Extrait - Librinova

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Extrait - Librinova
Isabel Garchet
Suivre le soleil
© Isabel Garchet, 2016
ISBN numérique : 979-10-262-0691-0
Courriel : [email protected]
Internet : www.librinova.com
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Préface et mise en bouche.
Tout est parti d'une phrase anodine dans un magazine inavouable et
people jusqu'aux dents, feuilleté chez l'ophtalmologue. Petits plaisirs
coupables je l'avoue, permis seulement dans de rares occasions, en visite
chez la pédicure, le coiffeur ou le médecin, et qui me permettent de
relativiser sur la grandeur et la décadence des grandes stars de notre petite
planète (ou peut-être est-ce le contraire ?).
Phrase donc, d'une Princesse bien connu de nos services qui parlait du
mariage d'un de ses fils et qui, en toute simplicité, évoquait la neige
tombée comme par miracle à la sortie d'église de la Noce...(si la nature s'y
met aussi !).
Rajoutant, l'air de rien que son auguste ainé et sa si charmante épouse
(enceinte au moment des faits, ceci dit en passant...) vivaient en suivant le
soleil.
La claque ! Il y a des gens qui vivent en suivant le soleil ?
Un mois à Saint-Tropez, le suivant à Saint Barth etc... J'en passe et des
meilleurs.
Ils me bluffent, ils me bluffent.
Le gouffre entre eux et nous est abyssal. Nous le soleil c'est l'été, les
années impaires et encore avec de la chance. Nous pataugeons dans les
flaques et entreprenons une brasse coulée au moindre orage ou ce sont des
chaleurs dignes d'un désert Africain qui nous font regretter d'être
composés, en majorité d'eau, puisque tout s'évapore.
Alors voilà, une fois la chose digérée, j'ai décidé que moi aussi j'allais
vivre en suivant le soleil. Non mais pardon, pourquoi pas ?
Bon d'accord mes finances me permettent tout juste de m'offrir VichyClermont tous les jours, et pour travailler en plus.
— " Clermont-Ferrand, Clermont-Ferrand deux minutes d'arrêt " : quel
beau port de pêche.
La destination a de quoi faire rêver, mais juste pour grimper sur des
volcans endormis, ce qui me tente moyennement depuis une sortie de
classe en primaire, où j'ai cru laisser la peau et les genoux au sommet du
Puy-de-Dôme. Je n'ai pas profité du panorama, trop occupée que j'étais à
récupérer mes poumons éparpillés pendant la montée.
La question est pourtant simple : comment faire pour devenir rentière
et suivre ce fichu soleil ?
Si si, le suivre implique des moyens conséquents. C'est même le nerf
de la guerre.
Je veux pouvoir le faire dans les meilleures conditions possibles, avec
le chauffeur, le voiturier, la gouvernante, le chef étoilé, la camériste...que
sais-je.
Je place la barre haute du départ, pas question de voir petit.
Mon astre vaut tous les sacrifices, et puis je suis si mal sans lui.
Excusez mon impatience, j'ai du pain sur la planche, un soleil à
courser.
Minute papillon !
Il me faut un plan de bataille, un angle d'attaque, une ligne de
conduite, une boussole aussi et surtout.
Inutile de folâtrer, le temps est compté et l'on ne badine pas avec lui,
car il court, il court ce couillon.
Et pas question de se faire porter pâle, mon projet ne souffre aucun
compromis.
Au boulot ma grande, ne fais pas dans la demi-mesure, sois folle et
envoie tout valser...c'est maintenant ou jamais.
Chapitre 1 : Idées en vrac.
De prime abord il n'y a pas trente six mille solutions, juste quelques
unes :
— Gagner au loto : oui, mais faudrait-il jouer de temps en temps, et
même si cent pour cent des gagnants ont tenté leur chance, comme dirait
leur publicité, il y a beaucoup d'appelés et peu d'élus.
Et puis, je ne suis pas patiente, cela fait quarante-deux ans que
j'attends et la fameuse "ménagère de moins de cinquante ans" n'a plus que
quelques années devant elle avant de sucrer les fraises, alors action !
— Il y a l'option de vendre mon corps au plus offrant, mais à la
quarantaine les princes charmants ne se bousculent plus au portillon pour
me passer la pantoufle de verre au pied et je reste polie, car trouvez moi un
homme qui rêve de vous mettre une godasse, fut-ce un escarpin Jimmy
Choo ou Louboutin.
En général leurs envies sont plus primaires, pas la peine de vous faire
un dessin.
Tant mieux, je dessine très mal, vous êtes vernis je m'abstiendrais.
Et puis quitte à être "une fille de joie" comme diraient les plus de
quatre-vingt ans, je préfèrerais être une pute de luxe, pas question de me
brader... cela suppose une certaine logistique et ma foi je rappelle mon âge
et le terme "chaire fraîche" ne s'applique plus.
En plus et accessoirement, je suis mariée, Monsieur mon mari risque
de ne pas approuver mon projet. Quoique avec le temps il se peut qu'il soit
devenu pragmatique et que cette idée ne lui semble pas si saugrenue que
cela.
Ouste, mauvaise idée.
— Je peux divorcer et me remarier avec un riche Nabab, un prince du
pétrole, un gagnant de l'euro-millions ou avec Harry d'Angleterre (il est
toujours libre ce jeune prince non ?)
Mais curieusement ces messieurs ne courent pas les rues où je vis ni
où je travaille. Et je ne vais pas suivre mon soleil avec un mari épousé par
pur intérêt.
Certaines excellent dans cet art mais me concernant, je ne suis pas de
celles-ci, ni celle que vous croyez...
J'entends d'ici les vilains qui me font remarquer qu'il faudrait encore
qu'ils veuillent de moi. Certes, je vous l'accorde les vilains, ce n'est pas
faux.
Ceci dit un peu de simplicité dans leurs vies de riches nantis, en
compagnie d'une femme modérée sur le shopping (banquiers dans ma vie
oblige), qui ne passe pas l'équivalent d'un an de salaire moyen dans une
virée chaussures, qui aime bien les petit restos de quartier, qui n'aspire qu'à
suivre un astre chaud juste pour être bronzée toute l'année, qui n'a pas une
forte poitrine malgré une blondeur naturelle, n'en déplaise à certaines : cela
a son charme non ?
Je ne vous sens pas optimistes, me trompe-je ?
Vous avez raison, idée suivante.
— Braquer une banque ? L'idée est loin d'être stupide mais si "certains
ont essayé, ils ont eu des problèmes" comme diraient deux sympathiques
humoristes.
Je rappelle au profane, voire à ceux qui arriveraient d'une autre planète
que le projet n'est plus réalisable de nos jours : entre les caméras
omniprésentes, voire omniscientes dans nos vies et à tous les coins de rues
autant se rendre chez la maréchaussée tout de suite, nous gagnerons du
temps.
En plus les banques n'ont plus d'argent comme avant.
Tout est devenu virtuel. De l'argent virtuel, des emprunts virtuels, des
découverts virtuels...quoique le mien est bien réel parfois. Pffff !
Mauvaise idée : je ne suis pas Mesrine et comme je n'ai pas son talent
c'est tout vu.
C'est un métier qui ne s'improvise pas et qui ne connait pas de fins
heureuses aux dernières nouvelles.
Dites donc, mes idées fondent comme neige au soleil. Que me reste-til ? Non car je suis vraiment motivée là tout de suite.
Je veux devenir aisée à faire pâlir les étoiles sans pour autant devenir
la plus riche du cimetière.
Je ne lâcherais pas l'affaire !
Il y a tellement de choses que je veux et que je n'ai pas encore faîtes.
L'expression : "La vie est courte" est un lieu commun certes, mais
c'est drôlement vrai.
Nous passons la plus grande partie de notre temps à notre travail, les
enfants grandissent à toute allure et que reste-t-il après ?
Nos petites vies étriquées faîtes de compromis qui ne sont que des pisaller sur nos rêves.
Et l'on se retrouve au milieu de notre vie sans l'avoir vu filer, tout en
l'ayant bien senti passer la garce.
Je suis persuadée qu'en suivant le soleil, il y a moins de fatigue.
Normal me direz-vous, l'afflux de vitamine D n'est pas étrangère à tout
cela.
Charles Aznavour ne disait-il pas que la vie serait moins triste au
soleil ? Oui il l'a dit, il l'a dit...
Parlons-en à certains pays Africains qui ont du soleil à revendre, et
pourtant je n'ai pas l'impression que leur vie soit plus douce. Dommage
pour eux que cela ne se monnaye pas comme du pétrole...cela leur
enlèverait une épine du pied et résoudrait bien des choses.
Bon un problème après l'autre, je ne suis pas Majax moi.
Charité bien ordonnée commençant par soi-même, gérons les
urgences. C'est à dire ma pomme !

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