la photographie sans appareil
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la photographie sans appareil
Photogrammes la photographie sans appareil Une empreinte de l’ombre par la lumière Les photogrammes sont des images photographiques obtenues sans appareil photo. Les objets sont simplement posés sur le papier photosensible, dans le noir, puis l’ensemble est exposé à la lumière. Man Ray le définissait ainsi : « C’est une photographie obtenue par simple interposition de l’objet entre le papier sensible et la source lumineuse ». Sous l’action de la lumière, les sels d’argent contenus dans le papier se noircissent lors du développement. Grâce au bain chimique, l’image se révèle : la lumière devient noire et l’ombre, blanche. La technique révèle les contours, la transparence des objets, mais non la perspective, ni la couleur. Les sels d’argent permettent d’avoir une grande précision, une grande finesse dans les détails. Le photogramme laisse une large place à l’expérimentation, à la surprise et au hasard. Chaque épreuve est unique. William Henri Fox Talbot - Two Delicate Plant Fronds (1839) Des pionniers … … à l’avant-garde … Le photogramme est une technique utilisée dès les premiers balbutiements de la photographie, à partir de 1839. Les pionniers (Niépce, Daguerre, Talbot ou Bayard) plaçaient déjà des objets sur le papier pour tester sa réactivité. L’un des premiers à en avoir réalisés est l’anglais William Henri Fox Talbot, scientifique et artiste, qui inventa le procédé photographique du papier salé. Il nommait photogenic drawings les photogrammes végétaux qu’il réalisait en plaçant feuilles, rameaux et autre matériel végétal directement sur le papier sensibilisé. Il en publia dans son livre The Pencil of Nature. Il inventa également le principe positif/ négatif : pour obtenir l’image positive, celle d’une silhouette sombre sur fond clair, il copiait ses photogrammes une seconde fois. Dans les années 20, les artistes de l’avantgarde réinventèrent le photogramme. Deux mouvements lui sont associés : Dada et le surréalisme, ainsi que trois noms : Christian Schad, Man Ray et Moholy-Nagy. Les deux premiers, peintres à l’origine, recherchaient une technique permettant de s’affranchir des règles de composition et de création en vigueur, pour voir les choses familières perdre leur aspect connu. Les photogrammes de Schad sont dans la lignée des collages dadaïstes, avec des accumulations de fragments épars et « pauvres » (bribes de journeaux, ficelles, coton, etc.) tandis que ceux de Man Ray s’attachent aux objets, au regard différent qu’apporte la technique et aux associations inattendues faisant naître la poésie. Moholy-Nagy s’intéressait à la lumière, à la façon de la travailler pour dessiner des formes abstraites et géométriques. … et aux contemporains A l’ère numérique, le photogramme semble désuet et hors de propos. Pourtant, les voies expérimentales qu’il offre continuent d’inspirer les artistes contemporains. L’œuvre du strasbourgeois Patrick BaillyMaître-Grand en compte de nombreux : inventifs, étonnants, oniriques. Ils dessinent des alphabets en squelettes d’alouettes, révèlent la délicate transparence des fioles et récipients en verre soufflé ou les ondes de l’eau, subliment la silhouette des araignées … Auteur à compléter Patrick Bailly-Maître-Grand - Arts et métiers (1999) A lire : Photogrammes, Photopoche n°74 Petites cosmogonies, Patrick Bailly-MaîtreGrand, Mardaga, 2007 Les discours de l’origine, A propos du photogramme et du photomontage, Clément Chéroux, in Études photographiques, 2004 Les photogrammes, Pierre Bruandet, Dessain et Tolra, 1972 Patrick Bailly-Maître-Grand - Les anneaux d’eau (1999)