Le latin et le grec, bien vivants - Cité scolaire Frédéric Mistral à
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Le latin et le grec, bien vivants - Cité scolaire Frédéric Mistral à
2 | MARDI 26 JANVIER 2016 | LE DAUPHINÉ LIBÉRÉ LE DOSSIER DU JOUR | VOUS & NOUS AVIGNON | Alors que la réforme du collège fait débat, gros plan sur cet enseignement méconnu LE BILLET Le latin et le grec, bien vivants PAR GILLES DEBERNARDI Face au “barbu”, Najat trop lisse Icône pour une partie de la gauche, objet de détestation à droite, elle ne laisse personne indifférent. Hier soir, en prime time, la Chaîne parlementaire lui consacrait un long portrait sous le titre « La discrète ambitieuse ». Najat Vallaud-Belkacem y apparaît en « héroïne » méritante et moderne. Surmontant des origines sociales modestes et sa timidité naturelle, elle a su gagner le sommet de l’État. Bravo. On partage volontiers son émotion, et les quelques larmes versées, lorsqu’elle retourne dans le quartier difficile d’Amiens qui l’a vue grandir. Un bon moment de télévision, donc. Hélas, la veille sur Canal +, la ministre de l’Éducation s’était montrée moins convaincante. Sur le plateau, le président de l’ONG islamiste « Barakacity » parade tranquillement. Son agence, financée par des mécènes anonymes, organise de généreux voyages vers la Syrie. Idriss Sihamedi, “barbu” caricatural, s’honore de ne pas condamner Daech. Les femmes, notre « djihadiste de l’humanitaire » ne les imagine qu’en tchador et refuse « de leur serrer la main ». À ce moyenâgeux militant, qu’a répliqué l’emblématique Najat ? Rien, ou presque : « Votre association porte une façon de voir les choses qui n’est pas la mienne… et donc je n’ajouterai rien. » Voix douce et langue de bois, cela semble un peu court pour qui prétend défendre la République. Au lieu de se coucher, il eût fallu se dresser, protester contre les intolérables propos, fustiger le fanatique misogyne, voire quitter la scène en signe d’indignation. Mais non. L’ambitieuse a dû penser qu’un clash nuirait à sa carrière, poussant ici la discrétion jusqu’à l’insignifiance. ULA QUESTION DU JOUR Indice gelé depuis cinq ans : l’État doit-il augmenter les fonctionnaires ? @ LA RÉPONSE À LA QUESTION D’HIER : Loto, PMU… Avez-vous joué davantage en 2015 ? Oui 16 % Non L’enseignement du latin et du grec, dont le volume horaire global pourrait diminuer, fait partie des points délicats de la réforme du collège, contre laquelle défileront aujourd’hui certains professeurs. Nous sommes allés à la cité scolaire Frédéric-Mistral, à Avignon, pour rencontrer des profs, des élèves et un proviseur passionnés par ces disciplines…. I ll y a dix ans, ils étaient six enseignants de lettres clas siques à la cité scolaire Fré déricMistral, rien qu'au ly cée.... Aujourd’hui, ils ne sont plus que quatre : Marion Du rand, Yannis Hagège, Marie Gaëlle Ravet Julien Alibert*. Et pourtant, Mistral est le seul établissement du Vauclu se à offrir un enseignement en latin et grec, du collège au postbac. À la veille de la ré forme du collège, qui menace encore un peu plus les lettres classiques, Marion Durand et MarieGaëlle Ravet sont conscientes de la chance qu'elles ont de bénéficier d'un soutien total de leur direction. MarieGaëlle Ravet se sou vient que l'étude du latin et du grec lui avait plu car c'était I ls sont près de 200 élèves à apprendre le latin et / ou le grec à la cité scolaire Fré déric Mistral, à Avignon. ledauphine.com rubrique “La question du jour”. Ü Effectifs Au collège : 26 élèves en 5e, 20 en 4e et 19 en 3e pour le latin et 19 élèves en grec UÀ VOIR, À LIRE SUR LE WEB “Snowzilla” : les images de l’après tempête sur la côte Est des Etats-Unis abonnement de 6 mois minimum PAR ABONNEMENT VOTRE JOURNAL À 0,85€ AU LIEU DE 0,90€ * Offre réservée aux nouveaux abonnés pour un règlement par prélèvement mensuel ❑ ❑ ABONNEMENT 7 JOURS / 7 Par prélèvement, les 6 premiers mois, votre journal à 0,85€ au lieu de 0,90 €, le samedi 1,41 € au lieu de 1,50 €. 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Ville : ..................................................................................................Pays : ...................................... IBAN : BIC : Paiement : Récurrent/Répétitif Ponctuel A : ..................................................................................................... Le : Signature : MarieFélicia ALIBERT * L'équipe de lettres classiques (français, latin et grec) à la cité scolaire Frédéric-Mistral : Marion Durand, en poste depuis 2004 et Yannis Hagège, stagiaire, au collège, Marie-Gaëlle Ravet, en poste depuis 2005 au lycée, et Julien Alibert, en poste depuis 2007 en classes préparatoires littéraires (hypokhâgne et khâgne). en 3e (dont 7 qui font 3h et les autres 1h hebdomadai re) Au lycée : 25 élèves en seconde dont 3 en grec, 10 élèves en latin et 5 en grec pour les classes de premiè re et terminale En classes préparatoires : 15 élèves en grec, 34 élèves en latin en hypokhâgne (première année), 16 élè ves en latin et 9 élèves en grec en khâgne (deuxième année) Ü Horaires actuels Au collège : 2h / semaine A ABONNEZ-VOUS ❑ Au collège, son collègue, Yan nis Hagège, 24 ans, débute dans le métier d'enseignant. Il a 3heures de latin avec les troisièmes. « C'est avant tout un privilège de pouvoir faire du latin pour améliorer ses compétences et acquérir une culture humaniste. Enseigner le latin demande beaucoup de travail et d'implication mais en aidant bien les élèves, on arrive encore à traduire et ils sont ravis de voir que leur production est unique. » Le latin et le grec sont aussi un plus pour les autres matiè res. Certains élèves du lycée sont d'ailleurs inquiets de leur disparition. « La demande est là. Les élèves regrettent qu'on leur reproche de savoir de moins en moins de choses, alors qu'on ne leur donne pas assez l'occasion de s'enrichir, note Marion Durand. Nous avons en classe des jeunes d'origine sociale très modeste. Ils sont heureux d'accéder à Pour ces lycéennes, c’est un loisir à voir, à lire sur le site du Dauphiné Libéré : ledauphine.com ❑ ❑ Faire du latin, pour acquérir « une culture humaniste » cette culture, ouverte à tous et gratuite. » Les enseignants apprécient les « rapports privilégiés avec ces élèves qui viennent en plus pour une option qu'ils ont choisie ». Tous les ans, un voyage d'une semaine, à moins de 300 €, est organisé en Italie, pour les élèves de la 5e à la terminale. En classes prépa ratoires, Julien Alibert insiste sur l'importance des lettres classiques dans un cursus lit téraire. « Nous avons des élè ves qui arrivent de tous les horizons et de toutes les filiè res. Certains débutent le latin ou le grec en hypokhâgne et acquièrent rapidement un bon niveau. Quatre anciens élèves de l'établissement sont devenus normaliens et beau coup enseignants de lettres classiques. La relève est assu rée ! » Nota : Vos droits concernant le présent mandat sont expliqués dans un document que vous pouvez obtenir auprès de votre banque. Veuillez compléter tous les champs du mandat. De gauche à droite : Marie-Gaëlle Ravet au lycée, Julien Alibert, en classes préparatoires littéraires et Yannis Hagège et Marion Durand, au collège. Voilà l'équipe d'enseignants de lettres classiques à la cité scolaire Frédéric Mistral. Photo Le DL/ M-F. A À la cité scolaire Frédéric-Mistral, près de 200 élèves apprennent l’un et/ou l’autre 84 % Résultats de la consultation effectuée sur le site du Dauphiné Libéré (6012 votes). Chaque jour, une question vous est posée dans cet espace. Vous êtes invités à y répondre sur le site du Dauphiné Libéré : ❑ une langue qu'on ne parlait pas. « Je pouvais prendre le temps de traduire. À mon époque, on travaillait beau coup la langue. Aujourd'hui, on essaie de faire plus de civi lisation avec les élèves. » lexia Point, 17 ans, est en terminale littéraire. Elle a commencé le latin en 5e. « Je me suis dit que cette op tion pouvait m’aider. Cela ne m’a pas demandé trop de tra vail et j’ai de bonnes notes. On étudie la langue, mais aussi comment les Romains vi vaient. Plus tard, je voudrais être journaliste alors cela m’aidera à comprendre les autres langues. » Sa camarade, Océane Gasc, 17 ans, est en terminale scien tifique. Elle a aussi commencé le latin en 5e et touché au grec en 3e « Je n’ai jamais arrêté le latin. C’est bien de parler une "langue morte". C’est aussi un plus pour les dissertations de français et de philo car on a plein de références. En partici pant aux voyages, on arrive à imaginer leur mode de vie et la langue devient "vivante". Les cours ont lieu le mercredi aprèsmidi, alors c’est comme un loisir ! Plus tard, je voudrais de latin en 5e et 3h / semai ne en 4e et en 3e. 3h / semai ne de grec en 3e (1h pour ceux qui font déjà du latin ou qui sont en section dan se). Au lycée : 2h /semaine en seconde pour les latinistes et les hellénistes qui ont 1h en plus pour la langue. 2h / semaine pour le latin et le grec en classes de première et de terminale En classe préparatoire : 3h de langue et culture de l'antiquité en hypokhâgne au minimum et 2h en khâ gne. Marc Jailin, proviseur, défend les lettres classiques M Alexia, Océane et Chahida. Photo Le DL/Angélique SUREL entrer dans la médecine mili taire. Le latin m’aidera à com prendre les maladies et les re mèdes. » Chahida Najjari, 16 ans, est en 1ère économique et sociale et a opté depuis la 3e pour le grec, au collège Mistral. « En faisant du grec, j’ai élargi mes connaissances et amélioré mon français. Il faut être sé rieux et rigoureux, sinon ça ne marche pas. On a cours le mer credi soir. On apprend en s’amusant. En plus, ça me donne un côté unique par rap port à mes amies car je sais lire le grec et le traduire. C’est une "finition" à ma culture et ça me donne envie de devenir professeur de langues pour découvrir d’autres cultures. » arc Jailin, proviseur de la cité scolaire Mistral, se bat pour défendre les lettres classiques dans son établis sement. « L'étude du grec et du latin permet de mieux comprendre notre histoire et notre littérature. L'enseigne ment des lettres classiques est une école de rigueur, ex cellente pour que les élèves acquièrent de bonnes bases grammaticales, orthogra phiques et syntaxiques, et enrichissent leur vocabulai re. C'est vraiment un plus ! Je vais essayer de m'appuyer sur la réforme pour dévelop per le latin (et peutêtre aussi le grec) dès la classe de 5e, en créant un EPI (enseigne ment pratique interdiscipli naire) "langue et culture de l'antiquité" d'1h30, confié aux professeurs de lettres classiques et modernes, qui donnerait une vision des ori Marc Jailin, proviseur de la cité scolaire Mistral. Photo Le DL/ M-F.A gines de notre langue. Cet enseignement sera ouvert à tout le monde. Il trouverait son prolongement au lycée dans un EDE (enseignement d'exploration). Je discute avec le rectorat pour avoir les heures et les crédits. » En classes prépa littéraires : des langues essentielles Des collégiens friands de culture générale T I homas Brunel, 19 ans, est élève en khâgne. Il a dé buté le grec en hypokhâgne. « Je viens du collègelycée du Sacrécœur à Privas. On pouvait faire du latin à partir de la 5e, mais le grec n’y était pas proposé. En arrivant en classes préparatoires, j’ai dé cidé de prendre la nouveauté car cela m’intéressait de dé couvrir la culture hellénique. Ça m’a tout de suite plu. C’est très intéressant pour le français aussi car on com prend mieux comment sont construits les mots, on appré cie davantage certains ouvrages. Passer par leur langue, c’est aussi mieux comprendre la pensée des Anciens. Traduire les dis cours des orateurs aide à bien argumenter. Plus tard, je me destine à être comé dien ; peutêtre pourraisje retraduire des tragédies… Et si je deviens professeur de Caroline et THomas. Photo Le DL/A.S. lettres, cela m’aidera beau coup. Le latin et le grec sont essentiels pour les études lit téraires. » Sa camarade, Caroline Le Roux, 20 ans, vient aussi d’un bac littéraire, préparé à la Nativité, à AixenProvence. « J’ai commencé le latin en 5e car j’étais très attirée par la mythologie. J’ai continué au lycée et j’ai eu 18 au bac. C’est un plus pour la culture, mais aussi la maîtrise de la langue française. Plus tard, j’aimerais bien faire de la tra duction anglaise, alors tra duire des textes latins m’aide à trouver la traduction la plus fine. Aujourd’hui, je suis de plus en plus attirée par la lin guistique. Je regrette de ne pas avoir fait aussi du grec ! » mad Bouchibane, élève en 4e, a débuté le latin en 5e pour élargir sa culture générale et s'améliorer en français. « Quand il y a des mots que je ne comprends pas, j'arrive à découvrir leur sens à partir de leur étymologie, sans ouvrir le dictionnaire. En plus, c'est intéressant d'apprendre comment les Romains vi vaient au quotidien, de comprendre leur système politique... et ça nous ouvre Anouk et Imad. des portes ! J'ai participé Photo Le DL/A.SL au voyage l'an passé et je retourne en Italie cette an l'histoire de la Grèce, con née. » Imad veut commen naître l'étymologie de cer cer le grec l'an prochain. tains mots, mieux com Sa camarade, Anouk prendre le français. J'aime Garreau, élève en 3e, a voir que le français vient de choisi d'ellemême l'option plusieurs langues ancien grec, alors qu'elle est déjà nes. En fait, on utilise enco en section danse. Ce qui est re le grec aujourd'hui sans possible avec un horaire al le savoir. Connaître cette légé (1 heure par semaine). langue est un plus dans la « Je voulais apprendre vie de tous les jours. »