Thomas d`Aquin - Notre

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Thomas d`Aquin - Notre
L’EUCHARISTIE
Dans la troisième partie de la “Somme théologique”, saint Thomas traite des sacrements, entre autres de l’Eucharistie. Il définit ce que la théologie catholique a appelé
"la transsubstantiation", la “conversion de toute la substance du pain et de toute la
substance du vin dans le corps et le sang du Christ“. Thomas d'Aquin suit ici la
philosophie d'Aristote : la substance des choses est leur essence. Nous ne pouvons
pas percevoir l'essence des choses, pas plus que nous ne pouvons découvrir la véritable personnalité de quelqu’un en observant sa taille, la forme de son visage, la
couleur de ses yeux... Au-delà du vocabulaire philosophique, saint Thomas d'Aquin
affirme que le corps du Christ est réellement présent dans le sacrement. Donc, il ne
s'agit pas d'un symbole. Saint Thomas s'appuie sur les paroles du Seigneur qui
affirme : “Ceci est mon corps” et non pas ”ceci signifie, exprime, symbolise mon
corps”. En effet, le Christ nous a promis sa présence constante et nous unit à lui par
ce sacrement, soutien de notre espérance.
Saint Thomas est aussi l’auteur de textes liturgiques : lorsqu’il se trouve en Italie, le
pape Urbain IV le charge de rédiger le texte de l'office de la messe du Saint
Sacrement. On lui attribue la rédaction du “Pange lingua”, du “Lauda Sion” et du
“Panis angelicus”.
Pange lingua (extrait)
Je veux célébrer le mystère du corps qui règne dans la gloire, ainsi que du sang précieux
que, pour prix du rachat du monde, ce Roi, né d’un sein virginal, a répandu sur tous les
peuples.
Il se donne à nous, se fait homme pour nous, né de la Vierge pure.
Il vit pour un temps dans le monde, sème le grain de sa parole.
Et pour couronner son séjour, Il établit une merveille.
La nuit de la dernière cène, il est à table avec ses frères
Il vient d’accomplir toute loi au cours du repas rituel.
De ses propres mains, il se donne aux Douze en nourriture.
Verbe fait chair, il prend du pain et sa parole en fait sa chair.
Le vin devient le sang du Christ. Si rien n’apparaît à nos sens, la foi suffit, à elle seule, pour
affermir un coeur loyal.
Lauda Sion (extrait)
Sion, célèbre ton Sauveur, chante ton chef et ton pasteur
Par des hymnes et des chants.
Tant que tu peux, tu dois oser, car il dépasse tes louanges,
Tu ne peux trop le louer.
Le Pain vivant, le Pain de vie, il est aujourd'hui proposé comme objet de tes louanges.
Au repas sacré de la Cène, il est bien vrai qu'il fut donné au groupe des douze frères.
Louons-le à voix pleine et forte, que soit joyeuse et rayonnante l'allégresse de nos cœurs !
(...)
L'ordre ancien le cède au nouveau, la réalité chasse l'ombre,
Et la lumière, la nuit.
Éditeurs responsables : © 2013 Abbé Édouard Marot & Anne Schillings, 96 av. du Hockey, 1150 Bruxelles
Février 2013
Paroles de Saints
Saint Thomas d’Aquin
Fête le 28 janvier
Première partie
« Au cours de l'année liturgique, l'Église nous invite à faire mémoire d'une foule de
saints, c'est-à-dire de ceux qui ont vécu pleinement la charité, qui ont su aimer et suivre le Christ dans leur vie quotidienne. »
(Benoît XVI)
Thomas d’Aquin, Docteur de l’Église,
(1124/1225-1274)
“Soyez toujours prêts à rendre compte de l’espérance qui est en vous” (1Pierre,3,15). Cette
phrase de l’apôtre Pierre reflète exactement le but poursuivi par l’œuvre de saint Thomas.
La foi est-elle compatible avec la raison ? Saint Thomas pose cette question toujours
actuelle. Mû par la soif de la vérité, il est ce maître de pensée et de vie dont le Concile
Vatican II recommande explicitement l’étude.
Carrière militaire ou vie religieuse ?
Saint Thomas naît en 1224 ou 1225 au sein d'une très riche famille qui possédait un château
à Aquino, près de Naples. De là vient son nom : Thomas d'Aquin. Son père veut faire de lui
un officier et, en 1235, l'envoie chez les Bénédictins du Mont Cassin (tout proche) où l'on
enseigne la grammaire, les sciences naturelles, la science arabe et la philosophie grecque.
En 1239, il est envoyé à Naples pour poursuivre ses études, toujours dans le but d'entrer
dans l'armée. L'empereur Frédéric II avait fondé à Naples, en 1224, une université laïque, ce
qui est exceptionnel au Moyen Âge où l'enseignement était généralement assuré par
l'Église. C'est là que Thomas d'Aquin découvre la philosophie d'Aristote, répandue en
Occident grâce à des traductions en latin. Là aussi qu'il entre en contact avec les
Dominicains. Il est attiré par cet Ordre qui vient d'être fondé (en 1215) par saint Dominique.
Mais sa famille s'oppose à son choix : il doit quitter le couvent et retourner dans sa famille.
Il ne renonce pas ! À l'âge de dix-neuf ans, sans demander l'accord de sa famille, il entre
comme novice dans l'ordre des Dominicains. C'est compter sans sa mère qui le fait enlever
et l'enferme dans le château familial. En 1243, son père meurt. Sa mère cède à la foi de son
fils et le laisse rejoindre les Dominicains qui préfèrent l'éloigner de sa famille et l'envoient
à Paris, toujours pour poursuivre ses études.
Un véritable Européen : Naples, Paris, Cologne ...
En 1245, saint Thomas est étudiant à Paris. Il suit les cours d'un autre Dominicain célèbre:
saint Albert le Grand. Le maître et l'élève nouent une véritable relation d'amitié. Lorsque
Albert le Grand est envoyé à Cologne pour fonder une école de théologie, Thomas le suit.
En 1252, il revient à Paris et commence à enseigner la théologie. Et ce n’est pas facile ! C’est
l’époque des premières universités. C’est aussi l’époque de conflits intellectuels durs dans
lesquels saint Thomas se trouve pris. Deux clans s'opposent : les religieux, sous l'autorité
du Pape, refusent l'étude de la pensée d'Aristote qui était perçu comme “païen” : il avait
vécu avant Jésus Christ ; de plus, les traductions latines de son œuvre étaient accompagnées de commentaires rédigés par les philosophes arabes Avicenne et Averroës. Mais
d'autres milieux intellectuels accueillent avec enthousiasme la vision complète du monde
développée par Aristote. Sous l'autorité du roi, l'enseignement de sa philosophie et du
droit civil se répand. Or saint Thomas, théologien chrétien, Dominicain de surcroît, introduit dans ses cours la pensée d'Aristote et la valeur de l'expérience. Il suit ainsi son maître
Albert le Grand et prend donc le risque de rompre avec ceux qui sont autour de lui. Plongé
en plein conflit entre raison et foi chrétienne, saint Thomas va montrer que les deux vont
de pair. Il va ainsi créer une nouvelle synthèse qui influencera toute la pensée chrétienne
des siècles suivants.
(À suivre)
Contempler et transmettre
La “Somme théologique” est le chef-d’œuvre de saint Thomas. Œuvre de réflexion,
influencée par la pensée du philosophe grec Aristote, elle applique la raison
humaine aux mystères de la foi. Pourtant, c’est aussi le fruit de la prière et de la contemplation. En effet, pour saint Thomas, l'étude n'est pas recherchée pour ellemême. Il ne veut pas devenir une encyclopédie vivante. Il voudrait plutôt se rapprocher de Dieu, de la source de toute sagesse. Seul celui qui vit une relation intime
avec Dieu dans la prière peut comprendre les vérités de la foi. L’auteur de la première vie du saint, Guillaume de Tocco, le souligne : "Chaque fois qu'il voulait faire
un cours, écrire ou dicter, il commençait par prier dans le secret. En priant, il
demandait de pouvoir découvrir sans erreur les secrets de Dieu. Plusieurs prières de
saint Thomas nous sont parvenues. C’est le cas de cette prière qu’il faisait avant de
se mettre au travail :
Créateur ineffable,
source de lumière et de sagesse,
daigne répandre sur mon intelligence
un rayon de ta clarté,
chasse de moi les troubles ténèbres
du péché et de l'ignorance.
Donne-moi la pénétration pour comprendre,
la mémoire pour retenir,
la méthode et la facilité pour apprendre,
une grâce abondante pour m’exprimer.
Engage le début, conduis le progrès, couronne la fin,
Toi qui, vrai Dieu et vrai homme,
vis et règnes dans les siècles des siècles.
La réflexion et la contemplation font partie intégrante du travail du professeur qu’était saint Thomas. Il l’affirme dans la “Somme théologique” :
Il est plus beau d’éclairer que de briller seulement ; de même est-il plus beau de transmettre aux autres ce qu’on a contemplé que de contempler seulement.
(Somme théologique,IIa, IIae, que. 188, art.6)
On raconte qu’un jour, saint Thomas était en prière devant le crucifix dans la
chapelle “San Nicola” à Naples. Le sacristain entend alors un dialogue. Thomas,
inquiet, demande à Jésus :
"Ce que j'ai écrit sur les mystères de la foi chrétienne est-il juste ?"
Jésus répond : "Tu as bien parlé de moi, Thomas. Quelle sera ta récompense?"
Thomas répond : "Rien d'autre que Toi, Seigneur !"