Sur la trace des éléments
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Sur la trace des éléments
22 SERVICE 9/10 TORO 9/10 Sur la trace des éléments Les oligo-éléments n’apparaissent qu’en petites quantités dans le corps, leur fonction est néanmoins vitale. Quelle est l’importance des oligo-éléments dans l’alimentation? Les mélanges minéraux qui contiennent des oligo-éléments sont-ils un luxe ou sont-ils judicieux? Les «lunettes» typiques (poils blancs non pigmentés autour des yeux) signalent un manque de cuivre. ism/jbg. Les oligo-éléments (parfois également appelés élémentstraces), tels que le fer (Fe), le cuivre (Cu), l’iode (J), le manganèse (Mn), le zinc (Zn), le cobalt (Co), le sélénium (Se), le chrome (Cr), le fluor (F) et le molybdène (Mo) sont des substances minérales qui ne sont présentes dans l’organisme qu’en très petites quantités; on n’en retrouve que des «traces». Ils sont néanmoins des composants essentiels des enzymes, vitamines et hormones. S’ils viennent à manquer dans l’organisme, le développement des animaux est perturbé, tout comme la fécondité à l’échelle du troupeau. Aussi longtemps que les dégâts ne sont pas irréversibles, un manque d’oligo-éléments peut être traité par l’administration d’un composé minéral enrichi en oligo-éléments. Toutefois, un apport prolongé d’oligo-éléments hautement concentrés est toxique, car les oligo-éléments sont stockés dans l’organisme. ploitation peut induire en erreur, étant donné que les teneurs du fourrage en oligo-éléments – et en éléments minéraux d’une manière générale – sont très variables. Elles dépendent de la composition botanique des plantes fourragères (la prairie artificielle par exemple révèle de plus faibles teneurs en oligo-éléments que la prairie naturelle), du sol et des conditions de croissance (les périodes de sécheresse font diminuer les teneurs des plantes en oligo-éléments). De ce fait, les teneurs du fourrage de base en oligo-éléments varient d’une coupe à l’autre. Les faibles teneurs en oligo-éléments surviennent notamment sur les sols sablonneux et tourbeux, ainsi que sur les sols riches en calcaire et en sédiments de granit. Une fumure azotée importante réduit les réserves en oligo-éléments du sol. Seules les analyses régulières du fourrage livrent des informations fiables sur les teneurs en éléments minéraux. Même les analyses de sang, pour déterminer l’approvisionnement des vaches en oligoéléments, sont des mesures instantanées. Interactions dans le tractus intestinal Pour un bon approvisionnement en oligo-éléments, aussi bien les teneurs du fourrage que la mise en Les principaux oligoéléments Les teneurs en oligoéléments oscillent Une analyse unique du fourrage pour contrôler la situation sur l’ex- valeur par l’animal sont décisives. Si les oligo-éléments ingérés forment des complexes insolubles dans la panse avec d’autres minéraux ou composants végétaux, ils ne peuvent pas être absorbés par les intestins et sont éliminés avec les selles. Les phytates et l’acide phytique, notamment contenus dans le trèfle, mais aussi dans le maïs, le soja et le son des céréales, forment de tels complexes avec les oligo-éléments. Une part élevée de trèfle dans la ration accroît ainsi le risque d’une carence «secondaire» en oligo-éléments. La formation de tels complexes ou autres réactions chimiques (par ex. les oxydations) sont favorisées en milieu acide. Chez les vaches qui souffrent d’acidose en particulier, les pertes d’oligo-éléments (surtout de sélénium) sont importantes. Le fer fixe également d’autres oligo-éléments: l’eau provenant de vieilles conduites rouillées (voir TORO 05/10) ou les fourrages souillés (notamment les ensilages avec une teneur en cendres brutes supérieure à 10%) sont riches en fer et exercent une influence néfaste sur l’approvisionnement du bétail en oligo-éléments. Le cuivre (eau provenant d’anciennes conduites en cuivre) réduit en particulier le zinc. L’eau qui coule à travers les tuyaux rouillés contient trop de fer et nuit ainsi à l’absorption d’autres oligo-éléments. Le fer est partie constituante de l’hémoglobine et joue donc un rôle important pour le transport de l’oxygène dans le sang. Chez les bovins, seuls les veaux nourris au lait sont sujets à un manque de fer, qui se traduit par une pâleur des muqueuses et une faiblesse générale dues à l’anémie. Chez ces veaux-là, un apport de fer peut être indiqué. Les vaches ne souffrent que rarement d’un manque de fer. Au contraire, les problèmes liés à un excès de fer sont bien plus fréquents. En effet, le cuivre, le zinc, 23 SERVICE 9/10 TORO 9/10 tion dans la panse où ils atteignent rapidement une concentration toxique lors d’un apport bienveillant mais excessif et, d’autre part, leur transformation en sélénium inexploitable lorsqu’ils se trouvent en milieu trop acide (acidose de la panse) où ils sont éliminés avec les selles. Un veau vivace et en bonne santé est le but de tout éleveur. la vitamine E et la carotène sont rendus inutilisables par le fer. Dans la perspective d’un bon approvisionnement du veau en oligoéléments ainsi que d’un bon déroulement du vêlage et de l’expulsion des arrière-faix, il ne faut pas recycler l’ensilage souillé ou les restes de fourrage, dans lesquels les salissures s’accumulent, en les affourageant aux vaches taries. La teneur en fer des aliments minéraux ne devrait pas dépasser les 300 mg/kg de MS. Le cuivre est un élément indispensable pour le métabolisme du fer, une bonne fécondité, le système nerveux et immunitaire ainsi que pour la formation de corne et de poils. Il n’est que peu présent dans les céréales, le maïs, l’ensilage d’herbe et doit donc être apporté en complément à la ration. La quantité de cuivre préconisée dans l’alimentation bovine est de 10 mg/kg de MS. Un manque de cuivre ne se manifeste qu’après un certain temps. Les symptômes sont l’anémie, les avortements précoces, la chétivité et les «lunettes» typiques (poils blancs non pigmentés autour des yeux). Souvent, les animaux manifestent également un besoin de lécher prononcé et vont jusqu’à consommer de la terre (pica). L’iode est important pour le bon fonctionnement de la glande thyroïde. Les hormones que cette dernière produit interviennent dans tous les processus métaboliques de l’organisme et une sousfonction de la glande thyroïde peut entraîner de sévères troubles. Une carence en iode se traduit par un agrandissement de la glande thyroïde (goitre), des chaleurs silencieuses, l’apparition de kystes, des avortements fréquents et la naissance de veaux chétifs, sans poils ou extrêmement hirsutes, qui présentent souvent déjà un goitre. Le manque d’iode peut être un effet secondaire du manque de sélénium (voir cidessous). Le sélénium stabilise les fonctions générales des cellules. Il est soutenu dans son action par la vitamine E. Un manque de sélénium est généralement détecté en premier lieu chez les veaux nouveaunés. Lorsque ceux-ci boivent mal et ont des difficultés à avaler, des articulations déformées, des tremblements musculaires ainsi que le dos courbé, une déficience en sélénium doit être suspectée chez les vaches taries. Dans les cas extrêmes, les veaux sont atteints de dystrophie musculaire (maladie du muscle blanc). Chez les vaches, les rétentions placentaires récurrentes et les mammites fréquentes laissent supposer une carence en sélénium. Le fourrage des régions alpines manque généralement de sélénium et demande donc souvent un complément. Néanmoins, la fourchette entre une carence et un excès de sélénium est relativement petite. Un apport excédentaire de sélénium peut donc facilement conduire à une intoxication (par exemple après des injections répétées de sélénium). Différentes sources de sélénium sont à disposition pour un apport complémentaire: sélénite de sodium (en partie stable dans la panse), sélénate de sodium et les onéreuses levures enrichies en sélénium. Les inconvénients du sélénite et du sélénate sont, d’une part, leur accumula- Les causes potentielles d’un sous-approvisionnement en oligoéléments sont: • leur élimination excessive (transpiration démesurée ou diarrhées) • maladies métaboliques (acidose de la panse, cétose) • conditions régionales (pauvreté du sol) • sécheresse • habitudes alimentaires (trèfle, maïs, soja) • absorption insuffisante dans les intestins (additifs ou formes d’administration inappropriées, antagonistes dans le fourrage) Le zinc intervient dans le métabolisme, le régime hormonal et la formation de peau et de corne. Le manque d’appétit, les lésions à la peau et aux poils, les squames aux membres postérieurs et au pis, le ramollissement des onglons et les articulations enfles sont les signes d’une manque de zinc. Par ailleurs, un mauvais taux de fécondation, de faibles poids à la naissance et des avortements fréquents peuvent apparaître. Pour un approvisionnement optimal en zinc, il est également conseillé d’administrer un complément minéral. Une concentration élevée d’acide phytique (trèfle!) ou un excès de cuivre ou de fer dans la ration (voir ci-dessus) ont une influence néfaste sur l’absorption de zinc dans les intestins. C’est pourquoi, lorsque les rations posent problème, il est conseillé d’utiliser le chélate de zinc, toutefois assez onéreux, mais qui est insensible à la formation de complexes. Le manganèse est également un composant essentiel de nombreux enzymes. Une carence en manganèse se manifeste par des troubles de la fécondité, parfois accompagnés par des écoulements purulents. Fréquemment, une proportion élevée de veaux mâles sur l’exploitation est attribuée à un manque de manganèse. Le cobalt intervient dans la formation de la vitamine B12, utilisée par les organismes de la panse. La vache dépend par ailleurs de la vitamine B12 pour assurer le métabolisme énergétique. Un manque de cobalt et de vitamine B12 à la naissance induit une plus faible production de lait et une mauvaise qualité de colostrum. Des essais ont démontré que les teneurs adéquates du fourrage en cobalt et en vitamine B12 jouaient également un rôle essentiel dans la prévention contre la cétose, car la consommation de fourrage et la digestion des fibres augmentent avec un approvisionnement optimal de la flore de la panse.