Changes fixes-changes flottants : l`Histoire a-t
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Changes fixes-changes flottants : l`Histoire a-t
Changes fixes versus changes flottants : l’Histoire a-t-elle tranché ? Je vous propose trois plans, à vous de choisir celui pour lequel vous avez le plus d’affinités. 1-Plan chronologique Les crises et les guerres amènent régulièrement un bouleversement du SMI. La Première Guerre mondiale a entrainé la disparition de l’étalon or, la crise des années 1930 la dislocation du l’étalon de change or défini à la Conférence de Gênes, la Deuxième Guerre mondiale l’avènement de BrettonWoods, la crise des années 1970 le passage aux changes flottants. Avec la crise financière de 2008-2009 certains souhaitent un nouveau Bretton Woods. Derrière ce chassé croisé, cette succession des régimes de change, peut-on tirer un bilan ? l’histoire départage-t-elle les deux systèmes ? I – Depuis le XIXème siècle, la plupart des systèmes de changes fixes se sont effondrés A – L’étalon-or : mécanisme des points d’or, stabilité des changes par le jeu du marché, pas d’inflation, croissance, ↑ CI. Abandon car création monétaire excessive pendant la 1ère GM. B – L’étalon de change-or I : le polycentrisme monétaire de l’entre-deux-guerres : lien plus lâche avec l’or grâce aux devises-clés, concurrence entre monnaies, spéculation, abandon rapide dès le début des années 1930. C – L’étalon de change-or II : Bretton Woods : changes fixes à deux paliers, interventions des Banques centrales, rôle du FMI. Système en théorie sécurisant favorisant les échanges internationaux. Création excessive de dollars / à la quantité d’or, dilemme de TRIFFIN, propagation de l’inflation au reste du monde. Politique monétaire des autres pays dépendante de celle des USA, surtout à mesure que la circulation des capitaux s’accroît (triangle de MUNDELL) ; la RFA laisse flotter le DM par rapport au dollar dès 1973. II – L’entrée dans l’ère du flottement à partir des années 1970 montre sa relative victoire A – La nécessité du flottement : il s’impose dans un contexte de mobilité des capitaux et de différences économiques entre pays ; il ne nécessité aucune instance de régulation et permet de traverser les deux chocs pétroliers sans crise majeure B – Les avantages des changes flottants (FRIEDMAN) : C – Le flottement des monnaies non seulement perdure mais progresse : Les agents s’habituent, se couvrent (futures, options), la spéculation de stabilise peu à peu. Mise en flottement de nombreuses monnaies de PED, en majeure partie suite à des crises monétaires et financières dues aux changes fixes : crise asiatique de 1997, crise russe de 1998, crise brésilienne en 1999, crise argentine en 2001-2002. III – Pourtant, le désir de limiter le flottement reste présent A - La recherche de zones cibles dans les PD au milieu des années 1980 : Instabilité des taux de changes (surréaction, bulle spéculative), mésalignement, exemple du $ de 1981 à 1985 et des effets pervers ; accords du Plaza et du Louvre de 1985 et 1987, recherche de zones cibles (WILLIAMSON). B – La recherche de la stabilité des changes en Europe : Le SME a su perdurer de 1979 à 1999 grâce à un certain nombre de différences par rapport à Bretton Woods : l’étalon de référence était un panier de monnaies, le pays leader avait une faible inflation (RFA), symétrie dans les interventions des Banques centrales et solidarité via le FECOM. Avec l’euro, changes vraiment fixes, plus de spéculation, plus de dévaluation possible. C – La volonté de contrôler les taux de change de la part des PED : Ancrage sur le dollar US pour obtenir plus de stabilité monétaire, comme à Hongkong ; contrôle des changes et monnaie inconvertible en Chine. Conclusion : Bilan : les changes fixes peuvent être encore un bon système, sous des conditions strictes: choix rigoureux de l’étalon de référence, économie flexible, changes vraiment fixes et non à crémaillère, conditions des ZMO. Comme elles ne sont pas souvent réunies et que la mobilité internationale des capitaux est très élevée, il semblerait qu’aujourd’hui « les changes flottants sont le pire des systèmes à l’exception de tous les autres » comme le disait RUBIN, ancien secrétaire d’Etat au Trésor américain. Ouverture : le passage au flottement n’a pas empêché le $ de demeurer la monnaie internationale. Ses fluctuations continuent d’être toujours aussi déterminantes pour les autres pays. 2-Plan thématique Bien qu’on oppose généralement les régimes de parités fixes et de parités flottantes, ils appartiennent en réalité à la même famille, fondée sur une conception libérale d’un ordre économique mondial. Dans le 1er cas, les autorités monétaires déterminent leurs objectifs de politique monétaire et laissent le marché des changes s’ajuster librement, abandonnant toute gestion de la valeur externe de la monnaie. Dans le 2nd cas, c’est l’inverse : les autorités s’astreignent au maintien d’une certaine parité externe et la politique monétaire est totalement asservie à la contrainte de change : la croissance des agrégats monétaires est déterminée pas les mouvements de la balance des paiements. Dans les 2 cas, il ne peut en théorie y avoir de conflits entre objectifs monétaires internes et externes, on choisit l’un ou l’autre, on ne peut jouer sur les 2 registres à la fois. Tout autre est le système des parités rampantes (« crawling peg ») ou des changes fixes ajustables où les parités peuvent varier en fonction du taux d’inflation. Quant le taux de change se rapproche des limites autorisées, la Banque centrale intervient en modifiant ses taux d’intérêt. Ce régime est généralement considéré comme une variante des changes fixes, c’est une erreur. Il appartient à un univers radicalement différent ; car il laisse une place prépondérante aux outils de gestion interventionnistes des autorités monétaires. I – Le système des changes fixes avec parités rampantes n’est pas viable à long terme dans un univers où les capitaux sont mobiles Ce type de régime de changes est rassurant pour les gouvernements, ils disposent d’un levier d’action. Cependant, il a toujours échoué à plus ou moins brève échéance. A – Cas de Bretton Woods : Ce système a sombré dès 1968-1971. Instabilité des taux de change (nombreux ajustements monétaires, spéculation), dépendance à l’égard de la politique monétaire américaine (inflationniste). B – Cas du SME : Ce système a connu certains défauts de BW, mais moins grave (politique monétaire allemande peu inflationniste, symétrie dans les charges d’ajustement des taux de change, coopération économique et monétaire). Cependant il a connu des crises graves (1992-1993) et ses inconvénients (ajustement nombreux, dépendance monétaire vis à vis de l’Allemagne) ont poussé à l’adoption de l’euro. C – Cas des PED : Echec des crawling peg : ex de la crise asiatique (1997). Taux d’inflation différent du pays à monnaie clef, relations commerciales parfois faibles avec le pays à monnaie clef, faible flexibilité de l’économie. Transition : ces systèmes n’ont de fixes souvent que le nom, ils sont soumis aux interventions discrétionnaires des autorités monétaires. De vrais changes fixes sont préférables II – Le système des changes fixes est un bon système en théorie mais contraignant A – L’étalon-or : la contrainte métallique B – Les currency board : exemples de Hongkong et de l’Argentine et les enseignements C – La monnaie unique européenne : problème actuel des « PIGS » qui ne peuvent dévaluer Transition : choix de l’étalon crucial, les contraintes peuvent devenir parfois très lourdes à supporter. III – En définitive, le flottement est souvent préféré pour sa souplesse A – Le flottement succédant aux changes fixes, on peut penser qu’il est supérieur : argument de la concurrence (HAYEK), le meilleur système s’impose ; il ne nécessite aucune instance de régulation, aucun pays leader ; il est mieux adapté à un univers de mobilité des capitaux B – Le flottement possède de nombreux atouts montrés par FRIEDMAN, en particulier l’autonomie de la politique monétaire (métaphore avec la queue du chien) C – Cependant, il n’est pas sans risques : bulles spéculatives, surréaction du change, volatilité des cours préjudiciable au commerce et facteur potentiel de protectionnisme ; risque d’inflation en cas de politique laxiste concertée des banques centrales (cartellisation des banques centrales) 3-Plan thèse/antithèse/synthèse ILes avantages et inconvénients des changes fixes IIL’essor des changes flottants, et leur succès relatif III- L’Histoire n’a pas totalement tranché Cette dernière partie sera nourrie des arguments suivants : les deux systèmes n’ont pas été appliqués de manière pure (place asymétrique de la Grande Bretagne au 19ème, flottement impur aujourd’hui), le non respect par les banques centrales des règles qu’elles avaient fixées, des durées d’existence fort différentes qui rendent la comparaison malaisée (changes fixes : 150 ans ; changes flottants : 35 ans), le choix de l’étalon de référence en changes fixes, le degré de mobilité des capitaux, de flexibilité du pays.