Le rapport officiel BETT 2011
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Le rapport officiel BETT 2011
The Times They Are a-Changin' Eléments de réflexion sur les TICE en Angleterre à l’occasion du BETT 2011 Alain Chaptal Plate-forme Arts, Sciences, Technologies Université Paris 8 Chercheur au LabSic de l‟Université Paris 13 Membre de l‟International Advisory Council du programme Partners In Learning de Microsoft1 Sommaire 1- Un contexte inédit ...................................................................................................... 4 1-1 Une période de transition .......................................................................................... 4 1-2 La rigueur et ses manifestations ............................................................................... 5 1-3 L‟avenir des actions du Becta ................................................................................... 7 1-4 Un moindre intérêt pour les TICE ? ......................................................................... 8 1-5 Une nouvelle approche des Academies ................................................................. 10 1-6 L‟avenir des universités .......................................................................................... 14 2- Les données de base ................................................................................................. 16 3- Le BETT 2011 .......................................................................................................... 20 4- Les pratiques enseignantes ..................................................................................... 23 4-1 Les outils .................................................................................................................. 24 4-2 Les comportements des profs : éléments qualitatifs ............................................. 27 4-3 Les comportements des profs : éléments quantitatifs ........................................... 30 4-4 Les travaux des élèves ............................................................................................. 32 5- Les Learning Platforms........................................................................................... 36 5-1 Les LPs s‟enracinent ............................................................................................... 37 5-2 La communication avec les parents ....................................................................... 40 6- Conclusion ................................................................................................................ 41 Index des principaux acronymes ..................................................................................... 43 bibliographie .................................................................................................................... 43 1 Appartenance affichée par souci de transparence. Il va sans dire que les opinions exprimées ici n‟engagent que leur auteur et en aucune façon Microsoft. 2 The Times They Are a-Changin' Eléments de réflexion sur les TICE en Angleterre à l’occasion du BETT 2011 Ce rapport s‟inscrit dans la continuité du travail mené depuis trois ans2, poursuivant l‟analyse des usages des TICE en Angleterre. Il a été réalisé en mars 2011 à la demande du pôle de compétitivité des services et contenus numériques, Cap Digital Paris-Region. Il n‟engage toutefois que son auteur. Il fait suite à une mission au BETT 2011 financée par le Pôle de compétitivité qui s‟intégrait dans un dispositif global organisé conjointement par Cap Digital Paris-Region, PM Conseil, la Chambre de Commerce et d‟Industrie de Paris et le Ministère de l‟Education nationale de la jeunesse et de la vie associative, dispositif qui comprenait aussi un pavillon regroupant 11 exposants français. ¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯¯ Pour la quatrième édition de ce rapport réalisé à l‟occasion du principal salon des technologies éducatives, le BETT qui s‟est déroulé à Londres du 12 au 15 janvier 2011, nous avons souhaité prolonger la (jeune) tradition consistant à choisir des titres de morceaux de musique. Cette œuvre de 1964 de Bob Dylan s‟imposait. Le titre de ce troisième album, tout à la fois annonciateur et emblématique des mouvements sociaux de la fin des années soixante, est en effet généralement considéré comme l‟hymne du changement. S‟il peut sembler paradoxal de recourir à ce qui demeure un symbole du protest song et de la contestation de l‟ordre établi3 pour caractériser le nouveau paysage éducatif anglais découlant des élections du 6 mai 2010 et de la politique du nouveau gouvernement d‟alliance conservateurs-libéraux, c‟est bien d‟un changement spectaculaire qu‟il s‟agit. En ces temps d‟appels à l‟indignation et à la résistance, on aurait pu également souligner que l‟Olympia Hall, où se tient chaque année l‟exposition, avait été le lieu de regroupement des tout premiers français libres que visita le 6 juillet 1940 le Général De Gaulle. 4 Car il est vrai que cette édition du BETT a donné l‟impression à ses visiteurs de résister raisonnablement bien à la crise. Avec environ 29 000 visiteurs (un chiffre comparable à 2010, une année dont la fréquentation avait pâti des tempêtes de neige et qui se situait en retrait par rapport à l‟année record 2009 et ses 30 007 visiteurs dont environ 6 000 étrangers), le BETT demeure le plus 2 Cf. Chaptal 2008 et 2009a et 2010 3 Le dernier couplet annonce : As the present now/Will later be past/The order is rapidly fadin‟/And the first one now will later be last/For the times they are a-changin‟ Paradoxe du protest song, les droits de la chanson ont toutefois été cédés pour son utilisation dans plusieurs publicités commerciales en Amérique du Nord et, tout récemment, le manuscrit des paroles a été acquis pour plus de 422 000 $ chez Sotheby's à New York, par un dirigeant de hedge fund … Décidément les temps changent. 4 Cf. le témoignage d‟Yves Guéna in Le Monde 29 juillet 2010, p. 15, dans la série « Histoires de l‟été 1940 » 3 important salon des technologies éducatives au monde avec plus de 600 exposants (contre 750 en 2010) et 100 séminaires selon les organisateurs. Cette année, ces derniers se félicitaient d‟avoir attiré 14% de plus de « head teachers » (1705 contre 1494 en 2010) et d‟avoir connu une croissance du visitorat étranger de 17% par rapport à 2010. 1- Un contexte inédit L‟année 2010 aura été une année très particulière, une année de transition du fait, d‟une part, des élections prévues et des mauvais sondages qui semblaient condamner à l‟avance le gouvernement travailliste ; d‟autre part de l‟impact majeur de la crise économique qui menaçait l‟équilibre économique du secteur. Le changement de majorité intervenu à la suite des élections du 6 mai 2010 a, de fait, induit des changements majeurs de politique dont nous allons marquer ci-dessous quelques unes des lignes directrices qui affectent profondément le secteur des technologies éducatives. 1-1 UNE PERIODE DE TRANSITION Les derniers mois du gouvernement travailliste avaient été caractérisés par une sorte de fuite en avant du Ministre Ed Balls en matière de choix des parents et d‟accountability. Il avait ainsi poussé l‟agenda de Every Child Matters, réforme selon laquelle toutes les écoles devaient offrir une gamme de services sociaux en dehors de leurs heures d‟ouverture traditionnelles et cherché à faire passer une réforme importante du curriculum pour le primaire. Surtout, malgré les déconvenues subies en matière de tests des élèves5, il avait cherché à promouvoir l‟idée d‟une Report Card, inspirée de l‟exemple de New York, synthétisant les différentes statistiques relatives à la performance d‟un établissement pour mieux informer les parents et leur permettre de faire un choix davantage fondé pour l‟école de leurs enfants. D‟autre part, il avait conçu le projet d‟un permis d‟enseigner6 à durée déterminée que chaque enseignant devrait repasser tous les cinq ans avec l‟objectif affiché de pouvoir ainsi de se débarrasser plus facilement des « mauvais » enseignants. Confronté à des critiques croissantes et à une fronde des enseignants et des Head Teachers à propos des tests, il n‟a pu empêcher qu‟en avril 2010, à l‟initiative de deux syndicats, la National Association of Head Teachers et la National Union of Teachers, une grève des tests SAT pour les élèves de 11 ans, à la fin de leur scolarité primaire, soit votée à une large majorité et finalement suivie dans un quart des écoles. Le Ministre Ed Balls a, malgré tout, tenté de faire passer une dernière loi avant les élections mais, début avril, devant la vigueur de l‟opposition, il a dû céder sur certaines des mesures les plus controversées : l‟éducation sexuelle rendue obligatoire pour les 15-16 ans, les 169 millions de £ destinés à financer sur trois ans un ambitieux programme de rattrapage 5 Cf. Chaptal 2010 6 L‟expression utilisée, le MOT, pour Ministry of Transport, renvoie explicitement au permis de conduire. 4 individuel pour 100 000 élèves du primaire, l‟obligation pour les parents éduquant leurs enfants à domicile de se faire enregistrer auprès des autorités locales, un bouleversement des programmes du primaire, la clause obligeant les enseignants à repasser tous les cinq ans un permis d‟enseigner et le projet de Report Card. Le rapport du Children, Schools and Families Committee de la Chambre des Communes, publié en avril 2010 mais portant sur les travaux de la session 2009/10 se montre particulièrement sévère par rapport à l‟accent mis sur les tests et les League Tables et à l‟approche réductrice d‟Ed Balls7 : The Achievement and Attainment Tables present a very narrow view of school performance and there are inherent methodological and statistical problems with the way they are constructed. For instance, they are likely to favour independent and selective schools, which have a lower intake of deprived children or of children with Special Educational Needs. It is unsurprising, therefore, if such schools consistently top the academic league tables. Yet most of those who may wish to use the Tables, particularly parents, remain unaware of the very serious defects associated with them and will interpret the data presented without taking account of their inherent flaws. …/… We have been struck by the weight of evidence we have received which argues against an overall score on the school report card. It is true that Ofsted comes to an overall judgement on a four point scale, but this judgement is meant to be the result of a very extensive analysis of a school‟s provision across the board, relying on quantitative and qualitative evidence and first-hand experience of the school at work. A school report card is not, and in our view never can be, a full account of a school‟s performance, yet the inclusion of an overall score suggests that it is. 1-2 LA RIGUEUR ET SES MANIFESTATIONS Conséquence de la violence de la crise au Royaume-Uni, les Travaillistes comme l‟alliance Conservateurs-LibDem avaient annoncé des coupes budgétaires à venir. Elles se sont révélées particulièrement sévères, le nouveau gouvernement jouant la carte d‟une rigueur sans équivalent depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Dès le 14 mai, le nouveau Ministre de l‟éducation, Michael Gove, a annoncé son intention de remettre à plat le programme BSF, Building School for the Future, d‟un coût total de 55 milliards de £ destiné à rebâtir les 3500 écoles secondaires sur 20 ans8, et singulièrement de réexaminer les 480 millions alloués dans les dernières semaines du gouvernement travailliste. Dès le 24 mai, le Chancelier de l‟Echiquier annonçait des économies de 6,25 milliards de £ pour 2010/11 dont 670 millions dans les budgets du Ministère de l‟éducation auxquels s‟ajoutent 80 millions découlant de la suppression, dès novembre,9 de l‟agence chargée des TICE, le Becta. Les dirigeants du Becta, le président Graham Baldman et le CEO Stephen Crowne, ont beau avoir fait valoir que l‟agence était une structure efficace, que ses 240 permanents et ses 120 consultants avaient permis, via les contrats groupés, de faire économiser depuis 2002 au système éducatif 223 millions de £ (soit une moyenne annuelle de 28 millions) auxquels il convenait d‟ajouter d‟autres économies d‟un montant de 55 millions 7 Cf. House of Commons 2010 pp. 23-24 8 8 % des budgets étaient consacrés aux TICE. 9 Formellement, l‟opération ne sera toutefois soldée qu‟en mars 2011. 5 pour les écoles et les LEAs pour la seule année 2009, rien n‟y fit. Sans doute l‟agence apparaissait-elle trop liée aux Travaillistes10 dont elle avait été, de manière croissante ces dernières années, l‟instrument actif de la politique éducative en matière de TICE. On verra plus loin comment est partagé l‟héritage du Becta. Les agences11 éducatives sont durement visées : la Qualifications and Curriculum Development Agency, voit son budget réduit de 8 millions en attendant sa suppression, le National College for Leadership of Schools and Children‟s Services de 16 millions, le Children‟s Workforce Developement Council de 15 millions, la Training and Development Agency for Schools, en charge de la formation des enseignants, 30 millions.12 Si les écoles et ceux qui sont « en première ligne » ne sont pas censés être affectés, 100 millions doivent être économisés en « supprimant la bureaucratie » et 110 autres millions dégagés sur des initiatives jugées peu utiles, sans autre précision. Le 3 juin, c‟est le General Teaching Council for England qui est supprimé. Fin juin, le plan d‟austérité laisse craindre une baisse de 25 % du budget de l‟éducation sur les quatre prochaines années et un gel des salaires des enseignants pour deux ans à compter de 2011.13 Le Guardian s‟attend globalement à la destruction, sur la période, de 500 à 600 000 emplois dans le public et 600 à 700 000 postes dans le privé.14 Tactique classique de dramatisation pour préparer l‟opinion. Les estimations seront, au bout du compte, grosso modo, divisées par deux lorsque les résultats de la Spending Review seront connus. Début juillet, Michael Gove annonce la suppression de 715 projets du programme BSF et confirme l‟arrêt prochain de celui-ci. La publication de plusieurs listes des projets supprimés entachées de nombreuses erreurs suscita beaucoup d‟émotion. A ces économies d‟un montant de 1 milliard de £ par an, s‟ajoute la suppression de 50 millions de £ du Harnessing Technology Grant en faveur des technologies éducatives, une décision qui suscitera une inquiétude certaine pour le secteur.15 Autre victime, Teachers TV, lancée en 2004 comme une chaîne TV numérique par satellite et devenue depuis 2009 une chaîne Internet avec un budget de 20 millions de £, longtemps considérée comme un modèle pour la formation continue des services publics, s‟arrête en avril 2011 du fait de la suppression par le gouvernement de sa subvention de 10 millions de £. Teachers TV comptait 400 000 inscrits qui ont participé en 2009 à 800 000 sessions de formation faisant économiser aux écoles, selon ses promoteurs, environ 235 millions de £ en frais de formation. Ses 4000 programmes (dont beaucoup de séquences d‟observation de classe) devraient rester accessibles sur le site http://www.teachers.tv 16 10 La British Educational and Communications Technology Association avait été créée en 1997… Elle succédait à une précédente organisation, le NCET, National Council for Educational Technology. 11 On parle de Quangos pour Quasi-autonomous non-governmental organisations. 12 Cf. http://www.guardian.co.uk/politics/2010/may/24/coalition-government-education-cuts 13 Cf. http://www.bbc.co.uk/news/10378384 14 Cf. Le Monde, 30/06/2010. 15 Cf. http://www.guardian.co.uk/education/2010/jul/05/school-building-programme-budget-cuts Ces 50 millions économisés sont destinés à financer le projet de Free Schools, cher aux Conservateurs, voir plus loin. http://www.guardian.co.uk/politics/2010/oct/12/education-cuts-premium-poor-pupils 16 http://www.guardian.co.uk/classroom-innovation/becta-teachers-tv-naace 6 Finalement, en octobre, la Spending Review affichera une hausse sur quatre ans du budget pour les écoles qui passe de 35 à 39 milliards de £ soit 0,1 % par an. Le budget du ministère baisse de 3 % mais la baisse est de 12% hors dépenses pour les écoles et la réduction de 60 % des investissements du BSF est confirmée.17 Les LEAs voient leurs crédits amputés de 7,1 %.18 Selon le Guardian, une étude confidentielle du Ministère prévoit que 40 000 enseignants pourraient perdre leur emploi du fait des différentes coupes budgétaires.19 Mais assurément, les premières victimes seront les armées de consultants qui intervenaient tant pour conseiller le Ministère que les LEAs ou, directement, les écoles. 1-3 L’AVENIR DES ACTIONS DU BECTA L‟image du Becta était bonne parmi les éducateurs. Depuis sa création en 1997, l‟agence avait accumulé des ressources importantes tant en termes de rapports, d‟analyses que de guides d‟achat et de conseils. Que deviennent-elles et, surtout, que deviennent les actions ou initiatives en cours ? Le Becta avait joué un rôle actif pour la conduite du changement, produisant documents de référence et d‟orientation et prenant des initiatives pour structurer le marché. Il menait de nombreuses actions de recherche et d‟évaluation sur l‟impact des technologies dans l‟éducation. Il avait des activités diversifiées de conseil en direction du gouvernement comme des LEAs, des écoles ou des familles. Il fournissait également un certain nombre d‟outils ou dispositifs dont des mécanismes d‟agrément de fournisseurs ou d‟autres, assez proches de procédures d‟achats groupés. Que devient le Becta? Le site du Department for Education, affirme, à la date du 16 février 2011, la volonté du Ministère de reprendre les actions entreprises et décrit ainsi le dispositif remplaçant le Becta (formellement supprimé le 31 mars 2011).20 Toutes les actions de définition de politique et d‟assistance, notamment en matière de esafety, sont transférées au Department for Education tout comme celles relatives à l‟accréditation de fournisseurs. Ses fonctions en matière de recherche et d‟analyse sont également reprises par le ministère. L‟Institute of Education (IOE) de la University of London hébergera les nouvelles recherches et favorisera leur exploitation par les chercheurs en liaison avec le London Knowledge Lab. Les documents seront publics et accessibles via la IOE Library's Digital Education Resource Archive (DERA).21 17 En février 2011, un juge, saisi par des LEAs, a ordonné à Michael Gove de reconsidérer sa décision d‟arrêt brutal des projets cf. http://www.guardian.co.uk/education/2011/feb/11/gove-school-building-court 18 Cf. http://www.bbc.co.uk/news/education-11584239 19 Cf. http://www.guardian.co.uk/politics/2010/oct/20/schools-money-budgets-staff-cuts 20 Cf. http://www.education.gov.uk/schools/adminandfinance/procurement/ict/a0073825/becta 21 http://www.ioe.ac.uk/services/49060.html 7 Le Ministère prend également en charge tout ce qui concerne les relations avec les fournisseurs et notamment les négociations commerciales. Il vient déjà, par exemple, de signer une prolongation du MoU avec Microsoft pour que les écoles bénéficient de tarifs préférentiels. Il assurera la continuité et développera de nouveaux ICT Services Framework destinés à aider les LEAs ou les consortiums d‟écoles pour leurs achats en matière d‟infrastructures ou de services TIC. Il continuera les actions relatives aux standards nationaux et à l‟authentification de même que le développement et la maintenance du service en ligne self-review framewortk evaluation tool for schools qui fournit aux établissements un cadre leur permettant de s‟auto-évaluer et d‟améliorer leur intégration des TICE. Le ICT Research Network (ICTRN) du Becta sera maintenu, sur la base du volontariat, par l‟Association for Learning Technology (ALT) en partenariat avec la Naace grâce au concours du eLearning Network (ELN), du Mirandanet Fellowship, et de l‟Association for Information Technology in Teacher Education (ITTE).22 Quant aux archives du site du Becta et notamment les rapports de recherche, ils sont transférés sur le site des Archives Nationales.23 Au total, on le voit, ce sont la quasi-totalité des actions du Becta qui sont annoncées comme reprises par le Ministère. Reste une question : dans ce contexte budgétaire de réduction drastique des moyens, comme le Ministère pourra-t-il faire face ? . 1-4 UN MOINDRE INTERET POUR LES TICE ? La suppression du Becta quelques jours seulement après la mise en place du nouveau gouvernement, puis les décisions relatives au programme Building Schools for the Future dont 8 % des importants budgets étaient dédiés aux TICE, enfin l‟amputation, début juillet de 50 millions de £ du Harnessing Technology Grant ont généré des inquiétudes croissantes quant aux intentions du nouveau pouvoir et à la pérennité de l‟effort consenti jusqu‟alors. En novembre 2010, Michael Gove, le nouveau Ministre en charge de l‟éducation, a publié deux documents importants: un document exposant ses problématiques générales, The Importance of Teaching, The Schools White Paper 2010 et The Case for Change. De manière surprenante compte tenu du rôle joué depuis des années par les TIC dans le système anglais, dans les 95 pages du Schools White Paper, celles-ci ne sont mentionnées qu‟une seule fois et de façon marginale au détour d‟un encadré (un « cas » sur des économies d‟échelle). L‟expression « technologie éducative » n‟y figure pas, pas plus que « 21st century skills ». Il n‟en fallait pas plus pour susciter des interrogations quant aux futures intentions du nouveau gouvernement en matière de TICE, d‟autant plus que l‟annonce de la suppression du Becta avait été l‟un de ses premiers gestes tout aussi surprenant et que le Ministre avait multiplié les déclarations dans lesquelles il faisait part de sa conviction personnelle en faveur d‟une 22 Cf. http://www.naace.co.uk/ICTresearchnetwork_press 23 http://webarchive.nationalarchives.gov.uk/20110130111510/http://www.becta.org.uk 8 éducation très traditionnelle, valorisant l‟orthographe et la mémorisation de la liste des souverains, esquissant une sorte de « retour aux fondamentaux ». Ray Barker, directeur du Besa préfère toutefois positiver en relativisant l‟importance de cette absence assourdissante dans le Schools White Paper, jugeant que les TIC sont désormais devenues une composante intégrale, embedded, du système éducatif anglais24 : "Schools have now had nearly a decade of significant investment in ICT and in related training. Continuing their focus on independence, this government feels that ICT is now embedded in schools and that teachers have the experience and skills to invest in the technology that suits their specific needs without government interference," …/… "ICT is still at the heart of learning but it is now perceived as just one of the tools available to teachers to engage students." Quel sera l‟avenir de ces « outils parmi d‟autres » à l‟aune de l‟austérité budgétaire ? Un changement majeur de politique est-il à prévoir ? Il n‟y a pas encore de réponse claire mais l‟absence d‟intervention ministérielle au BETT constitue un signe supplémentaire. Face à la situation découlant de l‟impressionnante cure d‟austérité concernant les dépenses publiques, certains établissements commencent à considérer, augmentation de la puissance des tablettes et autres smartphones aidant, que les machines peuvent dorénavant relever de l‟équipement personnel de l‟élève. On commence ainsi à voir certains établissements, situés dans des zones non défavorisées, proposer aux familles l‟acquisition d‟un matériel contre un versement mensuel, une « parental contribution », de 10 £. Ce qui ne manque pas de soulever de délicats problèmes d‟équité, même si des mécanismes peuvent être envisagés pour les élèves les plus défavorisés.25 Reste que, selon une étude de la e-Learning Foundation, il y aurait plus d‟un million d‟élèves en Grande-Bretagne qui n‟ont pas d‟ordinateur à la maison et deux millions supplémentaires qui n‟ont pas d‟accès internet (quand 75% des foyers disposent d‟un ordinateur et 71% d‟une connexion Internet).26 Cet « oubli » des TICE est toutefois d‟autant plus inquiétant pour les acteurs du secteur que le Ministre n‟a, sur des sujets qui lui tiennent à cœur, pas été avare de références dans son texte. Un chapitre entier du Schools White Paper est consacré au thème de « l‟Accountability »,27 annonçant au passage une réorientation de l‟Ofsted, l‟organisme chargé des inspections We believe that public services will improve most when professionals feel free to do what they believe is right, and are properly accountable for the results. Schools should evidently be accountable for achieving a minimum level of performance because tax-payers have a right to expect that their money will be used effectively to educate pupils and equip them to take their place in society. Il a cependant pris soin d‟affirmer en préalable dans son avant-propos28 : At the heart of our plan is a vision of the teacher as our society‟s most valuable asset. Cela explique sans doute les 9 mentions élogieuses pour le système éducatif finlandais connu pour la façon dont les enseignants y sont valorisés. Curieusement la Suède n‟est citée 24 Cf. http://www.guardian.co.uk/classroom-innovation-bett/latest-developments-in-ict?INTCMP=SRCH 25 Cf. http://www.guardian.co.uk/education/2011/jan/10/ipad-state-schools-funding-cuts 26 Cf. http://www.guardian.co.uk/technology/2010/dec/28/uk-children-home-computer-access 27 Cf. Schools White Paper p. 66 item 6.1 28 Cf. Schools White Paper p. 7, avant propos. 9 qu‟une fois alors que l‟instauration d‟un modèle de Free Schools à la Suédoise était une proposition phare du programme électoral des Conservateurs. Il est, cependant, explicitement fait référence 46 fois à ce modèle. Le thème de la liberté de choix et de l‟autonomie est omniprésent. Freedom apparaît 41 fois. Le Ministre détaille son projet dans le Schools White Paper notamment dans son Item 16 So, we will: Increase freedom and autonomy for all schools, removing unnecessary duties and burdens, and allowing all schools to choose for themselves how best to develop. Dramatically extend the Academies programme, opening it up to all schools: already there are 347 Academies, up from 203 in July. …/…. Support teachers and parents to set up new Free Schools to meet parental demand, especially in areas of deprivation. L‟objectif de mise en concurrence et la perspective de constitution d‟un marché de la formation initiale ouvert à de nouveaux fournisseurs sont clairement indiqués29 : We will open up the alternative provision market to new providers and diversify existing provision by legislating to allow PRUs [pupil referral unit] to become Academies, encouraging Free Schools that offer alternative provision, and supporting more voluntary sector providers alongside Free Schools. Alternative provision Free Schools in particular will be a route for new voluntary and private sector organisations to offer high‑quality education for disruptive and excluded children and others without a mainstream school place. Cette approche qui vise à donner de l‟autonomie aux établissements en dessaisissant les LEAs, les collectivités locales, induit un nouvel équilibre centralisation/décentralisation en jouant sur le localisme tout en affaiblissant les structures intermédiaires et en transférant au niveau central de nouvelles responsabilités d‟orientation et de contrôle. Un affaiblissement qui n‟est pas sans conséquences pour le marché des ressources éducatives, le modèle économique de beaucoup des start-up qui faisaient les beaux jours de l‟étage supérieur du BETT reposant sur une vente centralisée à ces LEAs. 1-5 UNE NOUVELLE APPROCHE DES ACADEMIES L‟argumentation du Ministre en faveur de cette autonomie accrue et de l‟ouverture du choix s‟appuie sur les supposés résultats exemplaires des Charter Schools américaines et notamment des chaines comme Aspire ou KIPP, étendant cette leçon aux Academies chains.30 In many of the highest performing jurisdictions, school autonomy is central. In high-performing US States, Charter Schools – publicly funded independent schools set up by a legal „charter‟ – have been engines of progress. For example, over 85 per cent of young people from deprived urban communities who attended one of the national network of Knowledge is Power Programme (KIPP) charter schools go on to college. In Alberta, Canada all schools are afforded significant autonomy in relation to how they teach and how they manage themselves. In Sweden, pupils who attend statefunded independent Free Schools outperform those in other state schools and a higher proportion (eight per cent more) go on to higher education. 29 30 Cf. Schools White Paper item 3.34 Cf. Schools White Paper p. 51 item 5.2 10 Il faut le dire nettement, il s‟agit d‟une approche idéologique, absolument non fondée sur les résultats de la recherche. L‟affaire n‟est pas nouvelle. Dans une analyse remarquable des justifications des politiques publiques anglaises, les auteurs notent l‟importance des actes de foi relatifs à la constitution d‟un marché de l‟éducation, actes de foi s‟abritant souvent derrière une vision assez particulière de résultats de recherche utilisés comme alibis31 : Several interviewees spoke of the dominant belief in markets, and the associated belief that choice and competition will lead to lower costs and higher standards. We were told this was „an article of faith‟ amongst policy makers, leading to (for example) league tables, self-governing schools and colleges and activity-based budgets. Pour les Charter Schools, le Ministre évoque ainsi de manière très sélective des travaux américains de recherche. La réalité est beaucoup plus mitigée, il y a des succès mais aussi beaucoup d‟échecs de Charter Schools et le sujet est toujours très controversé, même si le Président Obama et son Ministre de l‟éducation en ont fait l‟une de leurs priorités.32 Pour les Free Schools, l‟étude qui fait référence dit le contraire du White Paper33 We find that an increase in the private school share moderately improves short-term educational outcomes such as 9thgrade GPA and the fraction of students who choose an academic high school track. However, we do not find any impact on medium or long-term educational outcomes such as high school GPA, university attainment or years of schooling. We conclude that the first-order short-term effect is too small to yield lasting positive effects. Les Free Schools sont issues d‟une réforme globale mise en place en Suède en 1992 pour susciter la concurrence avec les écoles publiques en créant de toutes pièces un nouveau secteur scolaire privé.34 On compte désormais plus de 1000 écoles de ce type. Fondé sur le libre choix des parents, ce système impose aux collectivités locales (qui venaient juste, au tout début des années quatre-vingt-dix, de voir l‟Etat leur transférer la responsabilité du financement du système public) d‟octroyer à ces Free Schools une subvention par élèves du montant de celle allouée aux écoles publiques, une sorte de « voucher », « coupon éducation » offert aux parents. Moyennant quoi, ces écoles indépendantes qui peuvent être proposées par n‟importe quel groupe (y compris religieux) sont autorisées à faire des profits… sur ce seul financement public puisque le système est gratuit pour les élèves. Des profits qui tiennent essentiellement, en l‟absence d‟obligations contractuelles, aux économies réalisées sur les bâtiments, les équipements sportifs… en ayant notamment recours à d‟anciens bâtiments industriels peu adaptés. Mais des profits qui ont donné lieu à la constitution de « chaînes », cherchant désormais à se diversifier en Angleterre mais aussi aux Etats-Unis, et dont la plus connue est Kunskapsskolan qui gère une trentaine d‟écoles. 35 Le bilan de ces écoles en Suède même est controversé. Le système suédois a vu ses résultats régulièrement baisser lors des comparaisons internationales TIMSS (Trends in International Mathematics and Science Study) et PISA. Le système a favorisé une ségrégation scolaire, les élèves des classes moyennes constituant le gros des effectifs de ces Free Schools. 31 Cf. Perry et al. 2010, Instinct or reason p. 27 Des analyses qui s‟appliquent manifestement plus largement que pour la seule Albion. 32 Pour une analyse des jeux d‟acteurs, voir Chaptal 2009b 33 Cf. Böhlmark et Lindahl 2008 p. 1 34 Jusqu‟alors, les écoles privées étaient rares, ne concernant que moins de 1 % des élèves. 35 Elle gère déjà, via sa filiale Learning Schools Trust, deux académies dans le très résidentiel London Borough of Richmond upon Thames. 11 La baisse continue des résultats paraît devoir être imputée à la dégradation du niveau dans les écoles publiques confrontées à la fuite de leurs meilleurs élèves. Per Thulberg, directeur général de la Swedish National Agency for Education, confirmant les analyses de 2008 de Böhlmark et Lindahl évoquées ci-dessus, a déclaré à la BBC, quelques semaines avant les élections anglaises36 : "This competition between schools that was one of the reasons for introducing the new schools has not led to better results. The lesson is that it's not easy to find a way to continue school improvement. The students in the new schools have, in general, better standards, but it has to do with their parents and backgrounds. They come from well-educated families." En Angleterre, le modèle des Free Schools est aussi critiqué. Bien sûr les syndicats d‟enseignants sont logiquement vent debout. Mais aussi les économistes du Center for Economic Performance de la London School of Economics37 : Furthermore, importing the Swedish model may not make very much difference to the UK‟s educational status quo. In the early 1990s, Sweden started from a position of no school choice: all pupils had to attend the state school in their neighbourhood. In the UK, however, there is already much school choice and a diversity of provision. The problem – as research at CEP has shown - is that not all people in the UK are empowered to exercise choice because they do not have the money to move to an area with popular schools or the personal resources to access and understand information about school quality. Therein lies another challenge. Les Academies anglaises relèvent du même type de jugement. Le projet a des origines complexes. Le dispositif est enraciné dans le très important Education Reform Act de 1988 de Margaret Thatcher qui a institué le curriculum national, les tests standardisés pour les élèves de 7, 11 et 14 ans, la gestion locale des budgets (au détriment, déjà des LEAs devenues une cible politique) et un nouveau régime d‟inspection qui aboutira à la création de l‟Ofsted, générant les conditions pour un quasi-marché de l‟éducation.38 Le dispositif des Academies sera annoncé en mars 2000 par le Ministre de l‟éducation de Tony Blair dont elles deviendront, en quelque sorte, le vaisseau amiral de sa politique éducative. Implantées dans des zones difficiles pour remplacer des écoles en échec, financées sur fonds publics directement par le ministère mais gérées par des « sponsors » indépendants (parmi lesquels une notable proportion d‟organisations religieuses avec parfois l‟émergence d‟une logique de conglomérats, un même sponsor contrôlant plusieurs de celles-ci39), les Academies échappent au contrôle des Local Authorities. Le système, qui s‟accompagne en effet, généralement, d‟une construction nouvelle ou d‟une rénovation majeure de bâtiments, n‟est pas sans rappeler les Charter Schools américaines. A partir de 2007, le gouvernement Brown marquera quelques distances et réduira, à la marge, l‟ambition de cet encombrant héritage40. Globalement les résultats du programme sont, comme pour les Charter Schools, mitigés. Une autre étude de 2009 du Center for Economic Performance de la LSE comparant les 36 Cf. http://www.guardian.co.uk/education/2010/feb/09/swedish-style-schools-wont-raise-standards 37 Cf. Holmlund et McNally 2009 38 A la même période, le rôle du Besa sera renforcé, faisant des industriels des acteurs centraux des évolutions du système éducatif anglais. 39 Le Oasis Trust, the Church of England et ARK comptent parmi les plus importants, préfigurant de nouvelles « chaînes » éducatives. 40 Des coupes budgétaires importantes étaient annoncées, du fait de la crise, en cas de victoire travailliste. 12 résultats aux examens de la fin du secondaire (les GCSE), conclue à l‟absence de différence par rapport aux résultats des écoles publiques comparables41 : Overall, these changes in GCSE performance in academies relative to matched schools are statistically indistinguishable from one another. The same pattern emerges if all state schools in the academy‟s local authority are used as the comparator group. Le rapport annuel de l‟Ofsted incite, de surcroît, à la prudence quand il compare la performance des Academies avec celle des autres écoles. Il évalue classiquement l‟efficacité globale des écoles financées sur fonds publics selon une échelle à quatre degrés : Outsanding, Good, Satisfactory et Inadequate. Cette année 53 % des Academies analysées ont des résultats limites, satisfaisants ou moins, contre seulement 35 % pour les écoles publiques classiques (il est vrai que ces Academies sont essentiellement d‟anciennes failing schools transformées). Le même rapport évalue aussi globalement la qualité de l‟enseignement. Elle est jugée bonne ou excellente pour seulement 59 % des écoles, tous types confondus.42 Une synthèse des travaux du Children, Schools and Families Committee de la House of Commons pointe plus précisément l‟une des difficultés du système anglais, le rétrécissement du curriculum du fait de la prégnance des tests43 : 13. We received substantial evidence that teaching to the test, to an extent which narrows the curriculum and puts sustained learning at risk, is widespread. … However, the way that many teachers have responded to the Government‟s approach to accountability has meant that test results are pursued at the expense of a rounded education for children. 14. We believe that teaching to the test and this inappropriate focus on test results may leave young people unprepared for higher education and employment. En fait le nouveau Ministre Michael Gove, cherche à promouvoir une réorientation des Academies qu‟il présente comme un retour au modèle original centré sur l‟autonomie, pour mieux se démarquer de l‟action du gouvernement de Gordon Brown. Différence majeure, les Academies cessent de concerner les seules écoles en situation d‟échec. Au contraire, le Ministre favorise désormais la transformation des écoles émérites jugées outstanding (2000 écoles primaires et 600 secondaires sont jugées telles). Le Schools White Paper relevait, comme une conséquence de cette ouverture à toutes les écoles, la croissance du nombre de ces Academies, 347 en novembre contre 203 seulement en juillet.44 A l‟occasion du Queen‟s speech, le gouvernement a annoncé un objectif à terme de transformation de 1700 écoles primaires et 500 établissements secondaires45, une déstructuration en profondeur du système éducatif public. 41 Cf. Machin et Wilson 2009 p. 2 42 Cf. Ofsted 2010 pp. 33 et 53. Pour la qualité de l‟enseignement p. 40 43 Cf. House of Commons 2010 p. 10 44 En janvier 2011, on en comptait 371 soit 11 % des établissements secondaires. La revendication est infondée. De 2001 à 2009, les Academies ont bénéficié de près de 5 milliards de £ de subventions. En août 2009, il y avait déjà 130 Academies, 67 devaient ouvrir en septembre 2009 et une centaine étaient déjà prévues pour un an plus tard soit un total proche de celui évoqué ici cf. http://www.guardian.co.uk/politics/2009/aug/29/labourspending-cuts-academy-programme? 45 Cf. http://www.guardian.co.uk/education/2010/may/25/david-cameron-coalition-academies-plan 13 En effet, l‟objectif apparaît bien celui d‟une déconstruction du système éducatif anglais à l‟image de ce qui se dessine aux Etats-Unis.46 Le Schools White Paper recelait toutefois également une surprise, la création du English bac, annonçant une volonté de réformer le palmarès des écoles en favorisant un renforcement des matières jugées fondamentales47 : Reform performance tables so that they set out our high expectations – every pupil should have a broad education (the English Baccalaureate), a firm grip of the basics and be making progress. Passée relativement inaperçue, cette annonce allait pourtant, deux mois plus tard, à l‟occasion de la publication, coïncidant avec le BETT, de la nouvelle version du palmarès des établissements secondaires, les très médiatisées League Tables, susciter un véritable tremblement de terre. Traditionnellement, celles-ci prenaient en compte les pourcentages d‟élèves ayant réussi cinq « bons » GCSE (c'est-à-dire avec des notes allant de A* à C) dans diverses disciplines dont obligatoirement seulement l‟anglais et les maths. Le nouvel English bac est beaucoup plus sélectif. Il est octroyé aux élèves ayant cinq « bons » GCSE en anglais, math, sciences, une langue étrangère moderne ou ancienne et une discipline des sciences humaines (histoire ou géographie). Résultat de ce changement imprévu des règles, un recul spectaculaire pour les établissements qui privilégiaient des enseignements professionnalisés comme, par exemple, les TIC, les Arts ou les Media, dont les GSCE sont généralement jugés beaucoup plus faciles à obtenir. Conséquence de leur conduite d‟adaptation aux précédentes règles d‟évaluation visant à l‟optimisation des statistiques de la part des écoles, seuls 15,6 % des élèves satisfont aux nouveaux critères (contre 53,8 aux anciens). Des centaines d‟établissement dont beaucoup d‟Academies, qui contournaient volontiers les disciplines traditionnelles, voient leurs statistiques baisser de plus de quarante points et, du coup, sont sous la menace d‟être qualifiés de « failing schools »48, dont 27049 qui se retrouvent en toute queue de classement, aucun de leurs élèves ne satisfaisant à ce nouveau critère, et parmi eux des Public Schools (un faux ami bien connu) prestigieuses dont Eton et Harrow et des Academies très médiatisées50…. 1-6 L’AVENIR DES UNIVERSITES Le 12 octobre 2010, Lord Browne of Madingley, l‟ancien directeur général de BP, a publié les résultats de son Independent Review into Higher Education Funding and Student Finance que lui avait commandée le précédent gouvernement. Parmi ses recommandations, celle qui allait profondément affecter le monde universitaire visait à supprimer la limitation des actuels frais d‟inscription, fixés à 3 290 £ par an, en laissant au marché le soin de fixer le prix d‟un 46 Michael Gove a ainsi reçu un soutien appuyé à ses projets de réforme de la part de Arne Duncan, Ministre de l‟éducation de Barack Obama, lors de la visite de celui-ci en Angleterre fin octobre cf. http://www.guardian.co.uk/politics/2010/oct/29/obama-education-secretary-school-reforms? 47 Cf. Schools White Paper item 20 48 Qualification infamante s‟appliquant aux établissements dont moins de 35 % des élèves ont obtenu cinq “bons » GCSE. Ce statut s‟accompagne de l‟application de mesures correctives et d‟une surveillance renforcée. Ce nouveau seuil de 35 % date du Schools White Paper. L‟ancien seuil était de 30 %. 49 Cf. http://www.bbc.co.uk/news/education-12163929 50 Cf. http://www.guardian.co.uk/education/2011/jan/12/1-in-6-get-english-baccalaureate 14 diplôme : „The money will follow the student who will follow the quality. » Les institutions exigeant plus de 6 000 £ devraient reverser un pourcentage croissant au gouvernement. Le débat sur l‟augmentation des frais d‟inscription a suscité de vives tensions au sein de la coalition gouvernementale et surtout des Lib-Dem car ceux-ci s‟étaient engagés à ne pas les augmenter. Comme dans le secteur scolaire, le nouveau gouvernement par la voix de son secrétaire d‟état aux universités (universities minister) David Willets, a exprimé sa conviction que la concurrence de fournisseurs privés contraindrait les universités à s‟améliorer.51 Suite à ce rapport, en décembre 2010, le parlement a donc voté une augmentation substantielle des frais d‟inscription passant de 3 290 à 6 000 £ avec la possibilité pour les universités d‟aller « exceptionnellement » jusqu‟à 9 000 £ à condition de prouver qu‟elles font des efforts de recrutement en faveur des publics défavorisés. Le gouvernement tablait sur une moyenne de 7 500 £ pour budgéter le montant des financements. Les étudiants, en effet, ne paient pas tout de suite ces frais. Ils souscrivent un prêt public qu‟ils ne commencent à rembourser que lorsqu‟ils gagnent plus de 21 000 £ par an. Mais il semble que le tarif à 9 000 £ soit devenu pour les universités une sorte de marque de qualité. Oxford, Cambridge, Imperial College London, Durham et Exeter ont déjà fait le choix de ce niveau. Une situation qui, si elle se confirmait, poserait des problèmes budgétaires au gouvernement. Ce vote a provoqué, à l‟automne et jusqu‟en décembre, des manifestations spectaculaires de la part des étudiants, un phénomène dont l‟Angleterre n‟est pas coutumière. Par ailleurs, les budgets des universités ont aussi été lourdement visés par les mesures d‟austérité avec une baisse spectaculaire de leurs budgets d‟enseignement de 40 %, qui passera d‟ici 2014 de 7,1 milliards de £ à 4,2 avec des conséquences majeures probables pour certaines disciplines telles que les arts ou les humanités. Certaines universités pourraient même être amenées à fermer.52 Pour la prochaine année universitaire, les coupes dans les budgets universitaires se montent à 940 millions de £ soit une réduction notable de 12,6 %. Elles se répartissent comme suit : 8,2 % pour les budgets d‟enseignement contre 2,8 % seulement pour les budgets de la recherche. Mais les investissements immobiliers baissent de 58,1 %.53 Globalement, ce sont les universités les plus récentes qui sont confrontées aux baisses les plus sévères. A cela s‟ajoute un gel par le gouvernement du nombre de places d‟étudiants qui aggrave encore la situation. Pour les universités anglaises, une évolution vers le modèle américain devient une perspective envisageable. 51 Cf. http://www.guardian.co.uk/politics/2010/oct/22/david-willetts-tuition-fees-cap 52 Cf. le rapport du NAO sur la pérennité des universités. 53 CF. http://www.guardian.co.uk/education/2011/mar/17/newer-universities-cuts-teaching-budgets 15 2- Les données de base L‟an passé, les données du BESA avaient donné lieu à des réajustements non assumés que nous avions signalés.54 Cette année, les nouvelles données sont en ligne avec celles de 2009 et 2010. Pour les budgets TICE globaux (correspondant aux achats d‟ordinateurs et de périphériques, des logiciels génériques, des coûts télécom et des frais d‟assistance, à l‟exclusion toutefois des ressources éducatives), le Besa fait le point sur les années passées à l‟occasion de ses prévisions 2010/201155 : ICT budgets for all UK state schools Budgets Millions £ 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Primaire 264 291 306 307 311 305 281,7 265,4 Secondaire 238 236 252 263 275 272 255,7 237 Total 502 527 558 570 586 577 537,4 502,7 On constate donc en 2011 un retour attendu au niveau du budget de 2004, avec une baisse globale de 6,5% par rapport à 2010 (respectivement -5,8% pour le primaire et -7,3 % pour le secondaire) mais de 14,2% par rapport au plus haut de 2008 (répartie assez équitablement entre primaire et secondaire avec respectivement -14,7% et -13,8%). Globalement ces budgets traduisent la continuité, jusqu‟à présent, d‟une politique caractérisée par sa prise au sérieux des TICE par les gouvernements travaillistes, et ce depuis leur arrivée au pouvoir en 1997. Le Guardian estimait que de 1997 à début 2010, c‟est plus de 5 milliards de £ qui ont ainsi été dédiés spécifiquement aux TICE, somme considérable à laquelle il faudrait encore ajouter les dépenses consenties par les écoles sur leurs propres budgets.56 Témoigne, par exemple, de cette prise au sérieux, la façon dont la maintenance et l‟assistance technique sont assurées, en contraste frappant avec la situation française. En Angleterre, on compte en moyenne 2,8 personnels de support technique par établissement secondaire et 0,8 par école primaire.57 Lorsque l‟on interroge les enseignants, tous niveaux confondus, dans le cadre de l‟étude annuelle conduite pour le Becta sur l‟intégration des TICE dans les écoles, ils confirment la qualité des services de maintenance et d‟assistance qui leur sont offerts et qui, dans plus de 80 % des cas interviennent avant que ces problèmes créent des perturbations sérieuses dans leur travail, comme en témoigne le tableau suivant (qui porte sur un échantillon de 363 enseignants dont 68 pour le primaire et 230 pour le secondaire)58 : 54 Cf. Chaptal 2010 55 Cf. Besa 2010 p.4 56 Cf. http://www.guardian.co.uk/classroom-innovation-bett/saving-money-on-ict-in-schools 57 Source Becta 2010a p. 4 58 Cf. Teachers table de Becta 2010a 16 Q13. Are problems with this usually dealt with before they cause disruption to your work : The school's network The school's internet connection Computers used by pupils Interactive whiteboards Printers Always 17% 17% 13% 16% 15% Generally 68% 67% 66% 55% 59% Rarely 12% 13% 16% 14% 20% Never 1% 2% 2% 2% 3% No problems with this 1% 1% *% 4% 1% Don't know 1% 1% 2% 8% 2% Les écoles anglaises sont par contre assez inquiètes quant à leur capacité à poursuivre les investissements du fait des 50 millions de £ de coupes budgétaires intervenues pour le fond "Harnessing Technology" auquel elles avaient directement accès, économies redéployées en juin pour financer les Free Schools.59 Les analyses du Besa se montrent pourtant, dans ce contexte de crise déjà fortement présent, raisonnablement optimistes. Si on compare la synthèse des prévisions d‟équipement pour l‟année suivante réalisées par le Besa en 2008, 2009 et 2010, on aboutit au tableau suivant qui marque, cependant, l‟importance de la décroissance des budgets ramenés à l‟établissement moyen.60 ICT outlook ICT budgets Primary Secondary 2009 2010 2011 2009 2010 2011 £15.850 £13.380 £12.200 £68.000 £62.970 £56.200 35.0 32.6 30.8 243.4 242.0 238.7 19.8 18.6 17.9 88.8 87.0 86 (excl content) Desktops (av. units) Laptops (av. units) Internet bandwith IWB (av. units) 4.1 Mbps 8.8 4.8 Mbps 9 Mbps 8.6 21.1 Mbps 25.0 21.5 Mbps 31 Mbps 25.4 Des chiffres impressionnants mais qui peuvent être aussi relativisés. Ray Fleming, Education marketing manager de Microsoft, notait que les écoles dépensaient davantage pour l‟énergie ou les photocopies.61 59 Cf. http://www.guardian.co.uk/politics/2010/oct/12/education-cuts-premium-poor-pupils 60 Cf. Besa 2010, Chaptal 2009a et 2010. 61 http://www.guardian.co.uk/classroom-innovation-bett/saving-money-on-ict-in-schools 17 "An average school will use 1m sheets of paper a year and spend £60,000 on photocopying but only £56,000 on IT. If it is the case that 97% of students now have the use of a computer at home, do you really need to print everything?" Une remarque qui signale également, au passage, que la culture du papier est encore loin d‟avoir été remplacée par celle du numérique. Un très court document de synthèse sur le marché du numérique dans l‟éducation, ICT Outlook 2011, diffusé lors du BETT par C3 Education qui gère le National Education Research Panel qui fournit les statistiques du Besa, reprenant ces mêmes chiffres pour les budgets ICT 2011, minore toutefois les baisses par rapport à ce tableau (5,6 % pour le primaire contre 8,8 % ici et 7,4 % pour le secondaire contre 10,8 %). Sans doute les prévisions 2010 avaient-elles été optimistes par rapport à la réalité. Ce même document fournit une précision intéressante : le montant de la part de ces budgets annuels moyens ICT consacrée à l‟acquisition de ressources numériques, contenus et logiciels liés au curriculum. Il est de 1 500 £ pour le primaire et de 10 200 £ pour le secondaire, en baisse respectivement de 6,3 % et 5,1 %. L‟école anglaise moyenne est plus grande que son homologue française. Pour le primaire, elle compte 238 élèves et a un budget total de 696 000 £ contre 972 élèves et 3,7 millions de £ pour une école secondaire.62 Le Besa prévoyait une baisse en 2010/2011 de ces budgets globaux de respectivement 2.6 % et 2.8 %. Il s‟attend à ce que ces baisses affectent à peu près toutes les catégories de dépenses, une école primaire sur quatre indiquant prévoir en 2011/2012 des baisses en matière d‟acquisition de contenus et une sur cinq concernant les ordinateurs pour les enseignants et les élèves (les chiffres sont respectivement de un sur 7 et un sur quatre pour les établissements secondaires)63. Rappelons que les systèmes éducatifs Anglais et Ecossais sont distincts (de même que, dans une moindre mesure, le système Gallois) et les niveaux de dépenses sont différents. Le Besa prévoit que le budget dédié à l‟ensemble des « ressources » (notion qui dépasse de très loin les TICE) sera globalement de 29 000 £ pour une école primaire anglaise en 2010/2011 soit 122 £ par élève c'est-à-dire significativement plus que pour l‟Ecosse (respectivement 15 200 £ et 87 £ par élève).64 L‟écart est moindre pour le secondaire avec 149 000 £ soit 154 £ par élève contre 95 100 £ soit 117 £ en Ecosse. Malgré la réduction sensible des budgets TICE, les parcs d„ordinateurs régressent à peine, signe que les investissements se poursuivent encore, la faible baisse moyenne renvoyant probablement à la mise à l‟écart d‟un nombre important d‟anciennes machines. Les établissements se jugent globalement assez bien équipés même si un manque d‟infrastructure est encore largement ressenti comme en témoigne le tableau suivant 65, notamment pour ce qui concerne les ordinateurs portables et les réseaux WiFi : 62 Cf. Besa Insight, Autumn 2010 edition, p. 1 63 Cf. Besa Insight, Autumn 2010 edition, p. 2 64 Cf. Besa Insight, Autumn 2010 edition, p. 3 65 Cf. Besa 2010 p.1 18 Le parc est assez récent. Sur les 30.8 ordinateurs des écoles primaires, 7.3 seulement ont plus de cinq ans (contre 9.2 en 2007). Par contre, le parc ancien croît pour les établissements secondaires. Les chiffres sont de 49 (soit 20 %) contre 36 en 2007. Mais si on considère66 non pas l‟âge des machines mais leur effectivité, entendue comme leur capacité à être encore utilisées pour enseigner les programmes, le tableau s‟inverse : la décroissance de la proportion de ce parc « inutile » est constante pour les établissements secondaires alors qu‟une remontée sensible est manifeste depuis 2008 pour les écoles primaires comme le montre le tableau : 66 Cf. Besa 2010 p. 3 19 Seule la bande passante disponible pour l‟accès Internet, bande passante qui doit être partagée entre tous les élèves pour les utilisations pédagogiques en classe, connait une croissance spectaculaire, conséquence de l‟augmentation des usages en ligne et témoignant vraisemblablement de l‟impact de l‟actualisation en 2009 du plan Digital Britain en faveur du haut débit. La comparaison avec la situation française est particulièrement éclairante. Alors que la Grande Bretagne accuse encore un retard sensible en matière de haut débit dans le grand public par rapport à la France, pays leader pour l‟ADSL, ces chiffres sont très largement supérieurs à ceux des établissements hexagonaux. Dans le dossier de presse du « Plan de développement des usages du numérique à l‟École » diffusé le 25 novembre 2010 à l‟occasion d‟Educatice, le Ministère note p. 20 que « Le haut débit n'est pas encore généralisé dans les écoles et les établissements. » en précisant que 70% des lycées d‟enseignement général et technologique, un peu plus de la moitié des lycées professionnels et des collèges possèdent un débit strictement supérieur à 2 Mbits/s. Seuls 10 % environ des établissements disposent d'un débit supérieur à 10 Mbits/s « indispensable pour utiliser intensément internet ». Des chiffres très bas, qui traduisent probablement des disparités importantes si on considère que certaines régions ont, par exemple, fait l‟effort de raccorder tous leurs lycées à des réseaux fibre optique, et qui témoigne d‟un état de la connectivité qui n‟est pas en cohérence avec les investissements faits en matière d‟environnements numériques de travail. La situation est pire pour les écoles primaires qui sont seulement 20 % à posséder un débit supérieur à 2 Mbits/s. Paradoxe de ces chiffres impressionnants qui illustre le caractère important de l‟usage, le pourcentage d‟établissements anglais jugeant offrir un bon accès Internet à leurs élèves est en décroissance notable : par rapport au record de 73% de satisfaits (atteint en 2006 pour le primaire et en 2008 pour le secondaire), les chiffres actuels ne sont plus respectivement que de 55 et 60 %. 3- Le BETT 2011 Cette année, les organisateurs ont été confrontés à un problème très difficile à gérer : l‟absence inédite des grands stands institutionnels du Ministère et de ses agences, au premier rang desquelles le Becta. Ordinairement, ces stands occupaient une portion très importante du rez-de-chaussée du National Hall, le moins important des deux halls. A visiter le niveau bas de l‟exposition, rien ne laissait deviner ce traumatisme tant ces organisateurs avaient bien su gérer les remplacements et tant la foule des visiteurs ne semblait, à première vue, guère différente des années précédentes même si les chiffres définitifs montrent une décroissance (cf. avant). Par contre, pour le visiteur attentif, constater de visu la disparition totale de toute allusion au Becta provoquait un sentiment d‟étrangeté à la hauteur du rôle prépondérant que jouait auparavant cette agence en matière de TICE et de la reconnaissance dont elle bénéficiait chez les éducateurs. Seule un « vieux » panneau à ses couleurs était visible sur le site de l‟association spécialisée dans la formation aux TICE, la NAACE. Si deux syndicats enseignants, le NASWUT et le NUT, étaient présents comme à l‟habitude, on notait aussi l‟absence, par rapport à l‟année dernière, des stands des associations disciplinaires qui se trouvaient à l‟étage. Si le niveau bas gardait belle apparence, 20 le niveau haut, les Galleries, avait été notablement réduit (par exemple dans la zone dite Olympia 2) et comportait, de surcroît, nombre d‟espaces habilement neutralisés, servant à la restauration (une amélioration appréciable), au repos des visiteurs ou à l‟accès Internet. Certaines allées avaient été agrandies et des réaménagements avaient été opérés, supprimant par exemple un rang de stands dans la zone dédiée aux logiciels. Mais il faut rendre hommage au professionnalisme des organisateurs qui ont su masquer élégamment ces traces de l‟austérité nouvelle. L‟ambiance sur les stands de l‟étage supérieur et particulièrement sur les petits ou moyens exposants présents à ce niveau était franchement assez morose. Interrogés sur les conséquences pour eux de cette austérité, ces exposants ne cachaient pas leur inquiétude à la perspective de devoir changer de modèle économique dans ce climat difficile, en s‟adressant dorénavant directement aux écoles, eux qui jouissaient antérieurement du confort de ventes centralisées à des LEAs désormais durement touchées par les mesures gouvernementales et privées, à l‟avenir, de la majorité de leurs ressources dans ce domaine. Du point de vue des technologies, cette édition du BETT ne comportait pas de nouveautés fracassantes. Cela étant, ce BETT 2011 n‟était, comme d‟habitude, pas insensible aux effets des modes technologiques. Mais force est de constater que celles-ci passent vite. Les tables actives, très présentes l‟an passé, ne se sont pas généralisées même si elles sont présentes. La réalité augmentée, mise en exergue par Smart par exemple en 2010, se faisait discrète. Cette année, la mode était aux tablettes (mais sans excès toutefois) et aux applications « Cloud ». Avec, par exemple pour les tablettes, la RMSlate de RM avec son écran de 29,5 cm, qui tourne sur Windows 7 et supporte Flash, au contraire de l‟iPad d‟Apple. Et pour le Cloud, par exemple, l‟annonce par Microsoft du prochain Office 365, l‟évolution de Live@edu, proposant l‟accès en ligne à ses outils et services (par ex. de mail) pour la communauté éducation. En période de crise, la tendance naturelle est aux améliorations incrémentales, moins « glamour » mais parfois plus pertinentes pour les utilisateurs. C‟était le cas pour les TBI avec le développement de la technologie tactile touch screen comme les séries ActivPro 500 de Promethean ou SmartBoard 800 de Smart (qui est multi-touch, deux élèves peuvent travailler simultanément). On peut d‟ailleurs se demander comment l‟ergonomie des TBI risque, à l‟avenir, d‟être affectée par l‟apparition de nouveaux dispositifs. Quelle serait, par exemple, l‟impact des tablettes en réseau si elles devaient se généraliser à tous les élèves ? Ou de nouvelles interfaces de tracking s‟inspirant, pourquoi pas, du dispositif de contrôle Kinect fondé sur la localisation utilisé par Microsoft pour sa console de jeux ? Le Becta avait annoncé en mars que les industriels du TBI avaient accepté de fournir leurs contenus dans un format commun, le CFF, Interactive Whiteboard Common File Format, pour favoriser l‟interopérabilité. Le Becta et RM avaient présenté un viewer et mis à disposition une bibliothèque de codes. Pourtant, sur le salon, le CFF n‟était nulle part mis en avant. A noter, au passage, une innovation dans la projection. Casio présentait sa nouvelle gamme à LED, supprimant le recours aux lampes, annonçant 20 000 heures de fonctionnement soit près de 10 fois la durée d‟un système traditionnel. La video en 3D relief était présente comme l‟an passé à travers les stands technologiques de Texas Instruments pour ses projecteurs 3D DLP ou de Xpand qui promouvait un ensemble clé en mains 3D Package. Les contenus présentés sur quelques rares stands constituaient plutôt une contre-publicité du fait des conditions très minimales de réalisation 21 (vraisemblablement à partir de mauvaises conversions de contenus 2D) et étaient loin de faire la démonstration du potentiel éducatif de cette technologie à l‟exception, toute relative, des contenus pour les sciences d‟Amazing Interactive. Le secteur des Serious Games brillait, comme l‟an passé, par sa modestie. Cela surprenait d‟ailleurs les représentants du français Wizarbox, présents au BETT à titre exploratoire, ou les danois de Serious Games Interactive, lauréats d‟un BETT Award l‟an passé pour un titre de leur série Global Conflicts. Bien sûr existent des produits destines aux très jeunes comme Land of me de Sherston du groupe BLi Education qui combinent de manière interactive activités et jeux mais globalement la faiblesse de la présence de Serious Game contrastait avec la place qu‟elle occupe dans la presse sans parler des interventions des gourous du secteur. Il est vrai que le domaine de la formation professionnelle des entreprises n‟est pas présent au BETT. Peut-être est-il possible de trouver une explication dans le rapport Next Gen., Transforming the UK into the world‟s leading talent hub for the video games and visual effects industries publié en février 2011 par le National Endowment for Science, Technology and the Arts (NESTA) et rédigé par deux experts du domaine du jeux vidéo, Ian Livingstone et Alex Hope. Leurs auteurs pointent la responsabilité d‟un système éducatif qui se concentrerait trop sur les TIC et les applications bureautiques et pas assez sur les compétences de type créativité et programmation.67 A l‟inverse de ces secteurs, celui des Learning Platforms ou Virtual Learning Environments (VLEs), ces proches équivalents de nos ENT, a donné naissance à un bourgeonnement spectaculaire de l‟offre. On trouvait des LPs sur un très grand nombre de stands, soit dans des approches de type Cloud, soit conçus à partir de serveurs installés dans l‟école. Une première tendance observable tenait à la concentration du secteur. En France, on avait assisté au rachat de Infostance par It‟s learning. Au BETT, l‟acquisition de Fronter par Pearson, l‟an passé, se traduisait en 2011 par une absorption : l‟offre de LP était présentée, de manière très visible, comme une extension des produits de l‟éditeur. Autre tendance, la confirmation du clivage entre produits à vocation purement administrative (les IMS pour Information Management Systems) et les LPs ou VLEs concernés par la gestion pédagogique de la classe et la relation avec les élèves (et leurs parents). Pour ce secteur, la deuxième tendance très nette concernait l‟évolution des interfaces qui tendent à devenir plus conviviales voire à s‟inspirer, pour les élèves, des approches des réseaux sociaux. Certains stands mettaient en avant leur approche « Facebook like ». C‟était le cas notamment de Frog avec, tout particulièrement, son offre pour le primaire et avec son Widget Store, inspiré de celui d‟Apple, qui permet aux écoles de personnaliser les fonctionnalités en adaptant les Frog Bricks. Les élèves peuvent « inviter », écrire sur les « murs » de leurs amis, chatter avec eux… Le VLE cherche à prendre des airs de social network protégé. Ce travail sur l‟ergonomie caractérisait aussi, par exemple, Firely.NET une LP développée par deux jeunes alors qu‟ils étaient étudiants à St Paul School à Londres. Studywiz avait choisi de ne pas être présent sur le salon mais proposait des sessions particulières de présentation dans un hôtel proche. Autres tendances, partagées y compris par les approches plus « classiques » : développer l‟information destinée aux parents et jouer la carte de l‟écosystème en s‟ouvrant à des applications tierces. Smartassess proposait une approche Cloud avec son VLE développé à 67 Cf. http://www.guardian.co.uk/education/2011/jan/10/ipad-state-schools-funding-cuts 22 partir de Realsmart Cloud en s‟appuyant sur les technologies Google selon une logique de SSO. Une des évolutions les plus marquées, située en fait à la frontière entre les LP et les IMS, concernait la montée en puissance des outils d‟évaluation et d‟exploitation statistique des traces numériques. Le secteur est encore très foisonnant. Au-delà des analytics internes à chaque VLE qui s‟appliquent aux résultats des élèves (mais tout aussi bien aux pratiques des enseignants, « si on le demande », confesse-t-on prudemment chez les fournisseurs), on trouvait des outils aussi divers que les projets de partenaires de Microsoft UK qui cherchent à prédire les résultats des élèves en utilisant des outils de business intelligence ou des offres de reporting en temps réel directement adaptées aux exigences du Ministère. C‟est le cas de Classroom Monitor, un outil en ligne paramétrable qui, à partir des résultats des élèves qui lui sont fournis, édite, pour 700 £ par an, statistiques, rapports et informations en ligne pour les parents sur les objectifs atteints et les progrès individuels comparés (l‟outil proposera une offre de tests directement en ligne en 2012). Ou de Sisra Online qui se propose de synthétiser et présenter la performance globale de l‟école via son service d‟analyse des résultats. Il faut signaler que l‟intérêt manifesté au BETT pour l‟exploitation des traces numériques est similaire à l‟effervescence qui règne à ce propos aux USA où les traces sont mobilisées aussi bien pour définir des profils d‟apprenants, orienter vers une personnalisation des apprentissages…qu‟évaluer l‟action des enseignants. Enfin, le thème de la e-safety était, comme l‟an passé, très présent sur de nombreux stands. Google n‟avait pas de stand cette année, contrairement à 2010. Mais à peine le BETT terminé, il lançait la section éducation de ses Google Apps68 comportant toute une gamme d‟outils, souvent gratuits, comme LearnBoost, Engrade pour la gestion des notes, PlannbookEdu pour la planification des leçons et même un LMS, Haiku. 4- Les pratiques enseignantes Cette année, les résultats de l‟excellente enquête annuelle Harnessing Technology School Survey ont été publiés en mai, six mois plus tôt que d‟habitude, conséquence probable de la suppression annoncée du Becta qui la commanditait. Pour la première fois, cette synthèse a été complétée par la mise à disposition de tableaux Excel présentant les résultats bruts pour les différentes catégories de cibles. Dans ce qui suit, nous nous appuierons fortement sur les réponses apportées par les enseignants (et, à l‟occasion, par les élèves) à cette enquête conduite de septembre 2009 à mars 2010. Le tableau suivant montre que les enseignants du secondaire ont une approche équilibrée des divers outils à leur disposition alors que leurs homologues du primaire accordent une importance beaucoup plus marquée aux TBI alias IWB pour Interactive White Board (les deux groupes étant d‟accord, en 2008, donc avant l‟irruption des smartphones, sur leur réserve vis-à-vis des outils de la mobilité).69 Le tableau montre aussi clairement que les outils sont 68 Cf. http://www.google.com/enterprise/marketplace/search?categoryId=25&orderBy=rating 69 Source NERP 2009 23 majoritairement utilisés pour leur fonction de présentation, renforçant une approche pédagogique assez frontale même si la tradition de l‟enseignement britannique repose, largement au primaire, sur des activités des élèves. 4-1 LES OUTILS Les enseignants utilisent une variété de ressources et/ou dispositifs pour leurs cours comme en témoigne le tableau suivant70 : 70 Cf. Becta 2010a p.27 24 Le rôle privilégié joué par les tableaux blancs interactifs apparaît mieux encore si on prend en compte les données brutes (qui, ici, pour une raison inconnue mais résultant probablement d‟une erreur, diffèrent sensiblement de celles du tableau précédent pour le secondaire).71 Dans le tableau ci-dessous, relatif aux déclarations des enseignants, les échantillons sont de 68 répondants pour le primaire et 230 pour le secondaire. Il en sera de même, sauf indication contraire, dans ce qui va suivre. Cet échantillon est, certes, un peu limité mais il fournit néanmoins des tendances intéressantes : Q9K. Frequency of use in lessons : IWBs Total Primary Secondary All/most lessons 70% 90% 66% More than half of lessons 13% 8% 12% Around half of lessons 5% -% 7% Less than half of lessons 7% 3% 8% Rarely/never 6% -% 7% Par contre, certains outils, volontiers mis en avant et très présents sur un salon comme le BETT, ne semblent pas susciter le même intérêt. C‟est le cas des systèmes de vote électronique, Voting pads (Clickers pour les américains), souvent associés aux TBI. Dans ce tableau, comme dans le suivant, l‟échantillon total est très limité (respectivement 71 et 62). Q9J. Frequency of use in lessons : Voting pads Total Primary Secondary All/most lessons -% -% -% More than half of lessons 1% 4% -% Around half of lessons 4% 3% 4% Less than half of lessons 41% 45% 40% Rarely/never 55% 48% 56% On le voit, pour ces Voting pads, les usages, ou du moins leur faiblesse, sont semblables pour le primaire et le secondaire. On observe le même intérêt limité pour une autre catégorie d‟outils, les visualiseurs, sortes de banc-titre vidéo permettant de montrer sur un écran des objets physiques. Par contre, les profils d‟usage sont assez différents pour le primaire et le secondaire. On touche là, probablement des pratiques très différenciées selon les diverses 71 Cf. Becta 2010e, Enquête enseignants, question 9K 25 disciplines, ce qui expliquerait que les usages fréquents soient plus marqués dans le secondaire mais également l‟absence totale d‟utilisation. Q9L. Frequency of use in lessons : Visualisers Total Primary Secondary All/most lessons 14% 9% 16% More than half of lessons 15% 7% 19% Around half of lessons 6% 2% 6% Less than half of lessons 34% 64% 12% Rarely/never 32% 18% 47% Les résultats sont encore plus tranchés (et cette fois-ci pour l‟échantillon complet de 68 + 230) pour les outils du web 2.0, si souvent mis en exergue par les tenants des discours sur la « révolution pédagogique » ou le « changement de paradigme ». La réalité des pratiques d‟enseignants anglais, par ailleurs très utilisateurs des TIC depuis des années, on l‟a déjà vu et on le constatera davantage encore dans les pages qui suivent, apparaît tout aussi limitée que ce que l‟on peut savoir de celle de leurs homologues français, volontiers jugés retardataires. Q15. How ofteb the following are used to support learning during lessons? Online discussion Blogs Wikis groups Instant Social messaging networking Social book marking Online virtual worlds Media sharing Podcasting sites Once a day or more -% *% 1% *% -% -% *% 2% -% A times week 1% 1% 4% 1% *% *% 2% 9% 1% A few times a month 7% 6% 14% 3% 2% 2% 9% 17% 7% Rarely 21% 22% 21% 16% 13% 12% 21% 16% 21% Never 68% 66% 54% 75% 80% 79% 62% 52% 65% Don't know 4% 5% 7% 5% 5% 7% 6% 3% 6% few a Aucune des activités emblématiques du web 2.0, qu‟il s‟agisse des podcast, blogs, wikis ou même des dispositifs de partage n‟est, à ce jour, entrée dans la panoplie ordinaire des enseignants, pas plus que ces mondes virtuels qui, il y a peu avec Second Life, avaient la faveur des médias ou des conférences des gourous. Il en est de même pour les réseaux sociaux et l‟on ne peut s‟empêcher de souligner ici le décalage entre la tendance d‟évolution des interfaces des Learning Platforms observée au BETT cette année et la quasi exclusion, jusqu‟à présent, de cette approche dans les établissements. Les rares enseignants qui utilisent 26 Facebook ou des outils analogues avec leurs élèves, une pratique par ailleurs sans doute délicate à calibrer, demeurent des exceptions. On voit là la confirmation d‟un découplage entre les outils de la vie sociale, et notamment celle des élèves, et leur vie éducative au sein de l‟établissement. Cela étonnera d‟autant moins que l‟utilisation, par les élèves, de leurs outils personnels demeure très minoritaire quand elle n‟est pas simplement bannie pour les plus mobiles d‟entre eux dans les écoles anglaises comme l‟indique le tableau suivant : Q10. How often pupils allowed to use their own devices Mobile phones/Smart phones Handheld computers /PDAs Laptops Handheld games consoles More than half of lessons *% *% 4% *% Less than half of lessons 6% 2% 9% 2% Rarely 12% 8% 21% 7% Never 81% 88% 62% 90% 4-2 LES COMPORTEMENTS DES PROFS : ELEMENTS QUALITATIFS Les enseignants utilisent de manière intensive les TICE pour une diversité d‟activités72 : 72 Cf. Becta 2010a p. 30 27 On voit aussi ici la confirmation de l‟utilisation privilégiée de celles-ci comme moyen de présentation (dans au moins la moitié des cours, donc dans des pratiques quotidiennes). Par contraste, les données montrent que les activités correspondant à ce qui est souvent présenté comme des « compétences du XXIème siècle » sont beaucoup moins fréquentes.73 Q8. How frequently ICT used in lessons to help pupils... Problem solve Work with others Share information between pupils in the school Gather information Analyse information Be creative All/most lessons 17% 14% 21% 17% 15% 8% More than half of lessons 21% 16% 20% 15% 19% 8% Around half of lessons 18% 17% 22% 18% 21% 11% Less than half of lessons 34% 33% 30% 34% 31% 28% Rarely/ never 10% 19% 7% 17% 13% 44% Cela étant, on note au fil des années une évolution progressive des pratiques enseignantes vers davantage de créativité, singulièrement dans le secondaire74 : Looking at change over time, there is an increasing trend for teachers to use ICT in lessons to be creative. In primary schools 99 per cent of teachers used ICT to be creative in 2009/10, compared with 86 per cent in 2008/09, 67 per cent in 2007/08 and 56 per cent in 2006/07 1. In secondary schools, 90 per cent of teachers used ICT to be creative in 2009/10 which is higher than in previous years; 80 per cent in 2008/09, 50 per cent in 2007/08 and 32 per cent in 2006/07. 73 Cf. Becta 2010e, Enquête enseignants, question 8 74 Cf. Becta 2010a p. 5 et tableau p. 24 28 On note ainsi une croissance de l‟utilisation des technologies pour des activités de type résolution de problèmes. Toutes fréquences confondues, c‟est le cas désormais de 86 % des enseignants du primaire (67 % en 2007/08) contre 81 % pour le secondaire (49 % en 2007/08) mais on pourra constater, dans le tableau suivant, que ce type d‟usage n‟est majoritairement pas encore très fréquent.75 Le recours aux technologies pour les activités d‟évaluation des élèves cesse d‟être, sinon marginal, du moins assez peu fréquent mais l‟utilisation des données comme base de la réflexion demeure peu développé. 75 Cf. Becta 2010a p. 25 29 4-3 LES COMPORTEMENTS DES PROFS : ELEMENTS QUANTITATIFS Si on interroge les enseignants anglais sur la fréquence à laquelle ils utilisent les TICE pour faire cours, la réponse est unanime. Les TICE sont effectivement devenues un outil d‟usage quotidien et permanent (échantillon complet 68 + 230) : Q11A. How often do you use ICT : Delivering lessons Total Primary Secondary Most days each week 87% 98% 85% Once or twice a fortnight 7% 1% 7% Once a monthly basis 2% 1% 3% Once a term 1% -% 1% Rarely/ never 1% -% 2% I don't use ICT for this 1% -% 1% Don't know 1% -% 1% On trouve logiquement confirmation de ces pratiques quotidiennes dans la gestion des ressources pédagogiques : 30 Si la question porte sur la personnalisation de l‟apprentissage, les réponses demeurent très positives bien que davantage nuancées : Q11D. How often do you use ICT : Personalising learning Total Primary Secondary Most days each week 57% 73% 46% Once or twice a fortnight 21% 16% 25% Once a monthly basis 9% 5% 9% Once a term 4% -% 6% Rarely/ never 7% 4% 9% I don't use ICT for this 2% 2% 3% Don't know 1% -% 2% Il convient toutefois de souligner que la notion de personnalisation de l‟apprentissage est ambigüe. Elle relève d‟au moins deux grandes catégories d‟approche : « la personnalisation de l‟accès qui doit devenir ubiquitaire (any time, anywhere, any device) ou la personnalisation du programme en tant que tel, devenu flexible et fondé sur l‟apprenant et reposant, sur le plan technique, sur l‟agrégation d‟objets d‟apprentissage » sans compter la variabilité des interprétations et des pratiques personnelles s‟appuyant, à des degrés divers, sur l‟une ou sur l‟autre et, souvent, les conjuguant. 76 Quant à la formation des élèves à l‟usage raisonné d‟Internet et à leur sensibilisation aux dangers potentiels, deux approches distinctes apparaissaient clairement, avec une importance voisine. Soit la e-sécurité est enseignée à l‟occasion d‟autres cours, soit elle fait l‟objet d‟un enseignement particulier : Q16. Do you teach e-safety messages in lessons Total Primary Secondary 41% 51% 42% Yes as content embedded in other subject lessons 36% 45% 31% No 19% 4% 22% 5% -% 5% Yes separate lessons Don't know as Pour terminer cette partie sur les usages des enseignants, il faut encore souligner que désormais, ces derniers jugent majoritairement que le recours aux TICE leur fait gagner du 76 Cf. Chaptal 2009a p. 58 31 temps. Certes les échantillons pour le primaire et le secondaire sont ici fragiles (échantillon de base) mais la compilation que nous avons réalisée montre une tendance nette sur trois ans. Certes, il s‟agit de déclaratif mais on ne voit pas bien pourquoi les enseignants ne répondraient pas sincèrement à cette question. Au-delà de petites variations d‟une année sur l‟autre, sans doute statistiquement peu significatives, ceux qui estiment perdre du temps ne sont qu‟une petite minorité qui décroit d‟année en année quand le total de ceux qui disent en gagner croît en proportion inverse. Seuls la proportion de ceux qui ne voient pas de différence reste remarquablement constante, représentant grosso modo un enseignant du primaire sur cinq et moins d‟un tiers de ceux du secondaire. 2008 2009 2010 Temps gagné 2008 27% 36% Supérieur à 2 heures 20% 19% 18% 18% 20% 25% 2010 15% 26% 23% Entre 1 et 2 heures 13% 15% 14% 18% Jusqu‟à heure 15% 17% 14% 22% 21% Pas de différence 31% 29% 31% 4% 3% 1% Perdu < 1 heure 6% 4% 5% 4% 3% 0% Perdu entre 1 et 2 heures 5% 3% 3% 3% 3% 1% Perdu > 2 heures 3% 3% 4% 5% <1% 5% Pas utilisateur 9% 1% 6% 1 Secondaire Primaire 21% 2009 4-4 LES TRAVAUX DES ELEVES Une série de questions posées aux enseignants concernaient la nature et l‟importance des travaux impliquant l‟utilisation des TICE qu‟ils demandaient à leurs élèves de réaliser, notamment en matière de devoirs à domicile. La première question concernait le téléchargement des sujets et la remise des devoirs : 32 Q11L. How often do you use ICT : For learners to download and upload homework Total Primary Secondary Most days each week 13% 1% 19% Once or twice a fortnight 13% 10% 16% Once a monthly basis 13% 2% 17% Once a term 8% 4% 10% Rarely/ never 28% 27% 27% I don't use ICT for this 24% 55% 10% 1% 1% *% Don't know On constate que ce type de dispositif est encore peu utilisé dans le primaire mais qu‟il commence à se banaliser dans le secondaire. Un résultat certainement à rapprocher de l‟état du déploiement des Learning Platforms (voir plus loin). La seconde question portait sur la nature du devoir donné par les enseignants, impliquant ou non le recours à un ordinateur ou à Internet : Q17. How often homework requires : is set that Use of a computer Access to the internet 5% 3% A few times a week 22% 21% A few times a month 33% 38% Rarely 26% 25% Never 13% 13% 1% *% Every day Don't know On note que si pareilles consignes ne sont pas encore extrêmement fréquentes, elles ne sont plus, non plus, exceptionnelles. En revanche, seule désormais une minorité d‟enseignants n‟y a jamais recours. Les questions posées directement aux élèves semblent confirmer cette banalisation progressive. En tous cas, elles soulignent clairement l‟importance que prend l‟utilisation de l‟ordinateur à domicile pour faire ses devoirs. A titre d‟exemple, on verra dans le tableau page suivante les réponses des élèves du secondaire (de la 8ème année donc de l‟équivalent de nos collèges). L‟échantillon est important (2074 réponses dont 1967 pour le secondaire général). L‟usage est moins fréquent pour l‟éducation spécialisée : 33 Q6A. In the last week, have you used technology at home or school to : do homework Total Secondary Special At home 78% 80% 50% At school 28% 29% 18% Neither at home or school 11% 10% 40% Don't know 4% 4% 5% Cette utilisation de l‟ordinateur ne se limite d‟ailleurs pas au fait de télécharger des documents sur Internet ou d‟avoir recours à un logiciel de traitement de texte pour rédiger un devoir. On note des utilisations plus créatives comme créer une présentation, un graphique ou une feuille de calculs sur tableur : Q6D. In the last week, have you create a used technology at presentation create a home or school to : or slides table or chart Secondary Secondary At home 29% 18% At school 51% 46% Neither at home or school 25% 33% 8% 10% Don't know Ce qui mérite particulièrement d‟être relevé, c‟est que ce type d‟utilisation plus évoluée et dynamique est fréquente puisque la question portait sur la semaine passée (même si le caractère purement déclaratif de cette enquête incite, par principe, à une certaine prudence dans l‟analyse de ces statistiques). Il y a là une tendance qui se manifeste clairement. Autre sujet d‟intérêt, ce tableau met aussi en évidence le rôle structurant de l‟école qui est le lieu privilégié de ces usages évolués. On verra, dans le tableau page suivante, une ventilation des principales activités à l‟école impliquant les TICE pour les élèves de fin de nos collèges et du début de l‟équivalent de nos lycées.77 On relèvera que l‟usage des blogs ou wikis par les élèves est loin d‟être négligeable, contrairement à celui des enseignants (cf. plus haut). 77 Cf. Cf. Becta 2010b Learner Report p. 17 34 In the last week, have you used the Internet at school to...? 80% 70% 60% 50% 40% 30% 20% 10% 0% Upload own music, pictures or videos Post a message on a website Add or download attachment from/to email Get learning materials for school Use blogs or wikis Access your school's learning platform Secondary 8 67% 62% 56% 48% 35% 33% Secondary 10 73% 66% 59% 47% 40% 28% On notera également que seul un tiers des élèves déclare utiliser réellement une Learning Platform alors que l‟on verra plus loin que celles-ci sont désormais présentes dans plus de neuf établissements secondaires sur dix. Les élèves (ici de 8ème année) confirment la fréquence de l‟usage des TICE en cours selon les diverses disciplines78 : Q16E. How often do you use technology in school in these lessons : Secondary English Geography History ICT Mathematics Science 2-3 times a week 24% 16% 16% 38% 24% 24% Once a week 13% 19% 18% 57% 14% 13% Once a month 32% 27% 26% 2% 30% 31% Never 29% 35% 37% 2% 29% 29% 2% 4% 3% 2% 2% 2% I don't subject take that On constate une répartition assez homogène (à l‟exception, bien entendu, des TICE comme objet d‟enseignement) même si l‟histoire et la géographie semblent un peu en retrait. Ce tableau fait aussi apparaître une nuance d‟importance entre les déclarations des enseignants et celles des élèves. Alors que les premiers n‟étaient que moins de 3 % à déclarer ne jamais utiliser les TICE pour faire cours (cf. plus haut), les élèves disent que telle est la situation 78 Cf. Becta 2010d, Enquête élèves “year 8” 35 dans 30 à 35 % des cours. Il est vrai que la question comporte une part d‟ambigüité : s‟agit-il d‟usage en classe par l‟enseignant ? Par l‟élève ? Ou par les deux ? Mais on touche là, vraisemblablement, les limites du déclaratif face à des questions où existe une réponse « pédagogiquement correcte » de la part des enseignants. En tous cas, pareil décalage a déjà souvent été mis en évidence, et pas seulement en Angleterre.79 Si on interroge les élèves de fin de primaire (5ème année, échantillon constitué de 949 réponses), ces derniers confirment aussi l‟usage très fréquent des TICE, quotidien pour 40% d‟entre eux et au moins hebdomadaire pour les 2/3. Curieusement, c‟est pour l‟enseignement des sciences que cet usage est le moins fréquent : Q13. How often do you use technology in school in these lessons : Summary Literacy/ English Numeracy/Maths Science Other subjects 2-3 times a week 40% 41% 24% 37% Once a week 24% 23% 31% 42% Once a month 20% 18% 19% 11% Never 15% 18% 26% 10% Ces chiffres élevés sont toutefois en retrait notable par rapport aux déclarations de 90 % des enseignants du primaire déclarant utiliser un TBI dans la quasi-totalité de leurs cours (cf. plus haut p. 25). L‟explication réside sans doute, comme précédemment, au moins partiellement, dans l‟ambigüité de la question. Qui utilise ? Il est vraisemblable qu‟au moins une partie des élèves a répondu en tenant compte seulement de leurs propres manipulations. 5- Les Learning Platforms En Grande Bretagne les Learning Platforms (LPs) également et indifféremment dénommées VLEs pour Virtual Learning Environments, constituent les proches équivalents de nos ENT. Elles s‟en différencient par deux aspects fondamentaux : d‟une part, elles sont distinctes des IMS, Information Management Systems, dédiés aux aspects vie scolaire et administratifs (tenant compte, notamment, de l‟obligation faite aux établissements de fournir des données statistiques exhaustives au Ministère) ; d‟autre part, elles sont généralement composées de briques fonctionnelles que les établissements activent selon leurs besoins, suivant en cela une démarche pragmatique classiquement britannique. Le gouvernement travailliste avait affiché des objectifs ambitieux concernant l‟équipement des établissements en LPs, objectifs qu‟il avait déjà dû repousser une première fois. Le nouvel objectif visait à une généralisation pour 2010. Il n‟aura pas, non plus, été tenu. 79 Cf. Chaptal 2010 36 5-1 LES LPS S ’ENRACINENT L‟état de l‟équipement en LPs et en IMS s‟établit comme suit : Plus qu‟à cet échec dans l‟atteinte de cette généralisation en 2010, il faut s‟attacher à la croissance régulière du nombre d‟établissements équipés d‟une Learning Platform.80 Le Besa fournit des indications complémentaires81 sur les établissements qui se jugent bien équipés en Learning Platforms. C‟est le cas en 2010 de 47 % des établissements secondaires (contre 13 % en 2007) et de 42 % des écoles primaires (contre moins de 3 % en 2006) : 80 Becta 2010a p.14 37 La majorité des enseignants du secondaire (69 %) et du primaire (64 %) peuvent accéder à la LP depuis leur domicile. La différence est nette avec les IMS. Pour ceux-ci, les chiffres sont seulement respectivement de 39 % et 22 %. Les LPs sont susceptibles d‟être utilisées pour une variété d‟activités mais la plus fréquente est le simple dépôt de documents et ressources pédagogiques, notamment dans le secondaire, même si le tableau suivant montre que, là encore, les enseignants utilisent toute une gamme d‟outils et de procédures.82 81 Cf. Besa 2010 p. 2 82 Cf. Becta 2010a p. 31 38 Ces enseignants témoignent d‟une certaine frustration à l‟égard des ressources qu‟ils peuvent utiliser sur les LPs, frustrations essentiellement qualitatives mais également techniques vis à vis de l‟interopérabilité. Le niveau d‟insatisfaction est inquiétant, surtout pour les enseignants du secondaire, par ailleurs nettement plus concernés car davantage équipés, on l‟a vu. Les chiffres de ce tableau doivent toutefois être pris avec prudence du fait de la faible taille de l‟échantillon (41 enseignants du primaire et 157 du secondaire) et ce, d‟autant plus que si on se reporte aux données brutes on constate que les opinions sont flottantes et peu informées, surtout pour le primaire, alors même que l‟échantillon porte seulement sur ceux déclarant pouvoir accéder à la LP depuis leur domicile.83 Q19D. How do you feel about the digital learning resources available for use in your learning platform : There needs to be more technical interoperability BASE : All who can access learning platform from home Total Primary Secondary Agree 58% 32% 67% Disagree 12% 19% 9% 4% 13% 1% 26% 36% 23% I can't access these though the school LP Don't know Pour 98% des school leaders (head teachers ou principal) du secondaire, le domaine le plus fréquemment cité comme devant être amélioré ou enrichi concerne l‟utilisation des LP. Pour le primaire, c‟est la e-sécurité pour 97% de ceux-ci. 83 Cf. Becta 2010a p. 16 39 5-2 LA COMMUNICATION AVEC LES PARENTS Le gouvernement travailliste avait fortement insisté, notamment dans sa dernière année d‟exercice, sur le développement du libre choix des parents. Pour ce faire, les TICE lui semblaient un facilitateur naturel. L‟enquête conduite auprès des enseignements montre cette année encore qu‟il n‟en est rien alors même que le recours aux TICE est devenu une pratique professionnelle largement ancrée. Q11G. How often do you use ICT : Reporting to parents Total Primary Secondary Most days each week 10% 2% 14% Once or twice a fortnight 10% 5% 13% Once a monthly basis 13% 2% 15% Once a term 30% 14% 35% Rarely/ never 19% 29% 13% I don't use ICT for this 17% 49% 8% 2% -% 2% Don't know L‟information des parents demeure largement trimestrielle quand ce n‟est pas un dispositif autre que les TICE qui est utilisé (comme c‟est largement le cas pour le primaire). L‟un des objectifs principalement mis en avant par les autorités pour justifier leur politique en matière de LPs visait précisément à améliorer la communication avec les parents et l‟information de ceux-ci. Là aussi l‟enquête montre que ces discours sont loin d‟avoir été suivis d‟effets, sauf dans le secondaire pour les IMS. Au passage, on notera la spécialisation des outils : c‟est l‟IMS (présent dans la moitié seulement des écoles primaires, on le rappelle) qui est utilisé de préférence pour le reporting et moins la LP. Au-delà, ce qui frappe c‟est la grande panoplie d‟outils utilisés : Q12G. Technology used for : Reporting to parents Total Primary Secondary A learning platform 15% 13% 14% Information management systems 49% 25% 54% 8% 14% 7% School website 21% 30% 18% Email 26% 6% 31% Telephone 25% 17% 24% Don't know 10% 14% 9% Mobile phone/text 40 Il convient cependant de n‟interpréter ces résultats que comme des tendances du fait de la taille très limitée de l‟échantillon pour le primaire (23 réponses seulement pour le primaire, 213 pour le secondaire). On obtient des résultats semblables pour la communication avec les parents. Là encore, il faut souligner l‟extrême fragilité de l‟échantillon pour le primaire (29 seulement pour un total de 206) : Q12H. Technology used for : Communicating with parents Total Primary Secondary A learning platform 16% 12% 16% Information management systems 26% 16% 30% Mobile phone/text 19% 19% 17% School website 35% 55% 32% Email 54% 37% 62% Telephone 52% 32% 54% Don't know 8% 9% 5% Cela étant, 16 % des coordonnateurs TICE du primaire et 38 % de ceux du secondaire déclarent que leur Learning Platform est utilisée par les parents au moins une fois par trimestre pour accéder aux informations relatives à leurs enfants. Une fréquence qui semble suggérer que le numérique est encore loin de bouleverser les rituels de l‟éducation, même si ces chiffres traduisent une évolution nette (ils étaient respectivement de 0 % et 7 % en 2007/08).84 6- Conclusion Parvenu au terme de ce rapport, trois conclusions s‟imposent d‟évidence : les TICE sont devenues une composante à part entière de l‟activité d‟enseignement en Angleterre ; leur usage croît régulièrement. Parallèlement, ces usages s‟enrichissent progressivement. Incontestablement, on peut mesurer là le succès, dans la durée, de la politique menée avec une obstination remarquable et des moyens considérables depuis 1997 par les gouvernements travaillistes successifs. Les TICE sont-elles pour autant durablement « embedded » ? Quelle est la profondeur réelle de cet ancrage ? Nous posions plus haut, à propos des nouvelles orientations du Ministre, la question de l‟avenir de ces « outils parmi d‟autres » à l‟aune de l‟austérité 84 Cf. Becta 2010a p. 7 41 budgétaire ? Force est de constater qu‟il n‟y a pas encore de réponse claire. Incontestablement, les mesures d‟austérité exceptionnelles, qui commencent seulement maintenant à véritablement prendre effet, vont provoquer un ralentissement voire un coup d‟arrêt à cette dynamique constatée. Mais pour combien de temps ? L‟attitude pour le moins lointaine du Ministre traduit-elle un changement majeur de politique faisant sortir les TICE du radar des priorités ? Ou bien seulement la prudence conjoncturelle d‟un décideur qui sait qu‟il est dans l‟obligation de freiner brutalement sur les moyens et profile sa communication en conséquence ? Les écoles, confrontées à des choix dramatiques, les obligeant, selon toute vraisemblance, à réduire les matières proposées et à licencier des enseignants, pourront-elles maintenir seules les investissements en matière de ressources et d‟infrastructures ? L‟Angleterre, jusqu‟à présent si légitimement fière de son leadership en matière de technologies éducatives, semble parvenue à une sorte de croisée des chemins. Assurément, nous allons assister à un crash test en vraie grandeur qui permettra de mesurer la résilience des pratiques TICE et l‟importance réelle qui leur est accordée. Les temps changent, soulignions-nous au début de ce rapport. Sans vouloir dramatiser, car les circonstances ne sauraient, bien évidemment, être mises sur le même plan, nous voudrions utiliser comme conclusion une phrase du discours prononcé le 8 juin 1968 par Edward (Ted) Kennedy, dont on connait l‟engagement ultérieur pour l‟éducation, lors des funérailles de son frère Bob et qui nous paraît particulièrement d‟actualité85 : “Like it or not, we live in times of danger and uncertainty. But they are also more open to the creative energy of men than any other time in history.” 85 Cf. http://www.americanrhetoric.com/speeches/ekennedytributetorfk.html 42 INDEX DES PRINCIPAUX ACRONYMES Becta : British Educational Communications and Technology Agency BETT : British Educational Technology Tradeshow Besa : British Educational Suppliers Association DfE : Department for Education GCSE : General Certificate of Secondary Education ICT : Information and Communication Technology IWB : Interactive White Board, Tableau Blanc Interactif KS : Key Stage LA ou LEA : Local (Educational) Authority (au pluriel LAs ou LEAs) MoU : Memorandum of Understanding Ofsted : Office for Standards in Education, organisme chargé des inspections QCA : Qualifications and Curriculum Authority BIBLIOGRAPHIE BECTA (2010a), Harnessing Technology Schools Survey: 2010, Infogroup/ ORC International, mai 2010, 64 p. http://dera.ioe.ac.uk/1544/1/becta_2010_htss_report.pdf BECTA (2010b), Harnessing Technology School Survey: Learner Report, Mai 2010, 35 pages, http://dera.ioe.ac.uk/1555/1/becta_2010_htsslearner_report.pdf BECTA (2010c), Harnessing Technology Schools Survey: 2010 Technical report, mai 2010, 86 p. http://dera.ioe.ac.uk/1545/1/htss_survey_technical_appendix.pdf BECTA (2010d), Harnessing Technology: schools survey 2010: primary and secondary learners - Excel data files (primary, year 8, year 10), http://dera.ioe.ac.uk/1701/ BECTA (2010e), Harnessing Technology: schools survey 2010: ICT, teacher and head teacher practitioners Excel data files, http://dera.ioe.ac.uk/1515/ BESA (2010), ICT Provision & Use in 2010/11 summary analysis report, 4 p. 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