Mise à jour sur le sepsis et le choc septique
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Mise à jour sur le sepsis et le choc septique
Mise à jour sur le sepsis et le choc septique Rédigé par Diane Poirier, MD, M. Sc., chef du service des soins intensifs du CSSSR, et Andrée-Anne Jobin, B. Pharm., M.Sc., pharmacienne à l'unité des soins intensifs de L'Hôtel-Dieu de Québec du CHUQ. Révision scientifique : Josée Ricard, B. Pharm., M. Sc., pharmacienne au CHUQ Cas clinique M. Eymard, 77 ans, se présente à l’urgence ce vendredi soir 20 h pour de l’agitation, une température à 39 ºC, un pouls à 110 battements/min et une tension artérielle (TA) à 85/55. Il a subi une cystoscopie ce matin vers 10 h. Le patient est connu pour une hypertension, une insuffisance rénale chronique (créatinine à 150 µmol/L) et une anémie (Hb à 98). Est-ce un sepsis sévère ? Que faites-vous ? Objectifs pédagogiques ✓ Définir le SRIS, le sepsis et le choc septique; ✓ Reconnaître les paramètres importants pour le suivi de ces infections; ✓ Comprendre la pharmacothérapie du choc septique. Publié grâce à une subvention sans restrictions de Un peu d’épidémiologie Aux États-Unis, il y a environ 750 000 cas de sepsis par an et 75 000 cas au Canada1. La mortalité varie entre 18 % et 30 % selon les études, soit 215 000 décès annuels, alors qu’elle est de l'ordre de 40 à 70% chez les patients en choc septique2. Elle aurait diminué ces dernières années malgré une augmentation de l’incidence du sepsis, laquelle a triplé au cours de la même période1. Le risque relatif est un peu plus élevé chez l’homme (risque relatif [RR] annuel: 1,28), chez les non-Caucasiens et surtout chez les personnes de plus de 65 ans (RR 13,1). Les autres facteurs de risque sont associés à certaines comorbidités telles VIH (RR 5,1), cancer (RR 2,8), cancer hématologique (RR 15,7) et cirrhose hépatique (RR 2,6), ou à des interventions médicales : cathéters centraux (RR 64) et transfusions sanguines (RR 6)2. Le nombre des sepsis causés par des infections fongiques a augmenté de 207 % aux États-Unis et les infections à Gram positif sont prédominantes depuis 1987. Le sepsis est parmi les 10 premières causes de décès aux États-Unis. La durée moyenne d’hospitalisation est de 20 jours et le coût hospitalier grimpe à 16 milliards $ (excluant les coûts post-hospitaliers). Au Canada, cela représente environ 1,5 milliard $ par an. Un peu de sémantique Afin d’éviter toute confusion, il est important de faire la distinction entre le syndrome de réponse inflammatoire systémique (SRIS), le sepsis, le sepsis sévère et le choc septique (voir tableau I). Le consensus de 1992 définit chaque terme à partir de critères objectifs précis3. En 2001, on a modifié discrètement la définition du terme sepsis afin d’en faciliter le diagnostic4. Le sepsis est maintenant défini comme une infection prouvée ou suspectée combinée à la présence de certains signes: cliniques, inflammatoires, d’instabilité hémodynamique, atteinte viscérale ou hypoperfusion tissulaire. Ces modifications ont permis d’augmenter la sensibilité pour le dépistage du sepsis, mais elles ont toutefois diminué sa spécificité. Depuis 2001, la plupart des études réfèrent toujours aux définitions de 1992, car les critères, mieux établis et plus spécifiques, facilitent les discussions et les comparaisons (tableau II)3. Environ les deux tiers des patients avec un choc septique se sont présentés initialement en sepsis, ce qui montre l’importance d’une détection précoce de ce continuum. La prise en charge rapide Il faut intervenir dans le sepsis aussi énergiquement que dans la prise en charge de l’infarctus aigu du myocarde, de l’accident vasculaire cérébral (AVC) ou d'un patient polytraumatisé. Cette recommandation se base sur deux références majeures, soit l’étude de Rivers et les lignes directrices sur le sepsis, Surviving Sepsis Campaign dont une mise à jour a été publiée en 2008. Dans son étude, Rivers conclut qu’une intervention précoce et énergique du sepsis sévère permet de diminuer la mortalité intrahospitalière de 16 % et la mortalité à 28 jours de 15,9%5. Ces diminutions de mortalité ont été obtenues en assurant une réplétion liquidienne intensive (soit 3 à 4 litres en moyenne de cris- talloïdes) afin d’atteindre, dans les six premières heures suivant la reconnaissance d’un sepsis sévère ou d’un choc septique, les objectifs suivants : c Tension veineuse centrale (TVC) : 8-12 mmHg c Tension artérielle moyenne (TAM) > ou = 65 mmHg c Saturation veineuse centrale en oxygène (ScvO2) > 70 % c Diurèse > 0,5 ml/kg/h Les colloïdes peuvent également être utilisés.6 Si, après une réanimation liquidienne adéquate, la TAM demeure sous les 65 mmHg, l’ajout d’un vasopresseur doit être considéré (tableau III). La norépinéphrine est le vasopresseur de choix. Par le biais de son effet α-agoniste prédominant, elle augmente les résistances vasculaires périphériques de même que la tension artérielle. La dopamine est aussi recommandée afin de maintenir une tension artérielle adéquate. Son effet est variable selon la dose utilisée. La TAM et le débit cardiaque augmente puisque le volume d’éjection et la fréquence cardiaque sont augmentés par une stimulation β-1 agoniste reliée à la dose. L’utilisation de doses de plus de 5 à 10 µg/kg/min apporte également à la dopamine un effet α-agoniste pour maintenir la TAM. Elle est moins utilisée dans les soins intensifs car, en augmentant la fréquence cardiaque, elle a tendance à favoriser www.ProfessionSante.ca | cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | avril 2010 1 Tableau I Comment distinguer SRIS, sepsis, sepsis sévère et choc septique3 4 SRIS Au moins deux des paramètres suivants (2/4) : • T ºC > 38 ºC ou < 36 ºC; • Fréquence cardiaque > 90 batt/min (sauf si le patient prend des ß-bloquants ou des bloqueurs calciques); • Fréquence respiratoire > 20/minute ou PaCO2 < 32 (si intubé); • Globules blancs > 12 000/µL ou < 4000/µL ou > 10 % de formes immatures. SEPSIS SEPSIS SÉVÈRE Infection documentée ou suspectée + signes parmi les suivants : Signes cliniques : • Fièvre (T > 38,3 ºC) • Hypothermie (T < 36 ºC) • Fréquence cardiaque >90 batt/min ou > 2 DS pour l’âge • Tachypnée (fréquence respiratoire > 20/min) • Altération de l’état de conscience • Œdème ou bilan ingérés/excrétés positif (> 20 mL/kg pour 24 heures) • Hyperglycémie (> 7,7 mmol/L) sans diabète Signes inflammatoires : • Leucocytose (GB > 12 000/µL) ou > 10 % de formes immatures • Leucopénie (GB < 4000/µL) • Protéine C réactive > 2 DS de la valeur normale • Procalcitonine > 2 DS de la valeur normale État hémodynamique : • Hypotension artérielle (TAS < 90 mmHg ou TAM < 65 mmHg ou diminution de la TAS de plus de 40 mmHg) • ScvO2 (saturation veineuse centrale) > 70 % • Index cardiaque > 3,5l/min/m2 CHOC SEPTIQUE Sepsis + une défaillance d’au moins un organe* : Choc • SNC: delirium, agitation • CVS: vasopresseurs malgré une réanimation liquidienne adéquate (30 mL/kg: 1,5-3 litres de cristalloïdes; 500 mL q 15 min) • Respiratoire: PaO2/FiO2 < 300 ou SaO2 < 90 % ou PaO2 < 70 mmHg • Hépatique: hyperbilirubinémie et augmentation des transaminases • Hématologique: plaquettes < 80-100 000/µL, INR > 1,5, PTT > 60 sec, CIVD*** • Rénale: insuffisance rénale aiguë, débit urinaire < 0,5 mL/kg/h C’est la présence d’une hypoxie tissulaire globale secondaire à un déséquilibre entre la livraison d’O2 et sa demande. ou une hypoperfusion ou une hypotension: •Hypoperfusion tissulaire: Lactate > 2 mmol/L, acidose métabolique (pH < 7,3, EB** ³ 5) * La défaillance d’organe est inspirée du SOFA (sequential organ failure assessment). ** EB : excès de base *** CIVD : coagulation intravasculaire disséminée Choc septique • Présence d’un sepsis • Hypotension réfractaire: TAS < 90 mmHg ou TAM (tension artérielle moyenne) < 65 mmHg ou une baisse de 40 mmHg de la TAS. Cette hypotension ne répond pas à un challenge de liquides (20 à 40 mL/kg de cristalloïdes). • Le besoin d’ajouter un vasopresseur après une réanimation liquidienne adéquate. Signes d’atteinte viscérale : • Hypoxémie artérielle (PaO2/FiO2 < 300) • Oligurie aiguë (diurèse horaire < 0,5 mL/kg/h) • Augmentation de la créatinine sérique de plus de 44,8 µmol/L • Trouble de la coagulation (RNI > 1,5 ou PTT > 60s ) • Iléus (absence de péristaltisme) • Thrombocytopénie (plaquettes < 100 000/µL) • Bilirubine plasmatique totale (> 34,2 mmol/L) Signes d’hypoperfusion tissulaire : • Augmentation des lactates (> 2 mmol/L) • Diminution du remplissage capillaire (> 2 secondes) Tableau II Définitions3 Bactériémie (ou fongémie) : Correspond à la présence de bactéries viables (ou champignons) dans le sang, mise en évidence par des hémocultures positives Sepsis : SRIS + présence d’une infection confirmée ou présumée* Sepsis sévère : Sepsis + défaillance d’au moins un organe ou d’une hypoperfusion ou d’une hypotension Sepsis induisant une hypotension: Sepsis + tension artérielle systolique < 90 mmHg ou une TAM (tension artérielle moyenne) < 65 mmHg ou une diminution de ³ 40 mmHg de la valeur de base de la TAs en l’absence d’une autre cause d’hypotension et répondant à la réanimation liquidienne * Infection prouvée ou suspectée : Culture positive ou Gram positif pour la présence de bactéries (p. ex. sur des expectorations) ou présence de globules blancs dans un liquide corporel normalement stérile (p. ex. liquide céphalorachidien) ou évidence radiologique d’une infection (p. ex. pneumonie) ou signes cliniques d’infection (signes d’irritation péritonéale, méningée, etc.). l’apparition d’arythmies qui, malheureusement, peuvent contribuer à l’instabilité du patient7. La vasopressine cause une vasoconstriction directe qui permet un maintien de la TA. Son utilisation, à débit fixe, permet de diminuer l’utilisation des autres vasopresseurs en présence d’un choc septique réfractaire. Aucun avantage sur la mortalité n’a été rapporté avec la vasopressine8. Selon Rivers, si la ScvO2 est < 70 % après stabilisation de la TAM et de la TVC, il faut envisager l’utilisation d’un agent inotrope (dobutamine) ou transfuser le patient si la valeur de son hématocrite est < 30 % (ou hémoglobine < 100 g/L)5. Face aux effets indésirables possibles des transfusions, plusieurs médecins limiteront leurs transfusions à des valeurs d’hémoglobine bien inférieures (70-90 g/L). Les nouvelles recommandations de 2008 vont dans ce sens6. Lorsque les mécanismes de compensation sont dépassés dans le choc, on passe en mode anaérobique et les lactates augmentent. Cette augmentation est un reflet de l’hypoxie tissulaire. La valeur initiale des lactates a été associée à la mortalité selon certaines études. Leur normalisation doit donc être faite le plus rapidement possible9 10 11. 2 Les antibiotiques La prescription d’une antibiothérapie efficace demeure un élément clé dans le traitement du choc septique. Kumar et coll., par le biais d’une étude rétrospective chez 2154 patients avec une hypotension persistante ou récurrente, ont démontré qu’après une réplétion liquidienne adéquate, la mortalité intra-hospitalière augmente de 7,6 % à chaque heure avant l’initiation d’un traitement antibiotique adéquat12. La survie était de 79 % si l’antibiotique était administré dans la première heure suivant l’hypotension alors qu’elle était diminuée à 42 % lorsque l’antibiotique était administré dans la sixième heure. Les recommandations actuelles sont donc de débuter un antibiotique efficace dans les plus brefs délais, idéalement dans la première heure suivant l’apparition d’une hypotension documentée6. Le prélèvement des hémocultures ne doit pas retarder le début du traitement antibiotique même s’il est préférable de les obtenir avant le début du traitement. Une autre étude a également démontré que l’utilisation d’une antibiothérapie inappropriée chez les patients avec un choc septique augmente de cinq fois le risque de mortalité intrahospitalière13. Cette étude a également rapporté que 20 % des 5715 patients inclus ont reçu une cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | avril 2010 | www.ProfessionSante.ca antibiothérapie inadéquate, ce qui nous rappelle l’importance de traiter empiquement avec un antibiotique à large spectre, voire en utilisant deux ou trois antibiotiques simultanément. Le choix initial de l’antibiothérapie devra être orienté selon l’infection suspectée ou documentée. Différentes options de traitement sont illustrées au tableau IV. On doit également prendre en compte, dans le choix de l’antibiothérapie, la prise d’antibiotiques dans les trois derniers mois, le statut d’immunocompétence du patient, l’acquisition nosocomiale de l’infection, la flore bactérienne locale de même que sa sensibilité6. L’utilisation d’un antifongique peut également être considérée lorsque plusieurs facteurs associés à une candidose invasive sont présents : chirurgie récente (principalement intestinale), utilisation de nutrition parentérale, utilisation d’antibiotiques large spectre et durée de leur utilisation, présence d’un cathéter veineux central, patient sous dialyse, patient au soins intensifs et patient colonisé à Candida14. Malgré la présence d’une insuffisance rénale aigüe chez plusieurs patients en choc septique, l’utilisation d’une première dose non ajustée, voire les premières 24 heures à dose standard, est justifiable afin de s’assurer que les concentrations obtenues au site de l’infection soient adéquates. L’ajustement des doses devra toutefois être fait selon l’évolution du patient afin de ne pas causer des effets indésirables secondaires au traitement antibiotique. De plus, le traitement antibiotique, la dose et la posologie doivent être réévalués quotidiennement afin d’assurer un traitement optimal et permettre également de rétrécir le spectre d’activité du traitement antibiotique lorsque la bactérie de même que sa sensibilité sont connues6. La durée du traitement antibiotique dépendra de l’infection qui a causé la survenue du choc de même que du pathogène en cause et peut varier de 7 à 10 jours en général. Elle peut toutefois se prolonger en présence d’une infection compliquée. Il ne faut pas oublier les interventions essentielles en présence de certaines infections: chirurgies, drainage, débridement, retrait d’un corps étranger, prothèse, cathéter6. Les corticostéroïdes L’utilisation des corticostéroïdes dans le choc septique reste controversée à l’heure actuelle. Leur utilisation origine du fait que le sepsis est associé à une production importante de cytokines inflammatoires, celles-ci pouvant mener à une insuffisance surrénalienne. De plus, l’utilisation de médicaments pouvant causer une insuffisance surrénalienne tel le kétoconazole ou l'étomidate sont parfois utilisés dans cette population15. Les premières études, utilisant des corticostéroïdes à haute dose (> 300 mg par jour d’hydrocortisone), n’ont pas montré davantage de survie et même plutôt un effet délétère selon certaines d'entre elles. Leur utilisation n’est pas recommandée6. L’utilisation de doses plus faibles de corticostéroïdes a donc été étudiée. L’étude de Annane, au début des années 2000, a comparé l’utilisation d’hydrocortisone 50 mg intraveineux aux 6 heures et la fludrocortisone 50 µg per os aux 24 heures au placebo chez les patients toujours en choc septique malgré un traitement vasopresseur pendant plus d’une heure et ce, malgré une réplétion liquidienne adéquate16. Le traitement devait être débuté dans les huit premières heures suivant le début du choc. Cette étude a rapporté une diminution de la mortalité à 28 jours (53 % contre 63 %) chez les patients non répondeurs à un test de stimulation à l’ACTH, donc en présence d’une insuffisance surrénalienne relative. Dans cette même population, un sevrage plus rapide des vasopresseurs a été observé (7 contre 10 jours). Chez les patients répondeurs, donc sans insuffisance surrénalienne relative, aucun avantage n’a été noté sur la mortalité et sur le sevrage des vasopresseurs. Aucune différence significative entre le groupe traitement et le groupe placebo n’a été observée en ce qui concerne les effets indésirables16. Cette étude a cependant été critiquée puisque l’étomidate a été utilisé chez 72 patients Tableau III Différents vasopresseurs et amines utilisés dans le traitement du choc septique Doses utilisées Fréquence Débit cardiaque cardiaque Résistances vasculaires périphériques Tension artérielle Arythmies Noradrénaline 1 µg/min Ajuster selon la réponse ad 8-30 µg/min - - +++ +++ + Dopamine 5 µg/kg/min Ajuster selon la réponse ad max 50 µg/kg/min ↑ avec la dose ↑ avec la dose ↑ avec la dose ↑ avec la dose ++ Dobutamine 2.5-20 µg/kg/min Ajuster selon la réponse ad max 40 µg/kg/min + +++ +/- +/- +/- Vasopressine 0,04 U/min Vasocontriction directe Tableau IV Différentes options d’antibiotiques selon le type d’infection*14 Type d’infection Exemples de choix d'antibiotiques Intra-abdominale Ertapénem 1g IV q24h Pipéracilline-tazobactam 3,375g IV q6h Ciprofloxacine 400 mg IV q12h + métronidazole 500 mg IV q8h Méropénem 1g IV q8h Tigécycline 100 mg IV X1 puis 50 mg IV q12h Pulmonaire Ceftriaxone 2 g IV q24h + azithromycine 500 mg IV q24h Moxifloxacine 400 mg IV q24h Pipéracilline-tazobactam 4,5g IV q6h Linézolide 600 mg IV q12h Infection de cathéter SASM connu Bacille gram négatif suspecté Cloxacilline 2 g IV q4h Ceftriaxone 1-2 g q24h Urinaire Gentamicine selon poids de dosage + fonction rénale + ampicilline 2 g IV q6h Ciprofloxacine 400 mg IV Q8-12h Méningite Ceftriaxone 2g IV q12h + vancomycine 30 mg/kg IVq8-12h (creux 15-20) + / - ampicilline Méropénem 2g IV q8h SARM Vancomycine bolus de 25-30 mg/kg IV puis 15- 20 mg/kg IV Q8-12h Viser creux entre 15 – 20 Linézolide 600 mg IV q12h Candidémie Fluconazole 800 mg IV X1 puis 400 mg IV DIE Caspofongine 70 mg IV X1 puis 50 mg IV q24h * Choisir l’antibiotique selon le pathogène suspecté et a causé une insuffisance surrénalienne chez 68 d’entre eux. En 2008 est parue CORTICUS, une étude multicentrique, randomisée, à double insu, comparant l’hydrocortisone 50 mg intraveineux aux 6 heures pour 5 jours suivi d’un sevrage pour 6 jours au placebo chez 499 patients17. Les patients inclus devaient être en choc septique depuis moins de 72 heures et devaient avoir une hypotension persistant plus d’une heure malgré une réplétion liquidienne ou l’administration d’un vasopresseur. Aucune diminution significative de la mortalité à 28 jours n’a été observée, autant chez les patients avec une insuffisance surrénalienne relative (39,9 % contre 36,1 %) que dans le groupe répondant à un test de stimulation à ACTH (28,8 % contre 28,7 %). Une correction plus rapide de l’hémodynamie a été observée dans le groupe traité avec l’hydrocortisone, mais un taux de complication infectieuses plus élevé (33 % contre 26 %) de même que la survenue d'un nouveau choc septique (6 % contre 2 %) a été rapporté17. Le taux de mortalité observé dans le groupe placebo de l’étude CORTICUS étant de beaucoup inférieur à celui du groupe placebo de l’étude de Annane, nous pouvons en déduire que les patients inclus dans cette étude étaient atteints d’une maladie moins sévère et que, dans cette population, les risques à l’utilisation des corticostéroïdes étaient peutêtre supérieurs aux bénéfices. Pour ce qui est du traitement du choc septique avec des corticostéroïdes, les recommandations actuelles suggèrent l’utilisation d’hydrocortisone seulement chez les patients en choc septique chez qui un contrôle hémodynamique n’est pas obtenu avec l’utilisation de vasopresseurs et d’une réplétion liquidienne adéquate (recommandation 2C). Le test de stimulation à l’ACTH n’est pas recommandé (recommandation 2B), l’utilisation de la fludrocortisone est suggéré si un corticostéroïde sans activité minéralocorticoïde est utilisé (recommandation 2C) et le sevrage de la corticothérapie devrait se faire lorsque les vasopresseurs sont cessés (recommandation 2D)6. dans le groupe traitement (réduction du risque absolue de 6,1 %). Un saignement majeur a été observé chez 30 patients dans le groupe protéine C réactive contre 17 patients dans le groupe placebo (p = 0,06) et aucune différence statistiquement significative n’a été détectée concernant les besoins en transfusions sanguines. Les auteurs concluent donc que le traitement avec la protéine C réactive réduit la mortalité à 28 jours, mais peut toutefois augmenter le risque de saignement18. La protéine C réactive était alors recommandée chez les patients en sepsis sévère ayant une mortalité élevée (APACHE II > ou = 25) sans contre-indication relative au saignement ou toute autre condition pour laquelle les risques seraient supérieurs aux bénéfices. L’étude ADRESS voulait vérifier si l’utilisation de la protéine C réactive, aux doses utilisées dans l’étude PROWESS, chez les patients en sepsis sévère à faible risque de mortalité apportait également un avantage sur la mortalité19. Cette étude multicentrique, randomisée, à double insu et contrôlée avec placebo a recruté des patients avec une infection connue ou suspectée et une dysfonction induite par le sepsis touchant au moins un organe, tout en étant à faible risque de mortalité (score APACHE II < 25). Le traitement devait être débuté dans les 48 heures suivant la première dysfonction d’organe. Cette étude, arrêtée prématurément, n’a démontré aucun changement dans la mortalité à 28 jours (18,5 % contre 17 %). Les 2613 patients avaient un score APACHE II moyen de 18 et 65 % de ces patients avaient une dysfonction d’organe. Des saignements majeurs ont été observés chez 3,9 % des patients traités avec la protéine C réactive contre 2,2 % dans le groupe placebo. Les auteurs en arrivent donc à la conclusion que le rapport risques : bénéfices n’était pas en faveur de l’utilisation de protéine C réactive chez les patients avec un sepsis sévère et un faible risque de mortalité (APACHE II < 25 et dysfonction d’un seul organe)19. L’étude ENHANCE, une étude ouverte chez 2378 patients avec les mêmes critères d’inclusion de l’étude PROWESS, rapporte un plus grand bénéfice si le traitement est instauré dans les premières 24 heures (mortalité 22,9 % contre 27,4 %)20. Cependant, les saignements majeurs observés dans l’étude ENHANCE sont supérieurs à ceux observés dans l’étude PROWESS, ce qui entretient la controverse actuelle sur l’administration de la protéine C réactive. Finalement, l’étude RESOLVE a conclu qu’il n’y a pas de bénéfices à donner de la protéine C à la clientèle pédiatrique21. Les recommandations actuelles sur la protéine C sont les suivantes : en présence d’un choc septique à haut risque de mortalité (dysfonction d’organes multiple ou un score APACHE II ≥ 25), l’administration de protéine C réactive peut être considérée (recommandation 2B) s’il n’y a pas de contre-indications. Si une chirurgie a eu lieu dans les 30 derniers jours, la recommandation devient 2C. Chez les patients à faible risque de mortalité, la protéine C réactive n’est pas recommandée6. À ne pas oublier chez les patients en choc septique c c c c Thromboprophylaxie en l'absence de contre-indication Prophylaxie d’ulcère de stress si indiqué Nutrition entérale à privilégier le plus tôt possible s’il n’y a pas de contre-indication à l’utilisation du tube digestif Suivi des glycémies pour s’assurer d’un contrôle adéquat. En conclusion c c c c c c Intervenir précocement Réplétion liquidienne énergique Vasopresseurs : noradrénaline ou dopamine, vasopressine si choc réfractaire Prescrire rapidement et choisir judicieusement l’antibiothérapie Les corticostéroïdes peut-être… si oui, à dose de remplacement La protéine C réactive peut-être… si oui, l’administrer dans les premières 24 heures Retour sur le cas clinique La protéine C réactive Quel est votre diagnostic ? l'objet d’une polémique. En effet, quelques études avec des résultats contradictoires ont été publiées. L’étude PROWESS, interrompue prématurément, a démontré une réduction du risque relatif de mortalité de 19,4 % à 28 jours chez les patients traités avec la protéine C réactive à raison de 24 µg/kg/h pendant 96 heures18. Les gens inclus dans cette étude devaient avoir une infection connue ou suspectée, présenter trois paramètres sur quatre d’un SRIS, de même qu'une dysfonction affectant au moins un organe cible. De plus, le traitement avec la protéine C réactive devait être instauré dans les premières 24 heures suivant la dysfonction des organes. Des 1690 patients randomisés, 24 % avait une dysfonction d’organe alors que 42 % avaient au moins trois dysfonctions d’organes. Le score APACHE II (Acute Physiology And Chronic Heath Evaluation) moyen était de 25. La mortalité à 28 jours dans le groupe placebo était de 30,8 % comparativement à 24,7 % Nous sommes en présence d’un SRIS, car nous avons au moins deux des quatre critères diagnostiques: une T ºC > 38 ºC et une fréquence cardiaque > 90 batt/min. Puisqu’il y a une infection présumée (fièvre post-manipulation urologique), on parle de sepsis. Dans le cas présent, il y a au moins un organe défaillant (neurologique) et nous avons une hypotension (TA systolique < 90 mmHg). Nous sommes donc en présence d’un sepsis sévère (ou grave). Selon la réponse à la réanimation liquidienne (20 à 40 mL/kg de cristalloïdes), on parlera de sepsis sévère avec hypotension ou de choc septique. Pour M. Eymard, le bilan de dépistage pour un patient présentant un SRIS a déjà été fait par l’infirmière. La protéine C réactive (XigrisMD) fait également Quels traitements amorcer ? La première étape est la réanimation liquidienne. Il faut être généreux et viser 20 à 40 ml/kg de cristalloïdes (500 ml chaque 15 à 30 minutes) et débuter rapidement la première dose d’antibiotique. On pourrait donner de la pipéracilline/tazobactam et, selon les cultures, un ajustement sera fait dans les prochaines 48 heures. Si M. Eymard ne répond pas au challenge volémique, il faut envisager les vasopresseurs et l’admettre à l’unité des soins intensifs (USI). À l’USI, un cathéter veineux central et une canule artérielle seront installés pour une surveillance judicieuse des paramètres hémodynamiques (TAM, TVC et ScvO2). La réanimation liquidienne et la prescription de la première dose d’antibiotique sont les deux interventions les plus importantes dans le traitement du sepsis grave et elles doivent être débutées rapidement et efficacement. www.ProfessionSante.ca | cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | avril 2010 3 Questions de formation continue Répondez maintenant en ligne sur www.ProfessionSante.ca Soins intensifs Références Mise à jour sur le sepsis et le choc septique Question 1 1. O’Brien JM, Ali NA, Aberegg SK, Abraham Edward. Sepsis. The American Journal of Medicine. 2007; 120 (12): 1012-1022. 2. Martin GS, Mannino DM, Eaton S et al. The Epidemiology of Sepsis in the United States from 1979 through. NEJM 2003 ; 348 (16): 1546-1554. 3. The ACCP/SCCM Consensus Conference Committee. Chest 1992; 101 (6): 1644-1655. 4. SCCM/ESICMACCP/ATP/SIS. International Sepsis Definitions Conference. Crit Care Med 2003; 31 (4): 1250-1256. 5. Rivers E, Nguyen B, Havstad S et al. 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Question 5 Quel énoncé parmi les suivants est faux ? a) L’incidence du sepsis est en diminution depuis les dernières années. b) La mortalité reliée au sepsis est en diminution depuis les dernières années. c) Les sepsis causés par les infections fongiques sont en augmentation depuis les dernières années. d) La mortalité des patients en choc septique peut atteindre jusqu’à 70 %. En ce qui concerne le début d’une antibiothérapie, lequel des énoncés suivants est faux ? a) La mortalité augmente de 7,6 % à chaque heure suivant la survenue d’une hypotension si l’administration d’une antibiothérapie adéquate est retardée. b) L’administration d’un antibiotique efficace peut être retardée pour le prélèvement des hémocultures. c) Le site de l’infection suspecté, l’acquisition nosocomiale de l’infection, la flore bactérienne locale de même que sa sensibilité sont quelques-uns des facteurs à prendre en considération lors du choix initial de l’antibiothérapie. d) Le choix de l’antibiotique, la dose de même que la posologie doivent être réévalués quotidiennement. Question 2 Parmi les définitions suivantes, laquelle est exacte ? a) Le sepsis consiste en la présence d’une infection confirmée ou présumée, la présence d’un SRIS et la défaillance d’au moins un organe cible. b) Une bactériémie correspond à la présence de bactéries viables dans un liquide biologique habituellement stérile. c) La nouvelle définition du sepsis en 2001 a permis d’augmenter la sensibilité pour le dépistage. d) Dans l’évolution d’un patient vers le choc septique, le SRIS est l’étape suivant immédiatement le sepsis sévère. Question 6 Parmi les antibiotiques ou les combinaisons d’antibiotiques suivants, lequel ne serait pas un bon choix comme thérapie empirique à débuter rapidement chez un patient admis aux soins intensifs pour un choc septique d’origine indéterminé ? a) Pipéracilline-Tazobactam b) Méropénem c) Ceftriaxone + Vancomycine d) Ampicilline Question 3 Selon l’étude de Rivers, quels sont les objectifs visés lors des six premières heures dans la prise en charge rapide et énergique d’un patient en sepsis sévère ou en choc septique ? a) TVC 8-12 mmHg, TAM > ou = 65 mmHg, ScvO2 > 70 %, diurèse > 0,5 ml/kg/h b) TVC 15-20 mmHg, TAM > ou = 65 mmHg, ScvO2 > 90 %, diurèse > 0,5 ml/kg/h c) TVC 8-12 mmHg, TAM > ou = 90 mmHg, ScvO2 > 70 %, diurèse > 1 ml/kg/h d) TVC 8-12 mmHg, TAM > ou = 90 mmHg, ScvO2 > 90 %, diurèse > 1 ml/kg/h Question 7 En ce qui concerne l’utilisation des corticostéroïdes en choc septique, lequel des énoncés suivants est faux ? a) L’utilisation de corticostéroïdes à haute dose n’est pas recommandée. b) Les patients en choc septique inclus dans l’étude de Annane étaient atteints d’une maladie plus sévère que les patients inclus dans l’étude CORTICUS. c) L’étude de Annane n’a pas montré de diminution de mortalité à 28 jours chez les patients non répondeurs à un test de stimulation à l’ACTH. d) L’étude CORTICUS n’a pas montré de diminution de mortalité à 28 jours chez les patients non répondeurs à un test de stimulation à l’ACTH. Question 4 Concernant l’utilisation des vasopresseurs et des amines, quel énoncé parmi les suivants est vrai ? a) L’utilisation de vasopressine est recommandée chez tous les patients en choc septique. b) La dopamine est toujours utilisée à dose fixe, puisque son effet est constant peu importe la dose utilisée. c) La norépinéphrine est le vasopresseur de choix chez les patients en choc septique. d) La dobutamine a pour principal effet d’augmenter les résistances vasculaires périphériques et de maintenir une tension artérielle moyenne adéquate. Question 8 Parmi les énoncés suivants concernant la protéine C réactive, lequel est faux ? a) La protéine C réactive n’est pas recommandée en pédiatrie. b) L’administration de protéine C réactive peut être considérée chez les patients en choc septique à haut risque de mortalité qui ne présentent aucune contre-indication. c) Dans l’étude ADRESS, aucun effet sur la mortalité à 28 jours n’a été observé chez les patients traités avec la protéine C réactive comparativement au placebo. d) Le protocole d’administration de la protéine C réactive est de 50 mg IV aux 6 heures pour sept jours. ✂ L’Ordre des pharmaciens du Québec accordera 2,4 UFC aux participants qui auront au moins 6 bonnes réponses sur 8. Faites cette formation en ligne ou retournez ce questionnaire par télécopieur ou par la Prénom :_____________________________ Nom :_ ____________________________________________ poste. Principale province émettrice du permis d’exercice :______________ Permis Nº :����������������������� Date limite : 9 juillet 2010 www.ProfessionSante.ca Deuxième province émettrice du permis d’exercice :________________ Permis Nº :����������������������� L’actualité pharmaceutique, Formation continue 1200, avenue McGill College Bureau 800 Montréal (Qc) H3B 4G7 Nom de la pharmacie :_ ____________________________________________________________________ Adresse (travail) :_________________________________________________________________________ Ville :___________________________________ Province:_ _______________Code postal :_______________ Télécopieur : (514) 843-2940 Publié grâce à une subvention sans restrictions de Année d’obtention du diplôme:_ __________ Tél. :_________________________ Téléc :____________________ Courriel :_______________________________________________________________________________ Type de pratique : □ Chaîne ou franchise □ Pharmacie d’épicerie □ Établissement □ Bannière □ Indépendante 1) a □ b□ c □ d□ 5) a □ b□ c □ d□ 2) a □ b□ c □ d□ 6) a □ b□ c □ d□ 3) a b c d 7) a b c □ d□ c □ d□ 4) a □ 4 b□ □ c □ □ d□ □ 8) a □ □ b □ cahier de FC de L’actualité pharmaceutique | avril 2010 | www.ProfessionSante.ca 2) Ce contenu vous est-il utile dans l’exercice de votre profession ? □ Oui □ Non 3) Pourrez-vous mettre en pratique cette information ? □ Oui □ Non □ N.A. 4) Dans l’ensemble, êtes-vous satisfait(e) de ce contenu ? □ Très □ Assez □ Pas du tout Réponses aux questions du numéro de février 2010 Mise à jour sur le sepsis et le choc septique □ 1) Après avoir lu ce contenu, pensez-vous être plus en mesure d’offrir des soins pharma ceutiques à vos patients dans ce domaine ? □ Oui □ Non □ Autre (précisez) __________________________________ Coupon-réponse du mois d’avril 2010 □ □ Grande surface Veuillez nous confirmer que ce contenu vous a été utile en répondant aux questions suivantes : Le dextrométhorphane et la toux sèche 1re partie 1 : e 2 : c 3 : b 4 : e 5: c 6 : d 7 : a 8: e