CORRIGE DE L`EPREUVE COMPOSEE DU BAC

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CORRIGE DE L`EPREUVE COMPOSEE DU BAC
CORRIGE DE L'EPREUVE COMPOSEE DU BAC BLANC #3 – P. MARZIN
Première partie : Mobilisation des connaissances
1. Quelle relation peut-on faire entre compétitivité et taux de change ? (3 points)
Déterminé sur le marché des changes par confrontation de l'offre et de la demande devises, le taux de
change est le prix d’une monnaie par rapport à une autre. Or, les variations du taux de change (appréciation ou
dépréciation) influencent fortement la capacité d'une économie à tenir ou accroitre ses parts de marché et à
affronter la concurrence, particulièrement au niveau des prix.
Tout d'abord, les variations du taux de change ont un effet sur le commerce extérieur car elles influencent le
prix des exportations et des importations.
Lorsqu’une monnaie prend de la valeur par rapport aux autres devises, le prix des importations libellé en monnaie
nationale diminue et au contraire le prix des exportations libellé en devises augmente : cela doit faire augmenter les
quantités importées et diminuer les quantités exportées.
Inversement une perte de valeur de la monnaie nationale devrait permettre d’améliorer la compétitivité-prix des
producteurs résidents mais elle renchérit le coût des importations.
Certains pays pratiquent la dévaluation compétitive pour favoriser les exportations et freiner les importations (cf.
Etats-Unis, Chine, guerre des changes).
La variation des taux de change influence aussi les capitaux investis dans une économie : une monnaie forte
attire les capitaux étrangers.
Lorsqu’une monnaie a tendance à s’apprécier, les titres financiers libellés dans cette monnaie prennent de la valeur
par rapport à ceux libellés en devises étrangères et il est alors possible de les placer sur les marchés en les
rémunérant un peu moins que ceux libellés en devises étrangères ; les emprunteurs d’un territoire dont la monnaie a
tendance à s’apprécier peuvent donc s’endetter en ne payant qu’un taux d’intérêt faible.
Au contraire pour une monnaie qui a tendance à se déprécier, il faut consentir à payer un taux d’intérêt élevé pour
emprunter dans cette monnaie sur les marchés internationaux. Le taux d’intérêt auquel un pays ou les agents
économiques privés qui utilisent sa monnaie doivent consentir pour emprunter sur les marchés internationaux
dépend des calculs des investisseurs sur les risques qu’ils prennent en achetant ces titres.
Il apparait donc que le taux de change conditionne fortement la compétitivité-prix.
2. Quels sont les principaux acteurs de la régulation des conflits ? (3 points)
Mettant en jeu des groupes sociaux dont les intérêts ne coïncident plus ou sont en opposition, les conflits sociaux
ont fait l'objet d'une institutionnalisation progressive et se sont vus encadrés par normes sociales et juridiques.
L'émergence d'organisations représentatives des parties prenantes aux conflits a grandement contribué à cette
régulation.
Ainsi, les syndicats de salariés sont des organisations professionnelles visant à défendre les intérêts de leurs
adhérents (conditions de travail, rémunérations). Ils négocient avec les organisations patronales (« syndicat
patronaux », comme par exemple le MEDEF, La CGPME,…). Ces syndicats se constituent ainsi en partenaires sociaux
et participent à la gestion paritaire des organismes de sécurité sociale et à la définition des conventions collectives
qui encadrent les contrats de travail.
Enfin, et particulièrement en France, l'Etat est un acteur central de la régulation des conflits par la définition d'un
droit du travail qui encadre les relations professionnelles. Le conseil des prud'hommes est l'instance juridique
chargée de trancher les litiges relatifs au droit du travail.
La création d’instances représentatives et de procédures de négociations permet, dans la lignée de DAHRENDORF de
considérer la tension comme « normale » et régulée, encadrée par des règles acceptée par les différentes parties en
présence.
Deuxième partie : Étude d’un document (4 points)
Après avoir présenté le document ci-dessous, vous montrerez qu'il illustre les difficultés de la coordination des
politiques économiques dans l'Union européenne
Soldes des finances publiques et dettes publiques des pays membres de la zone euro en 2012
Déficit ou excédent des finances publiques
Allemagne
Autriche
Belgique
Chypre
Espagne
Estonie
Finlande
France
Grèce
Irlande
Italie
Luxembourg
Malte
Pays-Bas
Portugal
Slovaquie
Slovénie
Zone Euro
en millions d'euros
4 090
-7 684
-14 852
-1 127
-111 641
-46
-3 662
-98 196
-19 360
-12 461
-47 633
-359
-226
-24 405
-10 596
-3 107
-1 418
-352 683
en % du PIB
0.2
-2.5
-3.9
-6.3
-10.6
-0.3
-1.9
-4.8
-10
-7.6
-3.0
-0.8
-3.3
-4.1
-6.4
-4.3
-4.0
-3.7
Dette publique
en millions d'euros
2 166 278
227 431
375 389
15 350
883 873
1 724
103 131
1 833 810
303 918
192 461
1 988 658
9 232
4 871
427 515
204 485
37 245
19 189
8 600 983
en % du PIB
81.9
73.4
99.6
85.8
84.2
10.1
53.0
90.2
156.9
117.6
127.0
20.8
72.1
71.2
123.6
52.1
54.1
90.6
Source : Eurostat, avril 2013
Ce tableau statistique à double entrée présente le niveau (en millions d'euros) et la part relative dans le Produit
Intérieur Brut (en %) des soldes publics et des dettes publiques des pays membres de la zone euro en 2012. Il a été
publié par Eurostat en avril 2013.
Ce document met en évidence la difficulté de respecter le Pacte de Stabilité et de Croissance, commandé par la
nécessité de coordination des politiques économiques, en particulier les politiques conjoncturelles budgétaires et
monétaires, des pays qui ont choisi d'adopter une monnaie commune. [on peut ici faire une rapide référence à B. Balassa et à
la politique monétaire de la BCE, mais le cœur de la réponse ne doit pas trop s'éloigner du document => Ce que l'on jugera
principalement dans cet exercice c'est votre capacité à manipuler et exploiter les données chiffrées]
En effet, on observe qu'en 2012, seuls 6 des 17 pays membres de la zone euro respectaient le critère de déficit public
inférieur à 3% du PIB. C'est par exemple le cas de l'Autriche dont le solde des recettes et des dépenses des
administrations publiques s'élevait à -7.68 milliards d'euros, soit 2.5% de sa richesse nationale. En France, le déficit
public s'élève à près de 100 milliards d'euros et représente 4.8% du PIB, soit 2.3 points de plus que l'Autriche, et 5 points
de plus que l'Allemagne, qui est le seul pays de la zone euro à présenter un solde des finances publiques excédentaire.
La situation de la dette publique apparait encore plus critique, dans la mesure où seuls 5 pays présentent une dette
publique conforme au critère du pacte de stabilité et de croissance, c'est-à-dire inférieure à 60% du PIB. On constate
également une très forte disparité des situations, entre un pays comme la Finlande, dont l'ensemble des emprunts
représente un peu plus de la moitié du PIB, et le Portugal, l'Irlande, l'Italie et la Grèce dont les niveaux d'endettement
public dépassent les 100% du PIB. Ainsi, la dette de la Grèce représente 156% du PIB, soit plus de 1.5 fois le volume de
sa production annuelle.
A un niveau de 1833 milliards d'euros, la dette de la France représente quant à elle 90.2% du PIB. Il est à noter que la
zone euro dans son ensemble ne respecte pas les critères du PSC, puisque les soldes et dettes publiques des 17 pays de
l'euroland cumulés représentent respectivement -3.7% et 90.6% du PIB de la zone.
Au-delà de la dégradation des comptes publics des Etats, ce document permet donc de dégager la forte hétérogénéité
des situations des pays membres de la zone euro au regard de leurs finances publiques. Il est particulièrement difficile
de concevoir une coordination économique dans une zone monétaire où un seul pays, l'Allemagne, connait un excédent
alors que quatre d'entre eux ont une dette largement supérieure à leur PIB.
Troisième partie : Raisonnement s’appuyant sur un dossier documentaire (10 points)
A l’aide du dossier documentaire et de vos connaissances, vous analyserez les effets de la
flexibilité du marché du travail sur l’emploi.
Définition des termes du sujet
Flexibilité (du travail) => consiste à ajuster, dans les délais les plus brefs, la quantité de travail ou les salaires à la
quantité de biens et services produits. => Flexibilité quantitative externe, quantitative interne, qualitative
Marché du travail => Lieu de rencontre entre l'offre de travail (qui émane des travailleurs qui vendent leur force de
travail) et la demande de travail (qui émane des employeurs qui recherchent une main d'œuvre pour réaliser la
production), et ou se fixe le salaire réel et le niveau d'emploi.
L’emploi => Ensemble de l'activité rémunérée. On pense immédiatement au NIVEAU de l'emploi (aspect
QUANTITATIF, le nombre de personnes qui travaillent, et donc la question du CHOMAGE), mais il ne faut pas omettre
aussi la STRUCTURE de l'emploi (aspect QUALITATIF => quels emplois sont favorisés par la flexibilité ? Les emplois
flexibles sont ils de même nature que les emplois "classiques" ? => on arrive à faire émerger la question de la
segmentation du marché du travail et des Formes Particulières d'Emploi => Emploi typique vs emploi atypique)
Dans cette épreuve, on ne vous demande pas une intro aussi développée que dans une dissertation, mais à titre indicatif et pour
pouvoir transférer ceci en cas de dissert, voilà une problématique que l'on pourrait formuler :
Face aux évolutions quantitatives et qualitatives de la demande, les entreprises cherchent à s'adapter rapidement en
ajustant leurs effectifs (flexibilité quantitative externe), en modulant leurs horaires de travail (flexibilité quantitative
interne), ou en étoffant les qualifications et la polyvalence de la main d'oeuvre (flexibilité qualitative). Ces dispositifs
ne sont pas sans effets sur le niveau de l'activité rémunérée et sur la structure/qualité des emplois proposés.
S'interroger sur l'ampleur et la nature de ces effets suppose d'analyser l'impact de la flexibilité sur le niveau du
chômage, tout en relevant les situations intermédiaires d'emploi atypique qu'elle contribue à faire émerger.
Nous montrerons que si la flexibilité du travail favorise l'emploi en permettant une adaptation à la dynamique du
marché du travail, elle génère également des effets pervers qui peuvent jouer contre l'emploi et favoriser la
précarité.
Le second paragraphe peut vous apparaître un peu compliqué à construire, mais regardez surtout comment dans le premier
paragraphe j'ai amené la définition des termes du sujet. Voilà typiquement un exemple d'intégration des notions du cours dans la
problématique du sujet). Le troisième paragraphe annonce le plan.
Voici une argumentation en réponse au sujet, qui reprend le plan proposé dans un simple enchainement de paragraphes :
 Dans le cadre du modèle néoclassique la flexibilité quantitative permet de lutter contre le chômage
o Analyse néoclassique
o Flexibilité externe et interne (doc 1)
 La flexibilité qualitative permet un ajustement aux variations de la demande
 Le modèle de flexisécurité (doc 2)
 Dans une optique keynésienne, la flexibilité peut jouer contre l'emploi en comprimant la demande effective
 La flexibilité peut dégrader les conditions d'emploi (doc 3)
o
o
Les FPE favorisent la précarité (doc3)
La flexibilité entretient la segmentation du marché du travail
CORRIGE de la Dissertation
SUJET
Analysez l'efficacité des politiques d'allègement du coût du travail pour lutter contre le chômage
ANALYSE DU SUJET
Mots clés
POLITIQUES => Renvoie, dans le cadre du sujet au titre du chapitre et à la notion de "politique pour l'emploi" =>
Ensemble des interventions publiques sur les différents marchés (marché des biens et services, marché des capitaux,
marché du travail) qui cherchent à agir sur le niveau de l’emploi et le niveau du chômage.
COUT DU TRAVAIL => l'erreur commune, déjà abordée dans le DST sur les FMN, consiste à parler ici uniquement du
"salaire", sous-entendu le salaire net. Le coût du travail c'est ce que coûte le travail à l'employeur (idée du taux de
salaire réel et de coût salarial unitaire, deux notions présentes au programme et dans la fiche notions du chapitre).
Le coût du travail c'est donc le salaire "super brut" => Salaire net (celui que perçoit effectivement le salarié) +
cotisations sociales salariales + cotisations patronales. Oublier de prendre en compte ces cotisations empêcherait
de traiter correctement le sujet. Par exemple, on voit dès maintenant que l'allègement du coût du travail peut passer
par une baisse des cotisations sociales, notamment celles à la charge de l'employeur.
CHOMAGE => Situation d'une personne sans emploi, à la recherche d'un emploi et disponible pour en occuper un.
On peut bien sur mobiliser la différence de mesure du BIT et celle de Pole Emploi. Mais on peut aussi voir le chômage
comme une situation de déséquilibre entre l'offre et la demande sur le marché du travail (O>D).
Reformulation et problématique
On voit qu'on a un sujet classique d'analyse d'une relation ("analysez" est d'ailleurs le premier mot et la consigne du
sujet). Analyser l'impact de A sur B. Analyser la relation A/B.
Analysez l'efficacité des politiques d'allègement du coût du travail pour lutter contre le chômage
 L'action de l'état visant à réduire le coût du travail permet-elle de réduire le chômage ?
 Faut-il baisser le coût du travail pour voir diminuer le nombre de chômeurs ?
 Une baisse du taux de salaire réel a-t-elle toujours un effet positif sur l'emploi ?
 Les cotisations sociales représentent-elles un frein à l'embauche ?
 La baisse du coût du travail peut-elle avoir des effets pervers sur l'emploi ?
 La baisse du coût du travail peut-elle entraîner une hausse du chômage ?
 L'Etat doit-il intervenir pour lutter contre le chômage ?
Je m'arrête là mais vous voyez que je pourrais encore continuer, et vous voyez ce que je fais : Je triture le sujet, je le
décompose en plusieurs questions qui me permettent de mieux le cerner…. et de finalement dégager une
problématique qui reprenne ce questionnement :
 Face à la persistance de situations d'individus sans emploi et à la recherche d'une activité rémunérée, on
peut se demander si le coût du travail représente un frein à l'embauche et par quels mécanismes un
allégement des dépenses liées à l'emploi d'un salarié peut contribuer à rééquilibrer l'offre et la demande
sur le marché du travail. Pour répondre à cette question, il convient d'envisager les différents moyens mis
en place pour alléger le coût du travail tout en envisageant les effets pervers de telles mesures.
Analyse de docs
Idée de plan
I-




La baisse du coût du travail a effet positif sur le marché du travail
A- Le modèle néoclassique de base préconise une flexibilité salariale
Modèle néoclassique
Hausse de l'offre
Baisse de la demande
Analyse de certaines politiques – exemples
B- La mise en place de politiques d'allègement du coût du travail
 La baisse des cotisations sociales (salariales et patronales)
 Les contrats aidés
 La dérèglementation du marché du travail et la flexibilité salariale
II-
La baisse du coût du travail a des effets pervers et peut-être relativement inefficace pour lutter contre
le chômage
A- Les limites
 La corrélation entre faibles coûts salariaux et faible chômage n'est pas évidente (docs 1 et 2)
 Effets de substitution et effets d'aubaine (revoyez notamment le doc vu en cours à ce sujet)
B- Les effets pervers
 La critique keynésienne : la baisse du cout du travail comprime la Demande globale et joue contre l'emploi
(doc3)
 Le développement du travail précaire et le risque d'exclusion (doc 4)
Vous pouvez désormais rédiger l'intro au brouillon, puis directement le devoir au propre.
Idée de phrase d'accroche, on peut partir sur le fait que les emplois d'avenir qui sont des emplois aidés (l'état prend
en charge une partie du salaire, ce qui revient à une allègement du coût pour l'employeur) mis en place par le
gouvernement ne connaissent pas beaucoup de succès : http://www.lemonde.fr/politique/article/2013/05/29/lesemplois-d-avenir-peinent-a-demarrer-surtout-dans-les-zones-urbaines-sensibles_3420007_823448.html
En d'autres termes, c'est une situation où l'allègement du coût du travail n'a pas un effet mécanique sur la création
d'embauche. Ceci s'explique ici à la fois par la conjoncture (demande faible) et par le public cible de cette mesure
(plutôt les jeunes non qualifiés; des emplois plutôt dans les administrations). On pourrait exploiter largement cet
exemple dans le cœur du devoir, mais on va ici simplement en faire une phrase d'accroche :
Le dispositif des emplois d'avenir mis en place par François Hollande pour lutter en priorité contre le chômage des
jeunes sans qualification a trouvé peu d'écho auprès des employeurs, et l'objectif des 100 000 contrats signés d'ici
la fin de l'année paraît largement compromis. Ces difficultés posent la question de la capacité d'un contrat aidé
fondé sur la prise en charge d'une partie de la rémunération par l'Etat à résoudre les difficultés d'emploi de
certaines catégories de travailleurs.
Et si j'enchaînais avec ma problématique de tout à l'heure ? Je vais juste rajouter un connecteur logique pour faciliter
la transition et la fluidité du raisonnement :
En effet, face à la persistance de situations d'individus sans emploi et à la recherche d'une activité rémunérée, il
est fréquent d'entendre que le coût du travail représente un frein à l'embauche et on peut se demander par quels
mécanismes un allégement des dépenses liées à l'emploi d'un salarié peut contribuer à rééquilibrer l'offre et la
demande sur le marché du travail. Pour répondre à cette question, il convient d'envisager les différents moyens
mis en place pour alléger le coût du travail tout en envisageant les effets pervers de telles mesures.
Voilà, n'hésitez pas à me contacter sur [email protected] si vous avez besoin d'éclaircissements.