Baromètre de l`Accès aux Médias Publics
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Baromètre de l`Accès aux Médias Publics
Baromètre de l’accès aux médias publics des partis politiques, syndicats, associations et citoyens au cours de la semaine du 08 au 14 juin 2009 I Introduction Le 29 mai 2009, le Président de la République SEM Tandja Mamadou a prononcé un discours à la Nation, dans lequel il a solennellement annoncé son intention d’organiser un référendum en vue de l’adoption d’une nouvelle Constitution. Dans cette adresse à la Nation nigérienne, le Chef de l’Etat a souligné toute l’importance et les enjeux de la consultation à laquelle il appelait de tous ses vœux ses concitoyens en ces termes : « Le référendum, expression de la démocratie par excellence, implique une propagande référendaire au cours de laquelle les partisans et opposants à la réforme envisagée, auront chacun en ce qui le concerne, le loisir de faire campagne, sans violence, pour faire aboutir ses convictions. Chacun est donc libre d'exprimer son choix. Je voudrais ici réaffirmer toute la détermination de l'Etat à garantir à tous et à chacun les droits et libertés que lui confèrent les lois et règlements de la République… » Au niveau du RJDH, nous avons a priori cru à cette profession de foi du Président de la République, et avons par conséquent fondé l’espoir que toutes les sensibilités nationales (partis politiques, syndicats, associations, groupements, citoyens) auront l’occasion de s’exprimer librement et surtout équitablement sur les médias publics, à l’occasion de ce grand débat politique ouvert par l’annonce du référendum par le Président de la République. Hélas ! Notre espoir fut très vite déçu en constatant, dès la 1ère semaine de juin, que les médias publics sont exclusivement accaparés par les partisans du OUI au référendum, au grand dam de ceux qui sont opposés à la tenue de ladite consultation. Pour cette raison, le RJDH a décidé de faire un monitoring systématique de la couverture, par les médias publics, des activités des partisans et des adversaires du référendum au cours de la semaine du 08 au 14 juin 2009, afin d’évaluer avec précision qui a accès à ces médias et qui en est exclut. II. Objectif La finalité de ce monitoring sur l’accès aux médias est de « contribuer à garantir l’accès équitable des partis politiques, syndicats, associations et citoyens aux médias publics conformément à la réglementation en vigueur notamment la Loi No 2006-24 du 24 juillet 2006 portant organisation, attribution et fonctionnement du Conseil Supérieur de la Communication et l’Arrêté No 2006-02/CSC du 28 février 2006 déterminant les modalités d’accès des citoyens, des partis politiques, des syndicats et des associations aux médias publics. » Ce faisant, ces mêmes médias vont bien remplir d’une part leur mission de services publics ; d’autre part leurs fonctions d’information et d’éducation en livrant aux citoyens une information plurielle permettant à chacun de forger sa propre opinion sur un sujet d’importance nationale. III. Méthodologie Pour réaliser ce travail, la méthodologie utilisée est l’observation directe des médias publics par écoute, visionnement et lecture. Les cibles de cette observation sont : - Le Journal Télévisé (JT) de 20h30 ; - Le Journal des Régions (JDR) ; - Le Journal parlé de la Voix du Sahel (édition de 13h et 20h) - Le Sahel quotidien - Le Sahel Dimanche. Pour les médias audiovisuels (Radio et Télévision), il s’est agi de chronométrer quotidiennement, et à chaque édition, les temps d’antenne consacrés aux partisans et aux 1 adversaires du référendum constitutionnel. Pour la presse écrite, c’est la surface consacrée à la couverture qui est évaluée. A la fin de la semaine, un récapitulatif a été dressé. IV. Principaux constats 1. Résultats quotidiens Journée du lundi 08 juin 2009 Temps de couverture des partisans du Référendum Temps de couverture des adversaires du Référendum Journal Télévisé de 20 H 30 - Déclaration mouvement citoyen pour la paix, la démocratie et la république : 6mn 20 s - Déclaration comité national de soutien au oui à Tchirozérine : 9mn 40s - Déclaration comité national de soutien au oui à Arlit : 2mn 40s - Déclaration comité national de soutien au oui à Tchirozérine : 9mn 09s - Rediffusion Déclaration du comité national de soutien au oui à Arlit : 2mn 40s - Déclaration du BEN- AGMDD1 (Kowodi) de Nogaré ¼ de page dans Le Sahel No 7734 0 Journée du Mardi 09 juin 2009 Temps de couverture des partisans du Référendum Temps de couverture des adversaires du Référendum Journal Télévisé de 20 H 30 Journal des Régions 0 0 - Déclaration comité national de soutien au oui à Arlit : 2mn 40s - Déclaration du MPPAD et des jeunes MPN de Madaoua : 14mn 10s - Déclaration des populations de Kaou : 7mn 10s - Déclaration des jeunes des partis politiques de Dosso : 4mn - Déclaration du MPPAD2 et des jeunes MPN3 Matassa de Madaoua : 14mn 10s (journal de 13 h) -Article du Dr Hassan Diallo : 0 Journal des Régions Voix du Sahel Sahel Voix du Sahel Sahel 0 0 0 0 0 1 Bureau Exécutif Nation de l’Association Génération Montante pour le Développement Durable. Mouvement Populaire pour la Poursuite des Actions du Développement du Président de la République 3 Mouvement des Patriotes Nigériens 2 2 ½ page dans le Sahel No 7735 - Déclaration du BEN Daraja ¼ de page dans Le Sahel No 7735 - Déclaration du BPN/MDND-Kokari4 ¼ de page dans Le Sahel No 7735 Journée du Mercredi 10 juin 2009 Temps de couverture des partisans du Référendum Temps de couverture des adversaires du Référendum Journal Télévisé de 20 H 30 Journal des Régions - Déclaration de Notre Cause Commune : 2mn 35s - Déclaration comité national de soutien au oui à Inghal : 4mn 40s - Déclaration élèves du complexe privé Zakaye d’Agadez : 4mn 37s - Déclaration enseignants contractuels de Mainé Soroa : 4mn - Déclaration femmes et jeunes de Mirriah : 8mn 43s - Déclaration de Notre Cause Commune : 2mn 35s (journal de 13h) - Déclaration élèves du complexe privé Zakaye d’Agadez : 4mn 37s (journal de 13h) - Déclaration femmes et jeunes de Mirriah : 8mn 43s (journal 20h) - Déclaration du MCPDR5 ¼ de page dans Le Sahel No 7736 - Interviews de 8 citoyens favorables au référendum 1 page dans Le Sahel No 7736 0 Journée du Jeudi 11 juin 2009 Temps de couverture des partisans du Référendum Temps de couverture des adversaires du Référendum Journal Télévisé de 20 H 30 - Interview du Dr Djibril Abarchi sur la compétence de la Cour à statuer pour excès de pouvoir en matière électorale : 20 mn 45s - Déclaration de soutien des jeunes du Nigeria : 1mn 30s - Réponse du Préfet de Mirriah à la déclaration des femmes et des jeunes : 2mn 34s 0 Voix du Sahel Sahel Journal des Régions 4 5 0 0 0 0 Bureau Politique National du Mouvement pour la Démocratie Nigérienne et le Développement Mouvement Citoyen pour la Paix, la Démocratie et la République 3 Voix du Sahel - Déclaration enseignants contractuels de Mainé Soroa : 4mn (journal de 13 h) - Déclaration de soutien des jeunes du Nigeria : 1mn 30s 0 Sahel 0 0 Journée du Vendredi 12 juin 2009 Temps de couverture des partisans du Référendum Temps de couverture des adversaires du Référendum - Déclaration de soutien de MunasoIrgaba : 6mn 10s - Conférence de presse du Président du ODTP : 3mn 45s - Rediffusion interview du Dr Djibril Abarchi sur la compétence de la Cour Constitutionnelle à statuer pour excès de pouvoir en matière électorale : 20 mn 45s 0 - Déclaration comité national de soutien au oui à Tabalak : 9mn 40s - Déclaration de soutien du Parti Daraja ¼ de page dans le Sahel Dimanche No 1342 0 Temps de couverture des partisans du Référendum Temps de couverture des adversaires du Référendum - Commentaires Président du MCPDR6 sur l’arrêt de la Cour constitutionnelle - Déclaration OIEEEPD7 suite à l’Arrêt de la Cour : 3mn 55s - Commentaires de Me Liwarnou et Me Mai Saley à propos de l’Arrêt la Cour Constitutionnelle : 42mn - Déclaration des jeunes ressortissants de Diffa résidant à Niamey : 5mn 20s - Déclaration LNSH/Bani8 : 3mn 45s - Déclaration comité national de soutien au oui à Aderbissanet : 1mn 0 Journal Télévisé de 20 H 30 Journal des Régions Voix du Sahel Sahel Dimanche Journée du Samedi 13 juin 2009 Journal Télévisé de 20 H 30 Journal des Régions 0 0 0 0 6 Pour des raisons de coupure d’électricité nous n’avons pas été en mesure de chronométrer la durée exacte de l’intervention du Président du Mouvement Citoyen pour la Paix, la Démocratie et la République. 7 Observatoire Indépendant pour l’Ethique, l’Education Electorale, la Paix et le Développement 8 Ligue Nigérienne de Solidarité Humaine 4 Voix du Sahel Journée du Dimanche 14 juin 2009 Journal Télévisé de 20 H 30 Journal des Régions Voix du Sahel 30s - Déclaration de soutien des populations de Sassoubroum : 5mn 10s - Déclaration comité national de soutien au oui à Abalak : 7mn 30s - Déclaration des jeunes ressortissants de Diffa résidant à Niamey : 5mn 20s (journal de 13h) Temps de couverture des partisans du Référendum - Meeting du Bureau politique du MNSN à Tillabey : 5mn - Déclaration de soutien des populations de Zinder : 21mn 05s - Déclaration MND, contractuels, civicards de Gaya : 4mn 15s (journal de 13h) - Commentaires de Me Liwarnou et Me Mai Saley à propos de l’Arrêt rendu le 12 juin par la Cour Constitutionnelle : 42mn (journal de 13 h) - Déclaration de soutien des populations de Tamaya : 5mn 03s (journal de 20h) 0 Temps de couverture des adversaires du Référendum - Meeting FDD à Niamey9: 1mn 50s 2. Récapitulatif hebdomadaire du temps de couverture Semaine du 08 au 14 juin 2009 Total Temps de couverture des Partisans Référendum Journal Télévisé de 20 H 30 121 minutes 09 secondes Total Temps de couverture adversaires Référendum 1mn 50s Journal des Régions 97 minutes 45 secondes 0 Voix du Sahel 116 minutes 34 secondes 0 Sahel et Sahel Dimanche 2 pages et ½ 0 9 Télé Sahel a diffusé uniquement les images du meeting sans le son. 5 3. Récapitulatif hebdomadaire par nombre d’activité couverte Nombre d’activités couvertes des Partisans Référendum 12 Nombre d’activités couvertes des adversaires Référendum 01 Journal des Régions 14 0 Voix du Sahel 14 0 Sahel et Sahel Dimanche 07 0 Semaine du 08 au 14 juin 2009 Journal Télévisé de 20 H 30 A la lumière de ces deux tableaux, on peut sans risque de se tromper affirmer que le facteur déterminant pour l’accès aux médias publics est le soutien au OUI au référendum. A contrario, le facteur déterminant pour l’exclusion aux médias publics est l’opposition au référendum. Toutes les activités des partisans du référendum sont systématiquement couvertes, mêmes celles qui ont eu lieu dans des coins les plus reculés du pays (exemples des meetings de Kaou, Sassoumbroum, Aderbissanet etc.) ; tandis que celles des adversaires du référendum sont royalement ignorées sinon mal couvertes même quand elles se tiennent dans la capitale (exemple du meeting du FDD tenu à Niamey le 14 juin 2009). Le 2ème fait marquant est relatif au temps de couverture : l’observation fait ressortir que dans les médias audiovisuels, le temps accordé aux partisans du référendum est exagérément allongé tandis que celui des adversaires du référendum est drastiquement comprimé. Au Journal Télévisé de 20h 30 sur Télé Sahel, la moyenne du temps de couverture des activités des partisans du référendum est de 10 minutes 08 secondes ; elle est de 7 minutes au Journal Des Régions (JDR), de 8 minutes 28 secondes au journal parlé de la Voix du Sahel et de ½ page dans le quotidien Le Sahel. Pour les adversaires du référendum constitutionnel, la moyenne du temps de couverture dans le Journal Télévisé de 20h 30 est de 1minute 30 secondes. Or l’article 11 de l’Arrêté No 2006-02/CSC du 28 février 2006 déterminant les modalités d’accès des citoyens, des partis politiques, des syndicats et des associations aux médias publics indique que la durée maximale pour les couvertures à titre gratuit est de cinq (5) minutes à la radio et de trois (3) minutes à la télévision lorsqu’il s’agit d’une déclaration de meeting et de conférence de presse ; et une demie page au maximum du « quotidien » ou de « l’hebdomadaire » nationaux pour la couverture de déclaration, meeting, congrès ou conférences. » A l’évidence, les médias audiovisuels publics n’ont pas le sens de la mesure du temps quand il s’agit des partisans du référendum ; alors qu’ils sont très tatillons avec les adversaires du référendum. Du reste, il faut souligner que ces derniers n’ont même pas eu droit à la durée maximale de 3 minutes pour l’unique activité couverte. S’agissant de la presse écrite publique, il convient de préciser que la surface maximale d’une ½ page10 a été respectée pour la couverture des activités des partisans du référendum ; le seul problème reste la censure totale des activités des adversaires du référendum par la presse écrite publique. En définitive, on peut soutenir qu’au cours de la semaine du 08 au 14 juin 2009, il y a eu rupture d’égalité devant la loi entre partisans et adversaires du référendum constitutionnel en matière d’accès aux médias public. Les records ci-dessous l’illustrent éloquemment. 10 Il faut souligner que la plupart des activités des partisans du référendum ont été couvertes sur ¼ de page. 6 4. Records des partisans du référendum - - - - Journal Télévisé de 20h 30 : Interventions de Me Liwarnou Abdourahamane et Me Mai Saley Djibrilla à propos de l’Arrêt rendu le 12 juin par la Cour Constitutionnelle qui a duré 42minutes soit quatorze (14) fois la durée maximale autorisée. Voix du Sahel : Interventions de Me Liwarnou Abdourahamane et Me Mai Saley Djibrilla à propos de l’Arrêt rendu le 12 juin par la Cour Constitutionnelle qui a duré 42minutes soit 8,4 la durée maximale autorisée. Journal des Régions (JDR) : Déclaration de soutien au référendum des populations de Zinder qui a duré 21minutes 05 secondes soit sept (7) fois la durée maximale autorisée. Sahel : Interview de 8 citoyens tous favorables au référendum publiées sur une page pleine dans Le Sahel No 7736 du 10 juin 2009 soit 2 fois la surface maximale autorisée. 5. Records des adversaires du référendum - Journal Télévisé de 20h 30 : Meeting du FDD dont la couverture à duré 1minute 50 seconde soit 0,5 fois la durée maximale autorisée. V. Droits et textes violés Le monitoring sur l’accès aux médias publics effectué au cours de la semaine du 08 au 14 juin 2009 a permis de mettre en évidence les violations des droits et textes juridiques internationaux, régionaux et nationaux. 5.1 Droits violés La censure sur les médias publics des partis politiques, syndicats, associations et citoyens opposés au projet de référendum a violé plusieurs de leurs droits consacrés par les instruments juridiques internationaux, régionaux et nationaux dont notamment : - Le droit à l’information ; - Le droit à la liberté d’expression ; - Le droit à la liberté d’opinion ; - Le droit à la liberté de diffuser son opinion ; - Le droit au service public de l’information ; - Le droit à l’égalité devant la loi ; - Le droit à un accès équitable aux médias publics ; - Le droit à la pluralité des opinions dans les médias publics. 5.2 Textes violés 5.2.1 Au plan international et régional : - Article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme 11 : « Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d'expression que ce soit. » - Article 19 du Pacte International relatif aux Droits Civils et Politiques12 : « Toute personne a droit à la liberté d'expression; ce droit comprend la liberté de rechercher, de 11 La Constitution du 09 août 1999 proclame dans son préambule l’attachement du Peuple Nigérien Souverain aux droits de l’Homme tels que définis dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 et la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples de 1981. 12 Le Niger a adhéré au Pacte international relatif aux droits civils et politiques le 07 mars 1986. 7 recevoir et de répandre des informations et des idées de toute espèce, sans considération de frontières, sous une forme orale, écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix. » - Article 9 de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples13 : « Toute personne a droit à l’information. Toute personne a le droit d’exprimer et de diffuser ses opinions dans le cadre des lois et règlements. » - Principe 6 de la Déclaration des Principes sur la liberté d’expression en Afrique14 : « Tous les organismes de radiodiffusion- télévision contrôlés par l’Etat et le gouvernement doivent être transformés en organismes de radiodiffusion- télévision de service public devant rendre des comptes au public par le biais du corps législatif et non au gouvernement, conformément aux principes ci-après : - les organismes de radiodiffusion- télévision doivent être gérés par un conseil protégé contre l’ingérence, en particulier de nature politique ou économique ; - l’indépendance éditoriale des organes publics de la radiodiffusion- télévision doit être garantie ; - les organismes de radiodiffusion- télévision doivent être adéquatement financés de manière à être protégés de toute ingérence arbitraire dans leurs budgets; - les organismes de radiodiffusion- télévision publics doivent tout faire pour veiller à ce que leur système de transmission couvre l’ensemble du territoire ; - la mission de service public des organismes de radiodiffusion- télévision publique doit être clairement définie et inclure une obligation de garantir que le public reçoive des informations adéquates, politiquement équilibrées, surtout en période électorale. » 5.2 Au plan national - - - - Article 8 de la Constitution du 09 août 1999 : « La République du Niger est un Etat de Droit. Elle assure à tous l’égalité devant la loi sans distinction de sexe, d’origine, de race ou de religion. » Article 124 de la Constitution du 09 août 1999 : « Le Conseil Supérieur de la Communication est une autorité administrative, indépendante du pouvoir politique. » Article 125 de la Constitution du 09 août 1999 : « Le Conseil a pour mission d’assurer et de garantir la liberté et l’indépendance des moyens de communication audiovisuelle et de la presse écrite dans le respect de la loi. Il veille au respect de la déontologie en matière d’information et à l’accès équitable et effectif des citoyens, des associations et des partis politiques aux moyens officiels d’information et de communication dans les conditions déterminées ar la loi. » Article 7, alinéa 5 de la Loi No 2006-24 du 24 juillet 2006 portant organisation, attribution et fonctionnement du Conseil Supérieur de la Communication qui stipule que le CSC a pour mission de « garantir l’accès équitable des partis politiques, des syndicats, des associations et des citoyens aux médias.» Article 2 de l’Arrêté No 2006-02/CSC du 28 février 2006 déterminant les modalités d’accès des citoyens, des partis politiques, des syndicats et des associations aux médias publics qui stipule que «les programmes et les colonnes des médias publics doivent faire place à toutes les sensibilités et opinions. » 13 Le Niger ratifié la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples le 15 juillet 1986. Cette déclaration a été adoptée par la commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP), en sa 32ème session ordinaire tenue à Banjul en Gambie du 17 au 23 octobre 2002. Elle engage tous les Etats-Parties à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. 14 8 Article 10 de l’Arrêté No 2006-02/CSC du 28 février 2006 : « Le Conseil Supérieur de la Communication supervise une émission périodique, sous forme de débat contradictoire, à la radio et à la télévision, réservée aux citoyens, aux partis politiques, aux syndicats et aux associations légalement constituées sur les questions d’actualité nationale ou internationale. Le Conseil Supérieur de la Communication veille au respect des principes d’équité, de périodicité et d’équilibre entre les partis et associations en tenant compte des contraintes du service public de la radio et de la télévision. Les enregistrements se font dans les locaux et avec les moyens de l’Office de Radiodiffusion et Télévision du Niger (ORTN) selon les modalités arrêtées par le Conseil Supérieur de la Communication de commun accord avec la Direction Générale de l’ORTN. - Article 11 de l’Arrêté No 2006-02/CSC du 28 février 2006 déterminant les modalités d’accès des citoyens, des partis politiques, des syndicats et des associations aux médias publics: les couvertures à titre gratuit des médias publics s’effectuent dans les limites de temps ci-après : 1°) Dans les médias audiovisuels : - une durée maximale de cinq (5) minutes à la radio et de trois (3) minutes à la télévision lorsqu’il s’agit d’une déclaration de meeting et de conférence de presse ; - une durée maximale de cinq (5) minutes à la radio et à la télévision lorsqu’il s’agit de congrès ou de toute autre instance en tenant lieu. 1°) Dans la presse écrite : - une demie page au maximum du « quotidien » ou de « l’hebdomadaire » nationaux à la couverture de déclaration, meeting, congrès ou conférences. - Article 19 de l’Arrêté No 2006-02/CSC du 28 février 2006 : « Le Conseil Supérieur de la Communication assure le contrôle de l’effectivité de l’accès équitable des citoyens, des partis politiques, des syndicats et des associations aux médias publics. Les résultats, les constats et éventuellement les recommandations de ce contrôle font l’objet d’une publication mensuelle du Conseil Supérieur de la Communication. » - VI. Responsabilités La violation d’un droit humain fondamental implique nécessairement une réparation. Le bénéficiaire du droit violé doit légitimement et légalement demander et obtenir réparation du préjudice qui lui est ainsi causé auprès du mandataire du droit, c’est-à-dire la personne ou l’institution qui la responsabilité de garantir la jouissance de ce droit. Au vu du dispositif juridique international, régional et national, les niveaux de responsabilité suivants peuvent être retenus : 1. Du Président de la République Selon l’article 35 de la Constitution du 09 août 1999, le Président de la République « Le Président de la république est au dessus des partis politique. Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’unité nationale, de l’intégrité du territoire, du respect de la Constitution, des traités et accords internationaux. Il assure le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et la continuité de l’Etat. » La censure des activités des adversaires du référendum constitutionnel et la surmédiatisation des activités des partisans du référendum par les médias publics violent les article 8, 124 et 125 de la Constitution du 09 août 1999, l’article 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, l’article 19 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, l’article de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et le principe 6 de la déclaration des principes sur la liberté d’expression en Afrique. 9 En tant que garant du respect de la Constitution et des traités et accords internationaux, le Président de la République a le devoir de rétablir l’équité dans l’accès aux médias publics entre partisans et adversaires du référendum constitutionnel. Au cas contraire, il violerait son serment. 2. Du Conseil Supérieur de la Communication Selon l’article 7 de la Loi No 2006-24 du 24 juillet 2006 portant organisation, attribution et fonctionnement du Conseil Supérieur de la Communication, cette institution a pour mission, entre autres, de « garantir l’accès équitable des partis politiques, des syndicats, des associations et des citoyens aux médias.» Conformément à l’article 31 de la même loi, tout membre du Conseil Supérieur de la Communication doit avant d’entrer en fonction, prêter serment devant la cour de Cassation réunie en audience solennelle, sur le livre saint de sa confession. L’article 3 de l’Arrêté No 2006-02/CSC du 28 février 2006 déterminant les modalités d’accès des citoyens, des partis politiques, des syndicats et des associations aux médias publics précise que « les couvertures à titre gratuit font l’objet de demande adressée par les responsables dûment mandatées des structures au Conseil Supérieur de la Communication quarante huit (48) heures à l’avance. Le CSC en ordonne l’exécution aux médias publics après examen. » En outre, Au regard de sa mission, de ses attributions et des textes qu’il a produits, le CSC a l’impérieux devoir de contrôler et d’assurer l’effectivité de l’accès équitable aux médias publics entre les partisans et les adversaires du référendum. Autrement, les membres du CSC violeraient leurs serments sur le Livre Saint15 de leur confession fait en ces termes : « je jure solennellement de bien et fidèlement remplir mes fonctions dans une totale impartialité, de garder le secret des délibérations et de me conduire en tout comme un digne et loyal serviteur de la Nation ». 3. Des responsables des médias publics Selon l’article 2 de l’Arrêté No 2006-02/CSC du 28 février 2006 déterminant les modalités d’accès des citoyens, des partis politiques, des syndicats et des associations aux médias publics, «les programmes et les colonnes des médias publics doivent faire place à toutes les sensibilités et opinions. » Il est arrivé à plusieurs reprises que les médias publics refusent de couvrir un événement malgré l’autorisation du CSC : cas de la conférence de presse du RJDH en date du lundi 15 juin 2009 Or c’est le lieu de rappeler aux responsables des médias publics que selon l’article 21 de l’Arrêté No 2006-02/CSC du 28 février 2006, « tout manquement aux dispositions du présent arrêté expose ses auteurs aux sanctions prévues par les dispositions de l’Ordonnance n° 99-67 du 20 décembre 1999, portant Régime de la liberté de presse. » VII. Conclusion Au regard de ce baromètre, il apparaît clairement que l’inégal accès aux médias publics entre partisans et adversaires du référendum est un acte délibéré qui ne saurait être mis ni au compte de la méconnaissance des textes par les responsables de ces médias ni à l’absence de moyens de coercition de la part de l’instance de régulation. On serait tenté même de parler de connivence, dans la mesure où les contentieux pour non couverture ou mauvaise couverture soumis à l’arbitrage du CSC n’ont jamais connu de suite. Il importe également d’attirer l’attention des demandeurs de couverture qu’ils doivent impérativement se conformer aux dispositions de l’article 3 qui dit : « Seules les activités des 15 Tous les onze (11) membres du CSC étant de confession musulmane, ont juré sur Le Saint Coran. 10 bureaux exécutifs nationaux des partis politiques, des syndicats et des associations légalement reconnus, notamment les congrès, meeting, déclarations et conférences de presse peuvent faire l’objet de couverture, de traitement et de diffusion à titre gratuit, dans le respect de l’éthique et de la déontologie par les médias publics » et de l’article 3 qui stipule : « les couvertures à titre gratuit font l’objet de demande adressée par les responsables dûment mandatées des structures au Conseil Supérieur de la Communication quarante huit (48) heures à l’avance. Lorsqu’il s’agit de déclaration, les demandes de couverture doivent être accompagnées de trois exemplaires de celles-ci. » 11