(iii) Le London School of Economics and Political Science

- iii- Le London School of Economics and Political science
Une bonne partie du corps professoral du LSE est d’obédience socialiste. Pas très difficile à
comprendre. Dans un pays où la guerre a démoli non seulement les villes mais a détruit un grand
nombre d’entreprises, l’État apparaît logiquement comme le seul en mesure de relancer les
moyens de production et les principaux services. Dans l’après guerre, le Labour Party avait
effectivement écrasé le parti Libéral pour disputer le pouvoir au Parti Conservateur. Cela nous
prépare en quelque sorte au nouveau contexte politique dans lequel le Québec allait évoluer. En
effet, on pouvait déjà pressentir que la «Révolution tranquille» allait créer un besoin de
connaissances et de formation en administration publique, puisqu’elle préconisait une intervention
accrue de l’État dans plusieurs domaines. En fait, le Premier ministre Jean Lesage, qui avait
occupé plusieurs postes ministériels au gouvernement fédéral, avait réalisé que le canada anglais
s’était bâti, à ce niveau, un gouvernement et une administration publique modernes et désirait
donner au Québec un appareil étatique de calibre égal.
Dans cette perspective, je suis très privilégié d’avoir comme tuteurs W.Robson et James G Griffith
Le premier est l’auteur de l’ouvrage de référence sur les entreprises publiques, les «public
corporations » que nous appellerons «les sociétés d’état».
Il ne prise guère mon anglais (slang)
«américain», alors je me mets à émailler mes textes de mots
français et nos rapports s’améliorent
Le «LSE»
Le second a écrit le manuel de droit administratif
britannique. Le second considère que mon essai «Judicial
control of administrative action in Great-Britain and
Canada» méritera d’être publié, en 1963, dans la réputée
revue britannique Public Law, un privilège qui n’avait pas été accordé à beaucoup de Québécois,
du moins à l’époque. Après trois ans d’études j’obtiens le diplôme MSC (Econ).
La dynamique académique du LSE ne se limite pas à cet encadrement individuel mais s’étend à
d’excellents cours magistraux ainsi qu’à l’aménagement d’un salon permettant aux étudiants
d’échanger à toute heure et aussi de jouer aux échecs. Dans le salon des étudiants du LSE
j’apprends beaucoup en observant et en disputant des matchs très relevés. Je me souviendrai
plus tard de cette activité parascolaire.
Bref, la situation se présente ainsi en 1962 : un détenteur de deux maîtrises dans des disciplines
différentes, devenu père d’une petite fille, ayant renoncé à la pratique du droit, est assez pressé de
trouver un emploi de professeur en administration publique – une discipline qui se trouve dans un
état embryonnaire dans les universités québécoises.