter. Par ailleurs, bien que ce problème n’ait pas été rencontré dans le cas de la β-lactoglobuline, il est possible que certains allergènes perdent leurs propriétés de reconnaissance après modification. Pour la suite du projet, il sera donc préférable de privilégier la seconde voie qui consiste à recouvrir la surface d’or par une couche de dextrane carboxyméthylé. Les conditions permettant un dépôt optimal de microplots d’allergènes devront être déterminées. En particulier, le pH et la concentration du tampon servant à préparer les solutions d’allergène, la concentration de l’allergène et le temps de réaction seront des paramètres à étudier. En conclusion, ce travail de thèse a permis de démontrer que le système adamantane / β-cyclodextrine pouvait être utilisé pour fonctionnaliser des surfaces du fait de sa rapidité de mise en œuvre et de la stabilité des dépôts obtenus. Il présente les mêmes avantages que le 373 CONCLUSION GENERALE couple avidine / biotine et permet de plus une régénération des surfaces après utilisation. Il semble être un candidat intéressant pour le développement de microsystèmes analytiques. 374 375 ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXES EXPERIMENTALES 376 ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 1 SYNTHESE DU POLYMERE DE β-CYCLODEXTRINE Réactifs nécessaires • β-cyclodextrine (Roquette) • Solution de soude à 33% en masse (Aldrich) • Epichlorhydrine (Aldrich) • Solution d’acide chlorhydrique 6N • Acétone (SDS) • Eau Principe de la synthèse La synthèse du polymère de β-cyclodextrine (polyβ-CD) consiste en une polycondensation entre le « monomère » de β-cyclodextrine et le monomère d'épichlorhydrine en milieu alcalin. Le schéma réactionnel suivant met en évidence l’ensemble des réactions secondaires pouvant intervenir lors de cette copolymérisation. 377 ANNEXES EXPERIMENTALES Cl + O (4) HO H2C O HO HO H2 C (1) O O HO OH OH - O O HO O O CH2 CH CH2 Cl OH CH2 CH CH2 O H2O (4) H2 O HO H 2C HO CH2 CH CH2 OH HO H2 C OH (3) O OH O Cl CH2 CH CH2 OH OH O suivi de H2O Cl (5) O suivi de H2O HO CH2 CH CH2 O CH2 CH CH2 OH OH O HO O O HO (5) HO H2C (2) O OH HO H2C O HO O HO H2C O CH2 HO H2 C O HO O CH CH2 O OH O OH O O CH2 CH CH2 O CH2 CH CH2 OH OH OH La réaction s’effectuant dans un milieu fortement alcalin, les fonctions alcools de la cyclodextrine sont sous forme déprotonée et conduisent à une attaque nucléophile et à une ouverture du cycle époxyde (les OH portés par le C2 étant plus acides que les autres doivent réagir en priorité) (réaction 1). La chlorhydrine ainsi formée se trouvant dans un milieu alcalin se réarrange immédiatement pour reformer un cycle époxyde (réaction 2). Cet époxyde peut alors réagir avec une deuxième molécule de cyclodextrine (réaction 3) ou s’hydrolyser en présence d’eau (réaction 4). Dans ce dernier cas, les fonctions alcool résultantes peuvent réagir avec de nouveaux cycles époxydes (réaction 5) et conduire à la formation de séquences plus ou moins longues de poly(2-hydroxypropyl)éther libres à une extrémité, ou bien jouant le rôle de pontages entre plusieurs CDs. La polymérisation étant relativement lente, un bon contrôle de l’avancement de la réaction est possible mais ce contrôle reste délicat car les paramètres expérimentaux (dimension du réacteur, vitesse d'agitation, concentration de la soude) influent sur la prédominance des différents types de réactions. D’autre part, au delà d’un certain degré de polymérisation, la polyfonctionnalité des β-cyclodextrines entraîne une réticulation 378 ANNEXES EXPERIMENTALES conduisant à des gels insolubles. De ce fait, un arrêt de la polycondensation doit être effectué avant la gélification du système. Mode opératoire 200g (0,176mol) de β-cyclodextrine sont introduits dans un réacteur préalablement thermostaté à 33°C. Une agitation mécanique de 300 tours/min est alors déclenchée avant d’ajouter 320mL d’une solution de soude à 33% minimum en masse. Le milieu réactionnel est conservé dans les mêmes conditions (agitation de 300 tours/min à 33°C) toute une nuit. Le lendemain, 97mL (1,237 mol) d’épichlorhydrine (EP) sont ajoutés au mélange avant de porter la vitesse de rotation du réacteur à son maximum (680 tours/min). La polycondensation est stoppée avant la gélification du mélange au bout d’1h45min par l’ajout de 320mL d’acétone au mélange suivi d’une agitation de 5min (toujours à 680 tours/min). Le mélange réactionnel est ensuite transvasé dans un bécher et 400mL d’eau distillée y sont ajoutés avant de neutraliser la solution en deux temps. Tout d’abord, le pH de la solution est ajusté aux alentours de 10,4 (à l’aide d’une solution d’acide chlorhydrique 6N) et le mélange est maintenu sous agitation pendant 24h dans un bain thermostaté à 50°C afin de stabiliser la solution (le pH de la solution s’équilibre à une valeur proche de 9,4). Dans un second temps, la solution est neutralisée en ajustant le pH à 7. Le mélange est ensuite purifié par ultrafiltration tangentielle sur système Pellicon avec une membrane en cellulose régénérée (Pellicon 2) de seuil de coupure 10000. Le copolymère est finalement récupéré par lyophilisation. Caractérisation par RMN du proton Le spectre de RMN du proton relatif au copolymère β-CD/EP en solution dans de l’eau deutérée (D2O) ainsi que les attributions des différents signaux et leurs déplacements chimiques sont donnés sur la figure ci-dessous : 379 ANNEXES EXPERIMENTALES autres protons 1 H anomériques H(1) 1 2 N° pic Déplacement (ppm) Multiplicité Attribution 1 5,05 Singulet large H anomérique 2 3,7 Multiplet Autres protons de la β-CD et protons de l'EP Le spectre de RMN renseigne sur la composition du copolymère : en effet, la comparaison des signaux permet d’accéder au nombre moyen de cavités de β-CD par chaîne de copolymère et au nombre moyen de greffons EP par cavité de β-CD. Soit x et y les proportions molaires respectives de la β-CD et de l’EP dans le copolymère, les intégrations I1 et I2 respectives des pics 1 et 2 sont alors définies par : I1 = 7x I2 = 7*6x + 5y Le pourcentage massique de β-CD dans le copolymère est alors donné par la relation suivante : % massique β − CD = m βCD m βCD + m EP × 100 = x M β −CD x M β −CD + y M EP × 100 avec M β-CD = 1135g.mol-1 et M EP = 58g.mol-1 (masse du motif EP). 380 ANNEXES EXPERIMENTALES Le nombre moyen de cavités de β-CD par chaîne de polymère peut ensuite être déterminé par l’égalité suivante : Nb cavité de β − CD / chaîne de polymère = M n * 381 % massique β − CD M β −CD ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 2 SYNTHESE DE LA β-CD AMINEE Réactifs nécessaires • β-cyclodextrine (Roquette) • Chlorure de tosyle (Aldrich) • Azoture de sodium (Aldrich) • Iodure de potassium (Aldrich) • Nickel de Raney (Aldrich) • Borohydrure de sodium (Aldrich) • Pyridine (SDS) • Ethanol (SDS) • N,N-diméthylformamide ou DMF (SDS) • Résine Amberlite TMD-8 (Aldrich) Mode opératoire 1) 1er étape : Synthèse de l'intermédiaire β-cyclodextrine tosylée 22g (19,4 mmol) de β-cyclodextrine, séchée une nuit à 110°C, sont dissous dans 500mL de pyridine avant d’être mis à refroidir à 8°C. Une fois la CD dissoute (solution jaune), 1,8g (9,4mmol) de chlorure de tosyle sont ajoutés. Le mélange est maintenu 24 heures sous agitation et la réaction est stoppée par ajout de 100mL d’eau. Après évaporation de la pyridine (chassée par l’eau), la solution aqueuse de β-cyclodextrine tosylée est filtrée et lavée à l’éthanol afin d’éliminer le chlorure de tosyle n’ayant pas réagi. Le produit obtenu (blanc) est ensuite recristallisé dans l’eau et le précipité est filtré et séché sous vide. Le rendement de 382 ANNEXES EXPERIMENTALES cette étape est d’environ 25%. L’homogénéité du produit est vérifiée par chromatographie de phase inverse sur colonne C18 dans un mélange méthanol/eau à 50/50. 2) 2ème étape : Synthèse de l'intermédiaire β-cyclodextrine azidée 3,4g (2,6mmol) de β-cyclodextrine tosylée sont dissous dans 10mL de DMF distillé sur CaH2 avant d’ajouter 1,75g (26,4mmol) d’azoture de sodium et 0,224g (1,3mmol) d’iodure de potassium. Le mélange réactionnel est maintenu sous agitation 24h à 70°C sous atmosphère d’azote. Le DMF est chassé sous pression réduite et le produit est repris avec 100mL d’eau. La solution obtenue est dessalée en ajoutant dans un bécher une résine Amberlite TMD-8. Le pH et la conductivité de la solution sont mesurés en l’absence de résine. Une fois que la conductivité de la solution est suffisamment proche (facteur 10 environ par rapport à l’eau) de celle de l’eau distillée, la résine est éliminée par filtration sur filtre plissé puis le filtrat est lyophilisé. Le rendement massique de cette seconde étape est proche de 90%. 3) 3ème étape : Synthèse de la β-cyclodextrine aminée 0,8g (0,7mmol) de β-cyclodextrine azidée sont dissous dans 40mL d’eau contenant 2mL de Nickel de Raney en suspension, puis 0,4g (10mmol) de borohydrure de sodium sont ajoutés. La suspension est maintenue sous agitation 24h à 70°C. Le mélange réactionnel est ensuite filtré sur membrane de cellulose 0,45µm. Le filtrat est dialysé sur une membrane à seuil de coupure 1000 pendant 9 heures puis lyophilisé. Le rendement massique de cette dernière étape est proche de 50%. 383 ANNEXES EXPERIMENTALES Caractérisation par IR et par RMN du proton 1) 1er étape : Caractérisation de l'intermédiaire β-cyclodextrine tosylée L’analyse IR est effectuée par ATR. Le spectre IR de la β-cyclodextrine tosylée est donné sur la figure ci-dessous. La tosylation de la β-CD est confirmée par l’apparition d’une bande à 1385 cm-1 caractéristique de la liaison R1-OSO2-R2 ν = 1385 cm-1 Le spectre de RMN du proton caractéristique de la β-cyclodextrine tosylée en solution dans le DMSO deutéré est présenté au chapitre I, figure I.10. Un taux de substitution moyen en fonctions tosyle par cavité de CD peut être déterminé à partir de la relation suivante : I H aromatique taux de mod ification en tosyle (%) = 4 × 100 I OH sec ondaire 14 2)2ème étape : Caractérisation de l'intermédiaire β-cyclodextrine azidée Le spectre IR de la β-cyclodextrine azidée obtenu par ATR est donné sur la figure cidessous. La réaction d’azidation est vérifiée par la disparition de la bande à 1385 cm-1 au profit d’une autre à 2105 cm-1 caractéristique des fonctions N3 (ν-N=N+=N-). 384 ANNEXES EXPERIMENTALES ν = 2105 cm-1 L’analyse par RMN du proton est effectuée en solution dans le DMSO deutéré. L’azidation de la CD est confirmée par RMN par la disparition des signaux caractéristiques du groupement tosyle à 7,75-7,4 ppm et 2,42 ppm. 3) 3ème étape : Caractérisation de la β-cyclodextrine aminée Le spectre IR de la β-cyclodextrine aminée obtenu par ATR est donné sur la figure cidessous. La réaction d’amination est vérifiée par la disparition de la bande à 2105 cm-1 caractéristique des fonctions N3. ν = 2105 cm-1 385 ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 3 SYNTHESE DES SUPPORTS DE SILICE-POLYβ -CD Réactifs nécessaires • Pour la synthèse de la silice-polyβ-CD utilisée comme support d’affinité (Cf. Chapitre II) Silice LiChrosorb DIOL, diamètre de particule = 5 µm, porosité = 10 nm, Sp = 300 m2/g, 4,2 µmol/m2 de fonction OH, taux de carbone = 6,45% (Merck, Darmstadt, Allemagne) • Pour la synthèse de la silice-polyβ-CD utilisée comme support de base pour l’élaboration des phases chromatographiques de fonctionnalités variables (Cf. Chapitre III) Silice Nucléosil DIOL (Nucléosil 300-7OH), diamètre de particule = 7 µm, porosité = 30 nm, Sp = 100 m2/g, 3 - 3,5 µmol/m2 de fonction OH, taux de carbone = 1,81% (Macherey-Nagel, Düren, Allemagne) • Pour la synthèse de la silice-polyβ-CD utilisée comme support de base pour l’élaboration de la phase chromatographique d’immunoaffinité (Cf. Chapitre III) Silice Nucléosil DIOL (Nucléosil 4000-7OH), diamètre de particule = 7 µm, porosité = 400 nm, Sp = 10 m2/g, 3 - 3,5 µmol/m2 de fonction OH, taux de carbone = 0,54% (Macherey-Nagel, Düren, Allemagne) • Triéthylamine (Aldrich) • Dilaurate de dibutylétain ou DBLT (Merck) • 1,4-diisocyanatobutane (Aldrich) • 4-diméthylaminopyridine ou DMAP (Aldrich) • Polyβ-CD (Cf. synthèse au chapitre I, paragraphe III.1.1, et annexe 1) • 1,2-dichloroéthane (SDS) • Pyridine (Aldrich) • Ethanol (Aldrich) 386 ANNEXES EXPERIMENTALES Mode opératoire Selon les applications envisagées, des supports de silice diol de porosité variable (10 à 400 nm) ont été utilisés. La surface spécifique associée à ces supports étant différente, le nombre de fonctions hydroxyle à modifier l’est également. Les proportions de réactifs ont alors été modifiées pour chaque type de support. Ces proportions sont résumées dans le tableau ci-dessous. Réactifs Silice Silice de porosité 10 nm Silice de porosité 30 nm Silice de porosité 400 nm Masse Volume Quantité Masse Volume Quantité Masse Volume Quantité (g) (mL) (mmol) (g) (mL) (mmol) (g) (mL) (mmol) 1,26 1 3.10-1- 1 1 3.10-2- -1 3,5.10-2 fonctions 3,5.10 OH fonctions fonctions OH OH 10 10 10 Triéthylamine 25 µL 25 µL 25 µL DBLT 25 µL 25 µL 25 µL 1,2-dichloroéthane 1,77 1,4- 1,6 12,6 0,88 0,8 6,3 0,40 0,36 2,8 diisocyanatobutane Silice-isocyanate 1 DMAP 0,21 Polyβ-CD 2,5 Pyridine 1 1,7 0,21 1,7 1,25 77 0,21 1,7 0,5 77 77 1) 1ère étape : Greffage de l’intermédiaire difonctionnel 1,4-diisocyanatobutane sur la silice diol : obtention de la silice-isocyanate La silice diol, préalablement séchée une nuit sous vide à 70°C, est mise en suspension dans le 1,2-dichloroéthane anhydre. L’ensemble est placé sous atmosphère inerte d’azote puis mis aux ultrasons environ 5 min afin de faire pénétrer le solvant à l’intérieur des pores de la silice. La suspension est ensuite chauffée à 65°C, toujours sous atmosphère d'azote, avant d'ajouter la triéthylamine (capteur d'HCl), le DBLT (catalyseur) et le 1,4-diisocyanatobutane. L’ensemble est maintenu pendant 6 heures à 65°C sous agitation douce. Au cours de ces 6h, le mélange est placé plusieurs fois aux ultrasons afin de favoriser la pénétration des réactifs dans les pores. Après retour à la température ambiante, le milieu réactionnel est filtré sous 387 ANNEXES EXPERIMENTALES azote sur membrane de cellulose régénérée 0,45 µm et la silice recueillie est lavée plusieurs fois avec du dichloroéthane. La silice-isocyanate obtenue est mise à sécher sous vide et les fonctions isocyanate étant instables à l’air ambiant, cette silice intermédiaire est conservée sous vide avant d’être utilisée rapidement pour la seconde étape. 2) 2ème étape : Greffage du poly-β-CD sur la silice-isocyanate : obtention de la silice-polyβCD Le polyβ-CD, préalablement séché une nuit sous vide à 70°C, est mis en solution sous atmosphère d’azote dans la pyridine anhydre conservée sur pastilles de NaOH. Après dissolution du polymère, la DMAP et la silice-isocyanate sont ajoutés à la solution et après leur dissolution, le mélange réactionnel est placé aux ultrasons environ 5 min. L’ensemble est maintenu pendant 48 heures à température ambiante sous agitation douce et sous atmosphère d’azote. Au cours de ce temps réactionnel, le mélange est à nouveau mis plusieurs fois aux ultrasons. Le milieu réactionnel est filtré sous azote sur membrane de cellulose régénérée 0,45 µm et la silice recueillie est lavée plusieurs fois avec de la pyridine puis de l’éthanol. La silice-polyβ-CD obtenue est mise à sécher sous vide. Caractérisation par analyse élémentaire Les supports de silice-polyβ-CD élaborés ont été caractérisés par analyse élémentaire. Les résultats obtenus pour l’ensemble des supports sont résumés dans les tableaux suivants. Silice-polyβ-CD (porosité 10 nm) utilisée comme support d’affinité (Cf. Chapitre II) Silice-isocyanate Silice-polyβ β -CD(*) Quantité de réactif immobilisée 66 mg 7 mg (mg/g de silice) de diisocyanate de polyβ -CD Quantité de cavités de β -CD immobilisée (mmol/g de silice) 2,8.10-3 (mmol/m2 de silice) 9,3.10-6 ( ) * avec un lot de polyβ-CD de caractéristiques chimiques Mn = 30 000 g/mol, Mp = 68 000 g/mol, Ip = 2,26, % massique de β-CD = 45, nombre de β-CD par chaîne = 12 388 ANNEXES EXPERIMENTALES Silice-polyβ-CD (porosité 30 nm) utilisée comme support de base pour l’élaboration des phases chromatographiques de fonctionnalités variables (Cf. Chapitre III) Silice-isocyanate Silice-polyβ β -CD(*) Quantité de réactif immobilisée 75 mg 63 mg (mg/g de silice) de diisocyanate de polyβ -CD Quantité de cavités de β -CD immobilisée (mmol/g de silice) 3,9.10-2 (mmol/m2 de silice) 3,9.10-4 ( ) * avec un lot de polyβ-CD de caractéristiques chimiques Mn = 11 000 g/mol, Mp = 15 000 g/mol, Ip = 1,4, % massique de β-CD = 70, nombre de β-CD par chaîne = 7 Silice-polyβ-CD (porosité 40 nm) utilisée comme support de base pour l’élaboration de la phase chromatographique d’immunoaffinité (Cf. Chapitre III) Silice-isocyanate Silice-polyβ β -CD(*) Quantité de réactif immobilisée 4 mg 15 mg (mg/g de silice) de diisocyanate de polyβ -CD Quantité de cavités de β -CD immobilisée (mmol/g de silice) 6.10-3 (mmol/m2 de silice) 6.10-4 ( ) * avec un lot de polyβ-CD de caractéristiques chimiques Mn = 30 000 g/mol, Mp = 68 000 g/mol, Ip = 2,26, % massique de β-CD = 45, nombre de β-CD par chaîne = 12 389 ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 4 CARACTERISATION DES POLYMERES HYDROPHILES INITIAUX 1) Chromatographie d'exclusion stérique (SEC) Les masses molaires moyennes des polymères et les indices de polymolécularité ont été déterminés par chromatographie d'exclusion stérique en utilisant une double détection : la réfractométrie différentielle (RI) et la diffusion de la lumière. L’ensemble des analyses a été effectué en milieu aqueux sur deux colonnes PL aquagel-OH 40 et 30 montées en série (Polymer Laboratories, Shropshire, UK) après un étalonnage avec des PEGs standards (dans le cas d’une détermination par RI uniquement). 2) RMN du proton Deux spectromètres Bruker, AC 200 et AVANCE 300, ont été utilisés en fonction de la sensibilité désirée. Les composés sont mis en solution dans du diméthylsulfoxyde deutéré (dérivés de PEG) ou dans de l’eau deutérée (dérivés du dextrane) à une concentration de 20 à 25g/L. 2) IR Les analyses ont été réalisées sur un spectrophotomètre de type Perkin-Elmer 1760 et un spectrophotomètre moyen infrarouge à transformée de Fourier TENSOR 27. 390 ANNEXES EXPERIMENTALES Caractérisation des PEGs initiaux par RMN du proton Spectres de RMN du proton : Les spectres de RMN du proton des PEGs initiaux ont été effectués en solution dans le diméthylsulfoxyde (DMSO) deutéré. Ce solvant aprotique permet d'observer les protons des fonctions hydroxyle terminales par un triplet à 4,58 ppm bien séparé du pic des protons du squelette (CH2-CH2-O ; 3-4 ppm centré sur 3,5 ppm). Les spectres obtenus pour le MPEG 5000 et le PEG 4600 sont donnés sur la figure ci-dessous. J = 140 Hz J = 140 Hz MPEG 5000 N° pic Déplacement PEG 4600 Multiplicité (ppm) Nb de H Attribution par chaîne de polymère 1 4,58 Triplet 1 (MPEG) H de la fonction OH 2 (PEG) 2 3,51 Singulet large 3 3,2 Singulet fin H motif répétition 3 (MPEG) CH3-O- 0 (PEG) Remarque : la présence d’atomes 13 C (isotopes du 12 C à raison de 1% environ) dans la structure des PEGs conduit à un couplage supplémentaire 1J1H-13C entre les H du squelette et 391 ANNEXES EXPERIMENTALES les 13C. Ce dernier se traduit par l’apparition de deux triplets, appelés satellites du 13C, séparés de 140 Hz et centrés de part et d'autre du pic des protons du squelette du PEG. Estimation des masses molaires moyennes en nombre (Mn) des PEGs initiaux : Soit n le nombre de monomères formant les PEGs considérés, les masses molaires Mn sont alors définies par : Mn = M des 2 extrémités + M unité de répétition*n avec pour le PEG : Mn = M(OH) + M(H) + M(CH2-CH2-O)*n = 18 + 44*n et pour le MPEG : Mn = M(CH3O) + M(H) + M(CH2-CH2-O)*n = 32 + 44*n La détermination du nombre d’unités monomères (n) permet de calculer les masses molaires moyennes en nombre (Mn) des PEGs initiaux. Le nombre n peut être déterminé à partir des spectres de RMN par les relations suivantes : I CH 2 −CH 2 −O n= 4 I OH 2 I CH 2 −CH 2 −O pour le PEG et n= 4 I OH pour le MPEG Caractérisation des dextranes initiaux par RMN du proton Les spectres de RMN du proton des dextranes initiaux ont été effectués en solution dans de l’eau deutérée (D2O) (Cf. figure ci-dessous). Le carbone 1 de l’unité glucose étant lié à une fonction époxyde, le proton anomérique (proton porté par le carbone 1) possède un environnement électronique différent des autres protons du glucose et apparaît sous la forme d’un doublet à 4,8 ppm. 392 ANNEXES EXPERIMENTALES D2O 2 1 N° pic Déplacement Multiplicité (ppm) Nb de H Attribution par unité glucose 1 4,8 Doublet 1 H anomérique 2 3,9 à 3,3 Multiplet 6 Autres H du dextrane 393 ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 5 SYNTHESE DES MPEGs MODIFIES PHENYLADAMANTYLE : MPEG-AdPh Réactifs nécessaires • Méthoxypoly(éthylène glycol), noté MPEG, de masses molaires 5000 et 2000g/mol (Aldrich) • Chlorure de 4-toluènesulfonyle ou chlorure de tosyle (Fluka) • 4-(1-adamantyl)phénol (Aldrich) • Hydrure de sodium (Aldrich) • Triéthylamine, NEt3 (Aldrich) • Dichlorométhane (SDS) • Ether diéthylique (SDS) • Ethanol (SDS) Mode opératoire 1) 1er étape : Synthèse de l'intermédiaire MPEG tosylé (MPEG-Ts) 1 mmol de MPEG, préalablement séché une nuit sous vide à 40°C, est dissous dans 15 mL de dichlorométhane. Le mélange réactionnel est refroidi à 0°C à l'aide d'un bain de glace et mis sous atmosphère d'azote. Puis, 1g de chlorure de 4-toluènesulfonyle (5,2 mmol) est ajouté. Le milieu est maintenu à 0°C pendant 2 heures puis à température ambiante toute la nuit. Le polymère est récupéré par précipitation dans l'éther diéthylique anhydre suivi d'une filtration et d'un séchage sous vide. Afin d'éliminer les sels de triéthylammonium, le polymère est ensuite recristallisé dans l'éthanol anhydre et la solution est filtrée à froid (4°C). Le rendement massique de la tosylation est proche de 90%. Le MPEG-Ts obtenu est conservé sous vide (afin de limiter la dégradation des fonctions tosyle) avant d’être rapidement utilisé pour la deuxième étape. 394 ANNEXES EXPERIMENTALES 2) 2ème étape : Synthèse du MPEG modifié phényladamantyle (MPEG-AdPh) 0,9 g (4 mmol) de 4-(1-adamantyl)phénol sont dissous sous atmosphère d’azote dans 70 mL de 1,2-dichlorométhane anhydre avant d’y ajouter goutte à goutte 0,24 g (10mmol) d'hydrure de sodium mis en suspension dans 30 mL de dichlorométhane. Le mélange est agité 2 heures à température ambiante puis une solution contenant 0,8 mmol de MPEG-Ts dans 50 mL de dichlorométhane est ajoutée goutte à goutte au mélange. Le milieu réactionnel est porté au reflux à 40°C pendant 48h. La solution est précipitée dans de l’éther diéthylique puis filtrée, le solide recueilli est ensuite séché sous vide. Le composé obtenu est recristallisé dans l'éthanol et la solution est filtrée à froid (4°C). Le MPEG-AdPh synthétisé est conservé à 4°C. Caractérisation par IR, UV et RMN du proton 1) 1er étape : Caractérisation de l'intermédiaire MPEG tosylé (MPEG-Ts) Le polymère tosylé est caractérisé par (1) IR, (2) UV et (3) RMN du proton. (1) Le spectre IR des PEGs modifiés présente deux bandes d’adsorption caractéristiques du groupement tosyle : une bande d'absorption à 1175 cm-1 caractéristique des fonctions sulfonyle (νSO2) et une autre à 1646 cm-1 de par la présence du cycle benzénique (νC=C). (2) La modification du MPEG par le tosyle peut également être confirmée par un spectre UV du fait que la fixation du tosyle au MPEG confère au polymère des propriétés chromophores avec un maximum d’adsorption vers 270nm. (3) Le spectre de RMN du proton relatif au MPEG-Ts est effectué dans le DMSO deutéré. L’attribution et les déplacements chimiques des différents signaux obtenus sont regroupés dans le tableau suivant : 395 ANNEXES EXPERIMENTALES N° Déplacement pic (ppm) Multiplicité Nb de H Attribution par chaîne de MPEG-Ts 4 7,8 et 7,5 doublet de doublet A2B2 4 H aromatique 2 -CH2OTs (J=8,0 Hz) 5 4,11 triplet (J = 6 Hz) 2 3,51 singulet large H motif répétition 3 3,2 singulet fin 3 CH3-O- 6 2,42 singulet fin 3 CH3 du Ts Si l’on considère le cas où le MPEG initial n’est pas totalement modifié par le tosyle, des fonctions OH résiduelles sont présentes sur le polymère. Dans ce cas, le pourcentage de substitution des fonctions OH par le tosyle peut être déterminé à partir de l’intégration des signaux relatifs à la présence du tosyle et de l’intégration du signal relatif aux fonctions OH (signal à 4,58 ppm d’intensité IOH, Cf. Annexe 4). Plusieurs formules peuvent être utilisées : taux de mod ification en tosyle (%) = = I H aromatique 4.I OH + I H aromatique × 100 = I CH 2 − OTs 2.I OH + I CH 2 − OTs × 100 = I CH 3 du Ts 3.I OH + I CH 3 du Ts × 100 Le taux de modification en groupement tosyle peut également être déterminé en rapportant les intégrations des signaux caractéristiques de la présence du tosyle sur celles issues du MPEG de base : I CH 2 − OTs I H aromatique taux de mod ification en tosyle (%) = 4 I CH 3 − O 3 Ou bien 396 × 100 = I CH 3 du Ts 3 2 × 100 = × 100 I CH 3 − O I CH 3 − O 3 3 ANNEXES EXPERIMENTALES I H aromatique taux de mod ification en tosyle (%) = I CH 2 − OTs I CH 3 du Ts 3 4 2 × 100 = × 100 = × 100 I CH 2 − CH 2 − O I CH 2 − CH 2 − O I CH 2 − CH 2 − O 4* n 4* n 4* n avec n le nombre de monomères formant le MPEG 2) 2ème étape : Caractérisation du MPEG modifié phényladamantyle (MPEG-AdPh) L’espèce finale est également caractérisée par (1) IR, (2) UV et (3) RMN du proton. (1) Le spectre IR permet de confirmer la réaction de l’adamanylphénol sur l’intermédiaire tosyle par la disparition des bandes du tosyle à 1175 et 1646 cm-1. (2) Un déplacement du maximum d’adsorption dans l’UV de 270 à 276nm est observé lors de la fixation de l’adamanylphénol au MPEG-Ts. (3) Le spectre de RMN du proton du MPEG-AdPh en solution dans le DMSO deutéré est donné sur la figure ci-dessous : 397 ANNEXES EXPERIMENTALES 2 DMSO 3 1 1 4 4 1 5 N° Déplacement pic (ppm) Multiplicité Nb de H Attribution par chaîne de MPEG-AdPh 4 7,3 et 6,9 2 Doublets A2B2 4 H aromatique 2 -CH2OAdPh (J=8,1 Hz) 5 4,05 Triplet (J = 6 Hz) 2 3,51 Singulet large H motif répétition 3 3,2 singulet fin 3 CH3-O- 6 2,0 - 1,8 - 1,7 Singulets larges 15 H adamantyle De même que pour le MPEG-Ts, de nombreuses relations permettent la détermination du taux de conversion des fonctions tosyle en phényladamantyle : taux de mod ification en phényladamantyle (%) = = I H aromatique 4.I OH + I H aromatique × 100 = I CH 2 − OAdPh 2.I OH + I CH 2 − OAdPh Ou 398 × 100 = I H de l' adamantyle 15.I OH + I H de l' adamantyle × 100 ANNEXES EXPERIMENTALES taux de mod ification en phényladamantyle (%) = = I H aromatique I CH 2 −OAdPh 4 2 I CH 3 −O 3 × 100 = I CH 3 −O IH × 100 = 3 de l ' adamantyle 15 I CH 3 −O × 100 3 Ou encore taux de mod ification en phényladamantyle (%) = I H aromatique = I CH 2 − OAdPh I H de l' adamantyle 15 4 2 × 100 = × 100 = × 100 I CH 2 − CH 2 − O I CH 2 − CH 2 − O I CH 2 − CH 2 − O 4* n 4* n avec n le nombre de monomères formant le MPEG 399 4* n ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 6 SYNTHESE DES PEGs MODIFIES PHENYLADAMANTYLE ET COOH: COOH-PEG-AdPh Réactifs nécessaires • Poly(éthylène glycol), noté PEG, de masse molaire 4600g/mol (Aldrich) • Chlorure de 4-toluènesulfonyle ou chlorure de tosyle (Fluka) • 4-(1-adamantyl)phénol (Aldrich) • Hydrure de sodium (Aldrich) • Triéthylamine, NEt3(Aldrich) • 4-Diméthylaminopyridine, DMAP (Aldrich) • Anhydride succinique (Aldrich) • Dichlorométhane (SDS) • Ether diéthylique (SDS) • Ethanol (SDS) • Tétrahydrofurane ou THF (SDS) • Tétrachlorure de carbone (SDS) Mode opératoire 1) 1er étape : Synthèse de l'intermédiaire PEG phényladamantyle (OH-PEG-AdPh) Synthèse de l'intermédiaire tosylé à une extrémité de chaîne : OH-PEG-Ts La synthèse du OH-PEG-Ts s’effectue selon les conditions expérimentales décrites en annexe 5 (dans le cas d’un MPEG comme polymère initial). Cependant, afin de modifier le PEG initial par un unique groupement tosyle par chaîne, un excès molaire de chlorure de 400 ANNEXES EXPERIMENTALES tosyle par rapport aux fonctions hydroxyle initiales du PEG de l’ordre de 1,1 (et non de 5) a été utilisé. Synthèse du PEG modifié par le phényladamantyle(AdPh) à une extrémité de chaîne : OHPEG-AdPh 0,077 mg (3,2 mmole) de NaH sont mis en suspension, sous atmosphère d’azote, dans 50 mL de THF puis 0,9g (4 mmol) de 4-(1-adamantyl)phénol sont ajoutés au milieu (dégagement gazeux). Le mélange est ensuite agité une heure à température ambiante. Parallèlement, 4g (0,8 mmol) de OH-PEG-Ts (modifié à 50%) sont dissous dans 50 mL de THF (on chauffe légèrement au pistolet pour solubiliser le polymère) puis transférés, à l’aide d’une canule, dans la solution d’alcoolate. Le milieu réactionnel est porté à reflux à 40°C pendant 48 heures. La solution est d’abord filtrée sous azote (membrane d’acétate de cellulose régénérée 0,45 µm) avant d’être précipitée dans de l’éther diéthylique puis filtrée à nouveau sous azote (membrane d’acétate de cellulose régénérée 0,45 µm). Le solide recueilli est ensuite séché sous vide avant d’être recristallisé dans l'éthanol. Le polymère est récupéré après une nouvelle filtration sous azote, à froid (à 4°C sur membrane d’acétate de cellulose 0,45 µm). Le rendement massique de cette étape est proche de 75%. Caractérisation par RMN du proton 1) 1er étape : Caractérisation de l'intermédiaire PEG phényladamantyle (OH-PEG-AdPh) Caractérisation de l'intermédiaire tosylé à une extrémité de chaîne : OH-PEG-Ts Le spectre de RMN du proton caractéristique d’un OH-PEG-Ts (modifié à 58% en tosyle) en solution dans le DMSO deutéré est donné ci-dessous. 401 ANNEXES EXPERIMENTALES H2O 2 6 DMSO 4 4 5 1 N° pic Déplacement Multiplicité Nb de H (ppm) Attribution par chaîne de OH-PEG-Ts 4 7,8 et 7,5 Doublet de doublet A2B2 4 H aromatique (J=8,0 Hz) 1 4,58 Triplet 1 H fonction OH 5 4,11 Triplet (J = 6 Hz) 2 -CH2OTs 2 3,51 Singulet large 6 2,42 Singulet fin H motif répétition 3 CH3 du Ts De même que pour le MPEG-Ts (annexe 5), le taux de modification en groupement tosyle peut être déterminé par de nombreuses relations : taux de mod ification en tosyle (%) = = I H aromatique 4.I OH + I H aromatique × 100 = I CH 2 −OTs 2.I OH + I CH 2 − OTs Ou 402 × 100 = I CH 3 du Ts 3.I OH + I CH 3 × 100 du Ts ANNEXES EXPERIMENTALES taux de mod ification en tosyle (%) = I CH 2 −OTs I H aromatique I CH 3 du Ts 1 1 1 3 4 2 = * × 100 = * × 100 = * × 100 I I I 2 2 2 CH 2 −CH 2 −O CH 2 −CH 2 −O CH 2 − CH 2 −O 4* n 4* n 4* n avec n le nombre de monomères formant le PEG Le taux « 100% de modification » est défini par la substitution de l’ensemble des fonctions hydroxyle du polymère initial. Ainsi dans le cas d’un PEG, ce taux correspond à la modification des deux extrémités de chaîne du polymère et non plus à la modification d’une seule extrémité comme dans le cas du MPEG. De ce fait, dans la seconde ligne d’équations permettant le calcul du taux de substitution des PEGs, un facteur ½ doit être introduit. Caractérisation du PEG modifié par le phényladamantyle (AdPh) à une extrémité de chaîne : OH-PEG-AdPh Le spectre de RMN du proton caractéristique du OH-PEG-AdPh en solution dans le DMSO deutéré est présenté sur la Figure I-15. De même que pour le MPEG-AdPh (annexe 5), le taux de modification en groupements phényladamantyle peut être déterminé par de nombreuses relations : taux de mod ification en phényladamantyle (%) = I CH 2 − OAdPh I H aromatique I H de l' adamantyle = × 100 = × 100 = × 100 4.I OH + I H aromatique 2.I OH + I CH 2 − OAdPh 15.I OH + I H de l' adamantyle Ou taux de mod ification en phényladamantyle (%) = I CH 2 −OAdPh I H de l' adamantyle I H aromatique 1 1 1 15 4 2 = * × 100 = * × 100 = * × 100 I CH 2 −CH 2 −O 2 I CH 2 −CH 2 −O 2 I CH 2 −CH 2 −O 2 4* n 4* n 4* n avec n le nombre de monomères formant le PEG 403 ANNEXES EXPERIMENTALES 2) 2ème étape : Caractérisation du MPEG modifié phényladamantyle et COOH (COOHPEG-AdPh) Le spectre de RMN du proton caractéristique du COOH-PEG-AdPh en solution dans le DMSO deutéré est présenté sur la Figure I-17. La détermination du taux de modification des fonctions OH résiduelles du PEG-AdPh intermédiaire en fonctions acide carboxylique peut être effectuée à partir de la relation suivante : 1 taux de modification en COOH (%) = * 2 I CH 2 ( α 2 ) de l' extrémité COOH 2 I CH 2 −CH 2 −O 4* n avec n le nombre de monomères formant le PEG 404 × 100 ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 7 ANALYSE PAR CLHP DES LOTS DE POLYMERE OH-PEG-AdPh SYNTHETISES Conditions expérimentales • Support : silice greffée par un polymère de β-cyclodextrine (Cf. synthèse du support au Chapitre I), colonne 10 cm • Détection par réfractométrie (PEG) et par UV à 276nm (lots de OH-PEG-AdPh) • Eluant : eau et solution d’hydroxypropylβ-cyclodextrine (Aldrich) à 7mM dans l’eau Mode opératoire et caractérisation 1er étape : détermination de la quantité de PEG non modifié contenue dans les lots de OHPEG-AdPh synthéthisés Le PEG ne possédant pas de propriétés d’absorption en UV, une détection par réfractométrie différentielle a été utilisée. Dans un premier temps, une solution de PEG commercial (à 1g/L dans l’eau) a été injectée sur le support chromatographique en présence d’eau comme éluant. Le PEG, ne présentant aucune affinité pour le support de silice greffée par un polymère β-cyclodextrine, est ressorti au volume mort (VO = 1mL). La seconde étape a consisté à injecter sur le support une solution des lots de OH-PEG-AdPh synthétisés. Les mêmes conditions expérimentales ont été respectées : solution à 1g/L dans l’eau et de l’eau choisie pour éluant. La présence de l’espèce PEG non modifié dans les lots de polymère synthétisés a été révélée par la sortie d’un pic au volume mort. La proportion relative de PEG non modifié dans les lots de polymère peut être déterminée par le rapport des aires des pics obtenus : Qté relative de l' espèce PEG non modifié dans les lots de polymère (%) = Asignal PEG non mod ifié dans les lots OH − PEG − AdPh × 100 Asignal PEG commercial 405 ANNEXES EXPERIMENTALES 2ème étape : détermination des quantités de PEG mono et disubstitué phényladamantyle (OH-PEG-AdPh et AdPh-PEG-AdPh) contenues dans les lots de OH-PEG-AdPh synthéthisés La présence du groupement phényladamantyle sur le PEG a permis une détection en UV à 276nm, détection qui s’avère être plus sensible que la réfractométrie. Des études antérieures ont montré que le PEG modifié phényladamantyle, retenu par le support lorsque de l’eau est utilisée comme éluant, voit sa rétention fortement diminuée en présence de compétiteur dans la phase mobile. De ce fait, un éluant constitué à 7mM d’hydroxypropylβ-cyclodextrine a été utilisé pour permettre une sortie rapide des PEGs modifiés. Les solutions des lots de OHPEG-AdPh (1g/L dans l’eau) sont alors injectées sur le support et deux signaux (à des volumes de rétention de l’ordre de 2 et 8,2 mL) sont observés. La présence soupçonnée des espèces mono et disubstituées est alors confirmée. Les quantités relatives de PEG mono et disubstitués sont ensuite estimées par la comparaison des aires des différents signaux : Qté relative de l' espèce OH − PEG − AdPh par rapport à l' espèce AdPh − PEG − AdPh (%) = Asignal OH − PEG − AdPh × 100 Asignal AdPh− PEG − AdPh Asignal OH − PEG − AdPh + 2 et Qté relative de l' espèce AdPh − PEG − AdPh par rapport à l' espèce OH − PEG − AdPh (%) = 100 − Qté relative de l' espèce OH − PEG − AdPh (%) Dans la relation précédente, l’aire relative au signal du composé disubstitué doit être divisée par deux. En effet, l’espèce Adph-PEG-AdPh possèdant deux groupements chromophores, provoque un signal deux fois plus intense que celui relatif à une même quantité de OH-PEGAdPh. 406 ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 8 SYNTHESE DES DEXTRANES MODIFIES ADAMANTYLE : Dext-Ad Réactifs nécessaires • Dextrane de masse 40000 et 10000g/mol (Pharmacia) • Chlorure de lithium ou LiCl (Aldrich) • Chlorure de 1-adamantoyle (Aldrich) • 4-diméthylaminopyridine ou DMAP (Aldrich) • Pyridine (Aldrich) • N,N-diméthylformamide ou DMF (SDS) • 2-propanol (SDS) Mode opératoire 1g de dextrane de masse 40000 ou 10000g/mol (soit 6,2 mmol d’unités glucose) et 0,27g (6,2 mmol) de chlorure de lithium (accélère la dissolution du polymère) sont préalablement séchés une nuit sous vide à 100°C. L’ensemble est ensuite dissous à 80°C sous atmosphère d'azote dans 25 mL de DMF anhydre conservé sous capsule. La dissolution du dextrane est lente (jusqu’à 2h30) et peut être accélérée par une augmentation momentanée de la température à 100°C (dissolution de 30 à 45min). Après dissolution totale du dextrane, 0,23g (1,2 mmol) de chlorure de 1-adamantoyle, 0,14g (1,2 mmol) de DMAP et 100 µL (1,2 mmol) de pyridine sont ajoutés au mélange. Le milieu réactionnel est maintenu sous agitation pendant 3 heures à 80°C avant d'être précipité dans le 2-propanol. La solution est filtrée sur fritté de porosité 4 et le solide blanc recueilli est séché sous vide quelques heures. Le composé est ensuite dissous dans un minimum d'eau afin d’effectuer une dialyse contre de l'eau sur membranes Spectra/Por de seuil de coupure 6000-8000 ; les petites molécules telles que le DMAP, le chlorure de lithium et les sels de pyridinium sont alors éliminées. Enfin le polymère est récupéré par lyophilisation. Le rendement massique varie de 90 à 97%. 407 ANNEXES EXPERIMENTALES Caractérisation par RMN du proton Le spectre de RMN du proton caractéristique du Dext-Ad en solution dans le D20 est donné sur la figure ci-dessous. D2O 2 1 3 3 3 1 N° pic Déplacement (ppm) Multiplicité Attribution 1 4,95 - 4,8 Singulet H anomériques et des unités glucose modifiées Doublet et non modifiées 2 3,9 à 3,3 Multiplet Autres H du dextrane 3 1,9 - 1,75 - 1,55 Singulets larges H adamantyle Le taux de modification du dextrane en adamantyle peut être déterminé à partir des spectres de RMN du proton par l’intégration des signaux de l’adamantyle rapportée à celles relatives aux protons du dextrane : 408 ANNEXES EXPERIMENTALES I H adamantyle taux de modification en adamantyle (%) = 15 I H anomériques I H adamantyle = 15 I autres H du dextrane 6 Le nombre moyen de groupements adamantyle par chaîne de dextrane peut ensuite être déterminée par la relation suivante : nombre moyen d' adamantyle par chaîne = M dextrane taux de modification en adamantyle (%) = × M unité monomère de glu cos e 100 avec M unité monomère de glu cos e = 162 g.mol-1 409 ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 9 SYNTHESE DES DEXTRANES MODIFIES ADAMANTYLE ET DIETHYLAMINOETHYLE : Dext-Ad-DEAE Réactifs nécessaires • Dextrane de masse 40000g/mol (Pharmacia) • Hydroxyde de sodium (Aldrich) • 2-chloro-N,N-diéthyléthylamine ou DEAE (Aldrich) • Chlorure de lithium ou LiCl (Aldrich) • Chlorure de 1-adamantyle (Aldrich) • 4-diméthylaminopyridine ou DMAP (Aldrich) • Pyridine (Aldrich) • Eau ultra pure (doublement distillée) • N,N-diméthylformamide ou DMF (SDS) • 2-propanol (SDS) Mode opératoire 1) 1er étape : Synthèse du dextrane modifié diéthylaminoéthyle (Dext-DEAE) Une solution constituée par 2g (50 mmol) d’hydroxyde de sodium dans 4 mL d’eau ultra pure est ajoutée goutte à goutte à 1g (6,2 mmol d’unités glucose) de dextrane également dissous dans 4 mL d’eau ultrapure. L’addition de la solution de soude se fait à froid vers 4°C (un bain de glace est utilisé pour refroidir le mélange). Le mélange est maintenu sous agitation à 4°C pendant 30min avant d’y ajouter progressivement 2,1 g (12 mmol) ou 4,2 g (24 mmol) de DEAE. Le mélange réactionnel est maintenu à 4°C pendant 10min puis chauffé à 60°C de 1h à 4h selon le taux de greffage envisagé. Après avoir refroidi le mélange avec un 410 ANNEXES EXPERIMENTALES bain de glace, le pH de la solution (initialement compris entre 12 et 13) est amené à 9 à l’aide d’une solution d’acide chlorhydrique. Enfin, le mélange est dialysé contre de l'eau sur membranes Spectra/Por de seuil de coupure 6000-8000 avant d’être lyophilisé. Le polymère est alors recueilli avec un rendement massique de 60 à 90%. 2) 2e étape : Synthèse du dextrane modifié adamantyle et diéthylaminoéthyle (Dext-AdDEAE) La deuxième étape consiste à modifier le Dext-DEAE intermédiaire par des groupements adamantyle. Le mode opératoire suivi est décrit en annexe 8 mais les proportions de réactifs doivent être modifiées. En effet, une quantité plus importante de chlorure de lithium (rapport molaire de LiCl/unités glucose de l’ordre de 3) est utilisée pour favoriser la solubilisation du Dext-DEAE (modifié par de nombreux groupements ioniques) dans le DMF. De plus, un rapport molaire de (chlorure d’adamantyle/unités glucose) plus élevé, de l’ordre de 0,4, a été utilisé pour favoriser la réaction avec les hydroxyles restants du Dext-DEAE. Caractérisation par RMN du proton 1) 1er étape : Caractérisation du dextrane modifié diéthylaminoéthyle (Dext-DEAE) Le spectre de RMN du proton caractéristique du Dext-DEAE en solution dans le D2O est donné sur la Figure I-19. Le taux de modification en « chaînes A » et « chaînes B » ainsi que le taux global moyen de modification du dextrane en DEAE peuvent être déterminés à partir de l’analyse de RMN par le rapport de l’intégration des signaux des CH3 des différents motifs DEAE à celle relative à l’ensemble des H anomériques. 411 ANNEXES EXPERIMENTALES taux de chaînes ( A + B ) (%) = taux total de modification en amine tertiaire de pKa 9 ,5 et de pKa 5,7 (%) I CH 3 = a min e tertiaire 6 I H anomériques × 100 taux de chaînes B (%) = taux de modification en ammonium quaternaire (%) = taux de modification en amine tertiaire de pKa 5,7 (%) I CH 3 ammonium = quaternaire 6 I H anomériques × 100 taux de chaînes A (%) = taux de modification en amine tertiaire de pKa 9 ,5 (%) = taux de chaînes ( A + B ) (%) − taux de chaînes B (%) taux global moyen de modificati on en DEAE (%) = taux de chaînes A (%) + 2 × taux de chaînes B (%) Le nombre moyen de chaînes (A + B) par chaîne de dextrane peut ensuite être déterminé par la relation suivante : nombre moyen de chaînes ( A + B ) par chaîne de dextrane M dextrane taux de chaînes ( A + B ) (%) = × M unité monomère de glu cos e 100 avec M unité monomère de glu cos e = 162 g.mol-1 412 ANNEXES EXPERIMENTALES 2) 2e étape : Caractérisation du dextrane modifié adamantyle et diéthylaminoéthyle (DextAd-DEAE) La méthode de calcul du taux de modification en adamantyle est donnée dans l’annexe 8. 413 ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 10 SYNTHESE DES DEXTRANES MODIFIES ADAMANTYLE ET COOH : Dext-Ad-COOH Réactifs nécessaires • Dextrane de masse 40000 et 10000g/mol (Pharmacia) • Chlorure de lithium ou LiCl(Aldrich) • Chlorure de 1-adamantoyle (Aldrich) • 4-diméthylaminopyridine ou DMAP (Aldrich) • Pyridine (Aldrich) • Anhydride succinique (Aldrich) • Triéthylamine • N,N-diméthylformamide ou DMF (SDS) • 2-propanol (SDS) Mode opératoire 1) 1er étape : Synthèse du dextrane modifié adamantyle (Dext-Ad) La synthèse est décrite en annexe 8. 2) 2e étape : Synthèse du dextrane modifié adamantyle et acide carboxylique (Dext-AdCOOH) Les proportions en réactifs indiquées ci-dessous correspondent à un rapport molaire d’anhydride succinique par rapport au nombre d’unités glucose égal à 0,62. 414 ANNEXES EXPERIMENTALES 1g de Dext-Ad substitué à 6,2 ou 7,3% en adamantyle (soit respectivement 5,8 ou 5,75 mmol d’unité glucose) est dissous à 70°C sous atmosphère d’azote dans 25 mL de DMF. A la dissolution du polymère, 0,36g (3,6 mmol) d’anhydride succinique, 0,04g (0,33mmol) de DMAP et 40 µL de triéthylamine sont ajoutés à la solution. Le mélange réactionnel est maintenu sous agitation pendant environ 16 heures à 80°C. Le DMF est ensuite chassé sous pression réduite et le produit est repris par 60mL d’eau. La solution est mise à dialyser contre de d’eau sur membrane Spectra/Por de seuil de coupure 6000-8000 puis lyophilisée. Caractérisation par RMN du proton 1) 1er étape : Caractérisation du dextrane modifié adamantyle (Dext-Ad) La caractérisation du polymère est décrite en annexe 8. 2) 2e étape : Caractérisation du dextrane modifié adamantyle et acide carboxylique (DextAd-COOH) Le spectre de RMN du proton caractéristique du Dext-Ad-COOH en solution dans le D2O est donné sur la figure ci-dessous. 415 ANNEXES EXPERIMENTALES D2O 4 2 1 3 1 3 3 N° pic Déplacement (ppm) Multiplicité Attribution 1 5,0 - 4,8 Singulet H anomériques et des unités glucose modifiées Doublet et non modifiées 2 3,9 à 3,3 Multiplet Autres H du dextrane 4 2,55 Singulet large HOOC-CH2-CH2-COO-Dext 3 1,8 - 1,7 - 1,5 Singulets larges H adamantyle Le taux de modification en fonctions acide carboxylique peut être déterminé à partir des spectres de RMN du proton par la comparaison des signaux relatifs aux groupements succinique et de ceux caractéristiques du dextrane : I ROOC −CH 2 −CH 2 −COOH taux de modification en COOH (%) = 4 I H anomériques I ROOC −CH 2 −CH 2 −COOH × 100 = 4 I autres H du dextrane 6 416 × 100 ANNEXES EXPERIMENTALES Le nombre moyen de fonctions acide carboxylique par chaîne de dextrane peut ensuite être déterminé par l’égalité suivante : nombre moyen de COOH par chaîne = M dextrane M unité monomère de glu cos e × taux de modification en COOH (%) 100 avec M unité monomère de glu cos e = 162 g.mol-1 417 ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 11 SYNTHESE DES DEXTRANES MODIFIES ADAMANTYLE ET OCTYLE : Dext-Ad-C8 Réactifs nécessaires • Dextrane de masse 40000 et 10000g/mol (Pharmacia) • Chlorure de lithium ou LiCl(Aldrich) • Chlorure de 1-adamantoyle (Aldrich) • 4-diméthylaminopyridine ou DMAP (Aldrich) • Pyridine (Aldrich) • Chlorure de nanoyle (Aldrich) • N,N-diméthylformamide ou DMF (SDS) • 2-propanol (SDS) Mode opératoire 1) 1er étape : Synthèse du dextrane modifié adamantyle (Dext-Ad) La synthèse est décrite en annexe 8. 2) 2e étape : Synthèse du dextrane modifié adamantyle et nonyle (Dext-Ad-C8) Les proportions en réactifs indiquées ci-dessous correspondent à la synthèse du Dext40-Ad-C82 utilisant un rapport molaire de chlorure de nanoyle par rapport au nombre d’unités glucose égal à 0,21. 0,25 g (5,7 mmol) de chlorure de lithium (accélère la dissolution du polymère), préalablement séchés une nuit sous vide à 100°C, sont dissous rapidement à 80°C sous 418 ANNEXES EXPERIMENTALES atmosphère d'azote dans 25 à 30 mL de DMF anhydre conservé sous capsule. 1g de Dext-Ad substitué à 6,2 % en adamantyle (soit 5,8 mmol d’unité glucose) est ensuite ajouté à la solution. Après dissolution totale du dextrane (environ 10min), 214 µL (1,2 mmol) de chlorure de nanoyle, 0,125g (1 mmol) de DMAP et 7,75 µL (0,1 mmol) de pyridine sont ajoutés au mélange. Le milieu réactionnel est maintenu sous agitation pendant 3 heures à 80°C puis toute la nuit à température ambiante avant d'être précipité dans le 2-propanol. La solution est filtrée sur fritté de porosité 4 et le solide recueilli est séché sous vide quelques heures. Le composé est ensuite dissous dans un minimum d'eau afin d’effectuer une dialyse contre de l'eau sur membranes Spectra/Por de seuil de coupure 6000-8000 ; les petites molécules telles que le DMAP, le chlorure de lithium et les sels de pyridinium sont alors éliminées. Les conditions expérimentales des deux réactions étant identiques (à l’exception près que le Dext-Ad n’est pas séché avant sa modification), une synthèse plus rapide en une seule étape a été testée. Voici pour exemple les proportions en réactifs utilisées pour la synthèse du Dext40-Ad-C84 utilisant un rapport molaire de chlorure de nanoyle et de chlorure d’adamantyle par rapport au nombre d’unités glucose de 0,19 : 1 g de dextrane de masse 40000 (soit 6,2 mmol d’unités glucose) (séché une nuit sous vide à 100°C) 0,25 g (5,7 mmol) de chlorure de lithium, 0,23 g (1,2 mmol) de chlorure de 1-adamantoyle, 207 µL (1,2 mmol) de chlorure de nanoyle 0,77 g (6,3 mmol) de DMAP et 140 µL (1,7 mmol) de pyridine. Caractérisation 1) 1er étape : Caractérisation du dextrane modifié adamantyle (Dext-Ad) La caractérisation du polymère est décrite en annexe 8. 419 ANNEXES EXPERIMENTALES 2) 2e étape : Caractérisation du dextrane modifié adamantyle et nonyle (Dext-Ad-C8) Le spectre de RMN du proton caractéristique du Dext-Ad-C8 en solution dans le D2O est donné sur la figure I-20. Le taux de modification en chaînons alkyle peut être déterminé à partir des spectres de RMN du proton par la comparaison des signaux relatifs du groupement alkyle et de ceux caractéristiques du dextrane. Dans la majorité des cas, seul le signal relatif au -CH3 du C8 est bien résolu des signaux de l’adamantyle, ainsi le taux de substitution en chaînons alkyle est principalement déterminé par les relations suivantes : I −CH 3 du C8 taux de modification en C 8 (%) = I −CH 3 du C8 3 3 × 100 = × 100 I autres H du dextrane I H anomériques 6 Le nombre moyen de chaînons alkyle par chaîne de dextrane peut ensuite être déterminé par la relation suivante : nombre moyen de C8 par chaîne = M dextrane M unité monomère de glu cos e × taux de modification en C8 (%) 100 avec M unité monomère de glu cos e = 162 g.mol-1 420 ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 12 CONDITIONS EXPERIMENTALES RELATIVES A LA DETERMINATION DES CONSTANTES D’AFFINITE EN ACE Appareillage Les analyses ont été effectuées sur un appareil automatisé Beckam P/ACE MDQ (Beckman Coulters, Fullerton, CA, USA) équipé d’un système de refroidissement permettant un contrôle efficace de la température du capillaire. Un capillaire de silice vierge (50 µm de diamètre interne × 75 µm de diamètre externe), (Beckman Instruments), de longueur effective l = 21 cm et de longueur totale L = 31 cm a été utilisé. Les données ont été collectées avec un système Gold software (Beckman). Réactifs nécessaires Solutés : • MPEG-AdPh de masse moléculaire 2000 et 5000 g/mol (Cf. synthèse au chapitre I, paragraphe III.3.3.a, et annexe 5) • COOH-PEG-AdPh de masse moléculaire 5000 g/mol (Cf. synthèse au chapitre I, paragraphe III.3.3.b, et annexe 6) Ligands solubles : • β-CD sulfatée (β-CD-Sulf), taux de substitution moyen en sulfate = 7 à 11 mol/mol de β-CD (Sigma) Divers : • Thiourée (Aldrich) pour la mesure de la mobilité électroosmotique • Tampon phosphate de sodium à 25 mM de pH = 7 • Méthanol (Aldrich) • Solution aqueuse de NaOH à 0,1 et 1M (Interchrom) • Eau ultra pure 421 ANNEXES EXPERIMENTALES Tous les produits chimiques et solvants utilisés sont de pureté analytique ou de qualité CLHP. L’ensemble des tampons et échantillons injectés est préparé avec de l’eau ultra-pure obtenue avec un système Milli-Q (Millipore, Bedford, MA, USA) et filtré sur des membranes de Nylon (0,2 µm) (Millipore) Méthodes Détermination des constantes d’affinité MPEG-AdPh / β-CD 1) Conditions de l’ACE Une solution de thiourée à 0,01 % en masse dans de l’eau est utilisée comme indicateur du flux électroosmotique. Les nouveaux capillaires sont conditionnés en utilisant le procédé de rinçage suivant : 5 min de rinçage au méthanol, suivi de 5 min d’eau ultra-pure, 10 min d’une solution aqueuse de NaOH à 1 M, 5 min d’eau ultra pure et enfin 20 min avec le tampon de séparation. L’ensemble de ces rinçages est effectué avec l’application d’une pression de 20 psi (1 psi = 6894,76 Pa) à l’entrée du capillaire. Avant chaque injection, le capillaire est rincé pendant 5 min avec une solution de NaOH à 0,1 M, 5 min avec de l’eau et équilibré 5 min avec le tampon de séparation. Les échantillons sont introduits dans le capillaire en utilisant un mode hydrodynamique avec l’application d’une pression de 0,8 psi pendant 5 s. Sachant qu’un effet Joule excessif à l’intérieur du capillaire peut affecter l’équilibre d’association, les séparations sont effectuées à une faible tension, égale à 4 kV, afin d’être dans le domaine de linéarité de la loi d’Ohm et d’éviter tout effet Joule. Le capillaire est maintenu à une température constante de 25°C pendant l’analyse. La détection du MPEG-AdPh en solution dans le tampon phosphate s’effectue à 214 nm. 2) Etude de l’adsorption du soluté et du ligand à la surface du capillaire L’évolution possible du flux électroosmotique résultant de l’adsorption (i) du MPEGAdPh ou (ii) de la β-CD-Sulf à la surface du capillaire a été vérifiée en utilisant les procédés suivants. (i) Le MPEG-AdPh de masse 5000 g/mol a été injecté plusieurs fois en utilisant pour tampon d’analyse un tampon phosphate de sodium. Après chaque injection de polymère, le 422 ANNEXES EXPERIMENTALES flux électroosmotique a été mesuré avec de la thiourée. (ii) Afin de contrôler l’adsorption de la β-CD-Sulf, le capillaire est rincé plusieurs fois avec un tampon phosphate à 17 mM en βCD-Sulf, avant de mesurer la mobilité électroosmotique. Les conditions d’injection et de rinçage sont les mêmes que celles reportées pour l’étude d’ACE 3) Mesures de viscosité Pour étudier l’effet de l’addition de la β-CD-Sulf sur la viscosité du tampon, tous les tampons contenant la cyclodextrine à différentes concentrations sont injectés dans le capillaire de façon hydrodynamique à 0,8 psi pendant 5 s. Les échantillons injectés sont ensuite poussés dans le capillaire sous une pression constante de 1 psi par le même tampon que celui injecté. Les temps (t) nécessaires aux échantillons de tampons injectés pour atteindre le détecteur ont été déterminés. Le facteur de correction ν (Cf. Equation II-37) pour chaque tampon a ensuite été estimé à l’aide de la relation ν = t , avec t 0 le temps mis par un échantillon de tampon sans 0 t β-CD-Sulf pour parcourir la longueur effective du capillaire sous une pression constante de 1 psi. La détection du front relatif aux différents tampons a été effectuée à 214 nm. 4) Détermination des constantes d’interaction Le MPEG-AdPh (de masse moléculaire 2000 et 5000 g/mol) est dissous à 0,2 mM dans de l’eau et analysé trois fois en utilisant des concentrations croissantes en β-CD-Sulf dans le tampon d’analyse. Le tampon de séparation est un tampon phosphate de sodium à 25 mM et de pH = 7,0, contenant de 0 à 17 mM en β-CD-Sulf. La détermination des constantes d’interaction est effectuée en calculant la mobilité électrophorétique µ i du MPEG-AdPh. Cette mobilité électrophorétique est déterminée en soustrayant la mobilité électroosmotique µ eo de la mobilité apparente µ app mesurée expérimentalement. Afin de déterminer les constantes d’affinités K AL et les mobilités électrophorétiques µ c des complexes, des méthodes de régression non linéaires et linéaires sont appliquées aux données expérimentales. Toutes ces régressions sont effectuées en utilisant le logiciel Origin 5.0 Software (Microcal Sofawtare, Northampton, MA, USA) 423 ANNEXES EXPERIMENTALES Injection du COO--PEG-AdPh Quelques essais ont été effectués avec le COO--PEG-AdPh (de masse moléculaire 5000 g/mol) dissous à 0,2 mM dans de l’eau. Le tampon de séparation est un tampon phosphate à 25 mM et de pH = 7,0 sans cyclodextrine. La détection de la mobilité électroosmotique et la détermination des mobilités électrophorétiques µ i du COO--PEG-AdPh ont été effectuées suivant des conditions identiques à celle décrites ci-dessus pour l’étude du MPEG-AdPh. De même, les procédés de rinçage du capillaire, d’injection de l’échantillon, de séparation et de détection sont similaires à l’étude ci-dessus. 424 ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 13 APPAREILLAGE CHROMATOGRAPHIQUE ET REMPLISSAGE DES COLONNES Appareillage chromatographique Le système CLHP utilisé est constitué de deux pompes Shimadzu LC9A (Kyoto, Japon) et d’un injecteur d’échantillon avec une boucle d’injection de 20 µL (Modéle 7125, Rheodyne, Berkley, CA, USA). La détection des solutés est effectuée à l’aide d’un détecteur UV Spectra 100 de longueur d’onde variable (Thermo-Finnigan, San Jose, CA, USA) ou d’un réfractomètre différentiel Waters R 401 (St Quentin en Yvelines, France). Les expériences d’analyse frontale sont effectuées avec une vanne à six voies placée avant l’injecteur d’échantillon pour permette le passage instantané d’un éluant à un autre. Remplissage des colonnes chromatographiques par le support de silice-polyβ-CD Deux types de colonnes ont été utilisés : (1) des colonnes en acier inox de dimensions 100 mm de longueur × 4,6 mm de diamètre interne pour le support d’affinité (Cf. Chapitre II) et les phases chromatographiques de fonctionnalités variables (Cf. Chapitre III) (2) des colonnes en poly(éther éther cétone) (PEEK) de dimensions 30 mm de longueur × 4,6 mm de diamètre interne pour le support d’immunoaffinité (Cf. Chapitre III) Les colonnes ont été remplies par voie humide : (1) colonnes en acier inox : 1 g de silice-polyβ-CD est mis en suspension dans 6 mL de tétrachlorure de carbone (CCl4) puis la suspension est dégazée pendant 5 minutes aux ultrasons. La solution est ensuite comprimée dans la colonne par un flux de dichlorométhane sous pression élevée (400 bars, pompe Haskel, Touzart et Matignon). La colonne est ensuite placée sur l’appareillage chromatographique et rincée au méthanol pendant 30 min à 1 mL/min et à l’eau pendant 1 h à 1 mL/min avant d’être testée. (2) colonnes en PEEK : 425 ANNEXES EXPERIMENTALES 0,3 g de silice-polyβ-CD est mis en suspension dans 1,5 mL d’eau ultra pure. La solution est ensuite introduite dans la colonne par une aspiration sous vide par l’intermédiaire d’une trompe à eau. La colonne est ensuite placée sur l’appareillage chromatographique et rincée à l’eau pendant 1 h à 1 mL/min avant d’être testée. 426 ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 14 QUELQUES GRANDEURS CHROMATOGRAPHIQUES Les grandeurs chromatographiques caractéristiques permettant d’estimer la rétention d’un soluté dans une colonne et la qualité d’une séparation sont les suivantes : - Facteur de capacité ou facteur de rétention (k’) : Le facteur de capacité ou facteur de rétention (k’) d’un soluté caractérise son affinité pour la phase stationnaire et peut être exprimé à partir de son temps de rétention ( t R ) par la relation : k' = ( t R − t0 ) t0 avec t 0 le temps de rétention d’un composé non retenu par la phase stationnaire. Cette grandeur est indépendante de la géométrie de la colonne. - Facteur de sélectivité (α): Pour caractériser la distance séparant les sommets de deux pics consécutifs 1 et 2, un paramètre appelé facteur de sélectivité (ou rétention relative) (α) est utilisé : α= t R 2 − t0 t R 1 − t0 = k' 2 k'1 Les indices 2 et 1 correspondent respectivement aux composés le plus retenu et le moins retenu. Le facteur de sélectivité est ainsi toujours supérieur à 1. - Efficacité d’une colonne et nombre de plateaux théoriques L’efficacité d’une colonne chromatographique, dont dépend l’étalement des pics, est mesurée, pour chaque composé, par le nombre de plateaux théoriques N contenus dans la colonne selon la relation : 427 ANNEXES EXPERIMENTALES 2 t t N = 16 R = 5,54 R ω δ 2 avec ω la largeur du pic à la base et δ la largeur du pic à mi-hauteur. Pour pouvoir comparer entre elles des colonnes de différentes longueurs, un paramètre appelé hauteur équivalente à un plateau théorique (HEPT ou H) a été défini : HEPT = H = L N avec L la longueur de la colonne - Facteur de résolution (RS) Le facteur de résolution (RS) caractérise la qualité d’une séparation et prend en compte l’écartement entre deux pics et leur largeur à la base du pic (ω) : RS = 2 tR 2 − tR 1 ω 2 + ω1 La séparation entre deux pics est d’autant meilleure que le facteur de résolution (RS) est plus élevé. Pour des pics gaussiens, la séparation peut être considérée correcte pour une valeur de RS=1,5 428 ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 15 PREPARATION DU SUPPORT D’IMMUNOAFFINITE Réactifs nécessaires • Phase de silice-poyβ-cyclodextrine (de porosité 400 nm) synthétisée selon le protocole décrit en annexe 3 • Dextrane modifié de type Dext-Ad-COOH • Chlorure de sodium (Aldrich) • N-hydroxysuccinimide ou NHS (Aldrich) • Hydrochlorure de 1-3(diméthylaminopropyl)-3éthylcarbodiimide ou EDC (Aldrich) • Solution commerciale d’anti-albumine du sérum humain (Sigma, Ref A0433) • Eau ultra pure • Tampon PBS (tampon de pH = 8 à 10mM en phosphate et contenant 2,7mM de KCl et 0,137M en NaCl) Mode opératoire 1) Préparation du support d’immunoaffinité en mode statique (voie 1) 75 mg d’un dextrane de type Dext-Ad-COOH (dans le cas présent, utilisation du Dext10-Ad-COOH, M = 10000g/mol, modifié à 7,3 % en groupes adamantyle et à 62 % en fonctions COOH) sont mis en solution dans 2,5mL d’une solution de chlorure de sodium à 1M dans de l’eau ultra-pure. La solution est versée sur 470mg d’une phase de silice-poyβcyclodextrine de porosité 400 nm. L’ensemble est placé 2 à 3min aux ultrasons puis maintenu sous agitation à température ambiante environ 16 heures. La solution est filtrée sous azote (sur membrane d’acétate de cellulose 0,45 µm) et la phase est rincée avec 300mL d’eau ultra pure. La silice ainsi recueillie est mise en suspension dans 10mL d’une solution aqueuse contenant 58mg (0,05M) de NHS et 383mg (0,2M) d’EDC. L’ensemble est maintenu sous agitation à 429 ANNEXES EXPERIMENTALES température ambiante pendant 1 heure puis filtré sous azote (sur membrane d’acétate de cellulose 0,45 µm) et la phase est rincée avec 400mL d’eau ultra pure. La fixation de l’anticorps sur la silice est effectuée par mise en suspension de cette dernière dans 2mL d’une solution commerciale d’anti-ASH (à 9,5 mg/mL en protéines dont 5,5 mg/mL d’anticorps spécifique en solution dans du tampon PBS à 10mM de pH = 7,2 et contenant 15 mM d’azoture de sodium). L’ensemble est maintenu sous agitation à température ambiante pendant 3 heures puis filtré sous azote (sur membrane d’acétate de cellulose 0,45 µm) et la phase est rincée avec 600mL d’eau. Une colonne en PEEK de 3cm de longueur est ensuite remplie avec la phase de silice modifiée par les anticorps anti-ASH (Cf. Remplissage en annexe 13). Le support est rincé à un débit de 1mL/min avec de l’eau (1h30) puis avec un tampon PBS (tampon de pH = 8 à 10mM en phosphate et contenant 2,7mM de KCl et 0,137M en NaCl) pendant 7 heures afin de désactiver les fonctions d’ester de NHS n’ayant pas réagi. 2) Préparation in situ du support d’immunoaffinité (mode dynamique, voie 2) Les conditions opératoires relatives à la synthèse du support d’immunoaffinité en mode dynamique sont résumées dans le tableau ci dessous. Réactifs Concentration Temps de de la solution éluante passage (h) Débit de la solution éluante (mL/min) 1 ère étape 2ème étape Dext-Ad-COOH 1 mg/mL dans NaCl 1M 1,5 1 NHS/EDC 0,2M/0,05M dans l’eau 2 1 0,6 0,05 4 1 4,9 mg/mL en anticorps et ème 3 Anti-ASH 14 mg/mL en protéines totales dans du PBS 10mM, pH = 7,2 étape (Vsolution=1,8mL) 4ème étape PBS pH = 8 10mM 430 ANNEXES EXPERIMENTALES La percolation des différentes solutions de réactifs s’effectue à un débit de 1mL/min (excepté pour l’anticorps). Une solution de Dext-Ad-COOH (Dext10-Ad-COOH1), à 1 mg/mL dans du chlorure de sodium à 1M, est éluée sur le support pendant 1h30 puis la phase est rincée à l’eau pendant 1 heure. Un mélange de NHS/EDC à 0,05M/0,2M dans l’eau ultrapure est ensuite mis à percoler pendant 2 heures et la phase est à nouveau rincée avec de l’eau, une quinzaine de minutes au minimum. Le faible volume des solutions commerciales d’anticorps (en moyenne 2mL) ne permet pas d’effectuer une percolation à proprement dit, à moins de diluer énormément le mélange. Afin de conserver la concentration élevée en anticorps de la solution commerciale (14 mg/mL en protéines dont 4,9 mg/mL d’anticorps spécifique en solution dans du tampon PBS à 10mM de pH = 7,2 et contenant 15 mM d’azoture de sodium), celle-ci est utilisée en l’état et les 1,8mL disponibles sont injectés dans la colonne par l’intermédiaire d’une boucle d’injection de 2mL. Simultanément, le débit de la pompe est réduit à 0,05mL/min pour permettre une durée de contact relativement élevée (0,6 h) de l’anticorps avec le support et favoriser la réaction de greffage. La colonne est ensuite rincée à l’eau quelques minutes et une solution tampon PBS (tampon de pH = 8 à 10 mM en phosphate et contenant 2,7 mM de KCl et 0,137 M en NaCl) est élué sur le support pendant 4 heures pour éliminer les fonctions résiduelles ester de NHS. 431 ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 16 CARACTERISTIQUES DE LA CELLULE D’INTERACTIONS DU SYSTEME OPTIQUE DE RPS La cuve utilisée pour mener les expériences de RPS est taillée dans un bloc de 10 x 15 x 25 mm3 de téflon (Cf. Figure ci-dessous). Ce matériau présente l’avantage d’être biocompatible avec les réactifs de l’étude et d’être suffisamment souple pour permettre aux parois de la cuve d’épouser la forme du prisme et d’assurer une bonne étanchéité. La cuve utilisée est de forme cylindrique afin de conduire à une circulation homogène des réactifs et ses dimensions de 8 mm de diamètre interne x 300 µm de hauteur engendrent un volume raisonnable de 15 µL. L’entrée et la sortie des réactifs dans la cuve sont assurées par deux ouvertures de diamètre 400 µm dans le bloc de téflon respectivement positionnées en bas et en haut de la cellule. Sortie des solutions Cuve Entrée des solutions Sens du flux à l’intérieur de la cuve Bloc de téflon Cellule d’interactions mise en jeu dans les études menées par RPS 432 ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 17 IMMOBILISATION DE LA β -CYCLODEXTRINE AMINEE (β -CD-NH2) SUR UNE SURFACE D’OR Réactifs nécessaires • Acide 11-mercaptoundécanoïque ou MUA (Aldrich) • β-CD-NH2 (Cf. Synthèse au chapitre I, paragraphe III.1.2 et annexe 2) • Hydrochlorure de 1,3-(diméthylaminopropyl)-3-éthylcarbodiimide ou EDC (Aldrich) • N-hydroxysuccinimide ou NHS (Aldrich) • Ethanolamine (Aldrich) • Ethanol (SDS) • Eau ultra pure L’ensemble des tampons et échantillons injectés est préparé avec de l’eau ultra-pure obtenue avec un système Milli-Q (Millipore, Bedford, MA, USA) et filtré sur des membranes d’acétate de cellulose (0,45 µm) (Millipore) Mode opératoire 1) 1ère étape : Dépôt de l’agent de couplage, le MUA, sur la lame d’or La circulation de solvants organiques dans la cellule du dispositif optique n’est pas compatible avec les matériaux utilisés. Ainsi, l’utilisation de l’éthanol lors de cette étape ne permet pas de suivre par RPS la fixation en temps réel du MUA sur la surface, la réaction doit donc être effectuée en mode statique. Pour ce faire, 11 mg de MUA sont dissous dans 50 mL d’éthanol (soit une solution à 1 mM) puis la solution est filtrée sous azote (sur membrane d’acétate de cellulose 0,45 µm). La solution est versée dans une boite de pétri puis la lame d’or y est immergée. La boite de pétri 433 ANNEXES EXPERIMENTALES est ensuite placée sur un banc d’agitation mécanique durant 16 heures. La surface de l’or est ensuite lavée par immersion de la lame dans un bain d’éthanol (trois lavages) afin d’éliminer le MUA non greffé à la surface, puis dans un bain d’eau (trois lavages). 2) 2ème étape : Activation de la fonction acide carboxylique du MUA en ester de Nhydroxysuccinimide (ester de NHS) Cette étape s’effectuant en milieu aqueux peut être effectuée en mode statique ou dans la cellule du dispositif optique de RPS. Mode statique : 383 mg d’EDC et 58 mg de NHS sont dissous dans 10 mL d’eau ultra pure (soit un rapport molaire d’EDC/NHS = 0,2 M/0,05 M) puis la solution obtenue est filtrée sous azote (sur membrane d’acétate de cellulose 0,45 µm). La lame d’or-MUA est ensuite immergée dans cette solution et l’ensemble est placé sur le banc d’agitation mécanique pendant 30 min. La lame est ensuite rincée trois fois à l’eau avant d’être placée sur le dispositif optique de RPS. Mode dynamique : La lame d’or-MUA est placée sur le dispositif optique de RPS et la surface est rincée avec de l’eau jusqu’à stabilisation de la réflectivité. Une solution d’EDC/NHS de rapport molaire identique à celui utilisé en mode statique est ensuite mise à circuler pendant 15 à 20 minutes sur la surface puis cette dernière est rincée au moins 10 minutes avec de l’eau. 3) 3ème étape : Couplage de la β-CD-NH2 au MUA activé Cette étape s’effectuant dans de l’eau, le greffage de la cyclodextrine peut être suivi en temps réel par RPS. Une solution aqueuse de 10 mg/mL de β-CD-NH2 est mise à circuler pendant 30 minutes sur la surface puis cette dernière est rincée au moins 10 minutes avec de l’eau jusqu’à stabilisation de la réflectivité. 4) 4ème étape : Désactivation des fonctions ester de NHS résiduelles 434 ANNEXES EXPERIMENTALES Une solution d’éthanolamine à 0,5 M et de pH = 7,8 est mise à circuler pendant 10 minutes sur la surface afin de convertir les fonctions ester de NHS résiduelles en 2hydroxyéthylamide. La surface est ensuite rincée 10 minutes avec de l’eau. 435 ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 18 SYNTHESE DE LA β -LACTOGLOBULINE MODIFIEE PAR DES GREFFONS DE PEG-AdPh : β-LACTOGLOBULINE-PEG-AdPh Réactifs nécessaires • Polymère de type HOOC-PEG-AdPh (Cf. Synthèse au Chapitre I, paragraphe III.2.3.b, et annexe 5) • Dicyclohexylcarbodiimide ou DCC (Aldrich) • N-hydroxysuccinimide ou NHS (Aldrich) • β-lactoglobuline (M = 36 000 g/mol) de pureté minimum = 80 % (Sigma) • Chloroforme (SDS) • Ether diéthylique (SDS) • Tampon phosphate 30 mM à pH = 7 Mode opératoire 1) 1ère étape : Activation de l’extrémité carboxylée du polymère AdPh-PEG-COOH par formation d’un ester de N-hydroxysuccinimide (NHS) : obtention de l’espèce AdPh-PEGCOONHS La verrerie est séchée une nuit à l’étuve avant de procéder à la synthèse. 3 mL de chloroforme sont amenés à 0°C à l’aide d’un bain de glace. Puis 200 mg (4.10-2 mmol) de HOOC-PEG-AdPh (M = 4926 g/mol) et 37 mg (0,18 mmol) de DCC sont ajoutés au solvant. Le milieu réactionnel est maintenu pendant 2 heures à 0°C sous agitation douce. 37 mg (0,32 mmol) de NHS sont ensuite ajoutés au mélange et celui-ci est maintenu sous agitation pendant 30 minutes à 0°C. La solution est filtrée à l’aide d’un système swinex sur une membrane acétate de cellulose régénérée 0,45 µm et le filtrat recueilli est précipité dans 436 ANNEXES EXPERIMENTALES 40 mL d’éther. La solution est ensuite filtrée sous azote sur une membrane d’acétate de cellulose régénérée 0.45 µm et le solide ainsi recueilli est séché sous vide. 2) 2ème étape : Couplage du polymère activé AdPh-PEG-COONHS à la β-lactoglobuline : obtention de l’espèce AdPh-PEG- β-lactoglobuline 3 mL de tampon phosphate 30 mM à pH = 7 sont amenés à 0°C à l’aide d’un bain de glace. 100 mg (2,8 10-3 mmol) de β-lactoglobuline sont ajoutés au tampon et la solution est maintenue 5 minutes à 0°C sous agitation. Après addition de 66 mg (1,3 10-2 mmol) de polymère AdPh-PEG-COONHS (M = 5023 g/mol) à la solution, cette dernière est maintenue sous agitation pendant 45 minutes à 0°C. 10 mL d’eau distillée sont ajoutés au milieu réactionnel. Le mélange est mis à dialyser contre de l’eau pendant 72 heures sur membrane Spectra/Por de seuil de coupure 15 000 puis la solution est lyophilisée. La protéine modifiée ainsi recueillie est conservée à -20°C. 437 ANNEXES EXPERIMENTALES ANNEXE 19 ANALYSE DE LA β -LACTOGLOBULINE-PEG-AdPh PAR EC Appareillage Cf. Annexe 12 Réactifs nécessaires Solutés : • β-lactoglobuline-PEG-AdPh (Cf. synthèse au chapitre IV, paragraphe IV.1, et annexe 18) • β-lactoglobuline (M = 36 000 g/mol) de pureté minimum = 80 % (Aldrich) • COOH-PEG-AdPh de masse moléculaire 5000 g/mol (Cf. synthèse au chapitre I, paragraphe III.3.3.b, et annexe 6) Divers : • DMSO (SDS) pour la mesure de la mobilité du flux électroosmotique • Tampon phosphate à 25 mM de pH = 7 • Solution aqueuse de NaOH à 0,1 M (Interchrom) • Eau ultra pure Méthodes Chaque soluté est dissous à 1 mg/mL dans l’eau ce qui correspond à une concentration d’environ 0,2 mM pour le COOH-PEG-AdPh, 0,03 mM pour la β-lactoglobuline et une concentration inférieure à 0,03 mM pour la β-lactoglobuline-PEG-AdPh (M > 36 000 g/mol). Le tampon d’analyse est un tampon phosphate à 25 mM et de pH = 7,0. La mobilité électrophorétique est déterminée en soustrayant la mobilité électroosmotique µ eo de la mobilité apparente µ app mesurée expérimentalement. Une solution de DMSO à 0,01 % en 438 ANNEXES EXPERIMENTALES masse dans de l’eau est utilisée comme indicateur du flux électroosmotique (détection à 280 nm). Les analyses sont répétées au moins deux fois. Avant chaque injection, le capillaire est rincé pendant 5 min avec une solution de NaOH à 0,1 M, 5 min avec de l’eau et équilibré 5 min avec le tampon d’analyse. L’ensemble de ce rinçage est effectué avec l’application d’une pression de 20 psi (1 psi = 6894,76 Pa) à l’entrée du capillaire. Les échantillons sont introduits dans le capillaire en utilisant un mode hydrodynamique avec l’application d’une pression de 0,8 psi pendant 5 s. Les séparations sont effectuées à 15 kV. Le capillaire est maintenu à une température constante de 25°C pendant l’analyse. La détection des espèces en solution dans le tampon phosphate s’effectue à 214 nm. 439 RESUME Résumé en français : Le phénomène d’association aux interfaces par formation de complexes d’inclusion entre des molécules de βcyclodextrine (β-CD) et des polymères amphiphiles modifiés par des groupements adamantyle a été mis en jeu pour la fonctionnalisation de surfaces. Ce procédé a ensuite été appliqué à l’élaboration d’un immunocapteur. Dans la première partie de ce travail, des études théoriques menées par électrophorèse capillaire d’affinité (ACE) et par chromatographie liquide à haute performance (CLHP) ont permis de déterminer les constantes d’affinité en solution entre des molécules de β -CD et des polymères modèles de poly(éthylène glycol)s modifiés par des groupements hydrophobes adamantyle. D’autre part, l’utilisation d’un support chromatographique à base de β -CD a permis d’accéder aux constantes aux interfaces. Dans une seconde partie, la faisabilité d’un procédé de fonctionnalisation d’une surface par l’intermédiaire de complexes d’inclusion a été démontrée par CLHP par l’élaboration de supports chromatographiques de fonctionnalités variables. Pour cela, un polymère de β-CD a été greffé sur de la silice diol puis la fixation sur le support de dextranes modifiés par des groupements adamantyle et des groupements de fonctionnalités diverses (ioniques, hydrophobes ou molécules biologiques) a été étudiée. Les propriétés de surface des supports ainsi obtenus ont été révélées par l’étude de la rétention de protéines en fonction de la composition de la phase mobile ou par la capture d’un antigène dans le cas particulier de la phase stationnaire modifiée par des anticorps. Enfin, la formation de complexes d’inclusion aux interfaces a été mise à profit pour la réalisation d’immunocapteurs. L’élaboration de ces systèmes analytiques a été suivie en temps réel par résonance des plasmons de surface (RPS). Deux procédés d’élaboration ont été envisagés. Ces deux voies ont nécessité de déposer préalablement une couche de β-CD sur une surface d’or. Puis, la première méthode a consisté à immobiliser sur la surface la protéine d’intérêt préalablement modifiée par des groupements adamantyle. La seconde méthode a impliqué l’immobilisation sur la surface de β-CD d’une couche intermédiaire de dextrane porteur de groupements adamantyle et de groupements fonctionnels permettant le greffage ultérieur de la protéine d’intérêt. Les biocapteurs issus de ces deux voies ont conduit à une reconnaissance spécifique et reproductible des anticorps correspondants. Mots-clés : β-cyclodextrine ; adamantane ; constantes d’interaction ; électrophorèse capillaire ; supports de CLHP ; immunocapteur ; β-lactoglobuline Titre en anglais : FUNCTIONALIZATION OF SURFACES BY THE INTERMEDIATE OF THE ADAMANTANE / β-CYCLODEXTRIN SYSTEM; APPLICATION OF THE METHOD FOR THE ELABORATION OF AN IMMUNOSENSOR Résumé en anglais : The association between molecules of β-cyclodextrin (β -CD) and amphiphilic adamantyl-modified polymers by formation of inclusion complexes at solid/liquid interfaces was used for the functionalization of surfaces and the elaboration of an immunosensor. At first, theoretical studies led to the determination of affinity constants in solution and at interfaces between molecules of β-CD and model polymers bearing adamantyl groups. Then, the method used for the functionalization of surfaces by formation of inclusion complexes was validated by the modification of surface properties of silica particles and by the elaboration of chromatographic supports of various functionalities. At least, the formation of inclusion complexes at interfaces was used for the elaboration of β-lactoglobulin-coated immunosensors. The sensors prepared following this procedure permitted the specific and reproducible detection of the corresponding antibodies. Key-words : β -cyclodextrin ; adamantane ; binding constants ; capillary electrophoresis ; HPLC supports ; immunosensor ; β-lactoglobulin