1 VATICAN II1 3 – LA PAROLE DE DIEU (Dei verbum )2 Avant le

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1 VATICAN II1 3 – LA PAROLE DE DIEU (Dei verbum )2 Avant le
VATICAN II1
3 – LA PAROLE DE DIEU (Dei verbum )2
Avant le concile Vatican II, lorsque j’étais jeune, même dans une école catholique où j’étais
lycéen, il n’était pas question de lire la Bible. Les barrières érigées depuis le XIIIe siècle et
surtout depuis le XVe, qui “ empêchaient ” les non-théologiens de lire la Bible sont enfin
supprimées : « Il faut que l’accès à la Sainte Écriture soit largement ouvert aux fidèles du
Christ » (§ 22). Le texte exhorte à mettre la Bible à la disposition du plus grand nombre par des
traductions et des éditions adaptées. Même si ces traductions sont « le fruit d’une collaboration
avec des frères séparés, elles pourront être utilisées par tous les chrétiens » (§ 22). C’est une
véritable révolution qu’autorise le concile en permettant à tout chrétien, clerc ou laïc, de se
familiariser avec la Parole de Dieu. En effet, cette Constitution (Dei verbum) nous invite dès ses
premiers mots à « écouter religieusement et proclamer hardiment la Parole de Dieu » (§ 1). Elle
affirme également que la Parole de Dieu est un message de salut et une parole de vie, c’est-à-dire
que toute la vie de l’Église ne peut procéder que de la Parole de Dieu. Celle-ci devient ma
nourriture.
Le texte rappelle que la Révélation est la volonté de Dieu de se faire connaître aux hommes « Il
a plu à Dieu dans sa bonté et sa sagesse de se révéler en personne et de faire connaître le
mystère de sa volonté » (§ 2). La transmission de cette révélation s’est faite en premier lieu par
les apôtres : « Cette Tradition qui vient des Apôtres progresse dans l’Église, sous l’assistance du
Saint-Esprit » (§ 8). C’est l’Esprit Saint qui nous guide dans la compréhension et l’interprétation
de l’Écriture.
Enfin, avec Dei verbum je découvre l’importance de l’Ancien Testament. « … L’Ancien
Testament avait pour raison d’être majeure de préparer l’avènement du Christ Sauveur de tous,
et de son Royaume messianique, d’annoncer prophétiquement cet avènement… les livres de
l’Ancien Testament permettent à tous de connaître qui est Dieu et qui est l’homme. » (§15) Ce
que nous dit Dei Verbum est que le Nouveau Testament est caché dans l’Ancien et que l’Ancien
est dévoilé dans le Nouveau Testament. Dei Verbum nous dévoile aussi que l’Écriture est le
point d’appui de l’Église et, pour le Chrétien, sa référence et sa nourriture spirituelle : désormais,
vous ou moi, seul ou en groupe, nous pouvons nous nourrir de la Parole de Dieu, de la Genèse à
l’Apocalypse.
4 - L’UNITE DES CHRETIENS ET L’ŒCUMENISME3
Enfant, dans l’histoire de France, les guerres de religion, dont le massacre de la saint
Barthélémy (24/08/1572), m’avaient profondément choqué car loin du « aimez-vous les uns les
autres comme je vous ai aimés » (Jn 13,34). Aujourd’hui encore, les divisions entre chrétiens
choquent, non seulement ceux qui ne le sont pas, mais les chrétiens eux-mêmes. L’unité des
chrétiens souhaitée par Jean XXIII était une des grandes ambitions du Concile : « 1. Promouvoir
la restauration de l’unité entre tous les chrétiens est l’un des objectifs principaux du saint
Concile œcuménique de Vatican II. Une seule et unique Église a été fondée par le Christ
Seigneur. » Un chrétien peut-il y rester indifférent ?
C’est difficile car l’œcuménisme ne peut se réaliser que par une conversion des cœurs et par une
prière en commun : « Il n’y a pas de véritable œcuménisme sans conversion intérieure» (§7)
« Cette conversion du cœur et cette sainteté de vie, ensemble avec les prières publiques et
privées pour l’unité des chrétiens, doivent être regardées comme l’âme de tout l’œcuménisme »
1
La première partie de ce texte, témoignage personnel donc subjectif, a été présenté dans une chronique précédente à la quelle je vous renvoi.
Dei verbum est la quatrième constitution conciliaire du concile Vatican II. Elle porte sur la révélation divine ; elle est promulguée le 18
novembre 1965 par Paul VI. Il est l’un des plus importants documents du Concile, le plus travaillé et le plus débattu par les Pères conciliaires
tout au long des quatre sessions du concile Vatican II. Adopté in extremis.
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Unitatis Redintegratio est le décret sur l’œcuménisme promulgué par Paul VI le 21 Novembre 1964. Son titre latin signifie
restauration de l’unité. Le mot œcuménisme désigne ce qui concerne l'ensemble des Églises chrétiennes, les relations entre les
différentes confessions chrétiennes. L’œcuménisme est aussi l'ensemble des efforts visant à l'unité visible des Églises voulue
par le Christ.
1 (§ 8). Il exige aussi une reconnaissance réciproque de l’histoire, de la culture, des pratiques des
frères séparés. Avec ce décret, j’ai découvert une nouveauté importante, celle de reconnaître à
chaque Église de pouvoir donner accès au salut : « De même, chez nos frères séparés
s’accomplissent beaucoup d’actions sacrées de la religion chrétienne qui, de manières
différentes selon la situation diverse de chaque Église ou communauté, peuvent certainement
produire effectivement la vie de grâce, et l’on doit reconnaître qu’elles donnent accès à la
communion du salut » (§ 3). C’est une avancée considérable dans le dialogue et vers l’unité.
La foi commune en Dieu notre Père et en la résurrection du Christ, Fils de Dieu incarné dans
notre humanité, constitue le fondement de ce dialogue. Malgré les divergences sur les questions
morales et sociétales, catholiques, protestants et tous les chrétiens s’attachent à l’Écriture, à la
Parole du Christ comme source de force apostolique. Ce grand projet doit être confié à l’action
de l’Esprit Saint : « Le saint Concile exhorte les fidèles à s’abstenir de toute légèreté, de tout
zèle imprudent, qui pourraient nuire au progrès de l’unité… souhaite instamment que les
initiatives des fils de l’Église catholique progressent unies à celles des frères séparés, sans
mettre un obstacle quelconque aux voies de la Providence et sans préjuger des impulsions
futures de l’Esprit Saint. Au surplus, le saint Concile déclare avoir conscience que ce projet
sacré, la réconciliation de tous les chrétiens dans l’unité d’une seule et unique Église du Christ,
dépasse les forces et les capacités humaines » (§ 24).
Aujourd’hui, sans bruit, à pas lents et feutrés, l’œcuménisme progresse. Ainsi « Pour promouvoir
cette culture œcuménique de dialogue « à tous les niveaux de la vie de l'Église », la Charte
œcuménique européenne 4 décrivait douze « tâches œcuméniques fondamentales » qui
constitueraient des lignes directrices pour le rapprochement des Églises du continent européen :
chercher l'unité dans la foi, annoncer ensemble l'Évangile, prier les uns avec les autres, agir
ensemble, sauvegarder la création, approfondir la communion avec le judaïsme, cultiver les
relations avec l'islam »5...
Alors, me semble-t-il, l’œcuménisme par son esprit d’ouverture et de respect de la différence
doit conduire au dialogue interreligieux, c’est-à-dire au dialogue entre les chrétiens et les autres
religions (juifs, musulmans, bouddhistes, etc.) dans un esprit de tolérance et d’écoute en
respectant la liberté de chacun, afin d’apprendre à se connaître pour apprécier nos valeurs
communes sans nier nos différences6.
Je vois un triple intérêt, tant à l’œcuménisme qu’au dialogue interreligieux7 : d’abord c’est la
nécessité d’approfondir notre foi pour la confronter à celle des autres, ensuite c’est
l’enrichissement qui résulte de la discussion ou de la confrontation avec d’autres croyants, enfin
c’est l’obligation d’éviter tout syncrétisme. Les rencontres d’Assise de Jean-Paul II et Benoit
XVI sont des fruits du Concile Vatican II.
En conclusion, seuls quelques aspects des textes conciliaires ont été abordés ici très
subjectivement. Si mes propos vous faisaient réagir, quel qu’en soit le sens, et vous invitaient à
aller voir de plus près ce que sont ces textes pour y fortifier vos propres convictions ou vous
conduisaient à en discuter avec d’autres, mon but aurait été atteint.
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Les co-présidents du Conseil d'Églises chrétiennes en France ont ratifié ce texte le 14 mai 2008.
Editorial par le frère Franck Lemaître, Unité des chrétiens n°163.
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C’est ce qui a été abordé dans la déclaration « Nostra Aetate » du Concile Vatican II promulguée à Rome par Paul VI le 28
Octobre 1965.
7
C’est pourquoi j’invite ceux qui sont convaincus comme moi de cet intérêt à s’engager dans l’association « Amitiés interreligieuses du Roussillon ».
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