As su ran ces vie: une ana lyse à dou ble tran chant

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As su ran ces vie: une ana lyse à dou ble tran chant
LUNDI 30 JUIN 2003
L’AGEFI — 39
REPÈRES AS ASSET SERVICES
þ
«Je ne crois en aucune statistique – même pas en celle que j’ai falsifiée moi-même»
Assurances vie: une analyse à double tranchant
Ce bon mot de Winston
Churchill résume parfaitement
la difficulté à interpréter les
comparaisons et en particulier
les comparaisons de produits
d’assurance. De surcroît, un tel
produit s’inscrit non seulement
dans le présent mais aussi sur le
long terme. Une comparaison
doit compter avec trop
d’hypothèses futures. En
résumé, nous pouvons affirmer
que les comparaisons sont
plutôt des artefacts, et que, tout
bien considéré, il est plus
avantageux d’opter pour une
assurance pure et pour un
placement afin de construire un
capital.
Karim Erard*
L’
objectif de toute comparaison est de trouver la meilleure prestation au meilleur prix. Hélas,
pour y arriver, il faut fortement
réduire la complexité des produits, ce qui peut con si dérablement altérer le résultat. En
outre, même dans le meilleur
des cas, cer tains pa ramè tres
demeurent des hypothèses qui
ne s’avéreront qu’à l’échéance.
Et pourtant les comparaisons
d’assurances fusent de partout.
Raison pour laquelle nous nous
penchons sur l’utilité de telles
besognes, à l’instar des produits
d’assurance hybrides -des assuran ces vie mix tes- qui
combinent la couverture de risque avec la constitution d’un capital remboursé à l’échéance.
Même calculés de bonne foi, les
résultats sont douteux. Une comparaison sérieuse est difficile et
le résultat sera tout de même hypothétique, car on doit prendre
en considération une pléthore de
paramètres, qui peuvent passablement se modifier au fil du
temps: excédent escompté et réalisé à l’échéance, bonus final,
participations aux marchés financiers, tous les frais et com-
missionnements déclarés ou dissimulés, frais tiers, fiscalité...
D’autre part, certains paramètres
restent stables pendant la durée
du con trat: somme de l’assurance garantie, taux technique,
paiement en cas de survie, prime
minimale, droit de timbre de
2,5%, spécificité du produit (p.ex.
versement en cas de décès de
96% de la somme de l’assurance
garantie), etc. Faute de mieux,
beaucoup de comparaisons se limitent justement à ces derniers
chiffres prétendument stables et
évidents. Et pourtant les résultats
s’avèrent différents. Dans le tableau 1, par exemple, Winterthur sort gagnante aussi bien en
pour cent qu’en chiffres absolus
tandis que la Zurich et la Vaudoise se révèlent moins performantes. Ce résultat est mis en
doute par le tableau 2, dans lequel la Winterthur se retrouve
au milieu du tableau. Si, par contre, on se focalise sur le dépassement des excédents escomptés,
c’est finalement la Vaudoise qui
l’emporte et la Winterthur se
trouve reléguée à la dernière
place. Evidemment toutes ces
statistiques revendiquent un travail sérieux.
pas une révélation extraordinaire, mais elle vaut quand
même la peine d’être mentionnée. Les excédents servent souvent d’appât et c’est finalement
à la compagnie de déterminer
leur franchise. Ainsi, les différentes politiques d’excédents
peu vent être re grou pées en
trois catégories. La première essaie d’offrir des excédents plutôt stables, car les as su reurs
poursuivent une politique d’excédent avec un taux valable sur
le long terme et ceci aussi bien
par rapport à la participation
aux excédents qu’aux intérêts
des ex cé dents. La deuxième
catégo rie d’as su reurs se retrouve avec de faibles décalages
entre les excédents escomptés
et ceux réalisés avec une tendance à adapter les intérêts des
ex cé dents aux taux ac tuel lement en cours. La troisième catégorie d’assureurs se distingue
par un décalage remarquable.
Ici, les calculs de la participation aux excédents suivent un
rendement moyen qui est régulièrement adapté. Quoi qu’il en
soit, les tableaux 1 et 2 sont peu
con vain cants. Reste à sa voir
qu’en règle générale les excédents aug men tent quand les
taux du marché sont haussiers.
La dé cision est plutôt d’or dre
psychologique qu’intellectuelle.
Bien que les tableaux 1 et 2 permettent de comparer les excédents es comp tés avec les
excédents réalisés, les conclusions à en tirer restent limitées,
voire douteuses. Il semble que
d’autres critères sont déterminants pour le preneur d’assurance, tels que la confidence, la
transparence ou la crédibilité
(par exemple d’un conseiller familier), donc des dimensions
d’ordre psychologique. Les excédents escomptés lors de la conclusion du contrat ne devraient
pas être un critère décisif.
Le taux technique joue un rôle
important sur le résultat final. En
1999, les com pagnies d’as surance ont baissé le taux d’intérêt technique de 3,5% à 2,5%,
selon les directives de l’Office
fédéral des assurances privées.
Cela signifiait que la prime d’épargne d’une assurance vie, financée par des primes annuelles ou par une prime unique,
était par la suite dotée d’un intérêt garanti de 2,5%. Il en résul tait une somme de l’as surance garantie réduite de 10%.
Autrement dit, l’abaissement
du taux technique a toujours
un impact considérable sur la
somme garantie. Un tel abaissement ou une telle augmenta-
Une référence: les excédents suivent à peu près l’évolution des
taux du marché. Ce n’est certes
sent fortement pour finir aux
alentours de 700 francs par an
pour deux têtes, ce qui est très
pro ba ble ment in fé rieur aux
frais en cours d’une assurance
vie liée, par exem ple, à des
fonds de placements.
Enfin, la discussion sur la portée
des comparaisons d’excédents
aboutit aux conclusions suivantes
1. Les chiffres venant des comparaisons présentées suggèrent
un fait qui n’est qu’autre qu’un
artefact, en d’autres termes une
fausse conclusion. On croit décider en connaissance de cause,
mais finalement la décision est
aléatoire. On décide avec beaucoup d’inconnues et le résultat
se ré vé le ra à la fin avec un
nombre considérable de mauvaises surprises.
2. Toutes informations confondues, on arrive à la conclusion
que les pla ce ments ont un
rendement moyen à faible, ce
qui ne représente rien d’autre
qu’une importante source de
frais sup plé men tai res si on
garde à l’es prit qu’un pla cement direct pourrait rapporter
plus.
3. Le renseignement essentiel est
que les produits hybrides, assurance et placement amalgamés
dans toutes leurs formes, sont
peu con vain cants et en core
moins transparents. Cela s’explique par l’évolution de leur environnement.
4. Et si on coupait la poire en
deux? Il semble plus avantageux
de conclure une assurance risque pure à prime périodique et
de faire un place ment à part
pour construire un capital.
5. Avec une telle solution, les
engagements financiers sont
bien moin dres d’au tant plus
qu’on diminue la couverture de
risque ●
On sait pourquoi on paie et les
excédents sont, si jamais, directement réduits. Evidemment,
même cette comparaison n’est
pas évidente, car il y a une multitude de paramètres qui apparaissent. Mais, elle travaille avec
du concret et l’excédent est, si
jamais, directement déduit. De
plus, ce type d’assurance ne subit pas tellement de modifications au niveau des primes, car
le risque décès est aujourd’hui,
avec l’augmentation de la durée de vie, moins pro non cé
qu’autrefois. Il s’agit donc d’une assurance assez stable au niveau des primes et pour les assureurs plutôt dégressive côté
ris que. A l’op posé, on trouve
par exemple les assurances invalidité, qui sont devenues plus
chères suite à l’augmentation
du risque invalidité. Le tableau
6 nous rend attentif au fait qu’à
partir de 2400 francs suisses, il
est possible d’obtenir une couverture sur deux têtes pour un
demi-million par personne en
cas de dé cès. Si on baisse la
somme assurée par exemple à
150.000 francs, les primes bais-
Les excédents, un moyen de conquérir des parts de marché. Tirer
les conclusion avec de telles comparaisons est un exercice difficile. Pourtant, nous poussons encore plus loin les comparaisons
avec les tableaux 3, 4 et 5, car celles-ci sont aujourd’hui monnaie
cou rante. Un premier sur vol
montre que deux assureurs, le
groupe Mu tuel et Ze nith,
comme les meilleurs. Ces deux
assureurs ont des parts de marché encore peu importantes en
Suisse, mais leurs politiques indiquent qu’ils veulent conquérir
des parts de marché avec des
promesses qui ne sont au fond
que de la poudre aux yeux. Il est
intéressant de noter que les assureurs qui se distingue d’une manière positive dans le tableau 2
se trouvent avec leurs excédents
escomptés plutôt du côté des
moins performants.
* AS Asset Services SA,
Auvernier-NE;
www.assetservices.ch.
UN TABLEAU DONT L’ESSENTIEL PEUT PASSER PRESQUE INAPERÇU
EXCÉDENTS ESCOMPTÉS - EXCÉDENTS RÉALISÉS
Homme de 50 ans / Prime unique: 100.000 CHF / Début du contrat: 1991 / Durée: 10 ans / Bilan intermédiaire en 1998
Winterthur
Swiss Life
Zürich
Helvetia/Patria
Vaudoise
SOMME DE L’ASSURANCE
122.500
122.000
122.000
120.000
121.000
EXCÉDENT ESCOMPTÉ
51.400
48.300
49.700
46.200
42.600
EXCÉDENT RÉALISÉ 1998
35.400
32.200
25.500
25.500
23.700
EXCÉDENT RÉALISÉ EN %
69%
67%
49%
58%
56%
SOMME TOTALE NOMINALE
157.900
154.200
147.500
146.800
144.700
Homme de 35 ans / Prime périodique: 6000 CHF mixte (3ème pilier a) / Début du contrat: 2003 / Durée: 30 ans
Groupe Mutuel
Winterthur Zenith/ Patria
Helvetia/ Patria Vaudoise
Swiss Life
Zürich
SOMME DE
L’ASSURANCE
205.500
186.000
204.000
199.000
199.000
187.500
187.000 195.000
EXCÉDENT
ESCOMPTÉ
97.000
60.000
52.000
48.000
37.000
36.000
36.000
Moyenne
52.000
1.97%
RENDEMENT
Le rendement moyen est de 1,97% sur 30 ans.
TABLEAU 4
Cette statistique suggère qu’il faut opter pour la Winterthur.
TABLEAU 1
En lisant différemment les tableaux, on gagne en clarté. L’analyse des tableaux 3 à 5 indique une piste aussi intéressante
qu’utile, pour finalement trouver la meilleure prestation au
meilleur prix. Le ren de ment
des placements dans le tableau
3 est en moyenne de 2,3% et
pour les ta bleaux 4 et 5 entre 1,97% et 1,83%. Cette observation amène à une autre réflexion. Au lieu de tra vailler
avec des ex cé dents peu concluants qui ne sont en réalité
que des promesses, on pourrait
agir autrement: opter pour une
cou ver ture de ris que pure à
fonds perdu et un placement
d’argent complémentaire. On
sé pa re rait le pro duit d’as surance du placement et on gagnerait ainsi nettement en clarté (voir tableau 6).
tion entre toujours en vigueur
avec la con clu sion d’un nouveau contrat. Les contrats existants ne changent plus. Bref: il
y a une importante différence
entre le taux technique et les
excédents escomptés ou réalisés. Durant les années fastes de
la Bourse, les as su reurs ont
longtemps pu compenser une
réduction des taux techniques
par une augmentation des excédents escomptés. Mais contrairement à ces premiers, les excédents peuvent être modifiés à
tout moment si la compagnie
change de politique. En 1999,
deux exemples ont illustré ce
phé no mène; la Zu rich avait
baissé le taux technique et dans
le même temps, elle avait augmen té les ex cé dents de 50%.
Durant cette même année, les
excédents avaient déjà été rabaissés de 33%. Et depuis 2000,
les excédents fondent comme
neige au soleil. Aujourd’hui, les
taux techniques se situent entre 2,5% et 2%, et le taux technique maximum sera plafonnée à
er
2% dès le 1 octobre 2003.
SOURCE: AS ASSET SERVICES SA, AUVERNIER-NE
S O U R C E : A S A S S E T S E R V I C E S S A, A U V E R N I E R - N E
UN AUTRE TABLEAU DONT L’ESSENTIEL PEUT PASSER PRESQUE INAPERÇU
EXCÉDENTS ESCOMPTÉS - EXCÉDENTS RÉALISÉS
Homme de 35 ans / Prime périodique: 6000 CHF mixte (3ème pilier a) / Début du contrat: 2003 / Durée: 20 ans
Homme de 50 ans / Prime unique: 100.000 CHF / Début du contrat: 1992 / Durée: 10 ans / Bilan intermédiaire en 1998
Winterthur
Swiss Life
Zürich
Helvetia/Patria
Vaudoise
SOMME DE L’ASSURANCE
122.000
120.000
122.500
121.500
124.000
EXCÉDENT ESCOMPTÉ
95.500
90.000
94.300
65.500
80.500
EXCÉDENT RÉALISÉ 1998
95.500
75.600
70.500
71.000
61.000
EXCÉDENT RÉALISÉ EN %
0%
-16%
-25.2%
8%
-24%
SOMME TOTALE NOMINALE
217.500
195.600
193.000
192.500
185.000
Groupe Mutuel
Winterthur Zenith/ Patria
Helvetia/ Patria Vaudoise
Zürich
Swiss
Life
SOMME DE
L’ASSURANCE
128.500
121.500
129.000
126.500
128.500
118.000
127.000 195.000
EXCÉDENT
ESCOMPTÉ
37.000
24.000
20.500
14.500
15.000
10.500
10.500
52.000
RENDEMENT
1.83%
Le rendement moyen est de 1,83% sur 20 ans.
Cette statistique relègue la Winterthur en versement absolu vers le milieu du tableau.
En pourcentage, la Winterthur est en dernière position.
TABLEAU 2
Moyenne
COMPARAISON D’UNE ASSURANCE VIE RISQUE PURE
S O U R C E : A S A S S E T S E R V I C E S S A, A U V E R N I E R - N E
Pour deux têtes / Somme assurée: 500.000 CHF / Durée: 20 ans / Femme de 35 ans / Homme de 40 ans / Les deux sont
non-fumeurs
LES EXCÉDENTS SERVENT-ILS À CONQUÉRIR DES PARTS DE MARCHÉ?
Vaudoise
Pax
Generali
Zurich
Allianz
Bâloise
Providentia
Helvetia Rentenanstalt Winterthur
/Patria
PRIME
2360
ANNUELLE
BRUTE
3275
2720
3050
3601
3070
4045
4439
4339
3800
EXCÉDENT 0
693
0
305
540
0
821
878
693
0
PRIME
2360
ANNUELLE
NETTE
2582
2720
2745
3061
3070
3224
3561
3646
3800
Homme de 50 ans / Prime unique: 100.000 CHF / Début du contrat: 2003 / Durée: 10 ans
Groupe Mutuel
Zenith
Helvetia/ Patria Swiss Life
Winterthur
Zürich
Swiss Life
Moyenne
SOMME DE
L’ASSURANCE
114.000
117.000
115.500
108.000
109.000
109.000
108.000
111.500
EXCÉDENT
ESCOMPTÉ
26.000
18.500
11.000
11.500
12.000
10.500
7500
13.700
RENDEMENT
2.3%
Pour une somme assurée de 500.000 francs, sur deux têtes et à fonds perdu, chose essentielle,
il n’y a justement pas de capitalisation dans ce produit.
Dans dix ans, aura-t-on le meilleur retour sur l’investissement avec le groupe Mutuel ou Zenith? C’est peu probable.
TABLEAU 3
AUVERNIER-NE
SOURCE: AS ASSET SERVICES SA,
TABLEAU 6
S O U R C E : A S A S S E T S E R V I C E S S A, A U V E R N I E R - N E

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