Concept d`entraînement : La Vitesse Aérobie Maximale - KS
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Concept d`entraînement : La Vitesse Aérobie Maximale - KS
Concept d’entraînement : La Vitesse Aérobie Maximale par Karoly SPY Au sein du processus d’entraînement, athlètes et entraîneurs utilisent généralement le concept de Vitesse Aérobie Maximale (VAM) ou Vitesse Maximale Aérobie comme vitesse étalon pour définir et préconiser les intensités d’exercice. Depuis la popularisation du test VAMEVAL (Vitesse Aérobie Maximale Evaluation) de G. Cazorla (1990), qui a permis au plus grand nombre d’accéder facilement à l’évaluation de cette vitesse sur le terrain, celleci est devenue essentielle voir même incontournable dans le monde de l’entraînement au sein de notre hexagone. Revue de questions sur cette fameuse Vitesse Aérobie Maximale. A QUOI CORRESPOND LA VITESSE AEROBIE MAXIMALE ? La Vitesse Aérobie Maximale correspond à la vitesse minimale d’atteinte du VO²max, elle est sous l’influence de 2 paramètres différents (Mac Cormack, 1991) : 1. Le VO²max – qui correspond au volume maximal d’oxygène qu’un individu peut consommer au niveau musculaire durant un exercice physique. Celui-ci est un des paramètres les plus importants pour performer dans les sports de longue durée (cf. figure 1). En effet, durant une activité physique intense et de longue durée, l’organisme a besoin d’oxygène pour resynthétiser l’ATP, à partir des substrats énergétiques issus de l’alimentation (glucides, lipides voir en cas extrêmes des protéines), pour fournir l’énergie nécessaire à la contraction musculaire. Pour faire simple, durant une activité physique un athlète qui consommera une quantité élevée d’oxygène au niveau musculaire re-synthétisera une plus grande quantité d’ATP et produira donc plus d’énergie. 2. L’Economie de Course (EC) – qui correspond à la quantité d’énergie consommée par unité de temps ou de distance parcourue. Au sein de l’élite mondiale les athlètes ont des valeurs de VO²max très proches, par contre les vitesses moyennes maintenues lors des records du monde sont sensiblement différentes. Cette grande disparité provient essentiellement des différences importantes observées au niveau du coût énergétique de course. LE SAVIEZ-VOUS ? Le VO²max est décrit par l’équation de Fick : VO2= Qc x (CaO2- CvO2) OU QC représente le débit cardiaque qui est le produit de (Fréquence Cardiaque x Volume d’Ejection Systolique), CaO2 et CvO2 les contenus artériels et veineux en oxygène. Figure 1 Di Prampero, 2003 METHODE DE DETERMINATION La recherche en physiologie de l’exercice a mis en évidence l’existence d’une relation linéaire entre l’évolution de la consommation d’oxygène (VO²) et l’intensité de l’exercice (Margaria & coll, 1965) [cf. figure 2]. A partir de ce constat, différents tests d’évaluation en laboratoire ou sur le terrain ont été mis au point, chacun proposant divers protocoles. Liste non-exhaustive des principaux protocoles utilisés : Progressif maximal continu – dit Triangulaire : Protocole qui consiste à augmenter progressivement l’intensité de l’exercice par palier d’effort sans pause entre les changements d’intensités. Figure 2 Progressif maximal intermittent : Protocole qui consiste à augmenter progressivement l’intensité de l’exercice par palier d’effort entrecoupé de palier de récupération permettant d’étudier plus précisément la cinétique de la fréquence cardiaque et de la lactatémie. Exemple d’un test avec protocole triangulaire Nom du test : VAMEVAL Matériel : Piste multiple de 20m (minimum 200m) Un plot tous les 20m Protocole : Durée du palier d’effort : 1’ Accélération par palier d’effort : 0,5 Km/h Intervalle des signaux sonores : 20m Exemple d’un test avec protocole progressif maximal intermittent Nom du test : VAUSSENAT Matériel : Piste multiple de 50m (minimum 200m) Un plot tous les 50m Protocole : Phase 1 – de 10 à 14 Km/h o Durée du palier d’effort : 3’ o Accélération du palier d’effort : 2 Km/h o Durée du palier de récupération : 30’’ Phase 2 – de 15 Km/h jusqu’à l’intensité maximale o Durée du palier d’effort : 3’ o Accélération par palier d’effort : 1 Km/h Durée du palier de récupération : 30’’ LES INTENSITES D’EXERCICE EN FONCTION DE LA VAM Exemple pour un athlète ayant une VAM de 20 Km/h Zone Z1 Z2 Z3 %VAM <50% 60-70% 70-80% Impact Physiologique Echauffement/ Récupération Entraînement Continu Lent Entraînement Continu Rapide Z4 85-90% Fraction d’Utilisation du VO²max Z5 95-105% Zone optimale de développement du VO²max Z6 Z7 Z8 110% 120% 140% Supramax Aérobie Supramax Anaérobie Vitesse Maximale (Sprint) Exemple de séance Footing 1h30’ à 12 Km/h 45’ à 16 Km/h 2x (20’ à 17 Km/h)/ r 5’ entre 10 et 12 Km/h 4x (1500m à 18 Km/h)/ r 1’ à 10 Km/h 10x (2’ à 19 Km/h)/ r 1’ à 10 Km/h 4x (2’30’’ à 20 Km/h)/ r 2’30’’ à 10 Km/h 2x (24x 15’’ à 21 Km/h)/ r 15’’ marche – R 3’ à 10 Km/h 2x (10x 30’’ à 22 Km/h)/ r 15’’ à 10 Km/h – R 3’ à 10 Km/h 2x (4x 1’ à 24 Km/h)/ r 3’ à 10 Km/h – R 10’ 3x (4x 150m en vite-lent-vite, décomposé en 50m à 28 Km/h + 50m <10 Km/h + 50m à 28 Km/h)/ r 3’ marche – R 10’ à 10 Km/h r = récupération inter-répétitions / R = Récupération inter-séries LES LIMITES DU CONCEPT DE VAM La valeur de Vitesse Aérobie Maximale obtenue à la suite d’un test de terrain, sans analyse des échanges gazeux, est à manier avec quelques précautions pour optimiser la calibration des intensités d’exercice. En effet, différents éléments peuvent venir fausser le résultat et ainsi donner de mauvaises indications à l’entraîneur. La durée et l’intensité des paliers d’effort : Au sein d’un protocole d’effort à charge croissante (test progressif maximal), permettant de déterminer la Vitesse Aérobie Maximale, il est important de prendre en compte la durée des paliers d’effort ainsi que l’accélération entre chaque palier d’effort. Les protocoles avec des paliers d’effort trop court (<1’) induisent une Vitesse Maximale (Vmax) supérieure à Vitesse Aérobie Maximale. A l’inverse avec des paliers d’effort trop long (>3’) la Vmax est inférieure à VAM (cf. figure 3). De même, une accélération trop importante de la vitesse entre chaque palier d’effort peut également fausser la valeur de VAM. La durée optimale des paliers d’effort serait de 2’ avec une accélération d’un km/h (Léger, 1998). Le profil métabolique de l’athlète : Lors d’un test de détermination de la VAM sur le terrain, sans analyse des échanges gazeux, l’entraîneur ne peut pas avoir la certitude que son athlète a atteint ou non VO²max. Cela peut avoir des conséquences dans la mise en place des allures d’exercice et surtout dans la gestion de la charge de travail. Un athlète spécialiste du demi-fond (800m, 1500m), grâce à sa bonne capacité lactique lui permettant de résister à une acidose intramusculaire élevée, aura la faculté d’augmenter l’intensité d’exercice au-delà de VO²max (ceci est d’autant plus vrai lorsque le protocole du test utilise des paliers d’effort court). Le résultat du test en sera donc faussé avec une VAM surévaluée. Il en découlera certainement pour lui une difficulté à réaliser des séances types de développement du VO²max (style 5x 800m à 100% VAM – r = tps W à 50% VAM) avec une réponse individuelle à la charge d’entraînement modifiée, ce qui engendrera fatigue accrue, faible progression à long terme ou encore démotivation. A l’inverse les athlètes plutôt typé marathonien pourront avoir le souci inverse avec une VAM sous-estimé de part un potentiel lactique plus faible. LE SAVIEZ-VOUS ? L’atteinte du VO²max est validée par des critères objectifs : Figure 3 Empruntée à Luc Léger Observation d’un plateau de VO² alors que l’intensité de l’exercice peut encore augmenter avant l’épuisement (concept actuellement remis en cause). S’il n’y a pas d’observation de plateau de VO² on parle de VO²pic et donc de Vitesse à VO²pic. Un taux de lactate sanguin >8 mmol.l-1 Un quotient respiratoire >1,10 L’atteinte d’une Fréquence Cardiaque maximale (FCmax) théorique PERSPECTIVES Pour réduire au maximum les limites engendrées par le protocole indirect et/ou le profil de l’athlète, il est conseillé de valider la valeur de VAM obtenue par différents tests de performance qui permettront de construire le profil métabolique complet de l’athlète : Un test de vitesse maximal sur 80m qui permettra d’obtenir la Vitesse de Réserve Anaérobie (RV an) pour calibrer les séances intermittentes en supramax aérobie. Un test de 30’’ ou 200m, type Wingate, pour évaluer la puissance du métabolisme anaérobie lactique. Un test de Temps Limite à 100% de VAM (TLIM100) qui consiste à maintenir l’intensité cible le plus longtemps possible jusqu’à épuisement. Ce test est très important car il va permettre de valider de manière indirecte la valeur de VAM obtenue à la suite du test de terrain. En sachant que la durée moyenne d’un TLIM100 se situe entre 4’ et 6’ (Billat et al, 1996), il est possible d’invalider la valeur de VAM en fonction des résultats si ceux-ci ont des valeurs de temps extrêmes (<2’30’’ ou >10’). Un test de performance sur un 10 Km plat et mesuré pour jauger l’endurance aérobie de l’athlète. Il est important de souligner que les résultats obtenus sur ces différents tests pourront également permettre de calibrer les séances intermittentes. En savoir plus sur le profil métabolique ? LE SAVIEZ-VOUS ? L’endurance aérobie est définie comme la capacité de maintenir le plus longtemps possible un % élevé de VO²max ou VAM. Elle peut être appréciée le % de maintien de la VAM sur une distance donnée Exemple : La VAM de l’athlète est de 20 Km/h Celui-ci parcourt 10 Km en 34’ (soit 2040’’) Calcul de la vitesse moyenne de course soit 10x3600 : 2040 = 17,65 Km/h Calcul de l’indice d’endurance 17,65 x 100 : 20 = 88,25% Le % moyen de la VAM sur 10 Km se situe entre 85 et 90% On peut donc considérer que cet athlète possède une bonne endurance aérobie et qu’il sera préfèrable pour lui de développer les autres déterminants de la performance (cf. figure 1). CONCLUSION BIBLIOGRAPHIE La connaissance de la Vitesse Aérobie Maximale permet, théoriquement, de situer l’intensité optimale d’exercice qui permettra de cibler le développement d’un déterminant de la performance. Billat et al. A comparaison of time to exhaustion at VO²max in elite cyclists, kayak paddlers, swimmers and runners. Ergonomics, 39: 267-277, 1996. Cette valeur est intéressante pour calibrer les séances d’IT mais elle est à manier avec certaines précautions. Il faut garder à l’esprit que la valeur de VAM obtenue est fortement dépendante du protocole utilisé. Pour utiliser au mieux le concept de Vitesse Aérobie Maximale il est souhaitable de créer le profil métabolique propre à chaque athlète en utilisant les performances de terrain. Cazorla G. Tests de terrain pour évaluer la capacité aérobie et la vitesse aérobie maximale. Actes du colloque international de la Guadeloupe. Edts : Actshng & AREAPS, pp. 151-173, 1990. Di Prampero PE. Factors limiting maximal performance in humans. Eur J Appl Physiol, 90 : 420-429, 2003. Léger L et al. Optimization of progressive and continuous aerobic testing protocols. Can J Appl Physiol 1998; 23: 491. MacCormack et al. (1991) Metabolic determinants of 1-mile run/walk performance in children. Medicine ans Sciences in Sports and Exercise 23 (5), 611-617. Margaria R et al. Indirect determination of maximal 02 consumption in man. J. Appl. Physiol., 1965, 20, 1070-1073.