Lesartsmartiauxmixtes prennentle pouvoir - Kang-ho

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Lesartsmartiauxmixtes prennentle pouvoir - Kang-ho
Sports/Loiret
Dossier
■ Les arts martiaux
mixtes, comme la lutte
contact qui se pratique
à Orléans, sont de plus
en plus appréciés par les
jeunes. Leur vitrine, à tort
ou à raison, est le très
décrié Ultimate Fighting
Championship (UFC).
L
a société évolue. Les arts
martiaux aussi. N’en
déplaise aux puristes.
Depuis le début des années
90, le monde martial a
changé. Les arts martiaux dits
« mixtes » (MMA : Mixed Martial Arts), ont fait leur apparition à grand renfort de médiatisation. S’ils sont reconnus
(ils ont leur rubrique dans le
magazine Black Belt, « la »
référence mondiale) ; ils le doivent en grande partie à l’ovni
« UFC » débarqué en 1993
(lire par ailleurs). Pourquoi cet
engouement pour l’UFC, surtout auprès des jeunes ?
La violence est très
présente dans les
réunions de MMA
« Ce n’est pas nouveau, cela
monte en puissance depuis des
années. Mais c’est logique,
explique Ludovic Mauchien,
rédacteur en chef du magazine Karaté Bushido. C’est un
spectacle. Ce sont des organisations privées qui ont su profiter
d’un filon commercial. Mais il
faut bien faire la différence
entre la logique de spectacle et
la logique de pratique. »
Autrement dit, on peut regarder des combats à la télé sans
pour autant s’inscrire dans
une salle. Surtout qu’en
France, « il est interdit d’organiser une réunion de MMA »,
lance Ludovic Mauchien.
Alors pas de combat libre en
Les arts martiaux mixtes
prennent le pouvoir
France ? Si. À Orléans, se pratique la lutte contact, une discipline qui enseigne des techniques de combat sobres et réalistes (coups, saisies, projections, etc).
Mais il ne faut pas confondre
la lutte contact avec les combats de l’UFC : « On regarde
l’Ultimate Fighting assez régulièrement à la télé, confirme le
président de Génération Lutte
Contact (GLC) à l’Argonne,
Ludovic Delion. On se dit souvent que ça va trop loin. Ce n’est
pas cette image-là que l’on veut
donner. »
Problèmes de dopage
Le côté éthique des MMA
dérange, comme l’explique
Nicolas Félix, professeur de
taekwondo dans le Loiret :
« Les combattants des MMA
sont presque tous spécialisés
dans des disciplines martiales,
ou dans des sports de combat.
Je me demande à quel genre de
“spécialiste” de taekwondo,
karaté, kung-fu ou autre a-t-on
affaire pour qu’il soit motivé
par ce type de combats. Si ce
“spécialiste” maîtrise son art, il
n’est vraiment pas concerné par
du spectacle relevant des “Jeux
de Rome”. »
Jeux de Rome ? C’est vrai que
la violence est très présente
dans les réunions de MMA.
« Un regard extérieur et néophyte peut avoir des préjugés
par rapport à cette violence,
tempère Abdel Benezzine,
37 ans, professeur de lutte
contact à l’Argonne. Moi, en
tant que professeur, mon interrogation est à propos du dopage
dans l’UFC. »
Dopage, violence, on est loin
des valeurs prônées par les
arts martiaux : respect et maîtrise de soi. Néanmoins, les
MMA existent et se développent de plus en plus...
Alban Gourgousse.
QUESTIONS À
Nicolas Félix
professeur de taekwondo (4e Dan)
à Jargeau, Ingré, La Source et Châteaudun
« Un sentiment
de malaise »
En tant que professeur de
taekwondo, quel regard
portez-vous sur les MMA
(arts martiaux mixtes) ?
Je connais malheureusement
mal les MMA, le monde qui
l’entoure et l’esprit de ce style.
Malgré tout, les quelques
retransmissions de combats
que j’ai pu voir me laissent
perplexe et j’avoue que je
n’aime pas du tout en regarder,
j’ai un sentiment de malaise
par rapport à la dangerosité
des MMA et à la violence dégagée. Au taekwondo, il est inconcevable de frapper un homme
à terre et encore plus inconcevable de faire preuve d’acharnement sur autrui. D’un point
de vue technique, là encore le
taekwondo a une philosophie
différente, celle de la préservation du corps : j’ai donc un peu
de mal avec tous les sports de
combat qui cassent le pratiquant dès l’entraînement.
Le fait que les jeunes soient
attirés par l’Ultimate
Fighting peut-il entraîner la
fin des arts martiaux traditionnels ?
À l’origine, les arts martiaux
apparaissent pour des raisons
militaires et, de nos jours, on
constate tristement que le
spectacle de la violence divertit
beaucoup de gens, et notamment beaucoup d’adolescents.
Cependant, je pense que si les
Maîtres d’arts martiaux enseignent selon l’esprit de leur Art,
on n’a absolument aucune
crainte de voir s’éteindre les
arts martiaux traditionnels. De
plus, les jeunes sont peut-être
attirés (le côté voyeurisme y
est pour beaucoup), mais de là
à pratiquer, j’ai des doutes…
Propos recueillis par A.G.
JEUDI À
ORLÉANS. La
lutte contact
offre un
éventail de
techniques
comme les
prises de
soumission
au sol (cicontre) mais
on est loin
de l’ultraviolence de
l’Ultimate
Fighting.
(Photo Christelle Besseyre)
JEUDI À ORLÉANS.
En lutte contact
(ci-contre), le
punch et les coups
de poing sont très
importants, comme
dans tous les arts
martiaux. (Photo
Christelle Besseyre)
Le sulfureux Ultimate Fighting
toujours là après 17 ans d’existence
■ Décrié par les puristes
mais adoré par beaucoup
de jeunes, l’Ultimate
Fighting, créé en 1993,
est toujours sur le devant
de la scène médiatique.
1993. Une révolution. On allait
voir ce qu’on allait voir. Quel
art martial était le plus efficace ? Karaté contre lutte. Boxe
contre kung-fu. Judo contre
taekwondo. C’est un combattant aux mensurations presque
discrètes (1,80 m, 82 kg) qui
s’impose lors de la première édition de l’Ultimate Fighting
Championship (épreuve américaine qui amènera le Japon à
créer le Pride ou le K-1). Il
démontre ses qualités au combat au sol : la légende du Brésilien Royce Gracie est née. Le
monde des arts martiaux se
passionne alors pour ce
fameux ju-jitsu brésilien qui
permet à Gracie de dominer
des adversaires beaucoup plus
lourds que lui en les amenant
au sol. Bien sûr, l’aïkido ou le
ju-jitsu japonais proposent ces
mêmes techniques depuis le
premier quart du 20e siècle
mais le côté spectaculaire et
médiatique impressionne : l’Ultimate Fighting Championship
propose alors des combats
ultra-violents, sans beaucoup
de règles, sans limite de temps,
sans catégories de poids (sur
les premières éditions), dans
un octogone grillagé.
La marque Royce Gracie
Ses combattants sont rompus à
toutes les techniques de frappes (pieds, poings, mains ouvertes, coudes, genoux) de saisies
et de techniques de soumission
au sol (projections, étranglements, torsions, etc...). Ils ont
des surnoms à faire peur (La
Bête, l’homme le plus dangereux au monde, le Marteau, le
Tank, etc...).
Le Brésilien Royce Gracie remporte ainsi l’UFC 1, 2 et 4. Il
marque de son empreinte les
arts martiaux à travers le
monde. D’autres combattants
deviennent des stars grâce à
l’UFC : l’Américain Randy Couture en est un exemple. « Com-
battre pour la première fois à
l’UFC, c’était un mélange de peur
et d’excitation », Randy « The
Natural » Couture (1,88 m,
93 kg) l’a compris : l’octogone
n’est pas un ring comme les
autres. D’ailleurs, le 28 août dernier à Boston, à l’âge de 47 ans
et après avoir tourné dans le
dernier Stallone au cinéma
(« The Expendables »), il bat le
boxeur James Toney en 3’20’’
lors de l’UFC 118 ! Malgré les critiques, l’Ultimate Fighting est
une affaire qui marche.
A.G.
L’Ultimate Fighting (ci-dessus
avec Randy Couture), très apprécié par les jeunes, se déroule
dans un octogone grillagé. Les
coups sur les adversaires à terre
sont autorisés. Ce sport de
combat est interdit en France.
REPÈRES
■ Où pratiquer
la lutte contact
Génération Lutte Contact :
Dojo du Nécotin, 61 avenue
de la Marne 45000 Orléans.
Tél : 06.02.30.48.63.
55 ¤ par an pour les femmes,
118 ¤ pour les hommes.
US Orléans lutte contact :
Palais des sports, 14 rue
Eugène Vignat 45000 Orléans.
Tél : 02.38.53.97.27 ou
06.87.82.69.75.
■ Où voir de l’UFC
La chaîne de télé RTL9 diffuse
tous les samedis soirs des
combats de l’Ultimate
Fighting Championship.
Pour les fans, Internet
(www.ufc.com) ou les DVD.
Pour les joueurs : UFC Undisputed 2010 sur PlayStation 3.
■ Fitness
et arts martiaux
Le Brésilien Royce Gracie.
On peut découvrir le Body
Combat (cours de cardio qui
s’inspire des arts martiaux) au
club Énergie à Orléans
(www.club-energie.fr).
Le club Kang-Ho de
taekwondo à Ingré
(kang-ho.chez-alice.fr) propose, lui, du Body taekwondo.
On peut également transpirer
dans son salon avec les DVD
de Tae Bo par Billy Blanks.
LA RÉPUBLIQUE DU CENTRE - JEUDI 14 OCTOBRE 2010 - MON - 29