Que peut-on apprendre de l`expérience italienne? Quelques
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Que peut-on apprendre de l`expérience italienne? Quelques
Que peut-on apprendre de l'expérience italienne? Quelques démarches pour améliorer l'inclusion tJ en en ([) ...., a -. Dario lANES Professeur d'éducation spéciale Faculté d'éducation, Université Libre de Bolzano, Italie Heidrun DEMO Chercheur en éducation spéciale Faculté d'éducation, Université Libre de Bolzano, Italie Traduit de l'anglais par Valérie Barry Résumé: !.: Italie est recon nue comme le pays ayant le pourcentage le plus élevé d'élèves présentant des incapacités à participer à une école pour tous. La législation scolaire italienne et le discours pédagogique qui lui est associé ont créé un environnement positif pour un système éducatif orienté vers l'inclusion. Cependant, selon des études récentes, la réalité de l' intég ration semble être plus complexe. Certains buts importants ont été atteints, mais la recherche a révélé que certaj [1s processus critiques, non-inclusifs, se sont immiscés dans les pratiques scolaires quotidiennes: des micro-processus d'exclusion, des difficultés relatives au rôle de l'enseignant de soutien, une approçhe médicale des situations (sous-jacente à la législation italienne), des difficultés à rencontrer les besoins des élèves en situation de handicap et la généralisation de méthodes d'enseignement traditionnelles. Dans cet article, nous proposons et discutons quelques démarches susceptibles d'améliorer l'inclusion : le développe me nt du rôle de l'enseignant de soutien, une compréhension des besoins éducatifs (particuliers) basée sur la CIF 1, un principe de normalité spéciale, des méthodes pédagogiques inclusives et l'utilisation d'un index pour l'inclusion . Mots-clés: Éducation inclusive - Handicap -Intégration scolaire - Italie- Politique éducative. What can be learned from the ltalian experience? M ethods for improving inclusion Summary: ltaly is fa mous for having one of the highest percentages of students with disability attending 'school for ali: ltal ian school legislation and ltalian pedagogical discourse have created a positive setting for an inclusion-oriented school system. However, recent studies have shown the reality of integration to be more complex. Integration has reached some important goals, but research has revealed that some damaging non-inclusive processes are ta king place in everyday school practice: micro-exclusion, difficulties with the support teacher role, the medical approach underlying the ltalian legislation, the difficulty of meeting the needs of pupils with disability and the diffusion of traditional teaching methods. ln this article, we propose and discuss a number of methods and approaches for improving inclusion: the development of the support teacher role, an ICF based understanding of (special) educationa l needs, the inclusive principle of special normalit y, inclusive teaching methods and the Index for Inclusion. Keywords: Disability- Educationa l policy - Inclusive education- lta ly - School integration. 1. Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé. La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation- no 61 • 1" trimestre 2013 109 D ANS cet article, nous analysons l'expérience italienne de l'intégration et de l'inclusion et nous proposons quelques questions et approches pour développer ce lle-ci. Dans une première partie, nous présentons le cadre général de la législation scolaire dans le domaine de l'intégration, ainsi que les conceptualisations pédagogiques que l'on peut y associer. Dans la partie suivante, certains aspects critiques issus de recherches portant su r les pratiques quotidiennes mettent en évidence de possibles processus de non-inclusion. Enfin, dans la troisième partie de l'article, nous suggérons des démarches pour aborder ces aspects critiques et améliorer l'inclusion. LA SITUATION EN ITALIE: TENDANCES DE LA LÉGISLATION ACTUELLE AU SUJET DE L'INTÉGRATION ET DE L'INCLUSION Depuis près de quarante ans, le système sco la ire italien instruit les enfants et adolescents âgés de six à quatorze ans dans les écoles et établissements ordinaires. En 1962, la loi 1958 est entrée en vig ueur, introduisant le principe d'une école unifiée pour tous les élèves, de la première à la huitième classe. Seuls certains élèves ont été exclus de cette unification: ceux en situation de handicap, qui étaient alors destinés à fréquenter des instituts spécialisés ou à ne pas être scolarisés. En 1977, la loi 517 a permis de juguler ce mécanisme d'exclusion, en donnant à tous les élèves handicapés le droit d'apprendre aux côtés de leurs pairs, d'une manière qui soit adaptée à leurs besoins spécifiques 2. Nous soutenons que le système scolaire italien est orienté vers l'inclusion, en ce sens que l'enseignement obligatoire est organisé d'une façon qui unifie la carrière scolaire de tous les élèves, indépendamment de leurs capacités et du contexte socioculturel dans lequel ils évoluent. Cependant, les lois scolaires originelles ne mentionnent pas explicitement un objectif de transformation des écoles en institutions qui accordent une éducation de haute qual ité et une pleine participation à tous, au sens large. Au lieu de cela, diverses lois ont établi des mesures spécia les pour des populations d'élèves présentant un risque d'exclusion, comme par exemple les élèves handicapés ou ceux issus d'une récente immigration. La loi-cadre italienne (n° 104/92) sur les droits des personnes en situation de handicap, votée en 1992, régule les modalités de scolarisation des élèves à besoins spécifiques et affirme que l'objectif inclusif porte sur le développement de l'apprentissage de ces élèves, et la construction de compétences communicationnelles et sociales. Cette loi énonce également les mesures mises en place pour veiller à ce que les élèves handicapés aient accès à un apprentissage personnalisé au sein des écoles ordinaires, ainsi que les ressources nécessaires pour parvenir à cette personnalisation. Le statut d'inval idité qui est délivré par le service de santé italien joue un rôle central dans le processus inclusif. Ce statut est basé sur une définition médicale de la personne handicapée, laquelle est considérée comme une « personne souffrant d'une déficience physique, mentale ou sensorielle, stable ou évolutive, qui engendre 2. Salvatore Nocera, Giampiero Griffo, "The Body of Legislation on Inclusive Ed ucation of Disabled Persons in ltaly',' Seminar "Mainstreaming in Education',' Southern Europe Disability Committee, 5" Plena ry Meeting, Roma, ltaly, June 13-15, 2012. 110 -------------------------- La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation- n° 61 • 1" trimestre 2013 des difficultés d'apprentissage, de relation et d'intégration dans un milieu de travail, et qui conduit à un désavantage social ou une marginalisation 3 ». Seuls les élèves reconnus handicapés ont la possibilité de bénéficier d'un plan éducatif personnalisé et d'être scolarisés dans une classe où travaille, en plus du professeur habituel, un enseignant de soutien. Ce second enseignant est affecté à une classe si l'un des élèves de celle-ci présente un handicap, tandis que la nature et le degré des besoins spécifiques déterminent la quantité d'heures de soutien réalisées au sein de cette classe. La loi confère des rôles équ ivalents à l'enseignant de soutien et au maître de la classe. Tous deux sont responsables de la gestion du groupe, des processus d'apprentissage et de socialisation de tous les élèves. Conformément à ce principe, tous deux sont également responsables des apprentissages personnalisés des élèves en situation de handicap. En 2010, la loi italienne a reconnu cent-soixante-dix troubles de l'apprentissage (dyslexie, dysorthographie, dysgraphie, dyscalculie, etc.) comme étant associés à des besoins éducatifs particuliers assortis d'un droit à des mesures et ressources scolaires spécifiques. Les élèves fa isant l'objet d'un diagnostic méd ical délivré par des professionnels du système de santé obtiennent le droit à des dispositifs d'apprentissage personnalisé qui, dans leur définition, ne s'éloignent pas des objectifs d'apprentissage posés pour le groupe-classe, mais qui adaptent les démarches d'enseignement à des difficultés spécifiques. En particu lier, deux formes de mesures adaptatives sont considérées: des mesures compensa to ires et des mesures exonératoires. Les premières renvoient à la mise en œuvre de méthodes alternatives prenant en compte certains obstacles. Par exemple, en cas de dyslexie, les élèves sont autorisés à réaliser les activités de lecture au moyen d'un logiciel de synthèse vocale. Dans ce type de situation, les élèves concernés ont accès aux mêmes supports d'apprentissage que les autres, mais d'une façon différente. Pour ce qui concerne les mesures exonératoires, les apprenants sont exonérés des activités qu'ils ne sont pas en mesure de gérer en raison de diffic'Gités spécifiques. Par exemple, des élèves dyscalculiques peuvent être dispensés d'un apprentissage par cœur de la table de multiplication, des élèves dyslexiques peuvent être soulagés de la partie écrite de l'acquis ition d'une langue étrangère. Les professeurs sont responsables de la planification des mesures compensatoires et exonératoires mises en place pour les élèves présentant des troubles de l'apprentissage, et doivent consigner celles-ci dans un plan didactique personnalisé. Pour cette catégorie d'élèves, aucune ressource humaine supplémentaire n'est prévue, c'est-à-dire qu'aucun enseignant de soutien n'est dévolu à la classe. Très récemment (2012). le ministère italien de l' Éducation, de l'Un iversité et de la Recherche a publié une directive qui étend le droit à un apprentissage personnalisé à tous les élèves présentant des besoins éducatifs particuliers. Lélément novateur de cette nouvelle orientation repose sur une redéfinition de ces besoins, lesquels, pour la première fois dans un document réglementaire italien, ne sont plus nécessairement liés à un diagnostic médical mais représentent une catégorie générale incluant tous types d'obstacles durables qu'un élève peut rencontrer dans son processus de 3. Loi-cadre tJ a(/) -. (/) CD -, no 104/92. La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation - no 6 1 • 1" trimestre 2013 111 formation. Cette catégo rie est subdivisée en trois sous-catégories: 1) l'invalidité; 2) les difficultés d'apprentissage spécifiques; 3) les désavantages socio-économiques, culture ls ou linguistiques. Seule la scolarisation des élèves qui présentent des besoins relevant des deux premières catégories était déjà règlementée par des lois spécifiques. Aussi, cette ligne directrice repose sur une donnée nouvelle, la personnalisation du parcours d'élèves dont les difficultés peuvent être associées à leur environnement socioculturel, indépendamment du fait que leurs besoins spécifiques soient connectés ou non à une réalité médicale ou un tableau clinique. En conclusion de ce point nous dirions que la législation scolaire italienne pose les bases d'une scolarité obligatoire unifiée pour tous les enfants et adolescents âgés de six à quatorze ans. Dans le même temps, certaines lois spécifiques règlementent le droit de certa ines populations d'élèves, comme par exemple les élèves en situation de handicap et/ou ceux présentant des troubles spécifiques des apprentissages, à accéder à des ressources supplémentaires. Dans cette évolution réglementaire, on peut relever une tendance à l'é largissement de la catégorie des élèves bénéficiant d'une personnalisation des apprentissages. Il nous apparaît que cet élargissement peut être interprété comme un mouverr1ent vers une compréhension plus large, et plus inclusive, des besoins éducatifs p~ rticuliers. Un autre aspect important du développement de l' intégration et de l'inclusion provient des conceptualisations pédagogiques de ce phénomène, comme nous le verrons dans la suite de cet article. APPROCHES PÉDAGOGIQUES La relation entre intégration et inclusion joue un rôle clef dans le débat pédagogique italien actuel au sujet de l'inclusion. Cela est lié au fait que, comme prévu par le cadre réglementa ire, l'idée, inclusive, d'une école pour tous est historiquement liée en Italie à un processus d'intégration des élèves handicapés dans les écoles ordinaires. Trois grandes approches de la relation entre intégration et inclusion peuvent alors être mises en évidence: 1) Une approche selon laquelle les deux concepts sont considérés comme étant synonymes. 2) Une approche qui définit les deux concepts comme différents, voire antagonistes. 3) Une approche par laquelle l'intégration est vue comme faisant partie de la notion plus large d'incl usion. On peut retrouver la première approche dans la tendance internationalement promue par la Convention relative aux Droits des Personnes Handicapées (adoptée par l'Organisation des Nations Unies le 13 décembre 2006) de situer l'éducation des élèves handicapés dans un contexte ordinaire. En ce sens, l'inclusion est comprise comme un synonyme de l'intégration 4 La seconde approche est basée sur le 4. MIUR (Ministero dell'lstruzione, deii'Un iversitè e della Ricerca ), "Linee guida sull'integrazione scolast ica degli alunni con disabilità'.' 2009. <http://www.anisa.it/Sostegno/ Linee %20guida %20per%20/'integrazione.pdf> M IU R (Ministero del l'l struzione, dei i'Un iversità e della Ricerca), " l.:integrazione scolastica degli alunni con disabilità nel sistema nazionale di istruzione. Anticipazione dei dati A.S. 2010/2011 ·; 2011. <http://hubmiur.pubblica.istruzione.it/alfresco/ d/d/workspace/SpacesStore/ Oc56033b-66f5-4081862b-f2c4a6059cd1/anticipazione_dati_as_2010-2011_def.pdf> 112 --------------------- ------ La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation- n' 61 • 1" trimestre 2013 modèle social d'interprétation des processus d'exclusion. Les écoles inclusives sont définies comme des institutions tentant de surmonter les obstacles qui entravent une pleine participation scolaire et l'accès de tous à un enseignement de haute qualité. Les partisans de cette approche critiquent la politique italienne d'intégration car ils identifient les mesures spéciales, comme la mise en place de plans personnalisés pour certains types d'élèves (comme ceux en situation de handicap), comme des facteurs potentiels d'exclusion . Ils revendiquent la nécessité d'un changement de paradigme, de l'intégration à l'inclusion, c'est-à-dire le passage d'un système scolaire qui prévoit des modalités spécifiques pour que certaines populations d'élèves puissent s'adapter à l'école à un système scolaire qui essaie de se transformer pour s'adapter à toutes les personnes qui y apprennent ou y enseignent 5 . La troisième approche reconnaît une différence entre les concepts d'intégration et d'inclusion, mais les envisagent comme strictement liés. Ici, l'intégration et l'i nclusion partagent les mêmes objectifs: une pleine participation et une éducation de haute qualité. La différence entre les deux notions réside alors dans leur cible: selon cette acception, l'intégration concerne des groupes spécifiques d'élèves, qui présentent un risque d'exclusion (comme les élèves handicapés), tandis que l'inclusion se réfère à tous les élèves, sans distinction. L.:intégration peut donc être envisagée comme un aspect de la problématique, plus large, de l'in clusion 6 La relation entre les deux problématiques est très semblable à celle qui existe entre la Convention relative aux droits des personnes handicapées et la Déclaration universelle des droits de l'homme 7 : le premier texte est important en raison des difficultés supplémentaires que les personnes handicapées peuvent rencontrer pour vivre pleinement leurs droits humains universels. En ce sens, la Convention devient un moyen pour la pleine réalisation des droits énoncés dans la Déclaration. De même, les mesures fixées dans le cadre de la poli.tique d'intégration peuvent être entendues comme des instruments garantissant une participation sociale et une éducation ambitieuse aux élèves qui vivent un risque accru d'exclusion. En résumé, l'inclusion ne fait pas l'objet d'une conceptualisation unifiée en Italie. Dans cette communication, nous utilisons les termes intégration et inclusion en accord avec la signification qui leur est donnée par la troisième approche, car celle-ci correspond mieux à notre compréhension de ces notions. CERTAINS ASPECTS CRITIQUES DES PRATIQUES ACTUELLES D'INTÉGRATION ET D'INCLUSION De récen tes recherches ont montré que le système scola ire italien a atteint certains objectifs importants: la possibilité pou r les élèves handicapés de vivre de longs parcours dans une école pour tous, dans des dispositifs évalués par la majorité des 5. Si mona Df\lessio, Inclusive Education in ltaly: A critical Analysis of the po!icy of integrazione scolastica, Sense Publisher, Rotterdam, 2011. Simona Df\lessio, "Made in ltaly": lntegrazione scolastica and the new vision of incl usive education" in L. Barton, F. Armstrong, Policy, experience and change: Crosscultural reflections on inclusive education, Springer Netherlands, Dordrecht, 2007, p. 53-72. 6. Daria lanes, "Oualche spunto di riflessione su integrazione, inclusione, disabilità e Bisogni Educativi Speciali'; Lintegrazione scolastica e sociale, 2009, no 8/5, p. 440-158. 7. Adoptée par 1/!\ssemblée générale des Nations Unies le 10 décembre 1948. La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolar-isation- no 61 • 1" trimestre 2013 113 enseignants comme étant efficaces 8 D'un autre côté, ces recherches montrent que, tandis que le système scolaire italien prévoit la participation pleine et entière de tous les élèves dans les activités de classe ordinaires, il existe différents types de problèmes dans la façon dont l' intégration est réalisée au quotidien sur le terrain, et ces problèmes ne sont pas gérés d'une façon uniforme. Dans ce qui suit, -nous allons examiner cinq aspects critiques qui caractérisent la pratique quotidienne actuelle de l'intégration. Notre focalisation sur ces aspects critiques est due à notre préoccupation au sujet du fait que des démarches problématiques puissent un jour affaiblir les principes d'intégration et d'inclusion. Par conséquent, nous prétendons que l'exposé des éléments problématiques est la base fondamenta le sur laquelle nous pouvons construire de nouvelles dispositions pour améliorer l'inclusion et soutenir ses principes. Les micro-exclusions Une recherche indépendante, financée par l'université libre de Bolzano, a étudié 1877 questionnaires renseignés par des personnes handicapées ou par leur famille. Les données ont été comparées en fonction des groupes d'âges, et leur analyse a montré qu'en pratique, le modèle d'intégràtion italien ne reflète pas un cadre unifié d'apprentissage pour tous les élèves: certains apprenants en situation de handicap suivent l'intégralité des cours, d'a utres en suivent une partie et d'autres encore passent tout leur temps scolaire en dehors de la classe 9 . Une seconde recherche financée par la même institution a exploré, par le biais de 3230 questionnaires en ligne, le point de vue des enseignants sur le même sujet. Les résultats témoignent du fa it que, selon les professeu rs. un peu plus de la moitié des élèves handicapés sont scolarisés à temps partiel avec leurs camarades de classe, et environ un tiers du temps scolaire quotidien est passé en dehors de l'école 10 Cette tendance a été confirmée par des statistiques officielles recueillies en 2012 par l' Institut national de la statistique (ISTAT 11 ). Les chiffres ont montré que les enfants présentant une déficience mentale légère, c'est-à-dire les élèves à besoins spécifiques les plus inclus à l'école primaire, passent en moyenne 26,1 heures hebdomadaires en classe et 3.4 heures en dehors de la classe, tandis que les adolescents ayant des incapacités sévères, c'est-à-d ire les élèves handicapés les moins inclus dans le second degré, passent 16,7 heures en classe et 10,1 heures en dehors 12 Aussi, bien que le système scolaire italien soit, d'a près les études internationales, considéré comme inclusif 13 , 8. Andrea Canevaro, Lu ig i df'llonzo, Dario lanes, 2009, op. cit. Tree LLLe, Caritas lta liana, Fondazio ne G. Agnelli, Gli alunni con disabilità ne/la scuola italiana. bilancio e proposte, Erickson, Trento, 2011. 9. Andrea Canevaro, Luigi d:A.Ionzo, Da rio lanes, Lintegrazione scolastica di alunni con disabilità dal1977 al 2007, Bozen-Bolzano University Press, Bolzano, 2009. 10. Andrea Canevaro, Luigi df'llonzo, Da rio lan es, Roberta Caldin, tintegrazione scolastica ne/la percezione degli in segnanti, Erickson, Trento, 2011. 11. lstituto Nazionale di Statistica. 12. ISTATIT, " lndagine sugli alunni con disabil ità nella scuola primaria e secondaria di 1grado statali e non statali'; 2012. <http://www. istat.it/it/archivio/ disabili> 13. George Muskens, " Inclusion and education in Eu ropean countries. Final report: 2.comprative conclusions'; ltaly, DOCA Bureaus, 2009, p. 54 . <http://ec.europa.eu/ education/more-information/ doc/ inclusion/ conclusions_en.pdf> 114 ------------------------ La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation - no 61 • 1" trimestre 2013 des formes de micro-exclusions ont été mises à jour par des recherches portant sur la pratique scolaire quotidienne. Le rôle de l'enseignant de soutien En 2006, l'Institut national ita lien pour l'évaluation du système éducatif et de la formation (INVALSI 14 ) a conduit une recherche dans le champ de l'intégration, au moyen d'un questionnaire facultatif distribué aux directeurs des écoles primaires et des établissements secondaires. Des difficultés de coopération entre le professeur de la classe et l'enseignant de soutien, ainsi qu'un manque de formation des professeurs ordinaires à l'école inclusive, ont été soulignées 15 . Une recherche menée par la fondation Giovanni Agnelli au cours de l'année scolaire 2009/2010 a recensé 7700 enseignants de classe et de soutien nouvellement embauchés dans les écoles de douze régions italiennes. Létude a montré qu'uniquement 54,2 % des enseignants de soutien se voient comme des professeurs compétents, alors que 13,4% estiment que leur rôle n'est pas clairement défini et que 13,9 % ont le sentiment d'agir comme des assistants d'éducation au service des élèves handicapés 16 . Létude de cas réalisée en 2011 par DAiessio 17 examine de façon approfondie qui se passe au niveau (micro) de la salle de classe. Les pratiques intégratives existant dans deux écoles de la ville de Rome, analysées dans la perspective d'un modèle social du handicap, mettent en évidence comment la mise en place de ressources spécifiques et la programmation d'apprentissages personnalisés, par l'enseignant de soutien, ont tendance, en promouvant un enseignement différencié, à créer des formes de micro-exclusion. Celles-ci s'insinuent là où est attendu une part active du professeur de la classe dans la programmation et la gestion des ressources complémentaires, et une participation des élèves handicapés à toutes les activités de la classe. Enfin, une recherche qualitative financée par le Comité d'évaluation de la province autonome de Trente a étudié les pratiques scol~.ires décrites par trente professeurs des écoles, des collèges et des lycées. Lanalyse de contenu produite a montré que, bien que la législation prévoie un partage de responsabilité (entre le professeur de la classe et l'enseignant de soutien) qui concerne tous les élèves de la classe, la collaboration entre ces deux professionnels peut prendre différentes formes lB Léventail de variation de celles-ci est très la rge, et va d'une délégation de responsabilité des élèves à besoins spécifiques à leur enseignant tuteur à une pleine cogestion de tous les élèves. Bien que le professeur de soutien soit la principale ressource supplémentaire allouée aux classes où sont scolarisés des élèves en situation de handicap, cette figure professionnelle semble jouer un rôle problématique à différents tJ a(/) -. ...., (/) CD 14. /stituto nazionale perla valutazione del sistema educativo di istruzione e di formazione. 15. INVALSI, "Rapporte Finale relative al Ouestionario sull'integrazione scolastica degli alunni con disabi litàanno scolastica 2005-06',' 2006. <http://www.invalsi.it/invalsi/download.php?page=risquestsistema.> Da rio lanes, "The ltalian Model for the Inclusion and Integration of Students with Special Needs: some Issues',' Transylvanie Journal of Psycho/ogy. Special issue, 2006, no 2, p. 117-127. 16. TreeLLLe, Caritas ltaliana, Fondazione G. Agnelli, 2011, op. cit. 17 Si mona 01\lessio, 2011, op. cit. 18. Francesco Za m botti, Heidrun Demo, Dario lanes, ':Analysis of the new full-inclusi ve po licies in the autonomous province ofTrento's school system (ltaly) ·; European Conference of Educational Research, September 18-21 , Spain, Cad iz, 2012. La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation- no 61 • 1"' trimestre 2013 115 titres. Comme nous l'avons vu précédemment, sa place est rarement clairement définie et la coresponsabilité semble ne pas toujours fonctionner. De plus, en dépit du fait que cet enseignant a pour mission de promouvoir l'inclusion, son rôle se dessine parfois dans des expériences de micro-exclusion. L'approche médicale soùs-jacente à la législation italienne Comme nous l'avons déjà pointé en décrivant le cadre législatif de l'intégration en Italie, les lois qui protègent certains groupes spécifiques d'élèves en risque d'exclusion s'inscrivent implicitement dans une approche médicale du handicap. Nous avons vu que l'attribution d'une allocation compensatoire est strictement subordonnée au contenu d'un rapport basé sur un diagnostic thérapeutique. Par conséquent, les besoins éducatifs particu liers ne sont pas équitablement traités. La possibilité de bénéficier de ressources complémentaires pour construire une réponse effective à des besoins est toujours limitée aux élèves ayant des pathologies reconnues au plan médical. Dans la vie scolaire de tous les jours, cela signifie que les élèves dont les besoins spécifiques résu ltent de situations personnelles problématiques liées à des facteurs familiaux et sociaux, et non médicaux, n'ont pas le droit à des dispositions particulières. Ce fait peut ent~aîner des conséquences qui faussent l'orientation inclusive générale du système éducatif: la course au diagnostic, avec son cortège de risques de labellisation ou de pression de la part d'associations (lesquelles considèrent comme insuffisantes les récentes mesures d'élargissement de la définition des besoins), peut laisser de côté certaines populations d'élèves (comme ceux atteints de Troubles déficitaires de l'attention avec hyperactivité (TDHA) ou de troubles du comportement plus génériques). Des difficultés à rencontrer les besoins des élèves en situation de handicap Malgré l'évaluation positive généralement effectuée par les enseignants au sujet de l'efficacité de l'école inclusive, certains travaux de recherche révèlent la difficulté de l'école à rencontrer les besoins des élèves handicapés. 52% des 3230 réponses de professeurs au questionna ire en ligne (conçu pour l'étude réalisée par l'université libre de Bolzano) indiquent que, dans la perception qu'en ont ces enseignants, les besoins spécifiques ne sont satisfaits que dans quelques cas 19 Les 7700 questionnaires de professeurs nouvellement embauchés, recueillis dans le cadre de la recherche réalisée par la fondation Agnelli, ont mis en évidence une perception légèrement plus positive: 47,5 % des professionnels affirment que les besoins des élèves sont suffisamment réalisés, tandis que 36,8 % pensent qu'ils ne le sont pas 20 Une recherche menée dans la région du Trentin au sujet des représentations des parents sur l'intégration a révélé que ceux dont un ou plusieurs enfants présentent des besoins éducatifs particuliers sont moins satisfaits que les autres parents: 51 % d'entre eux considèrent que les besoins de leur(s) fils ou fille(s) sont plus ou moins pris en compte, alors que ce pourcentage s'élève à 66,9% pour les autres parents. Dans le même sens, 24,8 % de la première catégorie de parents affirment que les 19. Andrea Canevaro, Luigi dAionzo, Da rio lan es, Roberta Caldin, 2011, op. cit. 20. Tree LLLe, Ca ritas ltal iana, Fondazio ne G. Agnelli, 2011 , op. cit. 116 -··---·--------- La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation- n° 67 • 7" trimestre 2073 besoins de leur(s) enfant(s) sont partiellement satisfaits, alors que ce pourcentage n'est que de 11 ,2 % chez les autres pa rents 21 . Bien qu 'une appréciation positive générale soit portée sur l'inclusion , l'effica cité de l'école quant à la construction de réponses spécifiques adaptées aux besoins des élèves handicapés est mise en doute. Des méthodes d'enseignement traditionnelles Un enseignement frontal semble être la forme le plus souvent adoptée pour organiser l'enseignement-apprentissage dans les écoles italiennes. Cavalli & Argentin 22 ont recueilli des données qui indiquent que 73 % des enseignants de l'école primaire adoptent ce type d'organisation pédagogique, tandis que 30 % pratiquent souvent le travail de groupe. La prépondérance d'une démarche transmissi ve est encore plus marquée dans le second degré. Dans la recherche de l'université libre de Bolzano précédemme nt décrite, les professeurs interrogés ont été invités à indiquer la fréquence des différentes méthodes d'enseignement qu 'i ls pratiquaient en classe avec au moins un élève handicapé (à choisir parmi les classes dans lesquelles ils travaillaient). Avec ce type d'élève, la prédominance d'une approche frontale s'est confirmée. Un nouveau résultat intéressant a émergé: les classes dans lesquelles les élèves en situation de handicap passent tout leur temps scolaire avec leurs camarades se caractérisent par une plus grande variété des démarches pédagogiques et par une plus grande utilisation des méthodes d'apprentissage actives (comme, par exemple, les situations de laboratoire) et des interactions entre pairs (comme le tutorat et l'apprentissage coopérant) 23 . Ces données suggèrent que l'exi stence d'un lien entre la prédominance d'un enseignement frontal et une pratique d'enseignement aux apprenants handicapés durant quelques heures de la journée peut être raisonnablement supposée. CINQ PROPOSITIONS DE DÉMARCHES POUR AMÉLIORER L'INCLUSION Dans cette partie, nous allons décrire cinq démarches qui, de notre point de vue, peuvent améliorer le caractère inclusif du système scolaire italien. Bien que, dans cette communication, nous ayons insisté sur les aspects critiques de la pratique actuelle de l'intégration et de l'inclusion , et ce dans le but de mettre en évidence la nécessité d'innover, nous croyons que les processus pédagogiques intégratifs et inclusifs généralisés représentent le moyen le plus équitable d'aborder le handicap, les troubles spécifiques de /'appl'3ntissage, et plus généralement, les différences éducatives. Pa r conséquent, les dispositions que nous allons présenter impliquent une orientation inclusive forte et renforcent cette orientation dans le système scolaire italien . Développer le rôle de l'enseignant de soutien Récemment trois organisations italiennes ont publié un rapport au sujet de l'intégration en Italie 24 . Dans ce document certaines faiblesses de la pratique 21 Fra ncesco Zambotti, Heidrun Demo, Dario la nes , 2012, op. cit. 22. Alessa ndro Cavall i, Gianluca Arge ntin, Gli ins egnanti italiani: com e cambia il modo di fare scuola, Il Mu lino, Bolog na, 2010. 23 . Dario lanes. Heidrun Demo, Francesco Zambotti, Gli insegnanti e /'integrazione, Erickson, Trent o, 2010. 24. Treel l l e, Caritas ltaliana, Fondazione G. Ag nelli, 2011, op. cit. La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation - no 61 • 1"' trimestre 2013 ------------------------ 117 intégrative actuelle ont été pointées et quelques changements structurels ont été proposés . La proposition la plus discutée lors de la parution du rapport concerne l'évolution du rôle de l'enseignant de soutien . Selon l'idée développée , 85 % des ense ignants de soutien pourraient deveni r des professeurs de la classe à part entiè re tandis que 15 % devi endraient des spécialistes de l'inclusion exerçant un rôle de conseil auprès de leurs collègues. Il est important de noter que, selon cette proposition, les enseignants de soutien qui deviendraient des professeurs de la classe travailleraient, comme ressou rces complémentaires, dans le cad re d'un co-enseignement. Ils continueraient ainsi à renforcer les ressources disponibles pour les classes dans lesquelles les besoins des élèves sont plus complexes que dans d'autres classes. L.:argument à la base de cette idée est qu'un plus grand nombre de professeurs produit davantage d'opportunités pour des co-interventions efficaces, et que le rôle de conseil des spécialistes peut accompagner l'équipe pédagogique dans la const ruct ion d'un savoir spécifique soutenant l'apprentissage de tous les élèves de la classe, avec une attention part iculière aux besoins spécifiques de certains. Comme cela a déjà été précisé, les situations de co-enseignement entre le professeur de la classe et l'enseignant de,.soutien paraissent être problématiques, en raison des difficultés à mettre en pratique une responsabilité partagée pour tous les élèves du groupe. Le rapport suggère que si les ·deux professionnels ont le même rôle (celui de professeur de la classe), le partage des responsabilités en sera plus efficace, et que cela peut prévenir les risques de micro-exclusion. En revanche, les spécialistes ne seraient pas appelés à travaille r directement dans la classe avec les élèves, mais devraient être en mesure de conseiller les professeurs de la classe au sujet d'instruments spécifiques ou de méthodes d'enseignement susceptibles d'être utiles et adaptées pour répondre aux besoins des élèves d'une classe donnée, tout en tenant compte de ceu x qui présentent un handicap ou des troubles spécifiques de l'apprentissage. Une large discussion est née de cette proposition, parmi les professionnels spécialisés, à la fois dans le champ universitaire et scolaire. La plupart des réactions publiées adoptent une attitude critique envers l'évolution proposée et en rejettent l'idée 25 , pour plusieurs raisons. Certaines critiques sont fondées sur la crainte que le contexte de l'actuelle crise financière mondiale offre la possibilité de réduire les ressources humaines par l'élimination du rôle de l'enseignant de soutien (et la réaffectation, sur un autre lieu, d'un enseignant sur deux de la classe). D'autres oppositions au projet sont fondées sur le fait que celui-ci semble inaccessible, en raison du fait que les professeurs ordinaires ne maîtrisent pas les connaissances, outils, techniques et déma rches d'une éducation inclusive. Nous appartenons à la minorité de ceux qui appuient la proposition. En effet bien que les préoccupations exprimées par les collègues concernent des risques qui doivent être pris en compte, le potentiel d'innovation de l'idée nous apparaît fortement. D'une part, l'élargissement de la quantité de ressources humaines ordinaires dans les classes comportant des élèves aux besoins complexes (en lieu et place de l'introduction dans ces classes de ressources 25 . Da rio la nes, "l s lt aly Ret hinking School lnt egration Of Pupils W ith Disab ilities ?',' European Conference of Educational Research, 201 2, Septembe r 18-21 , Cadiz, Spain. 118 ·-- - -- ----- ----- La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation - no 61 • 1•• trimestre 2013 spécifiques) nous semble être un rempart contre la tendance à la micro-exclusion, et une organisation qui active l'usage des ressources usuelles (comme l'apprentissage coopérant entre pairs). D'autre part, le fait de doter les équipes pédagogiques des connaissances spécifiques nécessaires à une planification pédagogique efficiente pour tous les élèves de la classe, avec leurs besoins personnels, nous paraît être une façon d'augmenter la capacité des écoles à rencontrer ces besoin s. tJ 0 (/) (/) -. <D ~ Une compréhension des besoins éducatifs (spécifiques) basée sur la CIF La Classification internationale du fonctionnement, du handicap et de la santé (C IF 26 ) est un outil conçu en 2001 par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) pour décrire et comprendre le fonctionnement des personnes handicapées, selon une approche biopsychosociale qui prend à la fois en considération les données médicales et environnementales du handicap. En observant cet outil d'un point de vue pédagogique, nous y reconnaissons la possibilité d'une évolution positive de l'intégration et de l'inclusion 27 En premier lieu, si la CIF a été adoptée pour l'établissement d'un diagnostic fonctionnel 28 et la conception d'un plan éducatif individualisé (PEl 29 ), elle offre un moyen de dépasser l'approche médicale du handicap sous-jacente à la législation italienne. En effet, un diagnostic fonctionnel basé sur la CIF décrit d'une manière holistique l'activité d'une personne en situation de handicap: il in clut la compréhension de la façon dont ses fonctions organiques opèrent, dont elle agit et vit une expérience sociale, dont certains facteurs qui caractérisent son contexte personnel interagissent avec ces différents aspects. Dans cette manière de décrire un sujet handicapé, ce ne sont pas seulement des déficits qui sont rapportés, mais également un fonctionnement global, comprenant un ensemble d'empêchements et de possibilités. En outre, un diagnostic établi à partir de la CIF pose les bases d'un plan éducatif individua lisé pouvant être conçu par une équipe pluridisciplinaire, composée d'enseignants, de professionnels du système de santé, de familles d'élèves. Tous les points de vue sont en effet nécessaires pour élaborer une vision complexe de la personne à besoins spécifiques. Certaines pratiques d'excellence au sujet de l'application des principes de la CIF dans le domaine de l'intégration scolaire italienne ont été identifiées, notamment en Vénétie et dans le Piémont 30 26. Organisation mondiale de la santé, 2001. 27. Matilde Leonardi, Paolo Meucci, Francesca Albanesi, Veronica lnvernizzi, Alberto Raggi, Rosalba Lembo, Maria Grazia Franco, Bruno Genetti, "The White Book on disability in ltaly: an ICF-based ltalian survey·; Disability and Rehabilitation, 2009, n° 31, p. 40-45. 28. Un diagnostic fonctionn el est un diagnostic qui décrit des informations sur le fonctionnement des élèves pertinentes pour son processus d'apprentissage. Il représente la base sur laquelle un plan éducatif personnalisé est construit. 29. Piano Educativo lndividualizzato. 30. Gianni De Polo, Monica Pradal, Sonia Sortolot, Mara Buffoni, Andrea Martinuzzi, "Children with disability at school: the application of ICF-CY in the Veneto region'; Disability and Rehabilitation, 2009, no 31, p. 67-73. Guido Fu sara, Ma ria Maspoli, Giampiero Vellar, " The ICF-based functioning profiles of children in ca re with the neuro-psychiatrie community services in the Piedmont region: evidences for better ca ring and programming'; Oisability and Rehabilitation, 2009, n° 31, p. 61-66. Da rio lanes, Sofia Cramerotti, Piano Educativo lndividualizzato Progetto di vita. Volume 1: La metodologia e le strategie di lavoro, Erickson, Trento, 2009. La nouvelle revue de l'adaptation et de la } colarisation -no 61 • 1"' trimestre 2013 119 En second lieu, nous pensons que le modèle biopsychosocial de la CIF correspond à une approche anthropologique des besoin s qui peut être étendue à tous les élèves, que ces derniers soient ou non en situation de handicap. Le corps, l'activité et la participation , c'est-à-dire les trois domaines proposés par la CIF pour décrire le fonctionnement humain ainsi que les interactions entre l'héritage biologique et les facteurs environnementaux peuvent être utiles à la description des besoins éducatifs de tous les élèves. Évidemment, en raison de contraintes de temps, les enseignants ne sont pas en mesure de rédiger un rapport détaillé sur chaque élève prenant appui sur tous les qualificatifs de la CIF. Néanmoins, même une description sommaire du fonctionnement de tou s les élèves d'une classe, basée sur les mêmes domaines, peut produire un aperçu utile des besoins du groupe et peut conduire à une exploitation plus adaptée des ressources. Des logiciels qui aident les professeurs à collect er des informations pour produire, pour tous les apprenants, des rapports structurés à partir de la CIF et construire à parti r de ceux-ci une planification des réponses aux besoins ont déjà été expérimentés en Italie 31 . Le fait que la même approche anthropologique soit adoptée pour décrire le fonctionnement de tous les élèves, qu'ils présentent ou non un hand\pap, représente à notre avis un pas en avant vers l'inclusion. Une normalité spéciale La normalité spéciale 32 est un principe pédagogique d'inclusion qui propose une résolution possible du dilemme de la différence 33 . Ce dilemme repose sur la controverse entre le modèle médica l et le modèle social du handicap. Ces deux conceptions de l'invalidité sont étroitement liées à deux manières opposées de conceptual iser un parcours pédagogique adapté aux sujets handicapés: l'une mettant l'accent sur les méthodes très spécifiques et les instruments qui peuvent soutenir le processus d'apprentissage et le développement des personnes handicapées, l'autre pointant les obstacles à une pleine participation, dans le contexte où ces personnes vivent et font une possible expérience de la normalité. L'incompatibilité entre ces deux positions conduit à un choix apparemment inévitable entre elles. L'idée d'une « bi-logique » comme cadre de référen ce 34 permet, au lieu de cela, une coexistence durable et constructive entre ces deux approches. En effet, nous considéro ns que le fait de prendre parti pour l'une ou l'autre entraîne une perte conceptuelle et opérationnelle. Nous croyons au con traire qu'une éducation inclusive fondée sur la double logique de la spécialité et de la normal ité peut avantageusement réuni r les deux positions . D' une part, les efforts que l'on fait pour adapter les mei lleurs outils et démarches spécifiques accompagnant le développement de chaque élève handicapé, associés à un regard porté sur les besoins, peuvent enrichir la pédagogique délivrée à une classe entière. D'autre part, l'analyse critique des contextes sociaux - et en particulier des 31. Dario lanes, Heidrun Demo, " Riconoscere 1 Bisogni Educativi Speciali su base ICF e progettare risorse efticaci e inclusive'; Lintegrazione scolastica e sociale, 2009, no 8/5, p. 258-4 73. 32. Dari o lanes, La speciale normalità, Erickson, Trento, 2006. 33. Brahm Norwich, Dilemmas of difference, inclusion and disability: International Perspectives and Future Directions, New York, Rout ledge, 2008. 34. Edgar Mori n, La Méthode VI - Éthique, Éditions du Seui l, Paris 2004. 120 ---- La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation- no 67 • 7" trim estre 2073 écoles et établissements qui constituent un envi ronnement d'apprentissage- permet de s'intéresser aux obstacles et facilitateurs de la construction d'une participation scolaire et d'un sentiment d'appartenance. Nous soutenons que la pratique de ce double principe peut réduire les difficultés du système scolaire italien, par la rencontre des besoins des élèves en situation de handicap, rencontre qui a été décrite comme une donnée critique de l'actuelle pratique italienne de l'intégration dans un contexte de normalité (c'est-à-dire dans les écoles ordinaires). tJ a(/) -.-, (/) Cl) Des méthodes d'enseignement inclusives Comme nous l'avons déjà souligné, la pratique pédagogique des professeurs italiens s'appuie fortement sur une démarche frontale, et peut être décrite comme un enseignement centré sur l'enseignant. Il en résulte certaines conséquences. Tout d'abord, comme indiqué précédemment, une approche transmissible semble être corrélée aux phénomènes de micro-exclusions, en ce sens que les classes où les professeurs varient le moins possible leurs méthodes sont celles où les élèves handicapés ont tendance à passer le plus de temps en dehors de la classe. Ensuite, dans une organisation frontale de l'enseignement, où le référent prépare généralement une leçon pour la classe, l'indivi dua lisation a à trouver sa place. La conception de l'individualisation généralement sous-tendue par une approche transmissive est que la majorité des élèves apprennent de la même fa çon , et que certains élèves sont particuliers et nécessitent des adaptations. De notre point de vue, le système éducatif italien a grand besoin de recommandations de bon sens relatives à l'enseignement inclusif. Selon des recherches antérieures, l'apprentissage fondé sur les interactions entre pairs (coopération, tutorat) ou sur une pédagogie active est apparu comme étant caractéristique des classes dans lesquelles les élèves handicapés participent pleinement aux activités. De plus, la connaissance des théories sur l'apprentissage multiple et sur les styles d'apprentissage 35 suggère que chaque élève a une façon unique d'apprendre. Un ense ignement inclusif se doit alors de construire le mei lleur environnement pédagogique possible pour chacun. Aussi, une approche essentiellement frontale ne nous semble pas adaptée, au regard des résultats de recherche dorénavant établis . Les méthodes d'enseignement/apprentissage plaçant les élèves et leurs besoins au centre de la réflexion paraissent plus appropriées. Un plus grand nombre de recherches sur cette question nous paraît nécessaire. L'Index pour l'inclusion Lindex pour l'Inclusion 36 est un ensemble de données qui structure l'examen détaillé d'un milieu scolaire en impliquant toute personne concernée (élèves, professeurs, parents). Cet outil favorise l'élaboration et la réalisation d'un projet de développement inclusif et participatif. D'un point de vue théorique, l' Index est basé sur le modèle social du handicap et met ainsi l'accent sur le contexte scolaire, avec ses obstacles 35. Rita Dun n, " Learn ing styles: Theory, resea rch, and practi ce'; National Forum of Applied Educational Research Journal, 2000, no 13/ 1, p. 3-22. Howard Gardner, Frames of mind, Basic Books, New York, 1983. 36. Tony Booth, Mel Ainscow, Index for Inclusion. Ill revised edition, CSI E, Bri stol, 2011. Tony Boot h, Mel Ainscow, Index for Inclusion, CSI E, Bristol, 2002. La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation - no 6 1 • 1•' trim estre 2013 121 et ses tremplins. En 2008, 1.:/ndex pour l'inclusion a été traduit en italien, et il nous semble que son adoption par les écoles pourrait accroître le caractère inclusif de notre système éducatif, et ce de différentes manières. Premièrement, l'Index fournit une idée générale de l'inclusion, ce qui peut être très utile dans les écoles italiennes- en raison de l'histoire de notre système scolaire- car les professeurs sont rompus au fait d'accorder une attention spéciale aux publics handicapés, mais pas à la diversité en général. Deuxièmement, l'Index offre l'occasion de mettre au jour, explicitement, les valeurs qui sous-tendent les actions et les pratiques, et de révéler les processus implicites profondément ancrés dans la culture d'une école et susceptibles de nuire à l'inclusion. Enfin, l'Index promeut le fait qu'un processus de décision démocratique et participatif se développe dans les établissements scolaires. Cela implique que l'inclusion ne soit pas uniquement un but que ces établissements tentent d'atteindre pour leurs élèves, mais également une culture d'action impliquant tous les acteurs (élèves, enseignants, parents 37 ) . Pour toutes ces raisons, nous pensons qu'une meilleure circulation de cet outil au sein des écoles italiennes devrait être encouragée. CONCLUSION Nous croyons fermement à l'inclusion scolaire, car nous pensOns que la diversité, la pleine participation sociale et un enseignement de haute qualité pour tous les élèves sont les bases du système éducatif le plus égalitaire que nous puissions imaginer à l'heure actuelle. La législation scolaire italienne et le discours pédagogique italien ont créé un cadre positif, pour un système basé sur l'inclusion scolaire. Cependant, des recherches ont révélé que certains processus critiques, non inclusifs, ont pris place dans les pratiques scolaires quotidiennes: des micro-exclusions, des obstacles relatifs au rôle de l'enseignant de soutien, une approche médicale du handicap sous-jacente à la législation italienne, les difficultés à rencontrer les besoins des élèves handicapés, les méthodes d'enseignement traditionnelles. Dans cette communication, nous avons proposé quelques démarches, qui, selon nous, renvoient à ces questions: le développement du rôle de l'enseignant de soutien, une compréhension des besoins (spécifiques) basée sur la CIF, un principe inclusif de normalité spéciale, des perspectives de recherche sur les démarches pédagogiques inclusives, ainsi que l'utilisation d'un Index pour l'inclusion. Ces propositions représentent nos idées au sujet de l'innovation, s'agissant de la façon dont l'Italie pratique actuellement l'intégration et l'inclusion. D'autres auteurs sont susceptibles d'avoir des opinions différentes à ce sujet. Mais nous reconnaissons ensemble le besoin constant de changement comme étant le noyau de l'inclusion : si nous arrêtons d'explorer les mécanismes potentiels d'exclusion et ne tentons pas d'établir des dispositions qui s'y opposent, même dans un système scolaire officiellement orienté vers l'inclusion, le sens profond de celle-ci peut se perdre. • 37. Da rio la nes et al., Index für lnklusion in der Praxis: Kindergarten und Schule der Vie/fait gestalten. Index per 1'/nc/usione in Pratica: come costruire la scuola dell'eterogeneità, BUP, Bolzano, 2013, à paraître. 122 -----------------------· La nouvelle revue de l'adaptation et de la scolarisation- no 61 • 1" trimestre 2013 Bibliographie BOOTH (T.), A INSCOW (M.), Index for Inclusion. Ill revised edition, CSIE, Bristol, 2011. BOOTH (T.), AINSCOW (M.), Index for Inclusion, CSIE, Bristol, 2002. 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